Cannes: Le témoignage bouleversant sur CNews de Bryan, coach sportif, massacré à coups de poing et dont la vie a été brisée: "J'ai eu peur de ne jamais revoir ma petite fille" - VIDEO
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00:00Je voulais commencer avec l'histoire d'un homme, la vie brisée de Brian.
00:04Brian avait un avenir tout tracé, il était coach sportif, il avait la trentaine, il rêvait d'ouvrir son restaurant.
00:10Alors pour mettre de l'argent de côté, il faisait des extras dans un restaurant canois.
00:14Mais un soir tout bascule, deux de ses collègues vont se jeter sur lui pour un détail futile et ils vont le massacrer,
00:21littéralement le massacrer à coups de poing.
00:24Vous allez voir l'image de Brian.
00:27Aujourd'hui, il n'arrive pas à s'en remettre, il a beaucoup de mal, sa vie est brisée et c'est le symbole des violences d'aujourd'hui dans notre société.
00:36Vous voyez son visage déformé et cette violence.
00:38D'abord, je vous propose de revenir sur les faits, puis ensuite on entendra Brian plus longuement.
00:43Mais tout d'abord, le rappel des faits de ce qui est arrivé à Brian.
00:47Le regard vide d'un homme brisé.
00:49Brian, autrefois coach sportif, rêve d'ouvrir son restaurant.
00:53Il fait alors des extras en tant que chef de rang dans un club canois.
00:56Ce soir d'août 2024, il s'occupe de ses clients.
01:00Un collègue l'apostrophe et lui demande de retirer un sac gênant.
01:03Entre temps, il y a le physio qui me réclame, qui me le dit.
01:06Et de là, je dis tu vois, là, il me l'a demandé gentiment et respectueusement, je vais le faire.
01:14S'ensuient des insultes et des coups de la part des deux individus avec qui Brian n'avait aucun contentieux.
01:20Ils m'ont traîné par les cheveux, les locks, ils m'ont arraché mes cheveux et là, c'est black out.
01:27Je me retrouve saisi par le coup, par cet agent de sécurité et je me vois mourir.
01:37Le nez fracturé, mâchoire et pommette cassée.
01:39Plus de six mois après son agression, le calvaire de ce Guadeloupéen de 36 ans perdure.
01:45J'ai tout perdu. Tout s'est écroulé.
01:47Je me suis retrouvé dans la rue. Je ne mange plus, je ne peux plus manger.
01:52Je bois dans une paille des aliments mous.
01:55Les deux salariés, âgés de 22 et 39 ans, ont été jugés par le tribunal correctionnel de Grasse.
02:01Ils ont été condamnés respectivement à huit mois de prison avec sursis et à huit mois de détention aménagée avec bracelet électronique.
02:09L'un d'eux avait déjà un casier judiciaire.
02:12Voilà, huit mois de prison avec sursis.
02:13Je voudrais qu'on revoie des images de Brian avant son accident.
02:17Voilà, c'était un super sportif.
02:19C'était un garçon qui était coach sportif, qui faisait des Instagram comme celui-là, où il montrait le sport.
02:25Il montrait toute son énergie.
02:28Il montrait à quel point il avait envie de réussir.
02:30Et puis, il rêvait. Il a une famille. Il a une petite fille.
02:32Il rêvait, justement, avec le peu d'argent qu'il gagnait.
02:36Il rêvait d'ouvrir un restaurant.
02:38Alors, vous allez me dire pourquoi parler de lui en particulier ?
02:40Simplement parce que c'est l'image de ce qui se passe dans la société d'aujourd'hui, Julien Audoul.
02:44C'est l'image de cette violence au quotidien pour tout et n'importe quoi.
02:48C'est très triste de voir qu'une vie est détruite parce que notre justice ne fait pas son travail et que notre justice est laxiste.
02:57La peine qui est infligée aux auteurs de ce massacre, puisqu'il a été tabassé, il a été roué de coups pour un détail futile.
03:06Voilà, encore une fois, pour un sac qui était mal positionné.
03:10Aujourd'hui, tout est prétexte à un déchaînement de violence, que ce soit un regard dans la rue, que ce soit une place de parking, que ce soit un feu rouge, que ce soit une mini-jupe.
03:20Tout est prétexte à un déchaînement de violence sans aucune raison.
03:24Et très clairement, la justice offre et donne un permis de récidive avec une peine de sursis.
03:30Donc, peine de sursis, c'est-à-dire que c'est une peine virtuelle.
03:33– Un a eu 8 mois avec sursis et l'autre a eu un bracelet électronique, mais un a eu 8 mois avec sursis.
03:38– Et un bracelet électronique, comme on le sait, n'est pas du tout dissuasif.
03:41Je rappelle que l'un des auteurs de l'attentat islamiste contre le père Hamel à Saint-Etienne-du-Rouvray portait un bracelet électronique.
03:48Donc, ce n'est pas du tout dissuasif.
03:49Et vous avez une justice qui laisse faire ce genre de choses, qui laisse des Français avoir cette vie détruite, vivre dans l'angoisse, la menace.
03:58Et tout peut s'arrêter.
03:59Et Brian, effectivement, vous l'avez révélé, il avait une vie heureuse, il était épanoui, il était coach sportif.
04:05Et aujourd'hui, il est détruit.
04:07– On réentendra Brian dans un instant plus longuement, parce que vous allez voir, en fait, c'est terrible.
04:11Il a fait une vidéo sur son lit d'hôpital où il explique ce qu'il vit et c'est terrible.
04:15Mais auparavant, je voudrais qu'on écoute, pour aller dans le sens de ce que vous dites,
04:18Jean-Christophe Kouvi, qui est secrétaire national du syndicat Unité.
04:21Et justement, il a réagi à ce qui s'est passé pour Brian.
04:23Et il dit que le problème, c'est qu'aujourd'hui, on est dans une violence totalement désinhibée dans notre société.
04:28Écoutez-le.
04:30– Il y a une violence qui est désinhibée complètement et tout est futile.
04:34Et d'un seul coup, il y a un déferlement de haine, de violence, jusqu'à vouloir tuer l'autre personne.
04:39Et ça, pour nous, on est confronté à ça tous les jours, au quotidien.
04:43On voit aussi une jeunesse qui est touchée par cette violence.
04:47Et là, on voit que votre vie bascule en une fraction de seconde et qu'après, il y a l'après.
04:51Et comment vous allez traiter cet après ?
04:53Et on voit bien que, malheureusement, derrière, la société n'est pas prête à supporter ces personnes
04:59qui ont vraiment un trauma dans leur vie et leur vie bascule complètement.
05:02Et quand on voit après à quoi sont condamnées, même si je n'aime pas trop refaire le match,
05:08je me dis que je ne sais pas si vraiment les personnes qui ont fait ça
05:12réalisent vraiment qu'ils ont brisé plus qu'une vie, en fait.
05:15– Catherine Rambert, on entend à quel point, au fond, et encore une fois, je le dis,
05:18il y a beaucoup de gens qui vivent ça, donc je sais qu'on va me dire,
05:21mais pourquoi lui, mais juste lui, parce que c'est un exemple parmi d'autres
05:23et parce qu'il faut montrer ce que c'est cette violence
05:25et pas se contenter de chiffres ou de statistiques.
05:28– Et surtout, Jean-Marc, pourquoi on traite beaucoup de violence ?
05:31On dit souvent que c'est news, on parle de la violence, mais c'est fondamental.
05:34L'impact psychologique, les répercussions psychologiques et les séquelles
05:39que subissent les gens qui ont été victimes de violence sont énormes.
05:43C'est-à-dire que ça brise une vie.
05:44On le voit, c'est un garçon qui était costaud, qui était sportif, donc on se dit,
05:47bon, imaginez pour des gens qui n'ont pas sa forme physique,
05:51les séquelles sont incommensurables, on ne les oublie pas, c'est à vie,
05:54donc c'est pour ça qu'il est important de parler de ce phénomène de violence
05:58et des conséquences qu'il a sur les individus, on est tous pareils,
06:01je ne sais pas si l'un d'entre vous a subi des problèmes de la violence dans sa vie,
06:04on ne l'oublie pas, on n'oublie pas la peur que ça génère est ancrée en soi,
06:08donc il faut le dénoncer et il faut bien sûr,
06:10je souscris à ce qui a été dit, le condamner.
06:13– Je repose, écoutez Brian, je vous redonne la parole après, bien évidemment,
06:16mais je voudrais qu'on prenne le temps d'écouter Brian,
06:18il a enregistré une vidéo sur son lit d'hôpital,
06:21quand il avait le visage déformé, quand il avait du mal à parler,
06:25je vous rappelle que Brian est papa d'une petite fille, coach sportif,
06:29il dit, vous allez l'entendre, il dit,
06:31ma mission c'était de transmettre l'amour et de s'accepter soi-même,
06:34et il se retrouve dans un lit d'hôpital totalement massacré, écoutez Brian.
06:39– Bonjour, je m'appelle Brian, je vais vous raconter mon histoire,
06:46une histoire qui aurait pu vous arriver,
06:50mais avant tout, laissez-moi vous raconter un peu plus sur moi,
06:53je suis papa d'une petite fille, j'habite à Cannes et je suis coach sportif,
06:58et j'ai pour mission, ma mission, de transmettre l'amour et de s'accepter soi-même,
07:04pour pouvoir subvenir à mes besoins et atteindre mes objectifs,
07:09je travaillais dans ce club, j'ai toujours fait mon travail,
07:16avec passion, rigueur et discipline,
07:20et un jour, pour une histoire de 5, ma vie a basculé,
07:27les agents de sécurité m'ont agressé, un m'a pris en guillotine,
07:33l'autre m'a saigné de coup avec une crosse d'une arme,
07:37inconscient, m'a brisé mon visage, m'a brisé ma mâchoire,
07:41je me suis retrouvé aux urgences,
07:46avec le médecin qui m'a fait les premiers soins,
07:49aujourd'hui, voici les conséquences de cette nuit tragique,
07:55où j'ai tout perdu,
07:58je n'ose plus plus me regarder dans une glace,
08:03je suis insensible de tout mon côté gauche,
08:08je ne peux plus manger correctement,
08:11je suis obligé de prendre une feuille,
08:16pour pouvoir m'alimenter, j'ai tout perdu,
08:21commencé par mon travail, par mes élèves,
08:25les subis que j'avais mis pour avant, mais surtout,
08:29ce soir-là où je me suis vu mourir, j'ai eu peur,
08:34de ne plus jamais revoir ma fille, de ne plus voir ma fille grandir,
08:37cette histoire, mon histoire, aurait pu vous arriver aussi,
08:41aujourd'hui, malgré ce qu'ils ont fait,
08:44mes adresseurs sont toujours en liberté,
08:48mais si je peux vous donner un conseil,
08:51faites attention, le monde de la nuit,
08:53est un monde très dur, si vous sortez, soyez vigilant,
08:57sortez ensemble.
09:01Vous allez rébarner à la boule d'air sain de ce fils-là.
09:03Je suis révolté,
09:06l'émotion de ces images me met dans un état vraiment,
09:11c'est dur, c'est un Guadeloupéen,
09:14vous savez, moi je suis Guadeloupéen, ce n'est pas le problème de l'origine,
09:19mais ça m'émeut davantage, et je me dis qu'aujourd'hui,
09:21on est dans une société hyper violente,
09:25et qu'il faut une réponse pénale lourde et ferme
09:29à ce genre d'actes criminels,
09:33parce que c'est criminel, comme vous le disiez tout à l'heure,
09:36aujourd'hui, ce monsieur, il a des enfants,
09:40ses enfants le regardent comme ça, il ne pourra plus s'en occuper,
09:43en tout cas, il ne pourra plus jamais s'en occuper de la même manière,
09:46ça c'est une réalité certaine,
09:48et moi je n'arrive pas à comprendre comment
09:51notre état aujourd'hui n'a pas assez de force,
09:55et n'a pas assez de fermeté face à ce genre d'individus,
09:58parce que 8 mois de sursis,
10:00même si c'est 8 mois sous bracelet électronique,
10:02ces gens-là devraient rester en prison.
10:04– Un c'est 8 mois avec sursis simplement,
10:06et l'autre c'est 8 mois sous bracelet électronique,
10:08et juste je veux dire une chose Valéry,
10:10parce que je pense qu'on y pense tous, mais on ne l'a pas exprimé ici,
10:13c'est un coach sportif, c'est un garçon qui est costaud,
10:15c'est un garçon qui est… imaginez quelqu'un de plus fragile.
10:18– Et bien il était mort. – Il était mort.
10:20– Il était mort. – Tout simplement.
10:22– Et lui il est costaud,
10:24et en plus quand on est sportif on a un mental qui est un peu différent,
10:26un mental fort, et malgré tout il est brisé ce garçon.
10:28– Bien sûr. – Il est brisé,
10:30donc imaginez quelqu'un de plus fragile Didier Maisto,
10:32c'est révoltant.
10:34– Ce qui est révoltant aussi c'est de constater
10:36le côté gratuit de ces actes,
10:38d'abord parce que ce sont des personnes
10:40qui sont parfaitement intégrées à la société,
10:42on vous l'avait dit, coach sportif,
10:44il fait des extras pour ouvrir son restaurant,
10:46dans une des villes les plus riches de France,
10:48Cannes,
10:50il n'y a pas de problème de délinquance,
10:52il n'y a pas de problème d'immigration,
10:54d'insertion dans la société,
10:56et quand on sait bien
10:58nous montrer ces images,
11:00moi je suis pour l'incarnation des choses,
11:02parce que les chiffres au bout d'un moment
11:04ne veulent plus rien dire,
11:06et on se rend compte premièrement,
11:08quand vous discutez avec les policiers,
11:10des actes de plus en plus gratuits,
11:12et des gens de plus en plus jeunes
11:14qui s'adonnent à ces actes,
11:16même les policiers,
11:18on peut légitimement
11:20se révolter contre ça,
11:22mais quelles sont les explications,
11:24elles sont multiples,
11:26mais quand vous avez toute une société
11:28qui s'en sauvage à ce point,
11:30vous l'avez dit,
11:32on peut se faire agresser
11:34pour un regard,
11:36pour une cigarette non donnée,
11:38parce que vous avez freiné un peu trop fort au feu,
11:40parce que vous avez donné un coup de klaxon
11:42et que la personne trouve ça intempestif,
11:44et tout de suite,
11:46moi j'ai un conseil,
11:48je suis sportif, je fais beaucoup d'arts martiaux,
11:50un conseil,
11:52comme on dit à Toulon,
11:54ne vous engrainez plus les enfants,
11:56restez calmes,
11:58par exemple je suis méditerranéen,
12:00et on est un peu sans chaud,
12:02restez calmes,
12:04passez votre chemin,
12:06malheureusement,
12:08ça ne veut pas dire baisser les yeux,
12:10mais ça ne vaut pas pour un regard de gâcher sa vie.
12:12– Je dis ça, je ne sais pas si j'en serais capable.
12:14– Dans un instant, on va parler avec le professeur Michel Joyeux,
12:16qui est chef de service psychiatrie à l'hôpital Bichat,
12:18et justement, on va essayer de comprendre
12:20pourquoi il y a cette violence dans la société d'aujourd'hui.