Catherine Laborde nous a quittés hier. Elle et son mari Thomas Stern s'étaient confiés sur la maladie neurodégénérative dont souffrait l'ex-présentatrice météo.
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00:00Je suis à la fois toute seule et au milieu des gens, et c'est ça aussi mon rôle, c'est d'être au milieu des gens qui souffrent de cette maladie,
00:10leur dire qu'ils ne sont pas tout seuls et qu'on est nombreux à souffrir de ça.
00:16Et si quelqu'un l'entend, ne serait-ce qu'une personne, je n'aurais pas fait ça pour rien.
00:24Cette maladie est une maladie peu commune, c'est une maladie qui s'appelle la maladie du corps de Lévi,
00:33et qui prend un petit peu chez Alzheimer, un petit peu chez... chez qui ?
00:39Parkinson. C'est une maladie qui entraîne des troubles moteurs, des tremblements,
00:43perte de la reconnaissance, perte des repères spatio-temporels, états dépressifs,
00:49somnambulisme aigu, etc. selon la gravité du cas.
00:55Les symptômes, on s'y atteint. On est prêt pour la bataille même, quelquefois.
01:00On a ce sentiment fugace qu'on va mener une gâtasse, qu'on va mener une bataille, grâce à Astogma, que je pourrais gagner.
01:10Le pire, c'est la peur. La peur qui vient petit à petit, qui envahit complètement.
01:16Cette peur immonde, il y a quelque chose de sale dans cette maladie, que j'ai beaucoup de mal à accepter.
01:24C'est une maladie à fluctuations. C'est ce qui la distingue d'un maladie d'Alzheimer,
01:28c'est-à-dire qu'il y a des moments où elle part en vrille, et il y a des moments où elle est complètement lucide.
01:32Et donc c'est une maladie qui est hop, hop, hop, hop, avec des fluctuations.
01:35Je pense qu'en fait, il faudrait être... c'est un sentiment épouvantable ou ça,
01:39d'être à la fois dedans et hors de la société, avec les autres.
01:44Même avec Thomas, quelques fois je suis en dehors, et c'est sa force à lui,
01:51c'est de rester quand même comme une bonne vigie près de moi.
01:56C'est la solidité de notre couple que d'avoir conçu ça, comme ça. J'espère que ça durera toujours.
02:03Je suis devenu aidant, je suis dedans, je ne suis pas fait maladie, je ne suis pas parti en courant.
02:11Il a été tenté ? Non, c'est pas présent.
02:16Regarde, disons, mais c'est quoi cette garce ?
02:18Mais non, je suis là, je reste là, je prends des chats, je ne bouge plus.
02:25Au début, ça a été extrêmement dur de m'accoutumer à l'idée que quelque part,
02:30je renonce à un certain nombre de droits de fuite, et qu'il fallait être présent,
02:34qu'il fallait être là et tenir la position, bien sûr.
02:36Ça ne s'apprend pas tout seul, ça s'apprend quand on aime, surtout,
02:41et ça s'apprend aussi quand on sait pratiquer sa patience et une forme d'endurance.
02:47On en parle très peu, mais j'ai l'impression que les aidants, c'est la grande muette.
02:50Les aidants, c'est minimum 8 millions, maximum 11 millions de personnes,
02:54qui ont à charge quelqu'un, soit en perte d'autonomie, soit pour des raisons pathologiques,
02:59mais aussi pour des raisons de sénescence, de vieillissement.
03:01C'est la grande patate chaude, les aidants, c'est qui ?
03:03Bon, ici, les mères, c'est la famille.
03:05Or, la famille, telle qu'elle permettait autrefois, dans son mode de fonctionnement traditionnel,
03:11d'accueillir des personnes en voie de sénescence, elle a explosé.
03:15Donc, où ils vont, quoi ?
03:18Ça devient un problème très complexe.
03:20Il y a quelque chose de beau dans ce qui m'arrive, c'est vrai, je l'ai écrit,
03:24et je lui ai dit que c'est ce qui fait qu'on est ensemble,
03:29Thomas et moi, voilà.
03:31Ce qu'il y a de beau dans notre histoire, c'est l'histoire.
03:35Il y a toujours quelque chose qui a vraiment passé.
03:37Mais je trouve quand même que c'est une chance qu'il y a là,
03:42une histoire de couple, quelque chose de beau.