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00:00Et à 7h20, Dimitri Pavlenko place à l'édito-écho sur Europe 1.
00:04Bonjour Olivier Babaud.
00:06Bonjour Dimitri, bonjour Anissa, bonjour à tous.
00:08Alors Olivier, la Cour des Comptes a rendu en fin de semaine dernière le rapport de sa mission flash sur les retraites.
00:13Rapport qui avait été commandé par François Bayrou quand il est arrivé à Matignon.
00:17Qu'est-ce qu'il faut retenir de ce rapport ?
00:19Disons Dimitri qu'il n'y a pas de quoi être ébloui par cette mission flash.
00:23Je dirais même pour faire une métaphore équestre que la Cour a fait un refus d'obstacle.
00:27Vous voulez dire qu'elle a montré contre toute attente une situation des retraites qui devrait nous rendre optimistes ?
00:32Alors non, quand même pas, les perspectives sont mauvaises.
00:36Même avec la réforme de 2023, les déficits vont s'accumuler.
00:39Revenir à 63 ans d'âge légal coûterait en 2035 5,8 milliards d'euros par an.
00:44En plus du déficit déjà prévu à cette date autour de 15 milliards d'euros.
00:49Mais le problème est en fait beaucoup plus grave et c'est là que je crois que la Cour a déçu.
00:53Vous voulez dire que le déficit est plus important qu'indiqué par la Cour des comptes ?
00:57Oui, la Cour ne se prononce pas sur l'éléphant dans la pièce.
01:00Le fait que les cotisations elles-mêmes ne représentent que 65% des prestations versées,
01:05alors que l'équilibre entre cotisation et pension c'est le principe même du système par répartition.
01:10Pour compenser les 35% restants, l'État aiguille une partie de son budget
01:15sous forme de transferts divers et surtout de surcotisations.
01:18Vous savez quand le privé cotise 28% du salaire brut,
01:21l'État verse lui 78% du salaire brut pour couvrir les besoins des retraites publiques.
01:26La Cour ne questionne pas ces transferts, ne parle même pas de déficit.
01:29Elle dit qu'il y a, et je cite,
01:31« un besoin élevé de financement qui implique une diversification des ressources
01:36au-delà des cotisations sociales. »
01:38Comme dirait Molière, qu'en termes galants ces choses-là sont dites.
01:40On peut comprendre malgré tout Olivier qu'il y a une compensation
01:43parce que la structure de l'emploi public a évolué.
01:46Les surcotisations en soi ne sont pas scandaleuses.
01:49Admettons, mais cette façon de faire est un tour de passe-passe comptable
01:53qui trompe notre vision de la dépense publique.
01:56C'est autant du budget de l'État qui n'est pas donné aux enseignants,
01:59aux infirmiers, au fonctionnement des services publics d'aujourd'hui
02:01puisqu'une partie paye les services publics d'hier.
02:04Et comme le note très bien l'économiste Sylvain Catherine,
02:06la Cour s'est refusée à distinguer les recettes normales du régime
02:10de ce qui constitue une subvention.
02:11Alors c'était ça la question posée.
02:14En l'absence de prise de position de la Cour,
02:15la référence reste les travaux de Jean-Pascal Beaufray
02:18qui estime le déficit réel, actuel, autour déjà de 80 milliards par an.
02:23C'est-à-dire que les retraites sont déjà responsables
02:25d'une part importante de notre déficit budgétaire.
02:27Bon, est-ce que cette mission Flash, Olivier,
02:29elle permettra d'enfin clore ce dossier des retraites
02:32qui a été rouvert depuis deux ans ?
02:33Ce n'est pas certain.
02:34Justement parce que les adversaires de la réforme
02:36auront beau jeu de minimiser le problème,
02:38c'est déjà ce qu'a fait la CGT en se félicitant
02:41qu'il n'y ait pas de déficit caché.
02:42La mission Flash ne nous avance pas beaucoup.
02:44C'est une occasion ratée de favoriser une vraie prise de conscience
02:47du problème de nos retraites par les Français.
02:49Alors seul point intéressant,
02:51même si la Cour ne prend pas partie,
02:52elle expose clairement l'éventail des choix possibles.
02:54Alors elle a l'audace d'évoquer des scénarios très peu populaires,
02:58l'allongement de la durée de cotisation à 44 ans,
03:00le passage de l'âge légal à 65 ans,
03:02même la désindexation des retraites.
03:05C'est une façon pour elle peut-être de suggérer une évidence
03:07qui apparaîtra un jour.
03:09Bien loin de revenir sur la réforme,
03:10la situation exige qu'on aille plus loin encore.
03:13Signature Europe 1, Olivier BABAUD.
03:14Merci beaucoup, Olivier.

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