Début février, le président républicain des États-Unis, Donald Trump, avait annoncé vouloir négocier un accord avec l'Ukraine pour obtenir un accès à 50% de ses minerais stratégiques en échange de l'aide américaine déjà livrée, mais le président Zelensky l'a rejeté.
Catégorie
📺
TVTranscription
00:00On va passer au choix du 20h BFM d'Olivier Ravanello parce que ça va évidemment prolonger la discussion.
00:06Olivier, en parlant du président de la République, d'Emmanuel Macron, qui sera, on en parlera aussi à Washington lundi, pour essayer d'échanger avec Donald Trump.
00:14Il a rappelé que personne ne pouvait empêcher l'Ukraine, Olivier, d'adhérer à l'OTAN ou à l'Union européenne.
00:21C'est ce principe, au fond, qui divise la position de l'Europe et celle des États-Unis.
00:25Est-ce que c'est un principe absolument intangible ?
00:30Non, c'est un peu plus compliqué que ça et c'est bien l'enjeu du problème.
00:33L'Union européenne ou l'Ukraine, ce n'est pas un club de bridge auquel on adhère parce qu'on a envie de rentrer.
00:38On y rentre parce que les pays membres ont décidé de vous ouvrir les portes.
00:42Et progressivement, au fil des années, le fait de faire rentrer d'autres pays a fini par crisper les Russes.
00:49Et le cas de l'Ukraine nous le montre, cet élargissement.
00:54Ils l'ont vécu et ils continuent de le vivre comme une forme d'agression ou en tout cas de menace et ils ripostent.
01:00Mais la problématique, tous les enjeux de ce que l'on est en train de vivre s'est posé déjà depuis une trentaine d'années.
01:07On va revenir avec quelques cartes en arrière pour bien comprendre les choses.
01:11Ça, c'est le pacte de Varsovie en rouge et ça, c'est l'OTAN en bleu.
01:15On est avant la chute de l'URSS et les deux parties se font face.
01:21En 1989, le mur de Berlin tombe et deux ans plus tard, le rouge disparaît de la carte, c'est-à-dire que le pacte de Varsovie disparaît.
01:30Quelle est la réponse de l'OTAN ? Le bleu ?
01:33À partir du moment où il n'y a plus de rouge, est-ce qu'il faut garder le bleu ?
01:35Réponse de l'OTAN, oui.
01:37Et on va progressivement décider d'élargir aux pays qui ont quitté l'influence de Moscou.
01:44La carte suivante va nous montrer comment s'élargit progressivement l'OTAN.
01:48Vous avez en sombre les pays fondateurs.
01:51Progressivement, l'OTAN fait rentrer de nouveaux pays.
01:54Ce qui est vraiment le moment de bascule, c'est l'entrée de ces pays en bleu ciel.
01:59On est en 2004 et là, vous avez la Pologne, la République tchèque, la Hongrie, la Roumanie qui rentrent dans l'organisation du traité de l'Atlantique Nord.
02:10Pourquoi c'est un moment de bascule ?
02:11Parce qu'en 2004, au même moment, en Ukraine, en Géorgie, vous avez ce qu'on appelle les révolutions de couleurs.
02:17Révolution orange en Ukraine, révolution rose en Géorgie.
02:21Et ce que les Russes ressentent à ce moment-là, ce n'est pas simplement la volonté de certains pays de rejoindre un autre ensemble.
02:29C'est une agression des Américains.
02:32C'est comme ça qu'ils le verbalisent et c'est comme ça qu'ils le disent.
02:35Et vous savez, Poutine a eu cette phrase, la plus grande catastrophe, ça a été la chute de l'URSS.
02:42Pourquoi ?
02:42Parce que pour lui, ça a fait basculer un équilibre.
02:45Et dans cet équilibre, évidemment, il est perdant.
02:49Avant qu'on enchaîne sur l'Union européenne, ce petit point blanc-là, vous le voyez ça ?
02:53Ça, c'est sans doute le prochain problème qu'on va avoir avec les Russes.
02:56C'est l'enclave de Kaliningrad.
02:58C'est une base militaire russe navale avec leur flotte qui ouvre sur la Baltique.
03:03Et là, on est au cœur de l'OTAN, on est au cœur de l'Europe, mais c'est la Russie.
03:07La Russie qui a aussi donc assisté à l'élargissement de l'Europe.
03:10Exactement, avec la même mécanique.
03:12Et là, vous le voyez, progressivement, l'Europe s'est élargie avec une autre problématique qui est plus politique, celle-là.
03:18Au fond, quelles sont les frontières naturelles de l'Europe ?
03:22Elle s'est construite sur un socle historique, culturel, parfois religieux, autour de la chrétienté.
03:27On s'est posé la question de la limite de l'Europe quand il s'agit de faire rentrer ou pas la Turquie.
03:32Ce que les Russes sont en train de dire, c'est mais au fond, vous allez aller où ?
03:37La prochaine étape, c'est quoi ?
03:38C'est la Biélorussie, c'est la Géorgie qui vont rentrer aussi dans votre zone d'influence.
03:42C'est tout cela qui, depuis 25 ans, crispe profondément les Russes et on a atteint la limite avec l'Ukraine.
03:50C'est seulement donc une question de zone d'influence ?
03:53Pas simplement, ça n'est pas qu'une zone d'influence, c'est foncièrement aussi un problème économique et stratégique.
03:59Autre carte qui va vous faire comprendre les choses.
04:02Il faut avoir en tête que les hydrocarbures, le pétrole et le gaz, c'est l'oxygène, c'est le sang de la Russie.
04:08C'est ce qui fait que ce régime est fort et qu'il tient.
04:11Si vous coupez cette source, cette manne, tout s'effondre.
04:16Là, vous avez les pipelines qui partent de Russie et qui viennent alimenter l'Europe.
04:22C'est chaque jour 2 millions de dollars qui sont exportés par la Russie chez nous.
04:27Chaque jour, ça leur rapporte 2 millions de dollars, l'ensemble de ces pipelines.
04:31Donc vous comprenez bien que si tous ceux qui sont en train de rentrer et qui passent par l'Ukraine,
04:35vous avez un pays qui décide de couper, pour eux, c'est un enjeu quasiment vital.
04:40Poutine a essayé de contourner le problème en créant ici un pipeline souterrain, Nord Stream,
04:48mais qui a été saboté, qui a été dynamité pendant le conflit.
04:50Ça montre bien l'enjeu stratégique que représentent les hydrocarbures dans ce conflit.
04:56Pour résumer, bien sûr qu'il y a une question, comme le dit Emmanuel Macron, de droit,
05:00de souveraineté d'un pays à décider de son avenir.
05:03Mais il y a aussi dans les actes politiques qu'on pose avec l'élargissement,
05:08des enjeux qui sont considérables pour tout le monde et qui créent des crispations.