"Les Français, l’amour et le sexe : comment tout a changé", c’est le nom du documentaire que produit et présente Karine Le Marchand sur M6 le lundi 9 décembre à 21h10. L’occasion pour Brut de la rencontrer, de discuter avec elle sur la longueur et sans langue de bois.
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00:00J'ai découvert que vous n'êtes pas Karine Lemarchand.
00:03Ah si ?
00:04A mon vrai nom ?
00:05Vous jouez toujours de la harpe ?
00:06Non. Mais je fais du piano.
00:07Parce que j'ai l'oreille absolue.
00:08Vous avez été confrontée au racisme ou pas ?
00:10Oui !
00:10On m'a trotté de sa négresse, c'est sûr.
00:12Ma mère s'est déjà battue pour me défendre quand j'étais petite.
00:15Tu me cherches, tu me trouves, c'est tout.
00:16J'attaque pas en premier.
00:17Mais tu me cherches, tu me trouves.
00:19Bonjour Karine Lemarchand.
00:20Bonjour.
00:20Merci de nous accueillir chez vous.
00:22Enfin chez vous, je dis, c'est la boîte de production.
00:24Chez Potiche Prod.
00:25Potiche Prod, c'est vous qui avez eu l'idée de ce nom ou pas ?
00:27Oui, absolument.
00:28Je me suis dit, tiens les animatrices télé, il y a deux sortes en fait.
00:31Il y a les chiantes et les connes.
00:35Je vais décider d'appeler ça Potiche Prod, il vaut mieux rire de soi.
00:38Et comme ça, en fait, on ne se moque pas de vous de la même façon.
00:42On peut toujours faire le contre-pied un peu.
00:44L'humour, c'est un truc qui vous caractérise.
00:46J'espère.
00:47En tout cas, Potiche Prod, c'est la société qui va produire une soirée spéciale de M6
00:51que vous présenterez, qui s'appelle « Les Français, l'amour et le sexe, comment tout
00:56a changé ? »
00:57Vaste programme.
00:58Oui.
00:59Et aujourd'hui, quand on est Karine Lemarchand, l'amour, c'est facile ou au contraire, c'est
01:02plus compliqué parce que vous êtes Karine Lemarchand, quelqu'un de connu.
01:05C'est plus compliqué, je pense.
01:07C'est plus compliqué, mais ce n'est pas moi qui suis plus compliqué, c'est le regard
01:09de l'autre.
01:10Je pense que c'est plus compliqué parce que la notoriété fait que…
01:13D'abord, il y a un fantasme.
01:14On prend plus de place, on est plus puissant dès la rencontre.
01:19Et ensuite, oui, il y a beaucoup de présupposés.
01:24Les gens changent avec nous.
01:27Ils mettent un peu de temps à être vraiment eux-mêmes.
01:30Et puis, moi, j'ai le sentiment de ne pas avoir changé, mais ma fonction, ce que je
01:39peux représenter fait en sorte que ce n'est pas vrai, ma vie n'est pas normale.
01:44En ce sens où je fais des selfies, je suis reconnue.
01:48D'ailleurs, c'est très bizarre, on n'arrive pas à distinguer si un garçon nous regarde
01:53parce qu'il nous a reconnus ou parce qu'il nous trouve jolies.
01:55C'est le même regard.
01:56Et donc, c'est un peu perturbant parce qu'on ne sait pas.
01:59Et donc, c'est bien de partir à l'étranger parce que quand on vous regarde, tu fais
02:02« ah ouais, ça va ».
02:03Je vais être franc avec vous.
02:04Moi, je vous connaissais comme présentatrice télé, mais pas vraiment.
02:07Mais en préparant cette interview, j'ai un peu bossé.
02:09J'ai découvert plein de choses.
02:11Déjà, j'ai découvert que vous n'êtes pas Karine Lemarchand.
02:14Ah si, si, si, à mon vrai nom.
02:18Voilà, exactement.
02:19Votre vrai nom, j'essaie de bien le prononcer, c'est Karine Fayot-Kourera.
02:23Votre père est bourundais, vous ne l'avez pas connu, mais c'est d'origine bourundaise.
02:29Et donc, il y a une histoire, c'est que vous avez dû changer de nom dix minutes avant
02:36la présentation de votre premier direct pour l'émission « Midi pile » sur France 3
02:40par Île-de-France, je crois.
02:41Le directeur des programmes avait le retour antenne dans son bureau et il voit apparaître
02:46mon nom, Karine Fayot-Kourera.
02:47Et il dessine et il me dit « ce n'est pas possible, ton nom, ce n'est pas possible,
02:52personne ne saura le prononcer ».
02:54J'ai fait ce que j'ai pu.
02:57Voilà, c'est ça.
02:58Il faut que tu changes.
02:59Et j'ai dit « mais attends, mais moi, en plus, je suis toujours en train de me prendre
03:02la tête, il faut toujours que tout donne un sens à tout.
03:04Donc, j'ai dit « mais attends, mais qu'est-ce que tu veux que je fasse et tout ? ». Je
03:07n'ai pas trouvé un truc simple et ce n'est pas possible.
03:10J'ai dit « bon, à l'époque, je sortais avec Pascal Lemarchand, je vais m'appeler
03:14Karine Lemarchand ».
03:15Donc, voilà, ce n'est pas un problème.
03:17Moi, j'aime bien parce qu'en fait, quand on m'appelle, je sais si c'est administratif
03:22ou si c'est pour la télé et tout ça.
03:24Ça ne vous a pas gêné de changer de nom ?
03:26Non.
03:27Non ?
03:28Je me suis posé la question, si aujourd'hui, ça se passait comme ça, est-ce que vous
03:32accepteriez ?
03:33Alors, il y avait déjà un précédent parce que j'étais mannequin et il y avait déjà
03:38pas mal de Karine chez Elite et donc, on m'a fait changer Karine.
03:42Je m'appelais Sam.
03:43Sam ?
03:44Ça vous va bien ça ?
03:45Oui, c'est moi qui avais choisi.
03:46J'aime bien les trucs un peu androgyne et tout, c'est un peu garçon manqué.
03:48D'autres choses que j'ai découvertes dont je voudrais parler avec vous, dites-moi
03:53si je me trompe, c'est que quand vous étiez enfant, vous étiez au conservatoire régional
03:58de Nancy.
03:59Oui.
04:00En gros, cours le matin, musique l'après-midi et vous faisiez du chant, de la harpe et de
04:06la flûte traversière.
04:07Alors, j'ai fait un an de violon comme ma sœur qui était aussi au conservatoire.
04:12J'ai fait 4 ans de flûte traversière et 5 ans de harpe à la suite et 10 ans au conservatoire.
04:19Vous jouez toujours de la harpe ?
04:20Non.
04:21Je saurais, mais je fais du piano parce que j'ai l'oreille absolue.
04:28Je crois que vous faisiez du piano avec votre fille ?
04:30Oui.
04:31Maintenant, elle a 22 ans, elle s'en fiche complètement, mais un jour, elle y reviendra.
04:34L'oreille absolue, racontez-moi.
04:35Normalement, quand on entend les notes, on peut savoir ce que c'est.
04:39Et donc, on peut les rejouer.
04:41Moi, ça m'a fait marrer.
04:42Quand j'ai appris que vous jouiez de la harpe, je me suis dit que c'est à 7 ans.
04:47Comment on dit « tiens, je vais faire de la harpe » ?
04:49Je voulais faire du violon.
04:51Ça, je comprends.
04:53Parce que ma sœur faisait du violon, ma grande sœur.
04:55Après, j'ai voulu faire de la flûte parce qu'elle a fait de la flûte et qu'elle a eu le premier prix du conservatoire de flûte.
05:01J'admirais beaucoup ma sœur qui avait 4 ans de plus, qui a toujours 4 ans de plus.
05:05Et puis, je me suis rendu compte que je n'avais rien à voir avec ma sœur.
05:10Et ensuite, j'ai cherché un… je ne sais même pas comment ça m'est venu.
05:14Je ne sais pas comment je suis revenue à la harpe.
05:16Ce n'est pas un truc…
05:17Ce n'est pas hyper pratique ?
05:18Non, mais au conservatoire, on a des box.
05:21Et moi, je n'avais pas beaucoup d'argent.
05:23De toute façon, je n'avais pas les moyens ni la place d'avoir une harpe.
05:27En fait, on avait effectivement cours tous les matins.
05:30On était 14 par classe.
05:32C'était extraordinaire.
05:34Vous aviez quel âge à l'époque ?
05:36J'ai commencé le violon en CP.
05:38D'accord.
05:396-7 ans.
05:41J'ai commencé le violon, mais je suis hyper laxe.
05:46J'ai les doigts qui se retournent.
05:48Bref, le violon, ce n'est pas possible.
05:50Et puis, ma mère n'en pouvait plus.
05:52C'est difficile.
05:53Quelqu'un qui commence le violon…
05:55Elle n'en pouvait plus.
05:57Après, la flûte traversière, c'est plus facile.
06:00Et puis, je ne sais pas comment je suis arrivée à la harpe.
06:03Mais c'était bien.
06:04C'était bien la harpe.
06:05Et la musique, j'imagine que c'est une place importante dans votre vie ?
06:07Vous continuez à…
06:09J'ai été dégoûtée.
06:12Parce que vraiment, c'était intense quand on était petit.
06:16Pendant 10-15 ans, je n'ai plus pu écouter.
06:19On analysait la musique classique, les partitions.
06:22On faisait des transitions.
06:24C'était compliqué.
06:27Et j'en ai tellement bouffé de musique, notamment classique,
06:31et de cours avec des méchants messieurs qui sentaient mauvais de la bouche
06:33et qui me tapaient dessus,
06:35que j'ai un peu laissé tomber.
06:37Et j'y suis revenue.
06:39Et j'adore la musique, c'est vrai.
06:41Mais comme j'ai tout le temps du bruit…
06:43Moi, je travaille beaucoup avec l'oreillette.
06:45Quand je fais mes interviews, j'ai des gens qui me parlent en même temps.
06:48Souvent, le soir, j'ai besoin d'être calme.
06:51J'ai besoin d'un sas.
06:53Et en ce moment, je commence à me remettre de la musique.
06:56C'est des périodes.
06:57C'est marrant, cette histoire d'oreillette.
06:58Moi, je n'en ai pas.
06:59Du coup, je dis des bêtises.
07:01Mais vous, qu'est-ce qu'on vous dit dans l'oreillette, dans la musique ?
07:03Parfois, des conneries.
07:04Parfois, on me donne des gages.
07:06Ah oui ?
07:07Oui.
07:08Il y a le temps aussi, j'imagine.
07:09On vous dit…
07:10Oui, quand je suis en direct.
07:12Ça dépend si je suis en direct ou si je suis en différé.
07:14Quand je suis en direct, oui, je suis le maître du temps.
07:17Je suis là, par exemple, pour la France Incroyable Talent.
07:19On me dit 3 minutes, 2 minutes, tu coupes, tu envoies, machin, gna gna gna gna.
07:23J'ai une script qui me dit, on fait partir un magnéto.
07:27Ça revient, retour dans 15 secondes, tatata tatata tatata.
07:30Donc, j'ai l'assistant réalisateur qui me dit, mets-toi là, attention, gna gna gna.
07:35J'ai parfois le réalisateur qui me parle.
07:37Et j'ai en plus la script.
07:38Quand vous faites par exemple une ambition intime,
07:39là pour le coup, souvent, c'est des interviews politiques, disons.
07:42Oui.
07:43Qu'est-ce qu'on vous dit dans l'oreillette à ce moment-là ?
07:44Je déteste qu'on me parle quand je fais des interviews, moi.
07:47Donc, je leur dis, vous ne me dites rien.
07:49Mais parfois, j'ai besoin de précision.
07:51Par exemple, je dis, en 72, vous avez fait ça.
07:55Si je me trompe, elle va me dire, non, c'est 71.
07:58Je dis, c'est en 71.
08:00C'est des petits points comme ça.
08:03Mais on me parle assez peu parce que j'ai besoin de rebondir.
08:08Donc, si on me parle, je n'entends pas.
08:10Donc, en général, moi, ma technique, c'est, pour l'interviewer aussi,
08:14c'est oublier tout.
08:17Je vais vous faire oublier tout.
08:19On va prendre le temps de tout faire.
08:22Et après, pendant une semaine, je ne fais pas de montage quand c'est moi qui produis.
08:25Pendant une semaine, moi, je ne commence pas mon montage.
08:27Et si vous avez des choses qui vous reviennent,
08:30des sujets où vous pensez que vous êtes allés trop loin,
08:32vous m'appelez et on voit si on coupe ou pas.
08:35Je préfère que les gens soient complètement relax pour faire une interview
08:38que ce qu'ils disent.
08:40Il ne faut surtout pas que j'aborde ce sujet.
08:42C'est un piège.
08:44Parce qu'ils ne vont pas être eux-mêmes et ils ne vont pas arriver
08:47dans une certaine attitude corporelle, émotionnelle.
08:50Ils vont être tout le temps dans le contrôle.
08:52Ils ne vont pas être bons.
08:54Je préfère qu'ils se lâchent.
08:56Et puis, s'ils sont allés trop loin, on coupera.
08:58Ce qui compte, c'est leur vérité.
09:00Vous avez fait des petits boulots.
09:02Vous avez été hôtesse au Parc des Princes.
09:05Vous avez vendu en porte-à-porte l'encyclopédie Universalis.
09:08Pas longtemps.
09:10C'était ça quand je suis arrivée à Paris.
09:12J'ai un souvenir.
09:14Quand j'étais petit, mes parents...
09:16Un jour, il y a un mec qui tape à la porte
09:18et qui a réussi à nous vendre l'encyclopédie Universalis.
09:20C'était un mec, ce n'était pas moi.
09:22Je ne sais pas pourquoi mes parents ont dit oui.
09:24Comment ça s'est passé cette histoire ?
09:26A l'époque, c'était ça.
09:28Il n'y avait pas Internet.
09:30On frappait à la porte des gens.
09:32Les gens étaient contents.
09:34Quand ils étaient tout seuls, ils offraient un petit café.
09:36On parlait et à la tchatche.
09:38On vendait de tout.
09:40Vous étiez douée pour ça ?
09:42Oui.
09:44J'ai une bonne commerciale.
09:46Vous avez vendu beaucoup d'encyclopédie Universalis ?
09:48Non, parce que j'ai trouvé ça...
09:50J'ai toujours mon petit Jiminy Cricket.
09:52Moi, prendre de l'argent des gens qu'on n'a pas,
09:54c'est quelque chose qui peut m'empêcher de dormir la nuit.
09:56Je l'ai fait un mois.
09:58D'accord.
10:00Au Canary.
10:02C'est quoi ça ?
10:04Mes timeshare.
10:06Je vous vends une semaine par an.
10:08Vous aurez le droit de venir dans un appartement au Canary.
10:10Vous achetez, vous êtes copropriétaire d'appartement.
10:12Vous avez le droit de tant de semaines par an.
10:14Ce n'est pas ça ?
10:16Non.
10:18C'était trop bien.
10:20C'est quoi comme autre petit boulot ?
10:22J'étais vendeuse, j'étais serveuse.
10:24J'étais beaucoup hôtesse.
10:26Le sexisme.
10:28Comment on se comportait ?
10:30Moi, je m'en fous.
10:32J'étais payée pour ça.
10:34Je les envoyais balader.
10:36J'ai toujours du caractère.
10:38Je pouvais traiter les gens de gros cons.
10:40Ce n'était pas un problème.
10:42Je n'étais pas l'hôtesse qui n'ose pas se défendre.
10:44Et puis,
10:46qu'est-ce que j'ai fait d'autre ?
10:48Je faisais les jeux à la télé.
10:50J'ai fait une famille en or avec 4 copines.
10:52Une blonde, une rousse.
10:54C'est vrai ça ?
10:56Il faut que tu cherches l'image.
10:58Oui, mais je n'ai pas trouvé.
11:00J'avais gagné 8000 francs.
11:02Comment c'est venu ça ?
11:04Nous, on faisait tout pour vous.
11:06On avait la dalle.
11:08On faisait bien qu'on se bouge.
11:10On était 5 copines assez mignonnes.
11:12On a dit qu'on était cousines.
11:14On ne se ressemblait pas du tout.
11:16Ils n'ont même pas vérifié.
11:18On a joué une famille en or.
11:20Vous avez gagné ?
11:228000 francs chacune.
11:24Avec le temps,
11:26c'est bien 8000 euros.
11:28C'était super.
11:30Dans une interview en 2020,
11:32vous avez dit que vous avez une pression
11:34en tant que noire.
11:36Quand vous avez commencé ce métier,
11:38il y avait moins de personnes.
11:40C'est une responsabilité supplémentaire ?
11:42Est-ce que c'est quelque chose
11:44qui a été important pour vous ?
11:46Personnellement, je suis issue
11:48d'un père noir et d'une mère blanche
11:50qui se sont aimées.
11:52J'ai toujours été regardée
11:54avec amour par ma famille
11:56par rapport à ma couleur de peau.
11:58C'est un avantage.
12:00Je n'ai pas été parachutée
12:02d'un pays où il n'y avait que des noirs
12:04dans un pays où il y a des blancs.
12:06J'ai toujours été baignée là-dedans.
12:08Maintenant, je viens de Nancy
12:10où il n'y en avait pas beaucoup.
12:12Entre ma soeur et moi,
12:14on était à peu près les seuls du lycée.
12:16Comment vous le viviez ?
12:18Je le vivais bien.
12:20Je le vivais bien
12:22mais en même temps,
12:24j'étais singulière.
12:26C'est-à-dire que ma grand-mère
12:28savait exactement.
12:30On me reparaît.
12:32J'étais grande.
12:34J'ai forcément mis l'anecdote.
12:36Il n'y avait pas une semaine
12:38sans qu'on me demande d'où je venais.
12:40Mais je ne le vivais pas mal.
12:42Ça m'agacait parfois.
12:44Vous avez été confrontée au racisme ?
12:46Oui. On m'a traité de sale négresse.
12:48Ma mère s'est déjà battue
12:50pour me défendre quand j'étais petite.
12:52A la télé aussi ?
12:54Non. Je pense que les gens
12:56ne m'appelaient pas quand ils sont racistes.
12:58Mais je n'ai pas été confrontée.
13:00La seule lettre d'insulte
13:02que j'ai reçue en 30 ans
13:04vient d'un monsieur qui était noir
13:06et qui m'a dit
13:08« Oui, mais vous vous défrisez les cheveux.
13:10Vous n'assumez pas qui vous êtes.
13:12Négresse, vous êtes.
13:14Négresse, vous resterez.
13:16C'est honteux
13:18de ne pas assumer qui vous êtes.
13:20Limite, vous blanchissez la peau. »
13:22Je ne sais pas quoi.
13:24C'est tout.
13:26Je sers à brushing,
13:28mais je ne me défrise pas les cheveux.
13:30Maman est blonde aux yeux bleus
13:32avec des cheveux bien raides.
13:34Je me sens très bien comme je suis.
13:36Je ne me suis jamais sentie dans l'obligation
13:38de choisir entre
13:40la couleur de mon père
13:42et la couleur de ma mère, mes deux origines.
13:44Mais je n'ai pas le cul entre deux chaises.
13:46Moi, j'ai conscience
13:48que ma différence
13:50moi, je suis assez forte
13:52et peut-être suis-je devenue forte
13:54parce que je ne voulais pas qu'on m'attaque.
13:56C'est possible. On ne sait pas comment un enfant se construit.
13:58Mais j'ai conscience
14:00aussi, quand on parle
14:02de sexisme
14:04ou quoi, qu'il y a plein de gens
14:06qui n'ont pas cette force de caractère
14:08et qui sont blessés par les attaques.
14:10Moi, sincèrement,
14:12tu vas me traiter de sale négresse
14:16ça ne va pas m'atteindre
14:18dans mon estime de moi.
14:20Mais je crois que vous avez quitté
14:22Twitter à un moment donné.
14:24Ça n'a rien à voir avec la négritude.
14:26Je parle des attaques qu'on subit.
14:28Là, en l'occurrence, vous me parliez d'une lettre que vous avez reçue.
14:30Je ne sais pas si vous recevez encore des lettres
14:32ou si ça se passe uniquement par les réseaux sociaux aujourd'hui.
14:34Si, j'ai reçu des lettres encore.
14:36Est-ce que vous recevez encore des insultes ?
14:38Comment ça se passe ?
14:40J'ai quitté Twitter
14:42quand j'ai fait
14:44ma première émission politique
14:46« Une ambition intime » en 2016.
14:48Twitter anime la haine des communautés.
14:50Ça anime tout ça.
14:52Moi, je suis contre le communautarisme.
14:54Et quand on va
14:56mettre en avant quelqu'un de gauche,
14:58on va se faire insulter par les gens de droite et inversement.
15:00Et en fait, le problème aussi,
15:02c'est que la presse people
15:04se nourrit de ce qui existe
15:06sur les réseaux pour faire des papiers.
15:08Et j'ai dit, je ne vais pas leur faire ce cadeau en fait.
15:10Parce qu'ils disaient « bad buzz ceci, bad buzz cela ».
15:12Il n'y a pas de bad buzz. Il y a trois pauvres cons
15:14sous pseudo « ZZ487 »
15:16qui vont t'insulter parce que tu as fait
15:18Mélenchon ou Marine Le Pen. Je m'en fous complètement.
15:20Mais en revanche,
15:22ils vont reprendre ça, le mettre sur Internet
15:24et ça va nourrir.
15:26Il est hors de question que je nourrisse ça.
15:28Donc, en quittant Twitter,
15:30il n'y a plus de bad buzz. C'est incroyable quand même.
15:32Pareil, j'ai supprimé les commentaires
15:34d'Instagram.
15:36Il n'y a que les gens. Alors ça, c'est une fonction
15:38que j'entourage tous les gens connus à faire.
15:40Il y a une fonction
15:42qui permet d'interdire
15:44les commentaires hormis ceux que nous,
15:46on suit.
15:48Donc, ça va créer des frustrations. Il y a des gens qui voudraient
15:50s'exprimer. Mais qu'est-ce que j'en ai à faire
15:52que Micheline
15:54dise que « ah bah non, c'est pas bien
15:56ceci, je ne suis pas d'accord avec la couleur de votre
15:58jupe et tout ça ». Je m'en fous.
16:00Voilà. J'ai fêté mes 30 ans
16:02en 2025. 30 ans de télé.
16:04J'ai vu des choses démarrer petit
16:06à petit.
16:08Avant les réseaux sociaux, oui.
16:10Vous l'avez vu, l'évolution avec les réseaux sociaux,
16:12ça a changé votre vie ? Oui, bien sûr.
16:14Ça a changé la presse people.
16:16Ça a changé les putaclics.
16:18Mais sinon,
16:20en même temps,
16:22ils se sont tirés une balle dans le pied parce que
16:24dans une première partie,
16:26la presse people, elle s'est emparée des
16:28réseaux sociaux pour inventer des choses sur nous,
16:30pour créer des mythes.
16:32Mais comme en parallèle, nous,
16:34on a pris les réseaux sociaux. Moi, je
16:36communique sur Instagram de mon quotidien, etc.
16:38On a complètement
16:40désamorcé ça. Et donc, on a
16:42en même temps créé la fin
16:44des stars. Moi, je trouve ça super.
16:46Mais il n'y a plus de mythes.
16:48On a complètement désamorcé les fantasmes
16:50de la presse people
16:52et on a compris
16:54qu'en fait, on est comme tout le monde. Oui et non, parce que
16:56j'imagine que vous faites gaffe quand même à ce que vous publiez.
16:58Oui,
17:00pas toujours. Oui. Moi, pas toujours.
17:02Des fois, je m'en fous.
17:04Il y a un truc qui est quand même sympa avec vous, et on le voit là,
17:06c'est votre franc-parler, qui n'est pas si fréquent
17:08à la télé. J'ai l'impression que les gens font gaffe.
17:10Mais vous, manifestement,
17:12ce n'est pas un... Mais ma carrière, elle est faite.
17:14C'est fini. Je veux dire, ce n'est pas fini ma carrière.
17:16Mais je...
17:18Il faut que je prenne du plaisir
17:20maintenant, mais
17:22il faut affirmer qui on est.
17:24Par exemple, il y a un truc que j'ai vu qui est assez rare.
17:26Je me rappelle que vous étiez invitée à cette avoue.
17:28Vous présentiez justement une ambition intime.
17:30Sur le plateau, il y a Patrick Cohen.
17:32Bon, quand on regarde
17:34l'émission, on sent qu'il est un peu bougon
17:36et que, en fait, ça l'embête
17:38peut-être, je ne sais pas, en tout cas, que vous
17:40interviewez des personnalités politiques.
17:42Oui.
17:44Et donc, en plein direct, vous lui dites...
17:46À un moment donné, vous lui dites...
17:48Vous ne m'aimez pas à vous.
17:50Vous l'interpellez.
17:52Là, il est un peu embêté.
17:54En fait, il vous reproche d'avoir, je le cite,
17:56copiné avec Marine Le Pen
17:58et s'en suit une discussion.
18:00Mais tout le monde ne le fait pas. En fait, c'est vous qui allez au combat,
18:02quelque part. Ça, c'est un truc...
18:04Le franc-parler, ça vous a déjà causé du tort
18:06ou, au contraire, c'est votre marque de fabrique et vous l'assumez,
18:08quitte à le surjouer ? Comment vous vous situez ?
18:10Ah non, je ne surjoue pas, moi. C'est vraiment vous, quoi.
18:12Ah oui. Non, non. Mais tu me cherches, tu me trouves, c'est tout.
18:14Je n'attaque pas en premier. Mais tu me cherches, tu me trouves.
18:16C'est tout.
18:18La bien-pensance
18:20de certains journalistes
18:22qui vont faire des pieds et des mains
18:24pour avoir Marine Le Pen en interview exclusive
18:26et qui vont me reprocher à moi de l'avoir eue,
18:28c'est bon. Et tous, ils m'appelaient derrière
18:30pour savoir comment j'avais eu tout le monde.
18:32Tous, j'avais des textos, je ne vous le dis pas,
18:34des rédacteurs en chair me disant « Mais comment vous avez réussi à avoir
18:36des choses aussi personnelles
18:38de ces gens-là ? Ils ne nous donnent pas le quart. »
18:40Ben oui, tu désattaques.
18:42Tu n'obtiens pas la confidence en mordant des gens.
18:46Mais tout de suite, tu lui dis juste « C'est quoi ta vérité ?
18:48Pourquoi tu as fait ça ?
18:50En quelle année tu as voulu être président ?
18:52C'est quand même dingue à 18 ans de vouloir être président.
18:54Qu'est-ce qui a nourri ça ?
18:56En fait, c'est neutre.
18:58C'est juste « Raconte-moi ton histoire. »
19:00Oui, l'idée, pour ceux qui ne connaissaient pas forcément,
19:02c'était d'éviter une compagnie présidentielle
19:04et c'était de parler avec les différents candidats et candidates
19:06de presque l'intime, en tout cas,
19:08de leur ambition.
19:10Moi, personnellement, je n'ai jamais rêvé
19:12d'être présidente de la République.
19:14À quel moment,
19:16tu te dis
19:18« On va y aller. Je vais diriger la France.
19:20Oui, je vais faire ma carrière de ça.
19:22Et puis, je vais changer le monde quelque part. »
19:24Comment vous l'avez vécu quand même ?
19:26Parce que les critiques ont été nombreuses.
19:28Pour le coup, ça a été extrêmement misogyne.
19:30C'est ça qui m'a le plus énervée.
19:32C'était le côté
19:34« Elle minote sur un canapé. »
19:36Vous l'avez vécu comme parce que vous étiez une femme.
19:38Oui, elle minote sur un canapé, ça m'a énervée.
19:40Ça ne m'a pas touchée, mais ça m'a énervée
19:42parce que je n'étais pas encartée.
19:44C'était ça, l'histoire.
19:46Parce qu'auparavant,
19:48il y a eu d'autres journalistes
19:50qui ont interviewé des hommes politiques sur un canapé.
19:52Et ça, on ne le reprochait pas.
19:54Je pense qu'aujourd'hui, les gens ne se permettraient peut-être pas autant d'attaques.
19:56On a révolutionné l'émission politique.
19:58Ils n'ont pas tous critiqué.
20:00Il y a eu beaucoup de soutien
20:02sur cette émission-là.
20:04Mais la réalisation des émissions politiques a complètement changé.
20:06Tout d'un coup, on a commencé à faire des profils,
20:08à prendre leur main,
20:10à poser des questions personnelles.
20:12Ruth Elkrief a parlé des chats de Marine Le Pen
20:14avec Marine Le Pen.
20:16Tout a changé.
20:18Maintenant, on essaie de comprendre
20:20qui sont ces personnes.
20:22Et surtout,
20:24ce qui me fait rire, c'est que certains journalistes
20:26qui ont pu critiquer
20:28ce que j'ai pu faire à l'époque
20:30faisaient en même temps des biographies
20:32de ces personnes non autorisées.
20:34Mais rentrer dans des détails
20:36que je n'aborde jamais,
20:38des détails sexuels, de relations intimes,
20:40qui pour moi sont vraiment une ligne rouge
20:42qui ne m'intéresse pas.
20:44Ce qui me fait rire, c'est que je m'en fous complètement
20:46à qui couche avec qui.
20:48Mais eux, ils se permettent de faire dans des biographies
20:50non autorisées ce genre de choses
20:52qui pour moi sont très vulgaires.
20:54Et en même temps, ils disent
20:56qu'il ne fallait pas les interviewer.
20:58C'est n'importe quoi.
21:00Qui vous aimeriez interviewer que vous n'avez pas interviewé ?
21:02Le pape.
21:04J'adorerais faire une ambition intime du pape.
21:06C'est possible ? Il vient en France ?
21:08Oui.
21:10Qu'est-ce que vous aimeriez savoir sur le pape ?
21:12Les valeurs,
21:14les croyances, les interdits.
21:16En même temps,
21:18on est responsable de tellement de millions de gens
21:20qu'on incarne un dieu.
21:22Le rapport
21:24à la mort,
21:26à l'homosexualité,
21:28à l'abstinence,
21:30ce qu'il regrette,
21:32ce qu'il a envie
21:34de faire, ce qu'il a envie de laisser
21:36sur cette terre,
21:38ce qu'il a envie de dire à Dieu.
21:40Plein de choses.
21:42Pour avoir discuté un peu avec des personnes qui ont travaillé avec vous,
21:44ce qui m'est revenu, c'est que vous travaillez beaucoup.
21:46Néanmoins, j'ai vu aussi que
21:48à l'issue du premier confinement,
21:50vous avez dit que vous avez un peu frôlé
21:52le burn-out aussi.
21:54Vous travaillez beaucoup et en même temps parfois trop.
21:56Comment vous vous situez par rapport au travail aujourd'hui ?
21:58Alors,
22:00je suis hyper active.
22:02De toute façon,
22:04quand je fais de la place dans ma tête, il y a d'autres idées
22:06qui viennent.
22:08J'ai du mal à contrôler ça.
22:10De toute façon, je crois que je serai toujours créative.
22:12Mais,
22:14c'est vrai que quand on travaille
22:16mais qu'on dépend du travail des autres
22:18et que les gens fournissent pas le même travail
22:20ou pas la même qualité qu'on exige,
22:22c'est compliqué parce que du coup on les remplace.
22:24Quand on a été confiné,
22:26moi en tant que productrice,
22:28je suis payée quand je rends le film,
22:30quand je rends le documentaire.
22:32En l'occurrence, je produisais 5 documentaires
22:34depuis 2017 que je devais rendre en 2020.
22:36Les gens ont été payés
22:38par l'État.
22:40Et donc, ils disaient qu'on verra plus tard.
22:42Je disais mais moi, il faut que je bosse.
22:44Donc, j'avais installé des salles de montage
22:46chez mes menteurs qui étaient contents quand même
22:48de bosser aussi à la maison,
22:50qui m'envoyaient des WeTransfer le soir.
22:52Je faisais mes modifications la nuit, etc.
22:54Et j'ai vécu un cauchemar en fait.
22:56J'ai institué le télétravail
22:58mais pas obligatoire le vendredi.
23:00Vous revenez sur le télétravail ou pas ? Parce que maintenant, c'est la grande mode.
23:02C'est fini là.
23:04Maintenant, tu ne pars en télétravail que si tu m'apportes
23:06la preuve que tu as 8 heures de boulot
23:08à faire le vendredi.
23:10Tout ce qui est dossiers, lectures, fiches,
23:12tous ces trucs qu'on peut faire chez soi,
23:14je dis vous le gardez pour le vendredi.
23:16Tous les soirs,
23:18elle est chiante,
23:20je m'en fous. Tous les soirs, j'ai un reporting
23:22sur ce qui s'est fait.
23:24Elle n'est pas commode. Je ne suis pas commode, je paye.
23:26Je ne sais pas, je ne suis pas commode.
23:28Je suis commode. Il y a cours de gym payé par la boîte
23:30jeudi et tout ça, une fois par semaine.
23:32Il y a d'autres trucs aussi qui sont sympas.
23:34Mais je paye les gens pour qu'ils travaillent.
23:36Parce que s'ils ne travaillent pas, c'est moi qui dois le faire.
23:38À un moment donné, je ne vais pas crever.
23:40Le matin, tu te lèves,
23:42tu es au bureau, tu ouvres un mail pour moi
23:44et au fur et à mesure de tes tâches, tu mets ce que tu as fait.
23:46Et le soir, tu l'envoies.
23:48Aujourd'hui, j'ai fait ça.
23:50Comme ça, je n'ai pas non plus 50 mails à gérer par personne.
23:52Et en même temps, ils peuvent poser toutes leurs questions,
23:54tous leurs trucs, etc. Et moi, le soir,
23:56je réponds à tout. Qu'est-ce que ça veut dire travailler ?
23:58En fait, le rapport au travail a changé aussi.
24:00C'est moi qui paye.
24:02Moi, tous les premiers du mois, je paye des loyers,
24:04des salaires, des trucs.
24:06Donc, c'est normal que je demande.
24:08Si la personne a fait son boulot
24:10en 5 heures parce qu'elle est super efficace,
24:12elle peut partir.
24:14Tu fais ce que tu veux.
24:16Si tu veux ne pas travailler le vendredi, mais travailler le samedi ou le dimanche,
24:18soir,
24:20parce que tu as tes enfants ou des trucs à faire,
24:22tu peux, tu as 3 jours. Tu as une somme de travail à faire,
24:24tu t'arranges comme tu veux.
24:26Mais tu le fais.
24:28Et tu te dis bien, à quelle heure vous arrivez le matin,
24:30à quelle heure vous partez le soir, comment ça se passe ?
24:32Je passe au moins 18 heures par jour.
24:34Non.
24:36Je ne sais pas, les filles.
24:38Vous m'avez déjà vu prendre la voiture sans travailler ?
24:4018 heures,
24:42ça fait combien de sommeil ? Vous dormez combien de temps ?
24:44Ce que je peux. Ça dépend des fois.
24:46C'est vrai que ce n'est pas bien pour la santé.
24:48Si, ça va. Je fais du sport, je fais attention à ce que je mange,
24:50je ne fume pas, je ne me drogue pas,
24:52je ne me déglingue pas, je ne vis pas avec un con.
24:54C'est bien pour la santé, ça aussi.
24:56J'entends les rires derrière.
24:58C'est important.
25:00Bien sûr.
25:02Mais si on travaille 18 heures par jour,
25:04c'est plus compliqué d'avoir une vie amoureuse.
25:06C'est vrai.
25:08Vous bossez beaucoup avec des femmes.
25:10Oui.
25:12Ça change quelque chose, le fait que ce soit des femmes
25:14avec qui vous travaillez ? Il y a des hommes aussi.
25:16Je trouve que les femmes,
25:20elles gèrent mieux leur temps.
25:22Elles n'ont pas la réunionnité aiguë.
25:24Je trouve que les hommes adorent
25:26papoter en réunion,
25:28le petit café, le machin,
25:30on fait une pause, on fume les clopes en bas,
25:32on reprend, machin, etc.
25:34Les femmes, elles ont trois journées en une.
25:36Elles ont le temps du travail,
25:38elles ont le temps du ménage,
25:40de réalisation des courses,
25:42etc.
25:44Le temps des enfants.
25:46Elles sont tout le temps sur le fil.
25:48Les femmes, quand elles se construisent,
25:50malheureusement, c'est encore une réalité aujourd'hui,
25:52elles ont le sens du temps.
25:54Et elles n'ont pas de temps à perdre.
25:56Et puis le plafond de verre,
25:58aujourd'hui, ça change,
26:00je pense sur les nouvelles générations,
26:02mais moi je viens d'une génération
26:04où aller à certains niveaux dans une entreprise,
26:06c'était pas gagné,
26:08il fallait l'arracher.
26:10Souvent, les femmes,
26:12elles sont travailleuses,
26:14elles sont fidèles.
26:16J'aime bien travailler avec les filles.
26:18Et puis, je fais des choses très émotionnelles.
26:20Mes émissions,
26:22elles sont quand même
26:24beaucoup sur la relation à l'autre,
26:26sur l'intelligence émotionnelle,
26:28sur le parcours des gens.
26:30Et malheureusement,
26:32les femmes sont quand même plus élevées
26:34avec l'idée d'être dans la bienveillance,
26:36l'écoute, le care, le maternage.
26:38Et donc, tout ce qui est sentiments,
26:40c'est plus facile pour elles
26:42de l'investir que des hommes.
26:44On n'est pas là,
26:46on est des bonhommes, machin.
26:48On gagne du temps, en fait.
26:50Nous pleurer en réunion parce qu'on a trouvé des gens
26:52qui nous ont beaucoup touchés, ça ne nous fragilise pas.
26:54Parlons de votre métier.
26:56Productrice, on l'a un petit peu abordé,
26:58mais vous êtes animatrice télé.
27:00Oui, aussi.
27:02C'est quoi une bonne animatrice télé ?
27:04C'est quelqu'un qui
27:06donne la parole
27:08et
27:10qui à la fois
27:12est devant,
27:14et qui doit mettre l'autre devant.
27:16C'est très bizarre comme rôle.
27:18Parce que
27:20c'est vrai que c'est nous qui incarnons
27:22un programme,
27:24mais si on ne fait pas bien notre job,
27:26le programme ne va pas fonctionner.
27:28J'en viens à que ce soit une ambition intime
27:30ou l'amour est dans le pré.
27:32Si je n'arrive pas
27:34à bien faire l'interview de la personne
27:36que j'ai en face de moi avec subtilité,
27:38si j'en fais une caricature,
27:40les femmes qui vont lui écrire vont écrire à quelqu'un
27:42qui ne comprend pas et ça ne fonctionnera pas.
27:44Si on veut donner toute la chance à un programme
27:46pour rencontrer l'amour,
27:48il faut qu'à la fin
27:50du portrait,
27:52on le connaisse vraiment tel qu'il est
27:54et ne pas le caricaturer.
27:56C'est tellement facile en télé de caricaturer quelqu'un.
27:58C'est plus facile pour faire du buzz,
28:00de faire de l'audience, de mettre bout à bout
28:02les frachocs, les punchlines, les trucs,
28:04les hauts, les machins.
28:06Mais en fait, on se plante.
28:08C'est un très mauvais raisonnement.
28:10Est-ce qu'il y a quelque chose que vous avez appris
28:12entre vos débuts et aujourd'hui ?
28:14J'ai beaucoup travaillé avec des psys.
28:16J'ai même fait une thérapie pour apprendre comment on accouchait les gens.
28:18Mais je ne l'ai pas dit.
28:20J'ai fait une thérapie aussi
28:22comme ça parce que je trouve que ça fait partie
28:24de l'hygiène de vie,
28:26d'aller voir quelqu'un et de reposer
28:28un peu tout régulièrement.
28:30Ça m'aide à manager,
28:32ça m'aide à aimer sans doute,
28:34ça m'aide à éduquer ma fille,
28:36ça m'aide à m'aimer moi.
28:38Pour moi, ça fait partie d'hygiène de vie,
28:40d'essayer d'obtenir le meilleur de soi.
28:42À part échanger avec quelqu'un,
28:44je ne sais pas comment faire.
28:46Mais c'est vrai que
28:48j'ai fait une thérapie quand j'ai commencé
28:50à préparer une ambition intime
28:52parce que je trouvais ça intéressant de savoir comment ils arrivaient à creuser.
28:54C'était bizarre,
28:56j'étais un peu schizophrène parce que je faisais ma thérapie
28:58et en même temps,
29:00dès que je sortais, je prenais des notes sur ce qu'elle me disait,
29:02ce qu'elle répondait, son attitude, son truc.
29:04Ça se passait comment cette thérapie ?
29:06Je parlais de moi,
29:08je parlais de moi, mon père,
29:10je n'ai pas connu mon père.
29:12Du coup, elle rebondissait
29:14et je notais ce qu'elle rebondissait
29:16dans ma tête,
29:18c'est-à-dire si elle s'avançait,
29:20si elle est machin,
29:22si elle faisait hum hum.
29:24Des trucs comme ça.
29:26J'ai appris en l'observant.
29:28Je lui ai dit à la fin.
29:30Vous avez appris quoi ? Qu'est-ce que vous avez noté ?
29:32Il faut le silence quand même,
29:34il faut accompagner.
29:36Il faut un peu hypnotiser l'autre,
29:38c'est un peu comme rat confiance.
29:42Il faut bien connaître le sujet,
29:44il ne faut pas feindre de s'intéresser à l'autre,
29:46il faut vraiment s'intéresser à l'autre.
29:48C'est peut-être ça la difficulté.
29:50Quelles que soient les opinions de l'autre,
29:52il a sa vérité, il a son parcours.
29:54S'il est venu comme ça, ce n'est pas pour rien.
29:56Moi, c'est ça qui m'intéresse.
29:58Je ne suis pas dans le jugement de ce qu'il est aujourd'hui,
30:00mais c'est comment il s'est construit pour en arriver là.
30:02Et en fait, fondamentalement,
30:06il ne faut pas faire semblant.
30:08Il ne faut pas se dire,
30:10il faut absolument qu'elle me révèle ça.
30:12En interview, il faut qu'elle me parle de ça,
30:14ce n'est pas possible autrement.
30:16Et on sent bien, parfois, des interviews,
30:18et les mecs ne lâchent pas.
30:20Quand vous avez fait ci,
30:22et c'est relou, ça n'échappe à personne,
30:24ça fait chier tout le monde.
30:26Vous imaginez maintenant une vie sans la télé pour vous ?
30:28C'est possible, ça ? Qu'un jour, vous ne fassiez plus de télé ?
30:30C'est possible.
30:34Moi, je peux tout faire.
30:36Sincèrement, j'ai confiance en moi.
30:38Je peux tout faire, je pense.
30:40Peut-être agricultrice.
30:42Mais une nouvelle façon de faire.
30:44C'est vrai, hein ?
30:46Je ne sais pas. J'ai besoin de la ville,
30:48de la campagne,
30:50de créer des trucs.
30:52Là, on va lancer des podcasts.
30:56Ça reste quand même l'audiovisuel.
30:58Je pense que
31:00écouter la parole des autres,
31:02c'est quelque chose que je garderai
31:04toute ma vie.
31:06D'ailleurs, mes proches n'en peuvent plus.
31:08Moi, je prends le taxi.
31:10Je connais toute la vie du chauffeur.
31:12D'accord.
31:14C'est ce que me dit ma fille.
31:16Elle me dit que j'arrive à te payer
31:18pour un truc que tu fais tout le temps, gratuitement.
31:20Voilà.