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Il était une fois dans un petit pays pas très loin d’ici, une nouvelle pandémie, une maladie très contagieuse qui, à la différence de la chlamydiose, la blennorragie gonococcique ou l'herpès vaginal se transmettait essentiellement par de fines particules présentes dans l'air du temps.

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Amusant
Transcription
00:00Et bonjour Sophia Aram ! Avant de démarrer, vous teniez à rappeler que le billet qui va suivre est une œuvre de fiction ?
00:06Oui, alors, enfin, une œuvre, on verra, mais une fiction, assurément.
00:11Il était une fois, dans un petit pays pas très loin d'ici, une nouvelle pandémie.
00:16Une maladie très contagieuse qui, à la différence de la chlamydiose, la blénhoragie gonocoxique ou l'herpès vaginal,
00:22se transmettait essentiellement par de fines particules présentes dans l'air du temps.
00:28Alertés, les plus éminents épidémiologistes du royaume constatèrent bientôt des taux de contamination très importants
00:33parmi les activistes mondains, soucieux de s'acheter quelques convictions éphémères à peu de frais
00:38ou les militants plaçant leur engagement au-dessus de leur bonne foi.
00:42Sur le terrain, comme on dit à la capitale, les carabins observaient de plus en plus de crises de condescendance aiguë,
00:48de troubles du discernement et de bouffées délirantes,
00:51accompagnées d'une incapacité prolongée à tenir compte de la réalité confinante à la bêtise.
00:56Des observations cliniques rejoignaient d'autres pathologies bien documentées telles que la conformose bienveillante,
01:03l'excommunicose, la sectariopathie progressive, la kouffarophobie récréative, la phobie du « pas d'accord avec moi »
01:11ou la cancélite, qui sont autant de pathologies dérivées de ce que les chercheurs appellent désormais
01:16le syndrome de l'inquisition vertueuse, plus connu sous l'acronyme SIV.
01:22Et dont on sait aujourd'hui qu'il débouche malheureusement trop souvent sur des cas de vertuopathie totalitaire.
01:29Autant de pathologies répandues chez les personnes ayant un portrait de Che Guevara, Chavez ou Georges Ibrahim Abdallah dans leur chambre.
01:35Ce qui poussa certains observateurs à regrouper toutes ces pathologies sous une seule appellation, le gauchisme.
01:41Un raccourci malheureux dans la mesure où cette maladie annihile toute forme d'attachement à l'universalisme, la laïcité ou même,
01:48tenez-vous bien, à la littérature. Oui, oui, vous avez bien entendu, la littérature.
01:53Aux romans, aux écrivains, à la liberté d'expression ou à la liberté tout court des écrivains à remettre en cause le sentiment national
01:59de quelques régimes autoritaires et corrompus sans être embastillés.
02:02Il y a même un cluster bien à part dans lequel des journalistes, dont la maladie avait visiblement inhibé leur capacité à penser,
02:09sont allés jusqu'à relayer mécaniquement la propagande d'une émocrature voisine reprochant à un écrivain courageux de s'inspirer,
02:16tenez-vous bien, d'une réalité dont personne n'ose parler. Ou plus drôle encore, d'avoir volé une histoire.
02:22Celle d'une jeune femme qui prétend se reconnaître dans l'un des plus beaux romans de l'année.
02:26Ce qui est fou, c'est que chacun sait très bien que la littérature ne fait que s'inspirer d'histoires,
02:30de morceaux de vie, de fragments de solitude, de rancœurs ou de joie, de petits bouts d'amour et de grandes épopées.
02:36Et que voler des histoires pour les raconter jusque-là, ça s'appelle écrire.
02:40Et qu'en littérature, la seule chose qui puisse être plagiée ou volée, c'est un texte.
02:44Une mutation d'autant plus dramatique que, fatigué par des années de fachoïstose aiguë,
02:48le royaume ne semblait plus avoir les défenses immunitaires suffisantes pour se battre contre ce mal nouveau.
02:53Alors que des écrivains auraient dû sonner le toxin à défendre leur droit de raconter des salades et même de penser tout court,
02:59ce fut le grand silence des plumes.
03:01Dès lors, le royaume se délita au moment où, contre tout bon sens,
03:05une partie de la population en était venue à imaginer que la vertuopathie totalitaire
03:10pourrait être éradiquée par la fachoïstose purulente.
03:12Un peu comme si l'on pouvait se vacciner contre les ravages de la peste en s'inoculant le choléra, vous imaginez la suite.
03:18Ce petit royaume disparut promptement.
03:20Oui, je sais, c'est triste, mais c'est une histoire qui finit mal.
03:24Ah, au fait, je ne vous ai pas dit, mais ce royaume, dont le nom aurait dû alerter ces sujets,
03:28s'appelait le royaume des cons.

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