Fondée il y a plus d’une dizaine d’année par Adja Ilboudo, l’Association des femmes chercheurs scientifiques du Burkina vise à regrouper les femmes du Centre national de la recherche scientifique et technologique (CNRST) afin de les soutenir dans leur épanouissement personnel et professionnel. Initialement axée sur le rôle des femmes dans le foyer, l’association a évolué sous la présidence actuelle pour se concentrer sur le renforcement de la confiance en soi et la valorisation des compétences professionnelles. Dans le cadre de la journée internationale des femmes et filles de science, célébrée chaque 11 février, une équipe de Lefaso.net est allée à la rencontre du Dr Marie Thérèse Arcens/Somé, la présidente actuelle de l’Association des femmes chercheures scientifiques du Burkina Faso. De l’entretien, l’on peut retenir qu’elle encourage les membres à s’affirmer dans leurs métiers et à reconnaître leur contribution essentielle au fonctionnement de la recherche au plan national.
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13:31Nous en avons pensé cette année.
13:33Dans le bureau, nous sommes en train de discuter.
13:36Vous voyez que même dans le bureau, on ne peut pas se voir régulièrement.
13:40On travaille beaucoup sur WhatsApp, en visio.
13:43Et il y en a beaucoup qui ont ce genre d'idée,
13:46de voir un peu quel genre de formation on peut donner aux femmes.
13:49Si j'ai parlé tout à l'heure de certaines des femmes
13:52qui ont persévéré jusqu'à arriver à la thèse ou arriver à une licence,
13:58c'est parce que c'est en discutant qu'on s'est rendu compte
14:01qu'on pourrait pousser plus de femmes à travers l'association.
14:05Surtout qu'au CNRST, on a beaucoup de stagiaires très jeunes,
14:1020 ans, 22 ans.
14:12Donc, leur donner dès maintenant ce qu'il faut,
14:16comme confiance, etc., pour qu'elles puissent y aller.
14:20Oui, on est en train d'y penser.
14:22Et je pense que c'est l'un des programmes,
14:24le programme d'activité de cette année pour l'association.
14:29Moi, je suis dans la recherche.
14:33Je vois beaucoup de mes collègues qui s'illustrent.
14:36J'ai une collègue ici qui est dans l'autre association d'ailleurs,
14:41mais aussi qui est dans notre association.
14:43Vous allez voir dans ces deux associations les mêmes femmes,
14:46mais de l'autre côté, c'est plus des chercheurs.
14:48Alors, moi, j'ai beaucoup de respect pour certaines de mes collègues ici
14:55qui ont écrit des ouvrages vraiment très, très intéressants
14:59qui se lancent dans des perspectives académiques
15:04vraiment très, très intéressantes.
15:07Pour moi, ce sont des femmes battantes.
15:09Vous avez, tout à l'heure, j'ai parlé de, je peux citer des noms.
15:13Je peux citer des noms.
15:15Le docteur Alice Somé Sonda, qui est, elle est philosophe.
15:20Elle écrit beaucoup sur les femmes, sur le genre.
15:23Elle veut faire avancer les choses.
15:25Elle travaille énormément en tant que chercheure comme en tant qu'enseignante.
15:29Il y a d'autres femmes comme une enseignante pour laquelle aussi j'ai beaucoup de respect.
15:36C'est Fatoumata Kinda qui a pris sa retraite,
15:38qui m'a suivie au début de ma thèse et qui a fait la sociologie urbaine comme moi.
15:45Il y a d'autres femmes avec lesquelles je travaille
15:48dans d'autres associations comme le One Press, par exemple,
15:51qui travaille sur la promotion du moringa.
15:53Donc, Agretou Lengani Sabadogo, qui travaille dans tout ce qui est biologie, etc.
16:01Il y a Fatoumata Ba, qui est de l'IRSAT.
16:05Fatoumata, elle travaille sur les plantes aussi,
16:10sur toutes les qualités, les caractéristiques des plantes.
16:14Ce sont des femmes, enfin, qui se sont reconnues
16:17et qui ont accepté de prendre des postes de direction.
16:22Donc, j'ai en tête des femmes autant dans les sciences dures que dans les sciences littéraires.
16:31J'ai pas mal de femmes ici même, à l'INES, pour lesquelles je suis leur parcours.
16:38Elles ont le même âge que moi et j'apprécie beaucoup le travail qu'elles font.
16:45Je pense que, vous savez, on crée beaucoup de journées de la femme,
16:53de la journée de la femme scientifique.
16:55Vous m'avez dit que c'est le 11.
16:58J'avoue que moi, je n'étais même pas au point.
17:00Il y a la journée internationale de la femme qui arrive,
17:04il y a la fête des mères qui arrive.
17:06Je pense que tout ça, c'est très important pour que les femmes
17:10apprennent à se revaloriser.
17:13Mais malheureusement, ce n'est pas toujours le cas.
17:15Parce qu'il y a toujours des personnes, hommes comme femmes,
17:19les femmes sont toujours les premières aussi à se casser,
17:22hommes comme femmes, à se dire, à rapporter haut et fort que ça ne vaut pas la peine.
17:30Eh bien, ça ne vaut pas la peine, peut-être,
17:32parce que chaque jour est un jour de valeur pour la femme.
17:36Mais l'homme ne sait pas toujours montrer cela à sa femme.
17:40Donc, c'est dommage qu'on mette un jour pour encenser les femmes.
17:48La journée scientifique, je pense que c'est très intéressant.
17:51Peut-être qu'on parlait beaucoup dans les lycées, les collèges,
17:56pour leur donner envie de se lancer plus loin.
18:00Parce qu'il y en a qui vont faire des études,
18:02et puis après, elles vont aller faire autre chose,
18:05ou bien elles vont s'arrêter, elles vont aller se marier.
18:08Donc, leur montrer qu'elles ont les capacités d'aller loin.
18:12Même en se mariant, même en faisant des enfants,
18:15elles ont un cerveau d'ange qui leur permet d'aller le plus loin possible.
18:21Dieu n'a pas fait la femme pour rien, et elle le prouve tous les jours.
18:25Je pense que c'est important,
18:28parce que ce que la femme fait,
18:31enfanter, se marier, supporter dans le mariage,
18:36les coups, parce qu'il y en a beaucoup qui supportent ces coups,
18:39dans l'intimité, etc.,
18:42travailler dur pour que sa famille s'en sorte,
18:45aller le plus loin possible,
18:48c'est ce qu'elle fait.
18:51C'est ce qu'elle fait.
18:54Travailler dur pour que sa famille s'en sorte,
18:57aller le plus loin possible au niveau financier,
19:01dans une carrière,
19:04je ne pense pas que tout le monde soit capable de ça.
19:07C'est mon avis.
19:10Peut-être que c'est parce que je suis une femme que je le dis,
19:13que j'ai vu tout mon parcours qui a été jalonné.
19:16J'ai quitté mon pays, j'aurais bien voulu rester au Sénégal,
19:19mais je me suis mariée ici, j'aime beaucoup le Burkina,
19:22j'ai pris la nationalité, je suis fonctionnaire.
19:25Mais voilà, ça c'est le parcours d'une femme.
19:28Et c'est ici que j'ai fait pratiquement,
19:31quand j'ai quitté le Sénégal,
19:34et aujourd'hui, j'ai passé plus de temps maintenant au Burkina que au Sénégal.
19:39Donc voilà, ça c'est vraiment la vie d'une femme.
19:43Et je dirais que les femmes, elles sont battantes,
19:46ne serait-ce que pour ça.
19:49Quand vous leur dites de quitter sa famille,
19:52il n'est pas d'accord.
19:55Mais la femme, elle doit quitter sa famille,
19:58comme si elle ne ressentait pas les mêmes choses qu'un homme.
20:01Pour moi, c'est très important que la femme,
20:04qu'il y ait des jours pour valoriser la femme,
20:07jusqu'à ce que l'homme et la femme,
20:10la société se rendent compte qu'on n'a plus besoin de ces jours.
20:19Écoutez, l'Association des femmes chercheurs,
20:22j'espère que nous allons mettre en place des programmes
20:25qui permettent aux femmes de prendre confiance en elles.
20:28Donc des formations, pas de longues formations,
20:31des coachings, c'est des coachings,
20:34des coachings mentaux, pour leur dire que vous êtes fortes,
20:37qu'il faut avoir confiance, même si vous êtes agent de bureau,
20:40vous pouvez continuer de monter.
20:43C'est vraiment ça. Moi, c'est le programme que j'aspire
20:46à mettre en place avec le bureau,
20:49parce que j'ai des femmes formidables dans le bureau qui se battent.
20:52Vous avez vu, pour l'arbre de Noël,
20:55moi j'étais malade, j'étais assise,
20:58elles m'ont même dit, assois-toi, mets tes jambes comme ça,
21:01et puis nous, on fait le reste. Mais elles sont formidables.
21:04C'est quelque chose qu'on a mis en place
21:07à peine en une semaine. Vous voyez ?
21:10On a pu récolter l'argent, etc., en une semaine.
21:13C'est pour dire que, bon, voilà,
21:16dès que vous leur mettez dans la tête qu'elles sont capables,
21:19les femmes foncent. Mais il faut qu'on leur mette ça dans la tête
21:22avec des programmes.
21:28C'est le conseil de la persévérance.
21:33Il faut persévérer.
21:36Et ça, c'est un conseil que je peux donner même aux hommes,
21:39à mes doctorants, mes masterands. Je leur donne toujours ce conseil.
21:42Je leur dis, vous n'aurez rien de facile.
21:45Tout ce qui est facile, ça va tomber.
21:48Ce que vous avez reçu petit à petit, c'est parce que vous avez gravi
21:51les marches tout doucement, tout doucement.
21:54Vous êtes tombé, vous avez pu avoir un genou sur le sol,
21:57mais vous vous êtes relevé. Dès lors que vous vous relevez,
22:00vous prenez confiance et vous avancez.
22:03Donc, ça prend du temps.
22:06Quand je donne les cours à l'ULB,
22:09je fais toujours plaisir d'inviter.
22:12Tout récemment, j'ai invité un écrivain,
22:15journaliste, communicateur, mais un écrivain.
22:18Je n'ai pas son livre ici,
22:21mais je l'ai invité.
22:24Je lui ai dit, je veux que tu racontes ton parcours
22:27aux gens, Clément Zongo.
22:30Mais quand il a expliqué
22:33de la quatrième à la troisième, qu'il a redoublé sa troisième,
22:36qu'il a avancé, et on voit un type comme ça.
22:39Moi, quand il parle à la radio,
22:42je vous assure que j'aime sa voix et j'aime ce qu'il raconte.
22:45Et je voulais que mes étudiants l'écoutent
22:48à un tel point qu'il y a eu au moins une vingtaine
22:51qui ont acheté son dernier livre.
22:54J'ai oublié le titre.
22:57Apprenez à voir un homme
23:00ou une femme, quand elle est arrivée là-haut, c'est qu'elle a peiné
23:03en bas. Elle a peiné.
23:06Quand il racontait qu'ils pouvaient passer une journée à l'école sans manger,
23:09les enfants étaient là
23:12parce que ça leur faisait un écho quelque part
23:15où ils se plaignaient, alors qu'il ne faut pas
23:18se plaindre, il faut avancer.
23:21Autant les femmes que les hommes, persévérez,
23:24résistez, soyez résilients.
23:27Mais sachez que le succès ne vient pas en un an, en deux ans,
23:30mais c'est dans des dizaines d'années.
23:38Merci de m'avoir fait prendre
23:41conscience qu'il y a une journée
23:44internationale pour la femme scientifique
23:47ou la jeune fille scientifique. J'avoue que
23:50je ne le savais pas, je suis scientifique et ça fait plaisir de le savoir.
23:53Moi, j'aimerais bien que cette
23:56journée se perpétue pour que
23:59dans les collèges, dans les lycées,
24:02on puisse montrer aux femmes qu'elles ont leur avenir
24:05et que leur avenir, c'est le développement du Burkina Faso
24:08et de l'Afrique. Merci beaucoup.