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"L’Europe et vous", c'est le rendez-vous Sudinfo qui décrypte l’actualité du Parlement européen.
Au programme de ce numéro : la question des voitures électriques… Pour en discuter : Yvan Verougstraete, du « Groupe Renew Europe »
Interview: Sabrina Berhin, depuis Strasbourg.
En collaboration avec le Parlement européen.
Transcription
00:00L'Europe et vous, le rendez-vous de Sudinfo qui décrypte l'actualité du Parlement européen.
00:05Au programme, ce numéro, notamment les voitures électriques.
00:07Et pour en parler, nous accueillons Yvan Verhoekstraat du groupe Renew Europe.
00:12Sudinfo présente L'Europe et vous, saison 2.
00:15Un programme au cœur de l'actualité du Parlement européen.
00:19Sabrina Bérin.
00:20Yvan Verhoekstraat, bonjour.
00:21Bonjour.
00:22Tout d'abord, bienvenue dans ce studio au cœur du Parlement européen à Strasbourg.
00:26Merci.
00:27Avant toute chose, vous êtes un nouveau député européen.
00:30Est-ce que vous auriez une petite anecdote personnelle à nous partager
00:33justement pour lever un peu le voile sur cette institution ?
00:36J'étais en chaise roulante pendant quelques mois parce que j'avais des problèmes à la jambe
00:40et je voulais continuer et profiter pleinement de ce mandat.
00:43Et c'est vrai que ça faisait bien rire tout le monde dans les couloirs.
00:45C'est des longs couloirs ici au Parlement européen.
00:46J'étais avec ma chaise et mes deux béquilles.
00:48Et parfois, il ne faut pas traîner.
00:49Voilà. Et en train de dépasser tout le monde, y compris dans les montées.
00:52Donc, ça a bien fait rire tout le monde pendant quelques mois ici au Parlement européen
00:55parce que c'est vrai que c'est atypique d'avoir un parlementaire qui faisait du ski de front.
00:58Vous avez pu tester au moins les infrastructures pour handicapés ?
01:00Impeccable.
01:01Alors, je vous posais cette question parce que c'est vrai que l'Europe,
01:03elle semble toujours loin des gens.
01:05Et pourtant, il y a plein de mesures concrètes qui y sont décidées.
01:08Est-ce que vous, vous avez en mémoire une mesure qui aurait peut-être été prise
01:10sous la législature passée et qui impacte ou va impacter directement les citoyens
01:14et donc forcément les Belges ?
01:17La première mesure qui me vient à l'esprit, c'est parce que pendant la législature passée,
01:20j'étais le patron de Medimarket.
01:22Et je me rappelle qu'on cherchait des masques, c'était le Covid,
01:25et on cherchait des masques et des gels hydroalcooliques partout.
01:28Et puis, à un moment donné, il y a Emmanuel Macron qui a dit
01:30« Moi, je vais réquisitionner tout ce qui passe sur le territoire,
01:33je réquisitionne pour la France ».
01:34On avait commandé une palette de masques qui venait de Turquie.
01:37L'avion a fait un arrêt à Roissy.
01:39Il s'est vidé.
01:40Et elle s'est vidée.
01:40Ils l'ont prise, ils l'ont gardée pour la France.
01:43Et je me dis mais c'est quand même dingue au sein de l'Europe de se faire la guerre comme ça.
01:46Et puis, quelques mois après, on a eu les vaccins
01:48et on est vraiment rentrés totalement dans une autre dynamique.
01:51Les Français n'ont pas réussi à développer un vaccin.
01:53Ils ont essayé, mais ils n'ont pas réussi à développer un vaccin correct.
01:55Mais au niveau européen, il y a eu la solidarité.
01:57Et plutôt que de se faire la guerre entre nous,
01:59de se faire au plus offrant et celui qui paierait le plus cher pour les vaccins au sein de l'Europe,
02:03on s'est mis d'accord et on l'a réparti de manière intelligente entre les différents pays.
02:07Et ça, pour moi, c'est un exemple concret ou c'était un exemple concret
02:10vraiment de à quoi on peut arriver quand on fait l'Europe.
02:13Un autre exemple de la législature précédente qui me vient à l'esprit
02:16parce que Trump est revenu dans le sens inverse
02:19il n'y a pas plus tard qu'il y a deux jours,
02:21sur les plastiques à usage unique.
02:23On sait que la plus grande pollution dans nos océans,
02:27ce sont ces plastiques à usage unique.
02:30Et l'Europe les a interdits et a vraiment fait,
02:33a clairement tracé une droite par rapport à ça,
02:36un horizon qui est clair et une évolution.
02:38Et parce que c'est vrai que ni vous ni moi n'avons envie de manger du plastique.
02:42Et c'est grince quelque part à cette décision européenne
02:44qui est claire, qui est stricte,
02:45mais avec la pollution dans les océans, on parle souvent du cinquième continent,
02:48la pollution plastique dans les océans,
02:50la pollution sur nos plages,
02:51on sait que c'est largement des plastiques à usage unique.
02:53Et donc en prenant cette décision très concrète,
02:55ça a une influence dans notre vie de tous les jours.
02:57Il suffit de voyager un peu pour se rendre compte que dans d'autres pays,
02:59on a encore des sacs plastiques à usage unique partout.
03:01Et ça aussi qui vous tient à cœur,
03:02parce que très rapidement quand vous avez pris vos fonctions,
03:04vous vous êtes positionné par rapport à l'affaire Capri Sun.
03:06Alors ça peut paraître anecdotique,
03:07mais c'est cette marque de boisson qui réclame le retour de la paille en plastique.
03:12Il y a une pétition qui est toujours en cours,
03:14ça vous inquiète, c'est pas si anecdotique que ça ?
03:17C'est à dire que c'est symbolique.
03:20C'est symbolique aussi de voir que certaines entreprises,
03:23pour leurs intérêts privés,
03:25sont prêtes à oublier l'intérêt collectif.
03:27Aujourd'hui, on sait que la pollution des océans,
03:29on sait que ce sont des 100 000 animaux marins
03:33qui meurent à cause des plastiques dans l'océan.
03:36On sait que dans notre santé, ça a vraiment un impact.
03:38Et simplement parce que soi-disant,
03:40leurs consommateurs trouveraient ça plus cool
03:42de retrouver la plage en plastique,
03:44on reviendrait en arrière.
03:46Je pense que ça, ça montre à un moment donné
03:48que certains veulent faire passer des intérêts privés et court-termistes
03:52devant des intérêts qui sont beaucoup plus fondamentaux
03:54et qui sont l'intérêt commun.
03:55Et l'Europe va tenir bon par rapport à cette demande ?
03:57J'espère bien, j'espère bien.
03:59Je crois, parce que je crois que c'est vraiment un plus pour l'Europe,
04:01mais c'est un plus pour les Européens.
04:03On a tout intérêt, plus personne ne regrette.
04:06On a presque oublié que quand on allait chez Carrefour ou Audelez,
04:10on avait chaque fois des sacs plastiques à usage unique,
04:13puis qu'on jetait tout, on est passé à autre chose.
04:15Ce sont des habitudes.
04:17Alors changer, c'est toujours compliqué,
04:19mais une fois qu'on a changé, c'est vraiment un progrès.
04:21Et un sujet qui va vous occuper ici pas mal de temps,
04:23c'est les voitures électriques, c'est très concret aussi.
04:25Il y a de plus en plus de Belges qui en ont une,
04:27mais il y a toujours des freins, je pense notamment au prix.
04:30Est-ce que l'Europe est capable de changer la donne ?
04:33L'Europe doit être capable de changer la donne.
04:36Et c'est vrai qu'aujourd'hui, on n'y est pas encore.
04:39Mais ce n'est pas parce qu'on n'y est pas encore qu'il faut reculer.
04:42Ce n'est pas parce qu'on n'a pas encore mis en place
04:45tout ce qu'il fallait faire pour rendre la voiture électrique moins chère,
04:48même que la voiture thermique.
04:50Moi, ma conviction profonde, c'est que dans quelques années,
04:52on sera arrivé à une voiture électrique
04:54qui, sur la totalité de la vie de la voiture,
04:56sera moins chère que d'avoir une voiture thermique.
04:59Le truc, c'est qu'il faut aller dans cette direction-là,
05:02que les constructeurs ont choisi le mauvais cheval de bataille pour commencer,
05:05c'est-à-dire qu'on a commencé par les voitures les plus chères,
05:08avec énormément de luxe, mais ce qu'on a besoin,
05:11ce qu'on a commencé depuis la forteté,
05:13c'est de faire une production de masse de voitures, pas chères.
05:16Pour monsieur et madame Tout-le-Monde.
05:18Et c'est eux qu'on doit accompagner.
05:20Alors, il y a vraiment énormément de travail.
05:22Quand vous avez une nouvelle technologie comme une voiture électrique,
05:25au tout début, vous avez une accélération de l'amélioration technologique.
05:28Et donc, ça, ça a un impact sur le prix en seconde main.
05:31Parce que vu que la technologie évolue très, très vite,
05:34évidemment, votre voiture, après 3, 4 ans, elle est fort dépassée.
05:37Une fois que, par contre, la technologie commence à devenir un peu plus normale,
05:40eh bien, moins d'évolution.
05:41Et donc, la valeur sur le marché de la seconde main continue d'être présente.
05:44Ça, ça explique et ça justifie que l'État doit aider les consommateurs
05:49pour acheter dans cette phase d'amélioration ou d'accélération.
05:52Il y a, d'un sens, qu'on ait des primes à l'achat de voitures électriques
05:55parce qu'il y a quelque part un manque.
05:57Et à terme, ça sera plus nécessaire.
05:59On sait que le prix des batteries, il est en train de chuter de manière très, très forte.
06:02On sait que la vitesse de chargement est en train d'être décuplée,
06:06même entre 400 volts ou 800 volts.
06:09Maintenant, avec les nouvelles technologies, c'est encore x3.
06:11Il y a encore l'autonomie sur laquelle il va falloir travailler.
06:13Il y a encore l'autonomie.
06:14Mais on voit, si on regarde toutes les courbes et qu'on les tire sur 10 ans, 15 ans, 20 ans,
06:18parce que la fin de la voiture thermique, l'objectif, en tout cas la voiture qui pollue,
06:22après qu'elle soit à botteur à explosion, du moment qu'elle ne pollue pas,
06:25on peut imaginer d'autres fuels.
06:27Mais la clé, c'est qu'on ait une voiture qui ne pollue plus.
06:29L'objectif, c'est qu'en 2050, on y soit.
06:312050, c'est dans 25 ans.
06:32Il faut réussir à se projeter.
06:34Si on revient 20 ans en arrière, Facebook n'était pas en Europe.
06:37Si on revient 25 ans en arrière, c'était le tout début d'Internet.
06:41Donc, quand on se projette dans 25 ans,
06:43il faut se rendre compte que si on regarde 25 ans en arrière,
06:46il n'y avait à peine Internet chez nous.
06:47Et donc, c'est là où il ne faut pas s'enfermer face à une montagne.
06:50En disant, ce n'est pas possible.
06:51En disant, ce n'est pas possible.
06:52Il faut reporter, reporter, reporter.
06:54En fait, si on reporte la clé, qu'est-ce qui va se passer ?
06:57C'est que les Chinois et les Américains vont continuer à avancer.
06:59Et que l'industrie européenne, elle va continuer à décliner
07:02et à se faire dépasser par les autres.
07:04On va rester un peu, comme pour ceux qui connaissent encore,
07:06avec le vieux Nokia 3310, le vieux téléphone face à l'iPhone.
07:10Ils vont dire, non, non, il est chouette,
07:11on n'est pas encore prêt pour l'iPhone, on va garder.
07:13Non, mais si on n'est pas prêt, les gars,
07:14l'iPhone, il va encore prendre plus d'avance.
07:16– Et le fait d'imposer, justement, cette échéance,
07:18est-ce que c'est ça ?
07:19C'est une manière de booster l'industrie automobile européenne
07:21en disant, il y a une échéance, les gars, bougez-vous ?
07:23– Clairement.
07:24Clairement, il y a une échéance, les gars, bougez-vous.
07:26Bougez-vous pour développer des nouvelles technologies,
07:28bougez-vous pour créer des modèles qui soient abordables pour tout le monde.
07:32Messieurs les politiques, bougez-vous pour mettre en place
07:34l'infrastructure nécessaire, parce que le consommateur,
07:37ce dont il a besoin, on ne fera pas la transition à coup de bâton.
07:41On ne fera pas la transition en frustrant les gens.
07:43On fera la transition si les choix de transition
07:45deviennent à un moment les choix les plus efficaces
07:48pour la population, pour la masse.
07:50Oui, il y a peut-être quelques personnes qui sont investies
07:53dans une mission, qui peuvent être aussi les trendsetters,
07:56des gens qui vont un peu avant tous les autres, qui vont mettre…
07:59Mais la masse de la population, on ne peut pas lui demander
08:02de faire un changement si elle n'a pas les moyens de le faire.
08:04– Elle fait des choix pratiques.
08:05– Elle va faire des choix pratiques.
08:06Et c'est pour ça que je souligne, par exemple, dans l'Arizona,
08:08c'est intéressant que l'Arizona diminue la TVA sur les pompes à chaleur à 6%.
08:13Parce que croire que les gens vont installer une pompe à chaleur
08:15juste pour le plaisir alors que ça serait beaucoup plus cher,
08:18ce n'est pas possible, ce n'est pas la réalité de ce que vivent
08:20les citoyens aujourd'hui.
08:21Et donc le rôle de l'État…
08:22– Et de l'Europe alors, qu'est-ce qu'elle doit faire l'Europe ici
08:25pour aider les citoyens à pouvoir acheter ?
08:28– Clairement, l'Europe, elle doit maintenir des objectifs
08:31qui sont très clairs, des capes qui sont très claires
08:33pour que les fabricants de voitures sachent très bien
08:35qu'ils doivent aller dans cette direction-là.
08:37Elle doit maintenir des capes très claires pour imposer aux États,
08:40et par exemple en région Wallonne, d'avoir encore beaucoup plus
08:43de bornes de rechargement, parce qu'on a parlé du prix,
08:46mais il n'y a pas que le prix, il y a l'autonomie,
08:47comme vous le disiez, et la capacité de recharger.
08:49– Ce qui n'est pas toujours facile.
08:50– Ce n'est pas toujours facile ou ce n'est pas encore facile,
08:52mais c'est possible.
08:53Si vous allez par exemple en Norvège, la Norvège a mis les moyens
08:57pour avoir une infrastructure de recharge qui est tout à fait faisable.
09:00La Norvège, ce n'est pas que des villes, la Norvège,
09:02c'est une densité de population, c'est très étendu,
09:04il y a des milieux ruraux, et même dans les milieux ruraux,
09:07on voit qu'il y a une infrastructure qui est suffisante,
09:09parce qu'aujourd'hui, il y a plus de 90% de voitures
09:12qui sont achetées qui sont des voitures électriques en Norvège.
09:14Et on voit que ça fonctionne.
09:15Mais pour ça, il faut un investissement.
09:17Et c'est vraiment, c'est typique, c'est la poule et l'œuf.
09:20Évidemment, tant que vous n'avez pas de voiture électrique,
09:22mettre une borne, ce n'est pas rentable.
09:24Mais si vous ne mettez pas de borne, avoir une voiture électrique,
09:26ce n'est pas possible.
09:27Et donc, c'est là que l'État doit intervenir.
09:29C'est ça le rôle de l'État, c'est ça le rôle de l'Europe.
09:31C'est de dire, messieurs, on doit garantir,
09:34pour que les bornes s'installent, leur garantir un revenu minimum,
09:38pour qu'il y ait une rentabilité minimale,
09:40et qu'il y ait un cap clair, et qu'à un moment donné,
09:42on n'ait plus besoin de les soutenir,
09:43parce qu'il y aura suffisamment de voitures,
09:45mais on doit commencer par avoir des bornes.
09:47Et l'Europe peut mettre la main au portefeuille aussi,
09:49pour accompagner ces changements ?
09:50Et ma conviction, c'est que l'Europe doit mettre la main aussi
09:52au portefeuille pour accompagner ces changements.
09:54Parce que c'est bien de dire aux États « faites »,
09:56mais on connaît toujours les réalités des différents États.
09:58Il y a les deux aspects.
09:59Et je pense qu'on doit essayer d'être intelligent
10:01dans la manière dont on accompagne les pays,
10:04que ce soit en co-investissant,
10:06que ce soit avec la Banque européenne d'investissement,
10:09en dérisquant, en permettant d'avoir accès à de l'argent
10:12à un prix qui est relativement bas,
10:14que ce soit aussi dans une logique d'investissement,
10:17de se dire qu'autant un État ne peut pas,
10:20et c'est ça le gros challenge des différents gouvernements
10:23qu'on a aujourd'hui en Belgique,
10:24autant un État ne peut pas s'endetter
10:26pour ses dépenses courantes,
10:27ses dépenses qui reviennent chaque année.
10:28Et pour ses investissements, oui.
10:29Par contre, pour ses investissements, ça a du sens.
10:31Il y aura un retour sur l'investissement, même si ça alterne.
10:33Et vous parliez d'énergie,
10:35et c'est vraiment ça le rôle de l'Europe,
10:37qui va devoir faire un choc d'investissement,
10:39aider les pays à faire un choc d'investissement,
10:41dans les énergies renouvelables,
10:43que ce soit les éoliennes, que ce soit le nucléaire,
10:46que ce soit le réseau électrique,
10:48il faut un investissement au départ très important.
10:51Et puis après, les énergies, le soleil ou l'air,
10:54ou même le nucléaire,
10:55les énergies ne coûtent pas tellement cher
10:57par mégawattheure créée.
10:59Mais il faut un gros investissement au départ.
11:01Et le problème, c'est que nos États ne sont pas bien équipés
11:03pour faire ce genre d'investissement-là,
11:06alors que le pétrole, au fur et à mesure
11:08que vous le consommez, vous payez.
11:09Et donc, structurellement, nos États ne sont pas adaptés.
11:12Alors que même sur le long terme,
11:14si on fait ce gros investissement,
11:15et puis ce coût marginal qui est faible,
11:17sur le long terme, pour les consommateurs,
11:19pour les Belges, pour les Wallons,
11:21c'est moins cher.
11:22Mais c'est un gros travail d'accompagnement.
11:24Qui dit voiture électrique,
11:26dit aussi forcément électricité.
11:27Donc, il faut produire.
11:28Est-ce que là, on est en capacité de produire suffisamment
11:31pour alimenter toutes ces futures voitures électriques ?
11:33Alors, on doit le faire.
11:34On doit le faire pour des raisons environnementales,
11:36parce qu'on a besoin d'une énergie décarbonée.
11:38Et on doit le faire aussi pour notre autonomie.
11:41En fait, et c'est là le réveil, je pense,
11:44de certains qui étaient encore sceptiques
11:46par rapport à cette nécessité de transition.
11:48On le voit avec ce qui s'est passé en Ukraine,
11:50la guerre en Ukraine et la Russie,
11:52qui nous a coupé les vannes.
11:54La dépendance énergétique est un véritable danger
11:57dans une compétition mondiale,
11:59dans laquelle on est aujourd'hui.
12:01On a absolument besoin, comme Européens,
12:03de ne pas dépendre d'énergies fossiles
12:05comme on en dépend.
12:06Il n'y a pas dans l'histoire,
12:07il suffit de remonter dans l'histoire,
12:09il n'y a pas eu dans l'histoire
12:10de civilisations prospères
12:12si elles n'avaient pas la maîtrise de leur énergie.
12:14Or, nous n'avons pas d'énergie fossile
12:16en quantité suffisante.
12:17Nous nous appauvrissons à chaque fois
12:19qu'on achète du gaz ou du pétrole
12:21en dehors de l'Europe.
12:22C'est de l'argent qui sort de l'Europe
12:23et qui nous sert plus.
12:24Alors que si on peut investir
12:26dans des énergies renouvelables ici,
12:28cela crée de l'emploi ici.
12:29Imaginons, vous mettez un euro
12:31pour faire une éolienne,
12:33il y a quelqu'un qui va aller installer l'éolienne.
12:35C'est déjà 50% de taxes qui revient à l'État.
12:37Avec l'argent qui lui reste,
12:38il va aller acheter dans le magasin du coin.
12:40C'est 20% qui revient à l'État.
12:41Et l'économie tourne.
12:42On peut réinvestir dans les soins de santé,
12:44dans l'enseignement, etc.
12:45Tandis que vous donnez un euro aux États-Unis
12:47ou au Qatar,
12:48cet euro-là, vous l'avez oublié
12:50pour toute votre économie.
12:51Il y a aussi un appauvrissement global de l'Europe
12:54pour des choses comme la sécurité sociale,
12:57comme l'enseignement,
12:58comme toutes ces choses-là.
12:59Et donc, c'est vraiment clé
13:00pour notre prospérité aussi,
13:01pour notre indépendance
13:03et pour notre prospérité.
13:04On a déjà un marché européen de l'énergie ici.
13:06Il y a certains qui réclament d'en sortir.
13:08Ça représente quoi comme risque
13:09si on sortait de ce marché européen de l'énergie ?
13:11Écoutez, il faut juste regarder
13:13les parties de l'Europe qui sont le mieux intégrées
13:15et les parties de l'Europe qui sont le moins intégrées.
13:17Et vous regardez le prix corrélaire
13:19dans ces différentes régions.
13:20On sait que dans notre partie de l'Europe,
13:22on a un marché qui est relativement bien intégré.
13:24Si vous regardez dans l'Est de l'Europe,
13:27avec beaucoup moins d'interconnexions européennes,
13:29le prix est presque deux fois plus élevé
13:31et donc intégrer le marché,
13:33ça lui permet d'avoir la flexibilité nécessaire.
13:36Ça lui permet de dire
13:37je vais acheter l'énergie là où elle est le moins chère,
13:39là où elle est disponible,
13:40le moins chère actuellement.
13:41Donc intégrer le marché européen de l'énergie,
13:43c'est plus de sécurité
13:44parce que justement il y a du vent à un endroit,
13:46il n'y en a pas à un autre endroit,
13:47il y a du nucléaire à certains endroits
13:49et donc ça permet d'avoir un tout,
13:50une masse qui est plus importante
13:52et donc d'être moins sujet
13:54si jamais il y avait une panne
13:56ou si jamais il y a quelque chose qui dysfonctionne.
13:58Et deuxièmement, ça nous permet
13:59de trouver l'énergie la moins chère.
14:00Donc c'est fondamental qu'on garde un marché,
14:02qu'on continue à intégrer le marché,
14:04ce qu'on appelle les interconnexions entre les pays,
14:06qu'on continue à les développer,
14:08c'est fondamental.
14:09Maintenant, la manière dont fonctionne le prix du marché,
14:11on peut évidemment en parler.
14:12Parce que c'est vrai qu'on l'a vu
14:14et les sceptiques le diront,
14:15pendant la guerre en Ukraine,
14:16l'Europe n'a pas pu empêcher la flambée des prix
14:18en ayant tous été confrontés.
14:20Est-ce que le marché européen n'a pas fonctionné
14:23ou c'est quoi le problème ?
14:25Je pense que le marché européen n'a pas...
14:27On ne s'est pas suffisamment préparé
14:29parce que notre dépendance était beaucoup trop grande
14:31par rapport à un fournisseur
14:32qui, quand il a décidé de fermer les vannes,
14:34les prix ont explosé.
14:36Mais l'Europe a fonctionné
14:37parce que ça aurait été encore pire
14:39s'il n'y avait pas eu d'Europe.
14:40La première réaction du chancelier allemand,
14:42c'est d'aller au Qatar tout seul,
14:45négocier tout seul, uniquement pour les Allemands,
14:48du gaz liquéfié.
14:50Et les Allemands ont un peu plus d'argent
14:52que les Belges, les Français et les Italiens.
14:54Donc si on n'avait pas eu d'Europe,
14:55qu'est-ce qui se serait passé ?
14:56On aurait fait les enchères entre Européens,
14:58comme on a parlé pour les vaccins tout à l'heure,
15:00sur le gaz liquéfié.
15:01Alors que l'Europe a dit
15:02non, on ne va pas commencer à se faire concurrence entre nous
15:04pour faire monter les prix.
15:05Très vite, on a réussi à faire rediminuer les prix,
15:08aller faire des achats communs partout ailleurs
15:12pour les redistribuer intelligemment.
15:14Et plutôt que de se faire concurrence entre nous,
15:16c'est acheter de manière mutualisée.
15:17Donc c'est beaucoup plus intelligent.
15:19Maintenant, il y a toujours des gens
15:20qui peuvent dire que ce n'est pas suffisant.
15:21Et certainement, on doit aller plus loin.
15:23Mais en tout cas, dire qu'il faudrait moins d'Europe,
15:25c'est vraiment ridicule pour le consommateur.
15:27Parce que ça serait plus de compétition intra-européenne.
15:30La transition énergétique, c'est vraiment un gros enjeu
15:33dans toutes les politiques,
15:34que ce soit au niveau européen ou au niveau national.
15:36Avec le nouveau gouvernement, la Belgique mit sur le nucléaire.
15:39Est-ce que seule, la Belgique peut investir
15:41comme ça dans de nouveaux réacteurs ?
15:43Ou est-ce qu'elle a besoin de l'Europe ?
15:44Oui, je pense qu'elle a besoin de l'Europe pour l'aider.
15:47Et il n'y a pas de raison que l'Europe ne l'aide pas.
15:49Je veux dire, c'est une énergie décarbonée.
15:51L'Europe a intérêt à augmenter sa capacité
15:54de production d'électricité.
15:56C'est un des moyens intelligents.
15:58Alors c'est très compliqué,
15:59on ne peut pas se le cacher au niveau européen.
16:01Parce qu'il y a certains pays qui restent vraiment dogmatiques
16:04sur le sujet et qui continuent de manière,
16:07quelque part historique, à refuser les avancées
16:09que nous propose le nucléaire.
16:12Mais je pense que la Belgique doit avancer
16:15et la Belgique doit profiter de l'aide européenne,
16:18de l'intelligence européenne,
16:19que ce soit sur le nucléaire d'hier et d'aujourd'hui,
16:23que ce soit sur les small réacteurs,
16:25les petits réacteurs qui sont développés de manière commune,
16:28et j'espère au sein de l'Europe.
16:29Et j'espère peut-être même demain,
16:31continuer à financer et à faire la recherche
16:33sur la fusion nucléaire,
16:35qui sera peut-être l'énergie de demain.
16:37Et j'espère qu'au niveau européen,
16:38on continuera à investir
16:39pour potentiellement garder une longueur d'avance.
16:41La tendance est là pour le moment,
16:42vous le sentez en étant présent ici au Parlement européen ?
16:44On sent quand même au sein du Parlement européen
16:46qu'il y a un ensemble de pays,
16:47il y a une alliance des pays pronucléaires
16:50qui travaillent, qui collaborent ensemble.
16:52Donc plutôt que d'avoir chacun dans son coin
16:54qui fait des recherches,
16:55on veille à mutualiser l'effort
16:57avec ceux qui sont d'accord de le faire,
16:59pour évidemment continuer à avoir un leadership européen.
17:02Parce que si on dépend,
17:03c'est vrai pour l'énergie,
17:04c'est vrai pour la défense,
17:05c'est vrai pour plein de sujets,
17:06si on dépend d'autres pays,
17:08on est aujourd'hui dans le réveil
17:10du fait qu'on est dans une compétition entre empires,
17:13et dans cette compétition,
17:14on ne peut pas être dépendant
17:15de ceux et qui ont fait la compétition.
17:17Est-ce que cette transition énergétique
17:18va demander des investissements ?
17:20Dans un premier temps,
17:21est-ce que ça va peser sur le portefeuille des citoyens
17:23même si à terme,
17:24on peut espérer que ça va faire baisser la facture ?
17:27C'est pour ça que,
17:28et moi c'est vraiment quelque chose
17:29pour lequel je me bats au quotidien,
17:31il faut qu'on fasse clairement la différence
17:33entre un investissement
17:35qui ne doit pas être payé par le citoyen maintenant,
17:38qui ne doit pas être répercuté sur le citoyen maintenant,
17:41mais au contraire,
17:42vu dans le temps,
17:43et c'est pour ça que les taux d'intérêt sont importants,
17:45parce que sinon,
17:46les coûts financiers,
17:47parce qu'emprunter de l'argent
17:48coûte aussi de l'argent,
17:49il faut qu'il soit le plus bas possible
17:50pour qu'on puisse tirer cet investissement,
17:52amortir cet investissement
17:53dans un temps très très long
17:54et profiter rapidement du coût de l'énergie
17:57qui est marginale,
17:58qui est le plus faible possible.
17:59Et on peut retarder comme ça
18:00cette répercussion sur le citoyen
18:02où on doit être réaliste
18:03et à un moment on fera quand même...
18:05Je pense que c'est pour ça
18:06que l'Europe a un rôle clé à jouer
18:07avec la Banque Européenne d'Investissement
18:09qui doit permettre d'avoir...
18:10Pour stimuler.
18:11Voilà, qui doit permettre de stimuler,
18:12d'accompagner,
18:13de démultiplier nos capacités d'investissement
18:15pour justement qu'on puisse aller dans le temps
18:18et qu'il n'y ait pas un choc court terme
18:20pour un bénéfice sur le long terme.
18:21On le voit avec nos centrales nucléaires.
18:23Aujourd'hui, l'énergie nucléaire en Belgique,
18:25elle est très peu chère
18:26parce qu'elles sont amorties.
18:27Donc il faut vraiment veiller
18:28à ne pas donner un choc.
18:29Ça serait vraiment un message contre-productif.
18:31Les citoyens de nouveau feront la transition,
18:34supporteront la transition,
18:36seront partie prenante
18:37si on arrive aussi à les emmener avec nous
18:40et donc à le rendre plus vertueux,
18:41ce qui est vertueux,
18:42rendre le plus rentable.
18:44Une dernière question,
18:45on parle beaucoup de compétitivité,
18:46on l'a vu ici avec les voitures électriques,
18:48l'énergie,
18:49mais c'est vraiment une thématique assez large
18:51qui est prise à bras le cœur par l'Europe
18:53avec tout ce qui se passe,
18:54le Mercosur, Trump.
18:55Est-ce qu'on se dit
18:56l'Europe doit vraiment être compétitive à tout prix,
18:59quel qu'en soit le coup aujourd'hui ?
19:00Compétitivité, c'est le mot-clé de ce mandat.
19:03Mais il faut absolument,
19:04et c'est vraiment là que tout va se jouer,
19:06ne pas se tromper de ce qu'on entend par compétitivité.
19:10Compétitivité, c'est être le plus efficace.
19:12C'est comme quand on fait du sport,
19:14c'est s'entraîner,
19:15c'est d'être en bonne forme physique.
19:17Mais compétition, ça ne veut pas dire
19:19le faire à n'importe quel prix.
19:21Il y a des règles dans la compétition.
19:23Et donc moi, la compétition, ça ne veut pas dire,
19:25par exemple, pour produire des médicaments,
19:27qu'on va enlever tous les filtres
19:28à la sortie des usines de fabrication de médicaments
19:30et qu'on va tout jeter dans la rivière
19:31comme ça se fait en Inde.
19:33Faire la compétition, ça ne veut pas dire
19:34qu'on va commencer à redonner des hormones de croissance
19:37à notre bétail comme ça se fait au Brésil.
19:40Et donc, il faut être clair.
19:42Est-ce qu'on a envie d'importer de la viande
19:44qui a été fabriquée avec des hormones ?
19:46Ou est-ce qu'on a envie d'importer des médicaments
19:48qui ont été faits en polluant les rivières ?
19:50Ce n'est pas ça, la compétition.
19:52La compétition, c'est avoir des mêmes règles,
19:54qu'on s'applique tous,
19:55c'est jouer à 11 contre 11 au foot
19:57et refuser si l'autre, il triche,
19:58s'il est à 13 ou s'il a des aides d'État
20:00ou s'il pollue ou s'il ne répond pas au sondage.
20:02Donc, c'est protéger l'Europe aussi
20:03par rapport à ce qui vient de l'extérieur
20:05pour avoir des close-miroirs ou ce genre de choses.
20:07Et ça, c'est fondamental.
20:08C'est vraiment un combat idéologique fondamental.
20:11C'est oui à la compétition,
20:13mais pas à la compétition qui remet tout bradé,
20:16qui remet nos standards sociaux,
20:17nos standards environnementaux,
20:19tous les standards sanitaires.
20:21Moi, j'ai envie de savoir, quand je mange une lasagne,
20:23si c'est de la viande de bœuf ou de la viande de cheval.
20:25Or, aujourd'hui, on sait qu'au Brésil,
20:27il n'y a pas de traçabilité.
20:28Et alors, on s'étonne que nos agriculteurs disent
20:31qu'est-ce que c'est que ce truc ?
20:32On nous impose un truc
20:33et quand ça vient de l'autre côté de l'Atlantique,
20:35ce n'est plus nécessaire.
20:36Non.
20:37Si c'est nécessaire chez nous,
20:38si des produits sont interdits chez nous
20:40parce qu'ils sont mauvais pour la santé,
20:41parce qu'ils sont mauvais pour l'environnement,
20:43ceux qui utilisent les mêmes produits
20:45ne doivent pas rentrer en Europe.
20:46Et ça, c'est la guerre fondamentale.
20:48Est-ce qu'on n'a pas, du coup,
20:49se refermer sur nous-mêmes ?
20:50Est-ce qu'on a le pouvoir
20:51de faire changer les choses en dehors de l'Europe ?
20:53C'est le prix à payer.
20:55Je ne suis pas du tout contre le commerce,
20:57mais on doit absolument établir
20:59que ce commerce ne peut pas se faire
21:01au dépit, au dépens,
21:03des choses qui sont fondamentales,
21:04qui sont la clé du progrès social,
21:07environnemental et sanitaire qu'on a dans notre pays.
21:09On ne va pas renoncer à ça
21:10juste pour quelques cents.
21:12La clé, c'est du commerce, oui,
21:14mais pas à n'importe quelles conditions.
21:15– Merci Yves-Henri Rousserat.
21:16– Merci beaucoup.

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