• il y a 17 heures
En 2022, Benjamin Netanyahou revenait au pouvoir en s'alliant avec des franges radicales de l'extrême droite israélienne. Après le retour de Donald Trump à la Maison Blanche et le prolongement de la trêve avec Gaza, quel avenir politique pour Benjamin Netanyahou et sa coalition ?Pour en débattre, Jean-Pierre Gratien reçoit en plateau la politologue Nitzan Perelman et l'historien Vincent Lemire.LCP fait la part belle à l'écriture documentaire en prime time. Ce rendez-vous offre une approche différenciée des réalités politiques, économiques, sociales ou mondiales....autant de thématiques qui invitent à prolonger le documentaire à l'occasion d'un débat animé par Jean-Pierre Gratien, en présence de parlementaires, acteurs de notre société et experts.Abonnez-vous à la chaîne YouTube LCP : https://bit.ly/2XGSAH5 Suivez-nous sur les réseaux ! Twitter : https://twitter.com/lcpFacebook : https://fr-fr.facebook.com/LCPThreads : https://www.threads.net/@lcp_anInstagram : https://www.instagram.com/lcp_an/TikTok : https://www.tiktok.com/@LCP_anNewsletter : https://lcp.fr/newsletterRetrouvez nous sur notre site : https://www.lcp.fr/#LCP #documentaire #debat

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Transcription
00:00:00Générique
00:00:02...
00:00:16Bienvenue à tous dans Débat Doc.
00:00:18Voilà un peu plus de deux ans.
00:00:20Benjamin Netanyahou revenait au pouvoir en Israël
00:00:22en s'alliant avec deux hommes issus des franges radicales
00:00:26de l'extrême droite israélienne,
00:00:28Israël Smotritch et Itamar Bengvir.
00:00:31Ce sont ces deux hommes, devenus ministres,
00:00:33et les idéologies qu'ils véhiculent,
00:00:36que va vous faire le découvrir le documentaire qui suit,
00:00:39Israël, les ministres du chaos, réalisé par Jérôme Seskin.
00:00:43Je vous laisse le découvrir,
00:00:45et je vous retrouverai juste après sur ce plateau,
00:00:47en compagnie de la coauteur de ce film,
00:00:50la politiste Nizan Perelman,
00:00:52ainsi que l'historien Vincent Lemire,
00:00:54pour s'interroger sur l'avenir politique
00:00:57de Benjamin Netanyahou en Israël,
00:00:59après le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche.
00:01:03Bon doc.
00:01:04Musique sombre
00:01:06...
00:01:1628 janvier 2024, à Jérusalem.
00:01:18Israël est en guerre à Gaza depuis quatre mois.
00:01:21Acclamations
00:01:235 000 Israéliens, essentiellement des colons de Cisjordanie,
00:01:27sont réunis pour une grande conférence.
00:01:29A la tribune, plusieurs membres du gouvernement.
00:01:33Les deux principales figures s'appellent Itamar Bengvir,
00:01:37ministre de la Sécurité nationale,
00:01:39...
00:01:42et B'Tzalel Smotritch, ministre des Finances.
00:01:46L'objet de la conférence,
00:01:49appelé à recoloniser Gaza,
00:01:51près de 20 ans après qu'Israël a évacué ce territoire.
00:01:54...
00:01:55Bonsoir.
00:01:57Sans colonisation, il n'y a pas de sécurité.
00:02:01Et sans sécurité autour d'Israël,
00:02:03il n'y a pas de sécurité dans tout Israël.
00:02:06Il y a seulement trois ans, je disais pour la énième fois
00:02:11que nous devons conquérir à nouveau Gaza.
00:02:13Avec l'aide de Dieu, le peuple éternel gagnera.
00:02:16Allons-y, prenons-en possession,
00:02:19et nous en sortirons vainqueurs.
00:02:21...
00:02:24Il faut les encourager à partir.
00:02:26...
00:02:30Il est temps de rentrer à la maison
00:02:32et d'accomplir ce que notre Torah dit.
00:02:36Vous conquérerez ainsi le pays et vous vous y établirez.
00:02:40C'est à nous depuis toujours.
00:02:42...
00:02:44Morts aux terroristes, tout le monde !
00:02:46Morts aux terroristes, tout le monde !
00:02:49Morts aux terroristes, tout le monde !
00:02:51...
00:02:53Ces élus de l'extrême-droite religieuse
00:02:56sont arrivés au pouvoir début 2023.
00:02:59Benyamin Netanyahou a fait alliance avec eux
00:03:02pour revenir à la tête de l'Etat.
00:03:04...
00:03:08Alors que les missiles pleuvent dans le ciel du Moyen-Orient,
00:03:11ils dansent.
00:03:12...
00:03:15Ils sont messianiques, racistes.
00:03:17Ces gens-là sont des criminels
00:03:19qui ont été surveillés par les forces sécuritaires
00:03:22à cause de leurs actions contre l'Etat.
00:03:25Ils veulent que l'Etat d'Israël annexe tous les territoires occupés.
00:03:30Et pour y parvenir, ils veulent expulser tous les Arabes.
00:03:34Le grand Israël, une annexion quoi qu'il en coûte.
00:03:39Bien qu'ils représentent à peine plus de 10 % de l'électorat,
00:03:42leur influence est devenue majeure.
00:03:45Si Netanyahou les lâche, ils font tomber son gouvernement.
00:03:50Si Netanyahou les laisse faire, ils imposent leur agenda.
00:03:54Qui sont-ils ? Que veulent-ils ?
00:03:57Enquête sur ces ministres du chaos
00:04:00contre qui de nombreux Israéliens s'élèvent.
00:04:02Musique de tension
00:04:05...
00:04:35Décembre 2022.
00:04:37La photo officielle du gouvernement
00:04:39sacre le retour de Benyamin Netanyahou au pouvoir
00:04:42après un an et demi dans l'opposition.
00:04:45Il s'appuie sur la coalition la plus à droite de l'histoire du pays,
00:04:49composée de son propre parti, le Likoud,
00:04:51et de plusieurs partis religieux et d'extrême-droite.
00:04:55...
00:04:58Deux visages incarnent ce virage radical.
00:05:01Bezalel Smotric, ministre des Finances,
00:05:04patron du Parti sioniste religieux,
00:05:07et Itamar Bengvir, ministre de la Sécurité nationale,
00:05:11qui dirige le parti suprémaciste juif Force juive.
00:05:15Dans la foulée, la coalition annonce une réforme judiciaire
00:05:19qui va mettre le feu aux poudres.
00:05:22...
00:05:24Le ministre de la Justice a tenu un discours...
00:05:28stupéfiant, qui a sonné comme un avertissement.
00:05:31Il a dit,
00:05:32nous allons changer le statut des conseillers juridiques du gouvernement,
00:05:36nous allons prendre le contrôle sur la Cour suprême,
00:05:39nous allons prendre le contrôle sur le procureur général.
00:05:42Et il a terminé ce terrible discours par ces mots,
00:05:45ce n'est que le début.
00:05:46Pendant des mois,
00:05:48des millions d'Israéliens progressistes
00:05:50descendent dans les rues
00:05:52pour s'élever contre ce qu'ils qualifient de coup d'Etat.
00:05:56La Cour suprême est le principal contre-pouvoir
00:05:59au gouvernement et au Parlement.
00:06:01L'opposition accuse Benyamin Netanyahou
00:06:03d'avoir concédé à l'aile la plus radicale de sa coalition
00:06:06cette réforme qu'il a longtemps rejetée.
00:06:11Lui-même poursuivi pour corruption et abus de confiance
00:06:14depuis plusieurs années,
00:06:16il est soupçonné de tenter d'échapper de cette façon
00:06:19aux poursuites judiciaires qui le concernent.
00:06:21Nous sommes, nous sommes, nous sommes !
00:06:24Nous sommes, nous sommes, nous sommes !
00:06:26Nous sommes, nous sommes, nous sommes !
00:06:28La figure de proue du mouvement de contestation
00:06:31s'appelle Chikma Bresler.
00:06:33Cette docteure en physique nucléaire,
00:06:35novice en politique,
00:06:36établit un lien direct entre la réforme judiciaire
00:06:39et la présence de l'extrême droite dans la coalition.
00:06:45Chacun de nous a le pouvoir de freiner la dictature.
00:06:50Si nous sommes des centaines de milliers,
00:06:52nous garantirons qu'Israël restera une démocratie !
00:06:57Cris de la foule
00:06:59...
00:07:04Il faut comprendre que cette réforme judiciaire
00:07:07s'appuie sur le mouvement raciste et fasciste
00:07:10de Ben Gvir et Smotrich,
00:07:11des gens qui se considèrent comme supérieurs
00:07:14parce qu'ils sont juifs,
00:07:15supérieurs aux autres juifs moins pratiquants
00:07:18et supérieurs aux non-juifs.
00:07:21C'est lié directement à leur volonté
00:07:23d'occuper l'ensemble de l'affaire d'Israël biblique
00:07:26et d'imposer une politique qui n'est pas démocratique
00:07:29à la population arabe et palestinienne.
00:07:34Cette crise révèle une fracture profonde
00:07:37de la société israélienne.
00:07:38A l'opposé, le camp de la droite radicale
00:07:41mobilise aussi ses troupes dans la rue,
00:07:43mais pour défendre la réforme à tout prix.
00:07:47...
00:07:54Les drapeaux sont les mêmes,
00:07:56mais le message politique est très différent.
00:07:59Bonsoir, peuple d'Israël.
00:08:02A la tribune, le nouveau ministre des Finances,
00:08:05Bezalel Smotrich, harangue la foule.
00:08:08...
00:08:10Aux dernières élections, le camp national l'a emporté.
00:08:14Nous poursuivrons ces réformes, car c'est l'essence de la démocratie.
00:08:19Le peuple mérite une réforme judiciaire.
00:08:21...
00:08:29Les partisans de Bezalel Smotrich
00:08:32sont essentiellement des colons religieux.
00:08:35Ils reprochent à la Cour suprême d'être un obstacle majeur
00:08:39à leur projet d'annexion des territoires occupés.
00:08:42Bezalel Smotrich ressemble à son électorat messianique.
00:08:46Comme eux, il pense que la loi des hommes
00:08:49doit se soumettre à la loi religieuse.
00:08:52Comme eux, il défend l'entreprise de colonisation.
00:08:55...
00:08:58La journaliste Ruth Margalit a enquêté pendant de longs mois
00:09:01sur le parcours de ce fils d'un rabbin orthodoxe
00:09:04qui a grandi dans les territoires occupés.
00:09:07Smotrich a grandi dans ces écoles talmudiques
00:09:10liées au mouvement des colons.
00:09:12Il était un étudiant brillant.
00:09:14Il est devenu un leader là-bas.
00:09:16Dans le passé, il a pris des positions radicales.
00:09:19Il revendiquait le refus de sa femme
00:09:22de partager une chambre avec une femme arabe à la maternité.
00:09:25Des points de vue très radicaux.
00:09:27Il a un plan qu'il appelle le plan décisif
00:09:30comment vaincre les Palestiniens.
00:09:33...
00:09:36Ce plan, il l'a rendu public en 2017
00:09:39à coup de clip promotionnel,
00:09:41peu après être devenu député pour la première fois.
00:10:09...
00:10:32On a vu alors commencer à évoquer des réformes judiciaires
00:10:36qu'il jugeait indispensables en Israël.
00:10:38Bien avant que le gouvernement Netanyahou
00:10:41ne propose un projet de loi en ce sens,
00:10:44il est l'un des initiateurs de ces idées.
00:10:47...
00:10:49Petzalel Smotrich est l'héritier
00:10:51d'un mouvement nationaliste et religieux
00:10:54qui émerge en 1967 à l'issue de la guerre des Six Jours.
00:10:58...
00:11:03La victoire éclaire contre les armées de cinq pays arabes
00:11:06permet à Israël de tripler sa superficie.
00:11:09...
00:11:11L'armée israélienne ravit la péninsule du Sinaï
00:11:14et la bande de Gaza à l'Égypte,
00:11:16la Cisjordanie à la Jordanie
00:11:18et le plateau du Golan à la Syrie.
00:11:20...
00:11:22Que faire de ces territoires ?
00:11:24Monnaie d'échange contre la paix ou conquête définitive ?
00:11:27...
00:11:28Alors que les dirigeants travaillistes
00:11:30débattent encore de la suite à donner,
00:11:33un groupe de croyants envisage un autre projet.
00:11:35...
00:11:38Pour eux, la victoire tient du miracle annonciateur.
00:11:41...
00:11:43Avant 1967, il y avait déjà une division
00:11:47entre les maximalistes territoriaux et les plus modérés.
00:11:50Mais ce n'était pas un enjeu,
00:11:52parce qu'Israël ne contrôlait alors ni la Cisjordanie
00:11:54ni la bande de Gaza.
00:11:57Après la guerre des Six Jours, c'est devenu un problème.
00:12:01Le mouvement fondateur a été initié
00:12:03par les adeptes du rabbin Tzvi Yehouda Kouk,
00:12:05qui ont vu dans les événements une prophétie,
00:12:08une chance de mettre en action leur idéologie
00:12:11en s'installant en terre promise.
00:12:13...
00:12:16Pour le rabbin Kouk, les Juifs doivent s'établir
00:12:19sur l'ensemble de la terre promise par Dieu
00:12:21au peuple juif dans l'Ancien Testament.
00:12:23Beni Katsover fut l'un des fondateurs
00:12:26de ce mouvement politico-religieux
00:12:28qui prendra le nom de Gush Emunim, le bloc de la foi.
00:12:33Une organisation qui lutte
00:12:34pour la création de colonies de peuplement.
00:12:37Lui-même cofonde l'une d'elles, Elon Moré,
00:12:41à 8 km de Naplouz,
00:12:43l'une des plus grandes villes palestiniennes de Cisjordanie.
00:12:46Le gouvernement ne voulait pas laisser
00:12:49un seul Juif s'implanter ici.
00:12:50Nous sommes venus nous établir sans permission.
00:12:53Nous sommes revenus à la charge 8 fois en 2 ans,
00:12:56en 74 et 75.
00:12:587 fois, nous avons été évacués par la force.
00:13:01Après ça, le Premier ministre Yitzhak Rabin, lassé,
00:13:05s'est tourné vers son ministre, Shimon Peres,
00:13:07pour qu'il trouve un compromis.
00:13:09Il a autorisé notre implantation ici, à Elon Moré.
00:13:12Ce fut la première brèche en Samarie
00:13:14qui a ouvert la voie aux demi-millions de Juifs
00:13:17qui habitent aujourd'hui dans 300 colonies.
00:13:20Au fil des années, la Cisjordanie est grignotée.
00:13:24Aux 300 colonies s'ajoutent les zones confisquées par l'armée,
00:13:28les expropriations de terres agricoles,
00:13:30les routes et l'infrastructure,
00:13:32qui fragmentent et morcellent toujours davantage le territoire.
00:13:38Smotric est très fidèle à cette idéologie.
00:13:41Il sait parfaitement comment parler aux différents publics
00:13:44qu'il essaie de servir.
00:14:01C'est bon, petit à petit.
00:14:02Il dit que l'avenir d'Israël, l'avenir de l'Iran,
00:14:04s'étend jusqu'à Damascus.
00:14:07Seulement l'Iran, jusqu'à Damascus.
00:14:11Smotric a une vision maximaliste de la Terre promise.
00:14:16Elle inclut les territoires palestiniens,
00:14:18mais aussi des territoires en Jordanie, en Syrie,
00:14:22au Liban, en Irak, en Égypte ou encore en Arabie saoudite.
00:14:28Une vision certes radicale,
00:14:30mais admise dans le débat public en Israël.
00:14:34Itamar Ben Gvir, au contraire,
00:14:37est issu d'un courant idéologique longtemps proscrit,
00:14:39loin du champ politique légitime.
00:14:43Le ministre de la Sécurité nationale
00:14:45a d'ailleurs été la cible préférée des milliers d'Israéliens progressistes
00:14:50qui manifestaient en 2023 contre la réforme judiciaire.
00:14:53Il est raciste.
00:14:56Il est le symbole de comment ce gouvernement est devenu extrême.
00:15:00C'est un extrémiste. Il est très radical.
00:15:02Il se dissimule désormais derrière un sourire,
00:15:05mais on sait d'où il vient.
00:15:08Si les Israéliens savent très bien d'où Itamar Ben Gvir vient,
00:15:12c'est parce qu'il est une figure de l'extrême droite depuis 30 ans.
00:15:17En 1993, le premier ministre israélien Yitzhak Rabin
00:15:22et le dirigeant palestinien Yasser Arafat
00:15:25signent les accords d'Oslo.
00:15:28Pendant des mois, dans les rues,
00:15:30un climat de haine règne à l'égard du premier ministre israélien.
00:15:34Rabin subit des menaces au quotidien de la droite radicale
00:15:38qui s'opposent à cet accord historique,
00:15:41prélude à un processus de création d'un Etat palestinien.
00:15:45C'est dans ce contexte
00:15:47qu'Itamar Ben Gvir s'illustre pour la première fois en 1995.
00:15:51Il a alors 19 ans.
00:15:53Un de ses complices s'est attaqué
00:15:55à la voiture officielle du premier ministre
00:15:57en arrachant l'insigne Kaddiak sur le capot.
00:16:00Il fanfaronne devant un journaliste.
00:16:18Quelques semaines plus tard, Yitzhak Rabin est assassiné,
00:16:21le 4 novembre 1995,
00:16:24par un militant de la droite radicale
00:16:26en pleine célébration publique.
00:16:31Itamar Ben Gvir, le dirigeant de forces juives,
00:16:34vient des cercles kahanistes très extrémistes.
00:16:37Et le mouvement de Kahan n'a en fait qu'un seul vrai agenda,
00:16:41qui est le racisme contre les Arabes.
00:16:44Si vous m'aviez demandé il y a encore 2 ou 3 ans
00:16:47qui était Ben Gvir,
00:16:49je vous aurais dit que c'est l'un de ses fanatiques les plus violents
00:16:53qui veulent expulser les Palestiniens et les tuer.
00:16:57Si Itamar Ben Gvir a été condamné,
00:16:59c'est notamment pour avoir milité au sein d'un parti radical
00:17:03interdit par les autorités israéliennes, le Kahr.
00:17:07Chaque année, ces anciens militants se réunissent
00:17:10pour honorer la mémoire et défendre l'héritage controversé
00:17:13du fondateur du mouvement,
00:17:15Meir Kahan, un rabbin d'origine américaine.
00:17:19Ancien porte-parole du mouvement,
00:17:21Itamar Ben Gvir y a longtemps tenu tribune,
00:17:24comme ici en 2019.
00:17:26...
00:17:49Meir Kahan a fondé à la fin des années 60 à New York
00:17:53la Ligue de défense juive.
00:17:55Une organisation qui prône l'usage de la violence
00:17:58pour lutter contre l'antisémitisme.
00:18:00Après avoir été arrêté par le FBI
00:18:03pour détention illégale d'armes, de munitions et d'explosifs,
00:18:07Meir Kahan s'exile en Israël en 1971.
00:18:11Il y fonde son parti politique, le Kahr.
00:18:14En 1984, il est élu à la Knesset, le Parlement,
00:18:18où il porte sa principale revendication,
00:18:21l'expulsion de tous les citoyens arabes d'Israël.
00:18:26...
00:18:29A chaque fois que Kahan montait pour parler
00:18:32à la tribune de la Knesset,
00:18:34le Premier ministre Israël Shamir, figure de la droite,
00:18:37se levait et quittait la salle.
00:18:39Et certains membres de son parti le suivaient.
00:18:42Il ne voulait pas être témoin de ce phénomène,
00:18:45un raciste s'exprimant au coeur du Parlement.
00:18:48Il trouve des partisans dans les zones périphériques,
00:18:51parmi les nouveaux immigrants,
00:18:53ou dans les banlieues et les villes en développement,
00:18:57où il est devenu de plus en plus puissant avec le temps.
00:19:01Ses idées rappellent les idées
00:19:03de la droite populiste radicale en Europe,
00:19:06comme l'exclusion des minorités
00:19:08ou la déportation des immigrants qui ne sont pas juifs.
00:19:12En 1988, la Cour suprême israélienne
00:19:15fait interdire le parti Kahr pour incitation au racisme.
00:19:19Deux ans plus tard,
00:19:22Meir Kahan est tué à New York
00:19:25par un Égyptien naturalisé américain.
00:19:28Bengvir n'a jamais rencontré Meir Kahan.
00:19:31C'est son plus grand regret.
00:19:33Il était trop jeune.
00:19:35Mais il a rejoint le mouvement juste après
00:19:38et il est devenu très proche
00:19:40de ceux qui étaient alors considérés comme les hommes de main de Kahan.
00:19:45Je m'appelle Noam Federman.
00:19:47J'étais le porte-parole du parti Kahr et de Meir Kahan.
00:19:51Itamar Bengvir était un jeune garçon
00:19:54quand je l'ai rencontré pour la première fois.
00:19:57Je l'ai persuadé de rejoindre le mouvement Kahr.
00:20:00Il est devenu porte-parole
00:20:02parce que nous, les patrons, on était tous en prison.
00:20:06Et puis il a été en charge des jeunes du mouvement.
00:20:10Petit à petit, il a pris de plus en plus de poids.
00:20:14Ensemble, il faisait beaucoup de bruit,
00:20:17beaucoup de manifestations.
00:20:19Il accueillait des adolescents une fois par semaine,
00:20:23parfois plus, pour toutes sortes d'activités.
00:20:28Il leur disait de faire des graffitis et du vandalisme.
00:20:32Le mouvement kahaniste a toujours été une structure d'accueil
00:20:36pour les jeunes désœuvrés,
00:20:38les exclus du système scolaire, en rupture avec la société.
00:20:42Il voyait en lui une figure d'autorité.
00:20:45Je dois dire qu'il nie aujourd'hui avoir mené ce genre d'activités,
00:20:50mais il a été inculpé pour avoir fait ce genre de choses.
00:21:02Itamar Bengvir a encadré pendant une quinzaine d'années
00:21:06les jeunes kahanistes.
00:21:08L'un d'entre eux est sorti du silence.
00:21:11Je m'appelle Gilad Sadeh.
00:21:13J'ai été élevé dans l'idéologie kahaniste à Kiryat Arba.
00:21:18J'étais très proche de Bengvir.
00:21:20Je le considérais comme mon grand-frère.
00:21:24Fils adoptif d'un des bras droits de Meir Kahan,
00:21:28Gilad Sadeh a longtemps adhéré à ses idées radicales.
00:21:41Il a rompu avec cette idéologie et a trouvé refuge en Europe.
00:21:46Mais l'arrivée d'Itamar Bengvir au gouvernement
00:21:49l'a convaincu de prendre la parole
00:21:51pour alerter du danger qu'il représente selon lui.
00:21:54Quand j'étais gamin à l'école primaire,
00:21:57je distribuais clandestinement pour lui
00:22:00des prospectus d'incitation à la haine contre les Arabes
00:22:03parce que la police n'allait pas contrôler un enfant.
00:22:06Bengvir a un caractère très intéressant.
00:22:09D'un côté, il est très gentil, très charmant,
00:22:12mais si vous avez des ennuis avec lui,
00:22:16leur méthode pour promouvoir leur idéologie,
00:22:19c'est de faire le buzz.
00:22:21Et pour cela, ils ont besoin de pousser la provocation.
00:22:24Parfois, ils nous disaient
00:22:26quelque chose s'est passé aujourd'hui,
00:22:28on a besoin d'action sur le terrain.
00:22:30Par exemple, adolescent à 13, 14, 15 ans,
00:22:34j'allais la nuit vandaliser des voitures palestiniennes.
00:22:38On crevait les pneus,
00:22:40on cassait les vitres,
00:22:42puis quelqu'un d'autre,
00:22:44par exemple Bengvir,
00:22:46communiquait dessus dans les médias.
00:22:49C'était pendant la seconde intifada.
00:22:52J'aurais facilement pu me faire tirer dessus et me faire tuer.
00:22:56J'étais un enfant.
00:22:58Je n'avais aucune idée de ce que je faisais.
00:23:01C'était complètement fou.
00:23:03Un drame incarne cette fascination
00:23:06des kahanistes pour la violence.
00:23:09En février 1994,
00:23:11l'un des leurs, Bahrour Goldstein,
00:23:14un médecin qui s'opposait à la signature des accords d'Oslo,
00:23:18se rend dans la mosquée du tombeau des patriarchats hébrons.
00:23:22Il tue froidement 29 Palestiniens en prière
00:23:25avant de se faire tuer.
00:23:29Pour la justice israélienne,
00:23:32Bahrour Goldstein est un terroriste.
00:23:35Pour les kahanistes, qui honorent sa tombe chaque année,
00:23:38c'est un héros.
00:23:44Bahrour Goldstein est devenu pour Ben Gvir
00:23:48une sorte de mentor, un héros.
00:23:50Il a accroché un portrait de Goldstein dans sa maison.
00:23:53Il se déguisait comme lui pour la fête de Pourim.
00:23:56Il portait sa tenue.
00:23:58Ce n'est qu'en 2021
00:24:00qu'il retire le tableau du mur de son salon
00:24:03alors qu'il entame une stratégie de dédiabolisation
00:24:06pour entrer au Parlement.
00:24:09Il a beau avoir enlevé le portrait du mur de son salon
00:24:12et dit des choses comme je ne suis plus sur cette ligne.
00:24:15Il est clair qu'il est toujours attaché à ses valeurs.
00:24:19Si l'événement fondateur
00:24:21de l'engagement militant d'Itamar Ben Gvir
00:24:24est la signature des accords d'Oslo,
00:24:26un autre événement, une décennie plus tard,
00:24:29marque l'entrée en action de Betsalel Smotric.
00:24:32En 2005, le Premier ministre Ariel Sharon,
00:24:35un faucon du Likoud,
00:24:37le parti de droite de gouvernement,
00:24:39décide unilatéralement le retrait de la bande de Gaza
00:24:42occupée par Israël depuis 1967.
00:24:478 000 Israéliens habitent alors dans 21 colonies à Gaza.
00:24:53L'armée est réquisitionnée pour les déloger.
00:25:01Une décision qui va heurter les nationalistes religieux
00:25:04qui se sentent trahis par l'État d'Israël.
00:25:13...
00:25:18Betsalel Smotric, âgé alors de 24 ans,
00:25:21est interpellé avec 4 complices
00:25:23quelques jours avant les événements.
00:25:25Les services de renseignement intérieur, le Shin Bet,
00:25:28les soupçonnent de préparer une action violente.
00:25:31Je m'appelle Gvir Kariv.
00:25:33J'ai servi 23 ans au sein du Shin Bet.
00:25:36Ma mission était essentiellement
00:25:38de lutter contre les actions violentes des jeunes des colonies.
00:25:42J'ai été l'un de ceux qui ont arrêté Betsalel Smotric.
00:25:45Nous avons trouvé des jerrycans d'essence et d'huile brûlée.
00:25:48Beaucoup d'huile, beaucoup d'essence.
00:25:50Et aussi ce qu'on appelle des ninjas, des showstrap.
00:25:53Ce sont des clous en fer à double pointe
00:25:55qui, une fois jetés sur la route, crèvent les pneus des voitures.
00:25:58Nous l'avons confié aux enquêteurs.
00:26:00Ils l'ont interrogé pendant 3 semaines.
00:26:06Qu'est-ce qu'il a dit ?
00:26:08Voilà ce qu'il a dit. Il est resté comme ça.
00:26:12Silence totale.
00:26:14Les 5 suspects sont restés muets pendant 3 semaines
00:26:17puis ils sont entrés chez eux.
00:26:19Pour qu'ils soient mis en accusation,
00:26:21il aurait fallu s'appuyer sur nos sources de renseignements.
00:26:24Mais en faisant ça, on grillait nos sources.
00:26:26Et pour nous, c'était inenvisageable.
00:26:28Je sais qu'on a empêché quelque chose de très gros.
00:26:31J'aurais préféré que nous réussissions
00:26:33à démontrer avec des preuves matérielles
00:26:35ce que Betsalel Smotric s'apprêtait à commettre.
00:26:37Pas des députés, ni ministres.
00:26:47Le retrait de Gaza a profondément marqué
00:26:49cette génération de la droite radicale israélienne
00:26:52pour qui toute concession territoriale
00:26:54est vécue comme une trahison.
00:26:57Un événement fondateur
00:26:59que Betsalel Smotric évoque régulièrement dans ses meetings.
00:27:03Quand j'étais adolescent, j'ai participé aux manifestations
00:27:06contre les accords d'Oslo.
00:27:08Et aussi, quelques années plus tard,
00:27:10contre la terrible expulsion de Gaza et du nord de la Samarie
00:27:13mise en place par le gouvernement
00:27:15qui a déraciné des vies entières.
00:27:17Nous sommes nombreux à avoir éprouvé une peine profonde
00:27:20avec ce sentiment que le gouvernement
00:27:22nous a totalement ignorés.
00:27:26Le désengagement marque aussi le début
00:27:28de la droitisation du Likoud,
00:27:30le parti historique de la droite de gouvernement
00:27:33dont Benyamin Netanyahou va reprendre les rênes
00:27:36pour le mener au pouvoir en 2009.
00:27:41Ce qui s'est passé, c'est que les plus responsables,
00:27:44les plus honnêtes, les plus modérés,
00:27:46les plus attachés aux droits de l'homme et aux droits civiques
00:27:49ont tous quitté le Likoud.
00:27:51Et le Likoud est resté avec tous les fascistes réactionnaires.
00:27:58Dans la foulée du désengagement de Gaza,
00:28:00la droite radicale va fonder
00:28:02de nombreuses organisations non gouvernementales
00:28:06qui défendent les intérêts des colons.
00:28:09Petzelel Smotrich, lui,
00:28:11s'attaque à la propriété foncière.
00:28:14Il fonde Regavim,
00:28:16une organisation pro-colons
00:28:18qui poursuit en justice des familles palestiniennes
00:28:21occupant des logements sans documents israéliens valides
00:28:24dans le but de les exproprier.
00:28:26Les méthodes employées sont parfois singulières.
00:28:31Mikhaïl Sfard a été victime de ces pratiques,
00:28:34avocat de plusieurs organisations de défense des droits de l'homme.
00:28:37Il subit, entre 2011 et 2013,
00:28:39une fuite de documents confidentiels
00:28:41qui se retrouvent publiés dans la presse de la droite radicale.
00:28:46Pendant trois ans, des détectives privées
00:28:48ont mené des enquêtes sur mon cabinet
00:28:50pour trouver des informations compromettantes ou gênantes.
00:28:55L'organisation qui a financé ces trois ans d'enquêtes privées,
00:28:58ce qui représente beaucoup d'argent,
00:29:00des centaines de milliers de shekels,
00:29:03c'est Regavim.
00:29:04C'était logique parce que s'il y a quelque chose
00:29:07que mon bureau fait et qui dérange la droite radicale,
00:29:10c'est notre action en faveur d'individus,
00:29:13de familles et de communautés palestiniennes.
00:29:17Itamar Bengvir, lui aussi, va utiliser le droit.
00:29:20Il devient avocat en 2012.
00:29:24Il a commencé à défendre les figures du kahanisme,
00:29:27les colons très extrémistes,
00:29:29les jeunes des collines,
00:29:32ces jeunes colons qui habitent
00:29:34dans tous ces avant-postes autour des colonies
00:29:37et qui commettent de nombreuses activités illégales.
00:29:41En 2015, il défend notamment un jeune colon radical
00:29:44qui a assassiné une famille palestinienne, dont un bébé,
00:29:48en jetant un cocktail Molotov à l'intérieur de leur maison.
00:29:54Bengvir et Smotrich sont tous les deux des juristes.
00:29:59Ils ont compris comment détourner l'esprit de la loi,
00:30:03comment détourner le principe d'égalité de tous devant la loi
00:30:08pour valider des actions odieuses.
00:30:12Ils en font un usage tyrannique.
00:30:16Une tyrannie d'abord contre ceux qui n'ont pas de droit civique
00:30:20dans les territoires occupés où la loi n'existe pas,
00:30:24mais aussi, dans un second temps,
00:30:26contre leurs opposants politiques.
00:30:29Au fil des ans, l'extrême droite distille
00:30:32dans l'espace public une parole raciste,
00:30:35exacerbée contre les Arabes israéliens.
00:30:39Un discours qui finit par se propager
00:30:42à droite et au centre de l'échiquier politique.
00:30:46Je m'appelle Amal Orabi.
00:30:48Je suis Palestinien, citoyen de l'Etat d'Israël.
00:30:52Je veux une vraie démocratie
00:30:55qui garantit l'égalité pour tous,
00:30:58la souveraineté pour tous.
00:31:01Et je ne peux pas me taire
00:31:03face à la discrimination systémique de l'Etat.
00:31:07L'extrême droite en Israël veut nous mener
00:31:10au point de non-retour où les Juifs et les Arabes
00:31:13s'entretuent dans les rues.
00:31:17Mais c'est une erreur de blâmer uniquement Ben Gvir.
00:31:21Les médias israéliens sont les premiers responsables.
00:31:24Ils ont fait de Ben Gvir une rockstar.
00:31:27Ben Gvir a eu porte ouverte tous les jours
00:31:30sur tous les plateaux de télévision.
00:31:33Il s'est invité dans le salon de chaque foyer israélien.
00:31:39Et ils ont fait l'impensable,
00:31:42le laisser normaliser le racisme,
00:31:45normaliser la suprématie juive.
00:31:49Ce fut un long processus de plusieurs années.
00:31:53Ca a commencé avec la loi Etat-nation,
00:31:57quand le gouvernement a promulgué une loi
00:32:00qui dit qu'Israël est l'Etat du peuple juif
00:32:03et seulement du peuple juif,
00:32:05sans définir les frontières du pays.
00:32:08La loi Etat-nation est votée en 2018.
00:32:11Elle proclame l'hébreu comme unique langue officielle,
00:32:14reléguant l'arabe, langue maternelle de 20 % des citoyens,
00:32:18à un statut spécial inférieur.
00:32:21Elle revendique Jérusalem unifiée
00:32:24comme capitale exclusive du pays,
00:32:27y compris Jérusalem-Est, conquise en 1967.
00:32:30Enfin, elle confère au seul juif
00:32:33le droit à l'autodétermination.
00:32:48Cette réforme clivante
00:32:51sacralise l'idéologie de la droite nationaliste.
00:32:54Elle est accompagnée, à la même époque,
00:32:57de décisions dangereuses.
00:32:59En 2018, Benyamin Netanyahou autorise le Qatar
00:33:03à financer directement le Hamas,
00:33:06qui est au pouvoir à Gaza depuis 2007.
00:33:09Une stratégie de division
00:33:11de l'État-nation
00:33:13et de l'État-nation
00:33:15Une stratégie de division
00:33:17pour affaiblir un peu plus l'autorité palestinienne
00:33:21au bénéfice du Hamas,
00:33:23pourtant classé terroriste par les États-Unis
00:33:26et l'Union européenne.
00:33:28Netanyahou est arrivé au stade
00:33:30où il leur payait une protection à travers les Qataris
00:33:34pendant des années,
00:33:36en moyenne un milliard et demi de dollars,
00:33:39dont la moitié a été utilisée pour l'infrastructure militaire
00:33:44Selon lui, tous ceux qui voulaient éviter à tout prix
00:33:48la construction d'un État palestinien
00:33:51devaient soutenir sa position
00:33:53qui disait qu'il fallait payer le Hamas et le renforcer.
00:33:57Smotrich est l'un des principaux idéologues
00:34:00de ce concept qui dit que deux États, c'est mal.
00:34:03En 2015, c'est lui qui a dit
00:34:05qu'il valait mieux le Hamas à Gaza
00:34:07plutôt que l'autorité palestinienne.
00:34:14...
00:34:35On lui disait comment c'est possible.
00:34:37Ce sont nos ennemis.
00:34:38Avec l'autorité palestinienne,
00:34:40il y a des arrangements, il y a Oslo,
00:34:42les services de sécurité travaillent ensemble.
00:34:45Sans cette collaboration sécuritaire,
00:34:47ça aurait été le chaos ici.
00:34:49A partir de ce moment-là, le système Netanyahou déraille.
00:34:53Le Premier ministre est poursuivi
00:34:55dans trois affaires de corruption et d'abus de confiance.
00:34:58Les manifestations appelant à son départ se multiplient.
00:35:01Plusieurs parties de la droite et du centre
00:35:04refusent de rejoindre ces coalitions.
00:35:07Entre 2018 et 2021,
00:35:09quatre campagnes électorales s'enchaînent
00:35:12autour d'une seule question, pour ou contre Bibi.
00:35:15Benyamin Netanyahou s'appuie
00:35:17sur des voix de la société civile
00:35:19et quelques médias partisans
00:35:21pour renforcer la polarisation
00:35:23autour des questions identitaires.
00:35:26Des voix comme celle de l'intellectuel Gadi Taoub,
00:35:29un historien proche de la droite nationaliste,
00:35:32très actif sur les réseaux sociaux.
00:35:35Si vous regardez ce qu'il se passe en Europe
00:35:38où s'affrontent les patriotes
00:35:39et les supporters de l'Union européenne,
00:35:42nous en avons notre propre version.
00:35:45Les nationalistes, patriotes,
00:35:48ce qui inclut tous les religieux,
00:35:51contre les progressistes-extrémistes
00:35:54qui défendent la solution à un seul Etat,
00:35:57qui sont des agents de la globalisation.
00:36:00Vous voulez dire qu'ils ne sont pas patriotes ?
00:36:03Oui.
00:36:05Au printemps 2021,
00:36:07Benyamin Netanyahou perd les élections.
00:36:10L'opposition négocie une nouvelle coalition
00:36:13qui inclut des partis de gauche, du centre et de droite,
00:36:17ainsi qu'un parti arabe
00:36:19pour la première fois de l'histoire du pays.
00:36:22Un attelage hétéroclite
00:36:24qui ne tient qu'à un seul siège au Parlement.
00:36:32Alors que les partis négocient l'accord de coalition en mai,
00:36:37des événements violents éclatent dans les villes mixtes d'Israël
00:36:41où résident côte à côte juifs et arabes.
00:36:44En plein mois du ramadan,
00:36:46les violences se propagent dans le pays.
00:36:51Comme ici, à Batiam,
00:36:53où un Palestinien se fait lyncher en direct à la télévision.
00:37:07...
00:37:09...
00:37:11...
00:37:13...
00:37:15Itamar Ben Gvir, qui s'apprête à entrer au Parlement
00:37:18pour la première fois, souffle sur les braises.
00:37:21...
00:37:23...
00:37:25...
00:37:27...
00:37:29Il choisit pour ses déplacements
00:37:31le quartier explosif de Cher Jara, à Jérusalem-Est.
00:37:34...
00:37:37Depuis des années, ce secteur est l'objet d'une bataille judiciaire
00:37:41de la part de colons pour expulser plusieurs familles palestiniennes.
00:37:45...
00:37:47...
00:37:49...
00:37:51...
00:37:53...
00:37:55...
00:37:57...
00:37:59...
00:38:01...
00:38:03Et soudain, il y a Ben Gvir,
00:38:05ce politicien qui représente l'anti-establishment.
00:38:08Il se met à parler de loi et d'ordre
00:38:10dans une veine très populiste.
00:38:12Il affirme qu'il peut rétablir la sécurité en Israël
00:38:15en luttant contre les Palestiniens
00:38:17et contre les Arabes israéliens,
00:38:19qui sont des citoyens de plein droit du pays.
00:38:22C'est comme ça qu'il a pu toucher le grand public.
00:38:25...
00:38:27-"Les outrances", dit Itamar Ben Gvir
00:38:30dans les rues en mai 2021,
00:38:33Aïmen Odeh, un député arabe israélien, les condamne.
00:38:37Le chef de la police de l'époque,
00:38:39qui est toujours l'actuel chef de la police
00:38:42sous les ordres de Ben Gvir,
00:38:44a dit que celui qui a mis le feu dans le pays, c'est Ben Gvir.
00:38:48Et Ben Gvir, comme tout pyromane, a effectivement mis le feu au pays.
00:38:52Il a voulu en profiter.
00:38:54Mais je veux vous dire qui est le foutif principal.
00:38:57C'est Benyamin Netanyahou.
00:38:59C'est lui qui a introduit le discours violent
00:39:02dans la politique israélienne.
00:39:04Et ils sont tous les fils légitimes
00:39:07de cette approche de Benyamin Netanyahou.
00:39:12En à peine plus d'un an,
00:39:14Benyamin Netanyahou, devenu chef de l'opposition,
00:39:17parvient à faire tomber le gouvernement.
00:39:20Il lui reste à trouver des partenaires
00:39:23pour bâtir une nouvelle coalition.
00:39:25La folie du boycott absolu contre Netanyahou
00:39:28a laissé comme seule alternative au Likoud
00:39:32une alliance avec les forces politiques les plus à droite.
00:39:36En fait, ce qui s'est passé,
00:39:38c'est que les ultra-orthodoxes et Ben Gvir
00:39:41ont compris qu'une telle coalition
00:39:43préserverait le caractère juif de l'État.
00:39:46Smotric et Ben Gvir savaient
00:39:48que Netanyahou était l'homme le plus puissant d'Israël,
00:39:51le seul capable de réunir une coalition aussi puissante.
00:39:54Ils ne lui font pas nécessairement confiance.
00:39:57D'ailleurs, dans un enregistrement qui a fuité,
00:39:59Ben Gvir explique à Netanyahou de menteur fils de menteur.
00:40:21Donc, ils ont ficelé un accord écrit
00:40:23et il était clair que tous les deux
00:40:25deviendraient des ministres importants du gouvernement.
00:40:29Comme quelqu'un me l'a dit,
00:40:31c'est comme si Netanyahou allait chevaucher ses deux tigres.
00:40:36Charge aux plus médiatiques
00:40:38des deux leaders d'extrême droite, Itamar Ben Gvir,
00:40:41d'attirer les voix.
00:40:43Le 13 octobre 2022, par exemple,
00:40:45il surjoue la menace sécuritaire, arme à la main,
00:40:48à Cherjara, le quartier de Jérusalem-Est,
00:40:51disputé entre colons et Palestiniens.
00:40:59Ils ont tiré des arbres, tu vois ce qui se passe ?
00:41:02Ils ont tiré des arbres.
00:41:04Les gars, ils ont tiré des arbres, regardez-les.
00:41:08Caméras et téléphones en embuscade
00:41:10assurent la viralité de la séquence sur les réseaux sociaux.
00:41:17Le 1er novembre 2022,
00:41:22la coalition de Benyamin Netanyahou
00:41:24remporte 64 mandats sur 120.
00:41:28La liste unie de Betsalel Smotric et Itamar Ben Gvir
00:41:31fait une percée historique avec 14 sièges.
00:41:34Tous deux savent que les portes des ministères
00:41:37leur sont désormais grandes ouvertes.
00:41:43Ce groupe a décidé d'éloigner Israël
00:41:46de sa vision démocratique et libérale
00:41:49pour aller vers une société religieuse,
00:41:52fermée, messianique,
00:41:54autocratique dans l'esprit d'Orban en Hongrie.
00:41:58Ou de Kaczynski, qui dirigeait la Pologne.
00:42:03Pour son premier déplacement sur le terrain,
00:42:06le 3 janvier 2023,
00:42:08Ben Gvir, nouveau ministre de la Sécurité nationale
00:42:11en charge du maintien de l'ordre,
00:42:13choisit le lieu le plus sensible du pays,
00:42:16l'esplanade des mosquées à Jérusalem,
00:42:19que les Juifs appellent le Mont du Temple.
00:42:22Depuis 1967, une règle dite du statu quo
00:42:25interdit aux Juifs d'y prier.
00:42:27Il reproduit ainsi la provocation d'Ariel Sharon en 2000,
00:42:31qui avait engendré la seconde intifada.
00:42:34En quelques mois, il s'y rendra à trois reprises.
00:42:58Cette coalition n'aurait plus la majorité.
00:43:00La capacité du Premier ministre
00:43:02de donner des ordres à Ben Gvir est très limitée.
00:43:09Dans ce contexte, les plus radicaux comprennent
00:43:12qu'ils ont le champ libre.
00:43:15Suite à l'assassinat de deux jeunes Israéliens en Cisjordanie,
00:43:19400 colons orchestrent une expédition punitive
00:43:22sur la ville palestinienne d'Ouara,
00:43:25pendant la nuit du 26 au 27 février.
00:43:28Ils mettent le feu à des dizaines d'habitations
00:43:31et s'attaquent physiquement à des habitants palestiniens.
00:43:35Bilan, un mort et des centaines de blessés.
00:43:39La question, c'est pourquoi ça ne se calme pas ?
00:43:42Ça dure plusieurs jours parce que Bezalel Smotric,
00:43:45Itamar Ben Gvir, Benyamin Netanyahou
00:43:47et tous les ministres n'osent pas qualifier cela de terrorisme.
00:43:51Bezalel Smotric a même dit
00:43:54qu'il n'y a pas de terrorisme.
00:43:56Invité d'une émission,
00:43:58Bezalel Smotric apporte son soutien
00:44:00aux colons responsables du pogrom d'Ouara.
00:44:17Quelques jours plus tard à Paris,
00:44:19il va encore plus loin lors d'un événement privé.
00:44:24Il y a un palestinien.
00:44:27Ses propos provoquent l'indignation
00:44:30sur la scène internationale.
00:44:40On les regarde comme des politiciens
00:44:42qui s'adressent à une audience internationale.
00:44:45Mais non, ils construisent une base électorale
00:44:48et ils se fichent de ce que les gens pensent d'eux
00:44:51à Paris, Londres ou Washington.
00:44:54Le pays, la contestation gronde.
00:44:56Elle se focalise sur la réforme judiciaire
00:44:59qui vise à réduire le pouvoir de la Cour suprême.
00:45:02Les dirigeants des start-up, les universitaires,
00:45:05les fonctionnaires, les services sécuritaires,
00:45:08mois après mois, grossissent les rangs des cortèges.
00:45:11Des milliers de réservistes
00:45:13annoncent même refuser de rejoindre leur unité
00:45:16si le gouvernement n'abandonne pas son projet.
00:45:19Aux Etats-Unis,
00:45:21on s'inquiète de la dérive du gouvernement.
00:45:24...
00:45:49Au départ, Netanyahou explique aux Américains
00:45:52que tout est sous contrôle.
00:45:54Smotrych, Benghvir, ce sont des jeunes,
00:45:57alors que lui, c'est un homme d'Etat.
00:45:59Il sait comment faire.
00:46:01Soudain, les Américains découvrent que ce n'est pas le cas.
00:46:04Soit ils ne le veulent pas, soit ils n'y arrivent plus.
00:46:07Israël a-t-il les moyens
00:46:09de passer outre la défiance des Etats-Unis
00:46:12jusque la soutien indéfectible ?
00:46:14Quelques mois plus tard,
00:46:16une des plus grandes tragédies de l'histoire du pays
00:46:19va démontrer le contraire.
00:46:22...
00:46:24...
00:46:31Ce cri est celui de Maya Regev, 21 ans.
00:46:34...
00:46:39Le 7 octobre, avec 2 000 personnes,
00:46:42elle participe au festival Nova dans le sud du pays,
00:46:45à quelques kilomètres de la frontière avec Gaza.
00:46:48...
00:46:51A l'aube, il se retrouve sous les balles
00:46:54de terroristes palestiniens.
00:46:563 000 Gazaouis, sur instruction du Hamas,
00:46:59ont franchi le mur qui sépare l'enclave de Gaza d'Israël.
00:47:03Ils s'attaquent par surprise
00:47:05à toutes les localités avoisinantes,
00:47:08dont beaucoup de kiboutz.
00:47:10...
00:47:16Près de 1 200 personnes sont tuées,
00:47:19dont Maya.
00:47:21Pendant des heures,
00:47:23les Israéliens du sud du pays sont livrés à eux-mêmes.
00:47:27...
00:47:29Des femmes ont été violées,
00:47:31des hommes tués,
00:47:33des bébés ont été tués devant leurs parents,
00:47:36des parents ont été tués devant leurs enfants
00:47:39et des gens ont été kidnappés.
00:47:41Il y a eu un échec incroyable
00:47:43du système du renseignement,
00:47:45du système qui devait agir sur le terrain.
00:47:49L'opération militaire.
00:47:51On a mis plus d'une journée pour tout mettre en place
00:47:55avant que l'armée commence à fonctionner.
00:47:58...
00:48:01Le pays, sonné, espère enterrer pour un temps
00:48:04les divisions des derniers mois
00:48:06pour mener une guerre perçue comme existentielle.
00:48:09Plusieurs partis d'opposition
00:48:11proposent de former un gouvernement d'union nationale
00:48:15à la condition du départ d'Itamar Bengvir
00:48:18et Betzelel Smotrich.
00:48:20Netanyahou refuse.
00:48:22Seul le parti du centriste Benny Gantz,
00:48:25ancien chef d'état-major de l'armée,
00:48:28rejoint la coalition.
00:48:30Il y restera 8 mois avant de démissionner.
00:48:33...
00:48:35Heureusement, Biden a compris tout de suite les enjeux.
00:48:38Il a annoncé qu'il allait nous envoyer des porte-avions.
00:48:41Il est venu aussi en Israël très vite, un geste incroyable.
00:48:45L'une des choses les plus importantes
00:48:48quand il est arrivé ici,
00:48:50alors que Bibi Netanyahou était confus,
00:48:53c'est de dire, ne tentez rien.
00:48:55A l'Iran et au Libanais, au Hezbollah,
00:48:58faites attention, je suis ici.
00:49:00Vous ne vous confrontez pas seulement à Israël,
00:49:03mais aussi à l'Amérique.
00:49:05Dès le début, commencent des tensions avec le Hezbollah.
00:49:08Il y a le risque d'une expansion de la guerre au nord,
00:49:12puis d'une guerre régionale.
00:49:14...
00:49:16La réponse militaire de l'armée israélienne
00:49:19est massive et brutale.
00:49:23La population civile de Gaza est en première ligne.
00:49:26La guerre s'annonce longue et meurtrière.
00:49:29...
00:49:32Des dizaines de milliers de morts,
00:49:34dont beaucoup de femmes et d'enfants.
00:49:36Des centaines de milliers de déplacés
00:49:39et des zones entières détruites.
00:49:41...
00:49:43Tandis que les civils de Gaza
00:49:46affrontent une tragédie sans précédent,
00:49:48les Israéliens, eux, sont aux prises
00:49:50avec leurs propres traumatismes.
00:49:52...
00:50:01Cinq mois plus tard,
00:50:03l'unité nationale s'est fissurée en Israël.
00:50:06Chaque samedi soir,
00:50:08des dizaines de milliers d'Israéliens
00:50:10se réunissent devant le musée de Tel Aviv,
00:50:13rebaptisé place des otages.
00:50:15...
00:50:17A ce moment-là,
00:50:19le Hamas détient toujours 133 captifs à Gaza.
00:50:22...
00:50:24Je m'appelle Gil Dickman
00:50:26et je suis le cousin de Karmel Gat,
00:50:28otage à Gaza.
00:50:30Le 7 octobre, à 10h30 du matin,
00:50:32les terroristes sont entrés par effraction
00:50:35dans la maison de mon oncle et de ma tante
00:50:38au kiboutz béhéri.
00:50:40La première à les voir
00:50:42a été tuée.
00:50:44Par la fenêtre, mon oncle a pu voir
00:50:46comment elle kidnappait sa fille, Karmel.
00:50:49...
00:50:51C'est en fait la dernière chose
00:50:53que nous savons avec certitude.
00:50:55L'unité des premiers jours
00:50:57a laissé place à une grande colère
00:50:59portée par les familles des otages.
00:51:01...
00:51:05Les premiers jours, le Premier ministre parle,
00:51:08le ministre de la Défense parle
00:51:10et il déclare qu'il y a 5 objectifs
00:51:11de la guerre. Aucun d'eux
00:51:13n'est la libération des otages.
00:51:15Betzalel Smotrich, ministre des Finances,
00:51:17mais aussi ministre délégué à la Défense,
00:51:19parle le 7 octobre au soir
00:51:21dans un conseil d'urgence
00:51:23politico-sécuritaire.
00:51:25Si vous voulez tirer, tirez.
00:51:27Nous devons entrer en force dans Gaza
00:51:29sans trop penser aux otages.
00:51:31La question des otages n'était pas prioritaire
00:51:34pour l'Etat d'Israël.
00:51:36Il se peut même qu'ils aient envisagé d'y renoncer.
00:51:39Le gouvernement investit rapidement
00:51:41tous les lieux de pouvoir,
00:51:43à commencer par le Parlement.
00:51:45Et c'est ici que Gilles Dickmann
00:51:47est confronté pour la première fois
00:51:49à Itamar Ben Gvir.
00:51:51Le 23 janvier 2024,
00:51:53son parti réunit une commission
00:51:55pour discuter un projet de loi
00:51:57instaurant la peine de mort
00:51:59pour les terroristes palestiniens.
00:52:01Quelques minutes avant que la discussion commence,
00:52:04j'ai croisé Ben Gvir par hasard.
00:52:06J'ai tenu cette pancarte avec la photo de Carmel.
00:52:09Il m'a dit, Itamar, ma cousine est otage en ce moment.
00:52:12La discussion que vous organisez va mettre sa vie en danger.
00:52:15S'il vous plaît, pas maintenant.
00:52:17Il m'a caressé la joue comme ça
00:52:19et il m'a dit, je vais le faire quand même.
00:52:39...
00:53:10...
00:53:18Alors que la discussion se termine,
00:53:20Itamar Ben Gvir se lève,
00:53:22marche vers moi
00:53:24et me serre dans ses bras.
00:53:26Je lui ai tout de suite dit
00:53:28de ne pas me serrer dans ses bras
00:53:30et il m'a serré plus fort.
00:53:32Il m'a embrassé sur la tête.
00:53:34Il m'a dit, je t'aime.
00:53:36Les extrémistes
00:53:39exploitent cyniquement les familles d'otages
00:53:42pour que le chaos s'étende
00:53:44et dans le but d'en tirer un profit politique.
00:53:47Nous vivons à une époque
00:53:49où le populisme monte partout dans le monde.
00:53:52Un monde où il y a des gens comme Trump,
00:53:55Orban, Bolsonaro au Brésil,
00:53:58Modi en Inde.
00:54:00Chez nous, c'est Ben Gvir.
00:54:03...
00:54:05De son côté, Betsalel Smotrich,
00:54:07en charge de l'administration civile
00:54:09dans les territoires occupés,
00:54:11décide lui aussi d'avancer ses pions.
00:54:14Alors que tous les regards sont tournés vers Gaza,
00:54:17il annonce, début 2024,
00:54:19la construction de 3 500 nouveaux logements
00:54:22en Cisjordanie,
00:54:24la saisie de 800 hectares de terre palestinienne
00:54:27par l'Etat et la reconnaissance
00:54:29de 68 nouvelles implantations illégales.
00:54:33...
00:54:50En d'autres termes, Smotrich est prêt à ce que la société israélienne
00:54:54vive des affrontements en permanence.
00:54:57Il pense qu'avec les Arabes,
00:55:00mener une guerre constante.
00:55:04Dans ce climat, sur le terrain en Cisjordanie,
00:55:07les colons les plus radicaux
00:55:09se sentent libres d'agir en toute impunité.
00:55:12Comme ce 13 octobre à Atouani, au sud d'Hebron.
00:55:16...
00:55:18Le Palestinien victime du tir sans sommation
00:55:21s'appelle Zakaria Al-Adra.
00:55:23Ce résident du village
00:55:25demandait aux 2 colons radicaux en civil, armés
00:55:29et aux militaires qui les accompagnaient de partir.
00:55:32Il survivra à ces blessures.
00:55:34Depuis le début de la guerre jusqu'au 12 août 2024,
00:55:38l'ONU a recensé en Cisjordanie
00:55:411250 attaques de colons
00:55:43et comptabilise par ailleurs
00:55:45la mort de 609 Palestiniens,
00:55:47dont 146 enfants.
00:55:51Les Américains décident d'envoyer un message clair,
00:55:54suivi par la France, le Royaume-Uni et l'Union européenne.
00:55:58Ils imposent des sanctions contre des colons radicaux,
00:56:01parmi lesquels des proches d'Itamar Ben Gvir.
00:56:06Les gens qui ont été sanctionnés ne sont pas les plus radicaux.
00:56:09Je pense que c'est un avertissement.
00:56:11Commencez à vous occuper de ce phénomène,
00:56:13sinon nous vous donnerons un carton rouge.
00:56:15Un carton rouge pourrait être, par exemple,
00:56:17une sanction contre Itamar Ben Gvir ou Betzalel Smotric.
00:56:21Le carton rouge prend la forme d'un changement de ton
00:56:24du plus grand soutien d'Israël, le président américain,
00:56:28le 8 mars 2024, lors du discours annuel de l'État de l'Union,
00:56:32devant le Congrès américain.
00:56:34...
00:56:57Joe Biden est alors encore engagé dans une campagne électorale
00:57:00face à Donald Trump, avant de céder sa place en juillet
00:57:03à Kamala Harris.
00:57:05Il négocie aussi, depuis de longs mois,
00:57:07un accord de normalisation avec l'Arabie saoudite.
00:57:10La réticence de Benjamin Netanyahou
00:57:12à négocier la fin de la guerre
00:57:14et à mettre fin aux violences débridées
00:57:16des partisans de Smotric et Ben Gvir
00:57:19entrave ses projets.
00:57:21En quelques semaines, nous perdons le soutien
00:57:24des opinions publiques en Occident.
00:57:26Quelques semaines plus tard,
00:57:28nous perdons le soutien des gouvernements libéraux.
00:57:31Quelques semaines plus tard, nous perdons aussi les Etats-Unis.
00:57:33Nous savions que ça arriverait.
00:57:35Netanyahou l'a volontairement ignorée.
00:57:37Israël avait l'impératif de mener une opération à Gaza.
00:57:41Mais nous devons maintenir une position morale supérieure
00:57:44qui démontre au monde que nous sommes dans notre bon droit
00:57:47même si nous devons agir avec dureté.
00:57:49C'est pourquoi, aujourd'hui, nous faisons face à un choix binaire.
00:57:53Il faut choisir.
00:57:55Nous disons oui à Ben Gvir et Smotric
00:57:57et non à Biden et contre un accord avec les Saoudiens.
00:58:01Ou nous disons l'inverse, un grand non à Ben Gvir et Smotric.
00:58:05Dans ce choix, nous sommes obligés de choisir Biden.
00:58:09Nous aurions dû faire ce choix dès la 1re semaine.
00:58:14L'influence d'Itamar Ben Gvir et de Betzalel Smotric
00:58:17sur la politique nationale et internationale d'Israël
00:58:20n'est pas un accident.
00:58:27Elle est le résultat d'une dérive radicale continue
00:58:31dont Benjamin Netanyahou fut l'initiateur.
00:58:34Pour eux, qu'importe l'avis de la Cour internationale de justice
00:58:38déclarant illégale la présence d'Israël dans les territoires occupés
00:58:42ou le danger d'une extension du conflit
00:58:45à un affrontement direct avec l'Iran.
00:58:48Malgré la guerre, malgré la peur,
00:58:51les progressistes israéliens sont retournés dans la rue
00:58:54pour s'opposer au gouvernement
00:58:56et réclamer une stratégie d'après-guerre,
00:59:00et la démission du Premier ministre.
00:59:03Pourtant, rares sont ceux à estimer que cette guerre va trop loin.
00:59:07Iront-ils jusqu'à appeler à la fin de l'occupation
00:59:10et à une paix juste avec les Palestiniens ?
00:59:13Seule certitude pour les progressistes,
00:59:15les deux mauvais génies de la droite radicale israélienne
00:59:18et leurs partisans feront tout ce qui est en leur pouvoir
00:59:22pour s'y opposer.
00:59:29Musique de tension
00:59:32...
00:59:34Voilà un peu plus de deux ans.
00:59:36Benjamin Netanyahou revenait au pouvoir en Israël
00:59:39en s'alliant avec deux hommes issus des franges radicales
00:59:42de l'extrême droite israélienne,
00:59:44Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir.
00:59:47Et ce sont ces deux hommes devenus ministres
00:59:50et les idéologies qu'ils véhiculent
00:59:52que vient donc de nous faire découvrir ce documentaire
00:59:55réalisé par Jérôme Seskin.
00:59:57Et maintenant, après le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche,
01:00:01quel avenir politique pour Benjamin Netanyahou en Israël ?
01:00:04Nous allons en débattre avec nos invités présents
01:00:07sur ce plateau de débats d'octobre.
01:00:09Nitzan Perelman, bienvenue à vous.
01:00:11Vous êtes la coauteur
01:00:13de ce documentaire
01:00:15aux côtés de Jérôme Seskin
01:00:17et vous êtes sociologue politique.
01:00:19On va revenir à la fois sur le contenu de ce film
01:00:22et sur la situation actuelle,
01:00:24bien entendu, en Israël.
01:00:26Et on va le faire aussi avec Vincent Lemire.
01:00:28Bienvenue à vous, Vincent Lemire.
01:00:30Vous êtes historien spécialiste de l'histoire
01:00:33du conflit israélo-palestinien,
01:00:35enseignant-chercheur à l'université Gustave Eiffel.
01:00:38On vous doit, entre autres,
01:00:39Histoire de Jérusalem, une bande dessinée
01:00:42co-signée avec Christophe Gaultier,
01:00:44et Israël-Palestine, anatomie d'un conflit,
01:00:47ouvrage co-écrit avec Thomas Snégaroff.
01:00:49Deux livres, d'ailleurs, qui sont disponibles
01:00:52dans la même maison d'édition, aux éditions Les Arènes.
01:00:56Pour commencer, racontez-nous la suite de ce documentaire,
01:00:59parce qu'un de ces deux ministres, et pas n'importe lequel,
01:01:02et pas à n'importe quel moment, a choisi
01:01:04de démissionner de ce gouvernement.
01:01:07Il faut que je vous explique que nous,
01:01:09on termine le film en septembre 2024.
01:01:12Et à ce moment-là, Itamar Bengvir et Béthalès Motri
01:01:15sont toujours dans le gouvernement.
01:01:17Je peux vous dire aussi que si on regarde bien le film,
01:01:20si on comprend bien le film, on peut considérer
01:01:23maintenant, mis à part l'annonce de Trump...
01:01:26-"Sur la cône noire lunaire", bien entendu.
01:01:28-...exactement, vraiment, comme une suite logique
01:01:31de ce qu'on a vu avant, parce qu'on voit dans le film
01:01:34qu'à plusieurs reprises, Béthalès Motri et Itamar Bengvir
01:01:39menacent de quitter le gouvernement
01:01:41si un cessez-le-feu est conclu
01:01:43entre le gouvernement israélien et le Hamas.
01:01:46Et effectivement, le lendemain de la signature
01:01:50de ces accords, Itamar Bengvir annonce
01:01:53qu'il quitte le gouvernement.
01:01:55Depuis septembre 2024, on voit aussi, bien sûr,
01:02:00la suite des bombardements israéliens à Gaza,
01:02:04très important.
01:02:05On voit aussi la suite des manifestations
01:02:08pour la libération des otages.
01:02:10Donc, tout continue.
01:02:11Avec l'accord de cessez-le-feu, il y a des libérations
01:02:14des otages et libérations des détenus palestiniens
01:02:19dans les prisons israéliennes.
01:02:21Puis arrive le cessez-le-feu.
01:02:24Puis arrive hier l'annonce de Trump.
01:02:28Pardon, peut-être que je ne vais pas dire.
01:02:30Puis arrive l'annonce de Trump.
01:02:32Et cette annonce, je peux dire,
01:02:36bouleverse un peu l'opinion publique israélienne
01:02:39et aussi la scène politique,
01:02:41parce qu'on voit Itamar Bengvir, justement,
01:02:44qui a annoncé vouloir quitter le gouvernement.
01:02:48Tout d'un coup, il se dit...
01:02:51Il se dit pouvoir réintégrer le gouvernement,
01:02:56parce qu'il pense que le plan de Trump
01:03:00est un plan qui est un rêve
01:03:02qu'il n'aurait même pas pu imaginer.
01:03:05Et même Béthalès-Motrich dit que le plan de Trump
01:03:08d'expulser tous les Palestiniens de Gaza,
01:03:11de commettre un vrai nettoyage ethnique,
01:03:14Béthalès-Motrich dit que c'est la vraie réponse
01:03:17aux attaques du 7 octobre.
01:03:20Et non seulement Itamar Bengvir et Béthalès-Motrich
01:03:24félicitent cette annonce de Trump,
01:03:26on voit aussi la société israélienne,
01:03:29qui est très contente,
01:03:31avec 70 % qui soutiennent ce plan de Trump.
01:03:36On va y revenir sur ce fameux plan annoncé
01:03:39par Donald Trump le 14 février dernier.
01:03:43Donald Trump a choisi, et c'est peut-être symbolique,
01:03:46de faire de Benjamin Netanyahou le premier chef d'Etat
01:03:50à être reçu à la Maison-Blanche
01:03:52pour le début de ce deuxième mandat.
01:03:55Vincent Lemire, vous, avant ces fameuses déclarations de Trump,
01:03:59sur lesquelles on va évidemment revenir,
01:04:01vous disiez que la trêve à Gaza était rendue possible
01:04:04par le nouveau rapport de forces politiques
01:04:07dans le gouvernement israélien,
01:04:09et vous faisiez référence à la démission d'Itamar Bengvir,
01:04:13juste avant la mise en place de cette fameuse trêve.
01:04:17Vous diriez la même chose aujourd'hui,
01:04:19après les annonces de Trump ?
01:04:21Oui, parce que ce qui est arrivé cet été,
01:04:23c'est que Gideon Tsar est rentré dans la coalition,
01:04:26et donc Netanyahou s'est retrouvé
01:04:28avec 68 députés dans sa majorité.
01:04:31Et donc, alors qu'Itamar Bengvir,
01:04:34s'il avait démissionné au printemps dernier,
01:04:37le gouvernement tombait, là, il est parti,
01:04:39il se retrouve à 61, Netanyahou, il tient toujours.
01:04:43A une voix près.
01:04:44Il y a 120 sièges au sein de la CNESET.
01:04:46A une voix près.
01:04:48Bon, à ce moment-là, il y a trois semaines,
01:04:51je citais aussi les ministres,
01:04:54cette fameuse soirée du 28 janvier 2024,
01:04:57par laquelle commence le documentaire,
01:04:59et c'est important qu'il commence par là,
01:05:02car cette soirée a été matricielle
01:05:04dans tout ce qui se passe depuis,
01:05:05et les déclarations, je les cite en permanence,
01:05:08sont totalement conformes à ce qu'annonce Trump,
01:05:11ce soir-là,
01:05:13Itamar Bengvir avait dit
01:05:14que le déplacement massif des habitants de Gaza
01:05:17est parfaitement légitime.
01:05:19Quelques jours avant,
01:05:20Smotrich avait donné des chiffres.
01:05:22L'idéal, c'est qu'à la fin de la guerre,
01:05:24on ait 100 000 à 200 000 Palestiniens à Gaza.
01:05:27Il faudrait en expulser 2 millions.
01:05:29Et Netanyahou, lui-même, en décembre 2023,
01:05:32devant ses supporters du Likoud,
01:05:34il avait dit, et ça avait fuité dans la presse de droite,
01:05:38il avait dit, oui, bien sûr, moi aussi,
01:05:40pour réduire la population de Gaza à son strict minimum.
01:05:44Donc, si vous voulez, les déclarations de Trump,
01:05:46de ce point de vue-là, pour moi,
01:05:48elles sont parfaitement dans la continuité
01:05:51du documentaire qu'on vient de regarder.
01:05:53Après, il y a la question de la prise de possession
01:05:56par les Etats-Unis.
01:05:57Pour moi, ça, c'est une petite stratégie
01:05:59entre Trump et Netanyahou,
01:06:01qu'ils ont manigancée avant la conférence de presse.
01:06:04Netanyahou lui a dit,
01:06:05je ne peux pas dire que je vais prendre la bande de Gaza,
01:06:08mais toi, tu vas la prendre, et évidemment, c'est pas vrai,
01:06:11c'est un projet israélien.
01:06:14Il faut rappeler que cette fameuse trêve
01:06:17est un plan en trois étapes.
01:06:19Le 19 janvier, c'était la première étape de ce plan.
01:06:23Est-ce que ce plan, en trois étapes,
01:06:27est à mettre au crédit de l'administration Biden
01:06:30ou déjà au crédit de Donald Trump,
01:06:32alors qu'il n'était pas encore aux affaires
01:06:34du côté de la Maison-Blanche ?
01:06:36Actuellement, c'est le plan Biden,
01:06:38le plan que Biden a préparé au mois de mai dernier.
01:06:41C'est le même.
01:06:42C'est le plan que Netanyahou avait refusé
01:06:44du mois de mai jusqu'à l'automne,
01:06:46en notamment soi-disant,
01:06:48si on évacue le couloir de Philadelphie,
01:06:50c'est la fin d'Israël.
01:06:51Il est vital pour l'existence même d'Israël,
01:06:54ça lui a permis de bloquer le plan pendant six mois.
01:06:57C'est le plan Biden.
01:06:58Deuxièmement, les déclarations de Donald Trump
01:07:00fragilisent le plan.
01:07:02S'il y a des gens qui sont en risque...
01:07:04Les déclarations de Trump fragilisent le plan.
01:07:06Il y a des gens qui sont en risque,
01:07:08bien sûr, c'est les habitants de Gaza,
01:07:10c'est aussi les otages.
01:07:12Je dis pas que les négociations vont s'arrêter,
01:07:14ce que je dis, c'est que le cessez-le-feu
01:07:17est fragilisé par de telles déclarations.
01:07:19Vous disiez à l'instant
01:07:21qu'Itamar Gmenvir pourrait revenir au gouvernement
01:07:24à la suite de ces déclarations de Trump,
01:07:27qui, on le rappelle, souhaiterait faire de Gaza
01:07:31une zone, on va dire, une zone balnéaire,
01:07:33une riviera du Proche-Orient,
01:07:35en expulsant les quelques 2 millions de Gazaouis
01:07:38encore sur place,
01:07:39qui est tout à fait contraire au droit international,
01:07:42on rappelle qu'il est totalement interdit
01:07:44d'expulser et de déplacer des populations
01:07:47contre leur gré.
01:07:48Ces déclarations pouvaient le refaire revenir au gouvernement
01:07:53et, d'une certaine manière,
01:07:54remuscler l'extrême droite du côté israélien
01:07:57dans cette coalition de Netanyahou ?
01:08:01– Bien sûr, parce qu'il faut comprendre
01:08:03que le retour à Gaza pour l'extrême droite
01:08:06est un enjeu majeur.
01:08:07Et ça, Jérôme Siskin et moi-même,
01:08:09on le montre ça dans le film 2005,
01:08:12donc le désengagement de Gaza,
01:08:14quand Ariel Sharon, qui est non seulement le chef du Likoud,
01:08:18donc parti de droite,
01:08:19et aussi un très très grand allié des colons,
01:08:23et aussi il soutient l'idée du grand Israël,
01:08:28lui, il décide de détruire les colonies de Gaza,
01:08:31donc d'expulser, selon le langage de l'extrême droite,
01:08:35les 8 000 colons qui s'y trouvent.
01:08:39Et depuis ce moment-là,
01:08:41l'extrême droite considère que le retour à Gaza,
01:08:45bien sûr avec la colonisation et l'annexion de la Cisjordanie,
01:08:49est un enjeu majeur.
01:08:50Et effectivement, quand ce gouvernement est nommé,
01:08:53le 28 décembre 2022,
01:08:56une de ses premières actions,
01:08:58c'est de déclarer que le retour à Gaza s'approche.
01:09:01En mars 2023, ce gouvernement, au Parlement,
01:09:05annule la loi sur le désengagement,
01:09:08et Horitz Truc, qui est ministre des Missions nationales,
01:09:11qui fait partie du parti de Bézalel Smotrich,
01:09:14annonce que le retour à Gaza va être compliqué,
01:09:18et peut-être qu'il y aura beaucoup de morts,
01:09:20mais on va le faire, et ça, c'est en mars 2023.
01:09:23Donc effectivement, le retour à Gaza,
01:09:26cette possibilité que Trump offre aux Israéliens,
01:09:29et on pense aussi à l'annexion d'une partie de la Cisjordanie,
01:09:34attire Itamar Ben Gvir,
01:09:37et lui, il attendait juste une toute petite déclaration
01:09:41de la part de Benjamin Netanyahou ou de Donald Trump
01:09:44pour pouvoir reprendre le pouvoir rapidement.
01:09:47Il est difficile de traduire à chaud Donald Trump.
01:09:51Ca a été la stupéfaction dans un syndrome de pays,
01:09:55pays occidentaux, pays arabes, bien sûr.
01:09:57Néanmoins, ce plan en trois étapes,
01:10:02là, nous sommes en train de négocier la deuxième étape.
01:10:05Si jusqu'au bout du processus, ce qui est prévu,
01:10:08c'est que les troupes israéliennes se retirent de Gaza.
01:10:12C'est pour ça que je répète,
01:10:14avant même le cessez-le-feu, le jour du cessez-le-feu,
01:10:17je n'ai jamais acheté la théorie que c'était le plan de Trump.
01:10:20Je l'ai répété dix fois.
01:10:21C'est le plan Biden, du mois de mai,
01:10:23qui a été mis en place sous l'administration Biden
01:10:26et qui est en train d'être fragilisé
01:10:28et qui sera peut-être détruit par Trump.
01:10:30C'est ça, factuellement.
01:10:31La troisième étape du plan, c'est l'évacuation totale
01:10:35de la bande de Gaza par l'armée israélienne.
01:10:37Or, on a entendu, tout dernièrement,
01:10:39Trump a expliqué, on lui a dit,
01:10:41vous allez mettre des soldats américains
01:10:43pour prendre la bande de Gaza ?
01:10:45Il a dit non, c'est l'armée israélienne
01:10:47qui va reconquérir Gaza et nous donner les clés de Gaza.
01:10:50Donc, c'est une contradiction terme à terme
01:10:53entre la troisième étape du cessez-le-feu
01:10:55et les déclarations de Trump.
01:10:58Voilà, enfin, l'espèce de nuage de fumée
01:11:00qu'on avait vu au moment de la signature du cessez-le-feu,
01:11:03avec l'aller-retour de Witkow,
01:11:05qui vient un jour de shabbat,
01:11:07soit disant pour menacer Netanyahou.
01:11:09Je l'ai répété dix fois,
01:11:10qu'est-ce que c'est que ces histoires de menaces de Witkow ?
01:11:13C'était pas des menaces, c'était des promesses.
01:11:16Ce qu'a obtenu Witkow,
01:11:19c'est par des promesses,
01:11:21et on commence à les voir, et on va les voir de plus en plus.
01:11:25Petit à petit, la liste de course de Netanyahou
01:11:27et de l'extrême droite qu'il a transmise à Trump,
01:11:30on les voit, petit à petit, explicitées dans les médias.
01:11:34Netanyahou, à la Maison-Blanche,
01:11:39a dit clairement que Donald Trump était le président américain,
01:11:43le meilleur ami des Israéliens
01:11:46depuis l'existence des présidents américains.
01:11:48C'est pas ses termes, mais c'est ça.
01:11:51Néanmoins, est-ce que Trump veut le sauver politiquement Netanyahou ?
01:11:55Pensez-vous que les choses vont être plus subtiles que ça pour la suite ?
01:11:59Tout d'abord, je vais rajouter
01:12:01que le ministre de la Défense, Kat,
01:12:03a déjà déclaré et a déjà dit aux soldats
01:12:08de permettre aux Palestiniens de Gaza, qui souhaitent partir,
01:12:12de partir, donc le plan est déjà mis en place, exactement.
01:12:16Et ce qu'il faut...
01:12:17Excusez-moi, mais partir où ?
01:12:19Les Égyptiens n'en veulent pas ? Les Jordaniens n'en veulent pas ?
01:12:23C'est la question que tout le monde pose.
01:12:25Est-ce que les Israéliens s'intéressent à cette réponse,
01:12:28à cette question ? Je pense pas du tout.
01:12:31Mais ce qu'il faut comprendre avec Netanyahou et le soutien à Netanyahou,
01:12:35c'est qu'au lendemain du 7 octobre,
01:12:37la majorité des Israéliens considéraient
01:12:40que Netanyahou est le premier responsable
01:12:43pour l'échec du 7 octobre.
01:12:44Et 75 % des Israéliens considéraient
01:12:47qu'il devait partir.
01:12:48La moitié disait qu'il devait partir après la guerre.
01:12:51Netanyahou, tout ce qu'il faisait, tout ce qu'il fait depuis 15 mois,
01:12:55c'est d'essayer de rétablir le soutien
01:12:59qui lui a été accordé pendant des années.
01:13:03Et il réussit à le faire avec les assassinats
01:13:05des responsables de Hezbollah et aussi du Hamas.
01:13:08Et il réussit à le faire aussi avec des images des ruines de Gaza.
01:13:13Et tout ce qu'il attendait, c'est justement le retour de Trump,
01:13:17parce que les Israéliens savent, ou en moins pensent,
01:13:20qu'il y a une sorte d'amitié entre Trump et Netanyahou,
01:13:24que Netanyahou peut influencer Trump
01:13:28pour donner plus d'avantages aux Israéliens.
01:13:31Et donc, effectivement, on voit, déjà depuis des mois,
01:13:34mais surtout maintenant,
01:13:35on voit que le soutien à Netanyahou a été rétabli.
01:13:38Et maintenant, dans les sondages,
01:13:40on voit qu'il est encore une fois à la tête des sièges au Parlement.
01:13:45Donc ça, pour vous dire qu'au lendemain du 7 octobre,
01:13:48pour le Likud, il y avait uniquement 17 sièges
01:13:52face au parti de Benny Gantz,
01:13:56qui avait 32 sièges.
01:13:58Il est le leader centriste israélien.
01:14:00Exactement. Et maintenant, c'est 25 pour Netanyahou
01:14:04contre 18, ça dépend du sondage, pour Benny Gantz.
01:14:08Donc c'est un changement majeur.
01:14:10Est-ce qu'on peut s'attendre à des élections anticipées en Israël
01:14:14pour la suite ?
01:14:15Ou est-ce que Benny Netanyahou n'aura pas besoin
01:14:18d'avoir passé par les unes pour se maintenir au pouvoir,
01:14:21toujours avec ces mêmes alliances, notamment à l'extrême droite ?
01:14:25Netanyahou va déclencher des élections
01:14:27au meilleur moment pour lui.
01:14:29C'est son agenda qui compte.
01:14:31Et puis, il va bénéficier aussi d'une opposition
01:14:34qui est extrêmement friable.
01:14:35Benny Gantz, tout dernièrement,
01:14:37au moment de l'annonce de Trump,
01:14:39a fait une conférence de presse pour dire que c'était une idée,
01:14:42je me souviens plus, brillante, créative.
01:14:45Enfin, bon, il l'a validée, il l'a soutenue.
01:14:47Donc, c'est une opposition
01:14:51un peu en carton, quoi.
01:14:54Même Yair Lapid a dit que la conférence de presse
01:14:57de Trump-Netanyahou, elle était bonne pour Israël.
01:15:00Bon.
01:15:02Donc, Yair Lapid, il est... Voilà.
01:15:05Donc, il va y avoir des élections
01:15:10et Netanyahou, à l'évidence,
01:15:11va les déclencher au meilleur moment pour lui.
01:15:14Isra et Benvir...
01:15:17Il y a aussi un partage des rôles,
01:15:19il y a aussi un partage des rôles
01:15:21entre Benvir et Smotric, depuis le jour.
01:15:23On le voit dans le film, ces deux personnalités,
01:15:26deux tempéraments presque symétriques.
01:15:29Smotric, c'est quelqu'un de très brillant, intellectuellement,
01:15:32mais qui parle pas beaucoup,
01:15:34qui s'exprime assez peu, qui est très froid.
01:15:37Benvir, c'est un voyou.
01:15:40Je veux dire, c'est un voyou, il n'a jamais fait d'études,
01:15:43il a le sang chaud, il dit à peu près n'importe quoi.
01:15:46Et moi, ça me fait penser aussi un peu au couple Netanyahou-Trump.
01:15:50C'est-à-dire, il y en a un qui est un calculateur, très froid,
01:15:53et l'autre qui est une espèce de bouffon, comme ça,
01:15:56mais chacun a son rôle, chacun apporte à l'autre,
01:15:59ils sont parfaitement complémentaires.
01:16:01Benvir Smotric, je suis absolument persuadé
01:16:03qu'ils savent compter sur leurs doigts,
01:16:06comme nous. Benvir savait qu'il ne ferait pas
01:16:08tomber le gouvernement en partant, c'est pour ça qu'il est parti.
01:16:12Et Smotric, lui, reste, en plus, il est ministre des Finances,
01:16:15il a une espèce de... Il reste avec cette espèce de posture,
01:16:19une espèce de posture froide, de responsabilité,
01:16:21et tout ça, et Benvir, c'est celui qui est un peu explosif.
01:16:25Benvir va rentrer à la maison, tranquillement,
01:16:27et ils vont retrouver leur alliance,
01:16:29qui leur a si bien servi aux dernières élections.
01:16:32Et malheureusement, comme ça a été dit,
01:16:35ce qui est terrible, c'est que la population israélienne,
01:16:39dans son immense majorité, soutient, y compris le plan Trump,
01:16:43d'évacuation, d'expulsion de Gaza.
01:16:46Effectivement, on a... Les sondages donnent à peu près
01:16:4970 % des Israéliens qui valident ce plan.
01:16:51Donc, vous imaginez, ça va faire...
01:16:53Ca va aider Netanyahou à se maintenir au pouvoir.
01:16:56Pourtant, ce plan, il avait été évoqué,
01:16:58par exemple, en 93,
01:17:00il avait émis l'idée d'un Singapour, du Moyen-Orient,
01:17:03en parlant de Gaza, mais en y laissant la population palestinienne.
01:17:07Il y avait un port...
01:17:08Il y avait un port...
01:17:10C'est toute la différence.
01:17:11Un aéroport, un port...
01:17:13Eh oui, avec, disons, une bande de Gaza prospère,
01:17:17palestinienne, de même Géricault,
01:17:19il y avait le casino, tout ça.
01:17:20Ca n'a juste rien à voir.
01:17:22Il faut arrêter de parler de Riviera, Côte d'Azur,
01:17:25parce que, en fait, ça nous... Non, ce qui compte,
01:17:27le sujet, c'est la déportation massive des habitants.
01:17:30Il faut le redire à chaque fois,
01:17:32c'est pas seulement un crime de guerre.
01:17:34C'est un crime contre l'humanité,
01:17:36depuis le tribunal pénal international sur l'ex-Yougoslavie.
01:17:40Ca illustre aussi l'extrême droitisation du Likoud,
01:17:43partie historique en Israël,
01:17:45et que vous démontrez très bien dans votre documentaire.
01:17:48Exactement, et ça aussi, c'est lié à Gaza,
01:17:50c'est lié à Gaza, et c'est intéressant,
01:17:53parce qu'on parle, à partir de 2009,
01:17:56j'ai pu étudier ça aussi dans ma thèse,
01:17:58d'un nouveau Likoud.
01:18:00Netanyahou, il a perdu les élections à Eoud Barak,
01:18:04donc, en 1999.
01:18:08Il perd les élections,
01:18:10il considère qu'il a été maltraité
01:18:14par les médias israéliens,
01:18:16il considère qu'il a été maltraité
01:18:20par les membres de son parti,
01:18:22et quand il reprend la tête du Likoud en 2006,
01:18:26il y a, face à lui, ce nouveau parti du centre,
01:18:31peut-être le premier vrai parti du centre politique israélien,
01:18:35il y avait aussi Chinoui de Thomy Lapide,
01:18:38le père de Yair Lapide,
01:18:39mais là, c'est un parti plus centriste que Chinoui,
01:18:43et ce parti centriste l'oblige
01:18:46de prendre le Likoud et de le droitiser,
01:18:50et aussi, et ça, c'est important, de créer un nouveau média.
01:18:53Et ce nouveau média, c'est Israël Hayom,
01:18:56le journal qui a été créé par Sheldon Edelson en 2007,
01:19:00qui est distribué gratuitement
01:19:03dans tous les coins de rue en Israël
01:19:05et qui soutient Netanyahou très ouvertement.
01:19:08Depuis, ça a un peu changé, et quand il arrive en 2009,
01:19:12il a non seulement ce média,
01:19:14il a aussi un Likoud avec de nouveaux membres
01:19:16qui sont beaucoup plus nationalistes,
01:19:18beaucoup plus religieux,
01:19:20il a aussi de nouveaux alliés
01:19:22et il a aussi des organisations de la société civile
01:19:25comme, par exemple, Imtirtzu,
01:19:27une organisation nationaliste
01:19:29qui est présente dans toutes les universités israéliennes.
01:19:33Et je peux rajouter quelque chose
01:19:35par rapport à ce qui a été discuté tout à l'heure,
01:19:38ce n'est pas le moment pour Netanyahou
01:19:40de faire tomber le gouvernement,
01:19:41parce que même si lui, il est à la tête d'un essontage,
01:19:44il n'a pas assez de sièges dans sa coalition,
01:19:47donc il sait très bien que ce n'est pas le moment pour le faire
01:19:51et il va atteindre exactement le moment stratégique pour le faire.
01:19:55Je dois rappeler qu'il a plusieurs affaires judiciaires en cours
01:19:58contre lui.
01:19:59Il est immunisé, tant qu'il est Premier ministre israélien,
01:20:02mais c'est sa carrière personnelle qui est en jeu
01:20:05et son avenir personnel.
01:20:06C'était très bien expliqué dans votre film.
01:20:09Y a-t-il encore une alternative ?
01:20:10Même parmi ceux qui adhèreraient à un plan un peu similaire
01:20:14à celui que propose Trump, en Israël,
01:20:17une alternative politique qui pourrait s'opposer
01:20:19et même être élue à des élections demain en Israël
01:20:22face à cette coalition qu'on a vue dans ce film
01:20:25et face à ce Premier ministre, Benjamin Netanyahou.
01:20:28Ce qui compte, c'est la population, en fait.
01:20:30C'est pas...
01:20:31Euh...
01:20:32Vous savez combien il y a de députés travaillistes
01:20:35dans la Knesset, actuellement ?
01:20:37Quatre, je crois.
01:20:38Quatre.
01:20:40C'est le parti qui a créé l'Etat.
01:20:42C'est le parti qui a été à la tête de l'Etat
01:20:45jusqu'en 1977, pendant 30 ans.
01:20:47A eux, tout seuls, il y avait à chaque fois 60-70 députés,
01:20:50juste les travaillistes.
01:20:52Ils sont quatre, aujourd'hui, quatre sur 120.
01:20:54Dans pas longtemps, ils vont passer en dessous des 3,25 %
01:20:57et ils n'en auront plus.
01:20:59Donc...
01:21:00Les seuls...
01:21:01Ce sont ceux qui ont signé les accords d'Oslo,
01:21:04on le rappelle.
01:21:05Ceux qui ont signé les accords d'Oslo
01:21:07et qui ont engagé leur capital politique
01:21:10dans ce pari historique.
01:21:11Ils sont, évidemment, emportés dans cette tourmente.
01:21:14Ce qui est extraordinaire, c'est de voir aussi
01:21:17ce qu'on appelle parfois le centre ou le centre-gauche,
01:21:20qui, aussi, se droitise, quand on entend les déclarations
01:21:23de Gantz ou de Lapid, c'est extraordinaire,
01:21:26avec parfois, effectivement, aussi des remontées historiques.
01:21:29Là, c'est pas du côté du centre et du centre-gauche,
01:21:32mais on parlait du Likoud tout à l'heure.
01:21:35Il y a quelque chose qui me semble très important,
01:21:37c'est de rappeler que Netanyahou, aussi, c'est un idéologue.
01:21:41C'est pas seulement quelqu'un qui est poursuivi par les juges
01:21:44pour des histoires de corruption, c'est ça.
01:21:47C'est quelqu'un qui est poursuivi par les juges internationaux
01:21:50mais c'est aussi un idéologue d'extrême-droite.
01:21:53C'est aussi le fils de Benjamin Netanyahou,
01:21:55le père de Netanyahou, qui était le secrétaire particulier
01:21:58de Vladimir Yabotinsky.
01:22:01Netanyahou, depuis toujours, c'est un sioniste-révisionniste.
01:22:04Ça veut dire un sioniste nationaliste,
01:22:08suprémaciste, raciste, et c'est plutôt le vrai Netanyahou
01:22:11qu'on a sous les yeux aujourd'hui.
01:22:12Le Netanyahou des années 90, c'était un Netanyahou
01:22:15qui, conscient du rapport de force,
01:22:17essayait de parler poliment.
01:22:19Il a même dit un Etat palestinien, dans une fameuse conférence.
01:22:22-"Je me le disse", oui.
01:22:24-"La conférence qu'on répète à chaque fois".
01:22:26Mais à l'époque, il avait un masque, en fait.
01:22:29Là, on a un vrai Netanyahou.
01:22:31C'est un message qu'il faut qu'on arrive à faire passer
01:22:34aux gens qui nous regardent.
01:22:35Netanyahou ne manipule pas des marionnettes d'extrême-droite,
01:22:39c'est un idéologue d'extrême-droite,
01:22:41c'est un Yabotinskyen depuis toujours.
01:22:43Peut-être que je peux dire quelque chose
01:22:45par rapport à l'opposition.
01:22:47Il y a Yair Golan, qui est peut-être le nouveau leader
01:22:50de la gauche sioniste.
01:22:51Ce Yair Golan a dit, en octobre 2023,
01:22:55qu'il faut bloquer l'aide humanitaire à Gaza
01:22:58et affamer les Gazaouis.
01:22:59Ce même Yair Golan a dit, en septembre 2024,
01:23:02qu'il ne faut pas accepter un cessez-le-feu
01:23:05et qu'il faut mener une opération terrestre au Liban.
01:23:09Il y a l'opposition,
01:23:11et audible,
01:23:13concernant deux éléments,
01:23:15la libération des otages
01:23:17et l'enroulement des ultra-orthodoxes à l'armée.
01:23:21Donc, l'opposition n'existe pas
01:23:24en ce qui concerne les crimes qu'Israël commet à Gaza,
01:23:27au Liban et en Cisjordanie.
01:23:29Et pour preuve, par exemple,
01:23:31quand le procureur de la CPI a annoncé vouloir
01:23:33me faire des mandats d'arrêt contre Netanyahou,
01:23:38exactement contre Benjamin Netanyahou
01:23:40et son ministre de la Défense,
01:23:42106 députés sur 120 ont signé une pétition
01:23:46qui déclare que l'armée israélienne
01:23:48est l'armée la plus morale au monde
01:23:51et que cette décision est antisémite.
01:23:53Et donc, les 14 parlementaires
01:23:55qui n'ont pas signé cette pétition
01:23:58sont 10 Palestiniens
01:24:00et 4 du Parti travailliste,
01:24:02qui ont déclaré, après, dans les journaux,
01:24:04qu'ils n'ont pas signé la pétition
01:24:06juste parce qu'ils ne veulent pas soutenir Netanyahou,
01:24:10mais qu'ils considèrent cette décision de la CPI
01:24:12denteuse.
01:24:13Je me suis posé une question.
01:24:15Est-ce que la démocratie israélienne
01:24:17n'est pas vraiment sur un fil ?
01:24:19Est-ce qu'on en est pas jusque-là,
01:24:21après avoir eu ce film,
01:24:22avec une coalition de ce type au pouvoir ?
01:24:25Et tout ce que vous nous avez dit
01:24:27sur l'antériorité concernant Benjamin Netanyahou
01:24:30et la droitisation du Likoud.
01:24:31Elle était sur un fil avant le 7 octobre,
01:24:34les grandes manifestations
01:24:35contre le coup d'Etat judiciaire,
01:24:37de même que la démocratie américaine
01:24:40est sur un fil.
01:24:41On peut dire qu'elle est tombée du fil,
01:24:43qu'elle s'accroche au fil.
01:24:45On peut encore plus s'inquiéter, je vais vous dire,
01:24:48si le cessez-le-feu a finalement duré un peu
01:24:50et que la plupart des otages sortent,
01:24:52alors, si ce que vous dites est vrai,
01:24:54et je pense que c'est vrai,
01:24:56tout ce qui restait d'opposition,
01:24:58de la petite opposition au sein des Israéliens,
01:25:01en fait, retournons à Gaza et, entre guillemets,
01:25:03retournons sur le travail, puisqu'il n'y a plus d'otages.
01:25:06Donc, oui, les perspectives sont extrêmement sombres,
01:25:10encore plus sombres, effectivement,
01:25:12que ce que montrait ce documentaire,
01:25:14déjà extrêmement difficile.
01:25:17On aurait souhaité finir vraiment cette émission
01:25:20sur des propos plus positifs, mais...
01:25:22Un moment, on ne peut pas.
01:25:24Un moment, on ne peut pas, c'est vous qui le dites.
01:25:27Vos réactions, ce sera sur hashtag débadoc.
01:25:29Merci aussi à Félicité Gavalda, Victoria Bellé,
01:25:32qui m'ont aidé à présenter cette émission
01:25:34comme à l'accoutumée.
01:25:35Je vous donne rendez-vous pour un prochain Débadoc,
01:25:38avec son documentaire et son débat.
01:25:40A très bientôt.

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