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00:00Il est 13h15.
00:02Ici, avec Wendy Bouchard, MaFrance.
00:05Et dans MaFrance, on partage des itinéraires et des combats, combats collectifs et combats personnels
00:09toujours si inspirants, porteurs de courage autant que d'espoir.
00:13Le chemin que l'on suit sous forme de renaissance, c'est le vôtre aujourd'hui.
00:17Bonjour Henri Sagné.
00:18Bonjour, merci de m'accueillir.
00:20Bah vous, que nous aimons tant, que les téléspectateurs ont tant apprécié
00:23comme journaliste, comme présentateur du JT d'Antenne 2 de France 3.
00:26On se souvient de ce « oui, je suis candidat à la candidature de France Inter en 1988 ».
00:32Merci de nous rappeler ces pages importantes de votre carrière,
00:34cette rencontre avec Alain Delon, votre direct lors de la chute du mur de Berlin.
00:38Mais dans ce livre, ce n'est pas la carrière que vous racontez,
00:40c'est un autre chemin très intéressant et très inspirant une fois de plus.
00:44Vous qui êtes atteint d'une maladie rare, Henri Sagné, vous revenez de très loin.
00:48Vous êtes arrivé presque en galopant dans ce studio,
00:50mais il y a deux ans encore, vous ne pouviez plus marcher.
00:53Vous êtes hospitalisé après une chute à vélo
00:56et on vous diagnostique une neuropathie, une maladie orpheline.
01:00Comment elle se manifeste chez vous, cette maladie, Henri Sagné ?
01:03Au départ, pas grand-chose.
01:04Au départ, je suis même parti au sport d'hiver le surlendemain de ma chute.
01:07Enfin, j'étais bleu partout.
01:08Ce n'était pas terrible, j'étais amoché.
01:10Et puis, au bout de quelques jours, j'ai pris mal de dos, mal partout.
01:15J'étais éreinté, je ne pouvais pas marcher, je ne pouvais plus rien faire.
01:18Bon, je ne me rendais compte de rien, mais je suis allé voir un neurologue
01:21et le neurologue m'a fait hospitaliser immédiatement.
01:24Maladie auto-immune.
01:25Auto-immune, je ne savais pas ce que c'était du tout.
01:27Vous l'aviez en vous, elle s'est déclarée peut-être après une infection.
01:30Alors moi, j'ai cru que ma chute, j'ai fait une chute à vélo,
01:33était le facteur déclenchant et on m'a dissuadé.
01:36J'y pense toujours, moi.
01:37Je crois toujours que c'est ça le facteur déclenchant.
01:39Un traumatisme.
01:40Un traumatisme, on m'a dit, ça peut être à la suite d'un traumatisme.
01:43A priori, ce n'est pas ça, c'est tout simplement un virus.
01:45Le nom est barbare de cette maladie.
01:47Il vous faut l'écrire et moi aussi.
01:49Polyradiculo-névrite chronique.
01:51Alors, ce n'est pas le nom polyradiculo qui me gêne.
01:54C'est chronique.
01:55C'est chronique, ça veut dire qu'elle est en vous.
01:57Ça peut revenir.
01:58Par poussée, par exemple.
01:59Oui.
02:00Mais vous vivez avec comme des millions de Français vivent avec ces maladies orphelines,
02:04ces maladies rares.
02:05On en compte 7000 en France, c'est l'une d'entre elles.
02:07Vous essayez au fond, cher Henri, de récupérer l'espace qu'elle prend en vous,
02:12les forces qu'elle vous mange, mais vous revenez de très loin.
02:15Je reviens de relativement loin, mais je n'ai jamais baissé les bras.
02:18Je me suis toujours dit, je vais m'en sortir.
02:22J'évitais de me regarder dans la glace parce que j'avais perdu 14 kilos et j'étais verdâtre.
02:27Et alors là, je me disais, là, j'avais tendance à me dire c'est cuit.
02:31Je vais dans le mur.
02:33Surtout vous, le grand sportif, fan de vélo.
02:35Je faisais 50 000 trucs.
02:38Et là, je me retrouvais un peu coincé.
02:40Alors, ce que je faisais, c'est que je fermais les yeux
02:43et je repensais à toutes ces belles choses qui ont émaillé ma vie.
02:46Et ça, c'est extraordinaire.
02:48Des bonnes ou des moins bonnes choses.
02:50Mais je me suis dit, j'ai fait des trucs, c'est fabuleux ce que j'ai pu faire.
02:53Je me retournais un peu et je regardais.
02:55Puis je me disais que dans le fond, l'avenir, il n'était pas bouché.
02:58Je pouvais aussi revivre des choses comme ça.
03:00Ça, c'est magnifique parce qu'il y a de très belles phrases dans ce livre.
03:02Et notamment, vous dites, il y a une vie d'avant.
03:04Vous avez vécu de grandes heures à 40 ans où vous présentez le premier JT.
03:07Et puis, il y a la vie d'après, mais qui parfois est une très belle vie d'après
03:10ou qui parfois peut ressembler à la vie d'avant.
03:12Est-ce que vous êtes en train de regrignoter sur la vie d'avant, justement, Henri Sagné ?
03:15Parce que je rappelle qu'il y a deux ans, vous étiez en fauteuil roulant.
03:18J'étais allongé même, complètement.
03:20Là, je regrignote le simple fait de me balader chez vous, d'être là.
03:23France Bleu, ici.
03:25C'est extraordinaire pour moi de recotoyer des copains de France Télévisions et des autres chaînes.
03:31Moi, ça me redonne un courage extraordinaire.
03:33Parce que je ne savais pas.
03:35Moi, j'ai besoin de choses comme ça pour me dire, je vis encore.
03:37Bien sûr.
03:38Cette maladie chronique, aujourd'hui, elle se manifeste comment, Henri Sagné ?
03:41Elle se manifeste.
03:42Vous voyez, mes mains, on dirait qu'elles font 100 kilos.
03:44C'est très lourd.
03:45J'ai du mal.
03:46Je peux dédicacer mes bouquins, mais je ne peux pas faire un petit Lida.
03:49Alors, je peux tenir un verre à la main.
03:51Ça a été une grande victoire.
03:52Parce que j'ai pu reprendre un apéritif.
03:54Je ne pouvais pas tenir un verre.
03:56Vous pouvez faire du vélo, aujourd'hui ?
03:57Ah, refaire du vélo, je refais un peu de VTT.
03:59Pas beaucoup, parce que j'ai un manque d'équilibre.
04:01Bien sûr.
04:02J'ai un manque d'équilibre.
04:03Et là, je pars au ski la semaine prochaine.
04:05Vous skiez sans bâton ou avec bâton ?
04:07Avec les bâtons.
04:11Avec l'exosquelette.
04:12Ah, très bien.
04:13Et on m'a dit qu'avec ça, on peut skier.
04:15Alors, moi, re-skier, c'est extraordinaire.
04:17Mais c'est magnifique.
04:18C'est magnifique parce que ce parcours que vous nous racontez dans ce livre aux éditions du Rocher,
04:21parcours d'un bâton, que vous êtes optimiste, invétéré, dit votre femme.