Avec l’ère Trump et ses politiques migratoires, l’immigration est un sujet est plus que jamais d’actualité, avec, entre autres, la sortie de "The Brutalist".
Entre stéréotypes et récits humanisés, LA confidentiel explore La représentation des migrants dans le cinéma hollywoodien.
Entre stéréotypes et récits humanisés, LA confidentiel explore La représentation des migrants dans le cinéma hollywoodien.
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00:00L'immigration, un sujet plus que jamais d'actualité, perçu par certains comme une menace,
00:06comme des héros par d'autres, les personnages de migrants ont depuis toujours offert aux scénaristes une source inépuisable d'histoire.
00:13Entre stéréotypes et récits authentiques, zoom sur l'expérience migratoire au cinéma.
00:19C'est Hollywood, c'est en immersion, c'est Elle est confidentielle.
00:31Nous sommes à l'extrême ouest des Etats-Unis, plus exactement aux postes frontières de San Isidro.
00:36Derrière moi et derrière cette porte, le Mexique et la ville de Tijuana.
00:40Tijuana où les demandeurs d'asile patientent dans des camps précaires, suspendus à l'espoir d'avoir un rendez-vous avec l'immigration américaine.
00:46Tijuana où les passeurs, ce qu'on appelle communément les coyotes, exploitent les failles d'une frontière connue pour être poreuse.
00:53Et puis il y a les narcos qui imposent leurs lois dans une zone gangrénée par la violence.
00:58Ces gens, cet univers, cette réalité, le cinéma hollywoodien n'a jamais cessé de l'explorer.
01:05Contrairement à la frontière nord avec le Canada, considérée souvent comme une simple démarcation,
01:10la frontière sud avec le Mexique offre aux cinéastes le décor idéal pour captiver le public.
01:15Un public toujours aussi fasciné par cet espace où chaque passage devient un pari risqué entre la vie et la mort.
01:23Dans ce contexte, Denis Villeneuve a apporté une approche unique avec Sicario
01:27en plaçant le spectateur dans l'ambiance oppressante de la frontière.
01:53Si tu vois un film, tu te dis « je connais cette prémisse, je comprends tout ça »
01:57mais comment vont-ils le copier de la main aux yeux ?
02:02Et il y a quelque chose de cela au fait que Denis a appris au sein de la dimension sombre de l'humanité.
02:09Je vais dire à tout le monde que tu es mort.
02:12Ça serait une grande erreur.
02:14Que ce soit Sicario, Chicanos, Chasseurs de têtes avec Charles Bronson, No Country for
02:22Old Men des frères Coen ou encore Traffic de Steven Soderbergh, tous ces films ont été
02:27tournés sans quitter le sol américain, utilisant certains endroits en particulier pour recréer
02:31visuellement le Mexique.
02:33Les raisons sont multiples selon les cas, il y a le budget parfois limité, la proximité
02:38de Los Angeles à seulement quelques heures de route et surtout la nécessité de sécurité,
02:43les tournages au Mexique pouvant être risqués.
02:58C'était il y a 40 ans, le réalisateur Gregory Nava avait été le premier à montrer le
03:03parcours du migrant du point de vue des personnages eux-mêmes, dans ce cas deux jeunes mayas
03:07qui tentent d'atteindre les Etats-Unis.
03:1040 ans après sa sortie, El Norte est toujours cité comme un précurseur des films traitant
03:15de l'immigration sous un angle humanista.
03:39Autre témoignage sur le défi des migrants aux Etats-Unis, Better Life sorti en 2011.
03:48Cette version plus moderne et plus intime de El Norte a connu un énorme succès critique
03:53et a offert à l'acteur Damien Bichir sa première nomination aux Oscars.
04:05Il a choisi de traverser la frontière et travailler en toute illégalité pour offrir
04:09à son fils une vie meilleure.
04:11Mais dans le barrio de Los Angeles, ce sont toujours les mêmes dangers qui guettent les
04:14ados latinos, ces gangs qui recrutent jusque dans les collèges.
04:39Un cinéaste hollywoodien en particulier a souvent dans sa carrière exploré le thème
04:59de l'immigration.
05:00Il a utilisé ses films, qui sont des productions américaines, il est bon de le mentionner,
05:04comme des plateformes pour d'une part défendre les immigrants et d'autre part montrer les
05:08réalités complexes de l'immigration, sans stéréotypes, sans approche réductrice.
05:12Curieux paradoxe puisque ce réalisateur est mexicain.
05:15Alejandro González Inarritu transforme chacun de ses films en une expérience émotionnelle,
05:27ce qui fait de lui l'un des plus grands auteurs contemporains.
05:30Dans Babel, la nounou d'une famille américaine doit traverser la frontière pour assister
05:35au mariage de son fils au Mexique.
05:38Elle décide d'emmener les enfants avec elle, un choix qui semble simple mais qui va se
05:42transformer en cauchemar.
05:43Inarritu ne laisse personne indifférent lorsqu'il filme, dans Babel, la double identité de
05:54ces immigrants, souvent pris entre deux mondes, et lorsqu'il décide de tourner un film dans
06:05son pays pour la première fois depuis 22 ans, Inarritu, dans l'esprit de Fellini,
06:10nous offre Bardot, dont le héros est son alter-ego, un réalisateur de documentaire
06:14mexicain, vivant aux Etats-Unis, qui rentre au Mexique pour recevoir un prix et qui,
06:20soudain, traverse une crise existentielle.
06:35C'est un film de fiction pour pouvoir exprimer un état mental, émotionnel que je partage
06:40avec des millions d'immigrants de cette dualité, de cette coexistence dans un pays qui m'a
06:44vêté, mais qui a aussi perdu d'autres choses, et cette sensation, c'est quelque chose qui
06:50s'est passé dans les 25 dernières années.
06:52C'est un film qui parle de l'immédiatisme, du lieu où je suis aujourd'hui.
07:05Vous savez comment s'appelle cet endroit ? Le chemin des passeurs.
07:22Nous sommes toujours à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique, avec, vous le
07:24voyez derrière moi, le fameux mur.
07:26Migration, violence, crimes organisés, Hollywood n'a pas attendu l'arrivée au pouvoir de
07:30Donald Trump pour capitaliser sur des sujets qui sont déjà dans l'imaginaire collectif,
07:35avec ce regard, encore une fois, très particulier sur le Mexique, le Mexique des clandestins,
07:39nous faisant presque oublier la richesse de ce pays, les richesses culturelles, artistiques
07:44et historiques.
07:45Vous avez remarqué que j'ai dit presque.
07:47Meilleur exemple du talent mexicain, Roma, d'Alphonse Cuarón.
07:54Pour 15 millions de dollars, oui, à peine 15 millions de dollars, l'équipe de Cuarón
07:59a reconstitué dans les moindres détails la ville de Mexico dans les années 70.
08:03Nous avons essayé de faire autant de choses que possible dans les endroits où ça s'est
08:10en fait arrivé.
08:11Et Eugénio Caballero a fait des peintures pour les transformer en ce qu'ils étaient
08:16il y a 40 ans.
08:18La rue de mon enfance, c'est là où nous avons filmé, il a dû doubler les façades,
08:23tellement de façades, parce que ces façades étaient modernisées, vous savez.
08:29Il y a une croissance d'une avenue, cette avenue est complètement transformée.
08:35Donc nous devons construire des blocs et des blocs de cette rue qui conduit à cette
08:42grande avenue, de la base, de la façade à la façade, à chaque boutique avec tous les
08:48détails à l'intérieur de chaque boutique.
08:50Et c'était un peu le but de faire ce film, vous savez.
08:55Ce n'était pas seulement de suivre des personnages, c'était aussi d'honorer le temps et l'espace.
09:26Nous étions vraiment proches de nombreuses histoires de la histoire du boxe de notre pays.
09:32Et aussi, le boxe a été énorme pour nous dans notre enfance, vous savez.
09:36Donc nous avons dit qu'en faisant quelque chose de ce genre, nous avons commencé à
09:39le mettre ensemble, vous savez.
09:44Nous avons décidé, avec le monde du boxe, de le faire dans notre maison au Mexique,
09:48avec nos amis, avec notre famille, vous savez, avec notre famille de films aussi, pour atteindre
09:53une histoire très courte, vous savez, une histoire étrange, comme une fable anti-fable.
10:23Ils sont mis en charge par une assistante sociale américaine jouée par Reese Witherspoon.
10:27Elle va les aider à démarrer leur nouvelle vie dans une région des États-Unis où l'intégration
10:32des migrants africains est souvent compliquée par une certaine réticence locale.
10:36Vous devez être les gars de Somalia, Sénégal,
10:40Le Soudan.
10:41Vos sacs arrivent sous vos chaussures?
10:43Super!
10:44Ça avait un sens parce que Reese, elle vient du sud des États-Unis.
10:47Le personnage vient de Kansas City.
10:49Je cherchais quelqu'un qui pouvait être un petit peu edgy, de mauvaise humeur au début,
10:54mais où son personnage pouvait évoluer vers quelqu'un de généreux et de lumineux,
10:59et elle a ces qualités-là.
11:02Moi, capitaine de Matteo Garone, apporte de son côté un point de vue complètement différent
11:07sur le parcours du migrant.
11:19La Libye, même le maré, de leur point de vue,
11:23c'est une sorte de contre-camp.
11:25Il nous semblait important de donner finalement une voix à ceux qui n'en ont pas d'habitude.
11:39Troisième approche, celle de The Brutalist, l'un des grands favoris pour les Oscars.
11:43Le film de Brady Corbett avec Adrienne Brody explore le parallèle entre le parcours d'un
11:47immigré et celui d'un artiste.
11:57Adrienne Brody incarne un Hongrois, Laszlo, rescapé des camps de la mort.
12:02Architecte visionnaire, une fois aux États-Unis, il devra s'armer de patience avant d'attendre
12:06les sommets.
12:07The Brutalist, drame de plus de trois heures à tout d'un biopic historique,
12:11sauf que les personnages du film n'ont jamais existé.
12:17Il a donc besoin de trouver un architecte de l'ère Bauhaus qui a survécu aux nazis
12:27et qui s'est emmigré aux États-Unis, et il n'y en a eu aucun.
12:31Il a donc besoin de fabriquer un, de raconter une histoire de ce voyage, mais c'est aussi
12:38représentatif et indicatif de toute la perte de créativité, de nombreuses vies qui
12:45auraient contribué à cette créativité dans ce monde.
13:16Ils seront encore nombreux à traverser la frontière ou les frontières au péril de
13:20leur vie, à la recherche d'une vie qu'ils estiment être meilleure.
13:24C'était Les Confidentiels, à la semaine prochaine.