Marie-Hélène Cazaubon, présidente sortante de la chambre d'agriculture des Landes
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00:008h12, ici Gascogne, l'invité ce matin, c'est Marie-Hélène Cazobon, la présidente sortante de la Chambre d'agriculture des Landes.
00:07Elle est issue de la FDSEA, le syndicat majoritaire à la Chambre.
00:11Elle est avec nous suite aux résultats des élections qui sont tombés hier.
00:14Eric Balanger, bonjour.
00:15Bonjour.
00:16La FDSEA reste le premier syndicat agricole des Landes, mais on note une forte poussée de la coordination rurale
00:22qui s'est illustrée récemment avec des mouvements plus radicaux sur le terrain.
00:25Vous allez évoquer cette poussée avec elle.
00:27Bonjour Marie-Hélène Cazobon.
00:28Bonjour.
00:29Merci d'avoir accepté notre invitation.
00:31La Gironde, la Charente, les Charentes-Maritimes, la Dordogne, le Lot-et-Garonne, la Vienne, la Haute-Vienne,
00:38tous ces départements aquitains sont remportés par la coordination rurale,
00:41rajoutons nos voisins là, juste à côté, nos voisins du Gers.
00:45Alors dans les Landes, la FDSEA, votre syndicat, reste en tête, mais là aussi une forte poussée de la coordination rurale.
00:51Comment vous analysez cette poussée ?
00:54Alors tout d'abord, je tiens à remercier tous les électeurs, tous les agriculteurs
00:57qui ont voté pour la FDSEA et les jeunes agriculteurs.
00:59C'est important, ils nous ont confortés dans notre position.
01:03Maintenant, il faut aussi entendre ce message, une poussée de la coordination,
01:07ça veut dire que toutes les actions violentes qui ont été menées par ce syndicat-là
01:12ont peut-être interpellé les agriculteurs et demandent à nous d'être,
01:16non pas dans une violence, non pas dans de tels comportements,
01:20mais en tout cas beaucoup plus ferme, vraiment beaucoup plus ferme dans nos demandes,
01:26dans nos positions, et d'être plus vindicatif très certainement.
01:30Vous avez été trop gentil, trop mou, trop dans le débat ?
01:34Vous savez, les manifestations, oui c'est bien, il en faut, il faut des actions.
01:39Mais derrière, il faut aussi se mettre autour de la table pour discuter.
01:42Parce que dire non, on veut pas ça, on veut pas ça, tout le monde peut le faire.
01:46Et on le fait. Mais derrière, on veut quoi ?
01:49Et c'est ça qu'il faut arriver à mettre en place.
01:51Et c'est ça, les réunions, les commissions, les rencontres servent à dire ce que nous souhaitons.
01:57Alors c'est vrai, c'est du travail de longue haleine, c'est du travail de petits pas,
02:00on avance tout doucement, tout doucement, c'est pas visible, c'est pas...
02:04C'est vrai qu'on a certainement un tort, c'est de ne pas communiquer suffisamment sur ce que nous faisons.
02:09Mais en attendant, derrière chaque action, il faut être en capacité de proposer des choses,
02:16et dans l'intérêt général de l'agriculture du département.
02:18Ce qui m'a interpellé, c'est qu'il y a un an, à peu près, forte mobilisation du monde agricole,
02:23des tracteurs qui bloquent les routes, qui menacent de monter à Paris.
02:27Et puis là, il y a eu une petite rechute en décembre.
02:31Et ce que l'on entendait, c'est rien n'a bougé, même pire.
02:37Alors, est-ce que c'est un ressenti ? Est-ce que c'est vrai ?
02:40Et du coup, évidemment, on peut comprendre cette colère.
02:42Alors pour le monde agricole, c'est une réalité.
02:44Parce que la loi d'orientation agricole, qui devait être promulguée en début d'année 2024,
02:50n'a toujours pas été votée.
02:52Et tout ce que l'on avait obtenu, toutes les négociations,
02:54toutes les discussions que l'on avait avec les services de l'Etat,
02:58avec des rencontres régulières pour faire avancer les choses,
03:00on écrivait, c'est là où je vous dis, on écrivait petit à petit des choses,
03:03ce que l'on souhaite pour l'agriculture.
03:05Tout ça, aujourd'hui, ça n'est pas mis en place.
03:07Parce que derrière, je pense qu'à l'image d'un gouvernement qui ne gouverne pas
03:12parce que faute de moyens humains, faute de consensus, faute de...
03:16Le budget n'étant toujours pas voté, on est quand même dans une attente,
03:19dans une expectative qui est grave pour le monde agricole.
03:23– Bien, vous allez être présidente de la Chambre d'agriculture des Landes, vous y retournez.
03:29– Alors, en tant que présidente sortante, effectivement,
03:33j'ambitionne de me représenter si mes collègues me disent.
03:37C'est une partie qu'il ne faut pas négliger quand même.
03:40– Alors, demain, cet après-midi, dans une heure,
03:44le premier dossier, le tout premier dossier dont il faut s'emparer,
03:47dont vous allez vous emparer.
03:49– S'il n'y en avait qu'un, non.
03:51On a vraiment un enjeu d'installation, de transmission,
03:54de reconnaissance de notre métier.
03:56Et puis, ce que je passerai en tête, c'est le revenu.
03:58Il faut qu'on retrouve du revenu, de la rentabilité sur nos exploitations.
04:02Et ça, c'est capital.
04:04Si il y a le revenu sur les exploitations, il y aura des installations,
04:08il y aura de la transmission,
04:10on trouvera plus facilement des salariés,
04:13on arrivera à travailler aussi sur les changements environnementaux,
04:17changements climatiques, adaptations.
04:19On a vraiment de gros enjeux sur nos exploitations.
04:23Et tout passera par le revenu et la reconnaissance de notre métier.
04:27On manque de reconnaissance dans notre métier,
04:30du rôle indispensable des agriculteurs qui est joué sur les territoires.
04:35Le revenu, ce n'est pas en claquant des lois.
04:37Ça fait 100 ans qu'on en parle.
04:39Ça fait 100 ans, mais il y a une loi EGalim,
04:41plusieurs d'ailleurs qui ont été votées.
04:43Il faut qu'elle se mette en application.
04:45Là aussi, quand vous n'avez pas de gouvernement pour trancher,
04:49pour inciter.
04:51La loi EGalim doit s'appliquer pleine et entière
04:54avec la construction du prix de la base jusqu'au client final.
04:59Et tenir compte de tous les coûts de production.
05:02Ça c'est important parce que la main d'oeuvre est bien souvent négligée,
05:04l'énergie bien souvent négligée.
05:06Il faut tout compter, toutes les charges de production
05:09qui permettent aux agriculteurs de se rémunérer correctement
05:12pour vivre de leur métier.
05:14Est-ce qu'aujourd'hui on mesure assez le désespoir du monde agricole ?
05:18On a des secteurs d'activité qui sont très en souffrance.
05:23On a des secteurs d'activité qui fonctionnent bien,
05:26mais on a aussi effectivement un accompagnement à avoir
05:31auprès de ces agriculteurs
05:33pour leur permettre de passer ces caps
05:35qui sont quelquefois longs, durs, pénibles.
05:38Mais là on a aussi à la fois un volet,
05:41travailler sur le volet économique,
05:43mais travailler aussi sur le volet social
05:45et travailler sur l'accompagnement.
05:47Et c'est ce que l'on essaie de faire au mieux
05:49pour que tous les agriculteurs puissent vraiment,
05:52s'ils le souhaitent, maintenir leur activité
05:54et trouver derrière à la fois du revenu,
05:57à la fois de l'accompagnement
05:59et pouvoir être accompagnés au mieux sur les exploitations.
06:02Une dernière question, quand on a préparé cette interview,
06:05la reconnaissance,
06:07vous voulez insister sur cette image des agriculteurs
06:10qui ne sont pas que des pollueurs,
06:12mais qui servent aussi l'environnement.
06:14Vous voulez absolument travailler sur cette image-là ?
06:17Il y a bien longtemps que le monde agricole
06:19se soucie de l'environnement.
06:21La terre c'est notre outil de travail,
06:23c'est notre environnement quotidien, effectivement.
06:25Et avant de dire ça ça ne va pas, ça ça ne va pas,
06:29listons plutôt ce que nous faisons déjà,
06:31tout ce qui est fait pour l'environnement,
06:35par les agriculteurs,
06:37commençons par ça,
06:38et commençons aussi à reconnaître ce rôle
06:40de service rendu à l'environnement des agriculteurs.
06:42Faut embaucher des communicants ?
06:44Peut-être, on est certainement les plus mauvais communicants
06:47par rapport à notre métier.
06:49Marie-Hélène Cazobon, merci.
06:51Présidente sortante de la Chambre de l'Agriculture des Landes
06:53et sans doute rentrante d'ici quelques jours.
06:56Merci d'avoir accepté notre invitation.
06:58Merci à vous.