LE GRAND DÉBAT / Réforme du droit du sol à Mayotte : quelle efficacité ?
« Le récap » par Thibault Hénocque
Jeudi 6 février 2025, la « Droite républicaine » a fixé l'ordre du jour à l'Assemblée nationale dans le cadre de sa niche parlementaire. L'intégralité des débats de la journée a été consacrée à une proposition de loi portant sur le durcissement du droit du sol à Mayotte. La dernière loi promulguée sur le sujet date de 2018. L'acquisition de la nationalité française n'est possible que si l'un des deux parents a résidé en France de « manière légale et ininterrompue pendant plus de trois mois » avant la naissance de l'enfant. Si la proposition de loi des républicains est adoptée, les conditions s'étendraient aux deux parents et la durée de résidence sur le territoire à au moins une année. Les ravages du cyclone Chido ont ravivé les débats sur l'immigration depuis les Comores. Le durcissement du droit du sol pourrait-il freiner l'immigration à Mayotte ?
Invités :
- Anchya Bamana, députée « Rassemblement National » de Mayotte
- Davy Rimane, député GDR de Guyane
- Ian Boucard, député « Droite Républicaine » du Territoire de Belfort
- Anne-Charlène Bezzina, maitresse de conférences à l'Université de Rouen et à Sciences Po Paris
LE GRAND ENTRETIEN / Hanna Assouline et Sonia Terrab : la parole aux militants pour la paix au Proche-Orient
Un an après leur voyage sur le territoire israélo-palestinien qui a eu lieu quelques jours seulement avant le massacre du 7 octobre 2023, Hanna Assouline et Sonia Terrab se déplacent dans plusieurs villes à la rencontre d'Israéliens et Palestiniens qui cherchent à tisser des liens malgré la guerre qui les déchire. Ali Abu Awwad, ancien soldat du Hamas et prisonnier de Tsahal, explique : « La colère est aveuglante, même l'occupation ne nous permet pas de voir l'humanité du peuple juif... Jusqu'au jour où nous avons rencontré des parents israéliens endeuillés et j'ai réalisé qu'ils étaient exactement comme nous ». Le mouvement des « Guerrières de la paix » est en lice pour recevoir le Prix Nobel de la Paix. Comment ses fondatrices perçoivent-elles la trêve engagée à Gaza ?
Grandes invitées :
Les réalisatrices du documentaire « Résister pour la Paix » :
- Hanna Assouline, fondatrice du mouvement « Les guerrières de la paix »
- Sonia Terrab, réalisatrice et militante
LA QUESTION QUI FÂCHE / Affiche de LFI : la provocation de trop ?
- Bertrand Périer, avocat, spécialiste de l'art oratoire
- Louis Hausalter, journaliste politique au « Figaro »
Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.
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« Le récap » par Thibault Hénocque
Jeudi 6 février 2025, la « Droite républicaine » a fixé l'ordre du jour à l'Assemblée nationale dans le cadre de sa niche parlementaire. L'intégralité des débats de la journée a été consacrée à une proposition de loi portant sur le durcissement du droit du sol à Mayotte. La dernière loi promulguée sur le sujet date de 2018. L'acquisition de la nationalité française n'est possible que si l'un des deux parents a résidé en France de « manière légale et ininterrompue pendant plus de trois mois » avant la naissance de l'enfant. Si la proposition de loi des républicains est adoptée, les conditions s'étendraient aux deux parents et la durée de résidence sur le territoire à au moins une année. Les ravages du cyclone Chido ont ravivé les débats sur l'immigration depuis les Comores. Le durcissement du droit du sol pourrait-il freiner l'immigration à Mayotte ?
Invités :
- Anchya Bamana, députée « Rassemblement National » de Mayotte
- Davy Rimane, député GDR de Guyane
- Ian Boucard, député « Droite Républicaine » du Territoire de Belfort
- Anne-Charlène Bezzina, maitresse de conférences à l'Université de Rouen et à Sciences Po Paris
LE GRAND ENTRETIEN / Hanna Assouline et Sonia Terrab : la parole aux militants pour la paix au Proche-Orient
Un an après leur voyage sur le territoire israélo-palestinien qui a eu lieu quelques jours seulement avant le massacre du 7 octobre 2023, Hanna Assouline et Sonia Terrab se déplacent dans plusieurs villes à la rencontre d'Israéliens et Palestiniens qui cherchent à tisser des liens malgré la guerre qui les déchire. Ali Abu Awwad, ancien soldat du Hamas et prisonnier de Tsahal, explique : « La colère est aveuglante, même l'occupation ne nous permet pas de voir l'humanité du peuple juif... Jusqu'au jour où nous avons rencontré des parents israéliens endeuillés et j'ai réalisé qu'ils étaient exactement comme nous ». Le mouvement des « Guerrières de la paix » est en lice pour recevoir le Prix Nobel de la Paix. Comment ses fondatrices perçoivent-elles la trêve engagée à Gaza ?
Grandes invitées :
Les réalisatrices du documentaire « Résister pour la Paix » :
- Hanna Assouline, fondatrice du mouvement « Les guerrières de la paix »
- Sonia Terrab, réalisatrice et militante
LA QUESTION QUI FÂCHE / Affiche de LFI : la provocation de trop ?
- Bertrand Périer, avocat, spécialiste de l'art oratoire
- Louis Hausalter, journaliste politique au « Figaro »
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NewsTranscription
00:00Générique
00:02...
00:05Bonsoir et bienvenue.
00:06Très heureuse de vous retrouver
00:08dans ça vous regarde en direct
00:10avec, au sommaire, ce soir, cette question.
00:12Faut-il réformer le droit du sol à Mayotte ?
00:16Les députés terminent l'examen en ce moment même
00:20dans l'hémicycle d'une proposition de loi des Républicains.
00:23Suffisante ou pas pour stopper l'immigration
00:27venue des Comores, qui continue d'affluer,
00:29même après le passage du cyclone Chido.
00:32C'est l'une des questions de notre grand débat,
00:35dans un instant, avec mes invités sur ce plateau.
00:37C'est un prix de renommée mondiale, le Prix Nobel pour la paix.
00:42Notre invitée franc-parlée, ce soir, figure
00:44dans la sélection des nommées.
00:47Son association, les Guerrières de la paix,
00:50rassemble des femmes qui oeuvrent au dialogue
00:52entre Palestiniens et Israéliens depuis le 7 octobre.
00:55Anna Assouline sera avec nous dans la deuxième partie.
00:59Enfin, la question qui fâche, ce soir,
01:01serait-ce la provocation d'LFI de trop ?
01:05Marine Le Pen, Olivier Faure, les Nouvelles Alliances,
01:08le visuel que vous voyez, signé La France insoumise,
01:11est devenu viral sur les réseaux sociaux
01:13après la non-censure du PS et du RN.
01:15Nous en parlerons avec nos chroniqueurs
01:18à la fin de cette émission.
01:19Voilà pour le sommaire. Installez-vous. C'est parti.
01:29Musique rythmée
01:32...
01:35Touchée au droit du sol, est-il la solution
01:37au défi migratoire de Mayotte ?
01:39Gérald Darmanin avait déjà promis de réformer
01:42ce droit constitutionnel avant le passage du cyclone Chido.
01:46C'est la droite républicaine qui porte cette mesure
01:49dans l'hémicycle. On va y revenir.
01:51C'est un texte qui vise à restreindre davantage
01:53les conditions d'accès à la nationalité française
01:56dans l'archipel avec l'objectif de dissuader
01:59l'immigration clandestine.
02:00Mais est-ce vraiment efficace ?
02:02Et jusqu'où faut-il le réformer, ce droit du sol à Mayotte,
02:05sans rompre le principe de l'indivisibilité
02:09de la République ?
02:11Bonsoir, Gaëtan Dussossey.
02:12Merci d'être là.
02:13Vous êtes député Rassemblement national des Vosges.
02:17Bonsoir, Yann Boucard.
02:18Merci à vous également.
02:19Vous sortez tout juste de l'hémicycle,
02:22c'est vous, avec vos collègues de la droite républicaine
02:25et cette proposition de loi, député du territoire de Belfort.
02:28Bonsoir, David Riman.
02:30Bienvenue. Vous êtes député communiste de Guyane
02:32et vous présidez la délégation aux Outre-mer, je crois.
02:35Pas communiste, je ne suis pas...
02:37Gauche et républicaine.
02:39C'est précisé.
02:40Enfin, bonsoir, Anne-Charlene Bézina.
02:42Bonsoir, Myriam.
02:43Bienvenue, constitutionnaliste
02:45et maîtresse d'endroits publics
02:47à l'Université de Rouen ainsi qu'à Sciences Po.
02:50On va commencer, avant de vous entendre,
02:52par faire le point précis sur ce texte.
02:54Précisément, cette proposition de loi,
02:56c'est avec Thibault Hénocque, dans son récap,
02:59qu'on va le connaître.
03:00Musique dynamique
03:02...
03:10La question migratoire, ce soir, Thibault, bonsoir.
03:13Bonsoir, Myriam.
03:14Mayotte, donc, qui fait débat,
03:16puisque aujourd'hui, dans l'hémicycle,
03:18les députés se sont saisis d'une proposition de loi.
03:21Question migratoire, Myriam.
03:23Je reconnais bien votre prudence derrière ce terme,
03:26mais comme le Premier ministre, il ne faut pas avoir peur des mots.
03:29-"Quiconque est allé à Mayotte
03:33mesure que le mot de submersion
03:38et celui qui est le plus adapté,
03:40ce ne sont pas les mots qui sont choquants,
03:43c'est les réalités."
03:44La fameuse submersion équivaudra à François Bayrou
03:47une motion de censure socialiste dans deux semaines.
03:51Voici quelques chiffres pour comprendre le problème.
03:54Le premier pourrait être un point d'interrogation.
03:56On ne sait pas combien d'habitants compte l'archipel.
03:59En 2024, l'INSEE le chiffrait à 321 000 habitants,
04:02mais d'autres estimations parlent de 400 à 500 000.
04:05En tout cas, la croissance est très forte,
04:07plus de 4 % par an.
04:09Sur ce total, un tiers de la population
04:12est en situation irrégulière, plus de 100 000 personnes.
04:15Un tiers est constitué de Comoriens en situation irrégulière
04:19et seulement un tiers de Français.
04:21Résultat, alors que Mayotte est la première maternité de France,
04:25plus de 10 000 nouveaux-nés par an,
04:2774 % des naissances proviennent de l'immigration,
04:31d'où la question du droit du sol.
04:33Le texte, la proposition de loi, que prévoit-elle ?
04:36Il ne s'agit pas d'une suppression du droit du sol
04:39qui supposerait une révision de la Constitution,
04:42mais une restriction.
04:43Mayotte dispose déjà d'une situation particulière.
04:46C'est une loi votée en 2018.
04:49Il s'agit de la durcire.
04:50La nationalité française ne pourrait plus être accordée
04:53aux enfants nés d'un parent résident régulièrement
04:56sur l'archipel depuis trois mois,
04:58mais de deux parents résidents avec un titre de séjour
05:01depuis au moins un an, une condition qui a même été durcie
05:05pendant les débats, dans une confusion.
05:07Les débats, alors ? Vous étiez vifs.
05:09Avec deux camps très nets.
05:11D'un côté, la gauche,
05:12faisant bloc pour s'opposer au texte de l'autre.
05:14Les autres groupes de l'hémicycle favorables à son adoption
05:18ont commencé par la droite à l'origine de cette proposition.
05:21-"Les perspectives d'accès à la nationalité française
05:24constituent un facteur indéniable,
05:26vraiment indéniable, d'attraction pour l'immigration irrégulière."
05:30-"Plus de la moitié des titres de séjour délivrés à Mayotte
05:34en 2022 l'étaient, pour le motif suivant,
05:36parents d'enfants français, CQFD."
05:39-"CQFD", pas pour la gauche, farouchement opposée à ce texte.
05:43Elle a mené une guérilla parlementaire,
05:45déposant la quasi-totalité des plus de 400 amendements sur la loi
05:49et multipliant les suspensions de séance
05:51pour tenter d'empêcher l'adoption de la loi dans les délais,
05:54le tout au nom du respect des principes républicains.
05:57-"Le problème, c'est pas le problème de la nationalité.
06:00Vous, vous en faites un sujet idéologique et principiel
06:03pour avancer votre agenda de droite extrême et d'extrême droite."
06:07-"La République, elle est une et indivisible.
06:09Lorsque vous faites une restriction du droit de sol à Mayotte,
06:13c'est la République que vous mettez en danger.
06:15Vous ne devriez pas jouer aux apprentis sorciers
06:18sur les principes fondamentaux de notre République."
06:21-"Apprentis sorciers", une expression qui traduit la crainte
06:24de certains que ce texte ne crée une brèche, un précédent
06:27et ouvre la voie à une remise en cause plus large du droit du sol
06:31à l'échelle nationale. Le gouvernement a redit
06:33qu'il y était opposé, mais le Rassemblement national
06:36a défendu des amendements en ce sens lors des débats.
06:40Si vous le voulez bien, avant de vous entendre,
06:43messieurs les élus, je vais me tourner vers vous
06:45pour un point de pédagogie. Que dit la loi,
06:48que dit la Constitution sur le droit du sol ?
06:50C'est quoi, le droit du sol ?
06:52-"Le droit du sol, c'est un mode d'acquisition
06:54de la nationalité qui est couplé au droit du sang.
06:57C'est historique pour nous, en France.
06:59Depuis au moins le milieu du XIXe siècle,
07:01nous avons ces deux branches de l'acquisition de la nationalité,
07:05mais rien n'est constitutionnel là-dedans.
07:07La Constitution ne précise pas les modes d'acquisition
07:10de la nationalité, elle n'entre pas dans ce détail,
07:13même si c'est vrai que la décision rendue
07:16par le Conseil constitutionnel à la suite de la loi
07:18dont on a parlé de 2018, qui s'appelait
07:21maîtrise de l'immigration, qui était une loi Gérard Collomb,
07:24cette décision du Conseil constitutionnel
07:26laisse entendre qu'il y a une particularité ultramarine
07:30et une particularité de Mayotte sur cette question,
07:32mais que cette particularité ne peut pas aller trop loin
07:35sans qu'une révision de la Constitution n'ait lieu.
07:38Aujourd'hui, le législateur semble être dans les clous
07:41de cette permissivité que laisse la Constitution
07:44aux droits ultramarins, c'est-à-dire cette possibilité
07:47d'amender les lois dans un sens favorable
07:50à leur particularité insulaire,
07:53mais on ne peut pas rompre pour autant
07:55l'égalité des territoires et surtout l'égalité
07:58devant la République. C'est ça, la limite.
08:00C'est pas la nationalité, c'est l'égalité.
08:02...de tous les Français,
08:04quel que soit le territoire, outre-mer ou métropole.
08:07Yann Boucard, c'est votre famille politique,
08:09les Républicains qui portent ce texte.
08:12Est-ce que l'objectif, c'est de dissuader
08:14les Comoriens à traverser la mer ?
08:16On voit que les bateaux continuent à arriver,
08:19on le verra dans un reportage, depuis même le cyclone.
08:22Est-ce que vous pensez qu'en restreignant davantage,
08:25vous allez stopper l'immigration ?
08:27La première chose à redire, c'est de qualifier
08:29la crise migratoire incroyable que vivent les Comoriens
08:33et que vit Mayotte. On l'a dit, 50 % des personnes
08:35à Mayotte sont étrangères, 75 % des naissances,
08:383 sur 4, sont du fait de personnes étrangères.
08:41Il faut bien qualifier les choses, quand même.
08:43Les femmes comoriennes viennent à Mayotte accoucher,
08:46c'est ce qui se passe, notamment à la maternité de Mamoudzou.
08:50C'est pour ça que Mamoudzou est la première maternité
08:53de France, voire même d'Europe.
08:54Ce texte, nous le proposons, et nous le proposons pas hors sol,
08:58il est voulu depuis des années par les Mahorais et les Mahoraises.
09:02Je pense notamment à notre ancien collègue Mansour Kamardine,
09:05député de Mayotte, qui a porté cette proposition de loi
09:08pendant des années. On voit que là-bas,
09:10il y a un large consensus pour porter cette proposition de loi,
09:14car il faut lutter contre l'immigration.
09:16Les Mahorais et les Mahoraises viennent à Mayotte
09:19quand il s'agit de femmes enceintes pour bénéficier
09:22du niveau de vie de Mayotte. C'est six fois de plus
09:25en termes de PIB que... Même si c'est la misère sociale,
09:28on pourrait y revenir, surtout après les ravages du cyclone.
09:32Le niveau de vie est meilleur qu'au Comore.
09:34C'est pour ça qu'ils viennent.
09:36Est-ce que c'est la nationalité qu'ils cherchent comme un aldorado ?
09:39C'est pas l'économie ?
09:41Le principal motif de demande de type de séjour,
09:43c'est parents d'enfants nés en France.
09:46Il faut regarder les réalités des chiffres.
09:48Il y a une situation de grande précarité au Comore.
09:51C'est des choses qui doivent être traitées.
09:53C'est le droit du sol qui attire ?
09:55Bien sûr. Il y a un facteur qui joue, évidemment,
09:58avec le droit du sol, qui attire beaucoup plus.
10:00La situation est très particulière avec les Comores.
10:03J'ai entendu mes collègues de gauche défendre les Comores,
10:06mais les Comores est un pays qui pratique une ingérence étrangère
10:10vis-à-vis d'un département français, Mayotte,
10:12qui a choisi d'appartenir à la République française.
10:16-"Ingérence", vous allez répondre.
10:18Ca veut dire quoi ?
10:19Le gouvernement des Comores
10:20essaie de faire venir sa population
10:22pour repoupler de Comoriens Mayottes ?
10:25Le président des Comores revendique
10:27que Mayotte soit rattachée aux Comores.
10:29C'est son droit de le dire.
10:31C'est le droit des Français, des députés français,
10:34de soutenir les Mahorais, les Mahoraises,
10:36qui ont voté pour appartenir à la République.
10:38Ils avaient le choix d'être indépendants ou comoriens.
10:41Ils ont choisi d'être français.
10:43Nous devons respecter ce choix des Mahorais et des Mahoraises.
10:47-"Gaétan Dussosset", vous voterez tout à l'heure,
10:49sans aucun état d'âme, je l'imagine,
10:52cette proposition de loi. Elle est suffisante ou pas ?
10:54Bien évidemment que le groupe Rassemblement national,
10:57ira voter cette loi, même si elle n'est pas suffisante.
11:01En réalité, en maintenant la possibilité
11:03d'un droit du sol, malgré tout,
11:05certes, il est retardé de quelques mois,
11:08mais il n'est pas supprimé, alors que pour couper
11:11et mettre un terme aux pompes aspirantes
11:13de l'immigration moteur de la submersion migratoire,
11:16il faut supprimer le droit du sol.
11:18C'est aussi vrai pour le département de Mayotte.
11:21Ca devrait l'aider pour l'intégralité du territoire.
11:24On va y revenir, mais restons déjà sur Mayotte,
11:26parce que c'est le sujet qui nous intéresse ce soir.
11:29Vous votez, mais ce n'est pas suffisant,
11:31et vous nous direz exactement pourquoi.
11:34David Riman, est-ce que vous considérez
11:36qu'il y a un défi migratoire à Mayotte, déjà, sur le fond ?
11:39Bien sûr, mais nul ne l'a renié, cela.
11:42Il y a une réalité à Mayotte qu'il ne faut pas éluder.
11:45Comme je l'ai dit, dans l'hémicycle,
11:47l'angle d'attaque qui est pris pour parler de ce sujet-là
11:50est complètement faussé. Ca sert juste à alimenter
11:53les velléités de l'URN, grâce aux marchepieds des LR,
11:56pour leur permettre d'arriver aux fins sur le territoire national.
11:59La réalité de Mayotte, c'est quoi ?
12:01C'est juste un territoire français,
12:04parmi les territoires d'île outre-mer,
12:06qui n'a jamais été au niveau escompté
12:08par rapport aux principes républicains eux-mêmes fondamentaux.
12:12C'est ça, la réalité de Mayotte.
12:14Donc, lorsqu'on veut faire croire que le fait
12:16qu'il y ait un arrivage régulier de migrants à Mayotte,
12:21c'est ce qui crée cette difficulté intrinsèque.
12:23C'est faux. Est-ce que c'est une réalité ?
12:26Pourquoi les Comoriens viennent à Mayotte ?
12:28Parce qu'il y a un lien historique.
12:30Avant que la France arrive,
12:32Mayotte faisait partie de l'archipel des Comores.
12:34Maintenant, la France est arrivée.
12:36Avant, tout le Batacascar était français.
12:39Ensuite, la France a demandé à ses différentes îles
12:41ce qu'ils voulaient, que les dépendants restent en France.
12:45Vous nous dites aussi, comme Yann Boucker,
12:47qu'il y a une ingérence du gouvernement des Comores
12:50et que la population a pris des risques
12:52au péril de leur vie à traverser la mer.
12:54Il y a quand même une différence économique
12:57entre les deux territoires.
12:58La réalité économique est là, on pourra bouger ce qu'on veut.
13:02Quels sont les moyens que t'as mis pour réguler tout ça ?
13:05Mais les moyens n'ont pas été mis.
13:07De quels moyens vous parlez ?
13:08Quand on regarde sur place, on nous dit...
13:11C'est la compétence intrinsèque de l'Etat.
13:13Ca veut dire qu'il n'y a pas assez de policiers
13:16pour renvoyer, pour expulser,
13:17il n'y a pas assez de centres de rétention ?
13:20C'est l'approche globale qui est faite sur la question migratoire
13:24à Mayotte.
13:25Peut-on gérer la question migratoire à Mayotte
13:27comme sur le territoire hexagonal ?
13:29J'avais démontré aux ministres de l'époque
13:32qu'il fallait avoir une approche différenciée
13:35sur le territoire et la réalité.
13:36Moi, de la maîtrise que j'ai du sujet,
13:39parce que j'ai beaucoup travaillé par rapport aux réalités guyanaises,
13:43qui sont similaires à celles du Mayotte,
13:45j'ai dit qu'il fallait changer l'approche
13:47parce que toutes les personnes qui arrivent en général
13:50des Comores ont un lien familial.
13:52Le préfet dit qu'aujourd'hui, monsieur le député,
13:55il y a un flux qui est évalué financier
13:57à l'année, à peu près de 100 millions d'euros
14:00entre Mayotte et Anjouan.
14:01Ca veut dire qu'il lui-même me dit que les migrants
14:04qui arrivent des Comores, surtout d'Anjouan,
14:07viennent régulièrement.
14:08Ca revient tout le temps.
14:09Ca veut dire qu'aujourd'hui, il y a un lien géographique,
14:13historique avec les Comores qu'on ne peut pas éluder.
14:16Vous souhaitez que Mayotte soit française.
14:19Elle est française.
14:20Je n'en ai pas assez de dire.
14:22Diplomatiquement, comment on aborde ce sujet-là ?
14:24Il faut mettre la pression sur le gouvernement ?
14:27Il faut des accords diplomatiques.
14:29Quand on regarde un peu le dossier,
14:31il y a des expulsions qui se font,
14:33mais le jour d'après ou dans la semaine,
14:35ils reviennent.
14:36Il y a un problème d'efficacité de la fermeté migratoire.
14:39On dit que la proposition est un bout de la clé
14:42pour réussir cette question-là.
14:44On ne dit pas que c'est l'entièreté...
14:46Vous reconnaissez que ça ne va pas dissuader
14:49les migrants du Comore de venir ?
14:50C'est une partie.
14:52Le premier motif de demande de titre de séjour
14:54est celui d'enfants de parents français
14:56ou de parents nés en France.
14:58C'est une partie de la problématique.
15:00Pour ceux qui nous regardent,
15:02il faudrait que les deux parents soient là depuis un an.
15:05Les Comoriens venaient tous les jours pour travailler à Mayotte.
15:08L'immigration irrégulière avait repris.
15:11Il y a d'autres problématiques que celle-là.
15:13Je suis d'accord avec le collègue
15:15que la problématique que connaît Mayotte
15:17n'a rien à voir, à certains égards,
15:19avec ce que peut connaître la France métropolitaine.
15:22Il y a d'autres réponses à aborder,
15:24notamment une réponse diplomatique vis-à-vis des Comores
15:28pour avoir la solution à cette question migratoire.
15:31On va regarder la réalité de Mayotte
15:33parce qu'on voit très bien que c'est extrêmement difficile
15:36de faire exécuter une politique face aux défis migratoires,
15:41mais une question, Anne-Charlene Bézina.
15:43Aujourd'hui, l'acquisition de la nationalité,
15:46elle n'est pas complètement automatique.
15:48On peut le dire, il faut attendre 18 ou 13 ans.
15:50Par exemple, à Mayotte, si un enfant naît,
15:53dans les nouvelles conditions, si votre texte est adopté,
15:56sans doute le cas dans les minutes qui viennent,
15:59à Mayotte, donc en France,
16:00de deux parents qui sont là depuis un an,
16:03il pourrait être français à quel âge ?
16:05En réalité, il faut une confirmation
16:07de cette demande par l'enfant lui-même,
16:09à sa majorité.
16:10C'est vrai que ce n'est pas une automaticité.
16:13Le droit du sol et le droit du sang coexistent.
16:15Il faut montrer un attachement à la République,
16:18soit un lien familial,
16:20soit un lien, on va dire, d'hébergement, d'attache.
16:24C'est ça qui devra être formulé
16:27par une demande de cet adolescent, de ce jeune adulte.
16:30Si ce n'est pas tout de suite,
16:32il faut attendre la majorité ou les 13 ans,
16:34est-ce que ça peut être la première raison de la venue,
16:38sachant que ça prend du temps ?
16:40C'est toujours cette problématique de l'appel d'air.
16:43On se dit, étant donné qu'il y a cette proximité,
16:46et ce grand conflit historique, il faut le redire,
16:49il y a eu une forme de ressentiment
16:51de la part des Comores par rapport à l'indépendance de Mayotte.
16:54Les Comores ont choisi l'autodétermination
16:57bien avant Mayotte, d'ailleurs, dans les années 50.
17:00Il y a en effet une joute qui est presque
17:02de lignée d'héritage entre les deux territoires.
17:05On peut se demander si la nationalité
17:07est la réponse unique, en tout cas, à cette problématique-là,
17:11parce que non seulement ça prend du temps,
17:13mais c'est vrai qu'il y a une question
17:15qui est plus une question de tendance de civilisation
17:18entre les deux, qu'il faudra se poser
17:20indépendamment des règles juridiques
17:22d'acquisition de la nationalité.
17:24Pour se figurer les choses, on va voir en image
17:27la réalité migratoire de l'île, les arrivées illégales,
17:30par bateau, je vous le disais, ne cessent pas.
17:32Reportage à Mayotte,
17:34Juliette Poissonnier, France Télévisions.
17:38Musique rythmée
17:40...
17:41A quelques kilomètres des côtes de Mayotte,
17:44ces gendarmes viennent d'arrêter 25 migrants illégaux.
17:47D'habitude, cette traversée illégale depuis les Comores
17:50leur coûte entre 150 et 400 euros par personne.
17:52A priori, ils seraient venus d'Afrique,
17:55ils ont fait une pause au Comore,
17:57et de là, après, ils ont repris les embarcations
17:59pour venir sur Mayotte.
18:01On pensait qu'avec le cyclone, ça allait un peu stopper,
18:04mais c'est vrai qu'après, peut-être qu'un peu plus d'arrivées,
18:07c'est un peu d'Afrique, ça, c'est à prendre en compte.
18:10D'abord, on fait les dames.
18:12Ils sont tous amenés sur terre à Mayotte.
18:14Il y a l'infirmière qui va venir suivre.
18:16Avant d'être transférés dans un centre de rétention,
18:19la plupart d'entre eux tenteront d'obtenir un titre de séjour français.
18:23Dans le bidonville de Kaoueni,
18:25cette famille de Comoriens arrivés illégalement
18:27accepte de nous raconter son histoire.
18:30L'un des fils nous confie espérer trouver du travail à Mayotte
18:33grâce aux besoins de la reconstruction.
18:35Le cyclone a été une belle occasion,
18:38une chance pour nous.
18:41Il a rendu les traversées plus faciles
18:43et nous avons pu partir vite pour rejoindre le reste de la famille.
18:46Deux pieds barricadés, on va rentrer là !
18:48Ces Mahorais viennent d'apprendre qu'un camp de migrants
18:51pourrait être installé dans ce gymnase en construction.
18:54La France est pas mal.
18:55Ça va péter, mais péter vraiment.
18:58On n'a pas de problème avec les immigrés.
19:00Tous les jours, il y a de la violence ici.
19:02Pour eux, Mayotte est un Eldorado.
19:06Comment dissuader ceux tentés par la traversée ?
19:10Voilà, c'est la grande question.
19:12Dissuader ceux tentés par la traversée.
19:15Vous reconnaissez, Yann Boucard,
19:17que ça n'est qu'une sorte de pierre à l'édifice.
19:21Ça ne peut pas aller sans quoi d'autre, concrètement ?
19:25Ça ne peut pas aller sans expulser systématiquement
19:27ceux qui n'ont rien à faire sur le territoire.
19:30Ça ne peut pas aller sans une réponse diplomatique forte
19:33vis-à-vis des Comores.
19:34C'est un développement versé aux pays des Comores,
19:37qui ne jouent pas le jeu vis-à-vis du territoire de Mayotte.
19:40En même temps, tous ces Comoriens en situation irrégulière
19:43qu'on a découvert dans les bidonvilles,
19:45qui n'ont pas voulu en sortir de peur d'être arrêtés
19:49après le cyclone, on ne les renvoie pas chez eux.
19:51Ils sont logés dans les gymnases et dans les écoles.
19:54Il faudra qu'ils repartent aux Comores.
19:57Si vous voulez mettre un terme à la pression migratoire
20:00exercée sur Mayotte, il faudra
20:01que les immigrés en situation irrégulière
20:03soient reconduits dans leur pays d'origine,
20:06que ce soit les Comores ou un autre.
20:08Les Comores peuvent aussi traverser en direction de Mayotte,
20:11même si l'essentiel de l'immigration irrégulière
20:14est issue des Comores.
20:15Vous, vous êtes allé à Mayotte. Expliquez-nous.
20:18Il y a les Comoriens en situation irrégulière
20:21et il y en a aussi qui sont en situation régulière.
20:24Cette proposition de loi, je le redis,
20:26il faut que les deux parents soient sur le sol français,
20:29donc à Mayotte, pendant un an,
20:31et qu'ils soient en situation régulière.
20:33Concrètement, ça se passe comment ?
20:35Comment un Comorien obtient un titre de séjour ?
20:38Mais en fait, sur le flux migratoire,
20:41il y a deux migrations.
20:42Il y a celle qui vient d'en juin, principalement,
20:46donc ces migrants qui font régulièrement le retour.
20:51Ensuite, il y a ces nouveaux migrants
20:53qui arrivent de l'Afrique continentale,
20:55des Grands Lacs, qui arrivent aussi sur Mayotte.
20:58Il y a deux réalités.
20:59Celles des Anjouanais qui soient, qui vont et qui restent à travailler,
21:04et en plus, le tissu économique global,
21:07on sait comment ça fonctionne, mais il ne faut pas trop le dire.
21:10Mayotte aussi, mais certains utilisent cette main-d'oeuvre
21:13qui est très mal oubliée.
21:14Bien sûr, et ça, on le sait tous, comment ça se passe à ce niveau-là.
21:18Ensuite, vous avez la partie qui vient des Grands Lacs,
21:21il n'y a pas d'accord diplomatique entre la France
21:24et les pays d'origine, donc ils ne peuvent pas les renvoyer.
21:27Comment vous faites ?
21:28Là, on les laisse là,
21:29on est dans l'incapacité de les récompagner.
21:32Avec toute la partie afriqueuse de l'Est et les Comores,
21:35il faut qu'il y ait des accords diplomatiques
21:37avec l'État et ces pays-là.
21:39Déjà, un, sur la question migratoire,
21:41permettre la reconduite dans ces pays d'origine
21:43lorsqu'on n'a pas la capacité à les loger dignement et correctement.
21:47Et deux, concernant les Comores, on pourra dire ce qu'on veut.
21:50Il y a un lien historique entre les Comores et Mayotte.
21:53S'il n'y a pas un accord de...
21:56Comment gérer, comment réguler ces flux migratoires
21:59répétés entre Mayotte et Anjouan,
22:01on ne va jamais régler le problème.
22:03C'est quoi l'accord ? Quel est l'intérêt des Comoriens ?
22:06Qu'est-ce qu'on peut donner en échange ?
22:08Le désaccord est sur un fait historique.
22:11Au niveau du droit national, l'ONU ne reconnaît pas Mayotte
22:14comme territoire français.
22:15Il faut, qu'on le veuille ou non,
22:17que l'État français, avec les Comores,
22:19s'assiede et discute pour tomber d'accord.
22:22Mayotte a fait le choix d'être française.
22:24C'est aider au développement des Comores ?
22:26Je ne sais pas qu'elles seraient dans les cantons de l'accord,
22:30mais, qu'on le veuille ou non, il faut trouver un accord.
22:33Yann Boucar, est-ce qu'il n'y a pas, justement,
22:36un moyen de pression supplémentaire,
22:38voire de collaboration avec les Comores
22:41pour réussir à relever ce défi ?
22:43Il faut que le gouvernement français
22:46fasse respecter l'expression populaire
22:48et nos compatriotes maorais lorsqu'ils ont demandé leur avis
22:51à l'occasion d'un référendum.
22:53Le référendum doit être respecté à la lettre.
22:55C'est la responsabilité des dirigeants français
22:58de faire respecter cette volonté en maîtrisant les flux migratoires,
23:02en mettant un terme aux pompes aspirantes de l'immigration.
23:05Il faut plus de moyens policiers ?
23:07Il faut aussi demander aux dirigeants comoriens
23:10de supporter leur responsabilité et d'assumer leur responsabilité.
23:13Il y a un moment où on leur laisse aussi
23:16de retenir les Comoriens qui viennent à Mayotte.
23:18Ils ne le font pas.
23:20Comment on fait pour y parvenir ?
23:21Il faut lever un certain nombre de leviers.
23:24On a parlé de l'aide au développement.
23:26Comment on peut accepter encore aujourd'hui
23:28qu'alors qu'il y a un Etat étranger qui ne respecte pas...
23:31On parlait des principes républicains.
23:34Dans le coeur, il y a la souveraineté populaire
23:36lorsqu'elle s'exprime par référendum et l'intégrité du territoire.
23:40Lorsqu'on a un Etat étranger qui mettra mal les principes républicains,
23:44il est inconcevable qu'on lui verse encore un centime d'argent
23:47des Français...
23:48Ce sera dissuasif.
23:49Je crois qu'on oublie quelque chose,
23:51c'est que ça n'est pas dans l'intérêt des Comores.
23:54On a affaire à un Etat étranger,
23:56puisqu'il y a une décision de souveraineté de Mayotte.
23:59Comment est-ce qu'on arrive, avec cet Etat étranger,
24:02qui, en réalité, est presque frontalier
24:04avec tout ce nœud gordien historique,
24:07à faire que les Comores acceptent en quelque sorte
24:10l'autodétermination ?
24:11C'est ça qui se passe aujourd'hui.
24:13Cette pression migratoire existe comme un moyen,
24:16finalement, de garder une forme de mainmise sur Mayotte.
24:21Comment est-ce qu'on arrive à convaincre un Etat étranger
24:24de collaborer sans moyen de pression ?
24:26Est-ce que ces moyens fonctionnent ?
24:28C'est pas de la diplomatie ?
24:30Le vote arrive en hémicycle.
24:31Il faut simplement siffler la fin de la récréation.
24:34Ca fait sept ans...
24:35Ca fait sept ans qu'Emmanuel Macron n'a rien fait.
24:38A aucun moment, la France n'a tapé du poing sur la table
24:41pour dire à l'Etat des Comores et dire aux dirigeants comoriens
24:45que la récré était terminée.
24:47Si, à maintenant, vous me dites, très clairement aujourd'hui,
24:50que la 7e puissance mondiale est incapable de faire respecter
24:53son droit, l'intégrité de son territoire,
24:56les droits et l'expression des Mahorais...
24:58Un retour de l'autorité.
24:59...un petit Etat comme les Comores...
25:02Vos solutions très concrètes.
25:03On parle de supprimer l'aide au développement.
25:06Je prends le... Je vous soumets la proposition
25:09du Rassemblement national.
25:10C'est oui ou c'est non ?
25:12Ne faites pas croire à chaque fois
25:14qu'on reprend les propositions du Rassemblement national.
25:17Il y a pas de sujet là-dessus.
25:19On a parlé tout à l'heure des transferts d'argent essentiels
25:22qui sont faits en direction de Mayotte vis-à-vis des Comores
25:26via des Comoriens.
25:27On peut se poser cette question-là,
25:29car on sait que ça fait vivre l'économie des Comores.
25:32On doit se poser cette question-là
25:34si on n'arrive pas à trouver un consensus.
25:36Il faut trouver une solution diplomatique.
25:39Les Comoriens ne sont pas d'accord avec le référendum,
25:41avec le vote qu'ont fait les Mahorais lors du référendum.
25:45C'est perdu. Les Comoriens vont continuer à venir.
25:47On va appliquer le droit du sol.
25:49Dans dix ans, il n'y aura plus de Mahorais.
25:52Les Mahorais ont tranché. Ils ont choisi de rester français.
25:55On leur doit la protection de la République.
25:57Il faut se rendre compte que si la situation que connaît Mayotte
26:01avait lieu dans les Alpes-Maritimes ou les Hauts-de-Seine,
26:04on aurait réagi.
26:05Je voudrais qu'on écoute Laurent Wauquiez
26:07avant de vous laisser partir.
26:09J'entends le collègue Boukhar dire ça aujourd'hui.
26:12Pour moi, ça me fait doucement sourire.
26:14C'est à la limite de l'hypocrisie.
26:16Vous parlez de Mayotte-Poursa sur la question migratoire,
26:19mais tous les financements de l'État depuis Mayotte-et-Français
26:23n'ont jamais été opérationnels.
26:25C'est un exemple de plein de départements dits d'outre-mer.
26:28Arrêtez de se raconter des histoires.
26:30Vous voulez faire les grands chevaliers
26:32par rapport à la question migratoire,
26:34mais sur les fondements républicains,
26:36vous n'y êtes pas du tout.
26:38Si on veut mettre autant de force sur la question migratoire
26:41par rapport à Mayotte,
26:42pourquoi pas autant de force et de moyens
26:45pour construire dignement
26:46pour que les Mahorais aient accès à tous les principaux
26:49républicains et républicains ?
26:51Il faut qu'on s'en couvre.
26:53Ce discours est un peu facile quand même.
26:55C'est l'urgence.
26:56Depuis l'autodétermination, pardon, de Mayotte.
26:59Au moment de l'autodétermination,
27:01Mayotte et les Comores sont au même stade de développement.
27:04La France n'a pas fait assez.
27:06La France n'a pas fait assez à Mayotte pour le développement.
27:09Mais puisque la France n'a pas rien fait non plus,
27:12c'est pour ça qu'on a ces flux migratoires.
27:14Parce qu'au Comore, le pays ne s'est pas développé
27:17et les gens sont trop pauvres, ils viennent à Mayotte.
27:20Mayotte s'est développé plus que les Comores.
27:22On va tous se mettre d'accord
27:24sur le fait que Mayotte a besoin de plus de moyens
27:27pour se reconstruire.
27:28Je crois que vous devez aller voter,
27:30donc on va vous laisser aller voter,
27:33parce que c'est vous qui portez le texte.
27:35Laurent Wauquiez veut aller plus loin,
27:37on devait l'écouter, mais je vais le citer.
27:39Il dit ensuite que pour nous, l'idée,
27:42c'est d'étendre des restrictions sur le reste du territoire français.
27:45Anne-Charlene Bézina, on a entendu Gaëtan Dusosser,
27:48le RN veut supprimer le droit du sol.
27:50C'est un peu différent, mais c'est pas loin non plus
27:53pour les Républicains.
27:55On peut le faire en l'état de notre droit constitutionnel ?
27:58Il n'y a rien d'écrit dans la Constitution
28:00à propos de l'acquisition de la nationalité,
28:03donc supprimer le droit du sol.
28:04C'est un principe qui existe depuis le XIXe siècle,
28:07donc il y a fort à parier que ce soit une coutume
28:10de notre Constitution, et peut-être qu'il y a d'autres manières
28:14de réfléchir à l'efficacité de nos politiques migratoires.
28:17On s'arrête là, on verra si votre proposition
28:20chemine d'ici les deux ans,
28:21ou si c'est un enjeu de présidentielle.
28:24Merci, on vous libère, vous devez aller voter.
28:26Merci à vous, et bonsoir, Anna Assouline,
28:29et bonsoir, Sonia Terrab.
28:30Merci d'être avec nous ce soir, vous êtes mes deux invités.
28:34Et hop, devant la caméra, c'est pas bien grave,
28:36monsieur Riman, allez voter.
28:38Les Guerrières de la paix, c'est votre association
28:41à toutes les deux qui rassemblent des femmes,
28:43qui oeuvrent au dialogue entre Israéliens et Palestiniens.
28:47Association française en lice pour le prix Nobel de la paix.
28:50Rien que ça. Vous nous invitez à résister pour la paix,
28:54c'est le titre de votre documentaire
28:56après le 7 octobre, on va en voir quelques extraits.
28:59Pourquoi ce mot auquel personne ne semble plus croire
29:02est plus que jamais indispensable.
29:04Invitation Marion Becker, interview juste après.
29:07Si on vous invite, Anna Assouline et Sonia Terrab,
29:11c'est pour votre documentaire, Résister pour la paix,
29:15qui vient de recevoir à l'Assemblée nationale
29:18le trophée de l'engagement du Média Club L.
29:21Je voudrais aussi rendre hommage à toutes ces militantes
29:24qui, sur le terrain, en Israël et en Palestine,
29:27continuent de résister,
29:29continuent de résister aux sirènes de la haine
29:32et continuent d'être des remparts,
29:34continuent de se battre pour la vie.
29:36-"Anna Assouline, vous êtes documentariste
29:38et fondatrice de l'association Les Guerrières de la paix,
29:42un mouvement de femmes pour la paix, la justice et l'égalité,
29:46nommé cette année pour le prix Nobel de la paix.
29:49Sonia Terrab, vous êtes romancière
29:51et réalisatrice marocaine et guerrière de la paix.
29:55Ensemble, vous avez réalisé ce documentaire."
29:59Quelques jours avant le 7 octobre 2023,
30:02vous marchiez, ensemble, aux côtés de femmes palestiniennes
30:06et israéliennes à Jérusalem pour réclamer la paix.
30:09...
30:18Un an plus tard, vous êtes retournée voir ces militantes
30:21et militants qui poursuivent le combat
30:23malgré le traumatisme et la guerre.
30:26A l'image de Jonathan Zeigen,
30:29qui a perdu sa mère le 7 octobre,
30:31et Ahmed Alil, ancien membre du Hamas.
30:56...
31:16Sur les routes de Tel Aviv, Jérusalem, Ramallah,
31:19Bethléem, Bet Jala, des kibbouts et des checkpoints,
31:22vous portez la voix courageuse de ceux qui résistent
31:25contre la guerre au coeur du chaos.
31:27Sonia Terab et Anna Assouli.
31:31Bienvenue à toutes les deux sur ce plateau sur LCP.
31:34Alors, est-ce qu'il faut être des guerrières
31:38pour croire encore en la paix
31:40après le 7 octobre et après la guerre à Gaza ?
31:43Anna Assouli.
31:46Oui, c'est ce qu'on croit, effectivement,
31:48et c'est ce qu'on a pas arrêté de marteler
31:51depuis bientôt 16 mois, maintenant.
31:53D'ailleurs, on parle même pas de nous,
31:56puisqu'en l'occurrence, on parle des militants
31:58qui sont sur le terrain là-bas et qui,
32:00au péril de leur vie, continuent de se battre,
32:04continuent de résister.
32:05Et donc, c'est ce qu'on affirme, effectivement.
32:08La paix est aujourd'hui, comme le disait Camus,
32:11le seul combat qui vaille d'être mené,
32:13et c'est un combat. La paix, c'est pas la neutralité,
32:16c'est pas la naïveté, c'est pas l'angélisme,
32:18au contraire, c'est un combat, un combat politique,
32:21un combat qui nécessite la justice, l'égalité, l'indépendance.
32:25Donc, voilà.
32:26Vous vous êtes pas sentie un peu seule,
32:28vous, les militantes de la paix,
32:30après le 7 octobre, après le sang, les larmes,
32:33après les bombardements à Gaza ?
32:36Avez-vous eu le sentiment d'être parfois un peu méprisée ?
32:39Parce que c'est vrai qu'on a l'impression
32:42d'un face-à-face et d'une haine extrêmement violente,
32:45avec presque aucun espoir, même si ce fil de la paix
32:47remonte à loin entre ces deux peuples.
32:49Est-ce que vous n'étiez pas trop seule ?
32:52Je pense que c'est des phases.
32:54Il y a forcément des phases, c'est des hauts et des bas,
32:57où on va se sentir seule, on va être découragée,
33:00on va être déprimée, on aura pas envie de quitter le lit,
33:03mais aussi des phases où, avec les guerres de la paix
33:06et tout ce qui a fait le mouvement depuis son existence,
33:09mais aussi ce voyage qu'on a fait la veille.
33:11Il y a eu un premier voyage, une marche,
33:13et puis le 7 octobre, avec la volonté de revenir
33:16et de retrouver les mêmes personnes.
33:18Donc nous, effectivement, avec les guerres de la paix,
33:21c'était une délégation de femmes militantes
33:24pour la paix du monde entier.
33:25On a rencontré les militants de la paix
33:28en Palestine, en Israël, et on est revenus le 6 octobre,
33:31et le 7 octobre, tout a basculé.
33:33Mais nous, on avait encore ces voix, ces visages,
33:35ces paroles, ces émotions, on était encore portés par tout ça.
33:39Donc oui, la sidération, la douleur, le choc, la peur aussi,
33:43mais quelque part, cette envie, encore plus que jamais,
33:46de nous unir et de nous battre ensemble.
33:48Comment on la trouve, cette envie ?
33:50C'est pas rien, on est intimés à choisir un camp,
33:53c'est ultra polarisé.
33:54Vous, vous le dites, mais il y a un déclic.
33:58Comment on y croit encore, quand à un moment donné,
34:01c'est le chaos, c'est la noirceur qui s'abat complètement ?
34:04On a reçu beaucoup de journalistes qui nous disent
34:07que ce sont des personnes qui ne peuvent plus se parler.
34:10La haine est trop forte. Comment on recoue et on réconcilie ?
34:14Déjà, c'est vrai que la force...
34:19La force, on l'attire d'abord de ceux qui sont là-bas.
34:21C'est incroyable. Parfois, on prend...
34:24C'est ce qu'on s'est dit avec Sonia,
34:26quand on est rentrés de ce tournage,
34:28on l'avait déjà ressenti, notamment avant le 7 octobre,
34:31mais là, encore plus fort.
34:32De ceux qui sont au coeur de la douleur,
34:35au coeur du chaos, de ceux qui sont endeuillés
34:38dans leur chair, qui ont perdu un proche,
34:41on prend une leçon de résilience, d'humanité,
34:44d'empathie envers l'autre,
34:46de capacité de se mettre à la place de l'autre,
34:48qui, quand on revient dans nos débats
34:50d'une extrême violence,
34:52quand on revient au milieu de cette polarisation,
34:55où on voit les clashs sur les réseaux sociaux...
34:57Ils sont nombreux, honnêtement.
34:59Ils sont nombreux, les Jonathan Zeigen,
35:01qui reprend le combat de sa mère au kiboutz de Berry,
35:04sa mère, militante pacifiste, qui a été tuée
35:07par le massacre du Hamas,
35:08qui reprend le dialogue avec Ahmed Lilou,
35:11qui lui a perdu 60 membres de sa famille
35:14dans les bombardements de Gaza.
35:16Ils sont nombreux, franchement.
35:17Ils sont beaucoup plus nombreux qu'on ne le pense.
35:20C'est quelque chose qui nous tient à coeur.
35:23C'est pour ça qu'on a voulu faire ce film,
35:25pour porter leur voix et faire un film,
35:27pas seulement militant ou plaidoyer,
35:29mais qui va dans l'intime, raconte des histoires personnelles,
35:33humanise ces gens-là,
35:34car on disait que c'était un combat politique,
35:36et l'importance de ce film, c'est de revenir à l'intime,
35:39de revenir à la personne et d'humaniser ces gens-là.
35:42C'est par l'intime qu'on y arrivera.
35:44Par le vécu, par l'incarnation des êtres.
35:47Ce qui nous a impressionnés là-bas,
35:49c'est toutes ces nouvelles générations de jeunes,
35:52on peut citer, par exemple, Standing Together,
35:54qui s'organisent, qui ont énormément de followers
35:57sur les réseaux sociaux.
35:58Les réseaux sociaux, ça change tout.
36:00Aujourd'hui, il faut mettre en lumière ces gens-là.
36:03La haine, on le voit avec tout ce qui se passe dans le monde.
36:06La haine, les extrêmes, la radicalité
36:08prennent le pouvoir dans nos algorithmes.
36:11Si on ne met pas en lumière ces gens-là,
36:13qui sont vraiment très nombreux, c'est ça, le vrai combat.
36:16Parlez-nous aussi de cet ancien combattant du Hamas,
36:19passé par les prisons israéliennes, Ali Abou Awad,
36:22qui vous dit refuser que sa liberté
36:24se bâtisse sur la tombe des Juifs.
36:27Comment on fait ce chemin-là ?
36:28Ali, pour être précise, c'est Ahmed Eloh
36:31qui a été membre du Hamas.
36:32Ali a participé aux deux intifadas
36:34et a été...
36:35Et s'est engagé dans la lutte armée palestinienne,
36:40mais pas avec le Hamas.
36:41Il est...
36:44Ali, c'est précisément, je crois,
36:48ce qu'il incarne très fortement,
36:49c'est cette idée fondamentale de la reconnaissance de l'autre.
36:53Vous savez, aujourd'hui...
36:54Il a perdu son frère.
36:56C'est évidemment la résilience, la capacité de sortir de soi,
37:02d'être attentif à la douleur de l'autre,
37:04alors même qu'on est envahi par sa douleur.
37:06C'est un parcours extraordinaire,
37:08mais c'est cette idée fondamentale de la reconnaissance de l'autre
37:12et de sa légitimité à vivre sur cette terre
37:14et de son attachement à cette terre,
37:16à l'heure où, aujourd'hui, on est au lendemain
37:19de déclarations lunaires de Donald Trump,
37:21qui évoque une possibilité d'assurée
37:23et ethnique du peuple palestinien,
37:26cette question fondamentale de la légitimité
37:29de ces deux peuples à vivre sur cette terre.
37:31Cette idée fondamentale est très pragmatique
37:34et quand on parlait des militants de la paix,
37:36est-ce qu'ils sont majoritaires, minoritaires ?
37:39En fait, il y a une réalité, un état de fait,
37:41qui est qu'aujourd'hui vivent sur cette terre
37:44environ 7 millions de Juifs et 7 millions de Palestiniens
37:47et qu'aucun de ces deux peuples ne va disparaître
37:50et que seuls les criminels ou les fascistes
37:52peuvent envisager la disparition d'un de ces deux peuples.
37:56Il n'y a pas d'autre solution que de trouver un moyen
37:59de vivre ensemble et ça passera par la paix.
38:01C'est la grande leçon de ces militants.
38:03Quelques Israéliens, quelques Palestiniens
38:06ont téléphone depuis l'annonce choc de Donald Trump,
38:08depuis qu'il a dit qu'il voulait prendre le contrôle
38:11de l'enclave palestinienne.
38:13Quels sont les retours de ces militants de la paix ?
38:16Ils sont sidérés comme nous ?
38:17Ce dont je me souviens, c'est de Jonathan Zeigen,
38:20quand on l'a vu à Genève,
38:22parce qu'on a projeté le film à Genève,
38:24qu'il m'avait dit expressément qu'il avait peur
38:27de ce qui se passait maintenant.
38:29Il l'avait formulé, il m'a dit que si Trump gagne,
38:32je suis sûre que voilà ce qu'il va promettre
38:34et voilà le problème qu'on va avoir.
38:36Je pense à lui très fort depuis cette annonce,
38:39parce que la prophétie, quoi, il est tellement...
38:43Voilà, il est tellement dedans, quelque part,
38:45qu'il a vu les choses arriver bien avant nous.
38:48Et côté palestinien, l'idée d'une possible, quoi,
38:51déplacement, même temporaire, même si rien n'est fait,
38:54parce que la Maison Blanche a corrigé
38:56beaucoup de ses propos fracassants.
38:58Certains disent, d'ailleurs,
39:00que c'est une stratégie de rapport de force, etc.
39:03En tout cas, c'est évidemment la sidération,
39:05l'inquiétude, l'inquiétude,
39:07et puis ça ravive aussi énormément de traumas
39:10pour les Palestiniens.
39:11De toute façon, depuis le début de cette guerre,
39:14des deux côtés, les traumas sont complètement ravivés.
39:17On voit ces images de désolation de la bande de Gaza,
39:20où on voit toute une population revenir
39:22dans une zone totalement dévastée avec des maisons détruites.
39:26Il y a quelque chose qui est extrêmement douloureux,
39:29extrêmement inquiétant, et c'est vrai que Donald Trump
39:32explose les fenêtres d'Overton les unes après les autres.
39:35Ce qui était hier impensable devient l'objet de débats aujourd'hui.
39:39On sait pas jusqu'où ça va aller.
39:41Il faut espérer, ce que disent certains observateurs,
39:44qu'il s'agisse juste d'un coup de pression
39:47avec une visée autre de négociation, etc.
39:51Mais en tout cas, là, pour le moment,
39:53on est tous, que ce soit les militants sur le terrain
39:56ou nous, militants pacifistes,
39:58extrêmement inquiets et sidérés par ces déclarations lunaires.
40:01Sur Gaza, on est dans un moment très particulier,
40:04parce qu'il y a eu une vraie lueur d'espoir
40:06avec l'annonce de la trêve, les premières libérations,
40:09les Gazaouis qui pouvaient essayer de retourner chez eux.
40:12Évidemment, on connaît les images de ruines.
40:15Et puis, il y a eu aussi les militants du Hamas
40:17avec leur bandeau vert, la kalachnikov, la kagoule.
40:21Que sait-on exactement de ces Palestiniens
40:24par rapport au Hamas ?
40:25Ils n'ont pas voté depuis 20 ans.
40:27Sont-ils les otages de cette milice islamiste, aujourd'hui ?
40:32Je pense que, justement, là, je reviens au fil,
40:35mais je reviens à Ali Abouawad, dont on parlait tout à l'heure,
40:38et comment on arrive à avoir ce discours
40:40et à formuler les choses comme ça.
40:42C'est aussi une question de rencontres.
40:45Ali Abouawad a rencontré le cercle des parents endeuillés,
40:48les parents israéliens qui ont aussi été endeuillés,
40:50et le fait de voir sa douleur dans l'autre
40:53et de voir que c'est la même douleur,
40:55c'est ça qui l'a fait avancer.
40:57Plus on se radicalise, plus on a des gouvernements
40:59extrémistes des deux côtés, plus on se sépare
41:02et plus cette rencontre devient impossible,
41:04plus c'est difficile de répondre à cette question.
41:07Et les femmes, alors ? Pourquoi les guerrières ?
41:10Est-ce que les femmes peuvent l'amener plus vite, cette paix ?
41:13Sauront-elles, si elles avaient les manettes réconciliées ?
41:18Il y a deux choses.
41:20Nous, évidemment, on est convaincus
41:22que les femmes feront partie de la solution
41:25à ce conflit qui nous paraît aujourd'hui totalement éternel
41:29et dans une impasse comme jamais.
41:31D'abord, parce que, comme on l'a dit,
41:33la paix est une forme de pragmatisme.
41:35Et ce pragmatisme, c'est quelque chose
41:38qu'ont fondamentalement les femmes.
41:40Ce rapport au concret de la vie,
41:42ce sentiment de responsabilité sur la vie
41:44et peut-être cet instinct aussi de préserver la vie,
41:47c'est ce qu'y portent toutes ces militantes
41:50qui réussissent, parfois, je crois, sans les essentialiser
41:53et sans essentialiser les hommes,
41:55à du coup pouvoir se défaire des dogmes,
41:58des discours politiciens un peu décorrélés de la réalité
42:02pour être vraiment dans comment on va survivre,
42:05comment on va offrir un avenir à nos enfants,
42:08qu'il soit un avenir de dignité, de liberté, de sécurité.
42:11Et donc, quand on est dans ce pragmatisme,
42:14on ne peut qu'être, logiquement, pour la paix.
42:18Et par ailleurs, on parlait tout à l'heure
42:20de la place de l'intime, de l'humain,
42:22et c'est ça aussi, je crois, la force de ce film
42:25et la force de tous ces gens.
42:27Sur ce conflit, particulièrement,
42:29on est dans une déshumanisation extraordinaire
42:31de ces deux camps qu'on nous présente
42:35comme deux blocs monolithiques.
42:37Et donc, réhumaniser, replacer l'intime
42:40au coeur du politique, c'est aussi ce que savent faire les femmes.
42:43Et c'est une belle leçon de militantisme.
42:46Il y a le film, qui a été diffusé sur Public Sénat,
42:49qu'on peut retrouver sur le site de nos confrères,
42:52de Public Sénat, et puis il y a l'association
42:55qui, au fond, donne la parole aux premiers acteurs,
42:58aux militants de la paix, mais fait aussi tout un travail
43:01sur le débat public en France et en Europe,
43:04qui vise à l'apaiser, à sortir de cette hyperpolarisation,
43:08à essayer de comprendre pourquoi l'antisémitisme flambe aussi,
43:12en France en particulier.
43:13Les responsables politiques, vous les trouvez à la hauteur ?
43:17Est-ce qu'ils ont une part de responsabilité
43:19dans ces faces à face qu'on subit tous ?
43:21Moi, je ne peux pas vraiment parler de la politique française
43:25parce que je suis marocaine, je vis entre le Maroc et la France,
43:28et je suis moins touchée par ces questions-là
43:31qu'Anna, qui est beaucoup plus au coeur de ces choses-là.
43:34Mais ce que j'ai envie de dire, et je laisserai après Anna terminer,
43:37c'est qu'aujourd'hui, la force et la place des guerrières de la paix,
43:41c'est que sans les guerrières, il n'y aurait rien eu.
43:44C'est un énorme réconfort.
43:46Le succès des guerrières de la paix
43:48et le fait d'avoir de plus en plus d'engouement autour des guerrières,
43:51de soutien, montre qu'il y avait ce besoin-là,
43:54qu'il y a cette troisième voix de gens qui ont besoin
43:57d'écouter ces messages, d'entendre ces choses-là
44:00et qui se retrouvent dans ce que portent les guerrières,
44:03et finalement, se dire que quelques femmes, entre elles,
44:06ont réussi à créer tout ça et à être nommées pour le prix Nobel.
44:09C'est extraordinaire.
44:11Mais ça montre à quel point, finalement, le besoin est là.
44:14Vous deviez être extrêmement surprise.
44:17Mais quel honneur !
44:18Vous n'êtes pas encore prix Nobel toutes les deux,
44:20mais vous êtes sélectionnée, et c'est par le comité Nobel.
44:24Racontez-nous comment vous avez vécu.
44:26Vous êtes allée à Stockholm ?
44:27Pas encore. On a eu la cérémonie de nomination à Amsterdam
44:31et on était d'ailleurs avec nos sœurs,
44:33nos sœurs de lutte palestiniennes et israéliennes,
44:36Rima Al-Jajara, qui est dans notre film,
44:38et Yael Brahoudo, qui est de The Women of the Sun,
44:43et donc, effectivement, un immense honneur,
44:46mais vraiment, surtout, encore une fois,
44:49un sentiment très grand de responsabilité,
44:52de poursuivre nos combats,
44:54de s'engager encore, toujours, plus que jamais,
44:57de ne rien lâcher,
44:58et pour rebondir sur ce que disait Sonia,
45:02c'est vrai que, voilà, cette volonté, je crois,
45:04est largement partagée,
45:06bien que très peu représentée, sous-représentée, en tout cas,
45:09par beaucoup de nos concitoyens et de gens dans le monde entier
45:13qui étouffent dans ce contexte de polarisation,
45:16qui ne trouvent pas leur place,
45:17qui ont le sentiment d'asphyxier depuis des mois,
45:20et même des années, et je crois que pouvoir faire émerger
45:23cette troisième voix,
45:25ce troisième espace de mobilisation
45:27où on peut être ensemble, avec toutes nos identités,
45:30avec nos sensibilités, avec nos histoires,
45:32sans nous opposer les uns aux autres,
45:34c'est quelque chose dont on avait énormément besoin,
45:37et sur la responsabilité des politiques,
45:40ça veut tout et rien dire,
45:41il y a des gens qui, je crois,
45:43essayent de porter ces combats-là,
45:45d'autres qui jouent un rôle, à mon avis, catastrophique
45:48dans la manière dont le débat public se passe dans notre pays,
45:52mais il faut miser sur ceux qui sont responsables.
45:54Merci, vraiment, merci, et félicitations,
45:57on croise les doigts,
45:58une association française,
45:59prix Nobel de la paix,
46:01ça nous rendra tous très fiers.
46:03Merci à vous.
46:04Je rappelle, Résister pour la paix,
46:06c'est à voir sur la plateforme de nos confrères de public Sénat,
46:09et vous avez été primée hier soir, à l'Hôtel de la Saie,
46:12pour le trophée média du Club L, c'est bien ça ?
46:15C'est ça.
46:16Voilà, c'est mérité. Merci à vous.
46:18On va terminer avec nos chroniqueurs.
46:20C'est la question qui fâche.
46:28Générique
46:29...
46:32La question qui fâche au masculin,
46:34ce soir, avec Bertrand Perrier, bonsoir.
46:37Maître Bertrand Perrier,
46:39passé maître dans l'art de la parole
46:41et du visuel, ça va...
46:43C'est très important, ce soir, les images.
46:46Bonsoir, Louis Ostalter.
46:47Du Figaro, préparez vos arguments.
46:50Voici la question qui fâche, ce soir.
46:52Musique de tension
46:55C'est l'affiche qui suscite un tollé à gauche.
46:58Publié par un compte officiel de la France Insoumise,
47:01Olivier Faure et Marine Le Pen dos à dos
47:04pour avoir refusé de censurer François Bayrou sur le budget.
47:08Avec ce tacle, les nouvelles alliances...
47:11Le premier secrétaire du PS réclame des excuses,
47:15Mathilde Panot refuse.
47:16Je ferai des excuses à Olivier Faure
47:18pour avoir fait passer un budget aussi violent que celui-ci.
47:23L'Insoumise assure qu'il n'y a pas d'équivalence
47:25entre le PS et le RN,
47:29mais pointe une responsabilité commune.
47:31Pour avoir sauvé le gouvernement,
47:34un visuel supprimé une heure seulement après sa publication.
47:38À LFI, certains parlent d'un montage surinterprété,
47:41d'autres reconnaissent une erreur.
47:43Cette affiche n'aurait pas dû être publiée,
47:46donc on l'assume pas.
47:47C'est dit, c'est clair.
47:49On assume ni sur le fond ni sur la forme.
47:52Pas de quoi convaincre pour autant les socialistes.
47:55Ils sont en colère.
47:56C'est une faute politique.
47:58On ne peut pas mettre dos à dos
48:01l'extrême droite et notre formation politique.
48:04Je serai de ceux qui regrettent,
48:06qui appellent les Insoumis à se ressaisir,
48:09qui leur disent que s'ils veulent appartenir au camp de la gauche,
48:12il faut arrêter avec ces méthodes.
48:14Micro coupé, caméras éteintes, les mots sont encore plus durs.
48:18Ce sont des méthodes staliniennes et dégueulasses.
48:21Les Insoumis se comportent comme des collégiens harceleurs.
48:25Alors, LFI et l'EPS sont-ils irréconciliables ?
48:28Ce visuel des Insoumis, est-ce la provocation de trop ?
48:33Réponse, Bertrand Perrier.
48:35En rhétorique, on appelle ça un sophisme par assimilation.
48:39C'est-à-dire qu'on trouve un point commun entre deux personnes,
48:42dont l'une est généralement détestée,
48:46et on considère que, de ce point commun,
48:49découle une assimilation totale.
48:52Et donc, parce que l'EPS et l'ERN n'ont pas voté la censure,
48:56ce qui est le point commun, on les assimile l'un à l'autre,
49:00et donc la détestation, généralement prêtée au RN,
49:03par capillarité s'étend au Parti socialiste.
49:07Et donc, c'est vraiment une malhonnêteté intellectuelle,
49:10puisque, par ailleurs, le même comportement,
49:13à savoir le non-vote de la censure, peut avoir plusieurs causes.
49:16Les motifs qui ont conduit les députés PS
49:19à ne pas voter la censure sont différents
49:21des motifs qui ont conduit les députés RN à faire de même.
49:24Donc, on prête au même comportement
49:27des motivations identiques, ce qui n'est pas le cas.
49:30Donc, on a vraiment là un magnifique sophisme
49:32par assimilation et donc par déshonneur par association,
49:36c'est-à-dire que le déshonneur de l'un rejaillit sur l'autre.
49:40Voilà pour le procédé,
49:41voilà pour l'arme visuelle des Insoumis.
49:44La hache de guerre est déterrée, c'est très violent,
49:47ce qu'ils ont subi.
49:48Mais, en fait, ça s'inscrit dans l'histoire de la gauche.
49:51Il y a toujours eu, même quand la gauche a gagné,
49:54quand Mitterrand a gagné en 80, il y avait un candidat communiste,
49:57quand François Hollande a gagné en 2012,
50:00il y avait Jean-Luc Mélenchon.
50:01La gauche unie, c'est pas un mythe d'élection présidentielle,
50:05c'est un mythe qui sert très profond, très présent
50:07dans l'imaginaire des sympathisants de gauche,
50:10mais qui sert à des élections législatives, municipales.
50:13C'est dans la course à la présidentielle.
50:15Jean-Luc Mélenchon, on a bien compris qu'il était candidat,
50:19on a compris aussi qu'aux partis socialistes,
50:21certains, comme François Hollande, s'agitent
50:24pour reprendre le drapeau à terre et aller le porter.
50:27On est dans cette logique-là.
50:28C'est pour ça que l'antagonisme va continuer jusqu'à...
50:31-...jusqu'à 2020.
50:33-...même si certains reconnaissent une erreur.
50:35C'est une affiche outrancière
50:38qui a été photoshoppée dans les ordinateurs des Insoumis,
50:41qui adorent faire ça, qui adorent produire des visuels
50:44et des vidéos sur les réseaux sociaux,
50:46qui vise à tout conflictualiser,
50:48parce que c'est la stratégie de Jean-Luc Mélenchon,
50:51de conflictualiser avec le gouvernement,
50:53avec le Rassemblement national,
50:55mais aussi avec ses propres partenaires.
50:57Donc, le NFP, là, c'est terminé.
50:59Il n'y a qu'une seule chose qui pourrait réconcilier
51:02ces deux gauches, c'est une nouvelle dissolution.
51:04Souvenez-vous, l'été dernier, Emmanuel Macron,
51:07quand il a dissout l'Assemblée, ne s'attendait pas
51:10à ce que cette gauche, qui s'était déjà
51:12énormément divisée sur fond de conflits à Gaza,
51:15de guerres au Proche-Orient, les noms d'oiseaux échangés
51:18l'an dernier avaient été violents, la gauche était reformée
51:21en 48 heures, parce qu'il y avait un intérêt électoral immédiat.
51:24C'est le mode scrutin qui fait l'unité.
51:27Le mode scrutin présidentiel n'est pas celui des législatives
51:30ou des municipales, il pousse déjà à la personnalisation
51:33et à l'antagonisme, donc il faut se mettre derrière une personne,
51:37il faut que cette personne cristallise le vote
51:39utile. C'est ce que Jean-Luc Mélenchon a fait en 2022,
51:42s'il fait ses 20 % de la présidentielle.
51:44Même pour des gens qui n'appréciaient pas ça,
51:47mais qui sont des gens de gauche, il est devenu le vote de gauche
51:50crédible, là où Anne Hidalgo a terminé à moins de 2 %,
51:53c'est cette nouvelle course qui est à l'oeuvre.
51:56Ces deux-là ne feront pas liste commune au présidentiel,
51:59il y aura deux candidats, Jean-Luc Mélenchon
52:02et peut-être un candidat uni de la gauche,
52:04on ne sait pas, des communistes aux socialistes.
52:07Ca, on peut se dire qu'ils n'iront pas ensemble,
52:10et pourtant, ils essayent de ne pas porter le chapeau du divorce.
52:14C'est frappant de voir à quel point Jean-Luc Mélenchon dit
52:17qu'on n'exclut personne, qu'ils se sont exclus d'eux-mêmes.
52:21Est-ce que ça compte, ça, vraiment ?
52:23Oui, évidemment, c'est qui a tiré le premier,
52:26qui porte la responsabilité et qui doit justifier
52:30son comportement, mais si on revient un peu sur l'affiche,
52:34on n'a pas évoqué le troisième personnage de l'affiche.
52:37Derrière l'EPS et Marine Le Pen,
52:40il y a Emmanuel Macron,
52:42et là, on a un deuxième sophisme par assimilation,
52:45parce qu'en réalité, le budget, c'est celui de François Bayrou.
52:48On va mettre Emmanuel Macron,
52:50parce que comme il est encore plus détesté que François Bayrou,
52:54eh bien la détestation d'Emmanuel Macron
52:57va, par capillarité, s'étendre à François Bayrou
53:01et à ce budget, et on a, de surcroît,
53:03ce Emmanuel Macron très rouge,
53:06avec un graphisme très particulier,
53:08dans l'ombre, un peu comme une sorte de manipulateur...
53:11C'est ça, qui tirerait les ficelles.
53:13Qui tirerait les ficelles et serait un marionnettiste occulte
53:17de la scène, et donc, on lui prête aussi,
53:20peut-être plus que ce qu'il joue comme rôle,
53:23mais là encore, on assimile...
53:25On retrouve aussi tous les stigmates.
53:28C'est le même consété rhétorique deux fois,
53:31à la fois dans le rapprochement PS-RN
53:33et dans le rapprochement Macron-Bayrou.
53:35Il y a toutes ces petites références,
53:37un peu conspirationnistes, dans cette affiche.
53:40On voit bien, le graphisme est aussi un graphisme très ancien,
53:43qui rappelle des heures qu'on n'aimerait pas trop revoir.
53:46Pour revenir à la politique, Olivier Faure disait
53:49qu'il n'avait pas parlé à Jean-Luc Mélenchon
53:52depuis bien longtemps.
53:53Qu'est-ce que ça va avoir comme conséquence,
53:55dans la campagne qui s'ouvre ?
53:57Alors, déjà, le gouvernement échappe à la censure,
54:00mais l'attitude du PS reste sur la ligne de crête.
54:03Ils ont déposé une motion de censure morale,
54:05entre guillemets, pour protester contre les propos
54:08de François Bayrou sur l'immigration.
54:10Donc, quelque part, c'est pour se donner bonne conscience.
54:13Après, la non-censure du budget, c'est la prochaine étape.
54:16Et puis, ensuite, à mon avis,
54:18peut-être l'un des prochains points de division,
54:21ou de ralliement, d'ailleurs,
54:22sera l'atterrissage de la concertation
54:24sur les retraites.
54:26C'est ça, la concession la plus visible
54:28qui a été faite au PS.
54:29Le résultat sera en mai-juin.
54:31C'est un moyen de François Bayrou, aussi, pour gagner du temps,
54:34si ça débouche sur quelque chose de concret.
54:36Par exemple, l'abaissement d'un an de l'âge de départ à la retraite.
54:40Je dis n'importe quoi,
54:41mais c'est l'espoir de certains aux partis socialistes.
54:44Ca va assez loin, mais c'est leur espoir.
54:46Là, le PS pourra dire à ses électeurs et à la France insoumise,
54:50on a eu raison de négocier,
54:51nous obtenons quelque chose de concret
54:53pour les électeurs de gauche, là où les insoumis,
54:56au-delà du bruit et de la fureur, n'obtiennent rien de concret.
55:00A l'inverse, ils n'obtiendront rien.
55:02Les insoumis leur diront que ça ne servait à rien
55:05et les socialistes en seront peut-être réduits
55:07à revenir tout peinot et, cette fois, à voter la censure.
55:10Ca, c'est les prochaines étapes à scruter.
55:13Ensuite, c'est une éventuelle dissolution, évidemment,
55:16qui reformerait sans doute un cartel électoral.
55:18Vous y croyez ?
55:19Je pense que l'idée, en tout cas,
55:21est très profondément instillée dans le personnel politique,
55:25notamment au RN.
55:26C'est couché dans le calendrier.
55:28Marine Le Pen, le jour où elle se joint
55:30à une motion de censure et qu'elle fait tomber le gouvernement,
55:33c'est pour provoquer une dissolution.
55:36Ce sera pour cette raison-là, pas pour des raisons de fond,
55:39de texte, de parlementaire,
55:40ce sera d'abord, avant tout, pour des raisons de stratégie électorale.
55:44Et puis, si la toile de fond, on l'a dit,
55:46c'est l'élection présidentielle.
55:48Là, deux candidats au moins avancent en côte à côte.
55:51Jean-Luc Mélenchon, on l'a bien compris,
55:53et les socialistes aussi.
55:55C'est ce que théorise François Hollande.
55:57Puisque Mélenchon est candidat à la présidentielle
56:00et que personne ne l'empêchera,
56:02il faut développer une offre politique, sociale, démocrate,
56:05qui pourrait récupérer une partie des électeurs macronistes.
56:08Ceux de la gauche qui ont voté pour Emmanuel Macron.
56:11On comprend le soulagement de François Bayrou,
56:14parce que je pense qu'en réalité, la prochaine fenêtre de tir,
56:17c'est pas la motion de censure qui va être déposée
56:20par le PS qui, n'ayant pas voulu une motion 49.3,
56:23va déposer une motion 49.2,
56:24c'est-à-dire isoler, peut-être sur la politique migratoire,
56:27qui n'a pas beaucoup de chance.
56:29Il a gagné une respiration de plusieurs mois,
56:31parce que le prochain moment possible,
56:34c'est l'issue de la concertation sur les retraites,
56:36avec, dans le calendrier qu'on évoque,
56:39un élément perturbateur, c'est le 31 mars,
56:41le jugement du tribunal correctionnel de Paris
56:44sur la culpabilité de Marine Le Pen,
56:46avec la menace d'une exécution provisoire
56:48d'une inéligibilité qui pourrait rebattre les cartes.
56:51Vous y croyez, vous, franchement ?
56:53A son inéligibilité, vous l'avocat, à la cour de cassation ?
56:56A son inéligibilité, absolument,
56:58elle me paraît tout à fait inévitable.
57:00Et son caractère exécutoire ?
57:02Je suis assez hésitant.
57:04Le principe est que les voies de recours
57:06sont suspensives et que l'exécution provisoire
57:10est une exception, mais dans la pratique des tribunaux,
57:13on s'aperçoit qu'elle est extraordinairement
57:16souvent ordonnée, et que l'exception devient la règle.
57:20Je crois qu'on ne peut pas du tout l'exclure.
57:23Ce serait un coup de tonnerre politique considérable.
57:26Est-ce que trois magistrats vont prendre ce risque-là ?
57:29Je ne le sais pas, mais il est vrai que,
57:31dans la pratique, ce qui devrait être exceptionnel,
57:34c'est l'exécution provisoire, est plus fréquent qu'on ne le croit.
57:37Très bien, c'est un parti pris, on verra ça très vite.
57:40D'un mot, Louis Hosselter, Olivier Faure,
57:43gagne son pari, marque des points.
57:45Ca peut marcher, cette émancipation ?
57:47En plus, là, il tient la ligne malgré le bombardement des Insoumis.
57:51Oui, parce que je crois qu'il a plutôt obtenu
57:54des choses qui se voient,
57:55notamment la concertation sur les retraites,
57:58et qu'il arrive à rendre visible le fait de se détacher
58:01des Insoumis qui, eux-mêmes, se décrédibilisent.
58:04Je pense que, pour l'instant, il en récolte quelques fruits.
58:07On va surveiller les sondages, les intentions de vote.
58:10On sent que la présidentielle est dans toutes les têtes.
58:13Merci beaucoup.
58:14Messieurs, je signale à nos téléspectateurs
58:17qu'après notre débat, la proposition de loi
58:19qui réforme le droit du sol dans l'archipel
58:21a été adoptée très largement.
58:23162 voix pour, 93 contre.
58:27Place à votre soirée documentaire.
58:29Très belle soirée. A demain.
58:30SOUS-TITRAGE ST' 501