Focus sur une tendance qui prend de l'ampleur : le marché du sans alcool. Vin, spiritueux, champagne ou cocktail ont désormais leur version sans, ou avec peu d'alcool. Qui sont ces consommateurs adeptes de la sobriété ? Se tournent-ils vers ces boissons uniquement pour des raisons de santé ? Réponses avec Sylvain Dadé, fondateur de Sowine.
Aujourd'hui tous les acteurs s'engouffrent sur ce marché. Y compris les grandes marques. Nous sommes allés à la rencontre de French Bloom, lancé par Constance Jablonski et Maggie Frerejean-Taittinger. Ainsi que de la cuvée Prince Oscar initiée par Coralie de Boüard, héritière du Château Angelus. Ces derniers ne contiennent pas une goutte d'alcool!
Enfin, elle a eu raison avant que le dry january ne soit à la mode. Aujourd'hui elle est le leader premium du marché du vin sans alcool en France et cartonne dans 65 pays. Mathilde Boulachin, fondatrice de la maison Chavin nous raconte son irrésistible ascension. Année de Production :
Aujourd'hui tous les acteurs s'engouffrent sur ce marché. Y compris les grandes marques. Nous sommes allés à la rencontre de French Bloom, lancé par Constance Jablonski et Maggie Frerejean-Taittinger. Ainsi que de la cuvée Prince Oscar initiée par Coralie de Boüard, héritière du Château Angelus. Ces derniers ne contiennent pas une goutte d'alcool!
Enfin, elle a eu raison avant que le dry january ne soit à la mode. Aujourd'hui elle est le leader premium du marché du vin sans alcool en France et cartonne dans 65 pays. Mathilde Boulachin, fondatrice de la maison Chavin nous raconte son irrésistible ascension. Année de Production :
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00:00Pourvu que ça dure, avec Bureau Veritas, leader des services d'essai, d'inspection et de certification qui aident ses clients à relever les défis de qualité, de santé, de sécurité et de durabilité.
00:10Bureau Veritas. Bâtir un monde de confiance.
00:13Générique
00:41Bonjour, nouveau numéro de Pourvu que ça dure, l'émission qui rend l'éco-responsable sur Public Sénat.
00:46Aujourd'hui, on vous parle d'une tendance qui prend de l'ampleur depuis maintenant quelques années, le marché des boissons désalcoolisées, qu'on appelle aussi le No-Law.
00:54Vins, spiritueux, champagne ou encore cocktail ont désormais leur version sans ou avec peu d'alcool.
00:59Des boissons qui font un carton, notamment chez les jeunes et qui semblent profiter de l'inexorable baisse de la consommation d'alcool.
01:05Alors, qui sont ces consommateurs adeptes de la sobriété ? Se tournent-ils vers ces boissons uniquement pour des raisons de santé ?
01:11Réponse dans quelques instants.
01:13Et puis, c'est une femme qui a eu raison avant tout le monde et avant que le No-Law ne soit la mode.
01:17Aujourd'hui, c'est le leader du marché du vin sans alcool en France.
01:20Mathilde Boulachin, fondatrice de la Maison Chavin, sera notre invitée en fin d'émission.
01:27Le dry January vient de s'achever et pour autant, l'engouement ne retombe pas.
01:31Alors, comment expliquer le succès des boissons désalcoolisées ? Réponse avec vous, Sylvain Dadé. Bonjour.
01:35Bonjour, David.
01:36Vous êtes le cofondateur de So Wine.
01:38Déjà, il faut expliquer pour le commun des mortels, dont je fais partie, ce qu'est le No-Law.
01:42C'est boissons désalcoolisées, boissons sans alcool.
01:45Un soda, c'est une boisson sans alcool, mais ce n'est pas le sujet.
01:48Oui, non, ce n'est pas le sujet.
01:49En fait, quand on parle de boissons sans alcool, en l'occurrence, c'est peut-être un abus de langage.
01:54On parle de boissons désalcoolisées, donc à teneur réduite en alcool ou sans alcool du fait de la désalcoolisation, du fait d'enlever de l'alcool dans le produit.
02:03Donc, toutes les boissons sont concernées potentiellement, le vin, le champagne, les spiritueux, les cocktails.
02:09Oui, absolument.
02:10En fait, c'est une catégorie qui est très dynamique depuis déjà un certain temps, parce que la bière sans alcool, tout le monde connaît.
02:16Donc, ça, c'est une catégorie sans alcool qui est bien connue, mais qui a s'émet sur d'autres catégories.
02:22Donc, toutes les catégories de boissons alcoolisées aujourd'hui ont un alter ego sans alcool.
02:26On peut dire que l'alcool est moins tendance.
02:28Il y a vraiment un changement des mentalités.
02:30On est documenté là-dessus ?
02:32Oui, c'est un phénomène mondial, en fait, où globalement, on boit moins d'alcool.
02:36Et donc, c'est vrai aussi en France.
02:39On a globalement une tendance vers la modération, donc boire un peu moins d'alcool, compensé par le fait que globalement, on boit moins, mais mieux.
02:49Donc, les Français, en général, ont tendance à mettre un peu plus d'argent dans les boissons alcoolisées qu'ils consomment.
02:55Et pourquoi, alors, les Français se détournent comme ça de l'alcool ?
02:58C'est pour à la fois consommer mieux, mais c'est aussi pour des raisons de santé publique, d'hygiène de vie ou de vouloir aussi monter en gamme et avoir des meilleurs produits gustatifs ?
03:08Le premier motif avancé par les Français, c'est le fait de réduire sa consommation d'alcool pour des raisons de santé et pour, du coup, faire attention à sa ligne.
03:20Enfin, voilà, sur des aspects, en fait, qui sont liés potentiellement aux calories qu'on peut trouver dans le vin, notamment.
03:27Alors, cet engouement pour le « no low », pour les boissons désalcoolisées.
03:30D'ailleurs, « no low », c'est de l'anglais « no alcohol ». « Low alcohol », ça veut dire pas d'alcool ou peu d'alcool.
03:34C'est ça, exactement.
03:35Maintenant, on dit le « no low ».
03:36Oui, c'est ça.
03:37Ça avait tendance de le dire comme ça.
03:38Vous l'avez vu monter, il y a quoi ? Quatre, cinq ans, cette tendance pour le « no low ».
03:43Que nous disent les chiffres les plus récents sur 2024-2025 ?
03:47En fait, on a une étude qu'on mène chaque année, qui s'appelle le Baromètre So Wine, qui fait en fait l'étude des attentes des Français généralement vis-à-vis des boissons alcoolisées.
03:55Et on a introduit la question des « no low » il y a quatre ou cinq ans.
03:58Et en fait, ce qu'on a relevé, c'est que pendant quatre, cinq ans, il y avait un effet plateau autour de 28-29 % des Français qui se déclaraient consommateurs de boissons « no low ».
04:08Et là, pour 2025, on voit en fait une augmentation de plus de quatre points.
04:12C'est un bond, ça.
04:13C'est notable, à 32 %.
04:15Et comment on explique d'ailleurs ce rebond ?
04:17C'est porté par les jeunes, en fait, qui se déclarent de plus en plus consommateurs de boissons « no low ».
04:23On a dans la catégorie 18-25 ans, 50 %, donc une personne, ceux deux, qui se déclarent consommateurs de boissons « no low ».
04:30Donc, ce sont essentiellement les jeunes, mais pas seulement, qui portent cette tendance du « no low ».
04:35Ils ont cette envie d'être plus raisonnables que leurs aînés ?
04:39C'est ça.
04:41C'est pas forcément cool, en fait, pour la jeune génération de boire de l'alcool.
04:45Et en tout cas, quand ils le font, en tout cas, c'est les chiffres qui nous le montrent, ils le font avec raison.
04:51Encore une fois, contre les idées reçues.
04:53Parfois, en fait, avec cette idée de mettre un peu plus d'argent dans les boissons alcoolisées qu'ils vont vouloir consommer, pour en boire moins, mais mieux.
05:00On trouve aussi des gens qui, peut-être, ne peuvent pas boire d'alcool.
05:04On pense aux femmes enceintes, aux sportifs.
05:06Ou on pense, au contraire, à des gens qui sont amateurs d'alcool, mais qui ont décidé, de temps en temps, d'être un peu plus sobres.
05:11Oui, c'est ça.
05:12On parle de flexi...
05:13C'est assez hétéroclite.
05:14C'est assez hétéroclite.
05:15On a, du coup, en fait...
05:16Flexi, je vous ai coupé, c'est flexi quoi ?
05:18Flexi buveur.
05:19Un flexi buveur, c'est quoi ?
05:20Ça veut dire des gens qui sont, en fait, consommateurs de boissons alcoolisées, mais qui choisissent, par souci de modération, de boire moins d'alcool et de se tourner, du coup, vers les boissons à teneur réduite en alcool ou boissons sans alcool.
05:30Puis après, on a une part, du coup, d'abstinents.
05:32Enfin, on a une part qui progresse de consommateurs, en fait, qui, simplement, ne boivent pas d'alcool pour des raisons religieuses, pour des raisons, du coup, personnelles, de santé.
05:43Et voilà.
05:44Après, peut-être que le fait qu'il y ait plus d'offres aujourd'hui, c'est toujours pareil, la poule, l'oeuf qui tire entre l'offre et la demande à un marché.
05:53Le fait que, jusqu'à présent, ces boissons désalcoolisées, on les trouvait essentiellement chez les cavistes, dans les bars.
05:59Aujourd'hui, on les trouve dans les rayons de la grande distribution.
06:01Ça aide aussi à faire décoller le marché ?
06:03Oui, absolument, parce qu'en fait, on sait pertinemment qu'une grosse partie des achats vins et spirituels, en fait, se font en grande surface, dans les supermarchés, les hypermarchés.
06:11Et le fait que cette catégorie, en fait, émerge, se structure dans les rayons de grandes surfaces, ça participe, en fait, à...
06:18Une forme de démocratisation.
06:20Une forme de démocratisation, à l'achat, au réachat.
06:22Et aujourd'hui, en termes de choix, on trouve de tout en matière de boissons désalcoolisées.
06:27On a, d'ailleurs, un peu comme pour les boissons alcoolisées aussi, il y a des prix abordables, des belles bouteilles, il y a des bouteilles plus prestigieuses.
06:34Il y en a un petit peu aussi, c'est segmenté, il y en a pour tous les porte-monnaies ?
06:38Il y en a pour tous les porte-monnaies.
06:39C'est quelque chose d'assez intéressant.
06:41C'est-à-dire qu'on a vraiment le même pendant en termes d'offres dans les produits désalcoolisés que dans les produits alcoolisés en termes de prix.
06:48Donc, c'est exactement ce que vous disiez.
06:49Vous dites sur la partie belles bouteilles ou des bouteilles vraiment très accessibles, les prix, ça commence à 3-4 euros sur des vins sans alcool.
06:57Donc, c'est relativement démocratique en termes de positionnement prix.
07:01La boisson qui cartonne le plus, désalcoolisée, vous l'avez dit, c'est la bière.
07:04Mais en dehors de la bière, ce qui monte en puissance aujourd'hui ?
07:06Ce qui monte en puissance, les catégories qui ont la plus de croissance, c'est les cocktails sans alcool.
07:11Les mocktails.
07:12Les mocktails.
07:13Et le vin sans alcool, qui progresse de 7 points de cette année.
07:16Bon.
07:17Et face à cette demande qui explose, on voit que l'offre aussi est en train de s'aligner.
07:22D'abord par le haut.
07:23Je pense à Pernod Ricard qui propose ses classiques en version sans alcool, voire même des groupes de luxe comme LVMH qui se lancent avec French Bloom.
07:32On peut dire que c'est une espèce de nouvel Eldorado ou c'est excessif de dire comme ça, ces boissons désalcoolisées ?
07:39Il y a clairement une demande et elle est amenée à perdurer.
07:43Donc, c'est assez logique que les acteurs, et notamment les acteurs en importance que vous citez, s'interrogent à cette catégorie-là.
07:49Je trouve qu'il ne faut pas forcément le voir comme le nouvel Eldorado.
07:51Parce qu'en fait, on reste, en tout cas sur certaines catégories de boissons alcoolisées, sur une dimension émergente.
07:58Notamment le vin qui est le produit le moins connu encore.
08:02Donc, il y a des marges de progression et je pense que les investissements de ces gros acteurs vont participer là aussi à construire la catégorie,
08:09à faire en sorte qu'il y ait un peu plus de consommateurs demain.
08:12Chez So1, vous êtes, j'aurais pu commencer par ça, passionné, on imagine, de vin et de spiritueux.
08:17Justement, comment vous voulez trouver ces boissons sans alcool ou avec peu d'alcool, désalcoolisées, gustativement, sensoriellement ?
08:24Est-ce qu'on s'y retrouve ou est-ce que c'est une nouvelle expérience ?
08:27Alors, chacun a son propre palais, son propre perception des produits.
08:34Moi, j'ai dégusté par exemple des spiritueux sans alcool, que j'ai trouvé très réussis, notamment dans l'univers de gin.
08:40Alors, on parle de gin sans alcool, c'est un abus de langage, mais il y a des choses vraiment très intéressantes.
08:45J'ai goûté par exemple un produit qui s'appelle Atopia ou Juniper, qui ont vraiment en sensation, à la dégustation,
08:51quelque chose qui se rapproche vraiment très fortement du gin.
08:54Donc, j'ai trouvé ça vraiment très intéressant.
08:56Et s'agissant du vin, je pense qu'il y a encore des marges de progression.
09:01On peut déguster des choses assez intéressantes, mais pour le moment, ça reste quelque chose qui parfois, qualitativement, est un peu compliqué.
09:09Après, il faut parler aussi, j'aurais dû en parler avant, du processus de désalcoolisation des vins ou même des boissons en général qui sont alcoolisées,
09:17qui est gourmand en énergie. C'est un sujet qui nous intéresse dans le pourvu que c'est dur.
09:20On dit que le bilan carbone, il n'est pas top. C'est vrai, ça ?
09:24Je pense qu'encore une fois, s'agissant des vins en particulier, un petit peu au début des grandes manœuvres,
09:32d'investissements en recherche et développement qui vont encore se poursuivre.
09:36Je pense qu'une des composantes du bilan carbone, c'est s'il faut envoyer loin ces vins pour les faire désalcooliser, les faire revenir.
09:42Donc ça, évidemment, c'est gourmand en termes de bilan carbone.
09:47Mais je pense que les acteurs, en fait, investissent sur le sujet pour que ça progresse et que, finalement, le bilan carbone ne soit pas si négatif que ça.
09:55Quelles sont les perspectives, on finit là-dessus, dans les années à venir pour les boissons désalcoolisées ?
10:00Est-ce que l'engouement va perdurer ? Est-ce que peut-être que les gens vont se lasser ou pas ? Je ne sais pas.
10:05Est-ce que c'est un effet de mode ou est-ce qu'il y a une vraie tendance de fond ?
10:08Je ne crois pas du tout à l'effet de mode. Je pense que c'est vraiment une tendance de fond.
10:11Je pense que, déjà, on voit les éléments chiffrés de ces dernières années qui attestent de cette dynamique.
10:17Il y a des marges de précaution qui sont encore importantes. Sur certaines catégories, on est encore sur des logiques de marché de niche qui démarrent.
10:22Mais je pense que, fondamentalement, il y a une partie des consommateurs, en fait, qui sont demain appelés à consommer encore un peu plus de boissons sans alcool ou de boissons désalcoolisées.
10:32Allez, merci pour cette explication avec vous, Sylvain Nadey, cofondateur de So Wine. Merci.
10:36Avec plaisir. Merci, David.
10:37Alors, on l'a dit, beaucoup d'acteurs se lancent sur ce marché, florissant, y compris les grands domaines.
10:42Illustration avec Coralie de Bois, héritière du Château Angélus et sa cuvée Prince Oscar, qui ne contient pas une seule goutte d'alcool. Manuel Lagre.
10:50Chaque année, 250 milliards de litres de boissons alcoolisées sont consommées à travers le monde.
10:56Mais les habitudes changent. Santé, bien-être ou simple envie de trinquer sans lendemain difficile, la consommation d'alcool recule.
11:04En France, par exemple, les ventes de vin ont chuté de 7% en 2024, alors que les boissons sans alcool ont vu les ventes progresser de 15% en seulement un an.
11:16Et certains investisseurs ont décidé de surfer sur cette nouvelle tendance, comme ici, dans cette cave entièrement dédiée aux boissons sans alcool.
11:27Aujourd'hui, Baptiste Sauzade, directeur général de French Bloom, présente à Augustin, le propriétaire de la cave, son nouveau vin effervescent, désalcoolisé.
11:39Là, on va être sur le haut de gamme de toute la gamme French Bloom. On a pris une approche qui est totalement différente en termes de vinification, d'élevage.
11:49Cette marque cartonne. En 2024, Baptiste a écoulé près de 500 000 bouteilles.
11:55La première impression, c'est que c'est vraiment délicieux. Personnellement, je recherche vraiment les boissons qui sont les moins sucrées possibles. Et là, ça rentre vraiment dans cette case.
12:0380% de notre clientèle est une clientèle qu'on appelle aujourd'hui, en tout cas, je pense en général, les flexi drinkers.
12:09Les flexi drinkers, c'est des personnes qui vont boire en semaine, en général, mais qui vont tendre à réduire leur consommation.
12:15On est dans un monde où la santé devient un luxe. On cherche à boire et à consommer en général des alternatives qui sont moins sucrées, qui sont moins caloriques.
12:26On cherche à boire moins, mais mieux. Et c'est vrai dans l'alcool, mais c'est aussi vrai dans le sang à l'alcool.
12:31Objectif pour Baptiste, vendre 3 millions de bouteilles à horizon 2028. Champagne, bière, spiritueux.
12:40Aujourd'hui, toutes ces boissons existent en version sans alcool. Et pour découvrir l'un des pionniers du vin désalcoolisé, direction le cœur de la montagne Saint-Émilion.
12:50Mais tu l'as déjà branché. Ah non, non, il n'est pas branché.
12:54Même robe que les grands crus, même caractère, même capacité à tâcher vos vêtements. Sauf que ce vin, vous pouvez le consommer sans modération.
13:03Aromatiquement, il est incroyable à la désalcoolisation. Ça va être génial.
13:09Coralie a eu du flair. En 2019, elle se lance dans le vin désalcoolisé. Et en 2021, l'équipe de foot du Paris Saint-Germain lui passe commande.
13:19Un succès qui ne fait pas l'unanimité parmi ses voisins vignerons.
13:23Il faut savoir qu'être précurseur dans ce domaine-là, ça ne nous amène pas toujours les meilleurs amis dans le secteur viticole, parce qu'on a fait peur à beaucoup de monde.
13:31Bordeaux, c'est une région pleine de traditions et on a un petit peu de mal à sortir des traditions.
13:37Mais aujourd'hui, on se rend compte qu'économiquement, ça peut être salvateur pour le milieu viticole.
13:41Les ventes ne font qu'augmenter. En 2021, Coralie écoule 15 000 bouteilles de vin sans alcool, puis 35 000 l'année suivante et enfin 85 000 en 2024.
13:52Le consommateur se démocratise. Il n'a plus peur d'assumer le fait de boire autre chose que de l'alcool.
13:59À peu près 32 % de la population française consomme déjà du désalcoolisé et dans ces 32 %, c'est 45 % de jeunes.
14:07Donc les jeunes ont pris conscience qu'on avait une santé, qu'il fallait la préserver.
14:14Ce marché est en pleine expansion, mais pas forcément rentable, car aujourd'hui, produire ce vin désalcoolisé coûte plus cher et il est vendu à un prix inférieur à celui des vins traditionnels pour séduire une nouvelle clientèle.
14:27Mais Coralie investit sur l'avenir et compte même élargir sa gamme avec un vin pétillant sans alcool.
14:38Allez, on continue à parler de ce marché du vin sans ou avec très peu d'alcool, avec une autre femme très engagée et passionnée, Mathilde Boulachin. Bonjour.
14:46Bonjour David.
14:47Merci d'être avec nous sur Public Signal. Vous êtes cofondatrice et dirigeante de la Maison Chavin, leader premium du marché du vin sans alcool.
14:53Il faut parler de votre histoire parce que vous avez eu raison finalement un petit peu avant tout le monde et avant que soit lancée d'ailleurs la mode du Dry January.
15:00Tout commence en 2010. Vous venez à l'époque de lancer un négoce de vin avec alcool.
15:05Et là, vous tombez enceinte. Mais pour vous, pas question de se passer de ces petits plaisirs.
15:10Et donc, à l'époque, il n'y avait pas beaucoup d'alternatives de qualité. C'est assez limité.
15:14Et donc, vous décidez d'y remédier, de proposer des produits de qualité à celles et ceux qui ne peuvent pas boire d'alcool.
15:20C'est comme ça que ça a commencé ?
15:21C'est exactement. C'est toute l'histoire. Vous la racontez très bien. Alors, je suis champenoise d'origine, à préciser.
15:27C'est important. Le détail a son importance.
15:29C'est ça. Et pour moi, cette période devait s'accompagner de bulles, de festivités.
15:34Rester au perrier tranche et au cola, ce n'était pas possible.
15:38Donc, tout est né à ce moment-là. Sauf que vous êtes une femme dans un milieu d'hommes.
15:45Et puis, vous avez cette proposition complètement à contre-courant, hérétique, diront certains.
15:50Quel sacrilège ! Désalcooliser le vin, pour un amateur de vin, c'est non.
15:55Pour un amateur de vin, c'est non, effectivement. Mais moi, je l'ai vue comme une extension naturelle au vin.
16:01À savoir, dans tout milieu un petit peu festif, vous avez besoin d'une proposition qui soit sophistiquée, complexe,
16:09et pour autant qu'il ne soit pas du soda.
16:11Voilà. La question qu'on se pose, évidemment, c'est comment ça se fabrique du vin sans alcool.
16:16On précise évidemment que ce n'est pas du jus de raisin.
16:18En fait, c'est un vin qui est fermenté, qu'on va ensuite désalcooliser, dont on va retirer l'alcool.
16:22Tout à fait. Donc, une fermentation tout à fait normale, comme un vin, de l'élevage.
16:26La sélection de cépages aussi, des cépages que l'on sélectionne d'une manière…
16:30On va chercher l'aromatique et ensuite, on désalcoolise, distillation sous vide, puis embouteillage.
16:38D'ailleurs, il y a plusieurs méthodes pour le faire.
16:40On a vu dans un reportage avec Coralie Deboire, sa façon de désalcooliser le vin.
16:46Donc, vous, c'est quoi ? C'est la distillation sous vide ?
16:48La distillation sous vide à basse température.
16:50C'est-à-dire qu'on prend un vin, on retire l'éthanol, on conserve la partie aromatique.
16:56Et l'idée générale, c'est qu'un sauvignon blanc, à la fin du processus de fabrication, sente comme le sauvignon blanc.
17:03Donc, on capture les arômes intrinsèques au sauvignon blanc, par exemple.
17:07Ça sent, mais est-ce qu'on a le plaisir gustatif identique ?
17:10Alors, vous n'avez pas l'éthanol, l'éthanol exhausteur de goût.
17:14Donc, effectivement, vous qui buvez de l'alcool, vous n'allez pas avoir cette même perception gustative.
17:23En revanche, il n'en demeure pas moins que ça reste une expérience tout à fait élaborée.
17:29Et on a nos vins sans alcool.
17:31Excusez-moi, c'est un abus de langage.
17:33Nos vins désalcoolisés qui sont présents sur les tables, les étoilés, en passant par des endroits très prestigieux.
17:41On a quelque part un petit peu les bienfaits du vin sans en avoir les inconvénients, quelque part.
17:47C'est-à-dire qu'on peut profiter des polyphénols.
17:49Vous m'expliquerez pourquoi c'est important.
17:51Mais sans l'éthanol, pour moi qui suis migraineux, c'est mieux.
17:55Exactement. Donc, les bienfaits, vitamines, resveratrol, polyphénols, sans l'inconvénient, à savoir l'éthanol.
18:01Et puis, l'éthanol, on sait très bien que ça apporte quelques désagréments, notamment le mal de tête le lendemain matin.
18:08Et les calories aussi ?
18:10Et les calories, une évidence évidente.
18:13C'est l'éthanol qui porte la calorie.
18:15Dans nos vins désalcoolisés, nous avons entre 50 à 70 % de calories en moins.
18:20Ce qui est effectivement assez important à bien des égards pour bien des personnes.
18:25Sur le procédé de désalcoolisation, je reviens juste en arrière.
18:28Certains pointent du fait que retirer de l'alcool à un vin, c'est émetteur de gaz à effet de serre.
18:33Et donc, ce n'est pas très écolo.
18:35Pour nous, c'est important, cette émission. Qu'est-ce que vous répondez ?
18:37Alors, je suis d'accord avec vous sur l'énergie qui est consommée, comme bien des processus industriels.
18:43En revanche, on a à cœur de compenser, d'analyser, de regarder par unité le bilancier le carbone.
18:51Et puis, à notre échelle, de faire mieux.
18:53Et les technologies ont beaucoup évolué.
18:57Depuis 15 ans, on a vu déjà plusieurs générations de désalcoolisation.
19:01Et je crois qu'on est sur la bonne voie.
19:03Et vous êtes aussi arrivé au bon moment.
19:05C'est important de le dire, puisque finalement, vous êtes arrivé à un moment où il y a une prise de conscience des effets de l'alcool sur la santé.
19:09Vous accompagnez une tendance.
19:11Tout à fait. Alors, on accompagne une modération.
19:13Donc, on est originellement, évidemment, un négoce de vin.
19:17Donc, on n'est pas là pour se confronter au monde du vin.
19:21On est là tout simplement pour accompagner une décroissance de la consommation.
19:25Naturelle.
19:26Exactement. D'une manière naturelle, complexe, sophistiquée.
19:30Et d'apporter une autre solution pour toutes ces personnes.
19:33Et il y a une mosaïque très importante de consommateurs potentiels.
19:38Pour toutes ces personnes qui ne souhaitent pas consommer d'alcool.
19:41Le fait de se lancer avant les autres, vous avez porté les risques.
19:45Il y a eu de l'investissement, de l'implication, évidemment.
19:48Mais en quoi ça vous apporte une espèce d'avantage concurrentiel par rapport aux autres aujourd'hui ?
19:53Ce qui explique que vous êtes leader sur le segment premium.
19:55Donc, sur des vins désalcoolisés qui sont plus chers.
19:58Et meilleurs, on dirait aussi.
20:01Pour moi, un vin désalcoolisé ou des boissons sans alcool doivent passer effectivement par la case qualité.
20:07On ne peut pas mettre au marché des choses qui ne sont pas qualitativement acceptables.
20:14Je reviens sur l'avantage concurrentiel.
20:17On est parti très loin.
20:18On est allé à l'international.
20:20On est aujourd'hui dans 65 pays.
20:22Et ça, ça requiert un certain temps.
20:25Il faut une certaine pédagogie.
20:27Il faut pouvoir expliquer.
20:28Nous ne sommes pas des jus de raisin, mais bien des vins désalcoolisés.
20:31Et ça, ça requiert un certain temps.
20:35Après, si j'ai bien compris, ce vin est réservé, chez vous en tout cas, à une clientèle plutôt huppée.
20:41Enfin, qui a les moyens, puisque vous êtes sur un segment premium.
20:44Est-ce qu'il ne faut pas chercher aussi à démocratiser, à ouvrir à des milieux peut-être moins favorisés,
20:49cette expérience du vin et de la boisson désalcoolisée ?
20:52Alors, tout est relatif.
20:54Pour moi, la prémiumisation passe par la qualité du produit.
20:57Maintenant, vous avez nos vins désalcoolisés à 14 euros la bouteille.
21:01Donc, tout est relatif.
21:03La démocratisation, je pense qu'elle est en train de s'opérer.
21:06Pour moi, la typologie type des consommateurs sont les consommatrices de moins de 45 ans
21:13et qui sont flexibuveuses, à savoir à matrice de vin.
21:17Mais tantôt, elles boivent.
21:19Tantôt, elles ne boivent pas au gré du temps de la journée, du contrôle.
21:22C'est ça le portrait robot du consommateur de vin désalcoolisé ?
21:26Le portrait robot, en tout cas, c'est l'observatoire Chavin, réalisé par CSA,
21:33a relevé ce type de chiffre.
21:35Donc, ce n'est pas le portrait robot parce qu'après, il y a bien d'autres consommateurs.
21:39On pense aux populations seniors, on pense aux sportifs, on pense aux générations X, Y, Z,
21:49aux actifs, mais aussi dans tous les pots de société, il faut une forme de responsabilisation.
21:55On fait appel à nous pour faire des cocktails, mais avec une forme de responsabilité.
22:00Les conducteurs, et puis j'en passe, c'est des meilleurs.
22:03L'expérience gustative et sensorielle, elle est vraiment là,
22:06pour celles et ceux qui ont l'habitude de boire du vin, du champagne ?
22:10Oui, et ça commence par un même verre.
22:12Vous savez, ce verre qui est inclusif et pas stigmatisant, à savoir un même verre de vin
22:17avec visuellement quelque chose qui se présente vraiment comme un vin.
22:23Et derrière, une expérience gustative qui est complexe.
22:26Donc, on parle d'élevage, on fait des bâtonnages sur nos vins avant de désalcooliser.
22:31Et il y a vraiment une recherche gustative et une excellence qu'on essaye d'atteindre.
22:35Qu'est-ce que vous répondez aux puristes qui vont vous dire que ce n'est pas du vin,
22:38que du vin sans alcool, c'est un sacrilège, une hérésie ?
22:42Alors, sur un plan réglementaire, ils ont raison.
22:45Tout ce qui est en dessous de 8,5 n'est pas un vin.
22:47En revanche, je tiens à leur répondre qu'on ne peut pas boire du vin tout le temps.
22:52Et moi-même, je suis hybride. Tantôt je bois, tantôt je ne bois pas.
22:55Flexibuveuse.
22:56Je suis flexibuveuse au gré des circonstances.
22:59Boire tout le temps, ce n'est pas possible.
23:01Et en revanche, qu'est-ce que vous préférez sur une table de restauration ?
23:04Un Coca-Cola ou un vin désalcoolisé ?
23:06D'autant qu'on a maintenant des vins désalcoolisés, rouges, blancs, rosés.
23:12On a le choix et ça peut s'accompagner avec tout type de plat.
23:15Tout à fait.
23:16Effervescent, qui est le vin en poupe, et pas que.
23:19Et on a des recherches également dans l'univers du mocktail.
23:23Donc, on s'adapte véritablement aux tendances.
23:25Et pour moi, c'est une véritable lame de fond à savoir que la population française
23:32commence à savoir qu'il existe des alternatives.
23:34Et quand on veut par exemple déjeuner le midi,
23:37eh bien oui, on doit garder un certain contrôle.
23:40Et on ne peut pas nécessairement boire un verre de vin ou une bouteille
23:42comme on le voyait historiquement.
23:44Et on s'adapte à cette déconsommation et cette modération.
23:48Et on l'accompagne.
23:49Vous qui avez une vision exhaustive, vous êtes présente sur plein de marchés à l'international,
23:53vous l'avez dit, Japon, Canada, Etats-Unis.
23:56On se place comment en France sur cette tendance du no-no, des boissons désalcoolisées ?
24:02On est comme le reste du monde, on est en avance ?
24:05Alors, le réveil a été tardif.
24:07Mais j'ai envie de vous répondre de la manière suivante.
24:10Partout où il y a une consommation du vin ou une production du vin,
24:13vous avez besoin d'une alternative sans alcool.
24:15Donc, la France et ses 20 siècles d'histoire vinique, c'est une évidence, c'est un marché phare,
24:20c'est un gros marché producteur.
24:23Et aujourd'hui, la France est arrivée dans le top 5 chez Chavin,
24:26ce qui n'était pas le cas historiquement.
24:29Donc, c'est un réveil tardif, mais on a rattrapé le retard.
24:32Et la France fait aujourd'hui partie des top 10 en termes de consommation mondiale
24:35de vins sans alcool.
24:37Avec Japon, Canada, Etats-Unis ?
24:39Alors, le Japon est effectivement le numéro 1.
24:42Eh bien, pourquoi ?
24:43Parce que, par exemple, en Asie, on a du mal à processiser l'éthanol.
24:46On rougit un petit peu quand on consomme un petit peu d'alcool.
24:50Et les vins sans alcool sont en fait une boisson statutaire,
24:56quelque chose d'assez inclusif,
24:58qui permet d'avoir un très bon moment, mais sans éthanol.
25:02Donc, ça a pris forme.
25:04Et puis, une jolie cuisine asiatique qui s'accompagne très bien des accords,
25:07mais vins sans alcool qui sont assez sympathiques.
25:11C'est pas un effet de mode pour vous ?
25:13Les gens ne vont pas se lasser ?
25:14Pas du tout.
25:15Je pense qu'on n'en est qu'au balbutiement.
25:18Et quand, à la fin d'un repas, on s'interroge,
25:20vous voulez un café ou un décaf ?
25:22Eh bien, je pense que plus tard dans le temps,
25:24ce sera vous voulez un champagne ou un Chavin effervescent ?
25:27Allez, merci à vous, Mathilde Boulachin.
25:29Je rappelle être cofondatrice et dirigeante de la maison Chavin.
25:32Merci à vous.
25:33Merci.
25:34Voilà, c'est la fin de Pourvu que ça dure,
25:35l'émission qui rend les co-responsables sur Public Sénat.
25:37Émission tournée depuis l'atelier Covivio à Paris.
25:39Pourvu que ça dure, c'est aussi, vous le savez, du replay sur publicsenat.fr.
25:42A très vite.
25:43Générique
25:57Pourvu que ça dure, avec Bureau Veritas,
25:59leader des services d'essai, d'inspection et de certification
26:02qui aident ses clients à relever les défis de qualité,
26:04de santé, de sécurité et de durabilité.
26:06Bureau Veritas. Bâtir un monde de confiance.