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Interview ou reportage d'une émission cinéma produite par CANAL+ autour d'un film disponible sur CANAL+ ou sortant en salles, un événement ou une actualité du 7ème Art
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Transcription
00:00Alors on en revient à ce qui nous amène ici dans ce cinéma, le nouveau film d'un jeune cinéaste indépendant, lui-même depuis un certain temps qui s'appelle Robert Guédiguian.
00:10À votre actif, vous avez une vingtaine de films, donc en fait il fait partie des réalisateurs à qui vous ne pouvez pas dire non.
00:16Bah c'est-à-dire que sinon t'es obligé de vendre la maison, séparer les trucs et tout ça, vous voyez c'est compliqué quoi.
00:21Ah oui parce que vous êtes unis à la scène, comme à l'art.
00:25Retrouver Guédiguian, enfin continuer avec Guédiguian, c'est aussi retrouver la troupe, c'est-à-dire les Daroussins, les Mélans, je ne sais pas le Prince Ringuet par exemple.
00:34Ça vous donne le sentiment d'appartenir à une troupe ?
00:37Ça me donne le sentiment d'appartenir à une bande, une bande, je préfère que troupe, que famille, une bande, oui absolument.
00:45Et j'y tiens, je ne sais pas comment vous dire, en fait c'est une association, j'ai souvent dit qu'on était une association de malfaiteurs.
00:52Vous savez quand vous faites un hold-up, tout le monde a une tâche bien bien définie.
00:57Eh ben voilà, les films de Robert, on a tous une tâche bien bien définie.
01:01Alors si vous envisagez l'entreprise comme un hold-up généralisé, des films de braqueurs, en fait vous redistribuez quand même.
01:08Ah ouais bien sûr.
01:09C'est des robins des bois.
01:10Ah bien sûr, on garde rien pour nous, un tout petit peu quand même.
01:13De quoi vivre.
01:14Voilà.
01:15Alors de quoi vivre, justement c'est ce qui manque un peu à Maria, ce personnage que vous jouez, qui est une femme aidante, une aidante comme on dit.
01:22Une auxiliaire de vie.
01:24Une auxiliaire de vie, ouais.
01:25Mais toujours est-il qu'elle a un statut un peu précaire, cette Maria, et donc pour arrondir un peu ses fins de mois, elle s'utilise comme ça quelques euros.
01:34Quelques euros ? Pas beaucoup, c'est 10, 20, c'est jamais beaucoup.
01:39Bon ouais, Maria elle est comme ça, et puis elle a un petit-fils qui fait du piano, et c'est l'amour de sa vie son petit-fils quand même.
01:47Mais pour passer un concours, il faut faire plus de cours.
01:51Et il n'y a pas les sous.
01:53Donc voilà, si elle prend 20 euros d'un côté, 20 euros de l'autre, elle va…
01:59Oui, il n'y a pas mort d'hommes, et en plus elle a des gens qui l'adorent en plus.
02:03Parce que les gens avec qui elle est, en plus elle s'en occupe vraiment très bien.
02:07Elle, elle les aime beaucoup.
02:08Eux, ils l'aiment beaucoup.
02:09Mais elle, elle arrive… Je pense qu'elle n'arrive même pas à croire qu'elle vole.
02:14C'est votre premier film avec Guy Diguion, tourné à l'Estac depuis les neiges du Quilimanjaro en 2011.
02:19Ça fait quel effet de retrouver ce quartier ? Quelle importance a-t-il dans votre cinéma ?
02:25Alors ce qui est très beau, c'est que quand Robert revient tourner à l'Estac, il y a…
02:29Alors, à cause de lui, maintenant, l'Estac, c'est devenu aussi…
02:32Ça, ces gens se prifient, vous voyez.
02:34Mais enfin, il reste encore pas mal de gens du cru.
02:37Et ils sont tous extrêmement contents de le voir revenir.
02:40C'est-à-dire que quand on tourne à l'Estac, c'est tellement généreux de la part des gens.
02:47Vous pouvez leur demander de ne plus bouger pendant trois heures, ils ne vont plus bouger.
02:52Et en même temps, je trouve particulièrement dans ce film, il est revenu presque, je dirais, de la peinture.
02:58La manière dont il filme l'Estac est très picturale.
03:01Absolument.
03:02Et c'est quand même un endroit qui a été peint par Braque, qui a été peint par Cézanne,
03:07qui a été peint par plein de peintres du 19e au début du 20e.
03:11Il aime tellement cet endroit.
03:14C'est là qu'il est né, c'est là qu'il a grandi.
03:16Oui, il est né là.
03:17C'est un petit garçon qui est né dans un tout petit appartement,
03:20mais qui avait un balcon tout petit, mais qui donnait sur ce quartier, quoi.
03:26Et la mer.
03:27Ariane, je vous demande une seconde attention parce que j'ai une citation pour vous.
03:31J'ouvre les guillemets.
03:33« La force de Robert Guédiguian, c'est de rendre héroïques des personnages
03:37que l'on pourrait croiser dans la rue et sur lesquels on ne se retournerait pas.
03:40De fait, ils sont héroïques.
03:42Mettre en lumière la dignité de ce monde-là, c'est ce qui importe. »
03:45C'est une citation d'Ariane Ascaride.
03:47Oui, je le sais, je le sais.
03:49Vous maintenez vos propos ?
03:50Totalement.
03:51Je signe et re-signe.
03:53Oui, c'est vrai, c'est la force du cinéma de Robert
03:56parce que je pense que tout le monde peut être héroïque.
03:58Absolument tout le monde.
04:00Et bien souvent, les gens qui sont héroïques, au départ,
04:03ne savent pas qu'ils vont devenir héroïques.
04:05Et on croise plein de héros dans la rue sur lesquels on ne se retourne pas.
04:09Des gens qui font des petites choses et des fois des grandes choses.
04:12Vous savez, c'était un truc qui m'avait beaucoup marqué.
04:15Ce garçon, ce sans-papier, qui avait un jour grimpé la façade d'un immeuble
04:20pour aller sauver un petit enfant.
04:22Et ce mec, il n'avait pas les papiers.
04:24Il pouvait être remis dans un camp de rétention,
04:26mais il est allé sauver un enfant.
04:28Moi, c'est ça qui me bouleverse.
04:31Votre filmographie est principalement faite de personnages
04:34qui sont très ancrés dans le réel.
04:37C'est l'ancienne étudiante en sociologie qui participe à ces choix ?
04:41En fait, c'est parce que c'est beaucoup ça qu'on propose.
04:44D'abord parce que je pense, Antoine, si vous voulez,
04:47je le dis physiquement, vous ne pouvez pas rêver sur moi
04:51pour m'imaginer comme une...
04:53Vous voyez, je ne suis pas peau d'âne.
04:55Je ne suis pas une princesse.
04:58Je suis peut-être une princesse dans un autre monde.
05:01Mais dans ce qui est de la représentation même de la princesse,
05:05on ne peut pas penser à moi.
05:07D'ailleurs, quand j'étais jeune, on ne pouvait pas penser à moi
05:09en tant que jeune première.
05:11Donc, on ne savait jamais où me mettre.
05:15C'est un avantage ou un handicap, ça ?
05:17Je vais vous dire que maintenant, c'est un avantage
05:19parce que moi, je continue toujours à travailler.
05:21Alors que les petites princesses...
05:23Encore que peau d'âne, peau d'âne continue.
05:25Non, peau d'âne, elle continue.
05:27Elle n'a pas fait que peau d'âne, d'accord ?
05:29Mais il y a beaucoup de jeunes filles qui, malheureusement...
05:33Mais ça, je le dis bien, malheureusement,
05:35ce n'est pas leur faute à elles.
05:37C'est parce qu'il faut continuer à travailler à l'intérieur du cinéma
05:40pour donner la possibilité à des femmes
05:42à un certain âge de maturité d'avoir encore des choses à jouer.
05:45C'est surtout ça.
05:47Merci Ariane.
05:48Merci Antoine.

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