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Eh non, le vaginisme n’est pas une maladie ! Qu’est-ce qui se passe dans notre corps ? D’où ça vient ? C’est quoi le périnée ? Les sexologues Angéla Bonnaud et Margot Maurel expliquent tout sur le vaginisme.
Leur livre "Vaginismes : comprendre, se soigner, s’épanouir" est disponible en librairie aux éditions de La Musardine.

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Éducation
Transcription
00:00Toutes les personnes munies d'un vagin et d'un périnée peuvent être sujettes au vaginisme.
00:03Ce stéréotype de « si ce n'est pas possible d'être pénétré, c'est parce que j'ai eu un traumatisme », ce n'est pas faux.
00:12C'est une contraction réflexe et involontaire du périnée.
00:16C'est un groupe de muscles qui ferme le bassin par le bas, pour la femme comme pour l'homme.
00:20Et là, en l'occurrence, chez la femme ou chez la personne munie d'un vagin,
00:23ça va se contracter de manière involontaire lors des tentatives de pénétration,
00:26que ce soit le tampon, le doigt, le sextoys ou le pénis.
00:29On considère que le vaginisme, c'est souvent une maladie ou même un handicap.
00:33Elles peuvent dire « mais moi, je me sens handicapée ».
00:35Il faut bien remettre les choses à la place,
00:37c'est-à-dire que le vaginisme, c'est un trouble, c'est une difficulté sexuelle, mais ce n'est pas une maladie.
00:41C'est important de ne pas penser que le vaginisme, c'est dans la tête,
00:43parce que ça n'est pas dans la tête.
00:45C'est réellement une réaction corporelle.
00:48C'est aussi, d'une certaine manière, quelque chose de psychologique, une peur d'avoir mal.
00:52En fait, ça amène d'autres peurs.
00:54Il faut le rappeler, avoir mal, ce n'est pas normal.
00:56Concrètement, il se passe quoi dans notre corps ?
00:58Elles vont, les patientes, me dire « c'est bloqué, c'est un mur, c'est serré »
01:03ou « ça rentre un petit peu, mais après c'est un coude, je sens que ça se verrouille ».
01:08Et effectivement, le périnée, ce groupe de muscles, c'est un muscle qui est hyper puissant,
01:11c'est un peu comme pour la mâchoire.
01:13Et donc oui, ça ferme l'entrée du vagin ou ça peut même fermer une partie du vagin,
01:18c'est-à-dire qu'elles peuvent accéder à rentrer quelque chose un petit peu au départ.
01:22Et puis après, la sensation de coude qu'elles ont, c'est qu'il y a une autre partie du périnée,
01:25il y a plusieurs étages qui viennent se verrouiller.
01:28Et d'ailleurs, c'est quoi le périnée ?
01:29Déjà, ce n'est pas qu'un muscle, c'est plusieurs muscles.
01:32Ça forme une sorte de parachute et ça ferme le bassin de l'homme et de la femme par le bas.
01:36Et donc ça fait socle, ça permet de retenir les urines, les excréments.
01:40Ça permet aussi de se tenir assis correctement, de se tenir debout correctement.
01:46Et dans la vie sexuelle, il permet justement d'avoir des bonnes sensations érotiques
01:50pour la lubrification, pour la transpiration du vagin,
01:53pour les bonnes sensations ressenties à l'intérieur.
01:56Mais ça vient d'où le vaginisme ?
01:58Ce stéréotype de « si ce n'est pas possible d'être pénétré, c'est parce que j'ai eu un traumatisme »,
02:02ce n'est pas faux.
02:03C'est-à-dire qu'il y a beaucoup de personnes qui vont avoir eu un traumatisme
02:07dans l'enfance ou dans l'adolescence ou même dans la jeunesse
02:09et qui va faire qu'il va y avoir un vaginisme.
02:11Mais on peut en fait déclarer, si on peut dire, un vaginisme sans ça.
02:17Toutes les personnes munies d'un vagin et d'un périnée peuvent être sujettes au vaginisme
02:20pour la simple et bonne raison, comme on le disait, que parfois ce n'est pas rationnel.
02:24Parfois, c'est dans l'éducation, dans la culture qu'on a reçue de notre environnement,
02:29une méconnaissance du corps, les petites phrases qu'on a entendues.
02:32« La première fois, tu verras, ça fait mal. »
02:34« N'en fais pas ça, c'est sale. »
02:36« Surtout, ne mets pas ton doigt comme ça à l'intérieur. »
02:38Enfin voilà, il peut y avoir aussi des interdictions, des injonctions.
02:41Et ça, ça vient nourrir, pas toujours, mais ça peut venir nourrir.
02:44Ça, plus ça, plus ça, plus ça, ça peut venir nourrir le vaginisme.
02:47Moi, je ne dis pas à mes patientes « non, non, ça ne vient de rien ».
02:51Mais en fait, souvent, c'est multifactoriel.
02:53Ça va être très lié à des normes sociétales.
02:55Il y a la norme sociétale qui est que la pénétration est quelque chose d'inné,
03:00parce que le vagin est là et le pénis est là.
03:02C'est hyper ancré.
03:06En fait, aller à la pénétration, ce n'est pas pour se donner une identité.
03:09C'est plutôt pour vous, pour avoir du plaisir, de réhabiliter la pénétration
03:15comme quelque chose qui peut être un élément de plaisir.
03:18À partir du moment où on envisage la pénétration,
03:21non pas comme un devoir, comme quelque chose qu'il faudrait faire
03:25pour garder le partenaire, pour être comme tout le monde.
03:29À partir du moment où on se dit « moi, je vais aller vers la pénétration
03:32pour me faire plaisir, pour avoir des bonnes sensations et parce que je vais kiffer »,
03:35eh bien là, en fait, tout de suite, moi, je suis sûre que ça va les aider à dépasser.
03:40Comment dépasser son vaginisme ?
03:42Les personnes qui ont du vaginisme pensent qu'elles ne sont pas comme les autres,
03:45elles ne sont pas normales, alors que naturellement,
03:47on les a fait avec un vagin qui devrait fonctionner.
03:49Alors qu'en fait, être pénétré, c'est quelque chose qui s'apprend,
03:52comme le fait de pénétrer quelqu'un.
03:54Être pénétré, c'est quelque chose où on se retrouve dans une vulnérabilité.
03:59En plus, c'est souvent une zone du corps qu'on ne connaît pas forcément.
04:01La question de l'exploration de son corps, de la conscience corporelle au global,
04:07ça peut passer par les dilatateurs vaginaux.
04:09C'est une boîte qu'on achète, c'est une forme de bougie qui va de 1 à 6
04:15et qui n'a pas le même diamètre.
04:17Donc, on part d'un petit diamètre et puis on finit à un gros diamètre.
04:20Les doigts, ça marche aussi, les sextoys, ça marche aussi,
04:23le doigt du ou de la partenaire, ça marche aussi.
04:26Pour dépasser le vaginisme, le partenaire ou la partenaire est aussi responsable.
04:30C'est-à-dire que la manière dont le partenaire va accompagner la personne
04:34qui a du vaginisme va jouer ou va aggraver,
04:37va améliorer le dépassement du vaginisme.
04:40En fait, à partir du moment où le partenaire dit
04:43« ok, moi je suis ok pour une sexualité adaptée, on va y aller par étapes tranquillement »,
04:48la culpabilité se défait parce que ça veut dire que le partenaire s'adapte
04:53à la situation de la personne qui a du vaginisme.
04:57Est-ce qu'on en guérit ?
04:58Dans notre ouvrage, on essaie de ne pas parler de guérison.
05:00Pourquoi ? Parce que comme le vaginisme, ce n'est pas une maladie,
05:04on n'en guérit pas.
05:05Et le mot guérison, pour nous, n'a pas beaucoup de sens.
05:08C'est quand même utilisé par les patientes.
05:10Donc, pour ma part, en sexothérapie, je questionne ça.
05:13Je ne leur dis pas « ne dites pas ça ».
05:15On essaie de réfléchir ensemble à ce que c'est pour elles que la guérison.
05:18Pour certaines, ça va être au départ « me sentir guérie »,
05:21c'est pouvoir accéder à la pénétration.
05:23Et pour d'autres, ce n'est pas tellement ça.
05:26Pour d'autres, ça va être « moi, je veux me sentir bien dans mon corps,
05:28je veux me sentir bien dans ma tête ».

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