Donald Trump gèle l'aide étrangère américaine, qui permettait notamment à 35 ONG en Afghanistan de financer des programmes en faveur des fillettes et jeunes femmes ostracisées par les talibans.
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00:00Je voudrais qu'on vous entende aussi, Bernard-Henri Lévy, c'est le choix d'Olivier Ravanello de ce 20h BFM sur cette décision de Donald Trump
00:08qui a donc décidé, choisi de geler d'un trait de plume toute l'aide étrangère américaine.
00:14Ça représente quand même 65 milliards de dollars pour financer l'aide humanitaire un peu partout dans le monde,
00:20dans des pays notamment qui connaissent des crises majeures et c'est un choc terrible.
00:24Oui, vous savez cette aide humanitaire, c'est une image qui est assez simple.
00:28Ce sont des palettes qui sortent d'avions cargos blanches et qui systématiquement dans les pays en guerre
00:34venaient suite au kaki des militaires, au bleu ciel de l'ONU pour accompagner une intervention militaire américaine
00:42mais aussi des catastrophes comme le séisme en Haïti.
00:46La logique était toujours la même, c'est de venir en aide à des populations
00:51mais aussi d'accompagner des programmes, des programmes d'éducation notamment auprès des filles en Afghanistan.
00:58À ce jour, à l'heure où on parle en Afghanistan, il y a 35 organisations non gouvernementales, des ONG
01:05qui ont stoppé leur programme purement et simplement parce que comme quantité d'autres dans le monde
01:09elles ont reçu cette lettre de Donald Trump.
01:12Tout usage des fonds pour promouvoir la diversité, l'équité, l'inclusion doit cesser immédiatement.
01:19Devant le tollé, de légers aménagements ont été consentis sur les livraisons de médicaments, d'aides alimentaires immédiates
01:27sur le soutien aussi à Israël et à l'Egypte, l'Ukraine en revanche en fait immédiatement les frais
01:33non pas d'un point de vue militaire mais tout le soutien à la société ukrainienne est stoppé.
01:37Qu'est-ce qu'il cherche exactement Trump ?
01:39Il cherche deux choses, la première c'est évidemment de donner un satisfait site à son électorat sur un thème assez classique
01:45on va arrêter de dépenser votre argent pour aller financer partout dans le monde le wokisme et les idéaux des démocrates.
01:52Ça on a bien compris mais derrière cela il y a autre chose qui est un peu plus profond.
01:57Ces aides américaines qui sont assez anciennes financent, accompagnent au fond un mode de civilisation
02:04c'est-à-dire qu'elles accompagnent des programmes qui soutiennent la liberté d'expression,
02:08qui soutiennent le respect des femmes, qui soutiennent l'éducation, qui soutiennent l'ouverture à la science
02:13qui vont beaucoup plus loin que simplement une aide alimentaire.
02:16Et on pourra débattre, et je veux bien en débattre, évidemment il y a un débat sur la politique d'ingérence
02:22qui s'accompagne de tout cela de la part des américains mais aussi des européens.
02:26Il n'en reste pas moins vrai que si les américains reculent et laissent le champ,
02:30d'autres vont venir, des russes, des chinois, des saoudiens, avec d'autres programmes d'aide
02:35mais qui eux seront porteurs d'autres valeurs.
02:38BAMA en Lévis, est-ce que vous avez peur de voir s'effondrer un modèle américain et au fond un modèle occidental ?
02:46Je crains de voir d'abord se briser l'Occident par la faute de Donald Trump.
02:53L'Occident est en train de se casser en deux.
02:55Je crains deuxièmement que tous ceux qui essaient et ceux qui en Afghanistan, en Iran ou ailleurs
03:03croient dans les valeurs occidentales se sentent abandonnés, se sentent lâchés
03:08et je crains troisièmement, comme vous venez de le dire, que ce vide créé par le retrait américain
03:14ne soit rempli par Erdogan, par Poutine, par les chinois ou par des dictateurs divers.
03:21Vous savez, l'ingérence, comme vous disiez, et l'aide humanitaire, c'est une des grandes avancées du XXème siècle.
03:29Dans ma longue vie, j'ai vu un progrès, quelque chose qui était incontestablement une avancée de civilisation,
03:39c'est cette question de l'aide humanitaire, c'est-à-dire le secours aux civils, le secours aux innocents,
03:45le secours à ceux qui, sous la botte et dans les dictatures, croient en nos valeurs et nous appellent à l'aide.
03:52Mettre fin à ça, c'est une erreur tragique.
03:55Est-ce que la démocratie, justement, quand on prend par exemple le discours de Sergei Lavrov qui dit en fait
04:00l'ONU, tout ce système de valeurs-là qu'on vient d'énoncer, c'est la doctrine de l'envahisseur ?
04:05La démocratie en tant que telle, elle fait encore rêver ?
04:07Pour l'instant, l'envahisseur, c'est Lavrov. C'est lui qui a envahi l'Ukraine, c'est lui qui envahit certains pays d'Afrique
04:14et c'est lui qui exerce le colonialisme d'aujourd'hui, numéro 1.
04:17Numéro 2, l'aide humanitaire dont on parle, ça n'a rien à voir.
04:22Ça consiste à entendre la voix de ceux qui, dans la solitude et dans la nuit, se réclament de la philosophie des lumières.
04:32Ça veut leur dire, on est avec vous, on ne va pas faire le travail à votre place, on ne va pas vous libérer,
04:37mais on est avec vous, vous n'êtes pas seuls.
04:41Stopper ce message, c'est les renvoyer au ténèbre.
04:45Et cette aide, concrètement pour les Ukrainiens, par exemple, qui sont régulièrement touchés par des coupures d'électricité,
04:50par des coupures de courant, ça leur a permis de passer l'hiver.
04:53Vous le savez mieux que personne parce que vous y êtes allé plusieurs fois sur place.
04:57J'y ai passé beaucoup de temps depuis 3 ans.
05:01J'ai beaucoup reporté ce qui se passe là-bas.
05:03J'ai vu pas seulement l'électricité, vous savez, les écoles, les orphelinats, les hôpitaux,
05:10les centres de réhabilitation pour amputés et estropiés, les journaux libres.
05:16Il y a un journal à Nikolaïv, par exemple, que je connais,
05:19qui est un journal libre qui fonctionnait grâce à des subventions de cet organisme américain
05:24qui centralise les aides américaines, qui aujourd'hui est menacé de disparition.
05:28Sur ce conflit ukrainien, on a vu que malgré tout,
05:31Donald Trump, à sa manière, a réussi à intensifier les négociations
05:36pour mener à des libérations d'otages contre des détenus palestiniens.
05:40Est-ce que vous pensez qu'une fois de plus, à sa manière, avec sa méthode,
05:44il peut ramener la paix en Ukraine, comme il l'a prétendu ?
05:48En 24 heures, il va régler ce conflit ukrainien, c'est ce qu'il a dit ?
05:51D'abord, je crois que les libérations d'otages, je crois que c'est pas Donald Trump.
05:55Je crois que si les otages, si des otages sont libérés aujourd'hui,
05:59c'est, un, grâce à Israël et grâce à la pression militaire que l'armée israélienne,
06:05que Sahal, exerce sur le Hamas, parce que sans cette demi-victoire
06:11ou cette quasi-victoire, le Hamas n'aurait eu aucune raison de libérer les otages.
06:16Les plus grands spécialistes disent que les Américains ont quand même joué un rôle crucial dans ces négociations.
06:21La France a joué un rôle, par exemple.
06:23Moins important que les Américains ?
06:25Oui, peut-être moins important, mais un rôle réel.
06:28Alors ça, je vous donne une information.
06:30Dans les discussions, par exemple, sur l'âge qui permettait d'être libéré
06:38et qui a permis aujourd'hui à Yofer Calderon d'être libéré.
06:43La France a joué un rôle très important.
06:45Dans le passage de médicaments, les médicaments que la Croix-Rouge n'était pas foutue
06:51de livrer aux otages israéliens dans la souffrance.
06:55Je peux vous dire, la France, auprès de quelques dizaines d'entre eux, a joué un rôle.
07:04En tout cas, Donald Trump, il est là depuis trois semaines.
07:07Donc, c'est certainement pas lui.
07:09Sur la longue durée, les États-Unis ont joué un rôle.
07:12La France a joué un rôle.
07:14Mais surtout, Sahal a joué un rôle en contraignant le Hamas à négocier.