Retrouvez le replay du documentaire les demoiselles de Clermont du 1er décembre 2024.
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00:007 secondes, 8 secondes à jouer, si San Giovanni prend la balle et marque le panier, c'est
00:08San Giovanni qui est qualifié, en revanche si c'est le Cuc qui prend la balle, je pense
00:11que les joueuses du Cuc pourront garder la balle pendant 8 secondes et elles seront qualifiées
00:15pour la finale d'un point, et oui c'est ça le basketball, un point d'écart, et
00:20l'entre deux...
00:21On gagne ou pas ? Si on gagne ou pas, je regarde pas hein.
00:26Oh bah oui là, comment ça s'appelle quand on prend la balle en l'air et on shoot direct
00:33? Allez youp ! C'est beau la jeunesse !
00:37J'ai une heure et qui est toutes ces images-là encore ? C'est super ! On boit un coup, allez
00:49à la vôtre ! J'ai les stigmates, j'ai les doigts tout tordus, j'ai des prothèses
00:58dans les doigts, j'ai un...
01:01Elle est cette équipe du Clermont Université Club qui a dû prouver beaucoup pour vaincre
01:07la misogynie dont souffre souvent le sport féminin.
01:10Elles ont eu beaucoup d'influence, elles ont performé déjà, ça c'est quelque chose
01:20de très important, mais après je crois qu'il y a aussi les personnalités, elles incarnaient
01:24quelque chose.
01:25Je crois qu'il n'est pas mort.
01:29C'est la réussite qui fait parler des femmes, on est là, nous les femmes, on a envie de
01:44réussir et on a envie qu'on parle de nous, on a envie que tout le monde voit ce qu'on
01:48fait.
01:49On a vu que les femmes pouvaient être un petit peu autrement que derrière les fourneaux
02:03à faire des enfants.
02:04On joue un rôle important, quelque part.
02:07Le CUC, c'était le premier club féminin à avoir été médiatisé, à avoir créé
02:13de l'engouement dans toute la France.
02:15Elles étaient libres, ce n'était pas évident il y a 50 ans pour les femmes de l'être.
02:24C'est aussi pour ça qu'on se souvient d'elles.
02:33Fin des années 60, une décennie a passé depuis la dernière grande épopée européenne
02:43d'un club français.
02:44En 1959, le Stade de Reims perdait la finale de Coupe d'Europe des clubs champions face
02:50au Real Madrid.
02:51Depuis, plus rien.
02:52Alors que toutes les attentes se portent sur le sport masculin et les verres de Sainte-Étienne,
02:57c'est d'une équipe féminine que vient l'espoir, les basketteuses du Clermont Université
03:02Petit poussé engagé en Coupe d'Europe, le CUC crée quelques surprises retentissantes
03:07contre les ogres d'Europe de l'Est.
03:09Des performances qui forcent le respect, car dans un contexte de guerre froide, les équipes
03:14du bloc soviétique sont professionnelles, tandis qu'à l'ouest, c'est l'amateurisme
03:18qui règne.
03:19Je suis professeure de physique chimique, étudiante en psychologie.
03:26De l'lycée Jeanne d'Arc à Clermont-Ferrand, par un matin gris de novembre, de jeunes
03:30lycéennes se rendent à leur séance d'éducation physique, sous la conduite de leur professeur,
03:35Jacqueline Chazalot.
03:36Est-ce que les élèves vous écoutent davantage parce que vous êtes une championne ?
03:42Je crois, surtout quand je leur fais faire du basketball.
03:45Quand vous gagnez peut-être aussi ?
03:47Oui, elles s'intéressent beaucoup aux résultats, souvent elles m'apportent même des photos
03:52qui sont parues dans les journaux, il me faut les dédicacer.
03:55Presque toutes les joueuses sont dans l'enseignement, il y en a presque la moitié qui sont vêtues
04:00à 13 éducation physique et pendant les déplacements de Coupe d'Europe, il n'y a plus de professeur
04:05d'éducation physique à Clermont-Ferrand, elles sont toutes en congé pour la Coupe d'Europe.
04:09Pour le Bloc de l'Est, c'était professionnels fonctionnaires.
04:13Elles étaient payées, logées, nourries presque par l'État pour s'entraîner au basket.
04:25Leur biais de sortir, c'était le sport, sinon elles n'avaient pas de passeport, de visa.
04:37Le challenge était très important entre elles, d'où l'effet d'avoir de super joueuses en face de nous.
04:45Pour le CUC, la saison 70-71 marque un tournant.
04:49Pour remplacer Edith Tavert, la grande entraîneuse de l'après-guerre,
04:53Clermont recrute le meilleur coach français de l'époque,
04:58Joé Jaunet, qui est alors sélectionneur de l'équipe de France masculine et féminine.
05:11On avait l'objectif d'aller le plus haut possible.
05:14Joé Jaunet nous a donné le challenge, est-ce que vous voulez devenir parmi les meilleures équipes ?
05:26On a dit oui.
05:27La plus haute compétition demande d'abord des qualités morales, c'est-à-dire un courage,
05:32la volonté et une quantité d'entraînement que peu de gens peuvent se faire l'idée.
05:39Donc on a dit, si on s'y met, si on s'entraîne, si on est sérieux,
05:42on peut aussi arriver à un haut niveau et abattre certains pays de l'Est.
05:48Et on avait vraiment envie d'être fortes.
05:54On a commencé à l'entraînement intensif.
05:56On avait un entraînement de haut niveau, quotidien.
05:59Tous les jours, pour être meilleure.
06:02Et puis ça a payé.
06:10Le collectif est devenu vraiment très très fort.
06:15On a commencé un peu à faire peur.
06:21On était pas en forme.
06:34Et on s'est dit, il faut y aller.
06:36J'ai envie de faire ça.
06:37J'ai envie de gagner avec mon parcours.
06:39J'ai envie d'être plus rapide.
06:40Donc on a commencé un peu à faire peur.
06:56Les basketteuses de Clermont-Ferrand ont réussi hier une très belle performance, un exploit.
07:01Décidément, rien n'arrête le Puck, tombeur en quarts de finale de Prague,
07:05cinq fois finaliste de cette Coupe d'Europe.
07:11C'est la première fois qu'une équipe championne de France arrive en demi-finale de la Coupe d'Europe.
07:29C'est aussi la première année où on a joué à la Maison des Sports à Clermont.
07:33C'est la première année où on a drainé un public énorme à Clermont.
07:37Il y avait 6000 personnes. En 1970, ça fait énorme pour le basket féminin qui n'était pas connu à l'époque.
07:44Ça a été aussi un engouement qui est motivant quand on a un public derrière
07:49et qui s'est piqué vraiment au jeu de soutenir notre équipe.
07:54C'était quand même impressionnant le bruit, la résonance dans cette salle.
08:00Ça a crié, ça a encouragé.
08:03Moi, je me souviens de beaucoup d'enfants, dès qu'on passait, ils voulaient nous toucher.
08:07Oui, et il y a la télé, on commence à parler du Puck beaucoup.
08:19C'était impressionnant quand même de savoir qu'on passait à la télévision.
08:22Moi, je pensais que mes parents disaient « qu'est-ce qu'ils doivent être contents ».
08:25Vous vous consacrez entièrement au basket, qu'est-ce que vous faites comme métier ?
08:28Je suis conseillère technique de basket.
08:30C'est un aboutissement de voir leurs filles comme ça à la télévision quand on est très jeune.
08:36C'est incroyable.
08:46L'exploit des basketteuses de Clermont-Ferrand qui sont allées vaincre en Pologne, en France,
08:53en Coupe d'Europe des champions.
08:56Oui, en effet, nous avons relu plusieurs fois la dépêche vendredi soir.
09:00On n'y croyait pas, mais c'est vrai, c'est un exploit.
09:03Le CUC triomphe des Polonaises de Cracovie par 77 à 45.
09:08Le CUC est donc qualifié pour la finale de la Coupe d'Europe des clubs féminins à Kishinev.
09:13Et vous, vous avez marqué 30 points, mais personne n'attendait cette victoire.
09:16Il s'est passé que ce jour-là, l'équipe du CUC était en état de grâce.
09:20Comme on dit, ça arrive peut-être une fois dans la saison et c'est arrivé à Cracovie.
09:24Il paraît que le manager polonais est parti écœuré avant la fin du match.
09:28Non, absolument pas. Le manager était toujours là, mais c'est le public qui nous a applaudi tout au début du match
09:33et qui est parti avant la fin, voyant qu'il n'y avait plus aucune chance de victoire pour son équipe.
09:41La première fois que j'ai vu le CUC, je pense que c'était lorsque j'avais 7 ans.
09:51J'étais dans une famille de basket.
09:54Il se trouve que mes parents regardaient les matchs qui étaient diffusés sur la première chaîne.
10:00J'avais le droit de regarder à la condition d'aller me coucher très tôt.
10:04Ma mère me réveillait pour voir le match.
10:07Je me souviens que dans la famille, on n'aurait pas loupé un match.
10:15C'était devenu très important et on se prenait au jeu.
10:19On était devenus supporters de leur équipe.
10:33Ici, dans la capitale du pneu, on voyait déjà le vieux club universitaire local réussir l'impossible.
10:39L'impossible, c'est-à-dire mettre fin au règne de l'équipe 10 fois victorieuse de la Coupe d'Europe.
10:44Et les 6000 places de ce spectacle de choix s'étaient arrachées en 5 heures.
10:48On en aurait vendu le double car toute l'Auvergne voulait être là.
10:52L'autre jour, j'étais même en déplacement dans l'Allier.
10:56On me dit qu'il va y avoir un grand match.
11:01Est-ce que tu crois qu'on pourra avoir des places ?
11:04Vous allez rencontrer cette équipe soviétique.
11:07Je crois que les joueuses soviétiques sont beaucoup plus grandes, plus athlétiques qu'en moyenne.
11:12Pour nous, c'est le problème parce qu'une finale, il est toujours possible de la gagner.
11:17Mais du fait que dans cette équipe de Riga, il y a une joueuse qui mesure 2,08 m, on dit même qu'elle fait peut-être 2,14 m,
11:24pour nous, pratiquement, c'est impossible de gagner.
11:30L'espoir, donc. Notre confrère, l'équipe, titre ce matin David contre Goliath.
11:37Il y a quand même quelqu'un de spécial en face qu'on n'a jamais vu, à part elle.
11:43Semenova, c'est quand même un mur devant nous.
12:02Impossible d'attraper les rebonds, elle avait tout.
12:05Semenova, maillot noir posté sur la droite du panier.
12:08Il lui suffira de se mettre sur la pointe des pieds pour déposer tranquillement le ballon.
12:13Elle avait tellement une facilité de prendre la balle, de l'envoyer dedans, le rebond, il n'y avait rien de difficile.
12:21Lorsqu'un tir était manqué, Semenova reprenait le ballon,
12:25puis s'acheminait à petite foulée sous les panneaux adverses pour marquer une fois encore.
12:30Son équipe l'attendait et après, lorsqu'elle se positionnait près du cercle,
12:34ça devenait quasi imparable.
12:39Et puis de l'autre côté, c'était une force de dissuasion.
12:46La photo de Jackie qui passe sous le bras de Semenova a marqué vraiment les esprits.
12:51Les gens se sont rendus compte de la différence de taille, de l'impuissance que l'on avait.
12:56Il n'aurait pas dû perdre, c'est juste à cause de Semenova.
13:00Elle a gagné grâce à la grande Semenova, qui joue, qui récupère pour shooter, mais elle n'a pas de jeu.
13:09Pour moi c'était même un peu écœurant, parce que moi j'aurais été à la place des joueuses de Clermont,
13:13j'aurais baissé les bras à bien l'avoir à elle parce qu'il n'y a pas de doute possible.
13:17Que fait-elle Semenova ? Elle ne bouge pas beaucoup, d'ailleurs elle va sous les panneaux adverses,
13:20elle s'installe tranquillement, elle tend les deux mains, elle attend le ballon,
13:23et puis elle le marque.
13:25C'est un peu anti-sportif, ce n'est pas tellement dans la règle du basket,
13:28et il faut dire que le Clermont, malgré 13 points d'écart, a quand même très bien joué.
13:45Le parcours de Semenova a été un peu compliqué.
13:49Le parcours des demoiselles de Clermont amplifie leur popularité dans toute la France.
13:53Bien voilà, vous connaissez mieux maintenant, c'est une moiselle du Cuc,
13:56et elle méritait d'être mieux connue.
13:58On en parlait beaucoup, même dans les...
14:01Elles avaient vraiment...
14:04Elles étaient rentrées, on va dire, dans les choumières.
14:09Est-ce que vous pensez que le sport automobile est un sport pour femmes ?
14:12Oui, je pense.
14:15Le public est séduit par l'ascension fulgurante des Clermontoises,
14:18passée en quelques années du championnat régional d'Auvergne, au toit de l'Europe.
14:24Désormais, le Cuc est le moteur du sport collectif tricolore.
14:31Des femmes numéro 1 du sport français,
14:34quels pieds elles ont ?
14:3630 ans plus tôt, le régime de Vichy interdisait aux femmes
14:39la pratique d'une quinzaine de disciplines sportives.
14:44Et dans les années 60, elles restent officiellement exclues de certains sports,
14:48comme le foot ou le rugby.
14:52C'est dans les sports individuels que les plus grandes femmes
14:55sont en train de se développer.
14:57Elles sont en train de se développer dans le sport,
15:00et de se développer dans le sport.
15:03C'est dans les sports individuels
15:05que les premières championnes d'après-guerre apparaissent.
15:08Christine Caron, vice-championne olympique de natation.
15:11Les Sœurs Gwatchel, championnes olympiques de ski.
15:14Françoise Dure, vainqueur de Roland-Garros en 68.
15:17Ou encore Colette Besson, médaille d'or du 400 m au JO de Mexico.
15:23En sport co, les demoiselles de Clermont veulent marquer l'histoire.
15:27En 71, le CUC, qui était déjà le premier club français à s'entraîner tous les jours,
15:32passe à deux entraînements quotidiens.
15:37Est-ce que vous vous considérez aujourd'hui comme des basketteuses professionnelles ?
15:40Oui, au point de vue de l'entraînement, des matchs, du programme que l'on a, oui.
15:45Mais au point de vue argent, pas du tout.
15:48Toutes ces filles travaillent, ou sont étudiantes,
15:51donc il faut qu'elles trouvent des mamans,
15:53en dehors de leur travail, des mamans pour s'entraîner.
15:56Ce qui impose de s'entraîner entre midi et deux heures.
15:59Et de s'entraîner le soir, ça impose un rythme de vie
16:03qui, je trouve, est difficile à suivre toute l'année.
16:08Dominique, avec les joueuses du CUC, on va d'étonnement en étonnement.
16:11Vous êtes institutrice, vous occupez d'enfants handicapés, de sourds et muets,
16:16et vous êtes joueuse à part entière des enfants handicapés.
16:20Et vous êtes joueuse à part entière de l'équipe.
16:24Alors là, il y a un mystère.
16:26Non, pas de mystère.
16:28Où trouvez-vous tout le temps ?
16:31Eh bien, je m'organise beaucoup.
16:33C'est une grande question d'organisation, surtout.
16:36Ça fait des journées de combien d'heures ?
16:38Ça fait de très longues journées.
16:43Mais quel genre de femmes êtes-vous donc pour avoir une vie pareille ?
16:47Il y a des femmes qui pensent qu'elles ont une chance de réussir quelque chose d'extraordinaire
16:51pendant quelques années de leur vie,
16:53et qui misent tout pendant 4 ou 5 ans sur cela.
17:08Le basket français était à un assez bas niveau.
17:12On gagnait avec des écarts de points incroyables.
17:18Ce n'était pas ça qui allait nous permettre de faire des Coupes d'Europe.
17:23Donc, on jouait contre des garçons qui nous permettaient d'avoir une opposition
17:26qui ressemblait à celle des pays de l'Est.
17:30On savait au début de saison qu'elles allaient être championnes de France.
17:33Et en fait, leur saison, elle la jouait sur la scène européenne.
17:36Savoir jusqu'où elles iraient dans la plus forte compétition européenne.
17:47C'est un score rarement aussi élevé qui a sanctionné le match retour de la Coupe d'Europe
17:52des clubs féminins de basketball.
17:54Le Clermont University Club a battu l'équipe anglaise Stonefold Ware par 170 points à 56.
18:06C'était plus facile qu'à l'entraînement.
18:13C'est le plus gros score jamais réalisé en Europe.
18:18Puis on jouait avec un gros ballon, il ne faut pas l'oublier.
18:21On avait un handicap.
18:23Parce que maintenant, les ballons sont plus petits chez les filles.
18:26Donc, c'est plus facile.
18:28Il n'y avait pas de tir à trois points.
18:30Il n'y avait plus qu'à jouer en très grande équipe.
18:32Si bien qu'en un quart d'heure, on a fait une différence de 30 points.
18:37Les basketteuses de Clermont-Ferrand sont décidément très fortes.
18:40Vexées d'avoir été battues de 14 points au match allé contre les Blancs.
18:44Mais en même temps, elles ont fait une différence de 30 points.
18:47C'est un bon score.
18:49C'est un bon score.
18:51C'est un bon score.
18:53C'est un bon score.
18:55C'est un bon score.
18:57Vexées d'avoir été battues de 14 points au match allé contre les Bulgares de Pernic en Coupe d'Europe.
19:02Elles ont gagné hier soir le match retour par 27 points d'écart.
19:22J'en ai la chair de poule.
19:28On ne peut pas revenir à cette époque-là.
19:45C'est parti.
19:58Voyons sans doute avoir la victoire en poche.
20:00Les joueuses de l'Est lèvent le pied.
20:02Chazalon en profite pour inscrire deux paniers.
20:0765-61. Il reste 90 secondes à jouer.
20:11Salwa donne à Passmar.
20:1467-61.
20:20Polinska a sans doute tort de se relever à l'attaque alors qu'il reste à peine plus d'une minute.
20:24Elle ne parvient pas à se débarrasser de Salwa.
20:27Et c'est une balle en or que Chazalon récupère.
20:29Faute sur Chazalon. C'est là que va se jouer le match.
20:36Le premier dans ses francs est réussi.
20:38Le deuxième devrait mettre les équipes à égalité au total des deux matchs.
20:42Mais Chazalon le manque.
20:44La balle reste pourtant à Clermont.
20:47Salwa, Guidotti. Un dernier panier.
20:5070-61.
20:52Neuf points d'écart. C'est du délire dans la salle.
20:54D'autant que les Tchèques vont perdre la balle.
20:56Et leur dernière chance.
21:17À la fin, vraiment, j'y croyais plus.
21:19On commence à baisser les bras.
21:21Et puis c'est quand on a vu qu'on a fait des interceptions, tout ça.
21:24Alors on a essayé.
21:26Puis après, avec le pressing, elles ont perdu des balles.
21:28Et nous, on en a profité.
21:30Mais à la fin, j'y croyais pas.
21:34Aïe, aïe, aïe.
21:36What is this ?
21:37C'est trop drôle.
21:38Quel accent.
21:39C'est toujours l'accent, le même accent.
21:43C'est extrêmement difficile de croire vraiment.
21:45Mais ce que je croyais, c'est que nous allions gagner.
21:47Et là, c'est l'exploit, sur-exploit, de réaliser.
21:51Cette joie, ce bonheur d'avoir attrapé tant de points.
21:54Ben, c'est pas évident.
21:56C'est pas des manchottes, les autres.
21:57Mais là, c'était la joie.
21:58Ce bonheur tout ensemble d'avoir réussi.
22:00C'est les larmes aux yeux, quoi.
22:02Nous avons des larmes de joie.
22:06Nous allons revoir la dernière minute de cette partie.
22:09Dernière minute alors que tout était encore possible
22:12pour les Françaises de Clermont.
22:14On gagne ou pas ?
22:16Si on gagne ou pas, je regarde pas.
22:207 secondes, 8 secondes à jouer.
22:22Si San Giovanni prend la balle et marque le panier,
22:25c'est San Giovanni qui est qualifié.
22:27En revanche, si c'est le cul qui prend la balle,
22:29je pense que c'est San Giovanni qui est qualifié.
22:32En revanche, si c'est le cul qui prend la balle,
22:34je pense que les joueuses du cul pourront garder la balle pendant 8 secondes
22:37et elles seront qualifiées pour la finale d'un point.
22:42Quelle tension !
22:51Attention !
22:52C'est San Giovanni qui a la balle. Il reste 5 secondes.
23:03Le panier est raté. Le cul se récupère.
23:07Le match est fini. Le cul est en finale.
23:10C'est un peu miraculeux mais c'est bien mérité.
23:13C'est un tout petit point.
23:15Le cul s'est qualifié pour la finale d'un point.
23:19Le Clermont Université Club se qualifie pour sa deuxième finale
23:22alors que les joueuses s'embrassent.
23:24On peut dire qu'on a eu chaud jusqu'au dernier moment,
23:27jusqu'à la dernière seconde.
23:30Celle-là, je m'en rappelle comme si c'était hier.
23:32Quand Weger shoot, je touche à peine la balle
23:35et le panier est raté.
23:37Et on gagne.
23:39Ce doigt-là.
23:42Quand on gagne à la difficulté,
23:44des tensions comme ça, ça prend en haleine le public.
23:52C'est ça qui fait que le public était derrière nous
23:56et qu'on a envie d'aller voir encore plus loin ce qui va se passer.
24:00On a fait effectivement beaucoup d'exploits.
24:03Il en restait un dernier et de taille.
24:16Cette image impressionnante, nous la retrouverons ce soir
24:19lorsque le club disputera le match allé de la finale
24:22de la Coupe d'Europe féminine de basket.
24:27Riga l'invincible.
24:29Riga et sa joueuse d'exception,
24:31Buljana Semenova, 2,10 m.
24:33Depuis 1960, Riga a disputé 13 Coupes d'Europe
24:36n'en perdant qu'une seule contre le champion de Bulgarie, Sofia.
24:44Tu es assise sur quoi, là ?
24:46Sur le maillot de Semenova.
24:48Qui c'est, Semenova ?
24:50C'est une joueuse de basket.
24:52Elle entre là-dedans, toute seule ?
24:54Ben oui.
24:56Elle mesure combien, Semenova ?
24:59Je sais pas.
25:01Plus de 2 m ?
25:02Oui.
25:03Plus de 2,10 m ?
25:05Oui.
25:06Plus de 2,20 m ?
25:08Non.
25:09Juste 2,20 m ?
25:10Semenova ?
25:15Buljana.
25:16Ah ouais.
25:25Il y a une différence de taille, quand même.
25:30Semenova, elle était référencée comme faisant 2,08 m.
25:33Mais c'est peut-être pas vrai.
25:35Elle était beaucoup plus grande que ça.
25:372,13 m, 2,14 m.
25:392,15 m et peut-être plus.
25:41Je pense qu'elle faisait 2,16 m, peut-être.
25:43On avait étalonné un mur.
25:46On avait trouvé 2,17 m.
25:49Ah, elle disait 2,18 m.
25:51C'est pas bien.
25:53Buljana Semenova.
25:56Mon Dieu, qu'elle est grande.
25:59Un cauchemar pour les équipes qu'elle rencontre.
26:02Vous la reconnaissez, c'est Semenova.
26:042,10 m.
26:06Qui récupère la balle et qui marque.
26:23Déjà 25 points pour Semenova.
26:29Paulette Passemart.
26:31Et la récupération, c'est Semenova.
26:33Le public trouve que la liste est inégale.
26:39Contre Rigard, il ne faut pas rater le panier
26:41car Semenova, encore elle, je la voyais.
26:43Il ajoute encore 2 points.
26:52Le culte ne réussira pas l'impossible exploit.
26:59On pouvait difficilement faire quelque chose contre elle.
27:02Difficilement.
27:06C'est une montagne, c'est Semenova.
27:11C'était très difficile.
27:13C'était difficile de jouer contre elle.
27:20Je faisais ce que je pouvais.
27:21Je ne faisais pas grand-chose, mais ce n'était pas grave.
27:23C'était comme ça.
27:24Ma mère fait à peu près la taille de Tony Parker.
27:26Elle fait 1,87 m.
27:28Et Ulyana Semenova fait à peu près la taille de Shaq.
27:30Shaquille O'Neal.
27:32Si aujourd'hui on avait un match où il y avait Shaquille O'Neal en face
27:35et que le pivot d'en face qui doit défendre sur lui
27:38fait la taille de Tony,
27:40il serait impossible à jouer.
27:43Rigard et son splendide mannequin de 2,10 m
27:46pour une centaine de kilos.
27:48L'énorme Semenova.
27:50Chaque année, il s'est pari masse de chair
27:52et de sang frais. Il a gagné son équipe.
27:54Il y a des gens qui l'ont considéré comme un monstre.
27:56Et qui l'ont montré comme un monstre.
27:59Et moi, à chaque fois, je luttais contre ça.
28:04Je pense qu'on n'a jamais eu des commentaires aussi méchants.
28:09On avait des commentaires d'impuissance.
28:13On l'accepterait plus facilement
28:15si Cepagny était marqué avec une plus grande technique.
28:19Mais étant donné que c'est seulement sa taille qui l'avantage,
28:22c'est un peu décevant et décourageant pour nous
28:24qui avons travaillé beaucoup pour acquérir
28:26certaines choses qu'elle n'a pas.
28:28Quand on bute toujours sur la même chose,
28:31on n'est pas toujours gentil et agréable.
28:41Les demoiselles de Clermont portent au drapeau
28:43du sport féminin numéro 1 en France, le basket.
28:46Les joueuses du Clermont Université Club,
28:48une équipe que l'on commence à bien connaître
28:50et qui a certainement fait beaucoup
28:52pour la nouvelle popularité du basket féminin.
28:59Tous nos matchs étaient télévisés, les matchs de Coupe d'Europe.
29:02Il faut dire qu'à l'époque, il n'y avait que deux chaînes.
29:04Pour nous rater, il fallait vraiment fermer le poste de télévision.
29:07C'était assez exceptionnel de voir débarquer
29:09tous les journalistes de Paris.
29:11L'équipe, le monde.
29:13Paris Match est venu.
29:16On trouvait ça presque normal.
29:19Tous les journaux féminins nous faisaient des reportages.
29:22On en parlait dans l'équipe, alors qu'avant,
29:25on ne parlait pas beaucoup du basket féminin
29:27et du sport féminin en général.
29:29Ça continue un peu aussi maintenant.
29:32Malheureusement, je dirais.
29:35On parlait beaucoup plus du sport masculin que féminin,
29:38même s'ils n'avaient pas des résultats
29:41aussi bons que les nôtres.
29:43Ça, ça nous scandalisait un petit peu.
29:45Ils ont mis du temps à comprendre
29:47qu'on méritait autant que les garçons.
29:49Chaque fois qu'on grandit, quelque part,
29:51on est contentes parce que
29:53c'est dire à beaucoup de personnes
29:56qu'on est là.
29:58Nous, les femmes, on a envie de réussir.
30:00On a envie qu'on parle de nous.
30:02On a envie que tout le monde voit ce qu'on fait.
30:05On joue un rôle important, quelque part.
30:08On ne le voit pas encore, mais on le sent.
30:14Une femme qui a une vie professionnelle chargée
30:17n'a pas la possibilité,
30:19en dehors de sa vie professionnelle,
30:21d'apporter quelque chose à un homme.
30:23Son seul rôle est de lui apporter
30:27le plaisir du guerrier,
30:30le délassement après la journée de travail.
30:36Dans les années 60,
30:38la société française est profondément patriarcale.
30:40Lorsque vous allez le placer dans une école,
30:42si vous n'êtes pas d'accord sur le choix de l'établissement,
30:45quel avis prévaudra ?
30:47Celui de monsieur ou celui de madame ?
30:49Je suppose celui de monsieur.
30:51Les femmes mariées vivent encore sous le statut
30:53édicté par Napoléon dans le Code civil.
30:55Elles doivent vouer obéissance
30:57à leur mari et à leur père.
30:59L'avis de monsieur est bien plus important que le mien.
31:04Un statut de tutelle qui changera
31:06grâce aux lois portées par Simone Veil
31:08entre 1965 et 1975.
31:10Ce n'est pas un exercice de la profession
31:12d'une femme mariée,
31:14puisque maintenant le mari ne peut plus s'opposer
31:16à ce qu'elle choisisse librement une profession.
31:19En 1945,
31:21le droit de vote pour les femmes.
31:23En 1965,
31:25on a l'ouverture du compte bancaire
31:29et l'autorisation de travailler
31:31sans demander l'avis du mari.
31:33C'est notre époque.
31:35On a vécu ces avancées-là.
31:37Le changement des mentalités
31:39montre que les femmes
31:41pouvaient être un peu autrement
31:43que derrière les fourneaux
31:45ou à faire des enfants.
31:47On était dans le patriarcat,
31:49mais on avait d'assez fortes personnalités
31:51pour suivre notre chemin.
31:55Ce qu'on nous disait
31:57passait un peu au-dessus de notre tête.
31:59On ne se laissait pas faire.
32:02J'avais été approchée par le président de Mont-Solimine.
32:05Ça ne m'intéressait pas du tout
32:07d'aller à Mont-Solimine,
32:09même si j'avais de la famille proche.
32:11On va jouer à Mont-Solimine.
32:13On gagne.
32:15Je monte dans les tribunes
32:17pour voir ma famille.
32:19Je me trouve face au président de Mont-Solimine
32:21qui me traite de putain.
32:23Mon sang n'a fait qu'un tour.
32:25Je lui ai écarté les bras
32:27et je l'ai giflé.
32:29J'ai dit, la putain,
32:31tu l'as voulu dans ton club.
32:33Il ne m'a plus jamais parlé.
32:37Il m'a voulu dans son équipe.
32:39Oui, je pense qu'il avait compris.
32:53C'est une époque où il fallait être marié
32:55à 24 ans, 25 ans.
32:57J'ai le sentiment d'avoir résisté à tout ça.
32:59J'avais dans la tête autre chose.
33:03Je voulais me réaliser dans le basketball.
33:05Je ne cherchais pas à créer une famille
33:07à bord des enfants.
33:09J'ai constaté que toutes les jeunes femmes
33:11qui jouent au CUC ou dans l'équipe de France
33:13sont célibataires.
33:15A quoi cela tient-il ?
33:17Est-ce que le mariage est incompatible
33:19avec la pratique du basketball à un niveau élevé ?
33:21C'est un peu une coïncidence.
33:23Je pense quand même
33:25que d'être célibataire, cela offre
33:27beaucoup plus de liberté.
33:29Il n'y a pas de compte à rendre à personne.
33:31On peut faire ce que l'on veut.
33:35J'ai l'impression qu'on est différente
33:37des autres femmes,
33:39parce que nous, on voyageait.
33:45Je n'avais jamais voyagé.
33:47Quand j'ai quitté mon Besançon natal,
33:49je n'avais jamais voyagé.
33:51Cela nous a permis de visiter
33:53des endroits
33:55où nous n'avions jamais voyagé.
33:57C'est ce qui m'a permis
33:59d'être là aujourd'hui.
34:01C'est ce qui m'a permis
34:03de visiter
34:05toutes les capitales d'Europe.
34:19Le sport, c'est aussi l'occasion
34:21de découvrir le monde et ses merveilles.
34:23A Moscou, comme de simples touristes,
34:25les demoiselles de Clermont-Ferrand
34:27ont pu admirer le Kremlin et ses cathédrales,
34:29la Place Rouge et le mausolée de Lénine
34:31et l'église de Saint-Basile.
34:37On essaie d'avoir des contacts
34:39avec les gens de ces pays
34:41pour savoir comment ils vivent,
34:43quelles sont leurs coutumes.
34:45Je crois que c'est très intéressant.
34:47Les voyages que je peux faire,
34:49les contacts que j'ai avec les gens
34:51du monde entier,
34:53puisqu'on a déjà fait pratiquement
34:55tous les continents,
34:57ça peut m'importer énormément pour plus tard.
34:59Quand on rentrait dans les pays de l'Est,
35:01je me demandais
35:03s'ils étaient en guerre ou pas.
35:05Il n'y avait rien, il y avait cette froideur.
35:07Une autre chose que j'avais remarquée,
35:09c'est que les magasins étaient vides.
35:11Ça fait très bizarre,
35:13parce qu'on rentre dans un monde froid
35:15où on a l'impression
35:17que tous les gens sont surveillés.
35:19On s'est rendu compte qu'ils n'avaient pas de liberté.
35:21Le manque de liberté, surtout des Russes,
35:23parce qu'elles étaient
35:25vraiment surveillées par la police
35:27pour qu'on ait le moins de contacts possible.
35:29Nous qui critiquons beaucoup la France,
35:31quand on revenait, on se disait
35:33il faut que les Français
35:35aillent voir ailleurs,
35:37parce que nous on a un pays merveilleux.
35:43Comme on vivait très souvent ensemble,
35:45parfois c'était quand même
35:47un peu compliqué.
35:49Parfois il y avait des petits clashs.
35:51C'est difficile d'être en communauté,
35:53surtout avec des filles.
35:55Je pense que dix filles ensemble
35:57pendant toute une année,
35:59se supportant les caprices des unes
36:01et les caprices des autres,
36:03mauvais caractère, passagers,
36:05ce n'est pas facile.
36:07Dans tout groupe, on a des affinités
36:09avec certains,
36:11des choses que l'on aime,
36:13des choses que l'on n'aime pas
36:15chez les autres.
36:17J'ai eu beaucoup d'affinités
36:19avec Christine Dulac,
36:21j'ai eu beaucoup d'affinités
36:23c'était pas toujours le grand bonheur
36:25mais on a eu à la tête de notre équipe
36:27M. Jeunet
36:29qui a toujours fait tout
36:31pour que tout le monde se parle,
36:33tout le monde s'entende,
36:35tout le monde aille vers le même objectif.
36:37C'est lui qui a fait le lien
36:39et le liant de notre équipe.
36:41Il y avait quand même des liens très forts
36:43parce qu'on a quand même vécu
36:45des moments
36:49qui étaient forts.
36:51Et surtout on était vraiment
36:53tout le temps ensemble,
36:55on se voyait tous les jours,
36:57plusieurs fois par jour
36:59et on a fait des choses sympas.
37:01Ça se ressent aussi dans le jeu
37:03parce qu'on s'entend bien,
37:05on joue ensemble,
37:07c'est la bonne ambiance.
37:17On est dans la joie,
37:19le spectacle.
37:27Quand la fantaisie est maîtrisée,
37:29c'est plus de la fantaisie,
37:31c'est une façon artistique
37:33de faire le geste efficace.
37:37On était quelques joueuses
37:39qui aimions le fun,
37:41qui aimions le spectacle.
37:43Moi je ne m'en privais pas.
37:50Jackie, c'est une fille qui a un style,
37:52qui est légère,
37:54c'est comme si elle dansait sur un terrain.
38:10Elles sont formidables.
38:14Elles jouent bien.
38:16Basquet de champagne, comme tu dis.
38:19Le basket féminin à cette époque-là
38:21était très strict,
38:23presque rigide.
38:25Là, au contraire,
38:27c'est que des actions de jeu rapide
38:29et où il y a une vraie aisance technique.
38:31Les poisses dans le dos,
38:33les poisses en l'air,
38:35il faut remettre ça en arrière.
38:37C'était totalement différent
38:39de ce qu'on pouvait observer à cette époque-là.
38:41C'est ce qui les a rendus
38:43aussi attractives, spectaculaires.
38:45Nous, on n'avait pas le basket
38:47pour eux.
38:49Nous, c'était la fantaisie.
38:51Elles nous admiraient, les joueuses.
38:53Elles s'amusent sur le terrain.
38:55Elles n'avaient pas le droit.
38:57Il fallait qu'elles passent la balle là,
38:59qu'elles fassent ça.
39:01Donc, elles ont découvert
39:03un autre basket.
39:13Eh bien oui, elle est là.
39:15C'est différent depuis hier soir.
39:17Ce n'est d'ailleurs pas la première fois
39:19qu'elle vient en Auvergne.
39:21Ulyana Semenova, un cas dans le domaine du sport,
39:23est déjà venue à trois reprises à Clermont.
39:25Ce matin, elle faisait un peu de tourisme
39:27du côté du lac Dédat
39:29où les quelques mordus de la pêche
39:31qui guettaient vaillamment le gardon au printemps
39:33n'hésitèrent pas à entamer le dialogue.
39:39Ulyana Semenova,
39:41c'est le phénomène du basket mondial.
39:43Depuis plusieurs années,
39:45elle porte la Coupe d'Europe à bout de bras.
39:47Semenova, on ne la connaît pour ainsi dire pas.
39:4922 ans, étudiante en cinquième année
39:51d'éducation physique, c'est tout.
39:53On ignore même sa taille exacte.
39:55Nous avons dû transformer notre lit
39:57en ajoutant un divan,
39:59ce qui donne 2,30 m.
40:01Je vais vous montrer.
40:03Un lit de 2,30 m.
40:05Nous avons dû également
40:07transformer des draps
40:09pour donner cette longueur
40:11Nous avons cousu
40:132 draps, 2 couvertures
40:15pour donner la dimension
40:17nécessaire pour la coucher.
40:19On s'est toujours demandé
40:21d'où ça venait son gigantisme.
40:23Semenova a été
40:25atteinte de l'achromégalie,
40:27c'est-à-dire
40:29une poussée des extrémités,
40:31les mains, les pieds, la tête.
40:33C'est une maladie
40:35qui est arrivée
40:37à 13 ans.
40:39La pauvre est handicapée.
41:09Elle ne devrait pas jouer.
41:11C'est injuste.
41:25Jacquie Chazaland.
41:27Formidable.
41:39Riga.
41:53Avec Ulyana Semenova,
41:55Riga ne peut pas perdre.
41:57Elles mettront toujours
41:592 points de plus que nous.
42:01Pour l'instant, c'est un problème insoluble
42:03parce que les abords du panier
42:05nous sont complètement interdits
42:07à la progression de cette joueuse.
42:09C'est une fille qui a dû travailler
42:11énormément parce que
42:13le handicap physique qu'elle avait
42:15à se mouvoir
42:17a vraiment évolué.
42:19Elle a vraiment progressé.
42:21Le pire, c'est qu'elle était
42:23en plus quand même à droite.
42:25On aurait pu penser que c'était juste
42:27un gabarit.
42:29J'avais une admiration sans borne
42:31parce que c'est incroyable
42:33le pourcentage qu'elle pouvait avoir au lancé franc
42:35elle n'était pas du tout avantagée
42:37par sa taille.
42:39En dehors du terrain,
42:41cette fille était gentille comme tout.
42:43On se retrouvait des fois quelques fois
42:45dans une petite boîte tenue par
42:47Géminiani, c'était le coureur séquisse.
42:49Les Russes et Semenova sont rentrés
42:51dans cette boîte qui était quand même assez basse.
42:53Il y avait un étage, c'est sûr qu'elle ne pouvait pas aller à l'étage.
42:55Comme quoi, on avait des liens
42:57assez forts parce qu'à force de se rencontrer
42:59avec Riga,
43:01ça a créé une liaison.
43:03On jouait chaque année deux fois par an
43:05plus l'équipe nationale.
43:07On se liait en amitié
43:09quelque part.
43:11On peut être adversaires et amis.
43:13C'est mon avis.
43:15On ne parlait pas la même langue
43:17mais on arrivait à communiquer
43:19par le regard ou autre chose.
43:21J'allais dire, je suppose qu'on a perdu.
43:23Enfin non, je sais qu'on a perdu.
43:27On a déjà rencontré un final
43:29mais malheureusement,
43:31on n'a jamais réussi à les battre.
43:33J'ai beaucoup entendu parler
43:35de Ouganas et Semenova
43:37depuis tout petit.
43:39C'était un peu la némesis
43:41de l'équipe nationale.
43:43C'était un peu la némesis
43:45de l'équipe nationale.
43:47C'était un peu la némesis
43:49de ma mère.
43:51C'était vraiment contre elle
43:53qu'elle jouait.
43:55Chaque fois qu'elle allait pour gagner un titre,
43:57elle tombait contre le rideau
43:59impossible à passer
44:01de Semenova.
44:03Cette joueuse complètement hors norme
44:05et qui dominait vraiment
44:07le basket mondial à cette période-là.
44:09Les matchs étaient presque perdus d'avance.
44:19On a quand même réussi
44:21ce qu'on n'avait encore produit
44:23jamais aucune équipe féminine
44:25dans un sport collectif.
44:27C'est quand même un bilan très positif
44:29malgré les défaites
44:31de cinq finales.
44:33Pour moi, le basket,
44:35c'était un moyen de réalisation
44:37de soi-même.
44:39Je pense que toutes les joueuses,
44:41c'est un peu ça.
44:43Elles se sont réalisées grâce au basket
44:45pendant une dizaine d'années.
44:47Après, on gagne, on perd.
44:49Il n'y a pas que les médailles.
44:51Il y a tout ce qu'on a vécu
44:53avec les partenaires, les adversaires,
44:55les voyages.
44:57Ça fait beaucoup de choses positives.
44:59Aujourd'hui, on est le premier sport
45:01collectif féminin.
45:03Le cuc, c'est le déclencheur,
45:05clairement. Ça a eu beaucoup d'influence.
45:07On a permis
45:09à beaucoup de villages,
45:11de petites villes, de créer des équipes de basket.
45:13Il y a plein de petits clubs
45:15qui avaient des clubs de football de garçons.
45:17Ils ont créé leur section féminine basket.
45:21Je crois qu'il y a aussi les personnalités.
45:23Les personnalités dans lesquelles
45:25les jeunes filles pouvaient
45:27s'incarner.
45:29Elles incarnaient quelque chose.
45:31Ça s'est vérifié
45:33quand on suit leur parcours
45:35après leur carrière.
45:37L'idée, c'était de faire faire
45:39six heures par jour au moins
45:41du basket aux gamins
45:43qui ne venaient que pour ça.
45:45C'est là que j'ai connu Vincent Collet
45:47qui a été un des premiers stagiaires
45:49à 15 ans
45:51à faire le grand voyage
45:53depuis le Nord.
45:55Ça a été une semaine de bonheur.
45:57C'était extraordinaire.
45:59On jouait au basket toute la journée
46:01dans un cadre qui était super.
46:03C'était un moment
46:05complètement novateur.
46:07C'était associé
46:09au travail.
46:11Le matin, il y avait des vrais ateliers
46:13où on bossait.
46:15L'après-midi, on faisait des matchs.
46:17Pour des gamins qui étaient passionnés
46:19de basket, on pouvait difficilement
46:21rêver mieux.
46:25En 1980,
46:27on a ouvert un tas de sports.
46:29L'idée, c'était d'avoir
46:31des bons entraîneurs
46:33et des têtes d'affiches
46:35qui attiraient les enfants
46:37et qui étaient là en permanence avec eux.
46:39On a fait le rugby avec Villepreux,
46:41le football avec Hidalgo
46:43qui était l'entraîneur de l'équipe de France de Platini.
46:45J'étais avec Alain Gilles
46:47qui était le basketteur du siècle.
46:51J'adorais le footballeur
46:53brésilien Pelé.
46:55Mon sponsor était le sponsor de Pelé.
46:57Je leur ai dit
46:59que si on faisait un camp de football en France
47:01avec Pelé pour une semaine,
47:03ils m'ont dit qu'on y allait.
47:05J'avais peur de rien à l'époque.
47:07Donc je suis allée à New York.
47:09Pelé est venu me chercher à l'hôtel.
47:11Quelqu'un de très simple,
47:13très gentil.
47:15On a commencé à discuter de l'idée
47:17de faire un camp en France.
47:19Il aimait beaucoup la France.
47:21Comme je démarrais dans ce domaine-là,
47:23je me suis rendue compte qu'il fallait un avocat,
47:25monter des contrats.
47:27Je ne connaissais pas tous ces domaines.
47:29Franchement, ça m'a fait un peu peur
47:31et j'ai abandonné.
47:33Mais lui, il était d'accord.
47:3910 ans après avoir mis un terme
47:41à sa carrière de basketteuse,
47:43Jacqui Chazalon apporte la preuve
47:45d'une reconversion réussie à travers
47:47cette activité dont elle fut la précurseur
47:49en France.
47:51Ma mère allait entraîner.
47:53J'y allais comme gamin et j'allais jouer.
47:55Ça a toujours été des super moments
47:57de convivialité et à la fois
47:59de perfectionnement au basket.
48:01Je voulais aussi progresser.
48:03Je me souviens qu'il y avait
48:05des coachs américains
48:07qui étaient là.
48:11C'était impressionnant pour nous.
48:13Bill Kane qui entraînait.
48:15Il a joué en NBA à Portland.
48:17Pour nous, c'était le rêve.
48:19La vision que Jacqui avait
48:21de la façon de s'entraîner,
48:23de l'entraînement individuel,
48:25de l'expérience améliorée,
48:27ça m'a beaucoup influencé.
48:29Mes débuts de coach, je faisais
48:31beaucoup de travail individuel
48:33à mes jeunes joueurs.
48:35Ils ont tous eu le droit
48:37à beaucoup de séances individuelles.
48:39Maintenant, on voit des camps
48:41de sport et différents sports
48:43qui s'ouvrent un peu partout.
48:45C'est génial d'avoir réussi
48:47à créer un engouement sur ce genre
48:49d'événements.
48:51C'est une vraie richesse
48:53pour contribuer à améliorer
48:55à coup sûr les sports collectifs français.
48:59On sait que ce n'est pas toujours simple
49:01de faire la transition
49:03de la vie active, sportive
49:05à l'après-sport.
49:07Toutes les anciennes coéquipières
49:09de ma mère que j'ai pu voir
49:11pendant ces années,
49:13elles font toujours plein de choses
49:15et toujours super actives.
49:17Parmi les maires élus aux dernières élections
49:19municipales, certains sont inconnus,
49:21comme Colette Ponchet-Passemart
49:23qui vient d'être élue maire de Marcenat
49:25dans le Cantal a été l'une des
49:27demoiselles de Clermont,
49:29une célèbre équipe de basket féminine
49:31dans les années 70.
49:33J'ai été élue
49:35et je suis devenue maire
49:37de ma petite commune que j'aime beaucoup.
49:39Aujourd'hui,
49:41ça fait
49:4310 ans que je suis maire.
49:45Même le nom de la liste
49:47Une équipe pour Marcenat est un clin d'œil
49:49à madame le maire et à son expérience
49:51dans le sport de haut niveau.
49:53Ça sert à manager quand même.
49:55J'ai été manager longtemps.
49:57Je suis joueuse, mais j'ai managé longtemps.
49:59Et ça a été
50:01un petit peu difficile à faire rentrer
50:03dans la tête des gens qu'une femme puisse être maire.
50:05C'était jamais arrivé à Marcenat.
50:07Je pense que
50:09les 514 habitants savent
50:11qu'une femme peut être maire.
50:15Parmi les héritages laissés par le CUC,
50:17trois demoiselles de Clermont
50:19ont transmis la fibre du sport de haut niveau
50:21à leurs enfants.
50:23Christine Rougerie est la mère du rugbyman Aurélien Rougerie.
50:25Françoise Kiblier,
50:27celle de deux basketteuses internationales,
50:29Géraldine et Élodie.
50:31Quant à Elisabeth Riffiau,
50:33elle est la mère du champion NBA
50:35Boris Diot.
50:39Au début,
50:41ce n'était pas évident.
50:43Je n'ai jamais pensé, et lui non plus,
50:45qu'il arriverait à un très haut niveau.
50:47D'ailleurs, j'ai toujours une anecdote
50:49que je raconte encore dernièrement.
50:51C'est qu'il allait faire
50:53les camps de basket pendant l'été
50:55à Mont-de-Marsan.
50:57Quand il est revenu,
50:59dans sa valise,
51:01il y avait un maillot vert.
51:03J'ai dit, qu'est-ce que c'est ce maillot ?
51:05Il me dit, écoute,
51:07j'ai eu le prix du meilleur potentiel.
51:09L'année suivante, il est retourné
51:11à ce stage.
51:13Quand il est revenu,
51:15il avait le même maillot.
51:17J'ai dit, c'est quand même curieux.
51:19Tu as encore eu le prix du meilleur potentiel.
51:21Il me dit, non, j'ai eu le prix
51:23du meilleur animateur de soirée.
51:25Je me suis vraiment dit,
51:27quand tu as eu ton potentiel
51:29et que l'année suivante,
51:31tu es surtout récompensé
51:33pour tes qualités d'animateur,
51:35ton avenir, c'est plutôt
51:37dans l'animation.
51:43Boris Diot, face à Jim Bilba.
51:45C'est joli !
51:47C'est superbe !
51:59Boris Diot, le bordelais,
52:01est devenu champion de NBA
52:03avec les Spurs de San Antonio
52:05et son copain de toujours,
52:07Tony Parker.
52:09C'est génial !
52:11C'est génial !
52:13En un mot,
52:15je suis admiratif.
52:17Je suis fier.
52:19Je trouve que c'est un bon petit gars,
52:21qu'il a un très bon esprit,
52:23qu'il a une très bonne mentalité,
52:25que c'est un leader.
52:27Je suis très admiratif.
52:29Depuis que vous êtes joueur professionnel,
52:31depuis que vous avez fait
52:33le tour de l'Europe,
52:35c'est-à-dire,
52:37depuis que vous êtes joueur professionnel,
52:39depuis que vous êtes en équipe de France,
52:41vous ramenez toujours tout au collectif.
52:43Ça vous vient d'où, cette culture ?
52:45Je pense que ça fait partie
52:47de mon éducation,
52:49sûrement de ce que ma mère m'enseignait
52:51et de l'idéologie que j'ai aussi du basket
52:53parce que c'est un sport collectif,
52:55ce n'est pas un sport individuel.
52:57Ma mère m'a complètement
52:59insufflé les valeurs
53:01à véhiculer en équipe
53:03et pour faire partie
53:05de grandes équipes
53:07parce que c'est ce qu'elle a fait
53:09pendant sa carrière.
53:11Dans le basket féminin,
53:13il y a beaucoup plus de jeux collectifs,
53:15il y a beaucoup plus de travail ensemble.
53:17C'est les valeurs du sport collectif,
53:19c'est jouer ensemble,
53:21c'est trouver le meilleur moyen
53:23ensemble de battre l'équipe adverse
53:25et c'est ces valeurs-là
53:27qu'elle a essayé de m'inculquer
53:29depuis tout petit.
53:31Elle a vraiment été la vedette
53:33de la deuxième mi-temps.
53:35Elle était dans le livre des records
53:37en photo pour avoir le plus grand nombre
53:39de sélections dans une équipe nationale.
53:41J'en ai toujours entendu parler
53:43depuis que je suis tout gamin.
53:45C'était le record des 247 sélections
53:47en équipe de France.
53:49C'était une grande fierté pour moi
53:51de voir ma mère dans le Guinness Book des records.
53:53Du coup, à partir du moment
53:55où j'ai eu ma première sélection
53:57en équipe de France,
53:59c'est ce que je lui disais toujours.
54:01Je lui disais, je vais te battre.
54:03Je vais battre ton nombre de sélections
54:05en équipe de France.
54:13J'ai un fils extraordinaire
54:15qui a égalé le nombre
54:17de sélections de sa mère
54:19et qui n'a pas voulu le dépasser.
54:21C'est un truc incroyable.
54:23J'aurais pu facilement en faire deux de plus.
54:25Il y avait encore une fenêtre internationale
54:27un mois et demi ou deux mois après.
54:29Mais je trouvais que la symbolique
54:31était plus forte
54:33de s'arrêter pile à 247
54:35comme ma mère.
54:39Voilà.
54:47Ça me rappelle la belle époque.
54:49Mais 50 ans après,
54:53c'est plus du tout d'actualité.
54:55Non mais c'est bien.
54:57C'était une belle époque.
55:13Le CUC, ça a toujours été un peu synonyme
55:15de camaraderie. Je me souviens avoir refait
55:17des dîners, des week-ends où les filles se retrouvent.
55:19Ma mère nous amenait toujours sur les réunions.
55:21Elle nous amenait avec elle.
55:23On faisait toujours plaisir de venir.
55:25C'est assez agréable
55:27de ne jamais s'être perdu de vue.
55:29Puisque régulièrement, on se retrouve.
55:31Dès qu'on se voit,
55:33c'est comme si on ne s'était jamais quitté.
55:35Ça fait 30-40 ans qu'on se connaît quand même.
55:37On a toujours cette flamme.
55:39Même si aujourd'hui c'est terminé depuis longtemps,
55:41il n'y a que du bonheur,
55:43que du plaisir.
55:45On a trop partagé pour l'oublier,
55:47pour l'effacer.
55:49Ça fait partie vraiment de notre vie.
55:51On se retrouve comme à 20 ans
55:53quand on se revoit.
56:21C'était la première fois
56:23qu'il y avait un vrai contact, où on se parlait.
56:25Il y avait une interprète et on se parlait.
56:27Elle nous a parlé de son enfance.
56:29Elle nous a montré des photos quand elle était petite.
56:31Une petite blonde qui était toute mignonne.
56:51Après, on a gardé des liens
56:53jusqu'à ce qu'on apprenne
56:55qu'elle allait être amputée d'une jambe.
56:57Ça nous a scotché.
56:59On a pris conscience
57:01qu'elle avait vraiment de gros problèmes
57:03de santé et d'argent.
57:05Avec les filles du CUC,
57:07on a décidé
57:09de faire quelque chose pour elle,
57:11de lui montrer d'abord notre amitié,
57:13notre soutien.
57:15C'est comme ça qu'on a monté une cagnotte
57:17pour lui offrir un vélo à sa taille,
57:19un vélo d'appartement
57:21qui lui permettrait de se rééduquer
57:23après l'opération.
57:31C'est quand même important pour une joueuse
57:33de ce niveau-là,
57:35de cette grandeur-là,
57:37dans tous les sens du terme,
57:39qu'elle puisse être heureuse.
57:49Ça m'a aidé
57:51à retrouver
57:53tous les gens
57:55qui étaient là.
57:57J'avais pas seulement
57:59l'espoir de jouer au basket,
58:01mais j'avais aussi l'espoir.