Si on vous dit "musique contemporaine", un nom vous vient peut-être en premier : celui de Pierre Boulez. À la fois musicien, chef d'orchestre et homme d'institution, Pierre Boulez a bouleversé la musique du XXe siècle. Il tient à mettre en avant la musique de ses contemporains et participe à la création d'institutions musicales encore existantes aujourd'hui, comme l'IRCAM et la Cité de la musique. Portrait d'un créateur radical, par Lionel Esparza.
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00:00Si on vous dit « musique contemporaine », vous pensez peut-être à lui.
00:03Pierre Boulez.
00:04Pierre Boulez.
00:04Pierre Boulez.
00:05Pierre Boulez.
00:06Pierre Boulez.
00:06Pierre Boulez.
00:08Un musicien contournable de la culture française du XXe siècle,
00:12à l'origine de tout un tas d'institutions musicales encore existantes aujourd'hui.
00:16Mais aussi un personnage décrié, radical dans ses idées,
00:19qui a bouleversé la musique de son temps.
00:21Pierre Boulez est un compositeur d'abord, mais aussi un chef d'orchestre,
00:25un théoricien, un homme d'institution.
00:27On peut dire que ça a été tout simplement l'un des plus grands musiciens français du XXe siècle,
00:31si ce n'est le plus important.
00:40Né en 1925, le jeune Pierre Boulez est un matheux
00:43qui se destine un temps aux études scientifiques,
00:46avant de changer de direction à 19 ans pour rejoindre le conservatoire de Paris.
00:50C'est là qu'il apprend auprès des grands de son époque,
00:53dont Olivier Messiaen et René Lebovitz.
00:56A seulement 21 ans, Pierre Boulez devient directeur de la musique de scène du Théâtre du Petit Marigny.
01:01Il commence à composer, théorise et élabore sa musique contemporaine,
01:05pas toujours simple à apprécier.
01:07« Allez les petits cartons, l'Isaac ! »
01:11Du point de vue du langage, une chose caractérise la musique de Pierre Boulez,
01:14c'est ce qu'on a appelé la technique post-sérielle.
01:16Je passe sur les détails de cela, qui donne une musique qu'on a parfois caricaturée.
01:20« Pim pam pam, tadam ! »
01:21Bon, Boulez ça peut être ça.
01:23Il y a autre chose derrière. Bien évidemment, ce n'est pas pour rien que cette musique a tenu.
01:27C'est qu'elle a aussi une forme de sensibilité très particulière,
01:30qui est à la fois très froide et très lumineuse.
01:37Ce n'était pas un homme du passé, c'était un homme du présent,
01:40avec un peintre en particulier, Paul Klee,
01:42qui a été pour lui et pour sa sensibilité absolument fondamentale,
01:46et qui le représente vraiment.
01:48En plus de la composition, Pierre Boulez apprend sur le tas la direction d'orchestre.
01:53« Quiet now, please, quiet, quiet ! »
01:54Il n'a pas eu besoin de passer par la baguette.
01:56Très naturellement, il a dirigé les grands orchestres comme il le faisait les petits ensembles,
02:00et ça marchait plutôt pas mal.
02:01« Au départ, je n'ai jamais voulu être chef d'orchestre.
02:03Tant que vous n'avez pas un orchestre à vous,
02:06vous ne pouvez pas faire le répertoire que vous voulez. »
02:08Et dans le choix des œuvres, Pierre Boulez tient à mettre en avant la musique de son temps,
02:12et non plus forcément la musique classique des siècles précédents.
02:15Le cœur du répertoire de Pierre Boulez, c'est bien sûr la musique du XXe siècle.
02:19Tout d'abord, Berg, Weber, Schoenberg, ce qu'on appelait la Seconde École de Vienne,
02:24une musique qui n'était quasiment pas jouée en France au sortir de la Seconde Guerre mondiale.
02:28Lui, il a été véritablement un missionnaire pour tous ces musiciens.
02:32Mais aussi Bartók, Stravinsky, Ravel, Debussy, où il fait des merveilles.
02:38Mais Pierre Boulez ne fait pas l'unanimité.
02:41Certains le jugent trop radical.
02:43En 1967, il prend ses distances avec la France,
02:46suite à un désaccord sur la réforme du monde musical.
02:49Mené par André Malraux, ministre de la Culture.
02:52Pierre Boulez poursuit pendant un temps sa carrière à l'international,
02:55notamment en Allemagne et aux États-Unis.
02:58La réforme de la musique a été ratée dès le départ,
03:01pour n'avoir pas pris les mesures de réforme qu'ils imposaient.
03:05Et le fait qu'on l'ait dit a choqué les gens.
03:08Et bien qu'il reste choqué, c'est complètement égal.
03:10Il y a deux raisons, je crois, pour lesquelles Boulez est une personnalité
03:13aujourd'hui encore clivante et relativement décriée.
03:16La première, c'est que dans ses jeunes années en particulier,
03:19il a quand même été très rude, lui-même, dans ses rapports
03:22avec le milieu musical et avec certains musiciens
03:24qu'il a pu même parfois insulter.
03:26Humainement, certains vous diront qu'il était cassant, difficile.
03:30D'autres, et en particulier ceux qui ont travaillé avec lui,
03:33vous disent qu'au contraire, c'est un personnage absolument charmant.
03:35Deuxième raison pour laquelle il clive encore aujourd'hui,
03:39c'est que ça a été un homme de pouvoir.
03:40Qu'une institution musicale ne doit pas dépendre d'un pouvoir politique.
03:44C'est pour ça que j'ai protesté contre certaines nominations.
03:46Très influent dans le monde de la création musicale,
03:49Pierre Boulez devient même une référence dans la sphère politique.
03:52Dans les années 70, il est chargé par Georges Compidou
03:55de fonder un institut de recherche musicale, l'IRCAM.
03:59Il fonde également l'ensemble intercontemporain
04:01et participe à la création de la Cité de la Musique.
04:04Quand on a des institutions comme celle d'Angela Charge,
04:08je crois que le but est justement d'essayer de conquérir
04:11de plus en plus un vaste public.
04:12Il y a une phrase qui résume bien Pierre Boulez, je trouve,
04:14c'est l'injonction d'Arthur Rimbaud,
04:16il faut absolument être moderne.
04:18Pierre Boulez a voulu être absolument moderne.
04:29Il s'est imposé à son temps et ça explique qu'aujourd'hui,
04:31rétrospectivement, quand on pense musique contemporaine,
04:34on pense Pierre Boulez.
04:44Sous-titrage Société Radio-Canada