"Faire un enfant, c’est choisir de croire en l’avenir."
Charlotte Meyer, autrice et journaliste écologie, partage comment elle a dépassé ses doutes face à un avenir incertain pour accueillir son enfant comme un acte d’espoir.
Pour elle, élever une génération consciente, courageuse et proche du vivant est une façon de contribuer à un monde meilleur et durable.
Son livre "Les enfants de l'apocalypse : faire des mômes n'empêche pas d'être écolo", publié aux Éditions Tana, est disponible en librairie.
Charlotte Meyer, autrice et journaliste écologie, partage comment elle a dépassé ses doutes face à un avenir incertain pour accueillir son enfant comme un acte d’espoir.
Pour elle, élever une génération consciente, courageuse et proche du vivant est une façon de contribuer à un monde meilleur et durable.
Son livre "Les enfants de l'apocalypse : faire des mômes n'empêche pas d'être écolo", publié aux Éditions Tana, est disponible en librairie.
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00:00Arrêter de faire des enfants pour sauver la planète, pas forcément.
00:02Je vais vous expliquer pourquoi faire des enfants, ça peut aussi être un acte écologique.
00:06À force d'avoir toujours le nez collé sur l'actualité, sur les résumés scientifiques,
00:10j'avais l'impression que c'était impossible d'avoir un enfant aujourd'hui,
00:13que je ne pourrais pas le protéger, que son avenir était trop incertain.
00:16Et pour cette raison, j'ai décidé que c'était impossible pour moi de devenir mère.
00:19Quand je me rends compte que je suis enceinte,
00:20comme à ce moment-là, j'étais en reportage itinérant dans des zones rurales,
00:23où on n'a pas forcément une IVG rapidement,
00:25et donc on me planifiait une IVG pour six semaines plus tard.
00:27Et j'ai finalement décidé de renoncer à cet avortement la veille de l'opération.
00:30Je reste persuadée que la lutte écologique, c'est quelque chose qui doit se faire dans la joie.
00:34Ça ne doit pas partir de sacrifice, mais ça doit vraiment être une lutte joyeuse.
00:37Et j'avais vraiment la sensation que si je renonçais à cet enfant, j'étais perdante.
00:41Je renonçais à une part de bonheur.
00:42Je me sentais bien plus prête à lutter davantage,
00:45à construire un mode de vie encore différent pour le préparer à cet avenir-là,
00:49plutôt qu'à lui dire au revoir.
00:50Alors curieusement, c'est plutôt les générations précédentes qui m'ont fait des remarques.
00:53« Mais attends, t'es journaliste écolo, t'es censée être au courant de ce qui se passe.
00:56Aujourd'hui, vos générations ne peuvent pas faire d'enfants,
00:58autant pour leur avenir que parce que ça leur dirait le bilan en carbone. »
01:00Bon, la première chose, c'est peut-être qu'on pourrait arrêter de dire aux femmes
01:03si elles doivent avoir des enfants ou pas.
01:05Ce chiffre qui circule comme quoi faire un enfant, ça équivaudrait à 58 tonnes de CO2 par an,
01:10ça a nuancé parce qu'en fait, il prend en compte toutes les émissions de carbone
01:13de notre enfant et de sa descendance.
01:14C'est pas vraiment objectif.
01:15Et toutes les familles que j'ai rencontrées pour écrire ce livre,
01:18la plupart mettent en place un mode de vie qui part de l'enfant
01:20et qui du coup est beaucoup plus écologique et proche du vivant
01:23parce que c'est une lutte pour l'avenir de leur enfant.
01:25J'ai rencontré des personnes qui avaient parfois 3 ou 4 enfants
01:27et qui avaient un mode de vie bien plus écolo que d'autres personnes qui parfois vivent seules.
01:30Il y a beaucoup de personnes pour qui arrêter de faire des enfants,
01:32ce serait juste renoncer, ça voudrait dire que c'est déjà perdu.
01:35Je pense que c'est une manière pour eux aussi de se donner de l'espoir pour demain
01:37en se disant que ce n'est pas la fin et qu'on peut avoir une génération qui soit consciente.
01:41Je pense que l'éducation, c'est une des plus belles armes pour changer le monde.
01:44Parler du changement climatique à son enfant, ça reste un vrai sujet
01:47parce que le but, c'est de le préparer sans l'angoisser.
01:49Le principal, ce n'est pas forcément lui dire
01:51« attention, ce qui va t'arriver demain, ça va être grave »,
01:53mais c'est d'abord d'en faire une personne qui soit courageuse, résiliente,
01:56qui comprenne comment fonctionne le vivant,
01:59qui soit proche du vivant, qu'il considère comme un allié
02:01pour qu'il soit près de main, qu'il ait toutes les clés en main.
02:02J'ai justement tenu à rencontrer aussi des personnes
02:05qui mettent en place uniquement des écogestes
02:07parce que c'était important pour moi d'avoir un peu tous les profils
02:09du petit niveau écogeste jusqu'à un changement radical de vie.
02:12Le but, ce n'est pas du tout de culpabiliser les personnes qui ne font que des écogestes,
02:15surtout que généralement, c'est quand même des personnes
02:17qui parlent beaucoup avec leurs enfants, qui leur expliquent par exemple
02:19« là, je t'ai acheté un body d'occasion »
02:21ou « c'est le body de ton cousin parce que c'est meilleur pour la planète ».
02:23Donc ça reste quand même dans un discours qui est écologique.
02:26Alors ça pourrait effectivement créer ce qu'on appelle un effet rebond,
02:29c'est-à-dire que si demain, on décide qu'on ne fait plus d'enfants,
02:32il y a peu de chances pour que tout le monde devienne
02:34la personne la plus écolo possible et mette en place des modes de vie sobres.
02:38Je pense qu'au contraire, il y en a beaucoup qui en profiteraient
02:40pour se dire « de toute manière, l'humanité, c'est terminé,
02:42donc profitons-en joyeusement pour polluer ».
02:44Finalement, les fous, ce n'est pas forcément ceux qui font des enfants,
02:46mais ceux qui contribuent à leur rendre le monde inhabitable.
02:48Souvent, on a tendance à opposer les personnes qui veulent des enfants
02:51à celles qui n'en veulent pas.
02:52Je pense qu'au contraire, ces personnes, elles devraient se rassembler
02:54et lutter ensemble parce qu'il peut y avoir des luttes
02:56qui sont complémentaires, des arguments complémentaires.
02:58Il faut vraiment qu'on approprienne à se rassembler pour lutter ensemble
03:00plutôt qu'à continuer ce débat, polluer l'espace public
03:03alors qu'il n'est pas du tout utile et qu'au contraire, il prend du temps.
03:05Le but du livre, ce n'est pas de dire qu'il faut absolument faire plein d'enfants
03:07et que c'est faire des enfants qui changera le monde.
03:09Je pense qu'il faut garder en tête et être conscient
03:11que nos enfants ne vivront pas du tout dans le monde tel qu'on l'a connu.
03:13On sait par exemple qu'un enfant né en 2020,
03:15il va connaître sept fois plus de vagues de chaleur
03:17qu'une personne née en 1960.
03:19Malgré tout, je pense que faire un enfant pour certains,
03:21c'est vraiment un gage de bonheur,
03:23qu'on sera toujours plus investi dans la lutte si on est heureux
03:26que si on fait toujours des croix sur ce qui nous anime passionnément.
03:29Avoir un enfant, ça incite aussi,
03:31c'est-à-dire qu'à partir du moment où on a un enfant,
03:32on se sent presque obligé d'en faire plus
03:34et peut-être que ce ne sera jamais assez,
03:36mais effectivement, en faire jamais assez,
03:37ce n'est pas la même chose que ne rien faire du tout.