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00:00Et je me tourne maintenant vers Olivier Benkemoun, notre monsieur cinéma, vous nous parlez ce matin de Jouer avec le Feu, le film français, à voir cette semaine.
00:09Porté par Vincent Lindon, avec deux jeunes comédiens excellents, Stéphane Crépon, vu dans le bureau des légendes, c'était le jeune geek, je sais pas si vous vous souvenez,
00:16et Benjamin Voisin, césar du meilleur espoir 2022 pour Illusion Perdue. Et à eux trois, ils forment le noyau dur d'une famille sans maman.
00:24Le père est chef d'une équipe de caténéristes, vous savez ce que c'est des caténéristes ?
00:28Des caténères, la nuit à la SNCF, il élève ses deux garçons, le plus jeune est major de sa prépa, il rêve de la Sorbonne à Paris,
00:36alors que l'autre, l'autre est en BTS technique, ne voit pas son avenir et surtout est en train de s'acoquiner avec un groupuscule d'ultra qui aime la castagne,
00:43et en plus c'est les copains de son père qui vont lui apprendre.
00:46Hier on collait des affiches pour la manif, il y avait une bande de pieds niquelés qui taguaient au bout des voies, il y avait un gars qui avait le dégaine de ton gamin.
00:53Qu'est-ce que tu fabriques Fouss ?
00:54J'accompagne des potes.
00:55C'est le jeune Pâques d'en face là, non ?
00:57Qu'il a des potes ultra ?
00:58Non, non, c'est pas seulement des ultras.
01:00Ah c'est bon, je me casse d'ici.
01:01Fouss !
01:03Pas seulement des ultras, des ultras fachos, mais aussi racistes, suprémacistes, qui ont le rôle des jeunes.
01:08Ce père va le suivre, mener l'enquête, essayer de l'arrêter, et puis il va essayer surtout de parler à son fils,
01:13et plus celui-ci va écouter son père ou ne pas l'écouter, plus il va se braquer évidemment,
01:18casser les derniers fils de l'enfance et avec les liens qui l'unissent à son papa.
01:23Si ta mère te voyait, je te jure.
01:24T'as dit quoi ?
01:25Si ta mère te voyait.
01:27Tu dis pas, tu dis pas.
01:28Tu répètes plus jamais ça de ta vie.
01:29T'entends ?
01:31Arrête.
01:31Voilà, vous avez déjà parlé à votre père comme ça ?
01:33Ah non, pas intérêt.
01:35Alors évidemment, la crise identitaire va très mal se terminer, vous en doutez,
01:39et plus le film avance, plus on va voir le personnage du père s'affaisser,
01:42rapetisser, sans se demander pourquoi, alors qu'il a donné la même éducation à ses deux garçons,
01:50mais exactement la même, pourquoi il y en a un qui glisse, jusqu'à commettre l'irréparable.
01:55C'était un enfant comme un autre.
01:57Si j'aurais fait l'histoire dans ma tête,
01:59mille fois je me suis dit qu'elle aurait pu terminer autrement.
02:02Je savais qu'il tournait mal.
02:04Je pouvais pas lutter tout seul.
02:06Voilà, Alain Don, il est très bon dans ce rôle de père dépassé, malmené, humilié,
02:10et finalement tout en culpabilité, il est très très bon.
02:12Il n'y a pas de femme quasiment dans ce film,
02:14il y a une avocate qui représente l'ordre et la justice,
02:17l'autre c'est une doyenne d'université qui représente l'instruction et la culture.
02:21Vous en tirerez peut-être la conclusion qu'un monde sans femmes
02:23serait un monde qui irait totalement à sa perte, évidemment.
02:26En tout cas, c'est réalisé par deux brillantes cinéastes,
02:29Myrienne et Delphine Coulin,
02:31et c'est pour ce rôle que Vincent Lindon a remporté la Coupe Volpi du Festival de Venise,
02:35qui est la coupe, ou plutôt le prix qui couronne le meilleur acteur de la sélection.
02:40Très franchement, c'est le trio qui aurait pu être récompensé.
02:43Lindon, réponds voisin.
02:44Moi j'étais pour le triomphe du trio.
02:46Tu peux rien comprendre.
02:50Quelle note vous donnez à ce film, Olivier Benkémoun ?
02:52Un bon 4 sur 5, c'est bien.
02:544 sur 5, joué avec le feu, avec Vincent Lindon,
02:58c'est à voir en salle cette semaine.
02:59C'est un peu caricatural sur le portrait qu'on fait,
03:03du glissement vers les ultra fachos.
03:05Je me disais que je connaissais l'histoire, Olivier Benkémoun,
03:07je vois que c'est adapté du roman Ce qu'il faut de nuit de Laurent Petit-Mangeant,
03:10qui avait cartonné en librairie en 2001, je crois.
03:13Il a eu pas mal de prises.
03:14Merci cette précision, heureusement que vous êtes là.
03:16Une vraie journaliste.
03:18Une vraie journaliste dans ce studio.