Éric Dupond-Moretti, ancien garde des Sceaux, était l’invité de Benjamin Duhamel ce dimanche 19 janvier. Il a été interrogé sur son bilan en tant qu'ancien ministre de la Justice et a assuré que "la justice n'est pas laxiste".
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00:00Alors, d'abord, les chiffres nous départagent, si tant est que nous ne disions pas tout à fait la même chose.
00:07Depuis des années, les peines qui sont prononcées sont de plus en plus sévères, et les prisons sont pleines.
00:13Et par ailleurs, moi j'ai tellement mesuré la difficulté de juger, je l'avais déjà mesuré lorsque j'étais avocat,
00:20que j'ai permis, c'est une des réformes que j'ai conduite, de filmer la justice,
00:25pour qu'elle rentre dans le salon des français, et que vous mesuriez la difficulté, par exemple, de déterminer une peine juste.
00:32Moi, on peut me raconter tout ce qu'on veut, on peut dire ce que l'on veut, les chiffres sont là, ils sont têtus.
00:39– Et donc Bruno Retailleau, il se trompe quand il dit qu'il y a un problème d'inexécution des peines ?
00:42– Attendez, si le jeu consiste à m'opposer à Bruno Retailleau, moi je joue pas.
00:48– Je croyais que vous faisiez plus de langue de bois, alors là, maintenant, c'est plus un collègue,
00:51il a été gouvernemental, si vous pensez l'inverse de Bruno Retailleau, vous pouvez le dire.
00:54– Alors, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ?
00:56Que Bruno Retailleau a tort, que Dermanin a tort, que les autres ont tort, que je puisse avoir raison ?
01:00Je dis que moi, j'ai toujours soutenu la même ligne, la justice n'est pas laxiste, les chiffres le démontrent.
01:05Maintenant, sortez les chiffres, et si vous avez la démonstration de ce que je ne dis pas la vérité, alors d'accord,
01:10et je vous concèderai une erreur importante, parce que depuis des années, je dis la même chose sur ces questions.
01:19Ensuite, vous savez, on a opposé, on a fait des petits guéguerres sémantiques, ça, vous adorez faire ça.
01:26– Vous aussi.
01:27– Non mais attendez, Dermanin a dit, Gérald a dit à un moment, en sauvagement, j'ai dit, moi,
01:33la sensibilité qui est la mienne ne me porte pas à utiliser les mêmes mots.
01:37Trois semaines de polémique, ensuite j'ai dit, monsieur Duhamel, il y a certes de l'insécurité,
01:45mais il y a aussi un sentiment d'insécurité, notamment alimenté par les chaînes d'information continue.
01:52– Ah, ça recommence.
01:53– Ou, c'est vrai, d'opinion continue, pardon, un crime décliné 50 fois, ça devient 50 crimes, voilà.
02:02Et là, qu'est-ce que vous faites, vous ne pouvez pas réagir, parce que si vous rectifiez le tir,
02:06vous savez, c'est le vieil adage, une fausse info et un démenti finissent par faire deux infos.
02:13Et au fond, vous ne pouvez rien faire parce que sinon vous remettez une pièce dans la machine.
02:20C'est une des difficultés auxquelles les politiques sont confrontés.