Jamais un pape ne s’était autant confié, aucun d’ailleurs n’a publié un récit complet de sa vie. François s’adonne à un exercice dans lequel il est passé maître : raconter des anecdotes tendres ou tragique, parfois avec humour.
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00:00Bonjour, je m'appelle Arthur Erlin, je couvre le Vatican pour Paris Match depuis quelques années
00:05et aujourd'hui, je vais décrypter pour vous l'autobiographie du pape François.
00:08Il raconte ce passage de sa naissance.
00:11Ce jour-là, il est arrivé en retard.
00:12C'est la raison pour laquelle il faisait 5 kilos.
00:14C'est quand même énorme, un bébé de 5 kilos,
00:16de tant que sa maman, il le raconte aussi, ne faisait que 40 kilos.
00:19C'était un petit bout de femme.
00:20Donc il raconte que pour lui, déjà, c'était la marque que sa maman était très courageuse.
00:25Le premier plaisir qu'il a, c'est de bien manger.
00:27D'ailleurs, il le dit dans le passage où il parle de sa santé.
00:31Il se félicite qu'avec les dernières opérations, il peut manger de tout.
00:33Ce n'est pas un gros mangeur, mais il aime pouvoir goûter plein de choses.
00:37D'ailleurs, il est très friand de maté, qui est la boisson argentine par excellence.
00:41Mais il aime aussi la pizza.
00:43Il le dit dans ce fameux passage où il explique que ce qui lui manque le plus depuis qu'il est pape,
00:47c'est de ne pas pouvoir tout simplement se promener en ville,
00:51se rendre dans une pizzeria, se poser et manger une part.
00:54C'est vraiment, on le sent dans les mots qu'il emploie.
00:56C'est vraiment un regret assez fort.
00:58Ce pape-là, le pape François, c'est le pape de la proximité.
01:01C'est quelqu'un qui a besoin de transmettre une chaleur humaine.
01:04Et il n'y a pas d'autre manière de le faire que par l'humour.
01:07Je ne compte pas le nombre de fois où on le voit éclater de rire lorsqu'il s'adresse à des gens.
01:10On ne sait pas toujours ce qu'il dit, on n'a pas forcément l'oreille suffisamment proche.
01:14Mais durant les voyages, puisque j'en ai fait quelques-uns avec lui,
01:18je me rappelle que sans arrêt, on le voit rigoler.
01:21On le voit éclater de rire avec des enfants.
01:23On le voit toujours lancer un bon mot.
01:25Il rebondit très, très vite.
01:26Il n'hésite pas du tout à chaque fois à s'y renchérir.
01:28Et c'est ce qui fait sa personnalité.
01:30Pour lui, c'est une manière finalement de s'adresser à qui que ce soit.
01:33C'est un langage universel, aussi bien avec les enfants qu'avec les personnes âgées,
01:36qu'avec des personnes d'autres cultures.
01:38Il évoque dans le livre son premier béguin avec beaucoup de tendresse.
01:41Vers 10-12 ans, il ne donne pas son âge, mais on le déduit,
01:43il avait une petite amoureuse et il lui a dessiné la maison de ses rêves,
01:48celle qu'ils auraient lorsqu'ils seraient mariés,
01:51voilà, on imagine, avec les arbres, les enfants qui courent, etc.
01:54Elle a été très touchée, il a été amené à la revoir,
01:56mais à force, la maman de cette petite fille a fini par le chasser avec un balai.
02:02Donc ça a mis un terme à cette relation et évidemment, ils n'ont jamais pu se marier.
02:05Il ne parle pas d'histoire d'amour, mais il parle d'amourette, peut-être.
02:09Il a eu, quand il avait 17 ans, une période où il dansait le tango.
02:13C'était un peu les boîtes de nuit de l'époque.
02:15Le tango, c'est quand même une danse très torride, on danse ça partout.
02:18Et il raconte qu'il y avait deux jeunes femmes,
02:21successivement, avec qui il avait vraiment une affinité.
02:24Mais il parle d'amourette, il ne dit pas qu'il a été fou amoureux.
02:27Il y a eu une autre femme qu'il a rencontrée au mariage de son oncle.
02:31Et là, il était séminariste.
02:32Et il raconte, c'est un long passage qui est très touchant
02:34parce qu'il explique que ça l'a vraiment secoué
02:37et qu'à ce moment-là, il a presque hésité à poursuivre sa vocation.
02:39C'était un véritable moment charnière et il explique en toute humilité
02:43que n'importe quel séminariste doit passer par là aussi.
02:46C'est ce qui va venir confirmer sa vocation et sa volonté à devenir prêtre.
02:50Tout ce qu'il vit, il en tire toujours une leçon importante.
02:53C'est vraiment ce qui définit la philosophie du pape François, si je puis dire.
02:56Et ce passage avec le football est très intéressant
02:58parce qu'on voit qu'il est comme n'importe quel gamin.
03:00Et on sent qu'il a été un peu le dernier à être choisi dans les équipes
03:03parce qu'il ne s'est pas tiré du bon pied.
03:05Donc, il a été renvoyé dans les cages.
03:07Il a d'ailleurs été gardien, même dans les équipes qui étaient constituées au séminaire.
03:11Ce qui m'a fait aussi rire dans ce chapitre,
03:13c'est qu'il y a une audience où il se retrouve avec Messi
03:15et du plus grand footballeur de la planète.
03:17Et il commence à leur citer des noms de footballeurs qu'il adorait quand il était jeune.
03:21Et les footballeurs de l'équipe nationale d'Argentine et d'Italie, qui étaient là aussi,
03:25l'ont regardé et étaient étonnés parce qu'en fait,
03:27ils ne connaissaient pas du tout les footballeurs de sa génération.
03:29Il raconte qu'il était au séminaire et que la télé était allumée.
03:33Il s'est penché pour regarder un peu le programme.
03:35Il ne raconte pas ce qu'il a vu exactement,
03:37mais on imagine que c'était choquant, je ne sais pas, une scène de violence peut-être.
03:40En tout cas, il a choisi ce jour-là de faire un serment à la Vierge Marie.
03:44Et il a dit, plus jamais je ne rallumerai une télé, plus jamais je ne regarderai la télé.
03:48Il n'y a pas de télé dans sa chambre, il n'y a pas de télé au palais apostolique.
03:51C'est vraiment dénué de tout divertissement de ce type.
03:55En tout cas, on sait qu'il va au cinéma, il y a une cinémathèque à côté de sa résidence
03:59et ça lui arrive de regarder quelques films.
04:01Il faut imaginer que le pape a grandi dans un milieu populaire
04:03où le cinéma, à cette époque, a vraiment une très grande place.
04:06C'est-à-dire que ça lui arrivait, il le raconte avec ses frères,
04:09d'aller au cinéma, de sortir d'un film et d'y retourner et de voir trois, quatre films par jour.
04:14Il raconte que dans son enfance, il regardait Charlie Chaplin.
04:16Et à la sortie d'un film où Charlie Chaplin utilise un parapluie comme parachute,
04:21il va arriver avec son petit frère, ils vont rentrer à la maison,
04:23ils vont sauter de la terrasse avec un parapluie pour reproduire la cascade.
04:27À côté de ça, il va regarder Fellini, il va regarder Visconti, il adore ces films-là.
04:32Il y a énormément de références dans le livre à ces films-là.
04:36Le pape parle plusieurs langues.
04:37Il commence d'ailleurs dans le livre par évoquer son dialecte piémontais.
04:42Il parle le piémontais à la maison,
04:44puisqu'il vient, ses parents viennent du Piémont, qu'ils ont quitté dans les années 30.
04:48Mais il parle aussi du français.
04:49C'est sa grand-mère, Maria, la mère de sa mère,
04:52qui était gouvernante dans une famille de Parisiens qui vivent à Buenos Aires.
04:55On imagine assez aisé pour pouvoir se payer les services d'une gouvernante.
04:58Et Maria chantait des comptines aux enfants, a appris des chants français,
05:03qu'elle a ensuite transmis à Robert Bergoglio quand il était tout petit.
05:07Il confie qu'encore aujourd'hui, ça lui arrive comme ça,
05:10de fredonner des chants français qui lui reviennent à l'esprit.
05:12Maintenant, elle ne lui a pas transmis que ça,
05:14puisqu'il parle franchement quelques mots, quelques phrases en français sans trop de difficultés.
05:22On l'a vu à Marseille, on l'a vu à Ajaccio durant la messe.
05:25Au terme des événements, il a toujours eu un petit mot en français qu'il lisait,
05:29mais on sentait quand même qu'il était à l'aise.
05:31Bonjour Marcel, bonjour la France,
05:36au nom de Père et de Fils et du Saint-Esprit.
05:39Dans le livre, on sent en tout cas qu'il a vraiment une admiration pour la culture française.
05:44On le pressent à travers quelques références.
05:46Il a des références culturelles surtout.
05:48Il parle d'Édith Piaf, il raconte qu'il écoutait Édith Piaf quand il était jeune.
05:53Il y a aussi beaucoup de références littéraires.
05:55Il cite à un moment Bernados.
05:56Un peu plus surprenant, il cite Baudelaire, il cite aussi Verlaine.
06:00C'est vraiment quelqu'un qui est empli de culture française classique et c'est assez fort.