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Cinq ans après le début de l’épidémie de Covid-19, le mystère persiste sur les origines du virus Sars-CoV-2. Encore aujourd’hui, deux théories sur les origines du virus s’affrontent : une fuite de laboratoire et une zoonose - un virus transmis aux humains de manière naturelle via des animaux.

Mais d’autres zones d’ombres subsistent autour de l’attitude du gouvernement chinois. Son refus de partager les données des premiers patients, sa façon d’entraver les enquêtes internationales ou encore l’arrestation de certaines voix discordantes… La Chine est la cible de nombreuses accusations. Mais sont-elles justifiées ? La chronologie de cette mécanique du silence, c’est l’objet de ce nouveau long format vidéo.

Pour aller plus loin, nos articles sur L’Express :
- “Origines du Covid-19, cinq ans après : les faits et leurs interprétations par les scientifiques” : https://www.lexpress.fr/sciences-sante/origines-du-covid-la-controverse-scientifique-comment-chaque-fait-est-interprete-cinq-ans-apres-DBRF23RVRJAAHMI7NSDHVKIMDA/
- Pr Renaud Piarroux : "Dans l'histoire, les origines des épidémies ont toujours fait l’objet de manipulations" : https://www.lexpress.fr/sciences-sante/renaud-piarroux-les-origines-des-epidemies-ont-toujours-fait-lobjet-de-manipulations-QXITQRASEBEYVF6UQNYE4BMKNU/
- “Covid long : cinq ans après, peut-on enfin le soigner ?” : https://www.lexpress.fr/podcasts/laloupe/covid-long-cinq-ans-apres-peut-on-enfin-le-soigner-I5OVSDR67BEGJFQ6PRLI6KSLOY/

Sources :
- Enquête d’Associated Press sur les origines du coronavirus https://apnews.com/article/china-covid-virus-coronavirus-origins-pandemic-lab-858a4872eb593a7272f654a0f7716ce2
- Séquence complète du génome Sras-Cov-2 par l’Institut Pasteur : https://www.pasteur.fr/fr/espace-presse/documents-presse/institut-pasteur-sequence-genome-complet-du-coronavirus-sars-cov-2
- Déclaration du SAGO sur les données métagénomiques relatives au SARS-CoV-2 récemment diffusées par le CDC de Chine sur la plateforme GISAID : https://www.who.int/fr/news/item/18-03-2023-sago-statement-on-newly-released-sars-cov-2-metagenomics-data-from-china-cdc-on-gisaid
- L’enquête de L’Express : “En Chine, le virologue qui a publié la première séquence du Covid-19 sous étroite surveillance” : https://www.lexpress.fr/monde/asie/en-chine-le-virologue-qui-a-publie-la-premiere-sequence-du-covid-19-sous-etroite-surveillance-N2GPCMGKEFBTFGEQB2MEYT6JS4/

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Transcription
00:00Cinq ans après le début de l'épidémie de Covid-19,
00:03le mystère persiste sur les origines du virus.
00:06Aujourd'hui, le comité de l'Ontario-Wuhan a annoncé
00:09la nouvelle situation de la maladie de Covid-19.
00:11Il faut-il s'inquiéter de ce mystérieux virus venu de Chine
00:15et qui rappelle de précédentes épidémies comme celle du SRAS ?
00:18Nous avons maintenant un nom pour la maladie.
00:21C'est le Covid-19.
00:24Encore aujourd'hui, deux théories s'affrontent.
00:27Celle de la fuite de laboratoire
00:29et celle de la zoonose,
00:31c'est-à-dire la transmission de l'animal à l'homme.
00:34Mais à L'Express, on s'est intéressés à autre chose,
00:37au gouvernement chinois et à l'opacité dont il est accusé
00:40depuis le premier jour de l'épidémie.
00:42Sur le refus de partager ses données sur les premiers patients infectés,
00:46sa façon d'entraver les enquêtes internationales
00:49ou encore l'arrestation de certaines voix discordantes,
00:52la Chine de Xi Jinping est la cible de nombreuses accusations.
00:56Mais sont-elles justifiées ?
00:58La chronologie de cette mécanique du silence,
01:01c'est l'objet de ce nouveau long format vidéo.
01:09La première question concerne la date à laquelle
01:11les autorités chinoises ont commencé à enquêter.
01:14En décembre 2019,
01:16après plusieurs signalements de cas de pneumonie d'origine inconnue,
01:19le centre chinois de contrôle et de prévention des maladies,
01:22le CDC, se mobilise.
01:24Le 31 décembre,
01:26les premiers scientifiques du CDC
01:28sont envoyés sur le marché de fruits de mer de Huanan, à Wuhan,
01:32considéré comme l'épicentre de l'épidémie.
01:35Le lendemain, le marché est fermé pour nettoyage et désinfection.
01:44Mais selon une enquête de l'agence de presse américaine Associated Press,
01:48l'Organisation mondiale de la santé
01:50aurait entendu parler d'une autre inspection du marché,
01:54le 25 décembre 2019,
01:56soit quelques jours plus tôt.
01:58Une enquête qui n'a jamais été publiquement mentionnée par Pékin
02:02et un exemple, parmi tant d'autres,
02:04des zones d'ombre qui entourent la gestion de la pandémie
02:07par les autorités chinoises.
02:08Pour y voir plus clair,
02:09nous nous sommes entretenus avec Karine Millsent,
02:12une économiste, chercheuse au CNRS
02:14et spécialiste du système de santé chinois.
02:16Alors en fait, le centre chinois de contrôle et de prévention des maladies
02:20a pour but effectivement, normalement,
02:22la protection de la santé et de la sécurité de cette santé.
02:26Donc ce centre, c'est un centre chinois de contrôle et de prévention des maladies.
02:29Ce n'est pas un centre international.
02:31Quand vous avez une agence qui est nationale,
02:33vous êtes souverain,
02:34donc elle va dans la politique voulue par le pays en question.
02:38Le 5 janvier 2020, le virologue Zhang Yongzhen
02:42est le premier scientifique à séquencer le génome du virus
02:45et veut convaincre les autorités sanitaires chinoises d'agir rapidement.
02:50Six jours plus tard, le 11 janvier,
02:52le génome du virus est publié sur la base de données mondiale virological.org.
02:57Mais le lendemain, le gouvernement chinois
02:59ordonne la fermeture du laboratoire de Zhang Yongzhen pour rectification.
03:03Encore aujourd'hui, le médecin est sous les radars du gouvernement.
03:07En mai 2024, on vous expliquait que son laboratoire
03:10avait de nouveau été fermé par les autorités.
03:13Pour Edward Holmes,
03:14un collaborateur de longue date de Zhang Yongzhen cité dans Nature,
03:18cette fermeture est toutefois le signe
03:19que le gouvernement chinois cherche à museler le chercheur.
03:23Tout comme Zhang Yongzhen,
03:24un autre scientifique chinois avait alerté sur la dangerosité du virus.
03:29Et celui-ci, vous vous en souvenez peut-être.
03:32Dès le 30 décembre 2019,
03:34l'ophtalmologue Li Wenliang fait part de ses inquiétudes
03:37dans des conversations avec ses collègues sur la messagerie chinoise WeChat.
03:42Quelques jours plus tard,
03:43il est convoqué par les autorités avec sept autres médecins
03:47pour le motif suivant, propagation de fausses rumeurs.
03:50La manière de fonctionner en Chine
03:52est que quand on fait remonter quelque chose,
03:55on le fait de façon sanitaire
03:58et également à travers l'appareil politique.
04:00Quand on fait remonter le fait qu'on est face à potentiellement une nouvelle épidémie,
04:05ça va avoir des impacts économiques et diplomatiques extrêmement forts.
04:11Les intervenants n'ont eu aucune difficulté à se dire que
04:15en faisant remonter ce genre d'alerte,
04:19il y avait aussi un risque pour eux
04:21qu'on considère qu'ils ont été trop alarmistes
04:27et ont eu des effets néfastes sur l'économie du pays.
04:31Malgré les risques de contamination d'homme à homme,
04:34les experts pensent faire face à une épidémie de moindre ampleur.
04:37D'un point de vue national,
04:39l'évolution de l'épidémie est encore une phase d'évacuation.
04:43Il y a eu, durant cette crise Covid,
04:45des médecins qui ont été très courageux et qui sont passés au-delà de ça,
04:49qui ont porté l'alerte.
04:50Mais le fait même qu'on en connaisse le nom
04:54prouve à quel point il était difficile pour tout individu
04:58de porter cette alerte au regard de ce que ça a eu comme conséquences
05:02pour ceux qui l'ont fait.
05:03Le 7 février 2020, le docteur Li Wenliang meurt à l'âge de 34 ans.
05:08Une vague d'émotions secoue alors la planète,
05:10comme ici, à New York.
05:12On se souvient du docteur Li,
05:14qui était le réveilleur du coronavirus.
05:18Il aurait pu sauver des millions de vies
05:22si le gouvernement lui avait permis de dire la vérité.
05:25Pour Xi Jinping, à la tête d'une république populaire
05:28d'1,4 milliard d'habitants,
05:31la stabilité du régime est une priorité absolue.
05:34Pour cela, il s'appuie sur un parti unique,
05:36le parti communiste chinois,
05:38qui a étendu son influence au fil des années
05:41dans toutes les strates de la société
05:43et notamment le monde scientifique.
05:45Quand vous êtes à l'université chinoise
05:47et que vous êtes enseignant,
05:48vous avez en fait deux choses.
05:50Votre position de chercheur
05:51et vous participez également à des réunions
05:55qui sont des réunions politiques.
05:57Pour l'avoir connu, c'est hebdomadaire.
05:59Votre question, c'est est-ce qu'en Chine,
06:01la parole des scientifiques est totalement libre ?
06:03Consciemment ou inconsciemment,
06:05vous apprenez à dire les choses
06:08et à sentir à quel point vous avez une latitude
06:10pour aller loin,
06:12ou au contraire, à plus prendre la parole.
06:16Le 30 janvier 2020,
06:18le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé,
06:21le docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus,
06:24s'apprête à faire une annonce
06:25attendue dans le monde entier.
06:27Je déclare une émergence publique
06:29d'un concern international
06:31sur l'événement global du nouveau coronavirus.
06:35Les médias officiels chinois,
06:37qui avaient jusque-là minimisé l'épidémie,
06:39sonnent désormais la mobilisation générale.
06:57Xi Jinping ordonne alors aux médias
06:59de ne plus parler de l'origine du coronavirus
07:01sans autorisation.
07:03En avril, de nouvelles restrictions sont imposées
07:05aux publications de recherches universitaires.
07:08Chaque article du CDC
07:10devra au préalable être validé par le gouvernement.
07:13Le 5 du même mois,
07:15un silence de plomb s'abat sur Pékin.
07:19À côté de la cité interdite,
07:21le président chinois fait respecter
07:22trois minutes de silence
07:23à la mémoire des victimes du Covid en Chine.
07:26Partout dans le pays,
07:27les drapeaux sont en berne
07:28et toutes les activités publiques suspendues.
07:31Mais si le silence règne en Chine,
07:33à l'international,
07:34la gestion politique de la crise sanitaire par Xi Jinping
07:38est de plus en plus pointée du doigt.
07:40Des critiques que la Chine avait déjà entendues
07:4217 ans plus tôt.
07:44En novembre 2002,
07:45une première épidémie de SRAS,
07:47syndrome respiratoire aigu sévère,
07:50apparaît à Foshan en Chine.
07:52Mais ce n'est que trois mois plus tard,
07:54le 10 février 2003,
07:55que les autorités chinoises préviennent l'OMS.
07:58Une époque où une certaine cacophonie
08:00règne aussi entre les experts médicaux chinois
08:03et le pouvoir central,
08:05qui affirme alors que l'épidémie est sous contrôle.
08:08L'épidémie de SRAS,
08:34sans commune mesure avec celle du Covid-19,
08:37aura tout de même fait plus de 800 morts dans le monde.
08:39Très clairement,
08:40vous avez eu une totale opacité
08:43durant la période SRAS.
08:45Donc si vous comparez,
08:46et c'est bien de le faire,
08:47vous avez eu au regard de la manière de communiquer,
08:51une beaucoup plus grande ouverture
08:53dans la communication durant cette période Covid
08:56que vous n'avez eue durant la période SRAS.
08:58Après la première épidémie de SRAS en 2002,
09:00la Chine opère plusieurs réformes
09:03et investit dans la construction
09:04du système national de déclaration
09:07des maladies infectieuses.
09:08Son but ?
09:09Améliorer les systèmes d'alerte
09:10pour les prochaines pandémies,
09:12au niveau national,
09:13mais aussi à l'international.
09:15Insuffisant pour beaucoup
09:17au regard des manquements observés
09:19pendant la crise Covid.
09:22En janvier 2021,
09:23la méfiance de la communauté internationale
09:25envers la Chine monte encore d'un cran
09:28quand l'OMS effectue une nouvelle visite à Wuhan.
09:32Après deux semaines de quarantaine,
09:34les experts de l'OMS entament leur mission
09:36à Wuhan en Chine.
09:37Washington a mis un coup de pression
09:39souhaitant évaluer la crédibilité du rapport.
09:42La Chine qui a maîtrisé l'épidémie
09:44dès le printemps dernier
09:45dénonce des ingérences politiques.
09:47En l'absence de données et de preuves concluantes,
09:50les enquêteurs de l'OMS ne parviennent pas
09:52à émettre une conclusion définitive
09:54sur les origines du virus.
09:56Ce qui est certain,
09:57c'est que les équipes qui sont venues en Chine
09:59n'ont pas eu toute l'attitude
10:01pour interroger qui bon leur semblait,
10:04pour rester aussi longtemps qu'il leur semblait
10:07et pour venir aussi souvent qu'il leur semblait.
10:10A-t-on dramatiquement changé la picture
10:13que nous avions avant ?
10:14Je ne pense pas.
10:15À partir du moment où vous avez une régulation
10:19dans la possibilité de recherche
10:21sur les origines du virus
10:22et son mode de propagation,
10:24il est évident qu'il y a des éléments
10:26qui auraient pu être observés ou trouvés
10:29et qui soit n'ont pas encore été obtenus,
10:33soit, pour certains d'autres,
10:35que vous avez d'ailleurs cités,
10:36ont été obtenus avec retard.
10:38L'absence de conclusion définitive
10:40du rapport de l'OMS,
10:41publié le 10 février 2021,
10:44est alors vue par la Chine
10:45comme une occasion de faire évoluer son narratif.
10:48Les autorités affirment
10:49que l'apparition du virus
10:50ne s'est pas faite sur le sol chinois
10:53et lancent même, quelques mois plus tard,
10:55des accusations à l'encontre des États-Unis.
10:58Pendant toute l'année 2021,
11:00les relations entre la Chine et les États-Unis
11:02ne vont cesser de s'envenimer
11:04sur la question du Covid
11:05et de ses implications géopolitiques.
11:20La Chine finit par refuser
11:21toute nouvelle enquête sur son territoire,
11:23dénonçant la présence d'un virus.
11:25En mars 2023, un nouveau mystère survient
11:29et ce sera le dernier exemple de notre vidéo.
11:31Trois ans après le début de l'enquête du CDC,
11:34Florence Desbarres, une chercheuse française,
11:36découvre les résultats des prélèvements
11:38effectués en décembre 2019 au marché de Wuhan
11:41sur la plateforme de données privée JCCI.
11:44Elle a donc découvert
11:45qu'il n'y avait pas d'infection
11:47et qu'il n'y avait pas d'infection.
11:49La Chine a donc refusé l'enquête
11:51et a refusé d'en parler.
11:53Conformément aux règles de la base de données,
11:56son équipe contacte les scientifiques chinois
11:58pour demander l'autorisation d'analyser ses prélèvements.
12:01La permission est alors accordée,
12:03mais l'intégralité des données disparaît le lendemain.
12:06Pourquoi ?
12:07Nul ne le sait avec certitude.
12:09Dans un communiqué datant du 18 mars,
12:12l'OMS reçoit une nouvelle enquête
12:14sur la présence d'un virus
12:15sur le territoire de Wuhan.
12:17La Chine a donc refusé l'enquête
12:19et a refusé d'en parler.
12:20Dans un communiqué datant du 18 mars,
12:23l'OMS relate son étonnement.
12:25Les données avaient alors été téléchargées
12:27par un certain nombre de chercheurs de plusieurs pays.
12:30L'accès à ces données a été restreint peu de temps après,
12:33apparemment pour permettre aux CDC de Chine
12:36de les mettre à jour.
12:38Il y a maintenant cinq ans,
12:39l'humanité a été confrontée, en quelques semaines,
12:42à une pandémie ayant bouleversé nos systèmes de santé,
12:45nos économies, notre façon de communiquer ou de travailler.
12:49L'impact humain du Covid-19
12:51est l'un des plus lourds de l'histoire des épidémies.
12:53Plus de 7 millions de morts
12:55et plus de 700 millions de contaminations,
12:57avec des chiffres difficiles à confirmer
12:59dans certaines régions du monde.
13:01Si depuis mai 2023,
13:03l'OMS ne considère plus la pandémie
13:06comme une urgence sanitaire mondiale,
13:08elle rappelle régulièrement que le SRAS-CoV-2
13:11continue de circuler et d'évoluer.
13:13Ce que l'on peut dire, c'est que cinq ans après,
13:16un taux de subsiste sur les origines du coronavirus.
13:19Et que la recherche de coupables ou de responsables
13:22de cette catastrophe sanitaire
13:24est encore aujourd'hui une question insoluble.
13:50Si vous avez aimé cette vidéo,
13:52n'hésitez pas à vous abonner
13:54et à aller faire un tour sur le site de L'Express
13:56pour y retrouver toutes nos analyses et nos podcasts.

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