• avant-hier
Fin 1968, Pompidou n'est plus Premier ministre. Dans ce crépuscule qui emporte les vieux amis il lance un référendum auquel lui-même a du mal à croire. Avant même les résultats il enregistre son allocution télévisée et quitte l'Elysée. Il sait qu'il ne reviendra pas. Malraux vient le visiter dans la solitude de Colombey. La fin du chemin approche...

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Transcription
00:30...
00:57Décidez-moi, ils ne nous laisseront jamais tranquille.
01:00Surtout aujourd'hui, le 6 juin.
01:02Oh, soyez gentil.
01:04Et ne le lui rappelez pas.
01:09Il y a toujours ce photographe, là-bas.
01:15Il pleuvra avant ce soir.
01:18C'est toujours comme ça, les 6 juins.
01:23Le 6 juin 44,
01:26j'avais presque gagné.
01:29Et 25 ans plus tard,
01:32je marche sur la terre d'Irlande
01:34parce que j'ai perdu.
01:38Le 27 avril dernier, ils n'ont pas suivi.
01:42En 40, ils disaient qu'au bout de nos peines,
01:45il y aurait la gloire la plus grande du monde.
01:49Celle des hommes qui n'avaient pas cédé.
01:52Et aujourd'hui,
01:55ils ont le tiercé.
01:57La télé.
01:59La gamelle est pleine.
02:02Alors, l'effort et la volonté,
02:05à quoi bon ?
02:07Pourtant, l'an dernier,
02:08j'ai pensé que c'était vraiment reparti, mon général.
02:10Que les Français continueraient de vous suivre.
02:13Quand nous sommes rentrés de Badène-Badène,
02:15j'en étais sûr.
02:16Ah, Badène-Badène.
02:20Brave Massu.
02:23Nous n'avons pas toujours été d'accord,
02:26mais il a toujours été fidèle.
02:29Les Français veulent que le général de Gaulle
02:31soit le général de Gaulle,
02:33ce qui veut dire qu'il n'y a qu'un seul mot d'ordre.
02:38Faire face.
02:46Faire face.
02:48Ça n'intéresse plus personne, ces choses-là.
02:51En cette matinée du 10 juillet 1968,
02:54a eu lieu à l'hôtel Matignon la passation de pouvoir
02:56entre M. Georges Pompidou
02:58et le nouveau Premier ministre, M. Maurice Couvre-de-Murville,
03:01qui, on le rappelle, a été sans discontinuer
03:03ministre du général de Gaulle depuis dix ans.
03:07Bon. Merci. Merci, monsieur.
03:09C'est ce qu'on appelle le changement dans la continuité.
03:18Vous êtes au courant, Maurice ?
03:19Pompidou se répand sur vous en parlant de la profonde ambition de Couvre-de-Murville.
03:24Je sais, René, mais...
03:26Il ne vous épargne pas non plus.
03:28Sa phrase favorite, c'est...
03:30Capitain est un poignard.
03:32Il nous faut rester sur nos gardes.
03:33Pompidou s'est fait beaucoup d'amis parmi les députés
03:35qui sont prêts à le suivre au moindre signe.
03:37Comme vous le savez, il ne prendra pas de vacances.
03:39Il est déjà en campagne.
03:41Et ici même, au conseil, il a des yeux et des oreilles.
03:44Comme si je ne le savais pas déjà.
03:47Monsieur le Président de la République.
03:50Monsieur le Premier ministre.
03:52Monsieur le Président.
03:55Je vous en prie.
04:02Nous avons beaucoup à faire.
04:06Les chantiers sont nombreux.
04:09Et pour cela,
04:11nous devons commencer par ne pas douter de nous-mêmes.
04:14Je veux que dans tout le pays,
04:17comme dans ce gouvernement,
04:20on sente une réelle vitalité.
04:25Nous allons engager les réformes annoncées,
04:29à commencer par celles des universités.
04:33Il y aura
04:35les réformes sociales,
04:38économiques,
04:40sociales,
04:42économiques,
04:44la participation,
04:46j'insiste, la participation.
04:49Car nous devons tirer les leçons de la crise
04:51qui a secoué notre pays ces derniers mois.
04:55Et avant cela,
04:57tout le monde doit savoir que nous ne tolérons plus
05:02que l'ordre public soit bafoué.
05:05Les abus, c'est fini.
05:08Ce qui s'est passé
05:10va coûter très cher aux finances de la France
05:14qui ont de surcroît
05:16à subir l'effet de la fuite des capitaux.
05:20Nous devons
05:22rétablir la confiance,
05:25penser les plais
05:27et travailler à une grande oeuvre d'avenir.
05:31Il est l'heure de la conférence de presse, mon général.
05:34Les journalistes n'ont jamais été aussi nombreux.
05:41Ils vont nous demander, eux aussi,
05:43ce qu'est la participation.
05:45Je crois, mon général.
05:47Et aussi des nouvelles de Pompidou.
05:56Vous avez raison.
05:58J'ai dit ce que j'avais à dire à cette conférence de presse.
06:02Mais
06:06il faisait très chaud
06:08et j'étais gêné par la toux.
06:11J'ai surtout eu le sentiment
06:14que c'était la dernière fois.
06:18Vous avez mis les rires de votre côté
06:20en disant que le mois de mai avait fait croire
06:22que les canards sauvages étaient venus.
06:25J'aimerais vous demander, mon général,
06:28pourquoi vous avez présenté
06:30la régionalisation et la réforme du Sénat
06:33comme aussi nécessaires que la participation ?
06:37On s'est aperçus que
06:40la participation
06:42n'était pas compatible
06:44avec la procédure du référendum.
06:47Notre constitution
06:50ne permet pas
06:53Il fallait remettre tout ça sur l'enclume.
06:56Dans ce cas, pas de référendum du tout
06:58vous aurait permis de terminer votre mandat.
07:01Mais ce que je voulais,
07:03comme je l'ai toujours fait,
07:05c'est que le pays me dise
07:07s'il avait encore besoin de moi.
07:11Je n'ai jamais eu qu'une ambition, Floyc.
07:14La liberté des hommes.
07:16La liberté qu'il faut conquérir.
07:19La liberté de l'homme.
07:22Conquérir.
07:24Et conserver.
07:26En voyant le plus loin possible.
07:29Tant pis.
07:32Vous dites
07:33que vous avez eu l'impression
07:35que cette conférence de presse était la dernière.
07:38Je vous avoue, mon général,
07:40moi aussi.
07:42Un vieux compagnon ne pouvait en ressentir que de la douleur.
07:45Qu'est-ce qui vous a donné cette impression ?
07:49La façon très noble dont vous avez passé le flambeau
07:52quand vous l'avez invité à se mettre en réserve de la République
07:57et à se préparer au mandat
07:59que la nation pourrait un jour lui confier.
08:07Mon général,
08:09est-ce à cause de M. Pompidou
08:11que vous ne souhaitez pas être en France la semaine prochaine
08:13pour l'élection présidentielle ?
08:17Il sera élu.
08:19C'est tout ce qui compte.
08:21En tout cas,
08:22à sa place,
08:24je sais ce que je ferai à votre retour.
08:27J'irai vous accueillir à la descente de l'avion.
08:30L'idée lui viendra, peut-être.
08:33Mais il n'osera pas.
08:51Tout cela est très ennuyeux.
08:56Tiens, c'est entendu.
09:00J'espère que ce n'était pas Philippe
09:02pour te dire qu'il ne vienne pas demain ?
09:04Non, c'était le secrétaire général de l'Élysée.
09:08J'ai déjà une carte pour ton anniversaire.
09:11Nous ne sommes que le 1er novembre.
09:13D'ici le 22, il peut se passer tout ce qu'on veut.
09:16Et puis, 78 ans.
09:19Est-ce qu'on doit vraiment célébrer ça ?
09:22Qu'est-ce qui se passe, Charles ?
09:25Que t'as dit Tricot ?
09:27On a découvert le cadavre d'un voyou
09:30dans une décharge publique.
09:32Il avait écrit des lettres
09:34et posséderait des photos compromettantes
09:36concernant...
09:39Madame Pompidou.
09:41Des saletés.
09:43Oh, mon Dieu.
09:45Ça ne peut pas être vrai.
09:46Il faut faire quelque chose.
09:48J'ai demandé qu'on prévienne tout de suite Pompidou,
09:50mais je ne me mêlerai pas de ça.
09:54C'est un coup monté, évidemment.
09:56Il n'y a rien de sérieux dans cette histoire.
09:58C'est de la boue.
09:59On ne peut pas laisser accuser une femme comme Mme Pompidou.
10:01Il faut rentrer à Paris.
10:02Nous rentrerons lundi comme prévu.
10:05Demain, c'est le jour où on honore les morts.
10:18Elle aurait 40 ans.
10:23Si elle avait vécu,
10:25elle serait toujours notre tout-petit
10:29qui accompagne son papa
10:31en attendant de le retrouver.
10:48Du nouveau dans l'affaire Markovitch.
10:50Ce dossier dans lequel le nom de Mme Pompidou a été cité.
10:55En effet, les enquêteurs sont désormais certains
10:57qu'il s'agit d'une sordide machination politique
10:59visant à affaiblir Georges Pompidou.
11:02Pour autant, les adversaires de l'ancien Premier ministre,
11:04notamment dans la majorité,
11:06ne semblent pas vouloir désarmer
11:08et continuent d'alimenter les rumeurs.
11:13Vous savez la raison qui m'a poussé
11:15à solliciter cet entretien, mon général.
11:18Je tiens à vous dire trois choses capitales.
11:21Tout d'abord, je connais assez ma femme
11:23pour savoir qu'elle ne peut en aucun cas
11:25être mêlée à cette histoire abjecte.
11:28On désigne d'une façon
11:30qui ne m'inspire que le dégoût
11:32l'affaire.
11:34L'affaire Markovitch.
11:37Ensuite, si l'on cherche à me mouiller,
11:41ce sera en vain.
11:43J'aimerais pouvoir en dire autant.
11:45Ce sera le dernier point de certains ministres.
11:48Je parle de M. Kouf de Murville
11:50et de M. Capitan.
11:53Ainsi que de proches collaborateurs
11:55de l'Elysée.
11:57Il n'y a eu aucune réaction d'homme d'honneur.
12:00Mais moi, je n'ai jamais cru
12:02une seule seconde à cette histoire.
12:05Et j'ai demandé qu'on vous prévienne
12:07sans délai.
12:09Justement, mon général.
12:11Je n'ai été prévenu que 48 heures après.
12:14Et pas par ceux que vous aviez chargés
12:16de m'informer
12:18qui sont restés silencieux,
12:20et le sont toujours.
12:22Personne ne fera croire
12:24que c'est involontaire.
12:26Ceux qui ont manqué à ce point
12:28à la dignité, qu'espèrent-ils
12:30les conséquences de tout cela ?
12:32S'ils n'attendent que de la souffrance,
12:34ils peuvent s'estimer comblés.
12:36Si leurs calculs visent d'autres fins,
12:38ils ont d'ores et déjà échoué.
12:42Vous savez,
12:44on n'est pas un homme d'Etat
12:46sans avoir enduré
12:48la calomnie,
12:50traité toutes ses bassesses
12:52par le mépris.
12:56Je suis un Auvergnat au cuir épais,
12:58mon général.
13:00Je sais à quoi m'en tenir et quoi faire.
13:02Mais il s'agit de ma femme.
13:04Et le mépris ne suffira pas.
13:12Encore une fois,
13:14laissez l'infamie
13:16recouvrir
13:18ceux qui la répandent.
13:22Il faut songer désormais
13:24à vous affirmer
13:26et à faire en sorte
13:28qu'on n'oublie pas ce que vous êtes
13:30et ce que vous serez.
13:34Mon estime et mon amitié
13:36vous sont pour toujours
13:38acquises.
13:40Ainsi qu'à Madame Pompidou.
14:10Bien, messieurs,
14:12vous aviez tous vos feuilles de route.
14:14Je vous engage donc
14:16à vous y atteler
14:18dès que possible.
14:20Comment tu l'as trouvé ?
14:22Il a l'air déterminé,
14:24mais je voudrais pas qu'il se trompe.
14:26Tout ce qui me revient sur la régionalisation
14:28est mitigé, disons...
14:30très mitigé.
14:32Et sur le Sénat, ça ne prend pas non plus ?
14:34Non.
14:36C'est juste qu'il n'y a pas eu
14:38de candidats, non plus.
14:40De toute façon, maintenant, ça jouera sur son nom.
14:42Et je suis persuadé
14:44que c'est ce qu'il veut.
14:46Lui seul face au peuple.
15:00Pardonnez-moi de vous avoir fait attendre,
15:02mesdames et messieurs les journalistes,
15:04mais il n'est guère plus facile
15:06de circuler à Rome qu'à Paris.
15:08Tu vas m'attendre, hein ?
15:10Et je vous remercie de vous être déplacés.
15:12Je suis très sensible
15:14à l'intérêt
15:16que vous portez à mon séjour
15:18dans la ville éternelle.
15:20Justement, dans quel contexte s'inscrit ce voyage ?
15:22Il ne vous a pas échappé que,
15:24n'ayant plus la charge de conduire
15:26le gouvernement de la France,
15:28je disposais d'un peu plus de temps pour voyager.
15:30Vous avez été reçu en audience par le Pape.
15:32C'est un très grand honneur
15:34que le Saint-Père a fait à ma femme
15:36et à moi-même, oui.
15:38Est-ce que ce voyage vous permet d'oublier
15:40ce qu'on appelle maintenant en France l'affaire Markovitch ?
15:46L'abjection ne peut s'oublier
15:48comme je n'oublierai pas
15:50ceux qui l'ont conçue et répandue.
15:52Et la France ?
15:54Seriez-vous à l'occasion candidat
15:56à la présidence de la République ?
15:58Pour l'heure, cette question ne se pose pas.
16:00Mais,
16:02si le général de Gaulle se retirait,
16:04il va de soi
16:06que je serai candidat.
16:10Alors, Floyc,
16:12vous avez eu ça ?
16:14Vous avez reçu M. Pompidou, mon général.
16:16Les Français penseront que
16:18cette déclaration a été faite avec votre accord.
16:20Alors, nous allons mettre les choses au point.
16:22Je veux qu'on publie
16:24un communiqué rappelant
16:26que j'ai été réélu en 65
16:28président de la République
16:30depuis sept ans
16:32et que j'ai bien l'intention de remplir ce mandat
16:34jusqu'à son terme.
16:36Je transmets immédiatement, mon général.
16:38Merci, Floyc.
16:40Oui, je sais.
16:42Yvonne,
16:44j'ai toujours dit 80 ans.
16:46Que voulez-vous ? C'est de la politique.
16:50Je tiendrai parole.
17:00...
17:26...
17:28...
17:30...
17:32Monsieur le président.
17:34Merci.
17:36Je vous en prie.
17:38Merci.
17:40On souhaitait vous voir, mon général.
17:42Asseyez-vous de bruit.
17:46Nous avions le même âge,
17:48avec Eisenhower.
17:50Et presque un même destin.
17:52Un grand soldat
17:54devenu président de son pays.
17:56Et nous partons
17:58à ses funérailles.
18:00Vous avez noué d'excellentes relations
18:02avec le président Nixon.
18:04J'ai reconnu en lui
18:06un homme d'État
18:08et un patriote.
18:10Eisenhower,
18:12c'était autre chose.
18:16Bon, il n'a pas été facile
18:18au début,
18:20mais il y a eu
18:22la libération.
18:26Général Eisenhower,
18:28au nom de notre bonne amitié,
18:30je vous demande de faire entrer des troupes dans Paris
18:32et de désigner la 2e division
18:34blindée du général Leclerc
18:36pour en prendre la tête.
18:38Je suis le premier des Américains
18:40à croire
18:42que sans la résistance française,
18:44pas beaucoup d'attaques
18:46auraient failli.
18:48La France compétente
18:50entrera
18:52la première dans Paris.
18:54Elle est chez elle.
18:58Merci, général.
19:04Finalement,
19:06mon général,
19:08vous n'êtes pas aussi anti-américain qu'on a pu le dire.
19:10Moi, je défends la France.
19:12Alors, bien sûr,
19:14nous sommes
19:16tantôt amis, tantôt adversaires
19:18avec les Américains.
19:20C'est une situation que l'on retrouve
19:22pendant la vie.
19:24On croit que rien ne pourra détruire
19:26certains liens,
19:28et puis ça arrive.
19:30Faites-vous allusion
19:32à Pompidou ?
19:36Pompidou a voulu faire croire
19:38que ce qu'il avait dit à Rome lui avait échappé,
19:40que ce n'était pas sérieux.
19:42Et voilà que 15 jours après,
19:44il remet ça à Genève.
19:46Qu'il ne se fatigue plus,
19:48j'ai compris.
19:50Mais ne pensez-vous pas
19:52qu'il cherche surtout à faire oublier l'affaire Markovic ?
19:56Je sais qu'il m'a souvent reproché
19:58de ne pas être intervenu,
20:00de ne pas l'avoir soutenu.
20:02Vous voyez De Gaulle ramasser les poubelles ?
20:04C'est une histoire
20:06montée de toutes pièces.
20:08N'empêche,
20:10il aurait dû mieux choisir
20:12ses fréquentations.
20:16Le référendum, il le soutient ?
20:18Il le soutient mais il n'en veut pas.
20:20Giscard est plus franc.
20:22On sait qu'il ne me soutiendra pas.
20:24Giscard et Pompidou
20:26ont la même préoccupation.
20:28Je suis de trop.
20:30Non, on ne peut empêcher
20:32les ambitions personnelles.
20:34Mais les Français savent ce qu'ils vous doivent.
20:36Je ne peux pas faire leur bonheur contre leur gré.
20:38Il n'y a plus de volonté.
20:40J'ai l'impression de perdre mon temps.
20:42Le référendum
20:44vous prouvera le contraire.
20:46Mais Giscard m'a démontré
20:48qu'on n'était pas en mesure de le gagner, ce référendum.
20:50Il pourrait être annoncé,
20:52bien sûr.
20:54Ici et là, on me dit que
20:56ce serait le mieux.
20:58Personne ne reconnaîtrait le général De Gaulle
21:00dans une décision comme celle-là.
21:02Oui, ça donnerait l'impression de battre en retraite.
21:04Mais ce ne serait pas
21:06dans le déshonneur.
21:08Le problème, comme vous dites,
21:10c'est que ce ne serait pas De Gaulle.
21:12Je n'ai pas reculé en 40, je ne vais pas le faire maintenant.
21:14Et pour la bonne raison,
21:16que si on ne le fait pas, ce référendum,
21:18on ne fera plus rien.
21:20Et la France
21:22s'effacera.
21:30En réponse
21:32à la seule question posée,
21:34qui est d'approuver par une seule réponse
21:36l'ensemble du projet de loi,
21:38en ce qui me concerne,
21:40avec regret,
21:42mais avec certitude,
21:44je ne l'approuverai pas.
21:46Comme il fallait s'y attendre,
21:48la déclaration de Valéry Giscard d'Estaing
21:50n'a pas manqué son effet.
21:52Effectivement, le dernier sondage
21:54sur le référendum maintient le oui
21:56sous la barre des 50 %.
22:00Nous voici arrivés
22:02au terme
22:04de ce Conseil des ministres,
22:06le dernier,
22:08avant le référendum de dimanche prochain.
22:10Nous nous réunirons
22:12en principe
22:14mercredi,
22:16puisque nous gardons l'espoir
22:18de nous retrouver
22:20la semaine prochaine.
22:24S'il n'en était pas ainsi,
22:26ce serait
22:28un chapitre
22:30de l'histoire de la France
22:32qui s'achèverait.
22:41Je vous remercie.
22:46Je suis heureux de vous parler.
23:06Je voulais vous voir, Malraux.
23:08Avant votre meeting de ce soir.
23:12Il y aura du monde.
23:14Vous direz
23:16ce que vous inspire
23:18votre fidélité.
23:20Pompidou a promis
23:22qu'il viendrait.
23:24Oui, il viendra.
23:26Mais il ne prendra pas la parole.
23:28Il se contentera
23:30d'applaudir.
23:32Et tout le monde comprendra
23:34que, quoi qu'il advienne,
23:36c'est lui, désormais,
23:38qui est là.
23:40Les patrons,
23:42les bourgeois
23:44et les banquiers
23:46peuvent dormir tranquilles.
23:48Je leur dirai
23:50qu'il ne peut pas y avoir
23:52d'après-goulisme
23:54contre le général de Caulle.
24:00À vous, je peux le dire.
24:02Je serai heureux
24:04et soulagé
24:06si le non l'emporte.
24:10J'ai fait ce que j'ai pu
24:12pour mon pays.
24:14Un jour,
24:16l'histoire jugera.
24:22Monseigneur,
24:24ne vous inquiétez pas.
24:26J'enregistrerai
24:28mon discours
24:30vendredi,
24:32comme prévu.
24:34Et puis, je m'en irai.
24:36Je vais prendre
24:38les dispositions nécessaires.
24:42Peut-être qu'avec dix ans de moins,
24:46les Français
24:48ne veulent plus d'un homme de mon âge.
24:50Et surtout,
24:52ils ne veulent plus
24:54d'une France debout.
24:56Nous n'y pouvons plus rien.
25:08Françaises, Français,
25:10vous,
25:12à qui si souvent
25:14j'ai parlé pour la France,
25:16sachez que
25:18votre réponse, dimanche,
25:20va engager
25:22son destin.
25:26Si je suis désavoué
25:30par une majorité
25:32d'entre vous,
25:34et quel que puisse
25:36être le nom,
25:38l'ardeur
25:40de l'armée de ceux
25:42qui me soutiennent
25:44et qui, de toute façon, détiennent
25:46l'avenir de la patrie,
25:50ma tâche actuelle
25:52de chef de l'État
25:54deviendra évidemment
25:56impossible
25:58et je cesserai aussitôt
26:02d'exercer mes fonctions.
26:06Vive la République !
26:08Vive la France !
26:24Ça dira comme sortie ?
26:26Ce n'est pas perdu, mon général.
26:30Si, Flouik,
26:32et tout le monde le sait.
26:34Nous rentrons, Yvonne.
27:24Faites baisser les drapeaux.
27:42Arrêtez.
27:48Merci pour tout, mon vieux.
27:50Merci.
28:24Bonjour, madame.
28:26Avez-vous fait bonne route ?
28:28La meilleure qu'il soit, Charlotte.
28:32Bonjour, général.
28:34Bonjour, Charlotte.
28:36Cette fois-ci,
28:38nous rentrons définitivement
28:40à l'armée de ceux
28:42qui me soutiennent
28:44et qui, de toute façon, détiennent
28:46l'avenir de la patrie,
28:48et je cesserai aussitôt
28:50d'exercer mes fonctions.
28:52Définitivement.
28:56Je vais m'allonger.
29:14À l'heure où nous faisons ce point,
29:16il apparaît qu'en métropole,
29:18le non l'emporte avec un pourcentage
29:20qui se situe aux alentours
29:22de 53%.
29:24Ce qui laisse, vous l'aurez compris,
29:26peu de chance à un renversement de tendance.
29:28Je crois qu'on en a assez vu.
29:38Ton mari
29:40vient de recevoir son congé.
29:42Il fallait bien que ça arrive un jour.
29:46Je voudrais que tu n'aies pas de chagrin.
29:50Dans 10 ans,
29:52on se rendra compte
29:54que j'avais raison.
29:56Et dans 50 ans,
29:58encore plus.
30:16Non, le communiqué doit être bref.
30:18Il n'y a rien d'autre à dire
30:20que ceci.
30:22Je cesse d'exercer mes fonctions
30:24de président de la République.
30:26Cette décision prend effet
30:28aujourd'hui à midi.
30:30Non.
30:32Ni téléphone, ni visite.
30:34Qu'on me laisse en paix.
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33:24Et bien voilà.
33:26C'est fini.
33:28Je n'éprouve que honte
33:30Et tristesse mon général.
33:36Il y a au moins une centaine de journalistes à la grille.
33:38Ils perdent leur temps. Je ne les verrai pas.
33:42Je n'interviendrai pas sur quoi que ce soit.
33:44Les français souhaiteraient peut-être que…
33:46Que je leur parle une dernière fois ?
33:48Il n'y a plus rien à dire. Qui a dit non ?
33:53Vous prendrez toutes les dispositions dont nous avons parlé, n'est-ce pas ?
33:57Et j'insiste sur le fait que je refuse tout traitement prévu pour les anciens présidents,
34:03y compris pour le Conseil constitutionnel.
34:06Tout sera fait, mon général.
34:08Au fond, voyez-vous, je ne suis pas mécontent de terminer ainsi.
34:18Quelle perspective avais-je vraiment ?
34:22Sinon des difficultés qui n'auraient pu que réduire le personnage que l'histoire a fait de moi
34:30et muser sans bénéfice pour la France.
34:36Et alors, bien sûr, il y a la trahison de Giscard.
34:40Et pensez à tous ces hommes que j'ai vaincus depuis trente ans
34:44et qui, depuis hier soir, redressent la tête.
34:52Alors, ça ne vous étonnera pas, mais c'est à mon cher Château-Briand que je pense aujourd'hui
34:58et à ce qu'il disait sur le duc de Lausanne.
35:02Un de ces hommes en qui finissait un monde.
35:13Il va y avoir à Paris un grenouillage effréné.
35:16Et puis, l'élection, je ne veux pas être là.
35:21J'aimerais aller en Irlande.
35:23Une partie de mes ancêtres maternelles est irlandaise.
35:28Monsieur Georges Pompidou sort victorieux de cette élection nationale
35:34avec 57,78% des suffrages exprimés.
35:40Élu président de la République pour sept ans.
35:58Mystique et chiant.
36:13La France, une grande visage magnifique.
36:22Un pays vivant.
36:28Un siècle.
36:53Papa, mon oncle, le gardien !
37:02Quel dommage que mon frère n'ait pas pu venir.
37:05Oui, d'autant que j'avais des choses à lui demander pour mes mémoires.
37:09Votre travail avance bien, papa ?
37:12Je me donne un mal de chien, il le faut bien.
37:15Le temps presse.
37:18Vous pourriez en consacrer davantage au repos.
37:21Écoutez, Igon, vous savez bien qu'à moins de 4 ou 5 heures par jour, on n'arrive à rien.
37:26En tout cas, le seul qui soit autorisé à pénétrer dans ce bureau, c'est le chat.
37:34Coucou, grand-père.
37:36Coucou.
37:37Anne a encore un secret pour son grand-père.
37:40Ah bon ? Qu'est-ce que c'est que ce secret ?
37:52Oui ?
37:53Mes respects, mon général. Je vous remercie d'avoir accepté que je vous téléphone.
37:58J'aimerais vous convaincre de recevoir le président de la République, qui voudrait vous voir.
38:04Il le souhaite ardemment, mon général.
38:07Richard, dis à Pompidou que ce n'est pas dans mes intentions de vous recevoir.
38:13Je ne suis pas le président de la République.
38:17Richard, dis à Pompidou que ce n'est pas dans mes intentions.
38:22Tout cela ne me concerne plus.
38:25Mon général, vous lui avez fait l'honneur d'un message de félicitation.
38:29Il en a été très touché. Je me permets d'insister.
38:33C'est inutile, Richard. J'ai été très heureux de vous parler.
39:17Merci, Charlotte.
39:20À demain. Bonne nuit.
39:22Bonne nuit, madame. Bonne nuit, général.
39:24Bonsoir, Charlotte.
39:33Un gros suragaté, demain.
39:36Un gros suragaté, demain.
39:39Un gros suragaté, demain.
39:42Un gros suragaté, demain.
39:46Il aura des filets de sel avec du rôti de bœuf.
39:49Pas de dessert ?
39:51Ne t'inquiète pas, tu auras ton île flottante.
39:59Finalement, nous aurons vu peu de monde. C'est mieux ainsi.
40:03Oui, je vais continuer à voir de temps en temps ceux qui m'ont suivi.
40:08Les autres ont fait leur choix.
40:11Je n'ai pas envie que défilent les complaisants qui viendraient me jurer
40:15que c'est toujours De Gaulle qui les inspire.
40:18Malraux, c'est différent.
40:20Oh, Malraux. Il va s'interroger sur le sens des choses,
40:25en contournant toutes les questions qui leur amèneraient à Dieu,
40:30au prétexte qu'il n'y croit pas, alors que c'est le contraire.
40:35C'est l'homme de l'inattendu.
40:39Il y a trois ans, quand il était allé à Marly,
40:44il m'avait écrit qu'il avait rencontré dans le jardin un lapin de Garenne
40:50et qu'il lui avait conseillé de rester là, au cas où je reviendrai.
40:55Je vois bien la scène.
41:03Rivonne.
41:08Nous avons connu tant de choses, toi et moi.
41:12Et qu'aurais-je pu entreprendre si tu n'avais été là ?
41:17Ce qui a été accompli,
41:19elle a été parce que nous avons été l'un avec l'autre,
41:24même quand les océans nous séparaient.
41:28Quelle vie je t'ai fait vivre ?
41:32Que d'horizons,
41:35le tourment de danger
41:41et notre plus grand chagrin.
41:50Mais aussi que d'indicibles joies par ta présence.
41:57Mon sang,
42:00c'est la fontaine ardente du bonheur.
42:04Et sois la plus heureuse, étant la plus jolie.
42:09Ô toi, mon unique amour,
42:13ma grande folie.
42:18Ma grande folie ?
42:41Il pourrait vous en dire plus que moi sur mes mémoires.
42:45C'est lui qui en est le veilleur.
42:48Avez-vous remarqué qu'à chaque fois qu'il y a un chat dans une maison,
42:51il est le seul à se tenir au courant de tout ?
42:54Churchill avait un chat qu'il appelait Nelson.
42:59Tous les soirs, comme un directeur de cabinet,
43:03il lui faisait le compte-rendu de la journée
43:06et lui parlait des affaires en cours.
43:09Et un jour, Churchill me dit,
43:11j'ai l'impression que je ne lui apprends rien.
43:14Il sait déjà.
43:19Moi, je ne vous apporte aucune nouvelle du monde
43:22où rien ne se fait que de médiocres.
43:28La grandeur n'existe plus.
43:30Certains s'en réjouissent.
43:32Oui, ce sont ceux qui confondent la grandeur et le faste,
43:36qui n'y voient que du théâtre.
43:38La grandeur, c'est la solitude, l'austérité et l'indépendance.
43:42Toute votre vie, il a prouvé.
43:44À Londres, en 40, il fallait nous définir.
43:49Venus de partout, si différents,
43:53on me posait la question, qui sommes-nous ?
43:56Des exilés ?
43:58Des combattants d'une quelconque légion ?
44:01Alors j'ai dit, nous sommes la France.
44:06J'ai osé.
44:09Parce que c'était vrai.
44:12Qui parlera pour elle à présent ?
44:15Le risque, désormais, c'est que la France ait à sa tête
44:19des hommes habiles, intelligents, cultivés
44:23et même parfois honnêtes,
44:26mais qui ne croient pas suffisamment en elle
44:29ou ne l'aiment pas assez.
44:32S'ils sont persuadés que la France n'est plus capable
44:36de tenir sa place, de diriger son destin,
44:40alors commenceront les renoncements.
44:44Et ce sera fini de notre indépendance
44:49et de notre souveraineté.
44:53Que nous reste-t-il, mon général ?
44:57Je vois venir un temps où l'homme se satisfera
45:01de n'être qu'une marchandise,
45:04fier de se suffire à lui-même,
45:07sans ressentir le besoin de quelque chose de plus grand.
45:15Le jour s'en va.
45:19La nuit ne m'effraie pas.
45:23En juin 1940, George Mandel m'a dit
45:27qu'il fallait aimer la nuit
45:30parce qu'elle était porteuse de lumière.
45:34Vous et moi connaissons cela.
45:39C'est peut-être la vraie définition de la résistance.
45:44La nuit, longtemps dévouée à la nuit,
45:48tout à coup se poursuit vers l'ombre
45:54et devient l'azur.
45:58Magnifique poète.
46:00Pierre Jean Jouve.
46:02Il lui a suffi de nous entendre prononcer la France
46:06pour savoir ce qu'était l'espérance.
46:12Allons, Madron.
46:15Demain, il fera jour.
46:29Au revoir, mon cher
46:33et si grand ami.
46:39Général,
46:41avoir pu vous aider a été la fierté de ma vie.
46:46Il est encore davantage
46:49face au néant.
46:58Au revoir.
47:28Sous-titrage MFP.
47:59Française, français.
48:03Le général de Gaulle est mort.
48:07La France est veuve.
48:11En 1940,
48:14de Gaulle a sauvé l'honneur.
48:18En 1944,
48:21il nous a conduit à la libération
48:24et à la victoire.
48:27Que dans l'âme nationale de Gaulle
48:31vive éternellement.
48:35Tout est à faire, madame.
48:40Qu'il ne reste rien, Yvonne.
48:43Surtout pas de reliques.
48:46Rien.
48:57Sous-titrage MFP.
49:27Sous-titrage MFP.
49:57Sous-titrage MFP.
50:27Sous-titrage MFP.

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