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00:30...
00:41Ca n'a pas trop changé.
00:43Ma place était où sur le terrain, mais le plus souvent,
00:46c'était tout en haut, là-haut.
00:48Vous regardez les grands.
00:49...
01:08J'ai commencé le handball exactement où vous êtes,
01:11il y a longtemps, très longtemps,
01:14dans le club de mon cœur, à Stella-Saint-Mort.
01:16J'ai eu la chance de jouer en équipe de France.
01:19Mais je n'ai jamais eu la chance d'être champion du monde.
01:22Vous savez combien il y a de titres de champion du monde chez les garçons ?
01:25Six.
01:26Tu sais tout. Et le premier, c'était quand ?
01:28Euh... 95 ?
01:29Ouais, vous savez tout. C'était vraiment en 95.
01:32Celui-là, j'étais vraiment tout près de le faire,
01:34mais encore un petit peu trop loin.
01:36Le suivant aussi. C'est comme ça, voilà.
01:37Je vais vous demander si vous les connaissez,
01:39les joueurs d'équipe de France. Aujourd'hui, vous les connaissez ?
01:43Ca vous dit quelque chose ?
01:44Carabiner.
01:45Ca, c'est... Ca... Ouais.
01:48Son frère, c'est comment ?
01:50Lui, vous le connaissez ?
01:52Ah, bien sûr.
01:54Là, c'est toute l'équipe, vous voyez,
01:55avec laquelle j'ai eu le droit de jouer.
01:57La chance que... Ouais, vous pouvez y aller.
02:00Vous savez, moi aussi, j'avais les cheveux.
02:02Vous en reconnaissez un peu ?
02:04Euh, ouais.
02:05Lui, numéro 17.
02:06Ouais. Jackson, justement.
02:08Le rose.
02:09Euh...
02:10C'est là, Lucas Ballot, non ?
02:12Oui.
02:13Oui, Lucas Ballot.
02:14Non, Olivier Giraud.
02:15Où ?
02:16Olivier Giraud.
02:18Ah non, Olivier Giraud.
02:19Oui.
02:20Olivier Giraud, Olivier Giraud.
02:23Ah non, non, il peut pas tout faire.
02:25Daniel Narcisse ?
02:26Oh, oui, Daniel Narcisse.
02:28Pareil, il avait des cheveux.
02:29Oui, mais il a bien dit.
02:31Ah, bah, merci.
02:32C'était quoi, la médaille que vous avez gagnée ?
02:34Médaille de bronze, je suis pas du monde.
02:35En fait, c'est vous.
02:36Je vous en montre un autre ?
02:37Oui.
02:39Ca vous dit rien ?
02:40Denis Latou.
02:42Denis Latou, c'était l'arrière-gauche de l'équipe de France en 1995.
02:46Ah, mais là, c'est plus de...
02:47Quand elle est devenue, pour la première fois, championne du monde.
02:51J'ai l'impression qu'il y a un petit rattrapage nécessaire.
02:54Et si on faisait l'histoire ?
02:57Je vous embarque ?
03:00Allez.
03:01C'était il y a 30 ans.
03:02En route pour revivre l'un des plus grands moments de notre sport,
03:05raconté par ceux qui ont décroché pour la France
03:08le premier titre mondial dans un sport collectif.
03:11Ca va ?
03:12Oui, et toi ?
03:13Très bien.
03:14Tu m'as donné l'heure à 15h pour 15h30 ?
03:17Oui, mais c'était hier.
03:20Tu filmes, là ?
03:21C'est pas grave.
03:22T'inquiètes pas, t'inquiètes pas.
03:24Allez, 3, 2, 1.
03:26Putain, ça...
03:28Et ben, voilà !
03:30Il est là !
03:32Ca va, mon ami ?
03:33Ca va, et toi ?
03:34Un premier chapitre qui saute à Reykjavik, en Islande.
03:37Il perdue du Nord de l'Europe.
03:38Ce 21 mai 1995,
03:40la France réalise l'immense exploit de devenir championne du monde.
03:45C'est fantastique, c'est historique.
03:47En 1995, je pense qu'on est à notre apogée.
03:52On n'a rien à perdre, on a tout à gagner.
03:54Succès génial des Barjot !
03:56C'est le champion du monde !
03:57C'est ça, le pays de la France.
03:59Le jour de gloire pour la France du handball.
04:01Des qualités individuelles,
04:02un ultipot avec des joueurs qui viennent des îles de tous les sens.
04:06Un handball différent.
04:07Le champion du monde !
04:09Quand on est champion du monde,
04:11je suis soulagé.
04:12On a décomplexé un peu les Français
04:14d'Osporpo pour pouvoir avoir des titres mondiaux.
04:18Un premier titre
04:19qui en appellera peut-être dans le futur d'autres.
04:23Tu te rends compte qu'encore 30 ans après,
04:25on arrête encore dans la rue pour ça ?
04:27C'est un truc de fou, quand même.
04:38Médaillée de l'Europe,
04:40médaillée de bronze aux Jeux Olympiques de Barcelone en 1992,
04:43puis vice-championne du monde un an plus tard en Suède,
04:45la France aborde ce mondial islandais avec des incertitudes,
04:49mais avec tout de même l'ambition de monter cette fois
04:51sur la plus haute marche du podium.
04:54Au tour préliminaire, les Bleus sont dans le groupe C.
04:57Si pour débuter, la victoire contre le Japon est sans appel,
05:00la suite est bien plus compliquée.
05:03La victoire de Justesse face à l'Algérie,
05:05la défaite contre la Roumanie,
05:10puis la courte victoire face au Danemark sur cet arrêt de Johan de Lattre
05:13cache en réalité des tensions au sein de l'effectif.
05:19Ces frictions sont encore plus fortes
05:21à l'heure du dernier match de poules face à l'Allemagne.
05:27Le match est un peu plus difficile que le premier,
05:29mais c'est la première fois que l'Allemagne
05:31se déroule face à l'Allemagne.
05:331
05:342
05:353
05:36La première !
05:51Vous êtes le négatif, le négatif,
05:54exactement le négatif de ce que vous étiez à Barcelone,
05:57au niveau des relations, les âmes et l'amour.
05:59Des joueurs qui n'acceptent pas qu'on leur fasse la moindre réflexion.
06:02Je veux dire, arrêtez de vous parler avant ! Ce sera plus simple, arrêtez de vous parler !
06:08Vous avez une équipe de morts en face, ils n'ont pas envie de jouer, ils ne veulent pas se faire mal,
06:12ils veulent nous tourner le match. Merde !
06:16En continuant à faire des connes comme ça, on va prendre un avion deux fois !
06:19Vous avez envie de prendre un avion ? Ce n'est pas possible !
06:21Alors calmez-vous, entreprenez, jouez au ballon.
06:24Quand je vous dis quelque chose, faites-le.
06:26Quand je ne vous dis rien, vous faites ce que vous voulez.
06:28Quand je vous dis quelque chose, vous le faites.
06:30Et vous essayez de vous rappeler de ce qu'on a dit.
06:32Quand on est à deux de plus, on s'écarte, on amène la balle à l'aile,
06:36on fait une passe à l'aile et là, on joue au décalage.
06:39Vous l'avez pas entendu à l'entraînement, ça ? On n'a jamais dit.
06:41Oui, on l'a dit, mais on ne le fait pas.
06:43Alors arrêtez de nous engueuler, arrêtez d'être assurant et de jouer.
06:47Quand on a Kunze en face, il va tirer au rebond.
06:49Quand on a Binzelman, il va être décalé.
06:51Alors faites comme ça pour empêcher que la balle passe.
06:54Si elle passe quand vous faites ça, on dira bon, elle est passée.
06:57Arrêtez le passe un peu derrière.
06:59Pareil de l'autre côté, écartez, prenez votre temps.
07:03Ne s'engueule pas. Il ne faut pas s'engueuler.
07:05On peut se dire des choses de suite que ça passe pour des attaques personnelles.
07:14Au final, comme contre la Roumanie,
07:16les Français s'inclinent d'un but face aux Allemands
07:18et terminent 3e du groupe.
07:20L'équipe de France va mal.
07:22On fait un match de merde.
07:24Une équipe qui n'est pas à l'aise au niveau psychologique,
07:27qui n'a pas la solidarité suffisante à ce moment
07:30pour arracher des matchs d'un championnat du monde.
07:33Les savoir-faire existent, mais ils ne sont pas suffisants
07:36pour aller au bout d'un événement, pour l'instant.
07:38On s'est trompé sur l'approche.
07:40On a cru que le fait d'être là, ça allait tout seul,
07:43comme en 92 ou 93,
07:45sans y mettre les ingrédients qui étaient les nôtres,
07:48c'est-à-dire une solidarité, une combattivité,
07:51et puis du jeu aussi, pour dire du jeu.
07:53On s'est vu un peu trop beau.
07:54Pendant les 5 matchs de poule,
07:56j'ai changé l'équipe à chaque match.
07:58Je me dis, après tout,
08:00personne n'est vraiment au-dessus,
08:03donc je ne vois pas pourquoi j'en priverais certains de jouer.
08:06Et tout ça, ça débouche sur un malaise.
08:09Et le malaise, il accentue peut-être
08:13les problèmes latins entre personnalités de certains joueurs.
08:18Il faut savoir quand même qu'il y avait
08:20la moitié de l'équipe de France qui était à l'OM Vitrolles.
08:23Qui avait la façon de vivre ensemble.
08:25Et puis il y avait un peu, péjorativement,
08:28le reste du monde.
08:30Et c'est là où ça boitait un petit peu quand même.
08:33À cette époque, tu es à Marseille.
08:35Comment tu vis la chose ?
08:37Déjà, moi, je ne l'ai pas ressenti.
08:39C'est parce que j'étais dans la bonne place.
08:41Si certains l'ont ressenti, c'est que c'est peut-être le cas.
08:44Il ne faut pas non plus être dans le déni.
08:46C'est possible, mais il doit être de l'autre côté.
08:48Je pense à Constantin, par exemple.
08:50Quand il voulait faire une 3-2-1, il disait
08:52« Allez-y, les Marseillais ! »
08:53Qu'on le veuille ou non, et aujourd'hui,
08:55je m'autorise à le dire,
08:57la mentalité dans ce club, elle était un peu particulière.
09:01J'avais vraiment l'impression que même des serviteurs fidèles
09:05de l'équipe de France de handball,
09:07les gardants, les PERE, etc.,
09:09à partir du moment où ils ont signé pour l'OM Vitrolles,
09:14ils ont commencé à avoir des comportements
09:17un petit peu difficiles à gérer.
09:19Et moi, je me posais sincèrement un problème.
09:21Moi, je n'ai pas eu cette sensation-là.
09:23J'ai plutôt eu une sensation de boulard.
09:26L'équipe avait un peu de boulard.
09:28Avec Laurent Munier, je lui ai dit
09:31« Il faut que je vide mon sac, il faut qu'on en parle. »
09:34Les journalistes nous ont dit qu'il y avait un café
09:37qui était sympa.
09:39Nous voilà partis au Café Reykjavik.
09:41Johan Delattre, qui est là dans les parages,
09:43dit « Je viens ».
09:45Le petit roquet Greg Amthil nous fait la même histoire
09:48en disant « Moi, je peux venir, je peux venir. »
09:50Oui, viens si tu veux.
10:14Alors, tu vois, le Café Reykjavik,
10:16il me semble qu'il est par là.
10:18Alors, je ne sais pas où exactement.
10:20C'était par là, c'était en face, c'était plus loin.
10:22Non, c'est pas là, à droite.
10:24Je ne crois pas.
10:26On ne doit pas être bien loin.
10:28Ah si, je me souviens, c'est à côté de cette place.
10:30Eh bien, voilà.
10:32Voilà.
10:36Pas beaucoup de lumière.
10:38Non.
10:40Écoute, ça fait 30 ans d'un autre côté.
10:42Ça se trouve, ils ont qu'un rouble.
10:44Ah oui, non mais,
10:46il n'y a même pas beaucoup d'activité.
10:48Eh bien, c'est fermé.
10:50Je te confirme.
10:52Je te confirme que c'est fermé.
11:00Ah, ils sont en rénovation.
11:02Ah oui.
11:04Eh bien, c'était là.
11:06Eh bien, ça n'a pas bougé, à l'intérieur.
11:08Non, non.
11:10Ce n'est pas une rénovation.
11:12C'est en friche.
11:14Le bar était là.
11:18Il n'y a plus que les frigos
11:20et ils sont en train de tout refaire.
11:22Et la table de la fameuse discussion ?
11:24La table était là, à droite.
11:26Elle était là, à droite.
11:28La table, elle était
11:30dans la salle, là.
11:32Là, à droite.
11:34Regarde.
11:36Là, tu vois, à droite.
11:38Il y a une salle avec des tables, des chaises.
11:40Et c'est la salle de restaurant qui était là, à droite.
11:42Et on était là.
11:44Pour la discussion avec Laurent,
11:46Yo et Greg ?
11:48Voilà, quand on était tous les quatre,
11:50avant de partir à Acuréry.
11:54L'équipe de Daniel Costantini fait donc ses bagages
11:56et a rendez-vous pour son huitième de finale au nord de l'Islande,
11:58dans le froid du petit port de pêche d'Acuréry,
12:00pour y affronter l'Espagne.
12:04Les Bleus ont leur destin entre les mains.
12:06Ça va être un match au couteau.
12:08On en est tous conscients.
12:10On va se préparer pour ça.
12:12Quand on arrive à Acuréry,
12:14on a le repas du midi.
12:16Il y avait deux tables de joueurs,
12:18de huit, et je dis,
12:20les gars, après,
12:22je vais à la réception, je réserve une salle
12:24à côté de là où on mangeait,
12:26et je dis, on se retrouve là
12:28sans le staff, nous, les joueurs.
12:30Comment tu le prends ?
12:32Je ne veux pas dire que c'est comme de la défiance,
12:34mais tu es mis un peu de côté.
12:36Je suis au courant qu'après, du coup, moi...
12:38Tu ne sais même pas qu'il y a eu...
12:40J'arrive à Paris, champion du monde,
12:42je ne sais même pas qu'il y a eu cette réunion.
12:44Personne ne m'en a parlé.
12:46Si on a des choses à se dire,
12:48il faut le dire, c'est maintenant,
12:50parce qu'après, ce sera trop tard, c'est match éliminatoire,
12:52il n'y a plus de match de poule, il n'y a pas de rattrapage.
12:54Est-ce qu'on se dit les quatre vérités
12:56et qu'on doit se dire dans un collectif
12:58pour avancer ensemble, ou est-ce qu'on reste comme ça
13:00et que ça convient à tout le monde ?
13:03Et ça a été vraiment une discussion
13:05et pas un monologue, comme on peut le croire.
13:07Ça a été justement très constructif.
13:09C'est pour ça que ça a marché, d'ailleurs.
13:11Ce n'est pas un règlement de compte du tout.
13:13Non, absolument pas. Je crois qu'ils s'aiment tellement
13:15qu'à un moment donné, ils osaient plus dire les choses.
13:17Il n'y a pas de dérision, il n'y a pas de blague,
13:19il n'y a pas d'humour, il y a du respect,
13:21beaucoup de respect.
13:23C'est-à-dire que je sens qu'ils s'aiment tous,
13:25mais qu'il faut qu'ils règlent leurs problèmes.
13:27Et lorsque tu sors de la réunion,
13:29est-ce que tu as la sensation que...
13:31Oui, parce que tout le monde a pris la parole.
13:33Même Jackson, qui ne parlait jamais, a pris la parole.
13:35Elle m'a dit, toi, Jack, tu es le plus jeune.
13:37On veut t'entendre.
13:41Moi, qui n'ai pas l'habitude de parler,
13:43de partager, comme je disais tout à l'heure,
13:45ce que j'ai là.
13:47C'est la première fois
13:49que j'ai eu la possibilité
13:51de dire ce que j'avais à dire.
13:53Et en fait, j'ai senti
13:55que les mecs m'écoutaient.
13:57Et qu'est-ce que tu as dit ? Tu te rappelles ?
13:59Quand je défends, j'aimerais bien
14:01que tu fasses ça.
14:03Si jamais je monte trop, tu me couvres derrière.
14:05Et ça, je ne l'avais jamais fait.
14:07Et pour moi, c'était un déclic.
14:09Une libération.
14:11Une libération de pouvoir dire,
14:13waouh, je suis important de cette équipe.
14:15Moi, à un moment, j'essayais juste de dire un truc
14:17en disant que j'étais juste content d'être là,
14:19parce que je sentais que...
14:21Et on me demande de la fermer.
14:23Je dis, mais oui, vous avez raison.
14:25C'est vrai que cette réunion, de toute façon,
14:27pour ce que j'en sais aujourd'hui,
14:29puisque les langues se sont un peu délignées,
14:31elle a eu le mérite
14:33de briser
14:35la glace entre les joueurs.
14:37On avait pris conscience
14:39de la force de l'événement
14:41pour justement mettre à plat
14:43tout ce qui devait l'être
14:45pour qu'on puisse aller
14:47et atteindre cet objectif.
14:49Et c'est là qu'on a retrouvé justement
14:51cette solidarité.
14:53Ça a solidifié le collectif.
14:55C'est la folie et une des forces de cette équipe.
14:57On n'a jamais été aussi bons
14:59que quand on est dos au mur, en fait.
15:01C'est quand même incroyable, toi.
15:03Tu considères que s'il n'y avait pas eu cette réunion...
15:05C'est sûr.
15:07Pas de titre.
15:09Je pense qu'on rentre dès la deuxième semaine à la maison.
15:11Il est dit que
15:13toi, à Curéry,
15:15tu étais plutôt allé
15:17du côté d'une chapelle,
15:19alors pour prier, je ne sais quoi,
15:21mais tu es croyant ?
15:23Non, franchement.
15:25Je me souviens d'avoir fait une promenade.
15:27Peut-être pendant que les joueurs
15:29étaient en train de se réunir,
15:31ils connaissaient la promenade.
15:33Ça gambergeait beaucoup.
15:35Mais la gamberge, c'était
15:37si tout à l'heure on perd,
15:39ta carrière d'entraîneur d'équipe de France est terminée.
15:41C'est ce que tu penses à ce moment ?
15:43Oui, ça c'était clair.
15:45C'est sûr.
15:47Sans avoir connaissance de cette réunion,
15:49Daniel Costantini, qui n'a pas digéré la phase de poule,
15:51fait des choix forts pour ce match couperé
15:53face aux Espagnols.
15:55Je décide
15:57enfin, a priori,
15:59de la meilleure équipe possible.
16:01Et la meilleure équipe possible,
16:03ça m'oblige à laisser sur le carreau
16:05Christian Godin dans les buts,
16:07parce que ce n'est pas le meilleur des trois.
16:09Boulle, capitaine,
16:11parce que...
16:15Peyreux,
16:17ça c'est l'étolien.
16:19C'est compliqué, parce que t'as été capitaine,
16:21t'es comme le titulaire de ce poste
16:23depuis...
16:25Et puis d'un coup, sans explication,
16:27tu dégages.
16:29Aucune explication, aucune discussion.
16:31Rien, rien du tout.
16:33Mais pourquoi ? Parce qu'il y a Greg Enkiel
16:35qui pousse, qui pousse, qui pousse,
16:37et il y a Guéric Gervadec qui s'affirme de plus en plus.
16:39Et ça les libère, en parlant des deux par exemple.
16:41C'est leur première compétition, Guéric comme à Greg.
16:43Et ça les libère complètement.
16:45Si Guéric avait été monstrueux en première phase,
16:47il meurt que toi. Vas-y, c'est comme ça.
16:49C'est pas le mieux.
16:51Mais on était médiocres, mais comme toute l'équipe de France.
16:53Et puis là, d'un coup, il a décidé.
16:55Et il l'a gagné.
16:57Il a eu raison.
16:59C'est une équipe soudée qui se présente face à l'Espagne.
17:05La parole libérée des joueurs
17:07et les changements payants donnent à l'équipe de France
17:09un nouveau souffle et une solidarité sans faille.
17:11La défense du match, Jackson Richardson,
17:13Frédéric Vole, Bruno Martini,
17:15Bruno Martini, la fermeture, premier poteau,
17:17récupération du ballon des Bleus.
17:19La transition qui s'opère
17:21avec Frédéric Vole sur le temps fort.
17:23Kervadec !
17:27L'Espagne est la première à en faire les frais.
17:29La France s'impose de trois buts.
17:35La France a changé de visage.
17:41À partir du moment où j'ai pris la décision
17:43de partir gardant Peyreux, Gaudin et Cazal,
17:47ces quatre-là ont été parfaits
17:49dans la dynamique de groupe.
17:53Contraints à n'être que partenaires d'entraînement,
17:57mais partenaires d'entraînement
17:59super sympas, super efficaces,
18:01super à l'écoute.
18:03Ça, il faut que je leur rende grâce,
18:05parce que ce n'était pas évident.
18:07Un de mes plus grands souvenirs,
18:09c'est la manière dont j'ai été à la fois accueilli
18:11et aidé par Thierry Peyreux.
18:13Il me disait ce que faisaient les uns,
18:15ce que faisaient les autres.
18:17Il me disait surtout, ne fais pas ça.
18:19Par contre, n'hésite pas, fais ça.
18:21J'avais un deuxième entraîneur avec Mulot.
18:23C'est un peu la même situation
18:25entre Philippe Gardand et Eric Kervadec ?
18:27Oui, complètement.
18:29Mais c'est des seigneurs, ces gars-là.
18:31Je suis allé voir toutes les pioles.
18:33Je les rebougeais, les mecs.
18:35Parce qu'au moins, t'es en utile.
18:37À des fois, tu ne peux pas l'être sur le terrain.
18:39On avait besoin.
18:41C'était certainement là où il fallait piquer.
18:43On n'a pas parlé de conflit.
18:45Ah non, mais aussi.
18:47Moi, je t'autorise à utiliser le mot conflit.
18:49Je m'y autorise.
18:51Le conflit, c'est une technique
18:53de gestion de personnel
18:55qui n'a plus cours aujourd'hui
18:57pour tout un tas de raisons philosophiques,
18:59etc.
19:01Mais moi, ça m'allait assez bien.
19:03Surtout avec des personnalités
19:05comme celles que j'avais.
19:07Mais vraiment sur la défensive.
19:09La défensive, ça a mené
19:11à des comportements
19:13assez systématiquement conflictuels.
19:15Mais pour qu'ensuite, peut-être,
19:17toute cette rancœur
19:19qui pouvait accumuler,
19:21une fois qu'on arrivait
19:23à transformer ça en compétences,
19:25après, qu'il fasse reposer
19:27cette incertitude sur l'adversaire.
19:29Et des fois, ça a marché.
19:31Souvent.
19:33Quelques fois, oui.
19:35De retour à Reykjavik
19:37pour la suite de la compétition,
19:39plus rien ne semble arrêter l'équipe de France.
19:41Facile vainqueur de la Suisse en quarts de finale.
19:53Depuis le week-end de finale contre l'Espagne,
19:55franchement, il me surprend
19:57de jour en jour.
19:59Les Français retrouvent les Allemands
20:01en demi-finale, un match accroché
20:03qui tourne à l'avantage de la France.
20:05Allez les Bleus !
20:07En mission, les derniers instants.
20:09Rijeka, le Kung-Fu !
20:11Oh, l'arrêt d'Andreas Thiel ! La récupération Karvanec !
20:13Qui emporte tout sur son passage !
20:15Quelle merveille !
20:17Les Bleus éteignent le volcan allemand
20:19à Reykjavik !
20:21Fantastique sensation !
20:25Un bonheur absolu !
20:31L'équipe de Daniel Constantini
20:33va disputer une nouvelle finale mondiale,
20:35cette fois contre la Croatie,
20:37surprenante vainqueur de la Suède.
20:39On était partis la veille,
20:41boire une bière dans un pub.
20:43La veille de la finale ?
20:45La veille de la finale.
20:47Au moment où on arrive dans le café Reykjavik,
20:49qui c'est qu'il y a ?
20:51Les Croates.
20:53Les Croates qui étaient là, qui faisaient la même chose que nous.
20:55Donc on parle avec ceux qui jouent en France,
20:57on dit « mais qu'est-ce que vous faites là ? »
20:59Ils disent « vous, vous avez changé les idées, on va boire un coup ».
21:01Tant pis, celui qui perd, il perd.
21:03Non mais c'est vous qui allez perdre, ça c'est sûr.
21:05Le matin de la finale, tu te réveilles
21:07et tu découvres l'équipe de France
21:09avec des coupes de cheveux venues d'ailleurs.
21:19On a des malins qui ont fait le sigle
21:23d'équipe entière.
21:25Donc en retour, ils ont eu des cadeaux et tout le machin.
21:27Et moi,
21:29j'ai fait le sigle du sida
21:31et j'ai reçu des cartons de capotes.
21:37Je trouve ça rigolo.
21:41Pour le moins, ça m'a étonné.
21:43Puis la réaction des gens.
21:45Parce que j'avais peur qu'à un certain moment,
21:47la perf possible, elle soit un peu occultée
21:49par ce genre de comportement.
21:51Puis non, en fait,
21:53ça a bien contribué
21:55à montrer leur motivation.
21:59Oui.
22:11Oui ?
22:13Alors viens voir, faut que je te montre quelque chose.
22:15Qu'est-ce que tu vas me montrer encore ?
22:17Regarde.
22:21Tu sais l'histoire que je t'ai racontée que le jour de la finale,
22:23on a été à pied ? Oui.
22:25Bah tu vas comprendre.
22:27Tu vas voir la salle en face.
22:29Ah c'est le...
22:31Le toit, un peu la rotonde là ?
22:33Ah c'est là ? Oui.
22:35Ah oui, effectivement.
22:37Donc en fait,
22:39on a dit, plutôt que de y aller en bus,
22:41on va y aller à pied,
22:43ça va nous dégourdir un peu les jambes,
22:45ça va nous faire prendre l'air
22:47avant le crime.
22:51Parce que c'est cool le coin.
22:53On n'a qu'à y aller si c'est à côté.
22:55Allez bouge.
22:57Donc on était arrivés par là,
22:59on avait traversé la prairie là, tranquille,
23:01pour se rendre
23:03à la finale.
23:05Pas de route, rien ?
23:07Pas de route, rien.
23:09Il y avait la prairie là,
23:11il n'y avait pas le stade de foot,
23:13il n'y avait pas le complexe, il n'y avait rien.
23:15C'était un champ et il y avait ce palais des sports au milieu,
23:17le lieu de la finale
23:1995.
23:21Moi c'est ça.
23:25La famille.
23:31Donc là, j'espère qu'on va pouvoir rentrer.
23:33On va essayer au moins.
23:35Faire remonter des souvenirs un peu, tu vois.
23:41Ça fait quelque chose, non ?
23:43Oui, ça fait quelque chose parce que
23:45tu n'es pas champion du monde tous les jours,
23:47même si ça fait 30 ans,
23:49c'est quand même des souvenirs
23:51qui étaient, même si ça a été douloureux
23:53pour l'accouchement,
23:55on a quand même
23:57été champion du monde, merde.
23:59Ce n'est pas rien.
24:05Allez, viens.
24:07Là, ça sera fermé, il n'y a rien.
24:09Tu as gardé les clés ?
24:11Du vestiaire, si.
24:13Il y en a un qui a gardé l'entrée du match.
24:15Moi, j'ai gardé les clés du vestiaire.
24:17Allez, viens, on va essayer.
24:19On va voir l'entrée des artistes.
24:21Ça va être compliqué.
24:23Essayons quand même
24:25par là.
24:27Il faut savoir.
24:29C'est votre dernière chance.
24:31C'est votre dernier mot ?
24:33Regarde.
24:35Je te dis que j'avais les clés.
24:41C'est qui le patron ?
24:43C'est qui le patron ?
24:45J'ai cru que tu allais leur demander en islandais.
24:47C'est une langue qui est
24:49injouable, l'islandais.
24:51Et là, normalement,
24:53tu dois avoir la salle.
25:03Ça n'a pas bien changé.
25:09Ça n'a pas bien changé.
25:13Il y avait beaucoup de Français ?
25:15Il y avait une trentaine de Français.
25:17Et puis après, il y avait des expats qui étaient là aussi,
25:19qui venaient avec le drapeau supporter la France
25:21parce qu'il n'y avait pas beaucoup d'équipes collectives
25:23qui venaient jouer ici.
25:27Le panneau d'affichage, c'était le même.
25:29Vraiment ? C'est bien ?
25:31Je pense, oui.
25:33Si tu regardes bien, il a 30 ans.
25:4321 mai 1995.
25:45Bienvenue dans le volcan
25:47brûlant de Reykjavik.
25:49Les Français sont face
25:51à leur destin. Contre la Croatie,
25:53ils ont l'opportunité d'écrire la plus belle page
25:55de l'histoire du sport collectif
25:57tricolore. Dix années d'aboutissement
25:59et de travail avec cet homme,
26:01Daniel Constantini, aux manettes des Bleus.
26:07Oh, la sortie à l'opposé !
26:09La contre-attaque fait des rigoles !
26:11Seul face au gardien !
26:15Oh, la cartouche prise par
26:17Zlatko Sarasic !
26:19Énorme défense des Bleus !
26:21Geri Kermadec
26:23profite de la maladresse des Croats.
26:25Eric Quintin,
26:27la passe cachée !
26:29Grégory Antti, la conclusion !
26:33Pas de transversal, c'était pas le stock-là !
26:35Tout en douceur, mesdames, messieurs !
26:37Zlatko Sarasic, une nouvelle fois scotché !
26:39Allez, Jackson ! Jusqu'au bout !
26:41Jackson Richardson !
26:43Ils nous ont vraiment jamais inquiétés,
26:45et on a eu une défense de Jackson
26:47qui a été exceptionnelle, parce que je me souviens
26:49qu'il leur a foutu un bordel terrible.
26:55Jackson Richardson, il est en train
26:57de les rendre fous !
26:59Ballon récupéré par les Bleus !
27:01Jackson n'avait pas l'air
27:03d'être le meilleur,
27:05ballon récupéré par les Bleus !
27:07Jackson, à ce moment-là, était un monstre.
27:09En défense, c'était un truc de taré.
27:11Je jouais à l'instinct.
27:13Je jouais à l'instinct. En fait, je sens.
27:15Je sens les choses, je tente les choses.
27:21Oh, le tir à l'ange masqué !
27:23Merveilleux Jackson Richardson !
27:27À lui, tout seul, ils empêchent de jouer.
27:29Et quand il y en a un qui arrive
27:31à passer la barrière Richardson,
27:33qui arrive derrière, il se prend
27:35le genou de Mahé
27:37ou le poing de Meunier.
27:49Les gardiens ont fait ce qu'ils devaient faire.
27:51En attaque,
27:53Stock a marché sur l'eau.
27:55Et puis on s'est tous mis au diapason.
27:57Et même si on n'était pas peut-être la meilleure équipe,
27:59on était surtout l'équipe la plus soudée
28:01et qui avait peut-être le plus envie.
28:07Oh, la muraille infranchissable des Bleus.
28:09Et derrière, Stéphane Stock là
28:11pour son huitième but !
28:13Toi, t'es dans les tribunes malgré tout.
28:15Alors je commente pour France Télévisions.
28:17Incroyable.
28:19C'est incroyable. Je commente pour France Télévisions
28:21et je me barre 5 minutes.
28:23Je laisse le commentateur
28:25en plan et je me barre
28:27pour aller voir les copains.
28:29Laurent Meunier,
28:31le décalage pour Gaël Moturé !
28:37Ma Lucarne, elle est là-bas.
28:39Le dernier but.
28:41Le dernier but, c'est là-bas.
28:43Le fameux...
28:45Denis Latour.
28:47Oh, quelle praline de Denis Latour !
28:51Le fameux doigt en l'air tordu
28:53qu'il est toujours d'ailleurs.
28:55Et après en revenant,
28:57à la fin du match, il est là.
28:59Et là, on se saute dans les bras
29:01comme des débiles.
29:03C'est un jour historique !
29:05Jour de gloire pour les Bleus !
29:07La première étoile
29:09de l'histoire du handball tricolore.
29:11Le tout premier sac
29:13pour une équipe de sport collective.
29:15Champion du monde !
29:19À qui ou à quoi tu penses
29:21à ce moment-là ?
29:23À ce moment-là, à ma grand-mère.
29:25J'étais tout petit, j'avais 4 ans.
29:27Je lui cassais tous les pots de fleurs
29:29en tapant dans un ballon
29:31comme j'étais maladroit.
29:33C'est pour ça que je n'ai pas fait de foot.
29:35Elle sort sur le pas de la porte
29:37et me dit, ça suffit, mes pots de fleurs.
29:39Je lui ai dit, t'inquiète pas,
29:41mais Denis Latour, champion du monde.
29:45L'histoire est magnifique,
29:47c'est un conte de fées.
29:49On a vécu des trucs
29:51où on se détestait
29:53et puis on a fini
29:55comme les gens qui s'aimaient
29:57le plus au monde.
29:59On est passés par des émotions
30:01pour ce titre
30:03qui ont été
30:05incroyables.
30:07C'était un moment
30:09où je me suis dit,
30:11c'est un moment
30:13qui a été incroyable.
30:21Après, je me suis rendu compte
30:23que tout est peut-être
30:25trop arrivé trop vite.
30:27J'ai du mal à me remettre
30:29parce que je ne suis pas
30:31un professionnel dans ma tête.
30:33Je ne suis pas prêt à tout assumer.
30:35Tout arrive.
30:37En Islande, tu y es retourné?
30:39Non, je n'y suis pas retourné.
30:41Un jour ou l'autre,
30:43mon souhait serait d'y retourner
30:45pour pouvoir revivre
30:47le moment.
30:49C'était la première année,
30:51la première compétition.
30:53On est à la plus haute marche.
31:11On a souffert.
31:13On parle de trucs,
31:15des marioles, des bidules,
31:17mais on a bossé.
31:19Tu le sais, tu y étais.
31:21Pendant que certains étaient en vacances,
31:23on était en train de s'y filer.
31:25On faisait des tournois en Bulgarie
31:27à Lovetsch.
31:29C'est un petit village.
31:31Quand on parlait,
31:33il y avait la bubulle.
31:35Il faisait froid dans le gymnase.
31:37Tu allais à l'eau.
31:39À Constantinique,
31:41il y avait sa doudoune.
31:43On était un.
31:45Tu étais médaillé olympique.
31:47Tu étais champion du monde.
31:49Ça le fait.
31:51Aujourd'hui,
31:5330 ans après,
31:55ton regard sur ce premier titre?
31:59J'aurais pu
32:01peut-être plus s'en profiter.
32:03C'est un regret?
32:05Ce n'est pas vraiment un regret.
32:07C'est une question.
32:09Ça pose une question.
32:11Est-ce que j'aurais pu être différent?
32:15Après, je vais être différent,
32:17mais par la force des choses.
32:19Ça, ce n'est pas pareil.
32:23Moi, je suis mort à Sydney
32:25dans ma fonction d'intérieur
32:27de l'équipe de paragliding.
32:29Mort, complètement mort.
32:31Je n'aurais jamais dû être
32:33si tôt en responsabilité.
32:35De l'activité, de l'activité.
32:37Courir. Tu peux sauter, tirer.
32:39Tu le fais.
32:41Daniel était le sélectionneur.
32:43Si je ne l'écoutais pas,
32:45je risquais de ne pas revenir.
32:47C'est lui qui m'a donné ma chance
32:49en équipe de France.
32:51C'est une relation complètement
32:53différente des autres.
32:55Il était peut-être plus directif.
32:57Pour moi, l'objectif,
32:59c'était que l'équipe de France
33:01gagne les matchs.
33:03Il était plus intelligent.
33:05Il avait la facilité
33:07de canaliser les personnes.
33:09C'est ça qui faisait sa force.
33:11Ce n'était pas du tout certain
33:13que ça allait se finir comme ça.
33:25Cette photo-là qui a été accrochée
33:27dans...
33:29C'est peut-être pas très...
33:31Dans les toilettes.
33:33Ce n'est pas l'horizon.
33:39J'avais piqué la feuille de match
33:41du titre de champion du monde.
33:43C'est fini. Il n'a jamais su ça.
33:45Je ne l'ai pas encore vu.
33:47C'est moi qui l'ai. Je ne sais plus où je l'ai foutu.
33:51Ça ne m'étonne pas, le gardin.
33:53On serait venu l'année passée.
33:55C'était ouvert encore.
33:57Et là...
33:59Manqué.
34:29...
34:59...

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