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00:00L'affaire Beretta-Nice forfait au Vélodrome.
00:10Je vais vous raconter aujourd'hui l'affaire Georges Beretta, c'est du jamais vu dans
00:15le football.
00:16Le 22 décembre 1974, Maître Bourjarel, huissier de justice, constatait, à la demande du président
00:22olympien Fernand Méric, le forfait de l'OGC Nice au stade Vélodrome.
00:27Ce forfait n'en est pas un en fait.
00:29A la vérité, la veille, à 15h30, le groupement, ex-nom de la LFP, a décidé de reporter
00:35le match à une date indéterminée, au motif que le climat dans lequel doit se dérouler
00:39le match est jugé « hostile ».
00:41Car on se trouve alors en pleine affaire Beretta, une affaire dont il convient de résumer
00:46ici les épisodes pour plus de clarté.
00:48Georges Beretta est à cette époque capitaine de l'AS Saint-Etienne qui domine le foot
00:53français.
00:54A presque 30 ans, il demeure l'un des meilleurs joueurs de l'Hexagone.
00:57Mais les plus beaux jours de sa carrière sont tout de même derrière lui.
01:00Et surtout, il ne lui reste que 6 mois de contrat avec les Verts.
01:04Voilà pourquoi Roger Rocher, le président stéphanois, a prêté une oreille attentive
01:08au président olympien lorsqu'il est entré en contact, toutefois sans trop y croire.
01:12Beretta, bolognais d'origine mais stéphanois de souche, est douloureusement surpris par
01:16l'attitude de son club de toujours et semble tenté par cet ultime challenge.
01:20Tout est donc pour le mieux dans le meilleur du monde puisque les deux clubs sont d'accord,
01:24le joueur aussi et l'état-major olympien se frotte les mains en pensant à la recette
01:28du prochain OM-Nice qui verra débuter Beretta.
01:31C'est alors que Roger Leyer, président du club azuréen et membre influent du groupement
01:36des clubs professionnels, se met à pousser des hauts cris en affirmant qu'il avait contacté
01:40Beretta avant l'OM et possède donc une option sur son acquisition.
01:43Un argument plutôt spécieux et qui, de surcroît, se révélera être un mensonge.
01:48Mais il suffit à déclencher la machine à tout embrouiller.
01:51Le groupement rouvre le dossier et parle de sursoir la décision de la commission d'homologation.
01:56De tous les côtés, les voix s'élèvent, traitant l'OM de pilleur de club, y compris
02:01celle de Roger Rocher qui a lui-même contresigné le transfert.
02:05L'avocat de l'UNFP, syndicat des joueurs professionnels, Jean-Jacques Bertrand, prend
02:10en main ce dossier qui devient une affaire nationale et de plus en plus embrouillée.
02:14Le tumulte est tel que Georges Beretta est reçu sur le plateau du journal télévisé
02:18de 20 heures, fait totalement inhabituel pour l'époque.
02:22C'est dans ce contexte que la veille du match OM-Nice, alors que les Olympiens se
02:26trouvent au vert sur l'île de Bandor, le groupement choisit de sursoir aux effets
02:30de la décision de la commission d'homologation concernant Beretta et de reporter le match
02:35OM-Nice à une date ultérieure.
02:37De rechef, le président Meric est ivre de rage car ce sont 40 000 supporters et 800
02:43000 francs de recettes qui s'envolent alors même que commence la trêve hivernale et
02:46que plusieurs déplacements successifs ont privé le club marseillais de rentrées d'argent
02:50frais.
02:51« Nous sommes prêts à affronter les niçois quand ils le voudront et quand ils n'auront
02:55plus de blessés », lancera Meric avec un dépit teinté d'ironie en faisant allusion
02:59aux nombreux absents de la formation niçoise.
03:01Une formation en fin de cycle, toujours constellée de vedettes, Baratelli, Adams, Huck, Sanchez,
03:07Molitor, Ericsson, mais mal classée et qui ne terminera d'ailleurs que 14e au classement
03:12cette saison-là, la saison 74-75.
03:15Quoi qu'il en soit, Meric, ulcéré par cette décision tardive et injuste, refuse
03:20de courber les Chines sans rien dire.
03:22Voilà pourquoi Maître Bourjarel, huissier et 3000 Marseillais avec lui se trouvent ce
03:27dimanche 22 décembre 1974 à 15h au Stade des Lodromes pour voir pénétrer sur le terrain
03:3311 Olympiens vêtus de blanc et Beretta en survêtement.
03:36Après le coup d'envoi, le milieu de terrain olympien Robert Bouygues s'applique pour
03:40inscrire un but dans la cage niçoise déserte.
03:43L'arbitre siffle alors la fin de la récré.
03:45Une fois retombés les clameurs de l'affaire et leur bon droit reconnu, les Olympiens auront
03:51au demeurant leur revanche.
03:52Le 15 mars 1975, devant 31 661 spectateurs, les Niçois encaisseront un 4-1 sans appel,
04:01avec des buts de Albala Dégeaux, Paolo César, un doublé de Jarsigno et un but de Molitor
04:07pour Nice.