• avant-hier
Gérald Darmanin, le ministre de la Justice, est en déplacement à Marseille ce jeudi 2 janvier pour sa première visite de l'année, axée sur la lutte contre le narco-banditisme. Au programme: réunion avec le procureur et visite de la prison des Beaumettes, dans un contexte de surpopulation carcérale.

Category

🗞
News
Transcription
00:00— Bien, tout d'abord, permettez-moi de vous présenter mes meilleurs voeux à vous et à votre famille. Je suis venu aujourd'hui à Marseille
00:07pour ce premier déplacement de l'année 2025, d'abord pour passer évidemment un mot de meilleurs voeux et de soutien à l'ensemble des fonctionnaires
00:16du ministère de la Justice, qui travaillent et travaillent dans des conditions que je sais très difficiles, vu l'augmentation des contentieux,
00:24l'augmentation des actes de délinquance qu'ils ont à subir. Et je sais que Marseille, évidemment, est un lieu très important pour le ministère
00:33de la Justice, en soutien à ses magistrats, à ses greffiers, à ses agents pénitentiaires qui luttent contre la criminalité organisée,
00:41mais qui aussi sont l'objet de menaces, de menaces verbales, de menaces physiques. Certains sont mis sous protection du fait des narco-bandits.
00:51Et je suis d'abord venu aujourd'hui, en ce premier jour de l'année, symboliquement les soutenir. Ce matin, j'ai eu donc une longue réunion
00:57depuis 8 heures du matin avec les services à la fois du procureur général, du Premier président, du procureur et du tribunal sur la criminalité organisée,
01:08pendant plus de 4 heures de discussion. Je me rends à la PJJ dans quelques instants pour soutenir les agents courageux qui luttent pour la réinsertion
01:16des mineurs dont vous savez que malheureusement, l'augmentation de la violence est de plus en plus importante chez les jeunes.
01:23Et puis ensuite, j'irai à la prison des Baumettes pour revenir au tribunal ici pour une deuxième séquence sur les affaires civiles et sur les saisies.
01:32Le message que je veux passer, c'est évidemment le soutien très fort que j'apporte aux magistrats, aux greffiers, aux agents pénitentiaires
01:39et leur dire que je suis là pour 3 raisons. D'abord, les soutenir en termes de moyens, des moyens en personnel qu'il faut pouvoir maintenir avec ce qui a été décidé
01:48dans la reprogrammation de la justice, c'est-à-dire 1 600 personnels de plus cette année. J'ai rencontré la ministre des Comptes publics.
01:54Je l'en remercie de son écoute. Je compte bien que les 1 600 personnels de plus soient concrets pour l'ensemble des juridictions françaises,
02:01pour le bien de nos concitoyens. Il y a en France un problème très important de moyens de la justice qui n'est que 2 % du budget de l'État.
02:08Et nous avons devant nous une difficulté très forte qui est la difficulté qu'a la justice à répondre aux audiences suite au travail qu'ont fait
02:17évidemment les forces de l'ordre, les parquets et les juges d'instruction. Rien que dans les bouches du Rhône, il y a 200 procès d'assises en attente.
02:25C'est donc évidemment un manque de moyens très important parce que lorsqu'on veut la fermeté, et comme je crois les Français le veulent,
02:30comme j'essaye de l'incarner, comme le font les magistrats tous les jours, la fermeté de la justice, c'est la certitude d'être jugé
02:37et d'avoir une condamnation avec une peine exécutée. On ne peut pas avoir 200 procès d'assises dans un département, dans les bouches du Rhône, en attente.
02:44Il en va de la crédibilité de l'action de la République et de la légitimité de notre système institutionnel.
02:51Indépendamment des moyens, des moyens en magistrats, des moyens en greffiers, des moyens en agents pénitentiaires,
02:56évidemment de l'autre côté des moyens d'enquêteurs pour le ministère de l'Intérieur, je suis venu apporter aussi un soutien, comme je l'ai dit,
03:03parce que les magistrats ici à Marseille font face à une augmentation généralisée de la criminalité, bien sûr dans la vie quotidienne, malheureusement,
03:13les violences faites aux femmes et aux enfants, la délinquance du quotidien qui pourrit la vie de nos concitoyens,
03:19mais bien évidemment, en premier lieu, de la criminalité organisée. Et dans cette criminalité organisée,
03:24il y a la place très importante que prend le trafic de drogue en France, en Europe, dans le monde et à Marseille en particulier.
03:30Il faut donc mettre les moyens pour lutter contre cette criminalité organisée. Et le point le plus important, sans doute,
03:39des prochaines semaines, des prochains mois, peut-être même des prochaines années, c'est les moyens contre le blanchiment d'argent.
03:44Il faut taper au portefeuille. On sait que les peines de prison ne sont pas totalement dissuasives pour les plus grands délinquants.
03:51Des gens sont parfois condamnés à des dizaines d'années de prison sans pour autant arrêter leur trafic,
03:56ce qui pose la question du nettoyage des prisons – j'y reviendrai si vous le souhaitez –, mais aussi et surtout de la confiscation
04:01des biens qui ont été mal acquis, l'argent, les voitures, les biens immobiliers, mais aussi cet argent, ces voitures et ces biens immobiliers
04:10qui sont à l'étranger. Et je pense qu'il y a largement encore mieux à faire que nous faisons, même si 41 millions d'euros ont été confisqués
04:19cette année dans les bourgeois, ce qui est une somme très importante, mais qui mériterait encore d'être largement développée.
04:24Des lois existent déjà, comme les lois Wartsman que nous devons appliquer, qui permettent de saisir et de confisquer avant même un jugement,
04:31et évidemment de le systématiser pour la délinquance du quotidien comme pour les plus grands bandits. Ça demande de la coopération internationale.
04:38Ça demande aussi davantage de moyens en magistrat dans les questions économiques et financières. Cette question du blanchiment
04:46doit être la plus importante de nos actions dans les prochains temps, parce que c'est là où nous pouvons avoir très rapidement des actions rapides.
04:54Et c'est là où nous pouvons faire mal aux narco-bandits le plus rapidement, avant même d'ailleurs les condamnations comme je l'ai évoquées.
05:02Après ce soutien en moyens et ce soutien politique dans l'action que mènent nos magistrats à l'ensemble de la chaîne pénale, je veux évidemment aussi dire
05:11que nous devons continuer à avoir un œil particulièrement attentif contre les atteintes faites aux personnes dépositaires de l'autorité publique.
05:18Les policiers, les gendarmes, les magistrats, les greffiers, les agents pénitentiaires sont sous le coup parfois de corruption,
05:26qu'il faut évidemment condamner avec la plus grande sévérité. Et l'État doit être de plus en plus vigilant, mais souvent de menace.
05:34Et je suis venu dire que nous allons soutenir, bien sûr en soutien policier, de protection, ces agents qui font leur travail courageusement,
05:44mais que nous allons alourdir, en tout cas c'est ce que je souhaite, alourdir les peines contre ceux qui menacent, corrompt les agents de l'État.
05:51Quand la criminalité organisée a assez de moyens pour pouvoir avoir des réseaux téléphoniques parallèles, pour avoir des circuits de financement à l'étranger,
06:01pour pouvoir mettre de l'argent dans la vie classique, que ce soit l'immobilier, la restauration et d'autres activités humaines,
06:10mais que par ailleurs elle a assez de moyens pour pouvoir corrompre des agents ou les menacer, qu'on n'ait pas peur de menacer un juge, un avocat, un agent pénitentiaire,
06:20et passer à l'acte, comme on l'a vu dans le drame d'Incarville, nous sommes dans un point de bascule pour la République. Et donc nous devons collectivement nous réveiller.
06:30Je donnerai les instructions dans la circulaire de politique pénale que j'adresserai dans quelques jours au procureur de la République pour que les atteintes,
06:36les menaces et les corruptions envers les agents publics, dépositaires d'autorités publiques soient particulièrement poursuivies avec la plus grande fermeté.
06:43Mais nous devons aussi montrer que les exemples de corruption et de menaces sont particulièrement condamnés par notre justice.
06:53Voilà en quelques mots. Je suis venu de très nombreuses fois à Marseille dans mes fonctions précédentes.
06:57Je voudrais saluer l'action incroyable de tous les agents publics pour la tranquillité. Il y a eu des résultats en cette année 2023.
07:04Je voudrais quand même les dire. Action du ministère de l'Intérieur et du ministère de la Justice. Il y a eu 50 %, vous le savez, de règlements de comptes en moins à Marseille.
07:11On est passé d'une cinquantaine de règlements de comptes mortels en 2023 à une vingtaine. C'est encore trop.
07:16Mais je constate l'action bénéfique de ce que nous avons pu engager dans des fonctions précédentes avec mes prédécesseurs.
07:23Il y a aussi, je vous l'ai dit, 41 millions de confiscations, ce qui est important et qui mériterait encore d'être développé.
07:30Il y a eu plus de 3 000 personnes qui ont été interpellées pour le trafic de stupéfiants à Marseille, c'est-à-dire 40 % de plus en une année d'interpellation.
07:38Et donc nous sommes aujourd'hui devant la masse de ces personnes à traiter, à condamner. C'est pour ça que je suis là, pour améliorer,
07:44pour simplifier les procédures et pour donner davantage de moyens et d'encouragement aux magistrats.
07:49— Monsieur le ministre, est-ce que vous avez vu la directrice de la prison des gommettes qui est en retrait de ses fonctions à la suite des menaces ?
07:56— Alors je me rends dans quelques instants, après le déjeuner, à la prison des gommettes. J'aurai l'occasion de pouvoir apporter mon soutien
08:01à madame la directrice et à d'autres agents aussi qui ont été menacés et qui sont protégés.
08:05— Monsieur le ministre, sur la présence des téléphones portables en prison qui servent notamment ou n'apposent de continuer leur trafic à l'extérieur,
08:12il y a des journalistes de BFMTV qui ont démontré qu'il n'y était que ceux qui pénétraient à l'intérieur de certains centres avec des outils de téléphone
08:18qui font parfois de la taille d'un pouce. Dans le cadre précis d'un reportage du confinement, comment lutter contre ces tout petits téléphones
08:25qui s'achètent pour 30 € et qui captent à l'intérieur des prisons ?
08:29— Donc je vous ai dit dès mon premier jour de prise de fonction qu'à la justice, les mots que nous prononçons doivent correspondre à la réalité
08:36que comprennent les gens. Par exemple, lorsqu'on dit que l'on connaît quelqu'un à la prison, il faut qu'il en fasse, de la prison.
08:42Et il y a trop de peines de prison qui sont prononcées, qui ne sont pas exécutées et dont jamais la personne ne va une journée en prison.
08:49Quand on dit que les gens sont à l'isolement en prison, personne ne comprend, derrière son écran de télévision en lisant son journal,
08:55que ces personnes peuvent communiquer à l'extérieur, commander des assassinats, corrompre des fonctionnaires ou pouvoir faire continuer leur point de deal.
09:03Donc si je devais résumer en un mot ce que je crois en attendre du ministre de la Justice, c'est que les mots prononcés par les magistrats
09:11correspondent à la réalité. Et c'est le premier travail que nous devons faire pour que nous soyons compriss et que nous soyons entendus
09:18et que, par ailleurs, la légitimité de l'incroyable force que représente une magistrature indépendante entre pays soit parfaite pour l'ensemble de nos concitoyens.
09:30Et donc évidemment que continuer à téléphoner en prison et gérer son trafic ou commander des assassinats est incompréhensible pour nos concitoyens,
09:39mais aussi incompréhensible pour les magistrats, qui passent des jours et des nuits à confondre ces personnes pour qu'elles puissent répondre de leurs actes
09:48ou aux agents pénitentiaires, qui risquent leur vie pour les protéger. Nous allons donc multiplier tout azimut des opérations de nettoyage des prisons.
09:56Alors c'est déjà en partie fait, puisque plus de 40 000 téléphones portables ont été saisis lors de l'année 2024. Je pense qu'on peut faire davantage.
10:04Deuxième chose, nous devons améliorer les sujets et les problématiques techniques pour faire du brouillage pour l'ensemble des cellules qui sont concernées,
10:12de ce que j'en comprends. Ça fait une semaine que je suis garde des Sceaux. Il n'y a pas l'intégralité des moyens technologiques aujourd'hui à notre disposition pour le faire.
10:21Il faudrait par exemple 500 millions d'euros en plus du budget que nous avons pour pouvoir mettre des brouilleurs, en imaginant qu'il y en ait disponible partout,
10:30dans les prisons françaises. Donc évidemment, il faut qu'on soit plus ingénieux. Il faut sans doute d'ailleurs que nous distinguions – c'était ma proposition
10:36dès mon premier jour à l'arrivée Place Vendôme – les personnes qui sont dangereuses, qui méritent un milieu sécuritaire et carcéral beaucoup plus fort,
10:43qu'on pourrait qualifier d'une forme d'isolement, à ceux qui vont faire quelques mois de détention et qui vont devoir être réinsérés,
10:51et à qui on ne peut pas avoir évidemment le même régime, bien sûr, d'isolement. Et donc une de mes propositions – j'en parlerai au président de la République
11:00et au Premier ministre – c'est que sur la criminalité organisée, nous nous intéressions au sujet, qui est un danger profond pour la République et pour nos concitoyens,
11:07dans le même parallèle que ce que nous faisons pour le terrorisme. Et donc c'est pour cela que j'ai proposé que nous fassions d'abord une sorte d'appartement témoin,
11:14si vous me permettez cette expression, en prenant les 100 plus importants narcotrafiquants qui sont dans nos prisons. Je rappelle qu'il y a 17 000 détenus en France
11:22qui sont confondus pour trafic de stupéfiants. Donc 100 sur 17 000. Je pense qu'un grand pays comme la France est capable de le faire en isolant ces personnes particulièrement,
11:31en les fouillant particulièrement et en brouillant particulièrement leur communication. Parce que c'est pas la même chose quand vous avez un grand narcobandit
11:38qui a un téléphone avec accès à des réseaux cryptés et des réseaux sociaux à une personne qui est là quelques mois en prison et qui n'était valable
11:44pour trafic de stupéfiants. Donc nous devons discriminer mieux les détenus pour pouvoir effectivement dans un premier temps assez rapidement
11:50faire comprendre aux citoyens de la rue que nous agissons avec efficacité. Je constate d'ailleurs que lorsque ces narcobandits sont mis à l'isolement,
11:58ça a été le cas récemment dans le cadre de la guerre des clans qu'il y a eu ici à Marseille, un certain nombre d'assassinats ciblés se sont arrêtés.
12:05Et donc ce qui prouve bien que la preuve du pudding est en qu'il se mange que lorsque nous mettons à l'isolement des personnes extrêmement dangereuses,
12:12nous passons un message que la prison n'est pas évidemment un lieu où on peut continuer son trafic, mais aussi on aide beaucoup les magistrats,
12:19les services de police et bien sûr les citoyens à vivre plus calmement. Donc c'est la priorité que je me suis fixée dans la criminalité organisée.
12:26J'ai à mon retour de Paris des réunions avec l'administration pénitentiaire pour qu'ils me fassent remonter les sans-profils que j'ai demandés
12:33et que très pratiquement avec la libération des places de prison qui sont dans les prochaines inaugurations.
12:40Et vous allez en connaître ici à Marseille. Nous puissions particulièrement montrer cet appartement témoin que j'espère nous généraliserons à l'ensemble de ceux qui continuent leur trafic de prison.
12:49— Où en est l'enquête administrative sur la situation de la prison de Lille qui a lancé votre prédécesseur suite notamment à des assassinats qui ont été commandités depuis...
12:58— J'en ai pas encore pris connaissance, mais j'ai promis, puisque nous avons eu un échange avec les élus du territoire, de revenir d'ici un mois dans les bouches du Rhône
13:05et de rediscuter de l'ensemble de ces questions, et notamment de la question de la prison de Lille.
13:08— Et le président du tribunal judiciaire, lors de la présentation des nouveaux magistrats, a flammé le fait que 12 magistrats supplémentaires, sièges et parcaisses,
13:16devaient être bien confortés. Est-ce que vous avez cette garantie aujourd'hui ?
13:20— Je vous rappelle, madame, qu'il n'y a pas de budget voté. Et donc on pourrait peut-être se retourner vers les parlementaires qui n'ont pas de données de budget à la Nation,
13:26ce qui pourrait répondre à la question que vous posez. D'abord, pour que nous ayons des moyens supplémentaires pour nos justicias, pour nos magistrats, pour nos greffiers,
13:33pour nos agents pénitentiaires, encore faut dire que la France, c'est un budget. Comme on est en loi spéciale, nous sommes dans la reconduction des crédits
13:38de l'année dernière. Et donc nous ne sommes pas, pour l'instant, en mesure de donner les crédits et les postes que le même parlement, d'ailleurs, avait votés
13:45dans sa propre programmation. Vous remarquerez que le paradoxe ne manque malheureusement pas de sel. Et ce serait risible s'il ne s'agissait pas de la sécurité de notre pays.
13:52Donc je compte bien défendre les mêmes arbitrages budgétaires, si vous me le permettez, un peu supérieurs qu'à mes prédécesseurs pour le budget du mois de février prochain,
14:00puisque la justice a besoin de cet argent et a besoin de cohérence dans son action. Et je tiendrai les engagements de mes prédécesseurs.
14:09Et je voudrais y rajouter ma patte personnelle, si vous me le permettez. La lutte contre le blanchiment, la lutte contre la criminalité économique et financière
14:16en lien avec la criminalité organisée et le narco-banditisme sera la priorité des moyens que j'affecterai. Et ma deuxième priorité, c'est les violences faites aux enfants,
14:25comme je l'ai déjà évoqué. — Peut-être trois commentaires sur la future suite des judiciaires de Marseille. Les avocats marseillais, notamment, sont vraiment debout
14:31contre une délocalisation dans le nord de la ville. Déjà, ce projet de 350 millions d'euros, où est-ce qu'on en est aujourd'hui ? Est-ce que cette suite des judiciaires
14:38va avoir lieu aujourd'hui ? — Alors l'avantage d'être là depuis une semaine, c'est que je peux vous répondre que je n'ai pas encore pris connaissance
14:43de l'intégralité des dossiers. J'ai entendu que la presse évoquait que j'étais parfois hyperactif. Je constate que vous pensez que je suis trop lent.
14:49Donc j'essaierai de m'améliorer dans les prochaines heures. Merci beaucoup. — Vous étiez en mars dernier ici, à Marseille, pour lancer Clasnet.
14:5510 mois après, est-ce qu'on peut tirer un bilan ? — Alors on peut toujours tirer un bilan. Moi, je constate que grâce aux actions que nous avons menées
15:03d'ailleurs en lien avec la justice, puisque j'étais venu à l'époque... M. le procureur de la République était présent avec le président de la République
15:08et le garde des Sceaux. Nous avons mis, me semble-t-il, à l'ordre du jour la lutte contre les points de deal sur la voie publique.
15:15Vous savez, le trafic de drogue, il est évidemment dans toutes les sociétés. Et je voudrais juste vous dire quelques mots pour dire qu'ils courront
15:21toutes les sociétés. La première cause de mortalité aux États-Unis d'Amérique aujourd'hui, c'est le fentanyl. C'est une drogue de synthèse.
15:27Toutes les sociétés sont concernées par le terrorisme et par le trafic de drogue. Dans le trafic de drogue, qui est très difficile à arrêter
15:33mais que nous devons donner des moyens très importants, le but ultime de notre action, c'est faire que les organisations criminelles n'aient pas
15:39une taille assez critique pour empêcher l'État de fonctionner, pour que nous n'ayons pas en face de nous des narco-États, comme il y en a eu,
15:45malheureusement, même si les choses se sont un peu rattrapées depuis aux Pays-Bas ou en Belgique, pour éviter que la masse financière puisse développer
15:54des communications téléphoniques satellitaires. Les affaires Sky, ECC ou Ancrochate ont montré qu'ils avaient des réseaux de communication parallèles
16:01à ce que nous pouvons écouter ou de la recherche et développement dans les drogues de synthèse. Donc quand nous luttons contre des points de deal
16:07qui rapportent 15 000, 20 000, 30 000, 40 000 euros par jour, nous luttons pas simplement contre le deal de rue et la santé publique,
16:14nous luttons pour éviter que la pieuvre soit aussi importante. Et le travail des opérations PlaceNet était de montrer que la voie publique appartenait
16:22à l'arrêt public et pas aux délinquants. Alors bien sûr, je sais qu'il y a des livraisons par drone, je sais qu'il y a des livraisons par scooter,
16:28je sais qu'il y a des livraisons par bateau, je sais qu'il y a des livraisons par voiture, je sais qu'il y a beaucoup d'ingéniosité dans le trafic de drogue,
16:34mais ce qu'a montré PlaceNet, même s'il y a encore beaucoup de travail à faire, c'était que les policiers retournaient à la paternelle,
16:40retournaient dans tous les quartiers nord et montraient que nous étions, nous, l'arrêt public, à notre place. Alors évidemment, ça n'a pas d'intérêt,
16:48même s'il y a eu énormément de saisies très importantes et beaucoup d'interpellations, s'il n'y a pas délémentellement des réseaux.
16:54Et c'est pour ça que le travail – et je suis très heureux d'être assis au ministère de l'Intérieur et au ministère de la Justice pour pouvoir compléter
16:59ce travail, ce travail de voie publique que font les policiers – doit être lié avec ceux qui commandent les trafics, qui sont soit dans nos prisons,
17:06puisque souvent, ils ont déjà été arrêtés, soit à l'étranger. D'ailleurs, c'est pour ça que je me rendrai également dans des pays étrangers
17:12pour améliorer notre coopération, puisque je me rendrai aux Émirats arabes unis pour notamment évoquer la question de Dubaï d'ici la fin du mois de janvier,
17:19autour du 20 janvier, pour pouvoir améliorer cette coopération judiciaire. Vous savez, j'ai constaté dans mes fonctions précédentes que le travail de la République,
17:32elle devait être à la fois au coin de la rue, parce que c'est le symbole de notre impuissance lorsque nous ne sommes pas au rendez-vous.
17:37Et c'était l'occasion des opérations placettes de remettre les policiers, les gendarmes et l'action judiciaire en bas de la rue.
17:43Mais ce bas de la rue, il doit être complété par une action de lutte contre le grand banditisme. Et c'est pour ça que je vais regarder
17:49avec intérêt tout le travail qui est fait sur le narco-banditisme. Il y a le rapport de M. Ricard, que mon prédécesseur avait missionné.
17:57Il y a le travail des sénateurs Blanc et Durin, qui ont rendu un rapport extrêmement intéressant. Et par ailleurs, une proposition de loi
18:03auquel je vais apporter mon parfait soutien et que je compléterai par d'autres idées que je peux avoir avec mes services.
18:10Et c'est pour ça que dès lundi midi prochain, j'ai une séance de déjeuner de travail avec Bruno Retailleau, parce que ce que je voulais vous dire
18:16et je veux le redire, police et justice sont dans la même barque, et que les problèmes de la police, c'est les moyens de la justice.
18:23Et donc ensemble, nous allons travailler pour plus de fermeté et pour que du coin de la rue jusqu'au coin de la planète,
18:29nous puissions arrêter les narco-trafiquants et montrer que la République est chez elle et que quand on est trafiquant,
18:34on doit se cacher et on doit pas avoir pignon sur rue. — Et comment vous métabliez les isolements quand les prisons sont saturées ?
18:41— Nous avons un problème de surpopulation carcérale qui est très important, 30% détenus en plus. Je constate que cette surpopulation carcérale
18:50est bien sûr présente dans les maisons d'arrêt, c'est-à-dire en attente des jugements, et que lorsque les gens sont condamnés,
18:55les choses vont mieux, même si elles sont toujours très difficiles, mais que nous avons su le faire pour les acteurs du terrorisme.
19:01Ce qu'il faut faire dans la vie, c'est des choix. Et je pense que les Français comprennent le choix. Lorsque je dis que quelqu'un
19:08doit être condamné à une petite peine de prison, qu'il fasse sa prison pas forcément dans un milieu carcéral qui demande des miradors,
19:13des barbelés. Vous savez, le ministère de la Justice, il construit des prisons en 7 ans. C'est peut-être un peu long,
19:18parce que c'est le même modèle partout. Voilà. Et quand j'étais ministre de l'Intérieur, on avait beaucoup de mal à créer
19:23des centres de rétention administrative, parce qu'on mettait 4 ans pour les construire. On a simplifié les choses.
19:28On avait du mal à créer des brigades de gendarmerie. On mettait 5 ans pour les construire. Je lui ai demandé qu'on fasse
19:32des brigades de gendarmerie sur un loco de garde à vue, par exemple, parce qu'on n'a pas besoin de partout de loco de garde à vue
19:36ou sans lieu de blindage pour les armes, parce qu'on n'a pas le lieu d'avoir toujours du blindage pour les armes.
19:41Donc il faut simplifier le process. Ce qu'on demande aux ministres de la Justice, c'est pas de prendre des décisions
19:46à la place des magistrats. Ils savent très bien le faire, et en toute indépendance. C'est de trouver des moyens et surtout
19:50de la simplification. Vous savez, monsieur, moi, j'ai entendu l'administration pénitentiaire, comme des greffiers, comme des juges
19:55et comme hier des policiers et des gendarmes, la même demande. Simplifier. Simplifier la procédure pénale. Simplifier qu'il y ait
20:00des charges pour construire des prisons. Simplifier les relations entre les acteurs. Je pense qu'avec un peu de priorisation,
20:05un peu de moyens et un peu de bon sens, on devrait pouvoir isoler dans un grand pays comme la France, où il y a 82 000 détenus,
20:11les 100 plus gros trafiquants. — Vous avez beaucoup parlé de corruption des agents. Est-ce que c'est un sujet qui vous est planté ?
20:16Est-ce qu'il y a une préoccupation de votre part sur ce sujet ? — Il y a évidemment une préoccupation lorsque les organisations criminelles
20:24ont assez de puissance pour pouvoir menacer et ou corrompre des agents publics. Nous le savons déjà. Quand j'étais ministre
20:31des Comptes publics, les douaniers étaient particulièrement visés, puisque l'entrée de la drogue se fait par les ports, vous le savez.
20:38Et d'ailleurs, il y a des dockers, des douaniers qui sont menacés, et pour les dockers, des gens qui sont exécutés par des organisations
20:45criminelles. Nous savons que les agents publics en Europe, et je pense notamment au nord de l'Europe, connaissent une corruption avancée.
20:52Et oui, nous devons faire particulièrement attention à la vulnérabilité de nos agents, qui ne sont pas très bien payés pour le travail
20:58qu'ils font, dont l'accompagnement n'est pas toujours social ou psychologique au rendez-vous. Et c'est le travail de l'hierarchie intermédiaire
21:06et notamment du ministre de s'y intéresser. Mais là encore, le parallèle avec le terrorisme est intéressant. Nous avons eu des agents
21:12qui étaient radicalisés. Et je rappelle qu'à la suite du drame de l'attentat de la préfecture de police, partout, y compris dans les services
21:20de renseignement français, il y avait des agents qui étaient radicalisés. Nous avons mis en place un système pour évaluer les agents,
21:26regarder leur vulnérabilité et les suivre et les écarter parfois lorsqu'ils étaient en contact avec des fonctions qui pouvaient faire naître
21:34des choses aussi ignobles que des attentats. Et bien comme la criminalité organisée, c'est la menace première de notre pays, nous devons sans doute
21:43nous inspirer de la lutte contre le terrorisme. Ça passe par du renseignement, ça passe par l'isolement, ça passe peut-être par des juges
21:49encore plus spécialisés et ça passe peut-être par un renseignement administratif sur nos agents. Hier, nous regardions ceux qui étaient radicalisés
21:56pour islamisme radical. Aujourd'hui, on doit peut-être regarder ceux qui sont plutôt sensibles à des faits de corruption. Ils sont très minoritaires,
22:03mais ils existent sans doute. Et il faut que la République soit particulièrement attentive. Comme on le disait dans le pyromain, la femme de César
22:12ne peut pas être... Vous connaissez la suite. — Le chiffre des 100 plus grands narco-bandits, vous l'avez choisi sur quel critère ?
22:22— Alors madame, moi, j'ai été maire d'une commune pauvre. Et quand je suis devenu maire, après 30 ans d'une même couleur politique,
22:30sachant qu'il n'y a pas beaucoup d'argent dans les caisses, je me suis dit que comment je vais pouvoir montrer à ma population
22:34quelque chose change ? Et si vous changez tout d'un seul coup, non seulement ils vous croient pas, la ville est en travaux,
22:38mais en plus, vous avez pas assez d'argent. Et à la fin, on vous dit qu'est-ce que vous avez fait ? On ne croit pas à votre espoir et à votre projet.
22:44Donc vous faites en immobilier ce qu'on appelle un appartement témoin. Je sais pas si vous avez déjà acheté sur pièce un appartement.
22:51Vous louez quelque chose qui correspond à un programme starter, comme dire les promoteurs immobiliers. Je pense que c'est ce qu'il faut faire
22:57dans l'action publique. C'est ce que j'ai fait au ministère des Comptes publics quand on a fait l'impôt à la source.
23:00Et c'est ce qu'on a fait au ministère de l'Intérieur qui nous a permis ensuite de faire des choses comme les Jeux olympiques à grande échelle.
23:06Quand on a peu de moyens, qu'on a peu de temps politique et que par ailleurs on a une urgence de sécurité, je prends le chiffre de 100 par convention,
23:14parce que je pense que sur 82 000 détenus, un grand pays comme la France est capable de le faire avec du volontarisme politique,
23:19pour faire une opération starter, vous voyez, pour montrer que c'est possible, parce qu'il y a des obstacles juridiques, des obstacles financiers,
23:26évidemment, le sujet avec les droits de la défense, la condition à dignité des détenus. Et donc j'imagine que tout ça est compliqué.
23:33Sinon, les gardes des sceaux précédents l'auraient évidemment fait. Donc ma technique, si j'ose dire, c'est d'agir comme ministre comme j'agis comme maire,
23:40parce que je crois que le bon sens du maire, qui a des moyens limités mais qui doit parler à sa population, qui doit à la fois montrer du volontarisme
23:47et prendre en question les contraintes, donne de l'espoir à tout le monde. Si j'arrive à montrer que dans le nouveau quartier qui était hier
23:55un quartier en grande difficulté sociale, nous avons non pas 4 nouvelles écoles mais 1 nouvelle école, qu'on n'a pas 30 nouveaux immeubles mais 2 nouveaux immeubles,
24:03que la rue est régulièrement nettoyée et que la délinquance a baissé parce que j'ai mis des caméras de vidéosurveillance, ça donne de l'espoir dans l'action publique.
24:10Et j'ai bien conscience que la politique aujourd'hui, c'est les gens qui ne croient pas en l'action publique. Donc pour répondre à votre question,
24:16je fais une démonstration par l'exemple. Et nous commençons par les 100 premiers narcotrafiquants. Je pense que dans le temps qui m'est imparti,
24:24avec les moyens que j'ai, c'est quelque chose que nous sommes capables de faire.
24:26Vous parlez beaucoup de proximité. Quelles sont vos solutions concrètes aujourd'hui pour justement faire de la justice de proximité ?
24:32Alors j'aurai l'occasion tout à l'heure d'en parler en matière civile parce que je n'oublie pas que l'essentiel du lien de la population avec la justice,
24:39ce sont des questions qui relèvent des affaires civiles, des affaires familiales. C'est ça qui handicapent le plus nos concitoyens pour croire dans les décisions de justice.
24:48Vous savez, par exemple, la proximité, elle se déroule aussi dans le bon sens, monsieur. Il y a trois semaines, avant même de savoir que j'étais garde des Sceaux,
24:55je reçois dans ma permanence à Tourcoing un homme qui avait la tutelle sur son enfant handicapé. Ce monsieur est ouvrier, il a un cancer et il veut mettre de l'argent
25:05de son compte courant, le compte courant de son enfant handicapé, sur l'assurance-vie parce qu'il pense qu'il va peut-être ne plus pouvoir s'occuper de son fils
25:13vu ses problèmes de santé. Il a écrit trois lettres recommandées au juge des tutelles. Il n'a toujours pas de réponse. J'en veux pas au juge des tutelles qui doit être submergé,
25:21mais avouez que c'est un petit peu incompréhensible pour le monsieur que j'ai reçu qu'il est le père de son fils, il a la tutelle, et par ailleurs, c'est pas pour dépenser de l'argent.
25:31Si vous avez compris, mettre de l'argent du compte courant sur l'assurance-vie, d'attendre une réponse du juge des tutelles au bout de trois lettres recommandées pour faire cela.
25:37Il y a plein de simplifications qui peuvent correspondre à la proximité. Et je crois que dans notre façon de faire, nous devons d'abord demander aux praticiens du droit en premier
25:46quelles sont les demandes de simplification qu'ils font. C'est ce qu'aujourd'hui vont présenter les magistrats pour les affaires. Et j'écrirai à l'intégralité des membres de mon administration
25:56à la fin du mois de janvier pour demander à chaque magistrat, à chaque greffier, à chaque auxiliaire de justice quelles sont ses propositions de simplification.
26:03Je vais d'abord rencontrer les organisations syndicales à partir de lundi et toute la semaine. Une fois que j'aurai rencontré les organisations syndicales, j'espère qu'elles joueront au jeu de cette demande de simplification par le bas.
26:11Tous les agents du ministère pourront proposer des simplifications. Alors il y a des choses qui pourront être faites rapidement, d'autres qui passeront par la loi, d'autres qui seront plus difficiles à faire.
26:20Mais c'est ça la proximité, c'est la compréhension et l'accès au droit, en aidant évidemment tous ceux qui aident à cette proximité. Je pense notamment à des maisons d'accès de la justice et du droit qui font un travail formidable.
26:29Merci beaucoup.

Recommandations