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"C’était la honte d’être le mec qui ne vend plus de disques, tu vois, le loser en fait."
Après des années de succès et de disques de platine… la violence de l'échec. Christophe Willem nous raconte comment il a vécu la déception de son album Rio et comment il a réussi à se relever.

💭 La santé mentale, Brut en parle avec vous toute l'année avec Brut Mental.

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Musique
Transcription
00:00J'ai eu la sensation que, d'un seul coup, tout ce qu'on m'avait donné, on me l'a repris d'un coup net.
00:04Ça a été vraiment cette sensation.
00:06Et je me suis retrouvée, du coup, comme le petit garçon dans la cour d'école,
00:12que tout le monde regardait.
00:13Et donc, si tu veux, je portais la sensation d'abandon et la sensation de honte.
00:20Tu vois, alors c'était plus la honte d'être le PD de la cour de récréation,
00:24mais c'était la honte d'être le mec qui vend plus de disques.
00:27Tu vois, le loser, en fait.
00:34La première semaine de vente, elle est un peu fatidique.
00:37Et c'est vrai que c'est super violent quand, à une semaine de vente,
00:39on vous dit que l'album est plié, il n'atteint pas les chiffres.
00:42Donc, c'est mort.
00:44Ce que ça réveille, à ce moment-là, chez moi, c'est des failles beaucoup plus anciennes
00:48qui débarquent et je me prends en pleine tête à ce moment-là.
00:50Et je me rends compte que je suis hyper fragile et qu'en gros, depuis La Nouvelle Star,
00:55donc depuis 2005, le casting, et 2006, la victoire,
00:59qu'en gros, tout repose sur quelque chose d'hyper bancal
01:02et que je suis ultra dépendant du regard des gens, du succès,
01:07pour moi, me sentir un minimum solide.
01:09Or, à ce moment-là, je me sens hyper fragile, pas du tout stable
01:13et c'est là que ça commence un peu à bien vriller quand même.
01:17Ce qui est très violent, c'est que quand on est artiste,
01:19c'est très difficile de dissocier ce qu'on fait de ce qu'on est.
01:23Je dis souvent ça, c'est con comme exemple, mais bon, tu vas dans une boulangerie,
01:27tu te prends une baguette qui est un peu grillée, tu vas pas dire
01:29« Elle est complètement folle, cette boulangère, je ne retournerai plus jamais ! »
01:32Tu dis « Bon, dans un malentendu, il y a quelqu'un qui a eu le téléphone à ce moment-là,
01:35elle a foiré la baguette ! »
01:37Mais c'est pas dramatique.
01:38C'est vrai que quand t'as la sensation d'un rejet, parce qu'il n'y a pas une adhésion en fait,
01:43c'était ça le truc, t'as la sensation qu'en gros, c'est pas ce que tu fais qui est rejeté,
01:47mais in fine, c'est ce que toi, tu es, ce que tu représentes qui est complètement...
01:51qui est rejeté, c'est vraiment cette sensation-là.
01:54Donc, dissocier ce qu'on fait de ce qu'on est quand on est artiste,
01:57c'est quand même très compliqué.
01:58Et en même temps, c'est fondamental, si tu veux, et fondamental dans les deux sens,
02:04en cas d'échec et en cas de succès.
02:06Et là, je me dis en fait, il y a deux options.
02:07C'est-à-dire que la première option, soit t'es fondamentalement sadomaso,
02:12et tu aimes vraiment t'exposer et te sentir, tu vois, fragile comme ça.
02:19Et si tu veux, clairement, je me dis, c'est pas possible en fait, c'est pas viable.
02:24Donc, soit il y a cette option-là, soit il y a l'option,
02:27non, mais à un moment, il va falloir travailler sur toi,
02:30parce que c'est pas possible en fait, c'est pas possible,
02:32je me sentais pas du tout solide, pas du tout solide à l'idée éventuelle
02:36de faire un autre album qui ne marche pas, tu vois.
02:39Donc, si tu veux, il y avait ce truc-là.
02:40Et ça entraînait tout un tas de questionnements avant que je vois une psy,
02:44tout un tas de questionnements sur, mais pourquoi je faisais ce métier ?
02:47Qu'est-ce que j'avais besoin de combler ?
02:49Est-ce que je faisais ce métier par ego ?
02:51Tu vois, est-ce que c'était mon ego que je cherchais à nourrir ?
02:53Est-ce que je cherchais à communiquer des émotions avec les gens ?
02:56Enfin, tu vois, toutes ces questions-là, elles avaient besoin d'être creusées profondément.
03:01Et c'est ce que j'ai fait en fait, dès que la tournée s'est arrêtée.
03:05Donc, ça a été intense, mais nécessaire.
03:09PS, je t'aime. PS, je t'aime. PS, je t'aime. PS, je t'aime. PS, je t'aime. PS, je t'aime.
03:18J'arrive à table chez mes parents et je venais de réécouter l'album Rio.
03:24Et en fait, quand j'ai réécouté l'album, j'étais en larmes
03:27parce que je me disais, moi, en fait, cet album, j'aime bien.
03:30Donc, même s'il n'a pas marché, on n'arrivera pas à me faire dire que l'album n'était pas bon.
03:36Il me correspondait au moment que je vivais, moi, dans ma vie, à ce moment-là, en fait, tu vois.
03:41Et donc, en fait, je suis arrivée à table et d'un seul coup, mes parents me disaient,
03:46alors, qu'est-ce que tu faisais et tout ?
03:47Et là, je suis tombée en larmes, mais alors, vraiment violemment en disant,
03:52mais je veux faire un autre métier.
03:54Je comprends pas pourquoi on me dit que cet album était pourri.
03:58Et mes parents, si tu veux, se sont retrouvés désemparés.
04:01Parce que je suis jamais tombée en sanglots comme ça devant eux.
04:04Mais même, justement, quand j'ai subi du harcèlement et tout, ils m'ont jamais vue comme ça.
04:08Et bizarrement, le fait d'avoir lâché ça, ça m'a permis d'évacuer, tu vois, le poids que j'avais sur moi.
04:15Et du coup, petit à petit, j'ai recommencé à me mettre au travail sur l'album Panorama, du coup.
04:23Et je me suis dit, bon, bah, à un moment, ce serait un peu take the best, fuck the rest, tu vois.
04:29Et ma logique, ça a été, bon, bah, à partir de maintenant, on stoppe, quoi.
04:31C'est-à-dire que je vais faire un album, d'accord ?
04:34Moi, il me parlera à 100%.
04:37Peu importe qu'on me dit c'est bien, c'est pas bien.
04:40Moi, j'assumerai, je porterai un album là où j'ai envie d'aller.
04:44Dans le clip de PSJTM, ça commence par toi qui t'en vas.
04:48D'une thérapie.
04:49D'une thérapie. Et la psy, c'est la même que...
04:52Double jeu.
04:52D'un double jeu.
04:53Exactement.
04:54Alors ça, c'était vraiment une envie.
04:56Pour moi, réellement, la thérapie de PSJTM, cette fin de thérapie,
05:01où je dis, bon, bah, je crois que j'ai fait le tour, maintenant, on peut passer à autre chose.
05:05Dans ma vie réelle, j'étais en train de terminer la thérapie qui a eu lieu pendant toute cette période-là.
05:09Et pour moi, c'était symboliquement dire, bon, bah, voilà, il y a eu la théorie.
05:14Bon, bah, maintenant, il faut vivre l'expérience.
05:15Panorama, c'est une ode à la résilience et la logique de se dire que rien n'est permanent,
05:20ni ce qui est positif, ni négatif,
05:22et qu'il faut accepter ce qui est au moment où ça existe,
05:26et les évacuer pour avancer et aller vers autre chose.
05:28Et donc, j'espère que cet album...
05:30Moi, ça a été exutoire, cet album.
05:32Il est vraiment arrivé à la fin de cette remise en question qui a duré presque cinq ans.
05:36Donc, c'est vraiment un exutoire pour moi.
05:38J'espère qu'en tout cas, il aura une utilité pour ceux qui l'écouteront.
05:52Sous-titrage Société Radio-Canada

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