Après une visite d'une journée à Mayotte et des annonces pour l'archipel, dévasté par le cyclone Chido, François Bayrou se rend aujourd'hui sur l'île de La Réunion, importante base logistique pour l'aide aux Mahorais. Pour Jean-François Corty, président de l'association Médecins du Monde, "il y a encore des besoins vitaux auxquels il faut répondre".
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00:00Aujourd'hui, l'heure est à la solidarité pour tous les maorais et Médecins du Monde s'inscrit dans l'aide humanitaire nécessaire
00:07et qui est encore vitale pour de nombreuses personnes.
00:11Hier, il y a eu des annonces qui sont, je trouve, assez cohérentes du Premier ministre,
00:16qui relèvent quasiment d'un programme de développement sur du moyen long terme.
00:20De manière un peu paradoxale, ce que l'on voit sur le terrain, ce que nos équipes nous remontent,
00:23c'est qu'il y a encore des besoins vitaux auxquels il faut répondre.
00:26Il y a une forte tension encore sur de l'accès à l'eau, sur de l'accès à de la nourriture.
00:30Je ne parle même pas des habitations, en tout cas des bidonvilles qui ont été pour la plupart détruites
00:34et même des abriantes dures qui nécessitent aussi d'être reconfectionnées.
00:38Il y a d'ailleurs des bâches qui ont été envoyées.
00:39Donc, nous, nous nous inscrivons encore dans l'action d'urgence et nous rappelons aussi qu'il faut décentraliser l'aide,
00:46qu'elle est effectivement présente à Mamoudzou, dans les gros centres urbains,
00:50mais qu'il y a encore beaucoup de personnes qui ont besoin de cette assistance, notamment dans les bidonvilles.
00:54Nous faisons, nous, médecins du monde, des consultations médicales de proximité.
00:58On a beaucoup de personnes qui sont blessées, pas forcément liées au cyclone,
01:02mais aussi liées au fait qu'ils reconstruisent leurs habitats avec des tôles, des clous, bref, ils se blessent.
01:07Et ils se blessent en cherchant à reconstruire.
01:08Donc voilà, il y a le côté effet d'annonce, les bidonvilles ne doivent pas être reconstruits,
01:11mais dès le lendemain de la catastrophe, les gens qui y habitent et qui sont des survivants
01:16avaient déjà commencé à se refaire des abris.
01:18On est dans une saison de pluie, on est exposé à des risques de paludisme,
01:22de maladies endémiques comme potentiellement le choléra qu'il va falloir surveiller
01:26parce qu'il a été présent au début de l'année.
01:28Donc voilà, on est encore dans une phase aiguë, c'est ça que je veux dire.
01:31L'aide d'urgence est encore nécessaire.
01:34Bien évidemment, les questions sécuritaires, les questions d'immigration sont des questions sérieuses
01:38qu'il faut aborder, mais qui existent, comme Christophe le rappelait, depuis de nombreuses années.
01:42Voilà, aujourd'hui, on est encore dans le temps de la solidarité.
01:45Il faut, de mon point de vue, mettre de côté, pour l'instant, les controverses
01:49et faire en sorte que cette catastrophe ne se reproduise pas.
01:51Mais c'est vrai qu'il peut quand même y avoir un décalage entre la parole publique,
01:54c'est-à-dire, vous savez, le Premier ministre qui dit les bidonvilles, on n'en veut plus.
01:57La réalité, c'est que des bidonvilles se reconstruisent déjà
01:59parce que les gens n'ont pas le choix que d'avoir un toit.
02:03Il y a 320 000 habitants officiellement à Mayotte.
02:06En réalité, on estime qu'il y en a peut-être 100 000, 200 000 de plus.
02:10Personne ne peut le savoir puisque ce sont des personnes qui sont là clandestinement, sans papier.
02:13Et ce sont des personnes auxquelles, aussi, vous devez porter secours aujourd'hui.
02:19Déjà, les voir dans les bidonvilles.
02:21Absolument. La question des migratoires est une problématique compliquée.
02:25On est dans une archipel des Comores.
02:27Les îles Moélie et Anjouan sont à proximité.
02:29Il y a une histoire commune.
02:32Effectivement, probablement 30 à 40 % de la population est en situation administrative précaire.
02:37Mais c'est pour la plupart des acteurs qui travaillent dans l'économie informelle,
02:40qui sont utiles à la vie de Mayotte.
02:42Donc, il faut voir comment les intégrer d'une meilleure façon
02:45et donc aussi limiter les risques de reconstruction de bidonvilles.
02:49Mais en proposant des habitats plus dignes, plus solides.
02:51Donc, il y a cet enjeu-là.
02:53Nous, médecins du monde, on a 30 personnes sur place.
02:55On continue à envoyer du matériel, des équipes en refours
02:58parce que l'aide, il va falloir l'inscrire dans la durée.
03:01On sait que quand le temps médiatique et politique passe,
03:03eh bien, beaucoup de personnes restent encore dans le plus grand dénuement.
03:06Mon souhait aujourd'hui, c'est que les autorités considèrent davantage
03:09les acteurs humanitaires comme des partenaires de terrain fiables.
03:12On a des difficultés, je vous le dis simplement, pour faire venir des médicaments,
03:15pour faire venir du matériel, alors qu'on fait de beaux sous-sous-toutes.
03:17Des difficultés dans le transport.
03:18Dans le transport, dans le fret, on n'est pas prioritaire.
03:22Donc, on fait pourtant beaucoup de consultations de proximité,
03:25là où les acteurs institutionnels ne sont pas présents.