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L'année 2024 fut celle des scrutins. Dans de très nombreux pays à travers le monde, l'électeur a pu s'exprimer via les urnes. Dans cette vidéo, Béatrice Delvaux fait le point sur l'état des démocraties dans le monde.

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Transcription
00:00Aujourd'hui, en effet, ce qui est surprenant, c'est qu'on a toujours un peu l'image du dictateur
00:10qui prend le pouvoir de force ou des populistes qui s'imposent presque par la menace ou avec l'aide
00:16d'une armée ou d'une puissance étrangère. Là, pas du tout, en fait, et sans doute que la façon
00:20la plus spectaculaire de le constater, c'était les États-Unis, où Trump n'est pas du tout,
00:23contrairement à ce qu'on pouvait penser, craindre ou ce que certains avaient assuré,
00:28il n'a pas pris le pouvoir aux États-Unis de façon non-démocratique, mais c'est,
00:32on l'a d'ailleurs écrit ici, le peuple avait envie de lui, en fait. Les Américains qui ont
00:36voté pour lui avaient vraiment envie de lui, et pas seulement certains types d'Américains,
00:40des Américains de tous âges, de tous genres, de toutes origines, et donc c'était vraiment
00:45extrêmement surprenant. Mais en fait, ça confirme une tendance qui s'est vue, on l'a vu en Italie,
00:49par exemple, où Madame Mélanie a été choisie par les urnes. Orban, en Hongrie, n'est pas du tout
00:54là à l'insu du plein gré du peuple. En Belgique aussi, on a remarqué que si Bardeweev aurait réussi,
01:01par les élections, à coiffer sur le poteau le Vlaams Belang, c'était vraiment d'un fil,
01:06et par ailleurs, ça ne s'est plus du tout précisé après, puisque même si l'électeur, parfois,
01:13ne veut pas nécessairement de l'extrême droite au pouvoir, aux élections communales en Belgique,
01:17le Vlaams Belang n'a pas été plébiscité, mais après, ce sont les hommes ou les femmes qui font
01:22l'élection, ou les hommes politiques et les femmes politiques, qui trouvent finalement qu'on peut
01:26s'associer à l'extrême droite.
01:33C'est une question, si on avait la réponse, on la donnerait vite fait, parce que c'est extrêmement inquiétant,
01:38parce que quand ce sont des populistes qui viennent au pouvoir, on voit très vite après les enjeux
01:42qui sont les extrémistes et l'extrême droite. On a tout de suite les risques que cela pose à la démocratie,
01:49à la presse, au respect des droits de l'homme, au respect des droits de la femme, au respect des LGBTQ+,
01:55il suffit de regarder ce qui se passe en Italie, si Mme Meloni semble fréquentable au niveau européen,
02:01en tout cas pour Mme von der Leyen et les partis qui sont avec elle à la commission, quand on voit ce qui se passe
02:06à l'intérieur de l'Italie, c'est une toute autre chanson. Alors pourquoi ? Je pense d'abord qu'il faut reconnaître
02:11qu'il y a une complexité d'enjeux incroyable, les problèmes sont très très compliqués, donc pour la classe
02:16politique traditionnelle, les démocrates qui ont déjà beaucoup essayé de solutions, ils ne trouvent pas les solutions.
02:22C'est le climat, c'est la digitalisation, on voit que l'intelligence artificielle arrive, elle a ses côtés positifs,
02:27mais c'est quand même un enjeu démocratique incroyable, on a tous les enjeux d'industrialisation aussi,
02:32de désindustrialisation, on a la problématique de la diversité, on a la problématique des mutations,
02:37des migrations, à tout ça il n'y a pas de solution facile. Face à ça, on a des hommes politiques démocratiques
02:42qui sont usés par l'exercice du pouvoir, souvent qui sont très forts dans leur parti, mais atomisés,
02:49c'est-à-dire qu'il n'y a plus de grands partis démocratiques qui s'imposent, ils doivent composer entre eux,
02:53et comme ils sont devenus très très friands de pouvoir ou très forts de le perdre, ils n'arrivent pas à s'entendre,
02:57ça dure des siècles. Il y a aussi une élite, il faut le remarquer, ça vaut aussi pour les médias, comme ça vaut pour le pouvoir,
03:03qui a oublié un peu ses pratiques, qui s'est éloigné des gens, qui n'a plus contact en direct,
03:08ce sont soit des scandales financiers, on verra un peu ce qu'il en est au bout du compte de l'explication de Tyrène et Reinders,
03:15mais on voit aujourd'hui autour de nous le dégât que fait cette idée qu'un homme politique ait pu utiliser de l'argent
03:23dont on ne connaît pas bien la provenance, pour en gagner plus via un processus d'achat de billets de loterie et autres,
03:29alors qu'ils gagnent déjà très bien leur vie, donc tout ça nourrit l'antipolitisme et fait que les gens se disent
03:34Et en face de ces hommes politiques démocratiques, de ces partis classiques un peu abîmés par l'exercice du pouvoir
03:41et par peut-être aussi le fait qu'il n'y a plus de leader qui ose prendre des décisions impopulaires ou difficiles,
03:46ou visionnaires, ou charismatiques, il y a des gens à côté qui osent des discours assez binaires, assez simples,
03:52qui désignent des ennemis, c'est une vieille recette, on l'a vu dans les années 30, mais ça marche en fait toujours,
03:59c'est le migrant, c'est l'élite qu'on veut justement démontrer, qu'on veut dire qu'ils ne sont plus aptes au pouvoir,
04:04c'est de désigner un phénomène qui fédère des gens autour de vous et qui font que finalement les lecteurs ont envie de renverser la table
04:11au service d'un leader qui leur apporte des solutions toutes simples et surtout qui leur donne le sentiment de les comprendre,
04:18de les écouter et de leur donner une place.
04:20Ajoutez à ça des caisses de résonance nouvelles, très importantes,
04:26alors on a appelé ça les réseaux sociaux, c'est vrai, mais aujourd'hui il y a comme un réseau beaucoup plus large en fait,
04:33où on voit que ces populistes et ces extrémistes s'appuient sur des podcasteurs avec une influence folle,
04:40qui sont tout à fait en dehors des réseaux classiques de l'information, donc nous en fait, des gens qui sont en dehors de notre système,
04:46on voit aussi des partis politiques populistes qui utilisent leurs propres médias, créent leurs propres réseaux de diffusion,
04:51on le voit en France par exemple, on a un homme comme Bolloré qui pour faire la publicité ou convaincre les gens qu'il faut revenir aux racines chrétiennes,
04:59que les étrangers c'est too much et qu'il est temps de remettre un peu d'ordre, a pris carrément possession d'un certain nombre de médias,
05:05et vont même avec un certain nombre d'hommes industriels jusqu'à prendre possession d'écoles de journalisme pour former des journalistes qui vont diffuser leurs pensées.
05:13Et donc c'est un système à la fois très simple, basique, choisir un ennemi, dire des choses que tout le monde comprend,
05:19et dire aux gens les yeux dans les yeux qu'on les aime et qu'on les a compris, en trouvant un ennemi commun mais avec une puissance de feu presque industrielle.
05:27A cet égard, si vous avez deux minutes, d'ici la fin de l'année, au début de l'année 2025, il y a une série sur Canal Plus qui s'appelle La fièvre qui est assez simple mais qui permet de comprendre ça extrêmement bien.

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