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00:00Alors pas encore arrivé, déjà sous pression, les oppositions demandent des actes au Premier ministre.
00:05Dans une lettre ouverte, Olivier Faure, le patron du PS, demande une accélération des travaux de reconstruction.
00:11Bonjour Benjamin Morel.
00:13Bonjour.
00:14Vous êtes maître de conférence en droit public à l'université Paris 2, Panthéon, Assas.
00:19On verra avec vous dans un instant sur Europe 1 quels sont les enjeux de cette visite.
00:23Avant ça, je voudrais vous faire écouter Safina Soula.
00:26Elle est présidente du collectif des citoyens de Mayotte
00:29et comme de nombreux Mahorais, elle va manifester aujourd'hui contre la venue du Premier ministre.
00:34C'est une manifestation légitime puisque vous savez que beaucoup de populations restent bloquées
00:40soit ici à Mayotte qui doivent se rendre à La Réunion
00:43ou alors c'est plutôt ceux qui sont à La Réunion qui veulent rentrer pour aider à la reconstruction
00:48et il se trouve qu'effectivement il n'y a pas de vols commerciaux
00:51et le peu qu'il y a, c'est qu'il y a des évacuations d'urgence.
00:55C'est pour cela qu'il faut absolument déployer des gros moyens, mettre en place des gros avions militaires
01:00qu'on puisse absolument désengroger cette population.
01:04La population en a marre, la population est fatiguée.
01:06En tant que Français, la France a le devoir d'apporter l'aide.
01:11Voilà pour le constat Benjamin Morel, vous l'avez entendu, le rat de bol des Mahorais
01:16alors que le réseau électrique est toujours en cours de rétablissement.
01:19François Bayrou, il va devoir arriver sur l'archipel lundi avec des solutions concrètes à apporter.
01:25Oui, il faudra arriver avec des solutions concrètes.
01:28La question c'est, est-ce que ce seront des solutions purement palliatives ?
01:32Est-ce qu'il s'agira simplement de parer à l'urgence ?
01:34Est-ce que ça va être des solutions de reconstruction à long terme ?
01:38Ce qui, ne le cachons pas, va quand même coûter extrêmement cher
01:41au vu des dégâts et au vu de la précarité initiale de l'île.
01:45Et est-ce que ce sera des solutions, ce qui seront des solutions structurelles,
01:48ce qui est je dirais un troisième niveau, qui pose la question évidemment de l'insécurité
01:52dont on parle beaucoup, mais également du développement économique
01:55d'une île qui était, avant même le passage de cet ouvraban, fondamentalement sinistrée.
02:01On l'a entendu, il ne va pas venir seul, François Bayrou.
02:04Il y a également Manuel Valls en charge des Outre-mer.
02:07Elisabeth Borne, pour l'éducation nationale, c'était important de se déplacer en nombre ?
02:14C'était important de se déplacer en nombre, tout bêtement,
02:16parce qu'il faut donner le sentiment qu'il y a une forme de considération.
02:19Cette considération, elle semble avoir été quelque peu mise de côté
02:22lors des premiers pas de François Bayrou.
02:24On se souvient du conseil municipal de Pau,
02:27on se souvient des questions au gouvernement où François Bayrou
02:30semble considérer que Mayotte est à l'étranger.
02:33Et donc là, il y a un effet de rattrapage.
02:35Cet effet de rattrapage, on l'a vu notamment à travers l'ordre protocolaire,
02:38qui est celui de Manuel Valls, qui est troisième dans l'ordre protocolaire.
02:41Pour un ministre des Outre-mer, c'est vraiment un signal extrêmement fort qui est envoyé.
02:45Après, le fait qu'il reporte son voyage d'une journée
02:48n'est pas forcément quelque chose de très bien reçu.
02:51Donc là, il va falloir donner réellement des gages
02:54pour donner le sentiment que Mayotte est quand même départementalisée depuis 2005,
02:59et bien est considérée à la fois dans les problèmes qui lui sont propres
03:04et en même temps dans la catastrophe qu'il afflige.
03:07Vous vous en avez parlé à l'instant sur Europe 1, Benjamin Morel.
03:10Cette polémique suite à la présence de François Bayrou
03:13au conseil municipal de Pau.
03:15On peut le dire, c'était une mauvaise entrée en matière.
03:18Quelle est sa stratégie, selon vous, pour tenter de se relever dans les prochaines semaines ?
03:23Vous parlez concernant Mayotte ou plus largement ?
03:26Et plus largement.
03:27Plus largement.
03:28Plus largement, on voit qu'on a un François Bayrou
03:31qui parie essentiellement sur l'opinion publique,
03:34sur un choc qui serait lié à des personnalités fortes,
03:37incarnant les différentes politiques.
03:39Là, on a parlé de Manuel Valls pour l'Outre-mer,
03:42donc souvent les ministres de l'Outre-mer, on ne les connaît pas.
03:44Là, c'est quelqu'un qui est connu, qui peut être clivant,
03:46mais qui, malgré tout, est connu et incarne une politique.
03:49On a évidemment Bruno Retailleau, Gérald Darmanin, etc.
03:53Le problème de cette stratégie, c'est que jouer l'opinion contre l'Assemblée,
03:57c'est déjà ce qu'avait tenté Michel Barnier.
03:59Ça ne fonctionne pas vraiment.
04:00Ça ne fonctionne pas vraiment d'abord parce que vous vous tenez par une majorité parlementaire
04:03et pas par l'opinion.
04:04Ça fonctionne d'autant moins quand vous commencez comme
04:07étant le Premier ministre le plus impopulaire de la Ve République.
04:12Et que, qui plus est, vous devez présenter un budget d'austérité,
04:16ce qui est rarement, très rarement, gage de popularité.
04:20Les personnalités importantes de ce gouvernement dont vous venez de parler,
04:24Elisabeth Borne, Manuel Valls ou encore Gérald Darmanin,
04:27qui est sur tous les fronts ces derniers jours,
04:29selon vous, Benjamin Morel, ça rassure les Français
04:31ou au contraire, il y a peut-être une forme de rejet d'une certaine façon ?
04:34Les Français se disent, on prend les mêmes et on recommence ?
04:38C'est forcé de constater que ce ne sont pas forcément des personnalités
04:42qui ont une assise électorale très large.
04:44En d'autres termes, Elisabeth Borne, ça ne vous apporte aucun nouveau parlementaire.
04:48Ça peut même vous en enlever quelques-uns parce que
04:50Gabriel Attal n'est peut-être pas très heureux d'avoir ses principaux rivaux
04:54au sein de Renaissance, Gérald Darmanin et Elisabeth Borne,
04:57nommés au gouvernement alors que ses proches en ont été évincés.
05:00Et dans l'opinion, ça n'apporte guère au-delà du socle macroniste.
05:04Donc il est vrai qu'en la matière, on a quelque chose
05:07qui relève d'une portée extrêmement, extrêmement limitée.
05:13Idem d'ailleurs à droite, c'est-à-dire que
05:15même si Bruno Retailleau peut en effet signifier quelque chose
05:18du point de vue de l'opinion publique, du point de vue des députés,
05:21on a vu que ça ne l'emballait pas forcément non plus dans Vauquy.
05:24Donc ça ne rend pas ce gouvernement plus stable dans les mois à venir.
05:28Une crise politique qui risque de durer si on vous écoute, Benjamin Morel,
05:32sur Europe 1, le gouvernement a été nommé juste avant Noël.
05:35C'est quoi sa durée de vie, selon vous ?
05:38Il y a, je dirais, trois scénarios.
05:40Le premier scénario, c'est que ça tombe dès le 14 janvier,
05:43que la motion de censure proposée par les Insoumis
05:45reçoive la valle et du reste de la gauche,
05:47ce qui est aujourd'hui pas tout à fait improbable,
05:50et du Rassemblement National, ce qui est plus sujet à caution.
05:53Le RN n'a pas forcément intérêt à censurer tout de suite.
05:56Et donc, ce n'est pas le scénario le plus probable.
05:58Le scénario le plus probable, c'est le deuxième,
06:00c'est que ça tombe au moment du budget.
06:02Parce que ce budget va être un budget assez dur,
06:04un budget plutôt d'austérité, un budget sur lequel, qui plus est,
06:07les 10 milliards qui avaient été trouvés dans le budget Barnier
06:11sur les plus riches et les entreprises
06:13ne pourront pas être récupérés pour des raisons juridiques,
06:15donc il va falloir faire des économies ailleurs.
06:17Cette raison, c'est qu'il est assez probable
06:19qu'on ait une pression d'opinion vers la censure.
06:21On voit déjà qu'il y a environ, selon les enquêtes,
06:2350% des Français qui veulent à nouveau la censure,
06:25alors que le budget n'a pas été présenté
06:27et que pour l'instant, on devrait au contraire
06:29être en phase, si ce n'est d'état de grâce,
06:32au moins de bienveillance attentive.
06:34Donc cette raison-là, c'est qu'il est possible
06:37que les mêmes causes produisent les mêmes conséquences
06:39et que les députés Rassemblement National
06:41se trouvent sous la pression de leur base pour censurer.
06:43Le scénario le plus probable, c'est quand même cette chute,
06:46fin février, début mars, sur le budget.
06:48Si jamais ça passe le budget, ensuite,
06:50on n'a plus de gros textes qui appelleraient à la censure.
06:52Donc il est possible que ça tienne jusqu'à l'été,
06:54après quoi les partis pourraient faire pression
06:57sur le gouvernement Bayrou,
06:59le faisant tomber à dessein d'obtenir une dissolution.
07:02Vous ne le voyez pas ce gouvernement aller jusqu'en 2027
07:05et la prochaine présidentielle ?
07:08Actuellement, ça paraît fondamentalement instable
07:10et donc particulièrement improbable.
07:12Il n'est pas certain que les partis politiques
07:14interviennent des solutions.
07:16La gauche devrait surmonter ses divisions
07:18et on voit que ça peut être extrêmement difficile.
07:20La plupart des députés centristes ont été élus
07:22grâce au report des voix de gauche contre le Rassemblement National.
07:25Ce report sera a priori plus médiocre cette fois,
07:27donc beaucoup devraient s'effondrer.
07:29Quant au Rassemblement National,
07:31il peut gagner des sièges,
07:34il ne gagnera peut-être pas une majorité,
07:38et il se retrouvera en situation
07:40d'incarner une assemblée bloquée.
07:42Parce que si vous avez 220 députés RN,
07:44et qu'ils ne peuvent s'allier avec personne,
07:46à ce moment-là, on rentre dans une phase
07:48d'ingouvernabilité profonde, encore plus grande
07:50que celle actuelle, et le Rassemblement National,
07:52de certaines façons, sera le point de blocage.
07:54Donc personne n'a vraiment intérêt à une dissolution,
07:56mais en même temps,
07:58au vu de la configuration,
08:00celle-ci risque de s'imposer aux acteurs,
08:02même s'ils le veuillent profondément.
08:04Et on continuera bien évidemment à suivre
08:06la situation politique en ce début d'année
08:082025 sur Europe 1.
08:10Merci Benjamin Morel, je rappelle que vous êtes
08:12maître de conférence en droit public
08:14à l'université Paris 2,
08:16Panthéon-Assas, merci d'être intervenu
08:18sur Europe 1.

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