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00:00Bienvenue au Cœur du Crime, un podcast issu des archives d'Europe 1.
00:08Savez-vous que plus d'un tiers des crimes et délits commis en France sont traités par la gendarmerie nationale ?
00:18Je m'appelle Jan Kermadek, je suis commandant de gendarmerie.
00:27Je dirige une section de recherche dont la mission essentielle est une mission de police judiciaire.
00:42L'histoire que je vais vous raconter est une histoire vraie.
00:46Tous les faits sont réels et se sont déroulés en France.
00:50Seuls les noms des personnes et des lieux ont été changés.
00:57Le meurtre est une chose sérieuse qui se prépare avec un soin méticuleux, qui ne souffre pas l'improvisation.
01:07Et George Piper est parfaitement conscient de tout cela.
01:12Il y a longuement réfléchi, car à part le meurtre, il ne voit pas d'autre solution pour résoudre un problème qui se fait de plus en plus pressant, d'année en année.
01:25George Piper a 57 ans et bientôt sonnera pour lui l'âge de la retraite.
01:31Au physique, c'est un petit homme affable, aux joues roses et à la bedaine encore discrète.
01:38Honnêtement, on ne lui donnerait pas son âge.
01:41Il faut dire qu'il a toujours mené une existence agréable.
01:45Célibataire, il est amateur de bon scotch, aime aller au théâtre, jouer au golf pendant le week-end et recevoir ses amis dans son coquet petit appartement.
01:55Un homme qui n'a jamais eu à s'occuper que de lui-même peut tout à fait s'offrir de tels plaisirs avec un simple salaire de chef caissier.
02:03Il peut même se permettre quelques petits extras, par exemple tenter sa chance aux courses ou vivre des moments d'ivresse dans les bras d'une belle de nuit.
02:14On s'habitue très vite à ces bons côtés de la vie, si bien que George Piper en est venu à les considérer comme des compensations bien méritées à la monotonie de son travail à la banque.
02:27Le problème de George est donc de continuer à vivre sur le même pied, avec la maigre retraite qui constituera bientôt son unique revenu.
02:39Bien sûr, il a souvent envisagé de puiser dans la caisse pour faire de rapides profits en bourse et multiplier ses gains à l'infini,
02:47mais l'éventualité d'un contrôle inopiné l'a toujours retenu de se lancer dans une telle entreprise.
02:56C'est après avoir observé pendant un certain temps la cadence des dépôts et des retraits faits par Jim Manetti à son guichet,
03:05que le meurtre apparaît à George Piper comme la solution la moins risquée au problème qui l'obsède.
03:12Jim Manetti est une sorte de colosse d'une trentaine d'années au visage débonnaire et au sourire facile.
03:19Il a rapidement pris l'habitude de bavarder avec George Piper à chacune de ses visites à la banque.
03:24D'après son dossier, Jim Manetti est mandataire en fruits et légumes,
03:29mais George Piper s'est douté assez rapidement que son sympathique client devait avoir une source de revenus annexe.
03:37C'est vrai ça, on ne retire pas régulièrement une grosse somme en liquide le vendredi soir pour en verser une plus grosse encore,
03:43toujours en liquide, le lundi matin sur le même compte. En tout cas, pas pour des raisons professionnelles.
03:51Pour en savoir plus, George Piper n'a pas eu à interroger Manetti. Il s'est contenté de le laisser parler.
03:59« Vendredi, vous ne m'avez donné que des billets neufs, dit un lundi matin Manetti à George Piper.
04:06Il collait les uns aux autres, si bien que je misais plus que je voulais.
04:10Soyez gentil, M. Piper, ne me donnez jamais que des coupures de cinquante, usagers.
04:16« Vous êtes joueur ? demande négligeamment Piper. »
04:21Le visage de Manetti se fend d'un large sourire.
04:24« Un scientifique du jeu, M. Piper. Les simples joueurs pensent que l'argent parle,
04:30les scientifiques, eux, sont à l'écoute des cartes.
04:34La méthode scientifique, M. Piper, au poker, il n'y a que ça de vraie, si vous ne voulez pas vous faire plumer. »
04:41George Piper jette un coup d'œil discret sur le côté pour voir si son voisin de guichet a entendu.
04:47Apparemment non, mais il baisse quand même la voix.
04:52« Vous savez, M. Manetti, si vous tenez à garder votre compte dans cette banque,
04:58vous feriez mieux de ne pas trop parler de vos... comment dire... de vos problèmes. »
05:05Le sourire de Manetti s'accentue.
05:08Dès cet instant, son destin est entre les mains de George Piper.
05:13« Vous avez tout à fait raison, M. Piper. Merci de m'y avoir fait penser.
05:17Vous savez, si j'ai ouvert un compte ici, dans une banque aussi respectable,
05:21c'est pour éviter d'attirer l'attention sur moi.
05:24Et bien sûr aussi parce que je ne tiens pas à tomber sur des gens de connaissance.
05:28Vous êtes vraiment un chic type, M. Piper. »
05:33Hélas pour lui, Manetti continue à parler.
05:38Et il continue aussi à voir en George Piper un chic type.
05:44Car comme la plupart des gens qui réussissent dans la vie,
05:47Manetti éprouve le besoin d'épater un peu la galerie.
05:51« L'un de mes secrets, confie-t-il un jour à George Piper, c'est que je veille sur ma forme.
05:58Presque tous ceux avec qui je joue sont portés sur la bouteille, et bien moi, non.
06:03D'ici, je rentre directement chez moi et je fais un petit somme avant d'aller les retrouver.
06:08Quand eux ne sont plus en état de distinguer un as d'un trois,
06:12moi, je continue à fonctionner à plein régime et je les plumes tous. »
06:19Alors, presque naturellement, l'idée du meurtre a fait son chemin dans l'esprit de George Piper.
06:28Et plus il voyait grossir le compte en banque de Manetti, plus cette idée l'obsédait.
06:34C'est vrai, ça, quoi. Enfin, la vie était tellement trop injuste.
06:39Voilà un type d'une trentaine d'années qui amasse posément et sans se fatiguer une petite fortune,
06:44tandis que lui, George Piper, après trente ans de bons et loyaux services,
06:50s'apprête à vivre la vie d'un petit retraité misérable.
06:54D'ailleurs, combien de temps durerait la chance insolente de Manetti au jeu, hein ?
07:01Combien de temps s'écoulerait-il encore avant qu'un joueur plumé une fois de trop
07:05ne lui règle son compte dans quelque ruelle obscure ?
07:09L'argent que Manetti a accumulé ne serait alors plus d'aucune utilité à qui que ce soit.
07:14Alors que si George Piper menait son idée à terme,
07:21cet argent lui serait très utile.
07:26Bientôt, il n'en arrive à ne plus penser à autre chose.
07:30Il y pense le jour derrière son guichet.
07:33Il y pense le soir en sirotant longuement ses whisky soda.
07:39Et il en rêve même la nuit.
07:42Comment George Piper va-t-il mettre son projet de meurtre à exécution ?
07:48Vous le saurez dans quelques instants.
07:58George Piper, chef caissier modèle à la New Trust Bank,
08:03a décidé d'assassiner un de ses clients.
08:07afin de s'approprier son compte en banque et de vivre sa retraite à l'abri du besoin.
08:14Il décide d'établir un plan d'action minutieux,
08:18car le meurtre est une chose sérieuse.
08:27La première phase, c'est évidemment d'éliminer Manetti sans risque.
08:32Après avoir étudié plusieurs possibilités,
08:35George Piper détermine le meilleur endroit pour passer à l'action.
08:40Le domicile de Manetti.
08:42Et le meilleur moment, celui où Manetti serait chez lui à faire son petit somme
08:48avant d'aller jouer au poker.
08:51Un vendredi soir, il part étudier les abords de l'immeuble où demeure Manetti.
08:56Un vendredi soir, il part étudier les abords de l'immeuble où demeure Manetti.
09:02Puis rentre chez lui en sifflotant.
09:06Manetti habite vraiment l'endroit idéal.
09:09Un de ces immeubles moyennement bourgeois, sans concierge mais avec beaucoup de va-et-vient.
09:15Le genre d'immeuble où les relations entre voisins se limitent au strict minimum,
09:20quand ils ne préfèrent pas s'ignorer carrément.
09:24S'introduire chez Manetti ne poserait aucun problème non plus.
09:28Manetti a confiance en Piper, il gobera donc n'importe quel prétexte plausible
09:34qu'imaginera le caissier pour sonner à sa porte.
09:38Quant à l'arme du crime, Piper la possède depuis longtemps.
09:44C'est un petit revolver qui ne permettrait à aucun expert en balistique de remonter jusqu'à lui.
09:51S'il presse bien fort le canon contre Manetti, la détonation ne fera pas beaucoup de bruit.
09:57Ensuite, il n'aura plus qu'à prendre le bac qui fait la navette entre les deux rives de Lützen
10:03et acheter discrètement l'arme dans l'eau.
10:08George Piper n'est pas peu fier de son plan.
10:12La chance semble le favoriser de tous les côtés.
10:15Un type comme Manetti doit avoir beaucoup de fréquentations des plus louches qui feront des suspects parfaits
10:21et à supposer que la police remonte jusqu'à la banque où travaille Piper,
10:25elle y réfléchira deux fois avant de s'attaquer à un établissement aussi respectable et puissant.
10:32Reste le problème de l'argent.
10:36Que faire de l'argent ?
10:39Louer un coffre dans une banque de banlieue lui paraît être la meilleure solution
10:43il agira sous un nom d'emprunt et ne touchera l'argent qu'une fois venue l'heure de la retraite.
10:51Paradoxalement, c'est en réglant ce dernier problème que George Piper en voit surgir un autre.
10:59Que faire de l'argent jusqu'au moment où il l'aura déposé à la banque ?
11:05Puisque l'opération, comme l'appelle pudiquement Piper, doit avoir lieu un vendredi soir,
11:11il ne pourra déposer l'argent dans son coffre que le lundi suivant,
11:14or il est capital que ce lundi-là il arrive ponctuellement à son travail comme il le fait depuis des années.
11:21Pas question non plus de s'absenter dans la journée sous un prétexte quelconque,
11:25tout changement dans ses habitudes risquerait de paraître suspect.
11:30Alors il devra attendre avant de déposer l'argent dans son coffre et peut-être même attendre plusieurs semaines.
11:38Garder une telle somme dans son appartement serait dangereux.
11:45Quand la solution à cet ultime problème lui apparaît presque dans un éclair,
11:50George Piper a un petit gloussement de joie et se sert un autre whisky.
11:55Mais comment n'y a-t-il pas pensé tout de suite ?
11:59Ajouté aux autres billets de son encaisse à la New Trust Bank,
12:02la somme en question deviendrait pratiquement invisible
12:05et dès qu'il n'y aura plus aucun risque, il n'aura plus qu'à transférer l'argent à la banque de banlieue.
12:13George Piper est aussi fasciné par son plan que par le scénario d'un film qu'il aurait écrit lui-même,
12:19un modèle du genre.
12:22L'intrigue est simple et les dialogues réduits au minimum coulent avec le naturel le plus parfait.
12:29Mon Dieu, quel dommage, oui, quel dommage, vraiment,
12:33qu'il n'y ait pas de spectateur pour applaudir ce génial metteur en scène.
12:40C'est deux semaines plus tard que Manetti opère son plus gros retrait,
12:45cent vingt mille dollars.
12:49Comme le caissier ne peut s'empêcher de regarder fixement le formulaire,
12:53Jim Manetti se penche vers lui en riant.
12:56Ne craignez rien, M. Piper, il me reste encore cinq ou six cents dollars sur mon compte.
13:01Vous ferez comme d'habitude, hein, des coupures de cinquante usagers.
13:04Et souhaitez-moi bonne chance.
13:06Ce soir, je joue contre un gros ponte de Wall Street, un type vraiment plein aux as,
13:11et quand j'aurai doublé ce petit magot, je me retirerai des affaires.
13:15Place aux jeunes, hein, M. Piper ?
13:19Il le doublera ou le doublera pas, se dit George Piper en allant chercher l'argent dans le coffre.
13:27Et s'il y parvient, deux cent quarante mille dollars
13:31auraient coïncité quelques gredins à suivre Manetti jusque chez lui.
13:35Ben oui, Manetti pouvait fort bien être mort ou sans le saut,
13:39ou les deux, avant le lever du soleil.
13:44Alors il n'y a plus de temps à perdre.
13:47C'est ce soir, ou jamais.
13:51Il est six heures, très exactement,
13:53quand George Piper appuie sur la sonnette correspondante à l'appartement de Manetti.
13:58La voix un peu endormie du joueur lui parvient dans l'interphone.
14:02Hein, quoi ? Qui c'est ?
14:04Piper, vous savez, le caissier de la banque.
14:07Je suis vraiment désolé de vous déranger, monsieur, mais il faut que je vous voie un instant.
14:12Hein ? Piper de la banque ?
14:14Ah, oui, oui. Mais qu'est-ce qui se passe, M. Piper ?
14:18Je crois que je vous ai donné trop tout à l'heure, monsieur.
14:22Est-ce que je peux monter vérifier avec vous ?
14:24Je veux dire, j'ai un trou dans mon encaisse,
14:27et comme je dois avoir une vérification lundi matin à l'ouverture...
14:31Ah, oui, oui. Oui, M. Piper, montez donc. J'appuie sur le bouton.
14:37En suivant le couloir qui mène à l'ascenseur,
14:40George Piper entend des bruits de télévision
14:43qui filtrent par la plupart des portes devant lesquelles il passe.
14:47Des cris, des détonations, des voix tonitruantes.
14:52Le western au programme ce soir-là est visiblement très apprécié dans l'immeuble.
14:59Jim Manetti l'attend sur le seuil de son appartement.
15:02Il est en tee-shirt et pantalon de pyjama.
15:06L'espace d'un instant, George Piper a un doute affreux.
15:12Une petite balle de revolver suffirait-elle pour venir à bout d'un tel colosse ?
15:18En tout cas, suffisamment vite pour qu'il n'y ait pas lutte ?
15:23De toute façon, il est trop tard pour reculer.
15:27Et George Piper ne recule pas.
15:35Personne dans l'immeuble ne voit George Piper s'en aller.
15:39Les deux balles qu'il a tirées dans la nuque de Manetti n'ont pratiquement fait aucun bruit.
15:44Manetti a juste eu un grognement de surprise en sentant le canon de larmes sur sa nuque.
15:50Quant aux deux détonations,
15:52elles ont été étouffées par les bruits provenant des téléviseurs.
15:58Le lundi matin,
16:01George Piper n'a aucun mal à ajouter l'argent de Manetti à celui de son encaisse.
16:07C'est la première chose qu'il a faite en arrivant à la banque, et il a bien fait.
16:12Il n'est même pas dix heures quand le lieutenant Foster se présente à la banque.
16:16Quelques minutes plus tard,
16:18George Piper est convoqué dans le bureau du directeur, M. Rafferty,
16:22un homme d'une trentaine d'années style jeune loup dans l'ongle sorti des grandes écoles
16:27et qui ne cache pas son ambition d'être nommé bientôt vice-président.
16:33Quand George Piper entre dans son bureau,
16:36il ne bronche pas.
16:38Il a l'air un peu hébété d'un commandant qui,
16:41lors de sa première traversée, aurait endommagé son paquebot sur un écueil invisible.
16:47D'un geste, il désigne le solide gaillard assis dans le fauteuil réservé aux visiteurs.
16:53« Piper, voici le lieutenant Foster de la police criminelle.
16:56Il... il semblerait qu'un de nos clients ait été assassiné.
17:02— Oui, monsieur, dit courtoisement Piper.
17:05En effet, j'ai lu ça dans le journal d'hier.
17:08Le nom m'a sauté aux yeux car j'ai souvent eu affaire à M. Manetti.
17:14— Nous avons trouvé un chéquier de cette banque, dit Foster.
17:19Et le dernier talon porte mention d'un retrait de cent vingt mille dollars.
17:23On n'a pas retrouvé cet argent dans l'appartement.
17:27Le policier se tourne alors lentement vers George Piper.
17:31D'après ce que nous savons pour l'instant, vous êtes le seul à avoir été au courant de ce retrait.
17:38— Ça y est, se dit George Piper.
17:42Il se redresse de toute sa petite taille, l'air indigné,
17:45mais il n'a pas besoin de dire un mot pour sa défense.
17:49M. Rafferty intervient sèchement.
17:51— Un instant, lieutenant.
17:53Piper est dans cette banque depuis plus de trente ans et jamais il n'a encouru le moindre blâme.
17:57Il ne pouvait ignorer que ce client partait avec une telle somme sur lui puisque c'est son travail.
18:02Et si vous pensez que Piper peut être l'auteur du meurtre,
18:05croyez-vous qu'il aurait été assez bête pour laisser le chéquier sur place ?
18:10George Piper exulte intérieurement.
18:13— Bien sûr, enfin quoi, il n'est pas bête à ce point.
18:16S'il a laissé le chéquier dans l'appartement, c'est parce qu'il se doutait que,
18:20tôt ou tard, la police ferait le rapprochement avec la banque.
18:25Quelques minutes plus tard, le policier quitte le bureau.
18:30Piper s'apprête à en faire autant, mais Rafferty le fait rassoir d'un geste impératif.
18:35— Un instant, Piper, je n'en ai pas fini avec vous.
18:38Vous savez que c'est très mauvais pour la réputation de notre banque
18:41d'avoir ouvert un compte à un type comme ce maléti ?
18:45— Alors ça, c'est bien le dernier souci de George Piper.
18:50— C'était un bon compte, M. Rafferty, dit-il courtoisement.
18:55Un compte toujours largement approvisionné, jamais de découvert.
19:00Rafferty a un petit ricanement sec.
19:03— Ah oui ? C'est comme ça que vous voyez les choses, vous ?
19:06Eh bien, pas moi ! Dans quelques heures, le nom de notre banque va s'étaler dans tous les journaux,
19:10et je vais être obligé de signaler la chose à la direction générale
19:13en leur expliquant pourquoi nous avons accepté d'ouvrir un compte à un type pareil.
19:17Et ça, croyez-moi, ça ne va pas favoriser mon avancement.
19:22George Piper prend sa voix la plus onctueuse.
19:26— Oh, M. Rafferty, je suis sûr que vous faites une montagne d'une taupinière.
19:33Rafferty le fout droit du regard.
19:36— Ah, vous croyez ? Vous pensez vraiment qu'ils choisissent leur vice-président
19:40parmi les directeurs dont les clients se font assassiner ?
19:44Et ce qui va encore aggraver les choses, c'est que dans son dossier,
19:48il était inscrit comme négociant en fruits et légumes.
19:52D'ailleurs, tout le monde sait qu'il venait toujours à votre guichet,
19:54alors ne venez pas me raconter qu'il n'a jamais rien dit ou fait
19:57qui aurait pu vous mettre la puce à l'oreille.
19:59Vous n'avez jamais trouvé bizarre, vous, qu'il demande toujours des coupures de cinquante usagers ?
20:05George Piper s'agite légèrement sur son siège.
20:09— Oui, oui, il est possible que j'aie remarqué certaines choses, M. Rafferty,
20:14mais je vous l'ai dit, c'était un bon compte, donc une bonne assise pour notre banque
20:20et une bonne note pour vous, M. Rafferty.
20:24Le point du directeur s'abat brutalement sur le bureau.
20:28— Une bonne note ?
20:30— Dites, Piper, est-ce que, par hasard, vous êtes en train de vous payer ma tête ?
20:35Et soudain, Rafferty se calme.
20:39Sa voix se fait douce, dangereusement douce.
20:46— Voyez-vous, Piper, si je veux obtenir une bonne note, comme vous le dites si bien,
20:53il faut que je prenne une décision rapide et énergique.
20:57Alors c'est simple.
20:59Piper, vous êtes viré.
21:02Piper bondit sur ses pieds.
21:04— Vous n'avez pas le droit ! J'ai trente ans d'ancienneté, trente ans de conduite irréprochable,
21:09mes antécédents ! Rafferty lui coupe brutalement la parole.
21:12— Je me fous de vos antécédents !
21:14— Ah, vous avez toujours eu une conduite irréprochable, hein ?
21:17— Eh bien, c'est ce qu'on va voir !
21:19Il empoigne le combiné du téléphone et appelle le standard.
21:23— Passez-moi Martinson. Allô, Martinson ?
21:26— Depuis le début de cet instant, vous êtes chef caissier.
21:29Et commencez donc par me vérifier l'encaisse de Piper.
21:56Disponible sur le site et l'appli Europe 1.
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