• hier
Transcription
00:00Ce qui m'a amenée à la musique, c'est d'abord l'écriture, avant même d'aimer
00:12chanter ou de pratiquer un instrument.
00:14J'étais plutôt une enfant très introvertie avec une grande vie intérieure, pas une grande
00:20vie extérieure.
00:21Et du coup, tous ces mots qui étaient posés dans des journaux, petit à petit, ont eu
00:27envie de sortir de cette intériorité-là et la chanson, pour moi, c'était une façon
00:31de sortir et de moi et un peu de ma maison.
00:33J'ai commencé la musique quand j'avais 20 ans à peu près.
00:37Je me suis présentée à un tremplin à Lyon et dans le jury, il y avait un tourneur.
00:42Il m'a proposé assez rapidement de travailler avec lui.
00:45Et c'est vraiment cette personne qui a construit petit à petit mon chemin dans la musique.
00:52Et d'ailleurs, on travaille encore ensemble aujourd'hui.
00:56J'ai sorti un premier album en 2012 qui s'appelait « Pas Fragile ». J'avais travaillé avec
01:00un réalisateur qui s'appelait Pierre Giaconnelli, qui travaille beaucoup avec Benjamin Biollet
01:05en ce moment, par exemple.
01:06J'ai beaucoup appris à ses côtés.
01:08Du coup, pour le deuxième album qui est sorti en 2017 et qui s'appelle « Barge Endurance »,
01:13j'ai travaillé moi-même sur les arrangements.
01:14Comme il me faut à peu près cinq ans à chaque fois pour faire un disque, j'ai sorti
01:17« Colette Fantôme » l'année dernière.
01:19Et là, j'ai eu à nouveau envie de reconfier les chansons à l'état de squelette à un
01:24artiste dont j'aimais beaucoup le travail qui s'appelle Féloche.
01:27Et je lui ai donné un peu la carte blanche et c'est lui qui a habillé les chansons
01:32de cet album.
01:33Ça fait 17 ans que je fais de la musique.
01:35C'est un métier qui est à la fois nourrissant, enrichissant et en même temps qui est très
01:39difficile parce que la musique, c'est aussi quelque chose qu'on vend.
01:42Et donc, ce n'est pas évident de réussir à durer en fait en tant qu'artiste dans ce
01:47milieu-là.
01:48Je trouve vraiment des moments de creux, des moments où on revient un petit peu en
01:54lumière.
01:55Et c'est vrai que par exemple, on m'a souvent reproché de mettre beaucoup de temps entre
02:00mes albums.
02:01Mais parce qu'il y a aussi une réalité du quotidien, de nos vies.
02:05La musique me sert à traduire des émotions ou des choses que j'ai vécues et de les
02:11sublimer dans un format de chanson parce que c'est la façon que j'ai trouvé de les
02:15exprimer.
02:16Et parfois, il faut juste vivre.
02:17Et ensuite, le temps de la création est aussi un temps qui peut être plus ou moins laborieux
02:22en fonction des équipes avec qui on travaille, en fonction des moyens qu'on a aussi.
02:26Je crois que je suis plutôt assez fière de me dire qu'aujourd'hui, j'existe encore.
02:31En tout cas, ma musique arrive encore à trouver un chemin vers un certain public.
02:36J'écris plutôt, j'appelle ça l'écriture automatique, c'est-à-dire que j'essaye en
02:40tout cas d'éteindre un petit peu mon cerveau conscient et de laisser l'inconscient sortir
02:46un peu les mots, les phrases qui lui viennent, des mots-clés.
02:50En fait, quand on crée, il ne suffit pas de mettre sa chaise devant sa table, de prendre
02:53une feuille et un stylo et de se dire « allez, je vais faire une chanson ». J'ai besoin
02:56de sentir qu'à un moment, il y a un espèce d'état de disponibilité, on sent que cette
03:02fameuse intuition arrive.
03:03En fait, je pense que ça n'a rien de magique, ce n'est pas quelque chose qui descend d'en
03:07haut et qui nous tombe dessus.
03:10Pour moi, c'est vraiment quelque chose qui vient de l'intérieur et qui ressurgit, mais
03:13que pour ça, effectivement, il faut un peu un état, pas dissociatif, mais un peu où
03:20on ne se regarde pas en train de faire ou en train de créer, et donc, on est en train
03:23de se juger.
03:24Du coup, dès qu'on écrit un mot, on se dit « ah, c'est nul ». Et quand je dis écriture
03:27automatique, c'est dans ce sens-là d'essayer de trouver un état où on est dans un lâcher-prise,
03:33même si je n'aime pas trop ce mot.
03:35La lumière, elle est importante d'un point de vue équilibre psychique.
03:40Je suis comme les plantes, j'ai besoin de lumière, sinon je déprime, donc j'habite
03:44souvent au dernier étage, si possible avec des grandes fenêtres.
03:48Faire de la musique, c'est aussi beaucoup travailler chez soi, donc cette lumière-là,
03:51elle est importante.
03:52Et puis, elle est aussi importante symboliquement parce que certes, je fais des chansons qui
03:57sont très introspectives, qui viennent interroger des sujets plus ou moins profonds, etc.
04:03Et pour autant, toutes ces chansons sont à chaque fois aussi une recherche de lumière.
04:08Par exemple, « Tombeau », son titre peut paraître très lugubre et en fait, peut-être
04:14que son vrai titre, ce serait « L'amour n'est pas un tombeau ». Et je pense que
04:18dans cette chanson, j'interroge justement comment est-ce qu'on trouve cette lumière
04:22en nous qui nous donne envie de nous saisir de notre vie et de l'habiter pleinement.
04:27C'est d'ailleurs la chanson que je vais vous interpréter maintenant, sous cette magnifique
04:32lumière grâce aux fenêtres de toit.
04:34C'est hyper agréable pour moi de jouer dans cet endroit-là, d'une, parce qu'il
04:38y a cette hauteur sous plafond et puis cette lumière qui, je pense, va sublimer, j'espère,
04:45les mots de ma chanson.
05:02L'amour n'est pas un tombeau
05:11Te perdras-tu sur les chemins
05:16Où est le bien, où est le mal
05:21Et comme devant tu ne vois rien, tu marcheras au flair comme un animal
05:33Tu te laisseras anéantir
05:37Tu te laisseras transporter
05:41Tu croiras mille fois mourir
05:45Puis tu te verras dévaler des torrents de rire, des torrents de rire
05:52Pleurer de joie, jouir
06:02L'amour n'est pas un tombeau

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