Elaboré en quelques semaines seulement par un gouvernement tout juste nommé, présenté avec 9 jours de retard devant une assemblée fragmentée, 60 milliards d'économies recherchés... dès le départ, l'ombre du 49.3 et d'une motion de censure plane sur le projet de loi de budget 2025.
Pendant plus de 2 mois, les équipes de LCP ont suivi les principaux acteurs de cette séquence parlementaire tourmentée qui a abouti au scénario tant redouté.
Un reportage de Hélène Bonduelle, Pierre-Yves Deheunynck, Marion Duvauchelle, Bertrand Martineau et Dominique Morteau.
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NewsTranscription
00:00Elaborée en quelques semaines seulement
00:04par un Premier ministre tout juste nommé.
00:07Comme je m'y suis engagé, je dirai la vérité
00:10sur la réalité de nos comptes publics.
00:12Avec un déficit plus important que prévu,
00:15le budget 2025 promet d'être drastique.
00:18Est-ce qu'il faut que ce gouvernement
00:21freine cette dépense publique ?
00:23La réponse est oui.
00:2460 milliards d'euros d'économies recherchées
00:28dans un délai particulièrement serré.
00:30Il ne s'est jamais vu qu'un gouvernement ait été nommé
00:34à à peine quelques semaines du dépôt d'un projet de loi de finances.
00:37Nous sommes dans une circonstance exceptionnelle.
00:40Une situation inédite.
00:43Le texte est arrivé en retard à l'Assemblée.
00:46Une Assemblée sans majorité, plus fragmentée que jamais.
00:50Tout ça illustre que le sujet du budget
00:53va être le sujet politique central des prochaines semaines.
00:57Lignes rouges, 49-3,
01:00motion de censure.
01:01Nous avons suivi les rebondissements
01:04de ce budget 2025
01:06ou la chronique d'un échec annoncé.
01:15Début octobre,
01:17dans les couloirs du Palais-Bourbon.
01:19Quatre mois après la dissolution,
01:22les travaux parlementaires n'ont pas encore repris.
01:26Seule une aile de l'Assemblée nationale est occupée,
01:30celle de la Commission des finances,
01:32chargée d'étudier le budget 2025 pour la France.
01:43Président Coquerel, ça va ?
01:45A sa tête, l'insoumis Eric Coquerel,
01:48président de la Commission des finances,
01:50et le centriste Charles de Courson,
01:53rapporteur général du budget
01:55et surtout l'un des piliers de l'Assemblée nationale.
01:58Tous les lundis, j'ai quelqu'un qui vient remonter mon horloge.
02:01Louis XVI.
02:03Il ne te manque plus que la perruque et...
02:07Rires
02:08Un duo atypique qui va animer les débats budgétaires.
02:12Et les deux hommes s'impatientent.
02:15On va voir demain soir, quand on aura la loi de finances.
02:19Tu sais à quelle heure on l'aura ?
02:21Vers 20h, 21h.
02:22T'as juste heure là ?
02:23Je sais pas, le Conseil des ministres est à 18h.
02:26J'espère qu'on l'aura avant,
02:28car j'ai appris qu'il faisait un point de presse bien plus tôt.
02:31Avant le Conseil des ministres.
02:33Donc, si tu veux, je l'aurai un peu mauvaise
02:35qu'on n'en prenne plus pour les millions.
02:38A défaut de donner la loi de finances,
02:40qui nous donne le dossier de presse.
02:4210 jours déjà que les deux députés
02:44auraient dû recevoir les documents officiels du budget 2025.
02:48Mais le gouvernement Barnier a été nommé trois semaines plus tôt
02:52et la loi de finances n'est toujours pas bouclée.
02:54C'est inédit sur la 5e République.
02:56Pourtant, il y a eu des événements dans la 5e République.
02:59C'est inédit, ce qu'on est en train de vivre.
03:02Donc, c'est une situation qui complique tout.
03:04Qui complique l'écriture des amendements,
03:07le travail des administrateurs, des collaborateurs,
03:10des commissaires.
03:11On a fait un warning un peu à tous les groupes
03:13pour leur dire qu'on avait divisé de moitié les amendements.
03:17Donc, on est dans une situation
03:19qui est totalement inconfortable.
03:23On en est à lire la fraise pour les infos.
03:26Voilà.
03:27Voilà. Il y a un petit problème, quand même.
03:29On sent bien que ça va être un budget amendement par amendement.
03:32Oui, oui.
03:34Après, il y a le vote final.
03:35Bon, alors, je sais pas comment ça va finir.
03:38Voilà.
03:39Voilà.
03:40Allez, bonne fin de journée.
03:43Si Charles de Courson s'inquiète,
03:45c'est que la discussion n'a pas encore débuté,
03:48que l'ombre du 49-3 plane déjà sur l'Assemblée nationale.
03:52Comme si le nouveau Premier ministre
03:54ne se faisait guère d'illusions.
03:56D'autant que le déficit de la France se creuse.
04:006 % du PIB, c'est plus que prévu.
04:03Dans son discours de politique générale,
04:05Michel Barnier annonce la couleur.
04:09J'ai entendu parler, mesdames et messieurs,
04:12d'une épée de Damoclès
04:13qui pèserait au-dessus de la tête du gouvernement.
04:16La véritable épée de Damoclès,
04:18c'est notre dette financière colossale.
04:213 228 milliards d'euros.
04:24Et si on y prend garde,
04:26elle placera notre pays au bord du précipice.
04:29Le gouvernement prévoit de réaliser
04:3260 milliards d'euros d'économies,
04:3440 milliards en réduisant les dépenses publiques
04:37et 20 milliards en augmentant les recettes.
04:40Entendez par là des hausses de taxes et d'impôts.
04:43De quoi faire grincer les dents
04:45des députés du socle commun,
04:47censés pourtant soutenir le gouvernement.
04:49Nous avons des divergences sur quelques moyens.
04:52La crainte que nous avons déjà exprimée,
04:55c'est que le budget qui semble se dessiner
04:57n'intègre pas assez de réformes et trop d'impôts.
05:00La hausse prévue des charges pour les entreprises,
05:03la plus forte que prévue sur l'électricité,
05:05le gel des retraites pour 6 mois
05:07et d'autres mesures fiscales
05:08nous semblent trop charger la barque pour les Français.
05:11Vendredi 11 octobre.
05:14C'est l'épreuve du feu pour le nouveau ministre du budget.
05:18RTL Matin.
05:21Thomas Soto et Amandine Bégaud.
05:23Thomas, c'est le ministre du budget,
05:25l'invité d'RTL Matin, Laurent Saint-Martin,
05:27qui répond à toutes les questions que vous vous posez sur ce budget.
05:31C'est un budget qui n'est pas un budget d'austérité,
05:34ni de matraquage fiscal.
05:36C'est un budget équilibré
05:37pour pouvoir être responsable dans une situation grave.
05:40Ce sont ces arguments que le ministre
05:43va devoir défendre devant les députés
05:45de la Commission des finances.
05:48Direction l'Assemblée nationale
05:49pour le coup d'envoi de la discussion budgétaire.
05:52Laurent Saint-Martin connaît bien l'exercice.
05:55Avant d'être ministre, il était rapporteur général du budget.
05:59C'est un moment qui compte beaucoup pour moi,
06:02car je suis un ancien de cette Commission des finances.
06:05Ca me permet d'avoir un regard sur la connaissance
06:08et le travail réel des députés,
06:10et surtout accepter que le Parlement est souverain,
06:12que c'est lui qui délibère.
06:14On a tendance à oublier qu'en 5e République,
06:16le gouvernement fait des projets de loi,
06:19c'est-à-dire qu'il propose des textes
06:21et que c'est le Parlement qui délibère.
06:23Là, on va en avoir la démonstration la plus parfaite.
06:26C'est un projet de loi de finances
06:28qui peut être à la fois objet de compromis,
06:31mais qui peut aussi,
06:32en fonction des positions politiques de chacun,
06:34ne satisfaire personne.
06:39Vous êtes en forme ?
06:41Bonjour.
06:42Ca va être un gros morceau, les deux auditions.
06:45Monsieur le rapporteur général.
06:47Le président est dans saison de bouteillage.
06:49Ca va, Charles ?
06:50Il dit 5 minutes de retard.
06:52On a entendu.
06:53Ca sortait de l'UIS.
06:56Monsieur le président.
06:58Nous, à l'inverse de vous, on n'a pas de géant de phare.
07:01Je t'ai regardé sur TF1. Ca va ?
07:03Cette année ?
07:04Ca dépend. Sur la fonte, très bien.
07:06Sur le fond, merci.
07:07C'est normal.
07:09C'est normal.
07:10Ca m'apporte de l'air fort.
07:12Les 73 députés spécialistes des finances
07:15vont commencer par décortiquer la partie recette
07:18du projet de loi.
07:19Mes collègues, nous accueillons
07:21monsieur Antoine Armand,
07:22ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie,
07:25et monsieur Laurent Saint-Martin,
07:27ministre chargé du Budget et des Comptes publics,
07:30qui vont nous présenter le projet de loi de finances
07:33adopté hier.
07:34Nous avons préparé ce budget dans des circonstances exceptionnelles.
07:38Le texte initial n'inclut pas certains ajustements souhaités
07:41par le Premier ministre.
07:43Ces ajustements seront portés par voie d'amendement.
07:46J'ai entendu, dans le débat préparatoire,
07:48beaucoup de lignes rouges.
07:50Elles sont très saines en débat démocratique.
07:52Moi, je n'en aurai qu'une seule,
07:54celle de redresser nos comptes publics
07:57parce qu'il le faut.
07:58Contribution exceptionnelle des hauts revenus,
08:01taxes sur l'électricité
08:03ou encore 5 milliards d'euros d'efforts
08:06demandés aux collectivités locales.
08:08Le moins que l'on puisse dire,
08:09c'est que ces propositions du gouvernement
08:12ne satisfont aucun groupe.
08:13La situation qui se présente à nous
08:15montre que les baisses d'impôts ne peuvent être durables
08:18que si elles sont accompagnées de baisses de nos dépenses.
08:22Il faut faire attention à ne pas un peu brûler
08:24ce qu'on a beaucoup adoré.
08:26Je pense aux entreprises et aux charges sociales.
08:28Vous n'avez aucune majorité dans cette Assemblée ?
08:31Un autre projet de loi de finances est possible,
08:34qui partage, qui protège nos services publics
08:36pour faire la transition écologique.
08:38Nous nous battrons pour cela.
08:41Les débats vont être âpres
08:43et le temps est compté.
08:46Il faut se prendre des plages horaires.
08:49J'en ai déjà positionné une demain après-midi.
08:51J'ai du temps demain après-midi ?
08:53Un peu.
08:54C'est dimanche que ça va arriver ?
08:56Je serai disponible tout le week-end, de toute façon.
08:59Donc, si tu veux,
09:00l'amendement sur l'indexation des valeurs locatives.
09:03Jean-René Cazeneuve est un spécialiste
09:05du budget.
09:06Ancien rapporteur général,
09:08il siège depuis sept ans à la Commission des finances.
09:12Mais cette fois, il craint le pire.
09:14Personne n'a jamais connu ce type d'Assemblée
09:19avec des forces radicales, à droite et à gauche,
09:23très fortes, très nombreuses,
09:25et aucune majorité claire.
09:27Pour la première fois, je crois, on risque d'avoir un budget
09:30qui va être fondamentalement modifié,
09:33avec un gros risque,
09:34qui est un risque d'incohérence dans le résultat.
09:37Musique de tension
09:38Et le député ne pense pas si bien dire.
09:41En commission, la copie du gouvernement
09:43est entièrement remaniée, du jamais vu.
09:46Taxe sur les hauts revenus pérennisés,
09:49installation de la TVA sur les meublés touristiques,
09:53surtaxe des superdividendes.
09:55La gauche, souvent avec le soutien du Rassemblement national,
09:59propose 60 milliards d'euros de taxes
10:02et d'impôts supplémentaires.
10:03Musique de tension
10:04Depuis 3 jours, cette commission s'est transformée
10:07en véritable carnaval fiscal,
10:09avec des impôts et des taxes votés dans tous les sens.
10:12C'est quelque chose qu'on n'a jamais vu dans notre histoire
10:15et qui est le fruit d'une alliance entre l'extrême-droite
10:18et le Nouveau Front Populaire.
10:20La partie recette ainsi modifiée est finalement rejetée en commission.
10:24La conséquence de ce vote, c'est qu'évidemment,
10:26les nombreux amendements votés par les uns et les autres
10:29ne seront pas les amendements de la commission.
10:32Car c'est le projet initial du gouvernement
10:36qui revient en séance publique.
10:38Les dissensions entre groupes parlementaires
10:40risquent de ne pas s'apaiser.
10:42C'est une alerte tellement sérieuse pour Michel Barnier
10:45que c'est sûrement la raison pour laquelle il va utiliser le 49-3.
10:49J'espère que la séance publique permettra aux esprits
10:52de s'apaiser un peu, de revenir à la raison économique.
10:55Musique de tension
10:5721 octobre.
10:59Cette fois, ce sont les 577 députés
11:01qui vont étudier le texte en séance.
11:05La séance est ouverte.
11:07Si le chemin que vous nous proposez est celui du matraquage fiscal,
11:11ne comptez pas sur le gouvernement pour le cautionner.
11:13Dans l'hémicycle, les discussions s'enflamment
11:17et les débats s'éternisent aussi.
11:19Loin de soutenir le gouvernement,
11:22les députés du Socle commun ont déposé
11:24près de la moitié des amendements au projet de loi.
11:28Les oppositions les accusent de jouer la montre.
11:30...
11:32Le gouvernement est soit en train d'essayer de faire la montre
11:35pour dépasser la limite de temps de 40 jours,
11:37soit va aller au vote.
11:38Puisque vous êtes minoritaire, monsieur le ministre,
11:41vous savez que cette partie 1 va être rejetée.
11:44Nous n'aurons aucun débat dans cet hémicycle
11:46sur la partie dépense, sur les 4000 preuves supprimées,
11:49sur les services publics blocaux, sur l'emploi, l'ecologie.
11:52A un moment ou à un autre, dans tous les cas, vous tomberez.
11:55Madame Pannot, sur tous les autres, tous les autres PLF,
11:59vous étiez dans une logorée d'amendements
12:02pour faire de l'obstruction.
12:03Alors, vos leçons, vous vous les gardez.
12:06...
12:07Des amendements en cascade
12:09et quasiment aucun député du Socle commun sur les bancs
12:13pour les défendre.
12:14...
12:15Je remercie monsieur Wörth, la parole est à monsieur Chenu.
12:18Vous êtes 18 députés ce soir pour soutenir ce budget.
12:21Et moi, je vous le dis, s'il n'y avait pas les 60, 80
12:24ou 100 députés RN et UDR ce soir,
12:27la France ploierait sous les taxmanes
12:30que sont les députés d'extrême-gauche.
12:32Donc, en réalité, on est en train de sauver l'épargne des Français
12:38au moment où vous fichez le camp pour déclencher un 49-3
12:43parce que vous n'assumez même pas ce budget honteux.
12:46...
12:53Il toque.
12:54Oui ?
12:55La vache est beaucoup plus propre...
12:57Mon cher collègue.
12:59J'ai fait le mélange.
13:00J'essaie de faire le mélange.
13:02Installe-toi, on va se mettre ici tous les deux.
13:04Ces deux spécialistes des finances publiques
13:07étaient présents à toutes les séances.
13:09Et ils ont une explication à cet hémicycle clairsemé.
13:12Si vous voulez, c'est le fruit de l'absence de majorité.
13:16Et il faut bien reconnaître,
13:19sur la première partie de la loi de finances,
13:22l'absence de la plupart des députés
13:26qui soutiennent la majorité pendant toutes ces journées.
13:29Pourquoi ils étaient absents ? Je n'en sais rien.
13:32On était présents, peut-être pas autant qu'on aurait dû l'être,
13:36mais on a défendu absolument tous nos amendements.
13:39Je vais être très objectif et très honnête avec vous.
13:43D'abord, il y a toute une série de députés qui disent
13:46qu'il y aura une dissolution dans moins d'un an,
13:49donc j'ai mieux à faire dans ma circonscription
13:51que d'aller en hémicycle.
13:53C'est pas ce que je pense, c'est un mauvais calcul,
13:56mais il y a un certain nombre de députés qui votent comme ça.
13:59Ensuite, il y a des députés du Bloc central
14:02qui peuvent se reconnaître un peu difficilement.
14:05Après, vous avez un phénomène, un principe de réalité,
14:09qui est que c'est pas complètement impossible,
14:11qu'il y ait in fine d'une manière ou d'une autre un 49-3.
14:15Et ça, c'est pas de nature à mobiliser les types publics.
14:20Si le socle commun fait pâle figure en séance publique,
14:24le groupe de Marine Le Pen remplit les bancs
14:27quasiment chaque jour.
14:28La séance est ouverte.
14:30Un rassemblement national très présent
14:32qui n'hésite pas à faire des alliances régulièrement
14:35avec le Nouveau Front populaire.
14:37...la circonscription de Marine Le Pen.
14:39Après deux mois de débat, nous assistons
14:42à un mariage improbable entre le Nouveau Front populaire
14:45et le Rassemblement national.
14:46En effet, par leur vote ou leur abstention,
14:50cette alliance contre nature a accouché d'une facture
14:53de plus de 50 milliards de taxes supplémentaires
14:56pour les Français.
14:58Oui, monsieur le député, vous avez raison.
15:00Nous sommes en train d'assister à une overdose fiscale
15:04dans l'examen de cette loi de finances.
15:07Et l'Assemblée nationale est ainsi composée
15:09que cela ne peut pas être le seul fait du Nouveau Front populaire.
15:13Oui, cela est fait régulièrement
15:14avec la complicité du Rassemblement national.
15:17En séance, le Rassemblement national
15:21a multiplié les demandes de scrutin public,
15:24façon d'acter leur vote
15:26et d'asseoir leur présence.
15:30Bonjour à tous.
15:32Les hommes clés du budget pour le groupe de Marine Le Pen
15:36se réunissent une dernière fois
15:38avant le vote solennel du projet de loi de finances.
15:41Et ils réfutent les alliances de circonstances
15:43qui leur sont reprochées.
15:45Nous, on fait tout à visage découvert.
15:47On défend pas le programme du NFP,
15:49ni de M. Macron, de M. Barnier.
15:51Vous avez voté un coup avec les uns, un coup avec les autres.
15:54Il y a des mesures qui font écho
15:58à des mesures qui peuvent venir de la gauche,
16:00à des mesures qui font écho à ce qui peut venir de la droite.
16:03C'est ce que pensent les Françaises et les Français.
16:06Le vote solennel de la partie recette
16:09est dans moins de trois heures.
16:11Le RN votera contre
16:13et dans son discours, le groupe tient à rajouter quelques lignes
16:17qui auront leur importance dans les jours qui vont suivre.
16:20Je voudrais juste modifier un tout petit peu la conclusion
16:23pour aller vers la suite.
16:24Il faut que le gouvernement envoie sa copie
16:27et, subrepticement, lui expliquer que...
16:29Il peut piocher de la proposition.
16:31Il peut piocher de la proposition et il y a quand même un risque
16:34derrière, qui existe pour lui. C'est toujours sur la table.
16:37Qu'est-ce qu'on fera à la fin ? Il a intérêt à en tenir compte.
16:41Le RN prépare déjà le coup d'après.
16:44Le 49-3 que le gouvernement s'apprête à dégainer
16:48est la censure qui suivra.
16:51Sans surprise, après la commission,
16:54les recettes sont rejetées en séance publique.
16:56Retour à la case départ au Sénat.
16:59Nous sommes mi-novembre
17:01et l'espoir que la France ait un budget pour Noël s'amenuise.
17:05S'il veut éviter la censure, Michel Barnier doit lâcher du lest.
17:09Le RN a fait de la taxe sur l'électricité
17:12l'une de ses lignes rouges.
17:14C'est elle que le Premier ministre va abandonner.
17:17J'ai décidé de ne pas augmenter les taxes sur l'électricité.
17:21Dans le...
17:28Chacun prendra ses responsabilités.
17:30Moi, j'aurais pris les miennes, je prends les miennes
17:33et ensuite, chacun devra prendre les siennes.
17:37C'est plutôt dans le bon sens, mais il faut se dire les choses.
17:41Si Barnier le fait,
17:42ce n'est pas parce qu'il cherche à amadouer les socialistes,
17:45mais parce qu'il cherche à courber les Chines devant Marine Le Pen.
17:48C'est une victoire du RN.
17:51C'était une des premières exigences formulées par Marine Le Pen
17:54lors de son entretien avec le Premier ministre Michel Barnier.
17:59Michel Barnier pris entre le marteau et l'enclume.
18:02Pris d'un côté entre la promesse de redresser les comptes publics
18:05et de la nécessité, de l'autre côté, de faire des compromis
18:09pour espérer échapper à la censure.
18:12Sauf que pendant le week-end, le RN fait monter les enchères.
18:16Dans la somme, dans la circonscription de Mathias Renault,
18:20la chute du Premier ministre ne fait plus de doute.
18:24La semaine prochaine, on va rembourser le gouvernement ?
18:27Je suis retraité. On m'avait promis une petite augmentation.
18:31Ça fait 6 mois qu'on m'a arrêté.
18:33Donc ça, c'est la désindexation de retraite.
18:37La semaine prochaine, vous savez qu'on a une possibilité
18:40de poser une motion de censure,
18:42éventuellement renverser le gouvernement.
18:44On a une possibilité mercredi prochain.
18:46Allez-y, alors. Je vous en prie.
18:48Faites plaisir.
18:49C'est pas encore complètement décidé, mais bon...
18:52Sauf grosse surprise, on en prend un peu la voie,
18:55puisque nous, on avait posé des lignes rouges,
18:57notamment sur la fiscalité.
18:59On a dit, globalement, vous augmentez pas les impôts
19:02sur la France qui bosse, TPE, PME.
19:05Par contre, vous pouvez baisser les dépenses.
19:07C'est ça.
19:08C'est l'inverse qui s'est passé.
19:10C'est ça.
19:11Il y a eu un petit pas de M. Barnier.
19:13Il reste des lignes rouges. On verra d'ici lundi.
19:16Le Rassemblement national est en position de force.
19:20Et du côté des soutiens du gouvernement,
19:23la crainte de voir tomber le Premier ministre
19:26et avec lui le budget est bien réelle.
19:30...
19:32M. Barnier, il est bien, c'est un...
19:34Je suis pas de son parti, mais depuis le début,
19:37j'ai dit qu'il fallait de la stabilité.
19:39Il faut l'aider.
19:40Peu importe le parti.
19:42Vous croyez que le RN,
19:43c'est par rapport à l'électricité,
19:45qu'il s'en serait pas, ou il a pas un intérêt...
19:48Je pense qu'il va être obligé de lâcher un peu plus.
19:51Je pense.
19:52Vous croyez qu'il va lâcher encore plus ?
19:55On s'éloigne de la trajectoire budgétaire.
19:57Je pense que M. Barnier arrive au bout, là,
20:00de ce qu'il peut proposer en diminution d'économie,
20:04sinon, il n'y aura pas assez de milliards d'économies.
20:08C'est un vrai enjeu de responsabilité,
20:10cette semaine, et de responsabilité politique,
20:13avec des conséquences embêtantes.
20:15Je vote le budget la semaine prochaine.
20:17Mais j'avais prévu.
20:18Vous avez voté le budget.
20:20Oui.
20:21Franchement, tenez bon, quand même.
20:24Pour sauver le budget et sa place,
20:27le Premier ministre offre un dernier cadeau au RN.
20:30Il revient sur le déremboursement des médicaments.
20:33Marine Le Pen fait savoir que ça ne suffit pas.
20:36Michel Barnier n'ira pas plus loin.
20:40Lundi 2 décembre.
20:42L'Assemblée s'apprête à voter le budget de la Sécurité sociale.
20:46Il est 15h30.
20:48En arrivant au Palais Bourbon,
20:50Michel Barnier sait que son sort est scellé,
20:53comme celui du projet de loi de finances.
20:55La parole est à monsieur le Premier ministre.
21:00Sur le fondement de l'article 49,
21:02alinéa 3 de la Constitution,
21:04j'engage la responsabilité
21:07du gouvernement, de mon gouvernement,
21:10sur l'ensemble du projet de loi de financement
21:13de la Sécurité sociale pour 2025.
21:15C'est donc sur le budget de la Sécurité sociale
21:18que le gouvernement a recours au 49-3.
21:21Il sonne la fin du projet de loi de finances.
21:25La motion de censure du nouveau Front populaire
21:28est prête à être déposée.
21:34On va dans le bâtiment juste derrière vous.
21:36On dépose sur le bureau de réception des différents textes
21:39une proposition de motion de censure.
21:41Si jamais une majorité de parlementaires
21:44vote, monsieur Barnier aura de très longs congés payés.
21:48C'est pas possible sans les voix du RN.
21:51Oui, mais c'est à eux de savoir ce qu'ils veulent faire.
21:55Si le RN la vote,
21:57avec 124 députés, il est assuré de faire tomber le gouvernement.
22:01Les choses étaient claires.
22:04Monsieur Barnier n'a pas souhaité répondre
22:07à la demande des 11 millions d'électeurs
22:10du RN.
22:12Il a dit que chacun assumerait ses responsabilités.
22:15Nous assumerons donc les nôtres.
22:17Attends, j'arrive.
22:18En première ligne, depuis le début de l'automne budgétaire,
22:21c'est Éric Coquerel, pour LFI,
22:23qui prononcera le discours de censure du gouvernement.
22:261615 mots.
22:27Ah, c'est bien. Bravo.
22:29Je l'ai commencé hier dans le métro, dans ma tête.
22:32Je l'ai...
22:33J'ai commencé à le mettre par écrit, chez moi, en arrivant,
22:37et je l'ai fini à 1h du matin, dans sa 1re version.
22:41Entre ses mains, un texte
22:43qui, selon le socle commun, mènera le pays au chaos.
22:47Le chaos, il est maintenant.
22:49Il vient principalement de monsieur Macron,
22:51qui est, au-delà de monsieur Barney,
22:54la personne qu'on va censurer tout à l'heure,
22:56parce que c'est un chaos politique,
22:58c'est un chaos économique, c'est un chaos social.
23:01Peut-être qu'on représente, à travers cette notion de censure,
23:04la seule planche de sel, c'est ce que je crois.
23:07Musique de tension
23:08L'après-midi même,
23:10l'Assemblée nationale retient son souffle.
23:12Il n'y a jamais eu autant d'accréditation de journalistes.
23:17Des dizaines de télés étrangères sont présentes.
23:20Le gouvernement s'apprête à tomber.
23:22...
23:24Collègues, notre main n'a pas à trembler.
23:26Je vous incite à censurer ce gouvernement.
23:28Aujourd'hui, la censure nous apparaît comme une nécessité
23:31pour mettre fin au chaos.
23:33Les institutions nous contraignent à mêler nos voix
23:36à celle de l'extrême-gauche, à utiliser le NFP
23:38comme un simple outil pour éviter l'application d'un budget toxique.
23:43Il est 20h26.
23:45Michel Barnier n'est plus Premier ministre.
23:48En raison de l'adoption de la motion de censure
23:51et conformément à l'article 50 de la Constitution,
23:53le Premier ministre doit remettre au président de la République
23:57la démission du gouvernement.
23:58Les travaux de l'Assemblée nationale sont ajournés.
24:02La séance est levée.
24:03...
24:07Michel Barnier est déboulonné de son poste
24:09après seulement trois mois à Matignon.
24:12Et pour la première fois depuis 60 ans,
24:14la France n'a pas de budget.
24:17Mais il faut assurer la continuité de l'Etat
24:19et le fonctionnement des services publics.
24:22C'est indispensable.
24:23Alors, à la veille de Noël,
24:25l'Assemblée nationale s'accorde, cette fois à l'unanimité,
24:30et vote une loi spéciale
24:32autorisant l'Etat à prélever les impôts et les taxes.
24:39C'est bon pour tout le monde ?
24:40Le scrutin est ouvert.
24:43Pour, 481 contre zéro.
24:46L'Assemblée nationale a adopté.
24:49Dans les couloirs de l'Assemblée,
24:52ce marathon budgétaire sans précédent a laissé des traces.
24:56C'est la chronique d'un échec annoncé.
24:58Exactement. C'était la chronique d'un échec annoncé
25:01et d'un échec organisé et voulu.
25:03Je l'assume, je l'assume.
25:05Je suis satisfait de la mission accomplie.
25:08On se retrouve en janvier.
25:10Une censure,
25:12on voit toutes les conséquences.
25:14Deux censures, vous imaginez les dégâts colossaux
25:18pour notre pays et notre société.
25:20J'espère que ceux qui ont appuyé sur le bouton de la censure
25:25la première fois vont y réfléchir à deux fois
25:28avant d'appuyer une seconde fois.
25:30Maintenant, c'est à François Bayrou
25:32qu'incombe la responsabilité de présenter un nouveau texte.
25:36Le Premier ministre doit doter la France d'un budget
25:39en 2025.
25:40Mais pour cela, il lui faut trouver des compromis
25:43avec les parlementaires.
25:44La nouvelle bataille budgétaire promet d'être rude.