Le journaliste Louis Morin, était l’invité de Punchline week-end, ce vendredi 20 décembre, sur CNEWS. Il s’est exprimé sur l’aide humanitaire à Mayotte : «Beaucoup de choses sont faites, mais lorsqu’on est confronté à un tel désastre, ce ne sera jamais assez».
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00:00Louis, est-ce qu'il a été maladroit, Emmanuel Macron, dans son approche,
00:04dans sa façon de s'exprimer, dans les mots choisis, dans les phrases,
00:08quand il dit par exemple « il n'y a pas un endroit de l'océan Indien où on aide autant les gens ».
00:12Vous savez, le problème de Mayotte, moi c'est une situation que je connais maintenant plutôt bien,
00:18puisque j'y étais en début de semaine, à Mayotte.
00:20Donc j'ai vu réellement à quel point, effectivement, toute l'île est sinistrée.
00:24Il n'y a plus rien. Concrètement, il n'y a pas un seul bâtiment intact.
00:28Enfin, il y en a quelques-uns, mais c'est une extrême minorité.
00:32Quasiment tous les bâtiments ont été impactés par le cyclone.
00:36Vous avez évidemment des arguments rationnels.
00:39Il y a beaucoup d'arguments rationnels.
00:41Emmanuel Macron a raison lorsqu'il dit qu'effectivement,
00:44il n'y a pas un seul endroit dans l'océan Indien où on en fait tant pour les habitants.
00:48C'est vrai, c'est une vérité.
00:50Mais le problème, c'est que toute vérité est elle bonne à dire.
00:54Dans ce type de situation, c'est vraiment la question…
00:57En l'occurrence, Emmanuel Macron, c'est certes le maître des horloges politiques,
01:01mais ce n'est pas forcément le maître des horloges émotionnels.
01:04L'émotion, évidemment, c'est propre à chacun.
01:07Et lorsqu'on est confronté à des questions de survie,
01:09comme Thomas Abonnet vient de le souligner,
01:12eh bien évidemment, on n'est pas vraiment enclin à recevoir les arguments de manière rationnelle.
01:17Mais ce qu'il faut savoir, c'est qu'on ne peut pas dire,
01:20comme ça a parfois été dit, que rien n'avait été fait.
01:23Il y a beaucoup de choses qui ont été faites pour rétablir l'eau.
01:27Et d'ailleurs, rétablir l'eau alors qu'un cyclone vient de tout balayer sur une île en six jours,
01:33en soi, c'est quand même un exploit.
01:35Donc évidemment, ce n'est jamais assez lorsqu'on souffre,
01:38lorsqu'on y est confronté, lorsqu'on n'a pas d'eau potable.
01:41Mais en réalité, il y a beaucoup qui a été fait.
01:44Moi, j'ai vu les sauveteurs qui étaient déjà sur place, qui ont dégagé les routes.
01:48Il y a des policiers, des gendarmes, des pompiers qui étaient là, sans merci,
01:53parfois, qui n'avaient pas dormi depuis le cyclone.
01:56Moi, ça faisait 48 heures que le cyclone était passé.
01:59J'ai vu ce dévouement, cette abnégation de ces hommes et des femmes
02:04qui, par ailleurs, pour un grand nombre, avaient perdu leur logement.
02:07Donc on ne peut pas dire que rien n'est fait, c'est faux.
02:10Il y a beaucoup de choses qui sont faites.
02:12La situation est tellement catastrophique.
02:14On n'en serait pas là une semaine plus tard.
02:16Il y a un pont aérien, il y a un pont maritime,
02:18il y a 32 000 litres d'eau par jour qui arrivent.
02:21Alors c'est évidemment pas suffisant par rapport à la situation locale.
02:25Il faut rappeler qu'il y a quand même 320 000 habitants,
02:27plus 100 000 habitants en situation irrégulière.
02:30Ce qui vient là aussi compliquer encore davantage la situation sur place.
02:34Beaucoup de choses sont faites, mais évidemment,
02:36quand on est confronté à un tel désastre, c'est jamais assez.