• il y a 15 heures

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00:00Europe 1, 11h, 13h, Pascal Praud et vous !
00:04Emmanuel Macron hué, chahuté également à Mayotte, le chef de l'état a été confronté de longues heures à la colère ou désespoir également des maorais, des Macron démission était lancé, vous pourrez réagir à ces propos d'Emmanuel Macron,
00:17n'opposez pas les gens, si vous opposez les gens on est foutu, parce que vous êtes content d'être en France, parce que si c'était pas la France vous seriez 10 000 fois plus dans la merde, a-t-il dit.
00:28C'est quand même très gonflé alors que c'est le même Emmanuel Macron qui avait lancé un plan d'1,6 milliards en 2018, plan qui n'a pas tenu plus d'une année, il y a une délinquance qui augmente, une immigration clandestine qui augmente, 40% d'habitants précaires, je vous propose d'écouter Emmanuel Macron hier à Mayotte.
00:46Moi je vous dis, tout le monde se bat, vous avez vécu quelque chose de terrible, tout le monde se bat, quelle que soit la couleur de peau, et n'opposez pas les gens, n'opposez pas les gens, si vous opposez les gens on est foutu, parce que vous êtes content d'être en France, parce que si c'était pas la France vous seriez 10 000 fois plus dans la merde, il n'y a pas un endroit dans l'océan indien où il y a autant de gens, c'est la réalité.
01:12Bon, moi je pense que ça c'est inaudible, d'abord c'est vrai ce qu'il dit, que dans l'océan indien c'est souvent pire là où la France n'est pas présente, et c'est vrai aussi pour les Antilles, on pourrait dire la même chose, on compare souvent Cuba, Haïti aux Antilles, et c'est vrai qu'à Haïti et à Cuba la situation est pire que dans les Antilles françaises,
01:36mais si vous êtes ultramarins, vous avez envie d'être traités de la même manière que si vous êtes un français de métropole, et chacun comprend qu'entre Mayotte et la métropole il y a une différence abyssale, s'il n'y avait que quelques petites différences elles pourraient s'entendre, mais elles sont abyssales, c'est-à-dire que la sécurité, l'immigration, il n'y a pas d'eau à Mayotte,
02:04je sais pas si vous imaginez ce que c'est la difficulté d'avoir de l'eau, on a promis un hôpital, c'était Emmanuel Macron qui avait promis un hôpital en 2019 pendant la campagne quand il s'était déplacé, en tout cas au début de son mandat, il avait prévu un hôpital en 2025, on est en 2024, il n'est même pas sur plan cet hôpital, et on imagine qu'il pourrait sortir de terre en 2028, parce que tout n'est pas réglé,
02:30donc vous avez une lenteur de l'administration et vous avez des promesses qui ne sont pas tenues, donc c'est insupportable pour les maorais.
02:37Et nous sommes avec Amina, alors Amina si vous nous avez écouté toute la semaine, bonjour Amina.
02:42Bonjour Pascal.
02:44Je vais rappeler votre itinéraire parce qu'il est tellement symptomatique, vous êtes née à Mayotte, à 18-19 ans vous êtes venue en métropole pour faire vos études,
02:52et puis vous n'êtes plus repartie à Mayotte, parce que vous avez trouvé d'abord du travail ici, parce qu'à Mayotte vous savez que ce serait plus compliqué,
02:59vous avez une trentaine d'années, vous avez fait des enfants en France, parce que vous n'avez pas envie d'exposer vos enfants à l'insécurité et la difficulté de vivre à Mayotte, Amina.
03:09Oui, c'est tout à fait ça en fait, donc là j'y retourne quelques fois, tous les deux ou trois ans, parce que comme je l'avais indiqué, c'est important de garder le lien avec ses racines,
03:24mais c'est pas possible pour moi d'y vivre, parce que j'ai envie de protéger mes enfants, parce que moi j'ai vécu dans mon enfance, mes enfants ne pourront pas le vivre aujourd'hui.
03:34Moi j'ai manqué de rien dans mon enfance, même si Mayotte était beaucoup plus pauvre, mais il n'y avait pas la sécurité, l'immigration n'était pas exagérée, massive, il n'y avait pas tout ça, donc la vie était presque belle en fait.
03:48Et ça c'était il y a combien de temps ?
03:53C'était il y a combien de temps ça ?
03:55Moi je suis née dans les années 90.
03:59Donc la situation, en fait vous partez donc de Mayotte en 2008 à peu près ?
04:06Oui c'est ça, en 2008, ça allait jusqu'à ce que je dirais, en fait ce qui a empiré les choses, c'est la départementalisation mal préparée.
04:15Alors effectivement, quand c'est devenu un département français, Mayotte est devenu un département français avec Jacques Chirac, et manifestement ça ne s'est pas bien passé.
04:24Et vous n'imaginez évidemment pas revenir à Mayotte. Alors en début de semaine vous étiez inquiets parce que vous n'aviez pas de nouvelles de votre famille,
04:31et puis entre temps on s'est eu à l'antenne et vous avez eu des nouvelles de votre famille, donc ils sont déjà tous vivants, ce que j'ai envie de dire c'est le plus important.
04:39Mais est-ce que vous avez pu échanger avec eux au téléphone ces dernières heures, et comment vont-ils dans la vie quotidienne ?
04:46Alors du coup il y avait l'inquiétude, parce que comme vous dites je n'avais pas de nouvelles, je ne savais pas, après tout ce qui s'était passé,
04:53je n'avais aucune information, donc moi j'ai eu des bonnes nouvelles, donc tout le monde est vivant.
04:57Mais maintenant l'autre inquiétude c'est qu'on est complètement coupé du monde, on n'a rien à manger, on n'a pas d'eau, on nous oublie, tout se concentre sur la capitale.
05:07J'ai même eu droit à une phrase qui serait très mal perçue par nos amis de la gauche aujourd'hui,
05:13on a l'impression qu'il n'y a que les bidonvilles qui ont été touchées, parce qu'aujourd'hui les aides ne viennent pas, on voit la télé partout.
05:22Moi j'ai vu ce matin à la télé sur CNews une de vos journalistes qui dit à peu près la même chose que moi,
05:27on voit les aides partout mais on ne les voit pas dans les rues en fait, on ne les voit pas chez les gens, on ne les voit pas arriver.
05:34Donc il y a aussi ce désespoir et ce cri d'appel au secours pour dire qu'on n'a rien en fait, on est totalement isolé, surtout dans le sud de l'île.
05:42Et eux ils sont dans le sud de l'île ?
05:44Oui, c'est ça, c'est des endroits très reculés et difficilement accessibles suite au passage du cyclone.
05:51Les routes ont été dégagées plus ou moins, mais les aides on ne les voit pas arriver en fait, on ne les voit pas.
05:59Donc c'est un autre sujet.
06:01Et alors c'est-à-dire que les aides aujourd'hui par exemple, d'abord est-ce que les communications téléphoniques marchent ?
06:07Est-ce que vous avez pu l'avoir, vos parents, est-ce que vous avez pu dialoguer avec eux ?
06:13Non, j'ai même plus parlé avec les gens de ma famille, je parle avec des amis qui ont la possibilité d'aller dans les hauteurs
06:20pour avoir le peu de réseaux disponibles, mais moi du côté de ma mère et ma grand-mère, ma tante,
06:28la dernière fois que je les ai eus c'est quand j'ai eu des nouvelles pour me dire on est en vie et ça s'arrête là en fait.
06:33C'est-à-dire qu'il n'y a pas de réseau ?
06:36Ça c'est habituel qu'il n'y ait pas de réseau ou c'est parce qu'il y a eu le cyclone ?
06:40C'est parce qu'il y a eu le cyclone, il semble que les bornes téléphoniques,
06:44donc il y en a 54 ou 52, je n'en sais rien, quelque chose comme ça, il n'y en a que deux qui ont survécu
06:49et les deux qui ont survécu c'est autour de la capitale.
06:52Mais vous savez s'ils ont un souci par exemple de ravitaillement ?
06:57Oui, ça je le sais, je sais qu'ils ont des soucis de ravitaillement.
07:00Mais à quel niveau ? Est-ce qu'ils ont de l'eau ?
07:05Ils n'ont pas d'eau, en fait je ne sais même pas si c'est un souci de ravitaillement ou c'est juste que les aides mettent du temps à arriver
07:12et que tout se concentre d'abord dans Mamoudzou, la capitale et la Petite-Terre.
07:17On a tendance à totalement oublier, même le journal local France Info, Mayotte La Première,
07:23a fait un reportage, je crois que c'est hier, avec un journaliste qui est allé au sud,
07:28qui dit exactement la même chose en fait que moi, il n'y a rien ici.
07:32Les aides n'arrivent pas en fait, on voit des gens qui font la queue pour avoir des gouttes d'eau sur des robinets sans eau.
07:41Enfin c'est dramatique dans le sud de l'île, je vous le dis.
07:45Donc aujourd'hui tout se concentre dans le nord de l'île, la capitale, tout se concentre dans les bidonvilles.
07:51Donc je conçois effectivement que la détresse de ces gens, il ne faut pas les oublier,
07:55mais en fait on a tendance aussi à oublier qu'il y a aussi la détresse d'autres personnes
07:59qui ne sont pas dans ces bidonvilles et qui sont un peu dans des endroits très reculés dans le sud de l'île.
08:05Merci Amina, merci grandement, ça va être un Noël particulier pour vous forcément.
08:11L'essentiel, je le dis quand même, c'est que votre famille soit enceinte et sauve,
08:18parce que ce n'était pas évident, il y a beaucoup de gens qui sont morts.
08:23Lorsque vous réveillonnez par exemple ici en métropole, vous n'avez pas de famille
08:30sinon celle que vous avez construite avec votre compagnon et vos filles ?
08:34Oui, après de temps en temps, il y a mes frères et sœurs qui viennent, mais ce n'est pas souvent.
08:41Qu'est-ce qu'ils font vos frères et sœurs à Mayotte ?
08:44Non, ils ne sont pas à Mayotte, ils sont ici en métropole.
08:47Ah oui, vous êtes combien à être en métropole ?
08:50On est quatre.
08:52Ah oui, ça c'est extraordinaire. Tous les enfants sont venus en métropole ?
08:56Oui, on a tous les mêmes choses, on n'a pas envie que nos enfants vivent ce que nous on a vécu.
09:01Ah oui, je ne le savais pas ça.
09:03On n'a pas envie de priver nos enfants de ce que nous on a vécu,
09:06dans le sens où on vivait mieux avant à Mayotte, donc aujourd'hui nos enfants...
09:11Non mais c'est passionnant, on n'avait pas eu cet échange l'autre jour.
09:14Mais vous vous êtes dans la fratrie, parce que vous êtes quatre enfants si je comprends bien.
09:18Dans la fratrie, vous êtes à quelle place ?
09:21Je suis la l'aînée.
09:23Ah, c'est vous qui avez montré. Et alors vous avez ces trois frères que vous avez derrière vous ?
09:27Non, j'ai deux petites sœurs.
09:30Et alors c'est vous qui avez... Vous êtes venue la première ?
09:34Oui, je suis venue la première, après les autres sont venus ici.
09:38Et donc vous les avez accompagnés, et j'imagine qu'il y avait un peu d'inquiétude lorsqu'ils sont venus.
09:46Mais c'est formidable, je trouve que c'est une histoire formidable et tellement emblématique.
09:51Et vous vous êtes installés les uns près des autres ?
09:55Non, on est un peu par pied dans tous les sens. Il y en a une qui se trouve dans le Sarthe, l'autre dans le Tarn.
10:01Vous voyez, ce n'est pas...
10:03En fait, mes deux petites sœurs, par exemple, quand j'ai eu mon bac,
10:11je les ai totalement encouragées à venir aussi passer leur baccalauréat ici,
10:16parce que ça commençait un peu à partir dans tous les sens, même au niveau de la perte de chance,
10:20au niveau de l'éducation, à l'école, on n'avait pas des profs.
10:23Ça devenait compliqué, donc j'ai aussi encouragé fortement pour que...
10:29Après, je l'assume, ce n'est pas quelque chose qui est très bien perçu par presque tous,
10:34parce que j'ai des personnes dans mon entourage qui ont une autre approche.
10:38C'est en gros, quand vous réussissez, vous rentrez à Mayotte pour construire Mayotte.
10:41Mais c'est impossible.
10:43Je comprends. Alors, il y a deux sœurs, deux frères, et tout le monde a trouvé évidemment...
10:47Alors pour vos parents, j'imagine que c'est un peu dur,
10:50parce que leurs quatre enfants sont en métropole et ils ne les voient pas régulièrement,
10:54et puis les petits-enfants dans ces cas-là, ils ne grandiront pas, ces petits-enfants,
10:58avec leurs grands-parents maorais, ils les verront de loin.
11:01Et vous savez quoi ? En fait, c'est l'inverse.
11:04Notre maman, elle est assez contente qu'on soit éloigné de tout ce tracas.
11:08Oui, je comprends aussi.
11:10Elle arrive à voir ses petits-enfants à chaque fois qu'on y va,
11:13après deux fois, elle vit en psy,
11:15mais elle est assez contente qu'on soit loin de tous ces problèmes,
11:19loin de toute cette insécurité.
11:23C'est très beau ce que vous dites,
11:26et votre mère, elle est contente évidemment de vos réussites à tous, j'imagine,
11:30elle vous protège, et j'entends ce que vous dites,
11:35et effectivement, aimer, c'est vouloir le bonheur de l'autre.
11:40C'est toujours la même chose,
11:41et elle sait que vous êtes protégée ici en France,
11:45alors qu'en métropole, à Mayotte, c'est plus compliqué.
11:49Oui, en fait, même quand je vais là-bas,
11:51elle est la première à m'appeler à chaque fois avant que le soleil se couche.
11:54« Mais tu es où ? Rentre vite ! »
11:56Parce que le jour, elle est là-bas, elle sait ce qu'il se passe.
11:59Donc on fait une petite sortie,
12:01et à 17h30, le soleil commence à se coucher,
12:04un petit coup d'appel téléphonique par-ci par-là
12:07pour savoir où est-ce qu'on est, si on est très loin.
12:10Et une fois, par exemple, j'étais assez loin,
12:13donc il était déjà 18h, donc il faisait l'affaire noir,
12:15elle est restée avec moi au téléphone jusqu'à ce que j'arrive dans mon village,
12:19parce que je voulais être sûre que je rentre à la maison en un seul morceau.
12:24Vous voyez ?
12:26Ça me touche toujours, évidemment, ça touche tous ceux qui nous écoutent,
12:31le témoignage ou le sentiment d'une mère qui accompagne ses enfants,
12:38même si les enfants ne sont plus précisément des enfants,
12:41et qui est présente comme ça, c'est très touchant ce que vous dites.
12:44Amina, on va vous faire des bisous, vraiment,
12:46et on va vous souhaiter un joyeux Noël.
12:49Je suis désolée, je voulais juste me permettre de faire un petit commentaire sur Emmanuel Macron,
12:54très rapidement, si vous me le permettez.
12:56Donc en fait, Emmanuel Macron, la fameuse phrase qu'il vient de sortir
13:00sur le fait qu'en gros, ne vous plaignez pas,
13:02parce que si vous n'étiez pas avec la France,
13:04vous auriez été dans une situation encore plus...
13:07Enfin, je ne vais pas dire le mot, mais compliquée.
13:09Vous voyez ce que je veux dire ?
13:11En fait, il a dit ça parce qu'il y a une jeune femme, en fait,
13:15qui a pris le micro, qui a osé lui dire ces quatre vérités,
13:18ça a touché son égo, et du coup, il a fait de l'Emmanuel Macron, en fait,
13:23comme d'habitude, et donc il fallait qu'il sorte une phrase choquante
13:27qui reste dans les annales.
13:29La jeune femme a osé lui dire, vous nous avez menti,
13:32vous nous avez dit plein de choses,
13:34l'immigration, il faut faire quelque chose, etc.
13:36Donc lui, qu'est-ce qu'il se dit ?
13:38Bon, voilà, je vais répliquer de manière à ce que ça reste dans les annales.
13:42Donc, de l'égoïsme, voilà, c'est tout.
13:45Merci, merci beaucoup Amina, et joyeux Noël à vous,
13:48il est 11h26, on marque une pause.
13:50Merci, à vous aussi.
13:51Restez bien avec nous, la suite de Pascal Frévous,
13:53c'est dans un instant, sur Europe 1.

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