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Le ministre démissionnaire des Outre-mer, François-Noël Buffet, s'exprime sur la situation à Mayotte ce mercredi sur BFMTV.

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00:00— Nous sommes en direct avec François-Noël Buffet, ministre des Outre-mer. Bonjour. Merci d'être en direct. Vous êtes depuis l'île de La Réunion, la base arrière d'où s'organisent les secours.
00:08Vous faites des allers-retours depuis lundi. Qu'est-ce qui vous a le plus marqué ?
00:15— Oui, bonjour. Ce qui m'a le plus marqué, c'est l'état de dévastation. Il n'y a pas un endroit sur l'île de Mayotte qui a été préservé par le cyclone.
00:25La végétation a été détruite. Évidemment que les bidonvilles ont disparu et que les toitures des maisons, en tous les cas pour celles qui étaient en dur,
00:35se sont envolées à l'exception de quelques-unes. Et une espèce de silence très impressionnant parce que l'événement climatique a été absolument terrible.
00:45Donc c'est d'abord un sentiment d'un territoire dévasté et en même temps des gens dans un état de sidération.
00:52— On a des habitants qui nous disent que dans quelques jours, on n'aura plus rien à manger. 120 tonnes de nourriture doivent être distribuées aujourd'hui.
00:58Expliquez-nous comment ça va se passer. Qui s'en charge ?
01:03— Oui, c'est sous la coordination de l'État, donc des préfets. Mais des rotations ont déjà démarré hier, en particulier avec des avions gros porteurs, un type A400M.
01:14C'est pratiquement l'équivalent d'un million et demi de litres d'eau et d'alimentation qui sont arrivés à Mayotte hier, qui sont distribués depuis aujourd'hui au sein des communes,
01:24comme nous l'avions souhaité, comme le préfet l'avait demandé, de façon à être le plus efficace possible. D'autres rotations continuent aujourd'hui.
01:31Elles seront permanentes. La base arrière, effectivement, qui est à La Réunion, stocke l'eau et l'alimentation qui arrivent.
01:40Nous espérons bien sûr que bientôt, on pourra atterrir directement à Mayotte. Mais les choses avancent très rapidement.
01:47Et je crois qu'il faut rassurer nos compatriotes, qui sont dans une difficulté exceptionnelle, que tout est fait pour que l'alimentation,
01:54l'eau arrive, la remise en eau des services est à 50%, l'électricité est en cours de remise en route, que les équipes de la Sécurité civile sont présentes pour s'assurer
02:04de la qualité de l'eau, que des équipes du génie sont présentes pour dégager les routes et réouvrir la circulation pour les distributions.
02:11Vraiment, il y a une mobilisation très forte. Et depuis aujourd'hui, ce n'est pas loin de 1 000 personnes qui sont déjà sur place.
02:16Il y a l'enjeu sanitaire aussi, la crainte d'épidémie. Bruno Retailleau, tout à l'heure, sur BFM, parlait d'envoi de vaccins aussi.
02:24Oui, bien sûr que l'enjeu sanitaire est important. Tout le monde l'a bien conscience depuis cet événement. Et tout est fait, bien sûr,
02:31un, pour renforcer les équipes médicales, première chose. Deuxième chose, pour apporter les médicaments nécessaires et les produits nécessaires,
02:38notamment pour purifier l'eau de façon à ce qu'il n'y ait pas de difficultés. C'est un enjeu majeur. Mais l'hôpital de campagne est arrivé.
02:45Il va être construit. Il sera opérationnel d'ici la fin de la semaine ou dans le week-end ou plus tard. Mais les équipes sont déjà sur place depuis hier également.
02:53Donc tout est fait pour éviter ce type de situation. Évidemment, sur le plan sanitaire, c'est fondamental.
02:58François Nolbu fait 4 jours après le passage du cyclone. Il est toujours impossible d'avoir un bilan ?
03:06Il est toujours impossible d'avoir un bilan, malheureusement, parce que nous ne sommes pas capables de pouvoir donner des chiffres précis ou des nombres précis.
03:15On se doute tous que le bilan risque d'être très important. Le préfet, d'ailleurs, de Mayotte l'avait déjà précisé. Mais nous ne sommes pas en capacité de pouvoir le dire.
03:26Il y a depuis hier des équipes qui sont sur le terrain et essayent de déterminer ceux qui sont là et ceux qui ne sont pas là.
03:34Nous aurons sans doute dans plusieurs semaines ou plusieurs jours une estimation. Mais pour l'instant, nous ne sommes pas capables.
03:40En tous les cas, le risque est important que ce soit un nombre élevé.
03:44Il va y avoir la question aussi de l'identification de ces victimes avec des équipes spécialisées ?
03:49Bien sûr. Bien sûr qu'ils sont déjà sur place, qu'ils sont déjà arrivés.
03:54Toutes les équipes qui ont malheureusement l'habitude de cette situation sont là et débutent leur travail.
04:02Bruno Rotailleau ce matin disait aussi qu'il allait falloir être beaucoup, beaucoup plus dur vis-à-vis des comores.
04:07Il y a cette situation migratoire très particulière à Mayotte avec ces gigantesques bidonvilles. C'est là qu'on se trouve l'essentiel des victimes, a priori.
04:17Écoutez, a priori, cela doit être quand même confirmé.
04:22Ce qui est sûr, c'est que la question migratoire mahoraise est connue depuis longtemps, que cet événement exceptionnel crée une situation exceptionnelle.
04:30Donc les premières heures et les premiers jours sont consacrés d'abord à soulager la souffrance, à apporter de l'aide, à s'occuper de tout le monde.
04:38Et viendra le moment effectivement de traiter l'aspect migratoire des choses.
04:43Il y a des dispositifs qui peuvent être pris. Il faut... Les systèmes de contrôle sont remis en route.
04:48La police de l'air et des frontières est arrivée également sur le terrain pour assurer ces contrôles.
04:54Les négociations avec l'État comorien sont en route aussi.
04:59Donc nous avons un besoin de vigilance, bien sûr, absolue pour plusieurs choses.
05:03D'abord parce que Mayotte ne peut pas continuer de supporter cette affluence migratoire exceptionnelle.
05:08Et ensuite parce qu'il faut de toute façon être en capacité de traiter la reconstruction de Mayotte dès maintenant, de s'y intéresser dès maintenant.
05:17Et de prendre en considération aussi ce phénomène qui existe depuis longtemps et dont il faut apporter une solution aujourd'hui.
05:24Justement, vous parlez de la reconstruction, il faut reconstruire Endure ?
05:27Je le rappelle.
05:30Il faut reconstruire Madame Mayotte dans de bonnes conditions.
05:34Endure, bien évidemment, en respectant les règles cycloniques parce que c'était un des sujets.
05:38Et puis établir un projet pour Mayotte.
05:40Nous avons proposé hier à partir du ministère des Outre-mer la mise en place d'un dispositif
05:46qui sera d'un premier temps sans doute une délégation interministérielle
05:49et ensuite un établissement public du type de celui qui a été mis en place pour la rénovation de Notre-Dame
05:55qui permettra de s'inscrire dans la durée.
05:57Oui, il faut reconstruire Mayotte, bien sûr.
05:59Il y a la question des écoles aussi, les enfants qui sont censés être en vacances en ce moment.
06:03Est-ce que la rentrée scolaire pourra avoir lieu mi-janvier ?
06:09Aucun engagement ne peut être pris de façon très ferme sur ce point.
06:13La rentrée est prévue le 13 janvier.
06:15Les bâtiments scolaires sont très très endommagés comme beaucoup d'autres.
06:18La capacité à pouvoir accueillir des enfants dans les établissements eux-mêmes
06:22paraît aujourd'hui en tous les cas pour partie compromise.
06:25Il semble peut-être que l'on puisse trouver d'autres solutions dans d'autres bâtiments qui ont été préservés.
06:29Mais tout ça reste à expertiser.
06:31Je crois qu'il ne faut pas annoncer des choses qu'on ne serait pas capable de tenir.
06:34Pour l'instant, vraiment, c'est plus un certain nombre de questions qui se posent
06:38sur cette capacité à avoir une école complètement disponible le 13 janvier prochain.
06:44Je voudrais dire aux téléspectateurs et à vous tous
06:48que peut-être vous ne mesurez pas à quel point l'île a été dévastée.
06:53C'est un état extrêmement plus que préoccupant.
06:57On ne pourra pas revenir à une situation normale dans un délai extrêmement court.
07:02Ce n'est pas possible.
07:04On gère l'urgence à l'extrême urgence du moment.
07:07On se prépare à reconstruire Mayotte avec un projet de loi qu'on va déposer,
07:11qui est issu du ministère.
07:13On va avancer sur beaucoup de sujets de cette nature.
07:16Mais cela va prendre du temps, même si nous avons tous conscience qu'il faut aller vite.
07:20Parce que les Mahorais ne pourront pas attendre non plus.
07:23Le chef de l'État est attendu sur place dès demain.
07:25Vous allez rester combien de temps, monsieur le ministre, sur place ?
07:29Oui, je l'accueillerai demain à Mayotte.
07:32Je vais rester le temps qu'il faudra, si je puis dire.
07:35Mais vraisemblablement jusqu'à samedi, au moins.
07:38Et le Premier ministre, il vous a manqué ?
07:43Le Premier ministre a été en contact avec nous,
07:46et notamment via les cellules interministérielles et les réunions que nous avons tenues,
07:50la dernière étant effectivement lundi soir.
07:53Nous échangeons en direct avec son cabinet, évidemment,
07:57sur les mesures que nous sommes en train de prendre.
08:00Et nous sommes au travail.
08:01Vous savez, ici, en tous les cas pour ce qui me concerne,
08:04mais on est au travail.
08:05Je suis aux côtés des équipes des services de l'État et de tous les autres.
08:09Et je participe avec eux à la mission d'urgence.
08:12Je crois qu'il est important pour tout le monde de se consacrer à l'essentiel.
08:17L'essentiel n'est pas la polémique.
08:19Le temps viendra peut-être un jour d'en discuter.
08:21Mais franchement, à la hauteur des enjeux, ce n'est pas le moment.
08:24Merci beaucoup François-Noël Buffet d'avoir été en direct avec nous.
08:29Bon courage à toutes ces équipes qui effectivement organisent l'acheminement de l'aide.
08:33Au fur et à mesure, on arrive quand même à déblayer de plus en plus les routes
08:37et à accéder à de nouvelles zones, de nouvelles images aussi de l'archipel.
08:41On va voir ça avec vous, Julien Migaud-Muller.
08:43Vous en avez sélectionné.
08:44Elle montre encore une fois à quel point effectivement les îles,
08:48puisqu'il y en a plusieurs, sont vraiment dévastées, comme le disait le ministre.
08:51Avec toujours ces images de chaos roselinais, besoin vital, avoir de quoi se nourrir
08:56et boire surtout la priorité pour les habitants
08:59qui découvrent jour après jour comme nous l'étendue du désastre,
09:02c'est de mettre la main sur de l'eau avec les moyens du bord.
09:06Un robinet qui fuit, par exemple, ou encore un simple sac en plastique.
09:12C'est galère. Après, à la maison, il n'y a pas d'eau.
09:16Les vêtements sont sales. Il n'y a pas d'eau.
09:21J'ai pris un gros réservoir pour boire ce soir.
09:26Vous avez vu les secours ou pas du tout ?
09:28Il y a des gens qui sont venus vous aider, l'armée, les fonctionnaires ?
09:31Non, il n'y a pas.
09:33Des images également ce matin d'un collège dans la ville de Pamanzi.
09:37Il a été partiellement détruit.
09:39Le vent a littéralement soufflé.
09:40Les toits et les fenêtres des bâtiments, les structures en bois
09:44se sont effondrées en quelques instants seulement.
09:47Il sera très compliqué désormais de faire la rentrée.
09:50Nous avons rencontré la principale adjointe.
09:52Elle nous raconte sa peur,
09:54notamment pour les élèves qui habitent dans les quartiers proches,
09:57pour certains très défavorisés.
10:00Tout est bouché. Les arbres sont tombés.
10:02J'ai deux arbres qui sont tombés sur la maison.
10:04Il y a des fuites. Il y a des toits qui se sont soulevés,
10:06qui se sont éventrés, même sur les maisons en dur.
10:08Déjà, quand on constate que les maisons sont considérées solides,
10:12évidemment, on sait pertinemment que les bangas sont complètement décimés.
10:17On s'accueille mutuellement pour s'épauler
10:22et être le plus solidaire possible les uns les autres.
10:25Ce qui est très inquiétant, c'est qu'il y a beaucoup de personnes
10:28qui vivent dans les bangas,
10:30qui ne se sont pas forcément manifestées juste après.
10:33Sanlor, c'était la première nuit sous couvre-feu,
10:36qui était demandé, on le sait, par les habitants,
10:38pour regagner un peu de sécurité.
10:42Oui, pour regagner la sécurité.
10:45Un couvre-feu imposé de 22h jusqu'à 4h du matin,
10:49mais aussi pour permettre aux autorités de travailler plus sereinement.
10:52Parce qu'ici, sur l'île de Mayotte, les urgences vitales sont partout.
10:57Il n'y a plus d'eau courante, ni d'électricité,
11:00ni d'accès à la nourriture.
11:03Juste derrière moi, par exemple, vous voyez une file de personnes
11:06qui sont en train de faire la queue.
11:08Elles espèrent pouvoir retirer de l'argent pour ensuite aller
11:12dans les supermarchés qui auraient encore des provisions
11:15pour acheter de la nourriture.
11:18Sur ces images, également de Dominique Tiberto,
11:21vous voyez Kaweni.
11:23C'est l'un des quartiers les plus pauvres de Mayotte.
11:26Il était essentiellement constitué de bangas.
11:30Ce sont des habitats très précaires, faits de tôle et de bois.
11:34C'est un quartier qui a été broyé par les rafales.
11:37Il est totalement parti en confettis.
11:39Il ne reste plus rien.
11:41Ces habitants sont allés se réfugier notamment dans des lycées
11:45pour avoir un toit au-dessus de leur tête,
11:48mais toujours pas d'eau ni de nourriture.
11:51Il y a très peu d'informations sur les distributions en cours
11:55pour éviter notamment des émeutes.
11:58Il y a une concentration d'habitants en un seul endroit.
12:02Une situation donc très précaire à Mayotte
12:05où les habitants manquent absolument de tout.
12:08Vous les avez rencontrés, vous les avez vus,
12:10vous avez entendu leur détresse depuis hier,
12:12notamment ce que vous a raconté Abdallah.
12:17Oui, tout à fait.
12:19On a vu deux familles à Petite-Terre.
12:21C'est l'autre île de Mayotte là aussi.
12:23Il n'y a plus rien après le passage du cyclone.
12:26On a croisé cette femme.
12:28Elle était avec ses enfants assis sur les quatre chaises.
12:31C'est tout ce qu'il reste de sa maison.
12:33Quand on est arrivés, on s'est dit
12:35que c'était une maison en construction
12:37avec simplement les fondations.
12:39Non, c'est une maison qui avait été soufflée par le cyclone.
12:42Elle n'avait plus rien.
12:44Elle a trouvé une chambre à 450 euros
12:47pour loger ses enfants ainsi que le reste de sa famille.
12:51Elle nous a dit qu'elle avait les moyens,
12:53mais que beaucoup de familles autour d'elle
12:55n'avaient même pas cette possibilité
12:57de payer cette somme pour se mettre à l'abri.
12:59Il y a eu aussi ce témoignage de cette femme
13:01dans le quartier de la Vigie,
13:03un autre quartier très précaire de Petite-Terre,
13:06où selon les dires des habitants,
13:08près de 40 personnes auraient perdu la vie.
13:10Nous n'avons pas pu vérifier cette information sur place.
13:14En tous les cas, la femme que nous avons rencontrée là-bas
13:17nous a montré aussi son terrain.
13:19Eux, ils sont déjà sur le temps de la reconstruction.
13:21Ils récupèrent des tôles, des morceaux de bois
13:23pour tenter de se construire un abri de fortune
13:26parce qu'hier encore,
13:28ils dormaient à la Belle-Etoile avec leurs quatre enfants.
13:32C'est avec Dominique Hibberto, envoyée spéciale de BFM TV.
13:34Alors que vous parliez, on voyait justement derrière vous
13:36ces camionnettes avec justement des tôles.
13:40On écoute ce témoignage.
13:42On est partis à la dernière minute.
13:45La maison était déjà en train de découler.
13:48Là c'était un salon.
13:50On avait un couloir là.
13:52Je ne sais pas quoi dire.

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