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00:0013h-14h, Europe 1-13h, 13h46 sur Europe 1, Europe 1-13h, dernière partie avec vous Céline Giraud et aujourd'hui le journaliste Ivan Rioufol et le chroniqueur politique Olivier Tartigolle.
00:11Et avec vous les amis, j'avais envie de revenir sur cette visite historique, je ne sais pas si vous l'avez suivie, du Pape à Ajaccio, c'était très impressionnant, cette ferveur populaire.
00:20Je rappelle que 90% des habitants de l'Île-de-Beauté se disent catholiques, la pratique religieuse est fervente, totalement imbriquée dans la vie politique.
00:29Alors le Pape n'avait pas voulu venir à Notre-Dame, pour les raisons qu'on avait déjà évoquées ici, il préfère généralement les périphéries, il avait choisi Marseille en disant je suis à Marseille mais pas en France, Strasbourg est désormais la Corse.
00:40La conception française de la laïcité est finalement assez difficile à saisir pour de nombreux étrangers, le Pape justement a choisi.
00:48Moi j'ai compris le message politique du Pape, c'était naturellement un message spirituel incontestablement, c'était une ferveur pour rendre hommage à une ferveur enracinée, ce qui était déjà un premier message, de dire qu'il y avait une ferveur enracinée dans un territoire, la Corse en l'occurrence.
01:02Et le message politique que j'ai vu moi, c'était celui d'une recherche de proximité, précisément on revient avec le débat précédent, c'est-à-dire que tant les hommes politiques se sont maintenant détachés de leur électorat,
01:14le Pape a voulu montrer lui que quand il y avait une sincérité, en l'occurrence une sincérité religieuse, il ne fallait pas précisément que les puissants s'écartent de la foule.
01:24Or c'est ce que l'on avait vu avec l'inauguration de Notre-Dame, où la foule avait été tenue très à l'écart dans le fond de cette cérémonie mondaine, et d'ailleurs le Pape a de plusieurs reprises parlé de cette mondanité qui l'exaspérait,
01:35et j'ai mieux compris pourquoi le Pape n'avait pas voulu assister à cette cérémonie-là, cette cérémonie des puissants écartés de la foule, des fidèles qui étaient très éloignés de la cathédrale.
01:43Or là, on a vu qu'il prenait plaisir justement à frôler, parce qu'à la foule il était à un mètre de lui, à frôler précisément ce peuple corse.
01:51Et il était totalement protégé aussi par les Corses.
01:53Protégé par les Corses, en effet, il n'y a pas eu un seul incident, et je pense que les politiques voyant ça ont dû palir de jalousie en se disant qu'il était impossible pour eux de susciter un tel enthousiasme,
02:02ce que l'on imagine Emmanuel Macron dans une foule avec des gens qui présenteraient leur bébé.
02:06Enfin, on voyait bien qu'il y avait donc quelque chose de très positif, de très sympathique,
02:10et en même temps qui pour le monde politique, pour faire la liaison, doit les obliger à se remettre en question sur leurs propres sentiments, leurs propres sensibilités.
02:25Il s'agit en effet d'un pape très politique, alors il y avait en effet ce rendez-vous sur la piété populaire dans le bassin méditerranéen.
02:33Le pape a été, il ne faut pas l'oublier, fortement critiqué du fait de son absence à la réouverture de Notre-Dame.
02:43J'ai souvenir d'éditorialistes, d'émissions où véritablement l'absence du pape a été très commentée, négativement.
02:53J'ai l'impression que son choix était le bon. Il avait peur d'une enflure du côté de Paris, il avait peur d'être un peu l'otage d'une prise de parole d'Emmanuel Macron.
03:05La relation entre les deux est assez complexe. Moi j'ai beaucoup apprécié, je dois vous dire que j'aime bien ce pape et j'adore Ajaccio.
03:13J'ai bien aimé quand il a rappelé au grand de l'église qui était face à lui qu'il ne fallait pas être vaniteux,
03:20qu'il fallait tous les matins se re-questionner, qu'il les a encouragés véritablement à retrouver de la proximité.
03:29C'est assez amusant de voir le monde politique tel que François Bayrou dire il y a le mur de verre
03:35et le pape fait la démonstration grandeur nature à l'échelle d'une ville comme Ajaccio que pour lui ce plafond de verre n'existe pas et que l'humanité est à portée de main.
03:45Et quand il évoque la laïcité française, il dit à la coloration héritée des lumières beaucoup trop fortes, conduisant selon lui à présenter les religions comme une sous-culture.
03:53C'est ce qu'il a dit.
03:55Sur la laïcité, je n'ai pas bien saisi exactement quel était son message, sinon que la laïcité est intrinsèque au catholicisme.
04:00C'est la laïcité, c'est le catholicisme qui a inventé la laïcité. Mon royaume n'est pas de ce monde.
04:04A Paris, à Strasbourg, à Saint-Etienne, à Lyon ou à Bordeaux, dès qu'on met un santon, une crèche ou un sapin de Noël, ça devient une affaire d'Etat.
04:12Je ne sais pas s'il n'y avait pas un double discours dans lequel il aurait voulu transiger sur cette laïcité,
04:18en essayant de faire comprendre également que cette nouvelle religion qui est la religion de l'islam doit également avoir des accommodements.
04:24Il faudrait approfondir ce discours qui me semblait si bilingue.
04:28Mais ce que j'ai apprécié en revanche, en parlant de laïcité malgré tout, c'est que l'Etat a été représenté par Nicolas Sarkozy
04:34et qu'il y a eu une épreuve d'humilité pour le président de la République qui a été sommée de jouer les seconds rôles
04:38en étant reçue simplement en fin de partie dans un hangar d'aéroport et rapidement,
04:44alors qu'il s'était mis au centre et deux fois de suite de Notre-Dame avec le clergé habillé en Castelbajac.
04:50Donc il y a eu là aussi quelque chose de jubilatoire si vous voulez.
04:54Et d'ailleurs vous avez noté que les pontifs étaient tous en rose.
04:58Ils étaient tous en rose, ils étaient charmants.
05:00Vous savez pourquoi ? Parce que figurez-vous que les chasubles roses, c'est une couleur liturgique utilisée seulement deux fois dans l'année lors du troisième dimanche de l'Avent.
05:07Voilà pourquoi.
05:09Ça allait bien, c'était assez gai.
05:11Castelbajac aussi c'est très gai.
05:13C'est autre chose.

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