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00:00Bonjour à toutes et à tous, dans cette vidéo je vais vous raconter l'histoire d'un homme qui figure parmi les 13 plus grands
00:05artistes de l'histoire du Moulin Rouge, aux côtés d'Edith Piaf, de Jean Gabin ou encore d'Inox Tagg. Mais non, ce dernier exemple n'était pas vrai,
00:11comme vous pouvez le voir, je suis complètement déluré.
00:13Un artiste qui engrangeait plus de 20 000 francs par jour à la fin du 19e siècle, soit
00:19environ 4000 euros sans l'inflation. Sans l'inflation ça veut dire que c'est pas du tout représentatif de faire ce genre de conversion. Est-ce que c'est beaucoup ?
00:25Non, c'est pas beaucoup.
00:27C'est très beaucoup. Une page wikipédia disponible en plus de 25 langues, quand celle d'Harry Roselmach n'en compte que trois.
00:34Rendez-vous compte ! Comment ? Aucun rapport ? Aujourd'hui on va parler d'un homme dont vous ignorez très probablement
00:39l'identité, mais dont vous connaissez toutes et tous le petit sobriquet. Quelqu'un qui, touché par la grâce, a su faire de son don un art.
00:46Aujourd'hui on va parler de Joseph Pujol, aussi connu sous le nom du pétomane.
00:51Notre histoire débute à la Belle Époque, une période qui court de la fin du 19e siècle jusqu'aux années 1920.
00:56La Belle Époque, c'est une période de paix. Les français vont bien, le pays va bien, on invente plein de trucs plus ou moins cool comme
01:02l'aviation, l'automobile ou encore la colonisation, pour ce qui est des trucs pas cool. Et c'est dans ce contexte de joie et d'allégresse
01:08que se développent les arts et la fête. Et c'est marrant parce que dit comme ça, on dirait que c'est vraiment tout le pays qui
01:12vit sa meilleure vie, mais vraiment non. C'est que la petite bourgeoisie qui vit sa meilleure vie.
01:16En Provence, c'est la galère quoi. On meurt du choléra, dès qu'il y a quelqu'un qui est ternu ou qui se mouche, tout le monde flippe.
01:22Vraiment aucun rapport avec notre époque. Et à Marseille, en 1857, naît le petit Joseph Pujol au sein d'une famille originaire de
01:28Catalogne et qui compte 5 enfants. C'est à l'âge de 8 ans que Joseph découvre, lors d'une baignade, qu'il est capable d'aspirer de l'eau
01:34par son anus. Et c'est déjà une belle vidéo. À l'âge où moi-même, je découvrais le bug de cramant de l'eau,
01:41Joseph, lui, découvre les prodiges du corps humain. Il découvre que lorsqu'il est immergé et qu'il retient sa respiration,
01:47il se remplit d'eau. Comment ça se fait ? Ben écoutez, c'est très simple. En fait, tout commence par un printemps,
01:52sa respiration s'éloigne, qu'elle est dans le géant d'Artagnan, et paf, ça fait Zumba café.
01:57Voilà, j'espère que c'est clair pour tout le monde, mais rendez-vous compte, à ce moment-là, Joseph, il ne dit pas que c'est un prodige
02:02et qu'il peut devenir une star du musical à la capitale. Il ne connaît pas encore le potentiel qu'il a.
02:07Ce qui m'étonne d'ailleurs, ça fait quand même un moment qu'on sait qu'un bon pet, c'est rigolo.
02:12Je ne vous l'apprends pas, l'armée crée des vocations, et pour cause, c'est au service militaire que Joseph s'amuse
02:17à faire rire toute la chambrée avec son derrière. Je cherche des synonymes, il n'y en a pas 50 non plus.
02:24Avec des pets de différentes intensités, et paraît-il, des imitations. C'est-à-dire que moi, là maintenant,
02:29je vous fais une imitation avec la bouche, c'est éclaté au sol, tout de suite une preuve,
02:33Et lui, c'est avec son... Quand je vous dis que c'est un prodige.
02:35Après quelques représentations à Marseille, il voit que son nom plaît.
02:38C'est pourquoi Joseph délaisse son emploi de boulanger à Marseille pour tenter sa chance au musical à Paris.
02:43Il a alors 33 ans. Dès son arrivée, il va taper à la porte de Charles Hiddler, qui est le co-fondateur du Moulin Rouge,
02:48autrement dit une giga-rosta de la fin du 19ème.
02:51La championne du musical, c'est Joseph.
02:53C'est-à-dire qu'il est le premier artiste à faire des imitations.
02:56La chanteuse Yvette Gilbert, on l'embrasse, raconte dans ses mémoires la rencontre entre Charles Hiddler et Joseph Pujol,
03:02et c'est assez cocasse.
03:04Il explique à Charles Hiddler qu'il a, je cite,
03:06« l'anus aspirateur ».
03:08Et c'est la monétisation qui vient de nous quitter !
03:10On dirait un nom de maladie un peu dégueu, mais pas du tout.
03:12Son anus serait d'une telle élasticité qu'il pourrait l'ouvrir ou le fermer à volonté,
03:16aspirer de l'eau, et ainsi la propulser.
03:18Son autre don est la, imaginez la,
03:20« Je peux faire des gaz inodorants à volonté,
03:22je peux moduler mes pets pour faire le baritone,
03:24le ténor, la basse, la belle-mère, et j'aime pas ça.
03:26Ça vous... ça vous intéresse ?
03:28C'est bon pour moi. Eh ben, pécable ! »
03:30Tout ceci est une citation du bouquin de Yvette, hein.
03:32Yvette...
03:34Charles Hiddler engagea immédiatement Joseph Pujol au Moulin Rouge,
03:37sous le pseudonyme de Maître Gims.
03:39Pas du tout, je déconne.
03:40Sous le pseudonyme du pétomane.
03:42Le seul artiste à faire des imitations de Joseph Pujol,
03:44c'est Yvette Gilbert.
03:46C'était la vraie phrase, ouais.
03:48Et d'ailleurs, quand je le dis immédiatement,
03:50c'est vraiment le soir même de leur rencontre.
03:52Joseph, qui connaît si bien l'entrée des artistes,
03:54entre enfin par la grande porte du Moulin Rouge.
03:56Et c'est d'ailleurs l'un des tout premiers artistes à y jouer,
03:58puisque le lieu n'a ouvert que le 6 octobre 1889,
04:007 mois après la Tour Eiffel,
04:02mais 6 ans avant le cinéma.
04:04Et le pétomane débute le 11 février 1890,
04:06et devient rapidement la coqueluche du tout premier artiste.
04:08Et c'est là qu'il se trouve,
04:10qu'il se trouve qu'il n'y a pas de pétomane.
04:12C'est le 11 février 1890,
04:14et devient rapidement la coqueluche du tout Paris.
04:16On raconte... Bon, on raconte beaucoup de choses,
04:18et il n'y a pas beaucoup de sources. Je préfère vous prévenir.
04:20On raconte qu'on a dû placer des infirmières
04:22directement dans la salle,
04:24tellement les dames riaient et s'étouffaient,
04:26enfermées dans leur corset.
04:28D'autant qu'à l'époque, les microphones,
04:30c'est pas exactement une technologie de pointe.
04:32Aujourd'hui, on imagine des salles immenses,
04:34mais à l'époque, il fallait que l'acoustique soit bonne pour tout le monde,
04:36donc on avait plutôt droit à des salles de taille modeste.
04:38Le pétomane, il faisait des sons d'artillerie,
04:40il jouait la marseillaise, au clair de la lune.
04:42Je suis sûr qu'il aurait été hyper balèze au beatbox.
04:44Il aurait aussi été capable de fumer une cigarette
04:46et de jouer de la flûte.
04:48Par l'arrière, hein. Par l'avant, ça n'a aucun intérêt.
04:50Enfin bref, Joseph élève la pétomanie
04:52au rang d'art.
04:54Et avec un numéro pareil, vous vous en doutez,
04:56c'est la gloire. Il part faire des tournées dans plusieurs pays,
04:58il joue même devant le roi des Belges, Léopold II.
05:00Léopold... II.
05:02Léopold II.
05:04Léopold II. Merde.
05:06J'ai même trouvé des sources où on dit qu'il voulait entrer en politique.
05:08Ça aurait fait des beaux meetings.
05:10Mais tout ça ne dure qu'un temps. Un gros temps, mais un temps quand même.
05:12A partir de 1894,
05:14il se brouille avec le Moulin Rouge,
05:16qui lui avait pourtant ouvert ses portes quelques années plus tôt.
05:18Joseph Pujol ouvre son propre théâtre,
05:20le Pompadour, et goûte au bonheur
05:22de l'indépendance. Il aurait dit
05:24je pèterais moins haut, mais librement.
05:26Et en plus, il avait une plume. Bon bah là-dessus, le Moulin Rouge
05:28lui intente un procès que Pujol va perdre
05:30et il sera condamné à verser 3000 francs hors
05:32de dommages et intérêts. Mais rassurez-vous,
05:34le pétomane continuera à jouer de son instrument avant
05:36pendant de nombreuses années, avec toujours
05:38plus ou moins de succès, même si sa gloire
05:40du Moulin Rouge restera derrière lui.
05:42Après 30 ans de métier, Joseph Pujol meurt
05:44d'implosion sur scène. Non je déconne,
05:46j'adorerais, j'adorerais que ce soit
05:48la fin de cette histoire, mais non.
05:50C'est un peu plus compliqué que ça, malheureusement. Enfin malheureusement,
05:52heureusement pour lui, mais malheureusement pour
05:54pour le Watchtime, quoi.
05:56Vous vous rendez compte ? 30 ans de pétomanie.
05:58C'est-à-dire que lui, sa carrière, c'est plus que ma vie,
06:00mais lui, c'est que des...
06:02devant des centaines de gens. Quelle vie, quelle carrière,
06:04quelle carrière ? Abonnez-vous.
06:06On peut trouver ça cocasse comme talent, et c'est bien sûr
06:08ce qui m'a donné envie de faire cette vidéo.
06:10Ok, Joseph Pujol a eu un don, mais le tout
06:12est d'arriver à en faire quelque chose. Et Joseph,
06:14lui, avec ce don, il a réussi
06:16à devenir une gloire de la Belle Époque.
06:18Mais, bizarrement, quand t'arrives 1914,
06:20l'ambiance n'est plus trop à la pétomanie.
06:22Non, plutôt à la
06:24première guerre mondiale.
06:26Les français n'ont pas vraiment le cœur à aller voir Joseph péter
06:28sur scène. Sûrement l'une des plus belles phrases
06:30que j'ai dit de ma vie. Alors le pétomane va progressivement
06:32se retirer de la scène et rentrer à
06:34Marseille pour retrouver son ancien métier de boulanger.
06:36Il mourra en 1945
06:38de sa belle mort à l'âge de 88 ans, dans
06:40l'anonymat. Dans cette vidéo, vous vous êtes
06:42peut-être demandé, mais pourquoi est-ce que je n'ai pas mis d'extrait
06:44des prouesses de Joseph Pujol ?
06:46C'est facile de dire que le mec, il faisait des tonnerres et au clair de
06:48la lune, mais on veut des preuves.
06:50Il n'y en a pas. Il y a 108 ans, les techniques
06:52d'enregistrement étaient possibles, mais complexes
06:54et personne n'a eu, semble-t-il, le réflexe
06:56d'enregistrer les sonates
06:58de ce bon vieux Joseph, achevant de laisser
07:00son oeuvre dans l'oubli. Et c'est peut-être ce que
07:02je trouve le plus fascinant dans cette histoire.
07:04On parle d'un artiste qui, grâce à un don
07:06qui prête plus au rire ou à la moquerie, a
07:08réussi ce que personne d'autre n'a réussi.
07:10Et même de nos jours, je ne suis pas certain que
07:12demain, je tente ma chance à Paris, que je devienne
07:14l'artiste le plus prolifique de la capitale.
07:16Alors d'accord, ce n'est pas la même époque, mais quand même !
07:18Et je serai encore moins certain de durer
07:20trois décennies. Et pourtant, il est tombé dans l'oubli.
07:22Plus personne ne pourra jamais
07:24entendre les prouesses de ce boulanger
07:26de Marseille, applaudi au Moulin Rouge
07:28par toute la bourgeoisie parisienne
07:30qui en fait des malaises de l'entendre jouer de la
07:32flûte avec son cul.
07:34Voilà pour l'histoire du Pétoman, j'espère que ça vous aura
07:36plu. C'est un peu la première fois que je teste ce genre
07:38de format, donc n'hésitez pas à me dire si ça vous a plu
07:40dans les commentaires. Et n'hésitez pas évidemment à
07:42liker cette vidéo, à la partager. J'ai pas vous demandé
07:44d'allumer la cloche, parce que moi-même, c'est un truc que je fais
07:46pas, mais si l'envie vous prend, faites-le, parce qu'apparemment
07:48l'algorithme, il adore ça. C'est un soutien !
07:50C'était CHP, je vous dis à très bientôt.
07:52Bisous !
07:58Musique
08:00...