🇨🇲 "Le moment le plus marquant de ma vie, c'est quand les Camerounais ont fait de moi ce que je suis aujourd'hui."
On a rencontré Lady Ponce, la reine du Bikutsi. Elle avait tellement d'anecdotes à nous raconter ! On en a gardé cinq rien pour vous !
On a rencontré Lady Ponce, la reine du Bikutsi. Elle avait tellement d'anecdotes à nous raconter ! On en a gardé cinq rien pour vous !
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00:00Les moments les plus marquants dans ma vie, c'est quand le Cameroun tout entier a fait de moi ce que je suis devenue aujourd'hui.
00:07Ce n'était pas une histoire d'être aiguë, c'était une histoire d'une jeune fille qui sortait de nulle part et qui est venue avec cette voix mélancolique,
00:16cette voix tellement profonde qui a captivé les Camerounais et ensuite les Africains.
00:22Ce Cameroun unique qui a fait de moi ce que je suis.
00:31Un des moments qui m'a le plus marquée dans ma carrière, c'est quand j'étais enceinte et la rumeur que j'étais morte en accouchant.
00:39J'ai accouché mon fils, je crois, deux semaines en avance.
00:43C'est ma famille qui m'appelle, mais c'est quoi cette histoire ?
00:45Ils ne m'ont pas appelé directement, ils ont appelé le papa de l'enfant pour lui dire, écoute, est-ce que c'est vrai ? Comment va notre soeur ?
00:53C'est là où elle dit, mais votre soeur va bien, elle est à la maison ?
00:56Ma soeur m'appelle, j'ai eu ma soeur une fois qui m'a dit, mais c'est grave, tout le Cameroun, les radios parlent que tu es morte d'accouchement.
01:02Même le papa de l'enfant, il était dépassé. Heureusement qu'il était dans le corps médical.
01:05Dieu merci, j'ai accouché de mon fils qui a 13 ans aujourd'hui.
01:10De façon saine, tout s'est bien passé ?
01:12Tout s'est bien passé pour mon fils, mais moi quand on m'est arrivé à l'hôpital, à un moment, ma tension a chuté.
01:17Par rapport à tout ce que je vivais émotionnellement, par rapport à tous ces rumeurs, par rapport à tous ces tralala et tout.
01:22Je tiens à tirer cette sonnette d'alarme, c'est bien beau les rumeurs.
01:27Mais les gens, ils ont toujours cette tendance à dire que non, c'est une célébrité, elle doit comprendre que voilà.
01:33Non, nous sommes des humains.
01:35Vous détruisez les gens, vous détruisez les vies des gens.
01:38Vous pouvez même pousser des gens au suicide, vous ne vous rendez pas compte.
01:45Vous savez, l'Olympia, je devais le faire en 2020.
01:48Le Covid est arrivé.
01:50On est obligé de reporter la date.
01:52On met la date en 2021.
01:542021, une autre épidémie de Covid plus violente encore nous impose.
02:01Là, je n'arrive même pas à m'envoyer, on nous envoie des choix de date en 2022, je n'arrive même pas à choisir des dates.
02:07Personne n'a demandé à être remboursé.
02:10Malgré le sabotage, les gens qui demandaient qu'on les rembourse leur vie, personne n'est allé demander.
02:16L'avantage, c'est que tu te rends compte que les gens de 2020 jusqu'en 2022, la moitié de la salle de l'Olympia, plus de 1000 places, ils ont gardé leurs billets.
02:25Quand on a dévoilé la dernière date, on a vendu toutes les places, tous les billets.
02:30Et les Camerounais, comme ils s'étaient atteints toujours la dernière minute, ils pensaient qu'on blaguait quand on a affiché complet.
02:38On avait plus de 500 personnes dehors, sans billet.
02:42Et c'est là où j'ai témoigné que les Camerounais m'aimaient beaucoup.
02:45Ça veut dire que quand ils racontent même des conneries sur moi, c'est parce qu'ils ont trop d'amour à donner, ils ont trop d'amour pour moi.
02:51Le truc le plus fou, alors c'est Samuel.
02:54Il me dit, je ne pourrais pas être à ton spectacle et tout et tout.
02:58Et je suis comme ça, là, en train de me maquer.
03:00Le jour du spectacle, parce que moi, je ne savais même pas qu'il était là.
03:02C'est mon grand frère qui m'appelle et me dit, écoute, ton frère est là.
03:07Je demande à la sécurité d'aller le chercher. Je viens dans tes loges, je ne vais pas le chercher derrière.
03:11Mon frère, là, quand il s'amène dans les loges, il est avec Samuel.
03:16J'ai presque pleuré, j'étais...
03:18Et il est venu en scooter.
03:20Je lui ai dit, mais tu m'as dit que tu devais être dans tel pays.
03:23Il m'a dit, mais tu ne connais pas les surprises.
03:25Tu ne vas pas jouer à l'Olympia, je ne viens pas te soutenir.
03:27Je me dois de te soutenir.
03:32C'était un mariage.
03:33C'est là que je sais que j'étais star.
03:35À mes débuts de carrière, je venais de sortir mon deuxième album, Confessions.
03:40Quand j'ai décidé de reprendre ma vie en main.
03:43J'arrive à l'hôtel.
03:45Ah là là!
03:46C'est là que j'ai su même qu'il y avait la sécurité pour escorter les artistes.
03:49On envoie la sécurité catégorique comme ça, on m'escorte.
03:53On me met dans des loges, les bouteilles de champagne.
03:56Mon équipe a même pris les bouteilles de whisky.
03:58On a capturé aussi, on est parti avec.
04:03On avait demandé le montant qu'on avait demandé.
04:05Le monsieur l'a multiplié fois deux avec sa femme.
04:08Et avant qu'on ne joue, la mariée, la dame, elle a quitté ses loges, sa chambre.
04:14Elle est venue dans mes loges.
04:15Elle m'a dit à quel point elle est sûre que je vais révolutionner le Mikotsi.
04:21Elle croit vraiment en moi.
04:23J'ai un potentiel, mon énergie, tout le monde est positif.
04:27Et elle m'a, tout le monde, dit des bonnes choses.
04:29C'est là que je dis que quand quelqu'un est bien élevé, bien éduqué,
04:33il peut te permettre aussi que toi, même toi, ton cerveau change.
04:37C'est de la façon que ces gens-là m'ont accueillie dans leur mariage.
04:41J'ai compris que maintenant, je peux aussi devenir quelqu'un et devenir quelqu'un derrière quelqu'un.
04:44C'est comme ça que ça a changé ma vision de voir des choses, ma vision de faire des choses.
04:54Mon vrai grand premier spectacle dans une grande salle seule, en tête d'affiche seule,
04:59La Cigale, c'était en 2017.
05:01Il a fallu 14 ans pour que je puisse avoir le courage d'affronter seule une salle de plus de 1000 places.
05:08C'était beaucoup de stress.
05:10Malheureusement, un jour avant, il y a eu tout ce qui se passe au Noso aujourd'hui.
05:14Il était hors de question pour moi de finir de faire le spectacle sans penser à mes frais du Noso.
05:19En tant qu'artiste ambassadrice, j'étais obligée de jouer mon rôle.
05:24Et après le spectacle, j'attendais plus des applaudissements, des acclamations,
05:29que voilà, bravo de représenter valablement.
05:32J'ai surtout eu, qu'est-ce qu'elle veut faire, elle veut montrer quoi, et tout, et tout.
05:36À cette période-là, je le dis, et vraiment aujourd'hui, j'ai dit, j'ai atteint un âge où je dois dire les choses sans langue de bois.
05:44Beaucoup de francophones ne se sentaient pas concernés par rapport à ce qui se passait au Noso.
05:49Aujourd'hui, je suis fière que le Cameroun se retrouve à comprendre qu'on est tous unis et on est tous dans la même herbe.
05:56Quand ça frappe, peu importe, nous sommes tous Camerounais.
05:59C'est la colonisation qui est venue nous diviser, francophones, anglophones. Nous, on ne connaît pas ça.
06:07Le moment le plus marquant de ma carrière, c'est d'avoir perdu mon communicateur, Alain Bobin.
06:15Lui-là, il était tout pour moi.
06:18Chacun dans son équipe a son noyau fort. Lui, c'était le noyau fort de mon équipe.
06:25Et quand il est parti, beaucoup d'artistes, je ne citerai pas leur nom, ils ont appelé sa famille.
06:30Ils ont dit, je l'ai avancé devant pour que l'album prenne, pour que voilà, et tout, et tout.
06:36Trop de conneries, en fait.
06:37Et sa famille m'appelle et me dit, écoute, Lady Ponce, on n'a aucun problème avec toi.
06:41Nous, nous sommes des Bafias.
06:43Si tu connais quelque chose sur la mort de notre frère, nous te demandons de ne pas venir.
06:47Parce que quand tu vas traverser la rivière qui va chez nous, tu ne vas plus revenir.
06:51Mais si tu ne connais rien, viens au dé.
06:53Dès que tu vas traverser pour rentrer, tu vas au dé.
06:56Tu seras la prochaine, on va t'enterrer.
06:58Tu vas suivre notre frère.
07:00J'ai dit à son grand frère, qui est un patriage, lui, que moi, je n'ai pas de soucis.
07:05Je vais enterrer mon frère, mon ami.
07:08J'essaierai au dé.
07:10J'ai un ancien danseur qui ne faisait même plus partie de mon groupe, qui est mort.
07:13Ça faisait 10 ans, il ne travaillait plus pour moi.
07:15Mais ça ne les a pas empêchés de mettre cela sur moi.
07:18C'est des moments qui nous affectent.
07:20C'est des moments qui affectent énormément.
07:22De savoir que tu connaissais la maladie que telle personne avait.
07:26Et que tu lui as dit, va te faire opérer, va te faire soigner, va suivre ton traitement.
07:31Et la personne te dit que non.
07:33On m'a dit que ma tante, c'est ma tante qui m'a lancé ça au village.
07:36Est-ce que vous comprenez un peu dans quelle logique nous vivons avec ces enfants-là?
07:40Qui sont nos danseurs, qui sont parfois nos collègues.
07:43Quelqu'un te dit tout simplement qu'on lui a lancé le diabète au village.
07:47Comment tu fais?
07:49Comment tu peux aider une personne comme ça?
07:51Qui dans sa tête, dans sa logique, il sait que...
07:56Il va te dire qu'on lance toutes les maladies dans la sorcellerie.
07:59Mais même si on te lance la maladie dans la sorcellerie, il va d'abord quand même suivre ton traitement chez le médecin.
08:05Si Dieu a donné le pouvoir aux gens, il a aussi donné le pouvoir aux médecins de pouvoir nous soigner.
08:10Alors, un petit a cappella pour finir.
08:12Bébé, ce qu'ils pensent de moi, ça ne me regarde pas.
08:17Ce qu'ils disent sur moi, ça ne me concerne pas.
08:23C'est ce que toi, tu penses de moi.
08:26C'est ça qui m'intéresse.
08:29C'est ce que tu dis sur moi.
08:32C'est ça qui pourra nous détruire.
08:34D'où même que l'eau de la mer n'est pas salée.
08:38Doutes de tout bébé, doutes même de la couleur du ciel.
08:43Ne doutes jamais de moi.
08:45Ne doutes jamais de moi, oh bébé.
08:51Ne doutes jamais de ma loyauté.
08:54Bye bye.