• la semaine dernière
Une famille française sur quatre est une famille monoparentale, où un parent assure, seul, la charge de ses enfants. Ce sont très majoritairement des femmes, des mamans solos... Leur vie quotidienne est marquée par la précarité et la solitude.
Pour échanger autour de cette problématique, Jean-Pierre Gratien reçoit Agnès Canayer, ministre déléguée chargée de la Famille et de la Petite Enfance, François de Singly, sociologue spécialiste de la famille et professeur émérite à l'université Paris-Descartes, et Johanna Luyssen, cheffe adjointe du service société de Libération.

LCP fait la part belle à l'écriture documentaire en prime time. Ce rendez-vous offre une approche différenciée des réalités politiques, économiques, sociales ou mondiales....autant de thématiques qui invitent à prolonger le documentaire à l'occasion d'un débat animé par Jean-Pierre Gratien, en présence de parlementaires, acteurs de notre société et experts.

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Transcription
00:00:00Générique
00:00:02...
00:00:16Bienvenue à tous.
00:00:17Une famille française sur 4 est une famille monoparentale,
00:00:20où un parent seul assure la charge de ses enfants.
00:00:23Parmi eux, très majoritairement des femmes,
00:00:26des mamans solos.
00:00:27Au teinté de solitude et souvent fait de précarité,
00:00:30voilà à quoi ressemble le quotidien de certaines d'entre elles
00:00:34à travers le documentaire exclusif qui va suivre
00:00:37Maman solo, les oubliés de la République,
00:00:40réalisé par Réjean Varod.
00:00:42Je vous laisse le découvrir
00:00:44et je vous retrouverai juste après, sur ce plateau,
00:00:47aux côtés de l'ancienne ministre déléguée
00:00:49chargée de la famille et de la petite enfance
00:00:52du gouvernement Barnier, Agnès Canaillé,
00:00:54du sociologue François de Saint-Glis
00:00:56et de la journaliste Johanna Luysen.
00:00:59Avec eux, nous nous interrogerons sur les conditions de vie
00:01:02de ceux et surtout de celles qui doivent assurer seuls
00:01:05l'avenir de leurs enfants. Bon doc.
00:01:08Musique douce
00:01:11...
00:01:12Je peux prendre ma pochette, ou pas, Loulou ?
00:01:14...
00:01:20...
00:01:37...
00:01:47Je te vois, Mao.
00:01:48...
00:01:50Je te vois, Koki. Viens.
00:01:52...
00:01:59T'as vu, t'as vu, Loulou te fait coucou.
00:02:01...
00:02:04Ca va, mon chou ?
00:02:05...
00:02:12J'ai rencontré Romain
00:02:15quand je me suis installée à Lyon.
00:02:18Et voilà, on a été huit ans ensemble.
00:02:21Et on a eu deux enfants.
00:02:24En fait, je pense que...
00:02:27il a voulu un deuxième enfant
00:02:29et que dès que ça a été concret,
00:02:32il y a, je sais pas, un truc à lâcher en lui et tout,
00:02:35et que du coup, là, avec du recul,
00:02:37je me rends compte qu'il s'est désintéressé
00:02:39dès le début de la grossesse, il n'était pas très investi.
00:02:42Après, il était présent, il a fait ce qu'il fallait.
00:02:46On a acheté l'appart, il a fait les travaux,
00:02:48tout bien comme il faut, poser le papier peint,
00:02:51tout matériellement, voilà.
00:02:53Mais après, pour...
00:02:56Oui, pour...
00:02:59Pour m'aider pendant ma grossesse, il n'était pas là.
00:03:02Après, quand on est rentrés à la maison,
00:03:05il a pris son congé parental.
00:03:07Quatre jours après, il est parti faire une formation
00:03:10pendant son congé parental, parce qu'il avait envie de la faire.
00:03:13Il s'est pas questionné.
00:03:15J'avais ma césarienne, je pouvais pas porter...
00:03:17Il y a des marches pour sortir de l'immeuble,
00:03:20je pouvais pas porter la poussette.
00:03:22Elle a pas questionné de savoir comment j'allais faire
00:03:25pour emmener Maho et Louison à l'école.
00:03:27Il est revenu en étant extrêmement distant.
00:03:29Euh...
00:03:31Je l'ai questionné directement, voilà.
00:03:33Et c'est là qu'il m'a dit,
00:03:35je ne sais plus si je suis amoureuse.
00:03:39Voilà. Et...
00:03:41Et deux semaines après, c'était fini.
00:03:46Oui, mais ça, regarde. On va le mettre après.
00:03:49Ça, regarde. C'est d'abord... Je te le mets là, si tu veux.
00:03:53Ça, c'est des épluches suromie. Donc, c'est poubelle.
00:03:57OK ?
00:03:58Ouais ! Trop bien, Romy !
00:04:01Merci !
00:04:06Pommes de terre. Très bien, mon coeur.
00:04:09T'aimes bien, en plus, les pommes de terre.
00:04:13Oui.
00:04:14Tu sais que je peux pas te prendre là.
00:04:16Hein ?
00:04:19C'était une histoire d'amour.
00:04:21Ça faisait pas longtemps qu'on était ensemble,
00:04:23donc on était pas encore au stade d'être amoureux.
00:04:26Mais très rapidement, on s'est dit qu'on voulait tenter l'histoire
00:04:30et qu'en tout cas...
00:04:32J'avais commencé à rencontrer un petit peu sa famille, ses amis.
00:04:36Lui, il avait rencontré aussi mes amis.
00:04:38Donc, on était...
00:04:41On avait le même âge,
00:04:43on avait, je pense, en tout cas, les mêmes valeurs.
00:04:46On voyait vraiment la vie de la même façon.
00:04:49Et...
00:04:52Et j'y ai cru, et je pense que lui aussi.
00:04:54Et après, je suis tombée enceinte, et c'était pas prévu.
00:04:57Il est sous le choc.
00:05:00Il me demande ce que je vais faire.
00:05:02Je lui dis que de toute façon, je n'avorterai pas.
00:05:05Et pourquoi ? Parce que j'ai 41 ans,
00:05:08je vais sur mes 42, que j'ai l'endométriose,
00:05:10que...
00:05:12qu'apparemment, si on avorte avec l'endométriose,
00:05:15c'est plus compliqué de tomber enceinte.
00:05:17Et puis, c'est surtout que l'avortement...
00:05:20Alors, moi, je le suis pour, à 100 %, mais me concernant,
00:05:23je crois que j'aurais mal vécu d'avoir fait un avortement,
00:05:25mais jusqu'à la fin de ma vie.
00:05:27Pour moi, c'était pas possible.
00:05:29Et on se regarde un film, et je le vois, qu'il se marre...
00:05:33Et dans ma tête, je me dis,
00:05:34mais qu'est-ce qui prend bien la chose, quoi ?
00:05:37Et moi, j'étais... J'étais pas bien du tout.
00:05:40Et je me dis, j'ai une chance folle, quand même, d'être avec ce mec.
00:05:43C'est la force tranquille.
00:05:45Et... Et puis, il était tout tendre, tout câlin avec moi,
00:05:49tout, tout, tout, tout...
00:05:51Tout ce soir-là.
00:05:52Et puis, on va se coucher.
00:05:53Le lendemain matin, il part pour aller bosser.
00:05:56Assez tendre, aussi, avec moi, le matin.
00:06:00Il part, et je ne l'ai plus jamais revu.
00:06:04Et... Et voilà.
00:06:05Et du coup, on s'est eus au téléphone, quand même,
00:06:08quelques fois après.
00:06:11Et on doit se voir une fois, on se voit pas.
00:06:13Et puis, en fait, une deuxième fois.
00:06:15Et puis, moi, en pleine hormone...
00:06:17Enfin, je pleurais tous les jours. C'était les montagnes russes.
00:06:21Et du coup, en fait, je sais pas,
00:06:24peut-être une dizaine de jours après lui avoir annoncé,
00:06:26je me dis, mais il faut, il faut qu'on se voie.
00:06:29Et donc, là, je lui dis, écoute, on se voit tel jour,
00:06:32enfin, t'es dispo, bref, on se dit, tel jour, telle date, telle heure.
00:06:36Et du coup, en fait, une heure avant qu'on se voie,
00:06:39il m'envoie un message, en fait, pour me dire...
00:06:41Il me dit...
00:06:42Coucou, désolée, désolée, je suis trop fatiguée
00:06:47pour venir te voir et discuter. Bonne soirée.
00:06:50Et là, en fait, bah, reclaque.
00:06:53Et là, en fait, je me dis, mais...
00:06:55En fait, je re-choque le choc de la grossesse dix jours avant.
00:07:01Et là, en fait, je me dis, mais putain, il me quitte, quoi.
00:07:05Et là, je lui envoie un message, peut-être deux heures après,
00:07:07je lui dis, bah, tu brilles par ta lâcheté.
00:07:09Et c'est les derniers échanges qu'on a eus.
00:07:12Ah, moi !
00:07:17Allez, tu viens, mon petit cœur ?
00:07:20On se met sur la trottinette ?
00:07:23Ouais, trop bien !
00:07:25Allez, c'est parti, mon kiki !
00:07:32On va au groupe de paroles, mon cœur.
00:07:34Hein ?
00:07:36Tu connais, maintenant.
00:07:38Tu vas jouer avec les copains et les copines en bas
00:07:40pendant une bonne heure.
00:07:42Moi, je serai en haut, en train de discuter.
00:07:45Et puis, on se retrouvera après, mais je ne suis pas loin, tu sais.
00:07:49Je suis juste en haut.
00:08:05Bonjour !
00:08:06Bonjour !
00:08:07Ça va ?
00:08:08Ouais, et vous ?
00:08:09Ouais, ça va.
00:08:20Ah, il n'y a plus pas d'argent.
00:08:21Oui, ça c'est bien.
00:08:22C'est bien.
00:08:24C'est bien.
00:08:25Il y a un boussin.
00:08:26C'est bien, mon cœur.
00:08:37On se retrouve, du coup, ce soir,
00:08:39pour une nouvelle session de notre groupe de paroles
00:08:43qu'on a l'habitude, là, depuis quelques...
00:08:46Une année et demie, à peu près, je crois, de se réunir.
00:08:49Un groupe de paroles pas tout à fait mensuel.
00:08:52C'est toutes les six semaines.
00:08:53C'est aussi un groupe qui est ouvert aux pères.
00:08:56Il se trouve que, dans la majorité des cas,
00:08:59on a plutôt des mères qui sont présentes.
00:09:02On a eu quelques pères.
00:09:04Donc, on garde quand même en tête que c'est possible
00:09:06et qu'on leur fait une place.
00:09:08Je m'appelle Leïla.
00:09:10Je suis maman d'une petite fille qui s'appelle Joanne,
00:09:12qui a quatre ans et demi.
00:09:14Son père habite à Lyon, mais il n'a pas la garde,
00:09:16donc il la voit un samedi sur deux, à peu près.
00:09:21Moi, c'est Lucille. J'ai 39 ans.
00:09:24Deux enfants, d'une fille de 4 ans à un petit garçon de 18 mois.
00:09:28Et on est en garde...
00:09:32Je sais pas quel est le terme.
00:09:35Le père les a un week-end sur deux, moitié des vacances.
00:09:38Garde classique.
00:09:40Garde classique, voilà.
00:09:42Nous sommes très classiques.
00:09:43Moi, c'est Aude, donc 44 ans.
00:09:46Donc, maman d'une petite fille, Romy, qui a 21 mois.
00:09:50Et je suis comme toi, il n'y a pas de papa.
00:09:54Il ne l'a pas reconnue.
00:09:56Et pas de famille, aussi sur Lyon,
00:09:58donc je m'en occupe tout le temps, toute seule.
00:10:01Voilà.
00:10:02Moi, c'est Suzy. J'ai 40 ans.
00:10:05J'ai un petit garçon qui a 12 ans et demi.
00:10:08Et c'est...
00:10:11Et c'est moi qui, pour l'instant,
00:10:16la garde à temps plein.
00:10:18Et son père, pour l'instant, on est sur du...
00:10:21Des visites ponctuelles,
00:10:23qui ne sont pas encore organisées de manière régulière.
00:10:29Et c'est très compliqué à vivre.
00:10:32Voilà. Et je travaille.
00:10:34Et là, je suis en arrêt, en ce moment,
00:10:37parce que ça va pas trop.
00:10:39Voilà.
00:10:41Tu vois, moi, j'ai...
00:10:43Quand j'avais repris le travail, Romy, elle devait avoir 7-8 mois.
00:10:46Et comme toi, j'ai fait un burn-out.
00:10:49Trop, trop, en fait, à tout gérer.
00:10:5135 heures, la crèche qui avait limité les horaires.
00:10:54J'avais une baby-sitter en plus. C'était la course.
00:10:57Et au bout de 3 mois et demi, tout a lâché.
00:10:59J'avais perdu vachement de kilos.
00:11:01Ma médecin m'a dit que j'arrêtais.
00:11:03Un jour, j'avais ma belle-sœur au téléphone.
00:11:06Je lui ai dit que j'allais trouver un autre boulot,
00:11:08un mi-temps, et du coup, me prendre le mercredi off.
00:11:12Et elle me dit,
00:11:13« Trop bien, tu pourras passer le mercredi avec Romy. »
00:11:17Non ! Non, t'as pas compris.
00:11:19Le mercredi, elle est à la crèche.
00:11:21C'est une journée off pour moi.
00:11:23Et c'est là où ça m'a ouvert les yeux.
00:11:25Je me suis dit, en fait, vraiment,
00:11:27tu peux pas imaginer quand tu l'as pas vécu.
00:11:30C'est pas possible.
00:11:31C'est pour ça que je trouve que ce groupe de parole, il est cool.
00:11:34Parce que c'est le seul endroit où on échange entre personnes
00:11:38qui vivent vraiment de ce truc.
00:11:40Parce que, pareil, moi, j'ai une copine
00:11:42qui a eu un deuxième petit garçon il y a pas longtemps.
00:11:46Je l'ai eu au téléphone et c'est là qu'elle m'a dit,
00:11:49« Tant que j'en ai deux, je comprends pas comment t'as fait. »
00:11:52Alors qu'elle en avait déjà un,
00:11:54parce que c'était que d'être maman,
00:11:56et qu'elle a l'encouple,
00:11:57mais elle me dit, « T'as un ou à deux, avec deux enfants,
00:12:00on en peut plus, on est au bout du rouleau. »
00:12:03C'est des choses, effectivement, que je pense que,
00:12:05si tu le vis pas, tu peux pas...
00:12:07Les gens ont beau dire, « Je comprends que tu sois fatiguée,
00:12:10je comprends que t'es... » Mais, en fait...
00:12:13Tu comprends, mais tu le vis pas,
00:12:15donc tu peux pas le ressentir.
00:12:16Ouais, tu le ressent pas.
00:12:18C'est impossible.
00:12:19Même au boulot, on te demande le même effort.
00:12:22Que tes collègues qui sont en couple...
00:12:24Après, tu vois, le but, c'est pas de dire,
00:12:27« Eh oh, voilà, ménagez-moi, je suis maman solo ! »
00:12:30Mais quand tu t'es levée quatre fois dans la nuit,
00:12:33que ça fait quatre, cinq ans que t'as pas une nuit...
00:12:37complète, tu sais pas ce que c'est,
00:12:39et qu'il faut que tu sois concentrée,
00:12:41qu'il faut que tu sois opérationnelle,
00:12:44qu'il faut que tu sois productif,
00:12:46qu'il faut que tu sois la meilleure collègue,
00:12:48parce qu'il faut arriver avec le sourire,
00:12:51qu'il y ait une bonne ambiance dans l'équipe, etc.
00:12:54Je sais pas, je me dis, même quand je me suis faite quitter,
00:12:57j'ai jamais pleuré devant personne.
00:12:59Après, ça arrive, tu vois.
00:13:01Oui, mais ce que je veux dire, c'est que j'y suis toujours.
00:13:04Je suis allée chercher ma fille tous les jours,
00:13:07en prenant attention à être bien, maquillée,
00:13:09alors que je dormais pas, j'avais un bébé de quatre mois.
00:13:13Effectivement, et je pense que la majorité...
00:13:15T'apprends les techniques de camouflage.
00:13:17Oui, oui.
00:13:19Tu y regardes et tu te donnes pour essayer de camoufler tes sœurs.
00:13:22La moitié des gens ne se rendent pas compte à quel point c'est dur,
00:13:26parce qu'on ne le montre pas non plus.
00:13:28Je vois mon fils, il parle souvent de son papa.
00:13:31Donc c'est très difficile pour moi de passer à autre chose.
00:13:34Et je trouve que c'est aussi compliqué
00:13:36de faire le deuil de la relation quand on a un enfant, quoi.
00:13:39Et d'un autre côté, c'est peut-être quelque chose
00:13:42qui nous maintient en...
00:13:44Enfin, qui nous fait nous lever le matin, etc., quoi.
00:13:48J'ai l'impression que pendant un an, j'ai été en mode pilote automatique.
00:13:52J'avais l'impression de flotter au-dessus de moi-même.
00:13:55Je sais pas comment expliquer, mais je faisais des trucs,
00:13:58parce qu'il fallait les faire.
00:13:59Je prenais ma voiture, j'emmenais le petit à l'école,
00:14:02je faisais à manger, je le couchais.
00:14:04En fait, j'étais en pilote automatique, quoi.
00:14:07Quand il est parti, moi aussi, enfin, pilote automatique,
00:14:11moi aussi, je me rends compte que ça a vraiment été ça.
00:14:14Euh... Et je m'en...
00:14:17Oh, je sais pas, aujourd'hui, c'est dur.
00:14:19Mais, euh...
00:14:22Je m'en rends compte, parce que j'ai l'impression
00:14:25qu'il est parti en janvier, l'année dernière.
00:14:29Et que de janvier à l'été,
00:14:30parce qu'à partir de l'été, ça allait mieux,
00:14:33j'ai l'impression que de janvier au mois de juillet, à peu près,
00:14:36j'ai zéro souvenir.
00:14:38Et c'est ça que je trouve...
00:14:42hyper dur, au final.
00:14:44Et c'est quelque chose qui...
00:14:46Ouais, pour...
00:14:50Enfin, pour lequel j'en veux terriblement,
00:14:52parce que je me dis que mon fils avait 4 mois,
00:14:54et j'ai l'impression d'avoir des souvenirs
00:14:57à partir du moment où on a fêté son anniversaire à la fin de l'été.
00:15:00Et ça, je trouve ça affreux.
00:15:02Et là, justement, en janvier, cette année,
00:15:06j'ai été rattrapée par tout ça, parce que, justement,
00:15:09je me suis sentie super mal au mois de janvier.
00:15:12Je me suis rendue compte que c'était lié au fait
00:15:14qu'on était séparées, et tous mes revenus, d'un coup,
00:15:17du coup, toutes les émotions,
00:15:20toutes les choses que j'aurais dû ressentir dès le départ.
00:15:24J'avais tout mis sous le tapis pour m'occuper des enfants.
00:15:27Et du coup, ouais, moi, j'ai eu vraiment...
00:15:30Et c'est là que... Enfin, voilà, le contre-coup, un an après,
00:15:33où j'ai eu toutes les émotions de femme, quittée,
00:15:36du jour au lendemain, voilà, c'est tout revenu, mais...
00:15:40Un an après, quoi.
00:15:42Et...
00:15:44Mais ça, ouais, je trouve ça super dur, parce que...
00:15:47Pareil, c'est un truc que lui, il a pas vécu, il comprend pas.
00:15:51J'essaie de lui en parler, ça lui passe complètement au-dessus.
00:15:54Et ça, je trouve ça aussi hyper violent, quoi.
00:15:57Musique douce
00:15:59...
00:16:11...
00:16:22...
00:16:31Promis, j'arrive.
00:16:33...
00:16:37Coucou, mon amour.
00:16:40Oh, les biberons.
00:16:43Bah ouais, on va les poser, alors.
00:16:45On a de la turbulette ?
00:16:47Vas-y, toute seule.
00:16:50Toute seule, mon coeur.
00:16:53On aère un petit peu.
00:16:55Youhou !
00:16:58...
00:17:02T'as fait un gros dodo, dis donc.
00:17:04...
00:17:07T'as bien dormi, mon coeur.
00:17:10Vas-y, toute seule.
00:17:12C'est bien, mon coeur. Wow.
00:17:14Et tu le mets dans le lit.
00:17:19Très bien, mon coeur.
00:17:22Mets-t'en.
00:17:24Les six premières semaines de Romy,
00:17:27franchement, je crois que c'était les plus durs.
00:17:30Ça a été...
00:17:32Toute seule, les pleurs, les pleurs...
00:17:35Je me rappelle...
00:17:37De temps en temps, de me dire,
00:17:39mais t'as une patience,
00:17:41où elle pleurait, pas non-stop,
00:17:43mais c'était quasiment non-stop,
00:17:45pendant 5 heures, 6 heures, 7 heures.
00:17:48Et j'étais toute seule, en fait.
00:17:50Mais je savais que je...
00:17:52Enfin, je pouvais... Enfin, y avait personne, quoi.
00:17:55Tu fais... En plus, tu vois que ton petit bébé,
00:17:58il est tout petit, qu'il a besoin de toi.
00:18:00Donc je crois qu'en fait, ton cerveau,
00:18:02tu le décides pas, ton cerveau, il se cloisonne.
00:18:05Et là, t'es en mode machine, en fait.
00:18:08Et tu fais... Tu fais les choses, t'es là pour elle.
00:18:11Euh...
00:18:13J'ai craqué de temps en temps, tu vois,
00:18:15où j'allais sur ma terrasse,
00:18:17où j'allais me fumer une clope, et c'était mon seul moment.
00:18:20Et je l'entendais pleurer, mais je me disais, mais toi...
00:18:23Mais c'est vrai qu'en y repensant, en fait, la fatigue...
00:18:27Tu vois, j'habite au 5e étage,
00:18:29et il y a quand même plusieurs fois...
00:18:32Où je me disais, mais je vais me jeter du 5e.
00:18:36Et je sais que je suis pas du tout suicidaire ou coocasse,
00:18:40mais ce trop, en fait,
00:18:43et tu te dis, mais je vais pas m'en sortir.
00:18:46Et je me revois où je pleurais,
00:18:48j'étais sur mon balcon, il pouvait être 4h du mat',
00:18:52et j'étais là, mais tiens le coup, tiens le coup,
00:18:55elle a que toi, tiens le coup, c'est un tout petit bébé.
00:18:58Et du coup, tu pleures un bon coup, tu finis ta clope,
00:19:01et puis tu respires, et puis tu dis, allez, j'y retourne.
00:19:04Et tu reviens, et puis, bah...
00:19:06Enfin, t'es apaisée,
00:19:09t'essayes de rester cool
00:19:11et pas lui envoyer tout ton...
00:19:13Enfin, ton stress ou ton énervement.
00:19:15Et ouais, franchement, les 6 premières semaines,
00:19:18c'était hyper dur.
00:19:19...
00:19:23Hop !
00:19:24Rires
00:19:25Hop !
00:19:26Hop !
00:19:28Hop !
00:19:29Hop !
00:19:30Il y en a d'autres.
00:19:31...
00:19:34Là !
00:19:35Là, là !
00:19:36Là, papa !
00:19:38Oui, mais il est sale, le jaune.
00:19:40Qu'est-ce qu'il y a comme animaux dans la savane ?
00:19:43Il y a des vaches ?
00:19:45Il y a des vaches ?
00:19:46OK, super.
00:19:47Allez, va m'appeler l'ascenseur.
00:19:49...
00:19:52A demain, les chouchous !
00:19:55A demain !
00:19:59T'es prête ?
00:20:01Musique douce
00:20:04...
00:20:32Youp !
00:20:33Allez.
00:20:34...
00:20:37Vas-y. Non, je le mets dans ton casier, ton casque, toi.
00:20:40C'est le mien que je garde.
00:20:42Viens, Louison.
00:20:43...
00:20:47J'ai eu beaucoup de mal à en parler, effectivement, autour de moi.
00:20:51Euh...
00:20:53Enfin, je l'ai dit, évidemment, à mes copines,
00:20:57à mes amis très proches,
00:20:58mais c'est vrai que c'était un moment
00:21:01où j'étais en congé parental,
00:21:03donc je voyais beaucoup les autres mamans de l'école,
00:21:07la maîtresse de Mao, les dames de la crèche, etc.
00:21:12Et...
00:21:14Effectivement, j'ai eu extrêmement honte,
00:21:17et pendant longtemps...
00:21:20Voilà, je le cachais, même...
00:21:23En fait, je veux dire, avant, par exemple, quand on était...
00:21:27au toboggan, au parc avec Mao,
00:21:29très souvent, je lui disais que c'est l'heure,
00:21:32papa va rentrer du travail.
00:21:33Et là, du coup, je cherchais un peu des phrases que je pouvais dire
00:21:37pour que les gens autour s'imaginent
00:21:40qu'il y avait encore cette vie à la maison.
00:21:43Je me suis dit que c'est un échec complet.
00:21:46Voilà. Je suis mère de famille,
00:21:49je viens d'avoir un bébé...
00:21:51Enfin, ouais...
00:21:52Un échec.
00:21:53Un échec complet et dont...
00:21:57Je me sentais pas responsable, quoi.
00:22:00Parce que je me dis, personne ne quitte sa famille
00:22:04et des enfants en bas âge, comme ça...
00:22:09Sauf si le problème vient de...
00:22:12de la femme, quoi.
00:22:14Enfin, voilà. Et puis après, quand Romain est parti aussi,
00:22:17il m'a fait tellement de reproches, surtout, que ouais...
00:22:22Est-ce que dans ton comportement, ton tempérament,
00:22:26y a-t-il une modification de ta personnalité ?
00:22:28Est-ce que tu te regardes comme quelqu'un de pas bien ?
00:22:32Oui, ben oui, oui, il y a ça.
00:22:34Après, c'est vrai que...
00:22:36C'est aussi une période qui, déjà, est difficile pour toutes les femmes.
00:22:41Mon bébé avait 4 mois, ça faisait 4 mois que je dormais pas.
00:22:43J'étais encore...
00:22:45Enfin, voilà, j'avais encore des kilos à perdre.
00:22:50Je travaillais pas, donc c'est aussi, voilà, un rythme de vie
00:22:53où on s'apprête pas, on est à la maison, enfin...
00:22:57Voilà, donc, déjà, rien que ça, je veux dire, à la base,
00:23:00c'est déjà une période qui est pas facile pour aucune femme, je trouve,
00:23:03les premiers mois de post-partum.
00:23:06Donc, physiquement, déjà, je me trouvais moche,
00:23:09enfin, voilà, fatiguée, déprimée,
00:23:12plus tout, effectivement, tous les reproches,
00:23:15le fait d'être quittée alors qu'on vient de donner la vie.
00:23:17Ah oui, j'ai... Ouais.
00:23:19L'estime de soi, oui, zéro, quoi.
00:23:24Action.
00:23:41On va poser la trottinette.
00:23:42...
00:23:52On va nettoyer le petit nez, aussi.
00:23:54...
00:23:56Ouais, il arrête pas de couler, ce petit nez.
00:23:59Voilà, mon coeur.
00:24:01...
00:24:02Ah, d'accord, tu vas chez les grands. OK.
00:24:04Bon.
00:24:06...
00:24:18...
00:24:19Le bébé chante.
00:24:21...
00:24:31Ça m'a fait bizarre, la première fois
00:24:33J'ai eu ce sentiment.
00:24:36C'était en allant me balader un dimanche après-midi.
00:24:40Et là, effectivement, tu vois beaucoup,
00:24:43le père, la mère, les enfants,
00:24:45et toi, t'es toute seule.
00:24:47Et ça m'a renvoyée, effectivement,
00:24:51ce truc de...
00:24:53Ce truc de famille, mais surtout, cette solitude, en fait.
00:24:57Et deux, trois, quatre fois,
00:24:59ça m'est arrivé de me dire que je fais pas un deuxième tour.
00:25:03Là, je pars.
00:25:05Et je pensais pas que ça me toucherait comme ça, en fait.
00:25:10Et...
00:25:11C'est comme ça, mais c'est vrai que...
00:25:14Après, moi, c'était cette image que j'avais,
00:25:19et le souhait d'avoir un enfant, c'était un amour commun,
00:25:23et sûrement... Enfin, pas sûrement, c'est sûr.
00:25:26Gamine, quand je m'imaginais plus tard,
00:25:29je me voyais forcément me balader
00:25:32avec mon amoureux et le père de mon enfant ou de mes enfants.
00:25:37Ce que je ne vis pas aujourd'hui.
00:25:40Donc je pense que ça, ça me ramène aussi à...
00:25:44à l'image que j'avais, que j'ai toujours un petit peu,
00:25:48mais l'image, elle est en train de se fissurer, forcément,
00:25:51par ce que je vis aujourd'hui.
00:26:02...
00:26:12Grèce ?
00:26:14On va commencer par le début.
00:26:15M'expliquez l'origine de l'association.
00:26:18Oui, alors, j'étais moi-même
00:26:22famille monoparentale pendant un certain temps.
00:26:26Et du coup, je me suis toujours dit
00:26:30qu'il fallait trouver un moyen de soutenir et aider
00:26:35ces familles monoparentales,
00:26:38qui représentent, pour la majeure partie,
00:26:41sont des femmes.
00:26:4285 % des familles monoparentales
00:26:45ont pour chef de famille une femme.
00:26:48Donc, en fait, là, quand, par exemple, tu me dis ça,
00:26:51j'ai une réflexion, je me dis que la société est faite pour les familles.
00:26:56Oui, oui, oui, elle est faite pour les familles.
00:26:59Globalement, on voit bien,
00:27:01les représentations sociales, c'est la famille,
00:27:04c'est papa, maman, les enfants.
00:27:06Et voilà, c'est le schéma,
00:27:09j'allais dire, c'est le schéma traditionnel
00:27:12pour lequel, enfin, sur lequel on a été éduqués
00:27:17ou, comment dire, influencés, quoi, construits.
00:27:20Oui, voilà, j'allais dire.
00:27:22Donc, il y a toute une déconstruction,
00:27:24parce que si tu me donnes le pourcentage
00:27:27des familles monoparentales, tu le connais ?
00:27:29Oui, bien sûr, il y a une famille sur quatre
00:27:32qui est monoparentale et un enfant sur trois
00:27:35qui vit dans une famille monoparentale.
00:27:37C'est vrai que c'est un chiffre, en plus,
00:27:40qui est en constante évolution.
00:27:42C'est-à-dire que dans les années 60-70,
00:27:46on n'était pas...
00:27:48On était, je crois, à 9 % à vérifier.
00:27:52Et c'est un chiffre qui ne cesse d'augmenter.
00:27:55Voilà. Donc, il est temps, effectivement,
00:27:59de se poser la question sur ce modèle familial.
00:28:09On peut quand même se dire bonjour.
00:28:12Tant pis, hein.
00:28:13Rires
00:28:14Si, si, si, si.
00:28:17Bonsoir.
00:28:18Bonsoir.
00:28:19Bonjour, Adélie.
00:28:20Bonjour.
00:28:22Salut, Romy.
00:28:23Salut.
00:28:24Vous allez bien ?
00:28:25Oui, ça va et toi ?
00:28:26Allez, la bosse.
00:28:27Broum, broum.
00:28:31Oui, attention à la porte.
00:28:32On va voir, là-bas ?
00:28:34Attention.
00:28:35Allez.
00:28:36Vas-y.
00:28:37Salut, Maxime.
00:28:38Tu nous connais, Romy ?
00:28:40Ça va ?
00:28:41Il y a un moment où on connaît.
00:28:42Je te pose ?
00:28:44Est-ce qu'on va avoir cette place de chaise ?
00:28:47C'est là.
00:28:48Entrée.
00:28:49C'est sympa.
00:28:50Probablement.
00:28:55Il y a 2-3 jours,
00:28:56je me suis réveillée dans...
00:28:58Dans 3 heures du matin.
00:29:01Et j'avais très peur...
00:29:04de la vie.
00:29:05...
00:29:08De tout...
00:29:10de comment cela peut passer avec des enfants.
00:29:12Des tout petites choses
00:29:14ou des choses difficiles.
00:29:15J'avais beaucoup peur du temps.
00:29:18De la vie, prévu.
00:29:19Oui, de la vie. En fait, j'avais peur d'être toute seule avec eux.
00:29:26Ils ont que vous sur qui compter?
00:29:28Oui, en fait, leur père est en Angleterre et il ne voit pas.
00:29:33Depuis presque, ça fait bien deux ans, ils ne le voient qu'en vision.
00:29:37En fait, moi, ça me fait vraiment.
00:29:41C'est pas tout le temps. Il y a des moments où je me sens très, très optimiste
00:29:45et je me suis dit que je ne suis pas la seule et je vais y arriver.
00:29:47Je vais y aller. Mais il y a des moments que ça m'a fait trop, trop peur
00:29:51de ne pas être que moi, responsable de ma vie et de la vie de mes enfants.
00:29:57Mais heureusement que les femmes et les mères sont là pour tous les enfants.
00:30:06Et comme vous êtes ce soir, on a tout été à un moment donné.
00:30:10Il n'y a personne autour de cette table qui peut dire qu'il n'a jamais craqué
00:30:13et tout parce qu'on a toute une surcharge mentale
00:30:16sur tous les domaines de la vie.
00:30:18Travail, argent, logement, famille, solitude, isolement.
00:30:22Enfin, on peut en parler jusqu'à demain.
00:30:24Et moi, j'ai toujours eu l'image, c'est méchant à dire,
00:30:27mais de mère célibataire casse-hausse.
00:30:30Pour moi, c'est ça.
00:30:31Et du coup, je pense qu'il y a aussi ce truc là de se dire
00:30:35je suis toute seule, je ne veux pas être considérée comme une casse-hausse,
00:30:38donc peut être que je vais en faire plus que avant quand j'étais en couple.
00:30:42Moi, je sais que j'ai eu honte et j'ai encore du mal.
00:30:45À me sortir de ça, j'ai l'impression de ne pas avoir réussi quelque chose
00:30:50que d'autres ont réussi.
00:30:51Ça ne me met pas à l'aise.
00:30:53Alors, ce n'est pas tout à fait casse-hausse, mais c'est un peu ça.
00:30:55Et puis, c'est vrai que je pense que
00:30:56on peut ressentir aussi ce regard là, parfois.
00:31:00Et puis, c'est vrai que quand on a un gamin qui fait,
00:31:02ça peut arriver un caprice dans la rue et que les gens savent qu'on est seul.
00:31:06On se construit, nous, un schéma de pensée que peuvent avoir les autres.
00:31:11Et on est, enfin, voilà, je pense que tout le monde voit de quoi on parle.
00:31:15Et même au niveau de la justice, quand on voit qu'entre le moment
00:31:19où on fait la demande et le moment où on passe devant le juge,
00:31:21il y a quasiment un an et c'est un espèce de flou artistique pendant ces un an.
00:31:26C'est à dire que chacun peut faire ce qu'il veut concrètement.
00:31:29Je trouve que même au niveau de la justice, c'est n'importe quoi.
00:31:33Il y a tellement de choses à faire aussi de ce côté là.
00:31:36Justement, ils ont été reconnus, mais le père est à l'étranger.
00:31:39Et alors, quand j'ai inscrit ma fille à l'école,
00:31:41et oui, en fait, il a été reconnu.
00:31:43Il a été reconnu, donc il est sur les papiers.
00:31:45En même temps, il n'a pas d'adresse en France.
00:31:47Il n'a pas d'existence en France, en fait, pas sur le territoire européen.
00:31:51Donc, vraiment, il n'y a rien.
00:31:52Et alors, j'étais dans un cas, aucune case.
00:31:54Et j'ai eu un coup de fil.
00:31:55Elle m'a dit bon, je vous mets quand même en monoparentale,
00:31:57parce que si on n'est pas en isolé, il faut justifier avec plein de papiers.
00:32:01Là, pour le coup, c'est vraiment des actes de divorce, de décision, ceci.
00:32:05Et on n'a pas toujours ça, en fait.
00:32:06Toutes les situations ne sont pas juridiquement claires
00:32:09ou ne rentrent pas dans toutes les cases.
00:32:10Le papa part, mais il garde l'autorité parentale.
00:32:15Il a des droits.
00:32:16Il a un droit de visite, mais ses devoirs, c'est quoi, en fait ?
00:32:20Enfin, il n'a aucun devoir.
00:32:22C'est juste une pension alimentaire, mais il n'a aucun devoir.
00:32:25Le seul devoir qu'il a, c'est de verser une pension, en fait.
00:32:27Techniquement, les décisions importantes, on doit les prendre à deux.
00:32:31Mais c'est moi qui m'occupe de mon fils quasiment à 100%.
00:32:33Pourquoi on devrait prendre les décisions à deux ?
00:32:36Le père a le droit de ne pas honorer le droit de visite
00:32:41qui est prévu au jugement.
00:32:43Et ça, je trouve ça aberrant.
00:32:45Mais si on considère que l'autre parent doit être associé à la prise de décision,
00:32:50il doit aussi pouvoir honorer son devoir, finalement, de visite et d'hébergement.
00:32:55C'est là où, pour moi, il y a un truc qui ne va pas.
00:32:58Moi, je sais que le père de mon fils aime profondément mon fils.
00:33:03Je n'ai pas de doute là-dessus.
00:33:04Mais on nous force un peu à nier le père.
00:33:07Enfin, c'est eux qui nous forcent à ça,
00:33:09parce qu'ils partent et ils dénigrent,
00:33:12enfin, ils laissent leur rôle de père de côté.
00:33:15Donc, comment après se dire,
00:33:17ah oui, il a un père et l'autorité parentale est partagée, etc. ?
00:33:21C'est hyper difficile pour nous de se dire ça.
00:33:24Je veux dire, ils partent, ils ne s'en occupent quasiment plus.
00:33:26Ils sont là que pour les moments cools.
00:33:29Mais c'est quand même dur de courir derrière le père quand, par exemple,
00:33:32il doit venir quand il a un week-end sur deux
00:33:34et qu'on est vendredi soir et l'appeler.
00:33:36Alors, tu viens l'y récupérer ou pas ?
00:33:38Du coup, en fait, on ne peut pas du tout programmer le week-end.
00:33:41On ne peut rien faire parce qu'en fait, on ne sait pas s'ils viennent ou pas.
00:33:44Moi, toujours, le père de mon fils, il m'a dit le matin même,
00:33:48j'irais chercher mon Samy à l'école si je ne suis pas trop fatiguée.
00:33:56Parce que moi, je me pose la question tous les jours
00:33:58si je ne suis pas trop fatiguée pour aller chercher ou pas.
00:34:02Et il me dit ça sans aucun sourciment, sans problème, le jour même.
00:34:09Voilà, j'irais le chercher si je ne suis pas trop fatiguée.
00:34:12Parce qu'il ne se rend pas compte de ce qu'on vit.
00:34:15Non, il ne se rend pas compte, mais il s'en fout.
00:34:19Ouais, je ne sais pas.
00:34:21Il faut s'en foutre.
00:34:23Mais c'est que de toute façon, c'est mon boulot d'aller le chercher à la crèche.
00:34:27C'est moi qui le fais.
00:34:30En fait, il me rend service.
00:34:32Voilà, on est toujours dans le...
00:34:34Mais je t'aide.
00:34:59...
00:35:21Viens là, mon cœur. C'est très bien.
00:35:23Regarde. Hop, on s'arrête là.
00:35:27Ici.
00:35:29Et on va mettre dans la poubelle noire.
00:35:31Regarde, viens voir.
00:35:47Allez, hop.
00:35:49On est arrivés.
00:35:53Oui, bonjour, c'est Aude pour Romy.
00:35:57C'est pas grave.
00:36:03C'est pas grave.
00:36:16Aude, c'est un premier boulot que tu démarres ?
00:36:18Là, c'est le stage.
00:36:20Par rapport à ma formation.
00:36:22Ouais.
00:36:24Là, c'est mon troisième jour.
00:36:26Et du coup, c'est pour deux mois.
00:36:30Et du coup, là, je fais une formation
00:36:32de gestionnaire de paye
00:36:34et responsable RH.
00:36:36Et donc là, du coup,
00:36:38c'est dans une agence d'intérim.
00:36:40Et donc, c'est pour faire un peu de paye
00:36:42et un peu d'administration du personnel.
00:36:44Donc, c'est pile-poil dans le diplôme
00:36:46que je fais.
00:36:48Voilà.
00:36:50Tu changes de boulot, c'est ça ?
00:36:52Dès que t'es en Romie,
00:36:55c'est la conversion professionnelle.
00:36:57C'est lié au fait que t'es maman solo ?
00:36:59Bah, en fait...
00:37:01Depuis que je suis devenue maman,
00:37:03de toute façon, ma vie, elle a été
00:37:05complètement chamboulée et changée.
00:37:07Puisque moi, j'étais commerciale,
00:37:09alors plus commerciale sédentaire que terrain.
00:37:11Mais...
00:37:13Mais en fait, si tu veux,
00:37:15c'est que quand j'ai repris le travail,
00:37:17Romie, elle devait avoir 7 mois à peu près.
00:37:19Et puis, en fait,
00:37:21je pensais pas, en fait,
00:37:23que ça allait engendrer toute cette fatigue.
00:37:25Et c'est là, en fait, où je me suis dit,
00:37:27bon, OK, là, en fait, ça va pas du tout.
00:37:29Donc, on va réfléchir
00:37:31et puis, bah, du coup,
00:37:33il va falloir que je trouve un boulot
00:37:35en temps partiel.
00:37:37Sauf qu'il y en a pas dans tous les secteurs d'activité.
00:37:39Et pour le coup, tu vois,
00:37:41secrétaire médicale, j'avais pas forcément envie de faire ça.
00:37:43Et en fait, c'est en cherchant...
00:37:45Et c'est pour ça que j'ai trouvé Gestionnaire de Paye,
00:37:47qui est en plus un secteur en tension
00:37:49qui recrute, pour avoir
00:37:51une souplesse, on va dire, sur les horaires
00:37:53pour aller chercher Romie, si jamais elle est malade
00:37:55ou quoi, OK.
00:37:57Et voilà.
00:37:59Et financièrement, comment tu fais ?
00:38:01Alors, financièrement, aujourd'hui,
00:38:03je ne sais pas. Autant avant,
00:38:05j'avais le chômage, donc
00:38:07ça allait, je m'en sortais bien parce qu'avant, j'avais un bon salaire.
00:38:09Autant là, je suis
00:38:11en fin de droit depuis fin février.
00:38:13Et du coup,
00:38:17je sais pas, je suis allée voir l'assistante sociale
00:38:19et...
00:38:23Et elle va faire passer
00:38:25mon dossier à une commission.
00:38:27Mais bon, pour voir ce qu'ils peuvent me proposer.
00:38:29Mais là, en tout cas, entre ce que me donne le pôle emploi
00:38:31donc en fin de formation et les aides
00:38:33de la CAF, j'ai pas assez
00:38:35pour payer même toutes mes charges.
00:38:37Et j'avais demandé même
00:38:39pour le RSA, parce qu'on m'a parlé du RSA majoré.
00:38:41Bon, je connaissais pas.
00:38:43Le RSA majoré, c'est quand tu es mère isolée,
00:38:45par exemple.
00:38:47Donc c'est 1040 euros par mois.
00:38:49Mais en fait, ils déduisent toutes les aides que tu as
00:38:51de la CAF. Et donc au final,
00:38:53tu finis, je crois,
00:38:55même pas 600 euros
00:38:57par mois, tu gagnes moins
00:38:59que quelqu'un qui est célibataire sans
00:39:01enfant ou RSA.
00:39:03Donc on marche sur la tête, en fait.
00:39:05Et bon, c'est
00:39:07plein de petites choses comme ça.
00:39:09En fait, c'est...
00:39:11Chacun pour soi, chacun se débrouille, en fait.
00:39:13C'est ça.
00:39:15Et les pères dans tout ça ?
00:39:19Bah les pères, les pères...
00:39:21Le père de Romy,
00:39:23il est pas là.
00:39:25Non mais je veux dire, ils ont pas des devoirs, les pères ?
00:39:27Bien évidemment. Bien évidemment.
00:39:29Ça se fait à deux, un enfant.
00:39:31Mais bon, ça, après...
00:39:33Est-ce qu'il y a des choses qu'ils ont pas réglées
00:39:35dans leur vie d'avant ? Enfin, j'en sais rien.
00:39:37On peut tout supposer, mais bien évidemment,
00:39:39en fait, qu'ils doivent être présents
00:39:41autant que la mère.
00:39:43Après, je pense que la société doit énormément changer aussi
00:39:45sur
00:39:47beaucoup de choses.
00:39:49Mais c'est vrai que...
00:39:51C'est vrai qu'en tout cas, au groupe
00:39:53de parole, les pères sont
00:39:55absents, clairement.
00:39:57Et je me dis que quand tu as
00:39:59un père qui a été là
00:40:01un petit peu pour ses enfants, puis qu'à un moment,
00:40:03il disparaît, je pense que c'est encore
00:40:05plus difficile,
00:40:07moralement, en fait,
00:40:09de se dire, bah peut-être qu'il va venir
00:40:11s'il n'est pas trop fatigué.
00:40:13Moi, je sais que la question ne se pose pas, il n'y en a pas.
00:40:15Mais ouais,
00:40:17c'est...
00:40:19Je trouve ça triste, quelque part.
00:40:21Je trouve ça triste et je me dis
00:40:23que franchement, si on n'était pas là, des orphelins,
00:40:25il y en aurait plein.
00:40:27Et ça me choque, en fait.
00:40:29Ça me choque terriblement.
00:40:37Bonjour.
00:40:41Bonjour.
00:41:11Dans le groupe de parole,
00:41:13tu as pu dire, je me souviens,
00:41:15que tu avais le sentiment
00:41:17d'être rentrée
00:41:19dans le statut d'une cassociale.
00:41:21Cassoce, comme on dit.
00:41:23Que pour toi, une mère célibataire
00:41:25ou un père célibataire, je ne sais pas...
00:41:27C'est pas pareil.
00:41:29Tu vois ? Pas du tout pareil.
00:41:31Intéressant.
00:41:33Ouais.
00:41:35Alors, pas du tout...
00:41:37Je vois pas du tout la même chose.
00:41:39Je vois pas du tout...
00:41:41Je vois pas du tout la même façon.
00:41:43Tu peux développer ?
00:41:45Eh ben...
00:41:47Je pense que si je rencontrais
00:41:49un père célibataire qui a vraiment
00:41:51la garde, la charge de ses enfants,
00:41:53je le verrais plutôt comme...
00:41:59Je sais pas.
00:42:01Je pense que j'aurais énormément d'empathie pour lui.
00:42:03Je me dirais, le pauvre,
00:42:05vraiment, ça doit être...
00:42:07Ça doit être horrible.
00:42:09Le pauvre, il s'est fait quitter par sa femme,
00:42:11elle s'est barrée, elle lui a laissé les gosses.
00:42:13Ouais, je pense que vraiment,
00:42:15j'aurais cette réflexion-là.
00:42:17Et une mère ?
00:42:19Eh ben...
00:42:21Non.
00:42:23Enfin, maintenant,
00:42:25maintenant, si.
00:42:27Mais au départ, non.
00:42:29Au départ, non.
00:42:31Je me suis vraiment effectivement
00:42:33dit, et c'est aussi pour ça que j'en avais honte
00:42:35et que je voulais pas en parler,
00:42:37je me suis dit, c'est vraiment un truc de cassos, quoi,
00:42:39d'être...
00:42:41Je sais pas, ouais, te faire quitter,
00:42:43tu viens d'avoir un gamin...
00:42:45Ouais, pour moi, c'était...
00:42:47Voilà.
00:42:49Pas dans mon milieu, pas dans mon monde,
00:42:51ça n'existait pas, quoi.
00:42:53Moi, j'ai des parents,
00:42:55ça fait...
00:42:57Allez, au moins 45 ans
00:42:59qu'ils sont ensemble, je pense.
00:43:01Et effectivement,
00:43:03j'ai grandi avec ce modèle familial
00:43:05de...
00:43:07Voilà, un couple,
00:43:09c'est pour la vie.
00:43:11J'ai toujours entendu mes parents
00:43:13dire...
00:43:15Non, mais voilà, maintenant, c'est vrai que les gens,
00:43:17ils se séparent pour un rien.
00:43:19Ouais, un couple, c'est pas acquis,
00:43:21faut se battre, mais voilà,
00:43:23on part pas comme ça, c'est vraiment...
00:43:27Donc, oui.
00:43:29Moi, j'ai toujours eu cette image-là.
00:43:31Quand j'ai fondé ma famille,
00:43:33je pensais vraiment que c'était
00:43:35jusqu'au bout, quoi.
00:43:47Depuis ma grossesse, jusqu'à 4 ans, on n'a fait que
00:43:49foyer, hôtel,
00:43:51hôtel, foyer, association, machin.
00:43:55La problématique, pour en revenir à la question,
00:43:57c'est...
00:43:59Être prioritaire, peut-être, sur les modes de garde,
00:44:01sans parler de l'aspect financier, mais être prioritaire
00:44:03sur des logements, être prioritaire sur des modes de garde.
00:44:07Nous accompagner avec... Comme il existe
00:44:09des cartes famille nombreuses,
00:44:11pour qu'on puisse aussi se déplacer, même au niveau
00:44:13professionnel, quand on doit
00:44:15être amené à faire des entretiens ou ce genre de choses.
00:44:19Oui, on va me renvoyer par pôle emploi, mais alors,
00:44:21pôle emploi, si c'est pas à moins de 70 km, ça marche pas.
00:44:23Donc, je veux faire
00:44:25Lyon-Ville-Franche, ça marche pas.
00:44:27Il y a plein de petites subtilités, comme ça,
00:44:29au quotidien, où là,
00:44:31ils arrêtent le chèque énergie.
00:44:33Donc, ça va être encore
00:44:35un budget électricité qu'il va falloir re-rentrer
00:44:37dans l'équation.
00:44:39Est-ce que
00:44:41vous pensez que cette précarité,
00:44:43ça joue sur une forme de précarité,
00:44:45un peu psychologique,
00:44:47même émotionnelle ? Ça joue parce que
00:44:49il y a quand même les soucis de la vie, on ouvre la boîte aux lettres,
00:44:51il est là quand j'ouvre la boîte aux lettres, donc
00:44:53il voit l'émotion passer,
00:44:55même si j'essaye de
00:44:57tout lui cacher ou de craquer dans la salle de bain
00:44:59quand il dort, il le ressent.
00:45:01C'est mon enfant, comme moi,
00:45:03je vais ressentir en une seconde, quand je vais le chercher à l'école,
00:45:05je sais s'il a passé une bonne journée ou pas.
00:45:07Je sais que mon fils, c'est pareil.
00:45:09Et c'est tout le temps...
00:45:11C'est nous-mêmes, déjà, cette pression
00:45:13de tout le temps devoir trouver des solutions pour tout,
00:45:15d'être présent pour tout,
00:45:17et de tout le temps devoir dire
00:45:19« Bah non, je peux pas, là, mon fils. Bah non, je peux pas, là, mon fils.
00:45:21Bah non, là, en fait, c'est pas possible.
00:45:23Bah non, bah non. »
00:45:25La maîtresse, cette semaine, me reprochait.
00:45:27Enfin, me reprochait, elle me disait « Oui, mais votre fils,
00:45:29il a toujours la sensation qu'il va manquer. »
00:45:31Bah oui, mais en fait, il manque de tout,
00:45:33tout le temps, donc c'est un peu légitime
00:45:35qu'il ait toujours cette sensation de...
00:45:37Elle parlait
00:45:39du fait, parce qu'ils ont des
00:45:41trucs de l'ego, et il veut garder un peu de l'ego,
00:45:43et... Ou à la cantine, des fois,
00:45:45il demande deux fois des trucs, alors qu'en fait,
00:45:47non, il y a une ration et il redistribue pas,
00:45:49même...
00:45:51« Votre fils, il a toujours peur de manquer. » Bah ouais.
00:45:53Mais ça, ça fait partie de son histoire,
00:45:55donc... C'est pas toujours évident
00:45:57de vivre avec ça.
00:45:59Oui, ça vient faire écho aussi
00:46:01à cette absence du père,
00:46:03quand même.
00:46:05Comme si, bon,
00:46:07il y a l'histoire personnelle.
00:46:09Il se trouve qu'ici, ce soir, il y a
00:46:11beaucoup d'entre
00:46:13vous qui élevez seul
00:46:15et depuis le début, votre enfant.
00:46:17Donc il y a cette absence qui est...
00:46:19Qui fait beaucoup de bruit,
00:46:21paradoxalement, et en même temps,
00:46:23le sentiment d'être oublié aussi par l'État,
00:46:25ça fait un peu double peine.
00:46:27Moi, j'ai jamais eu
00:46:29peur de mourir, autant que depuis
00:46:31que j'ai mon fils.
00:46:33Alors ça, c'est un vécu propre à tous les parents, quand même.
00:46:35Ouais, mais...
00:46:37Si moi, je suis plus là,
00:46:39il n'y a plus que son père, quoi.
00:46:41Et...
00:46:43Et je...
00:46:45Je crois pas qu'il gèrera
00:46:47ce sera qui...
00:46:49Ce sera lui qui va décider
00:46:51qui va...
00:46:53Enfin...
00:46:55C'est l'angoisse.
00:46:57J'étais une force de vie
00:46:59et j'ai jamais été autant malade
00:47:01physiquement. Mentalement,
00:47:03c'est pas le fun,
00:47:05mais physiquement,
00:47:07c'est horrible.
00:47:09J'ai plein de maladies
00:47:11de vieux.
00:47:13Non, désolée de le dire comme ça.
00:47:15De vieux.
00:47:17Et qui sont dues à ma grossesse,
00:47:19à la fatigue,
00:47:21au fait que...
00:47:23Et encore,
00:47:25je suis phobique des médecins,
00:47:27donc je n'allais pas chez le médecin à l'avance.
00:47:29Là, je m'oblige.
00:47:31Psychologiquement, c'est très très dur
00:47:33d'aller voir le médecin.
00:47:35Il faut que j'y aille
00:47:37pour ne pas être malade.
00:47:39Sinon, mon fils sera tout seul.
00:47:41C'est vraiment pas lié au fait de...
00:47:43Toi, t'as ton ex-conjoint.
00:47:45Il pourra encore aller là-bas.
00:47:47Moi, ça va être dans ma famille.
00:47:49Il va se retrouver dans ma famille
00:47:51qui est bancale.
00:47:53Et du coup,
00:47:55j'ai fait signer à mon ex
00:47:57un papier,
00:47:59même s'il ne l'a pas reconnu,
00:48:01comme quoi, si je meurs
00:48:03ou s'il m'arrive un truc
00:48:05où je suis incapable physiquement
00:48:07d'assumer mon fils,
00:48:09rien que de se dire ça
00:48:11avant qu'il naisse,
00:48:13c'est psychologiquement difficile.
00:48:15C'est se dire
00:48:17qu'on est déjà administrativement
00:48:19dans un cycle
00:48:21où on fait son testament
00:48:23au cas où que.
00:48:25Et c'est horrible.
00:48:27Je ne m'étais jamais projetée
00:48:29sur ma mort.
00:48:31Pour moi, les gens meurent et on meurt.
00:48:33C'est tout. C'est bien.
00:48:35C'est mal. J'ai pas d'idée là-dessus.
00:48:37Et du coup, devoir me dire
00:48:39que si c'est mal,
00:48:41parce que je laisse quelqu'un
00:48:43tout seule, c'était horrible.
00:48:53Super.
00:48:55C'est quoi ? Tu déménages toutes les voitures ?
00:48:57Le tracteur.
00:49:07Loulou ! Loulou !
00:49:09Change de pantalon.
00:49:13Toi, t'es presque pas mouillée en fait.
00:49:15T'as de la chance.
00:49:17Merci.
00:49:23Les plus jeunes ?
00:49:25Les lunettes de soleil.
00:49:27Ça va ?
00:49:29Bonjour.
00:49:33Peut-être que t'es sûre.
00:49:35Oui.
00:49:39Eh bien, bonjour à tous.
00:49:41Merci d'être là.
00:49:43Pour les personnes
00:49:45qui découvrent pour la première fois,
00:49:47je vais vous expliquer
00:49:49en quoi consiste la sophrodance.
00:49:51Voilà. Pour retrouver de l'énergie.
00:49:53Pour aller libérer tout ce qu'on a.
00:49:55Libérer les tensions.
00:49:57De reprendre confiance en soi.
00:49:59De retrouver le calme.
00:50:01Allez, c'est parti. Je vous invite à respirer
00:50:03profondément.
00:51:03Hop.
00:51:05On va manger la même chose.
00:51:07Encore ?
00:51:09Euh...
00:51:11Je vais en remettre un.
00:51:13T'as raison, ma Brenda.
00:51:15Hop.
00:51:17Allez.
00:51:19Tu touilles ?
00:51:21Non. Stop. Ça y est.
00:51:23Allez, on mélange, Romy.
00:51:25On mélange, on mélange.
00:51:27Et ensuite,
00:51:29on va mettre ça dans la poêle.
00:51:31C'est quoi, ça ?
00:51:33C'est le fromage.
00:51:35Le couteau avec le fromage.
00:51:37Je m'en suis servie pour le couper.
00:51:39Hum.
00:51:41C'est bon.
00:51:45Pour terminer,
00:51:47il y a cette idée d'aimer
00:51:49et d'être aimé.
00:51:51Oui.
00:51:53C'est ça.
00:51:55Aimer et d'être aimé.
00:51:57Oui.
00:51:59Ça change, ça, non ?
00:52:01Oui, bien sûr.
00:52:03Bien sûr, ça change.
00:52:05Moi, c'est le partage, en fait.
00:52:07Mais bien évidemment,
00:52:09le jour où je suis avec quelqu'un,
00:52:11il y a de l'amour.
00:52:13Ça, c'est une évidence.
00:52:15Donc, il y aura un partage par la suite.
00:52:17Mais...
00:52:19Pour moi, la vie, c'est ça.
00:52:21C'est l'amour, à la base.
00:52:23La vie avec quelqu'un, l'amour amical,
00:52:25avec ma fille.
00:52:27Tu veux quoi, encore ?
00:52:29Tu veux encore du chèvre ?
00:52:31Merci.
00:52:33C'est exceptionnel, Romy.
00:52:35T'auras mangé que du chèvre.
00:52:37Comment il fait, le mouton ?
00:52:39Fais gaffe.
00:52:41Tu vas devenir un mouton à force d'en manger.
00:52:43Tu le fais déjà bien.
00:52:49Fais gaffe, ça te prend au nez.
00:52:53Tu vois, t'en as trop mangé.
00:53:01On t'arrête plus.
00:53:05Mon petit.
00:53:11Mais parce que je t'ai jamais donné
00:53:13autant de fromage de chèvre, mon coeur.
00:53:15Il faut que je fasse gaffe.
00:53:17Une famille française sur quatre
00:53:19est une famille monoparentale
00:53:21où un parent seul assure la charge
00:53:23de ses enfants.
00:53:25Parmi eux, très majoritairement des femmes,
00:53:27des mamans solos.
00:53:29Et c'est donc le quotidien
00:53:31de certaines d'entre elles,
00:53:33teintées de solitude
00:53:35et souvent faites de précarité,
00:53:37que vient de nous faire découvrir
00:53:39à l'instant ce documentaire.
00:53:41C'est un documentaire
00:53:43qui a été réalisé par une famille
00:53:45qui vient de nous faire découvrir
00:53:47à l'instant ce documentaire exclusif
00:53:49réalisé par Réjeanne Varod.
00:53:51De quoi s'interroger plus au-delà
00:53:53sur les conditions de vie
00:53:55de ceux et surtout de celles
00:53:57qui doivent aujourd'hui assurer
00:53:59seuls l'avenir de leurs enfants.
00:54:01C'est ce que nous allons faire
00:54:03avec nos invités présents aujourd'hui
00:54:05sur ce plateau de Débat Doc.
00:54:07Agnès Canailler, bienvenue à vous.
00:54:09Vous êtes ancienne ministre déléguée
00:54:11chargée de la famille et de la petite enfance
00:54:13après avoir été, pendant dix ans,
00:54:15sénatrice UMP, puis apparentée LR
00:54:17de la Seine-Maritime.
00:54:19Johanna Luysen est également avec nous.
00:54:21Bienvenue à vous. Vous êtes journaliste,
00:54:23chef adjointe du service société
00:54:25du quotidien Libération.
00:54:27Votre dernier livre s'intitule
00:54:29Mer Solo, le combat invisible,
00:54:31publié aux éditions Payot.
00:54:33Vous avez deux enfants, une petite fille tout d'abord,
00:54:35que vous avez décidée
00:54:37d'avoir seule, et puis
00:54:39un petit garçon âgé aujourd'hui
00:54:41de deux mois qui, lui,
00:54:43naît avec votre compagnon.
00:54:45On va y revenir évidemment dans un instant
00:54:47avec François de Cinglis également.
00:54:49Bienvenue à vous. Vous êtes sociologue, professeur émérite
00:54:51à l'université Paris-Cité
00:54:53et spécialiste en
00:54:55sociologie de la famille et du couple,
00:54:57de l'éducation, de l'enfance
00:54:59et de l'adolescence, ainsi que
00:55:01des rapports de genre. Vous êtes
00:55:03l'auteur de Sociologie
00:55:05des familles contemporaines,
00:55:07disponible aux éditions Armand Collin.
00:55:09Je me tourne tout de suite vers vous
00:55:11pour commencer, puisque le nombre
00:55:13de familles monoparentales
00:55:15en France a doublé
00:55:17depuis 1990, passant
00:55:19de 12 à 25 % des familles,
00:55:21autrement dit, je l'ai dit en présentation
00:55:23de cette émission, un quart
00:55:25des familles françaises d'aujourd'hui
00:55:27sont des familles monoparentales.
00:55:29Comment en est-on arrivé là ?
00:55:31C'est relativement simple.
00:55:33Le divorce était interdit en France
00:55:35quasiment de manière assez
00:55:37sévère, on va dire.
00:55:39En tout cas, pas par consentement
00:55:41mutuel, alors qu'il avait
00:55:43été autorisé au moment de la Révolution
00:55:45française. Mais très vite, les conservateurs
00:55:47le suppriment au XIXe,
00:55:49ne le rétablissent pas, contrairement
00:55:51à ce qu'on lit des fois. Et donc, il faut
00:55:53attendre jusqu'à un destin
00:55:55pour qu'en 75, il y ait
00:55:57donc cette loi sur le divorce.
00:55:59Cette fameuse réforme du divorce
00:56:01de Valéry Giscard d'Estaing.
00:56:03Qui, j'allais dire,
00:56:05va donc rendre
00:56:09possible quelque chose
00:56:11qui était déjà très souterrain
00:56:13dans les vies
00:56:15des gens, c'est que
00:56:17amour et durée sont
00:56:19deux choses qui ne sont pas nécessairement
00:56:21compatibles. Et donc,
00:56:23on va voir se développer
00:56:25des séparations, des divorces.
00:56:27Donc, la courbe
00:56:29monte,
00:56:31j'allais dire, entre guillemets, presque
00:56:33normalement, hein, sur le fond.
00:56:35Mais quand on compare, notamment les chiffres,
00:56:37il faut toujours au moins pas prendre ceux d'avant
00:56:3970, parce qu'on se dit, mais là,
00:56:41il y a eu une tourmente et tout. Oui, il y a eu même
00:56:43une loi qui l'a autorisée.
00:56:45Donc, il ne faut pas oublier, parce que c'est
00:56:47une grande réforme
00:56:49de rendre possible.
00:56:51Elle a des effets,
00:56:53on est là pour en discuter,
00:56:55qui ne sont pas nécessairement que positifs,
00:56:57mais c'est une réforme
00:56:59du point de vue de l'existence
00:57:01au moins des adultes, en termes d'individualisation.
00:57:03Pouvoir dire
00:57:05oui à un moment donné,
00:57:07si on est dans le cadre du mariage,
00:57:09et pouvoir dire non ensuite,
00:57:11c'est quand même quelque chose d'important.
00:57:1385%
00:57:15des familles monoparentales
00:57:17sont constituées d'une mère
00:57:19célibataire.
00:57:21Pourquoi ce chiffre ? Alors, là, c'est
00:57:23pareil, malheureusement, j'ai envie de dire.
00:57:25Oui, je l'assume, d'ailleurs.
00:57:27Malheureusement,
00:57:29dans le système des représentations
00:57:31de
00:57:33beaucoup d'entre nous,
00:57:35hommes et femmes,
00:57:37mais aussi des institutions,
00:57:39on pense que l'enfant,
00:57:41notamment le petit enfant, c'est plutôt maternel.
00:57:43Théorie de l'attachement,
00:57:45qui sont très dominantes en psychologie,
00:57:47c'est l'enfant. Alors maintenant, on brouille
00:57:49un tout petit peu. Il reste,
00:57:51au coeur de la République,
00:57:53quelque chose qui, moi, me choque à chaque fois
00:57:55j'ai cherché mes petits-enfants,
00:57:57école maternelle.
00:57:59Tant qu'il y aura une école maternelle,
00:58:01on nous dira tout ce qu'on veut
00:58:03sur l'égalité des genres,
00:58:05et c'est pipo.
00:58:07Pourquoi ça serait la mère ?
00:58:09C'est l'heure des mamans. Ben non.
00:58:11Donc même l'Etat,
00:58:13et là, je m'adresse à la ministre,
00:58:15des réformes qui ne coûtent pas
00:58:17extrêmement cher, de marquer
00:58:19qu'en fait, la place du père,
00:58:21je dis pas que les pères n'ont pas des responsabilités,
00:58:23bien évidemment,
00:58:25ils sont enthousiastes, on le voit dans le documentaire,
00:58:27ils sont courageux.
00:58:29Ah non, j'irais peut-être pas mercredi parce que je suis fatigué.
00:58:31Ah, celle-là, elle était belle.
00:58:33Mais il n'empêche
00:58:35qu'il faut absolument
00:58:37aussi une volonté étatique,
00:58:39pas simplement des mesures financières,
00:58:41mais marquer
00:58:43que l'enfant peut être élevé
00:58:45par un homme ou une femme.
00:58:47Alors, 79%,
00:58:49pour continuer sur les chiffres,
00:58:51de ces familles monoparentales
00:58:53sont dues à des séparations.
00:58:55C'est très majoritairement
00:58:57la séparation du couple qui provoque
00:58:59la monoparentalité.
00:59:01Il y a aussi, parce que ce que vous dites
00:59:03est tout à fait juste, mais il y a aussi le fait
00:59:05que les pères ne demandent pas
00:59:07la garde des enfants, c'est-à-dire que la plupart
00:59:09des demandes auprès des juges aux affaires familiales
00:59:11sont des demandes consensuelles, c'est-à-dire qu'il y a un accord
00:59:13entre les parents, il y a assez rarement
00:59:15de conflits,
00:59:17et donc dans l'écrasante majorité
00:59:19des cas, il y a une proportion de garde alternée
00:59:21qui reste encore minoritaire.
00:59:23Les gardes alternées restent minoritaires
00:59:25aujourd'hui en France ? Oui, parce que c'est pas forcément
00:59:27facile à mettre en place une garde alternée, il faut avoir
00:59:29deux logements d'égale taille,
00:59:31à peu près, disons que pour les enfants,
00:59:33soit à peu près, il faut habiter pas très loin,
00:59:35parfois, pour des raisons professionnelles, c'est compliqué.
00:59:37Parfois, un des parents est obligé
00:59:39d'aller travailler ailleurs, c'est pas forcément
00:59:41le plus simple, et on voit que les gardes alternées,
00:59:43c'est plutôt des foyers un peu plus aisés
00:59:45qui ont accès à la garde alternée
00:59:47ou qui la demandent.
00:59:49Mais effectivement, les demandes sont consensuelles
00:59:51et la très grande majorité
00:59:53des pères séparés ne demandent pas
00:59:55la garde principale de leurs enfants.
00:59:57Donc le fait que plus de 80%
00:59:59des foyers sont des...
01:00:01Les chefs de familles monoparentales sont des femmes
01:00:03et sont des mères, c'est parce que
01:00:05il n'y a pas de demande paternelle.
01:00:07Vous avez vu ce documentaire,
01:00:09la situation de ces
01:00:11quelques femmes, et puis encore
01:00:13un autre chiffre, en 2019,
01:00:15il y avait 40% des pensions alimentaires
01:00:17qui n'étaient pas
01:00:19payées régulièrement
01:00:21à ces femmes. Aujourd'hui, c'est un des points
01:00:23sur lesquels on a progressé.
01:00:25Oui, effectivement. Vous le dites
01:00:27justement, et le documentaire
01:00:29le fait ressortir, il y a deux vulnérabilités
01:00:31dans les familles monoparentales, c'est la précarité
01:00:33et l'isolement. Et sur la précarité,
01:00:35comme une grande majeure
01:00:37partie des familles monoparentales
01:00:39est suite à des séparations,
01:00:41une des ressources,
01:00:43c'est le paiement des prestations familiales,
01:00:45et la CAF a mis en place
01:00:47un dispositif, la Caisse des allocations familiales,
01:00:49qui permet de se substituer
01:00:51aux parents qui ne paient pas
01:00:53ces pensions alimentaires, pour assurer
01:00:55le maintien des ressources
01:00:57pour le parent qui reste seul
01:00:59avec les enfants. Donc ça progresse,
01:01:01ça progresse parce que
01:01:03derrière, il y a un travail aussi
01:01:05de médiation familiale qui est mis en place
01:01:07par la CAF, pour faire en sorte
01:01:09de maintenir le lien entre les parents
01:01:11et faire en sorte que la relation qui perdure,
01:01:13qu'elle soit financière mais même
01:01:15dans les relations entre les deux
01:01:17parents, reste.
01:01:19Cette structure de recouvrement s'appelle
01:01:21l'Agence de recouvrement et d'intermédiation
01:01:23des pensions alimentaires. Elle date de janvier
01:01:252017, c'est relativement récent.
01:01:27Autrement dit, la prise en compte du phénomène
01:01:29auquel nous nous faisons référence
01:01:31aujourd'hui est assez récent.
01:01:33Oui, tout à fait, il est récent
01:01:35mais cela monte en puissance.
01:01:37Depuis que j'ai pris mes fonctions,
01:01:39j'ai déjà eu deux rapports
01:01:41provenant à la fois
01:01:43de l'ancien gouvernement
01:01:45demandé par Gabriel Attal et rendu
01:01:47par Xavier Iacovelli, et puis
01:01:49un rapport de la délégation aux droits des femmes
01:01:51du Sénat avec Colombe Brossel
01:01:53et Béatrice Gosselin qui font des préconisations
01:01:55et qui montrent que ce sujet
01:01:57c'est un sujet aujourd'hui de société
01:01:59et c'est un sujet qui
01:02:01commence à être pris en compte
01:02:03dans les politiques publiques. Il y a encore beaucoup de choses à faire.
01:02:05Solitude et précarité.
01:02:07C'est vrai que c'est le sentiment qui domine
01:02:09après avoir vu ce film,
01:02:11François Tzingli. Vous êtes d'accord avec ça ?
01:02:13Ce qui m'a frappé dans le film
01:02:15c'est justement
01:02:17que la solitude, on le sait,
01:02:19on peut être en bout de ligne
01:02:21si on est pauvre, il n'y a plus de bus,
01:02:23il y a la probabilité de pouvoir ressortir,
01:02:25c'est totalement impossible.
01:02:27Moi je pense qu'il y a un sentiment
01:02:29de solitude d'être trop là en même temps.
01:02:31Moi ce qui m'a frappé là
01:02:33c'est, comme on dit, les charges mentales
01:02:35mais pas simplement mentales,
01:02:37c'est-à-dire l'étouffement du temps.
01:02:39Je pense que c'est...
01:02:41Excusez-moi,
01:02:43je veux dire, il n'y a pas que les ministres
01:02:45et les cabinets sont débordés,
01:02:47ces femmes sont
01:02:49sans un temps pour soi.
01:02:51Sur le fond,
01:02:53c'est aussi pour ça qu'il faut voir
01:02:55qu'il y a toujours plusieurs évolutions
01:02:57en même temps. On est quand même
01:02:59dans un moment heureux
01:03:01où le féminisme
01:03:03remonte et tout,
01:03:05et la revendication ancienne
01:03:07d'avoir un temps pour soi
01:03:09est plus forte que jamais,
01:03:11et là, il y a une catégorie
01:03:13de femmes, principalement,
01:03:15dont c'est strictement impossible.
01:03:17Même si les hommes
01:03:19ne font pas grand-chose,
01:03:21là je vais faire un peu une petite plaisanterie,
01:03:23j'espère pas trop de mauvais goût,
01:03:25on voit que quand il n'est pas là,
01:03:27le simple fait
01:03:29quand même,
01:03:31ça libère un tout petit peu de temps,
01:03:33il n'a pas fait la vaisselle,
01:03:35il est quand même là,
01:03:37à un moment, on peut s'abstenter une demi-heure.
01:03:39Non, mais des petites choses.
01:03:41Là, quand on est tout seul,
01:03:43et donc c'est une solitude,
01:03:45mais une solitude pleine,
01:03:47parce qu'elles sont remarquables,
01:03:49ces femmes parlent à leurs enfants
01:03:51de manière... Pour moi,
01:03:53d'abord, le premier sentiment de solitude,
01:03:55c'est qu'il y a des gens qui ne parlent
01:03:57à personne de la journée,
01:03:59personne souvent âgé.
01:04:01C'est un degré de...
01:04:03Si elles travaillent, elles ont aussi parlé, etc.
01:04:05Donc c'est un sentiment
01:04:07assez particulier,
01:04:09plutôt de...
01:04:11Moi, j'ai eu plutôt le sentiment,
01:04:13si le mot je regardais,
01:04:15c'était le sentiment d'écrasement.
01:04:19Rien pour soi.
01:04:21D'où l'intérêt, d'ailleurs, de ces groupes de paroles
01:04:23qu'on a vus dans ce documentaire.
01:04:25Et là, on parle de la solitude,
01:04:27bien entendu.
01:04:29Peu de temps pour soi, pas assez de temps pour soi.
01:04:31Et il se trouve que lorsqu'on regarde
01:04:33un tout petit peu
01:04:35les chiffres dans le détail,
01:04:37moins on a d'argent,
01:04:39moins on a de temps pour soi.
01:04:41Et c'est cette fameuse précarité
01:04:43qui tire par le bas, réellement, ces femmes.
01:04:45C'est une spirale. C'est vrai que la question
01:04:47du manque de temps,
01:04:49du manque de répit parental,
01:04:51parce que tous les parents ont besoin de répit,
01:04:53mais les mères solos encore plus que les autres.
01:04:55Et moi, je trouve aussi que ce qui ressort
01:04:57beaucoup, c'est l'idée de la course d'obstacles.
01:04:59Parce que moi, sur le terrain,
01:05:01quand j'ai enquêté pour écrire mon livre sur les mères solos...
01:05:03C'est peut-être dans votre situation personnelle, d'ailleurs.
01:05:05Absolument.
01:05:07Le quotidien est quand même fait d'obstacles.
01:05:09C'est-à-dire, aller travailler,
01:05:11c'est compliqué quand on est mère solo.
01:05:13Dans quelles conditions on travaille ? A quels horaires on travaille ?
01:05:15Comment on fait garder les enfants quand le travail déborde ?
01:05:17Quelles sont les structures
01:05:19qui vont accueillir les enfants ?
01:05:21Comment on fait pour se loger ?
01:05:23Ça, c'est une question cruciale.
01:05:25C'est une question prioritaire pour les logements sociaux.
01:05:27On n'a pas, par exemple,
01:05:29systématiquement d'allocations pour le logement
01:05:31quand on est mère solo.
01:05:33Ça dépend des revenus.
01:05:35Donc ça, c'est cette question-là aussi.
01:05:37On a la question de la pension alimentaire,
01:05:39avec effectivement un taux d'impayé
01:05:41qui est encore aujourd'hui de 30 %.
01:05:43Parfois, l'obstacle, c'est que, tout simplement,
01:05:45on n'a pas d'argent pour faire les courses.
01:05:47On est dans une situation de privation.
01:05:49On ne sait pas comment,
01:05:51si les transports publics
01:05:53sont en panne,
01:05:55on ne sait pas comment on va récupérer les enfants
01:05:57parce qu'on n'a pas vraiment de filet de sécurité.
01:05:59On n'a pas de temps pour soi.
01:06:01On n'a généralement pas de chambre à soi.
01:06:03On dort dans le salon, bien souvent,
01:06:05quand on est mère solo.
01:06:07Et on accumule un peu des choses
01:06:09qui font que la santé des mères solo
01:06:11est plutôt défaillante.
01:06:13On l'a vu dans notre film.
01:06:15On perd pied rapidement.
01:06:17Au travail, c'est compliqué
01:06:19parce qu'on évolue difficilement.
01:06:21On ne prend pas en considération
01:06:23encore moins les familles monoparentales
01:06:25dans les structures de travail,
01:06:27notamment privées.
01:06:29C'est plutôt une accumulation de strates
01:06:31et de difficultés qui fait
01:06:33qu'il faut réformer le système
01:06:35dans son intégralité.
01:06:37Je l'ai dit dans votre présentation.
01:06:39Votre premier enfant, vous l'avez choisi toute seule.
01:06:41C'est un luxe d'avoir un enfant toute seule.
01:06:43Il faut en avoir les moyens,
01:06:45après avoir vu ce documentaire.
01:06:47Vous êtes un brin masochiste,
01:06:49on peut se poser la question.
01:06:51C'était une volonté très puissante
01:06:53qui a présidé à tout ça.
01:06:55Mais c'est vrai que c'était pas du tout simple.
01:06:57Quand j'ai fait un enfant seul,
01:06:59je me rendais pas compte
01:07:01des obstacles que j'allais rencontrer
01:07:03au quotidien dans l'exercice
01:07:05de ma soloparentalité, très honnêtement.
01:07:07Ca ne m'a pas empêchée de le faire.
01:07:09J'aurais pu continuer comme ça des années
01:07:11si la vie n'avait pas changé.
01:07:13Là, vous avez choisi de faire un second enfant,
01:07:15cette fois avec un compagnon.
01:07:17Ca vous a changé la vie ?
01:07:19Ca change tout.
01:07:21Ca change absolument tout.
01:07:23Encore faut-il qu'on ait un compagnon
01:07:25qui soit présent et qui fasse des choses,
01:07:27ce qui n'est pas le cas de tous les couples.
01:07:29Mais oui, j'ai vu la différence.
01:07:31Justement, le manque de répit,
01:07:33les difficultés qui s'amoncèlent
01:07:35et le fait que la société est faite pour les couples.
01:07:37Et donc,
01:07:39d'un point de vue pour le logement,
01:07:41pour des tas de choses,
01:07:43il y a énormément de difficultés
01:07:45Alors évidemment, la question
01:07:47que tout le monde se pose,
01:07:49c'est en haut de toutes les revendications,
01:07:51soit des associations, soit des fédérations
01:07:53qui tentent de défendre
01:07:55ces familles monoparentales,
01:07:57à commencer par ces fameuses mamans solos.
01:07:59Faut-il
01:08:01un statut spécifique
01:08:03aux parents isolés,
01:08:05qui déclencherait une priorité
01:08:07pour le logement, pour l'accès au transport,
01:08:09pour tout ce qui vient d'être dit à l'instant ?
01:08:11Est-ce que vous êtes favorable
01:08:13à ce type de statut aujourd'hui ?
01:08:15Je suis favorable à ce qu'on reconnaisse
01:08:17la spécificité des mamans
01:08:19dans 82%
01:08:21des cas en situation de monoparentalité
01:08:23pour simplifier leur vie.
01:08:25C'est vrai ce que vous dites, on voit bien
01:08:27que c'est parfois un parcours du combattant
01:08:29pour accéder au droit, pour accéder au logement,
01:08:31pour pouvoir
01:08:33effectivement se voir
01:08:35payer notamment la pension alimentaire.
01:08:37On n'a pas parlé aussi du temps partiel,
01:08:39que ces femmes choisissent le temps partiel
01:08:41pour des pensions.
01:08:43Et des métiers...
01:08:45Faut pouvoir s'occuper de leurs enfants.
01:08:47Oui, il y a un ensemble de sujets,
01:08:49un ensemble de difficultés qui,
01:08:51quand on se retrouve seul avec peu de temps,
01:08:53parce que très occupé par la gestion quotidienne
01:08:55de l'enfant ou des enfants, bien évidemment,
01:08:57il faut pouvoir simplifier
01:08:59la vie des familles monoparentales.
01:09:01Moi, je pense que nous avons
01:09:03des enjeux...
01:09:05Donc vous n'êtes pas favorable à un statut spécifique,
01:09:07si j'ai bien compris, mais des mesures particulières
01:09:09à tel ou tel problème ?
01:09:11Le statut pose souvent la question
01:09:13de la carte de la famille monoparentale.
01:09:15C'est un sujet
01:09:17qui est complexe, la carte de la famille monoparentale,
01:09:19parce qu'à partir de quel moment
01:09:21on est dans ce statut de famille monoparentale
01:09:23et pour combien de temps ? Vous l'avez dit
01:09:25vous-même tout à l'heure, la situation de Madame
01:09:27le prouve, ça évolue, cette situation.
01:09:29Ce n'est pas comme les familles nombreuses
01:09:31où on a des enfants et c'est défini
01:09:33pour un temps déterminé.
01:09:35Là, en ce qui concerne la famille monoparentale,
01:09:37c'est beaucoup plus complexe. C'est pour ça que nous devons,
01:09:39je pense, avant tout, travailler
01:09:41avec les organismes de logement
01:09:43pour qu'il y ait de la simplification, faire en sorte
01:09:45que les familles monoparentales,
01:09:47les mères notamment qui se retrouvent seules,
01:09:49puissent tout de suite accéder
01:09:51à un logement sans attendre le jugement.
01:09:53C'est une grosse revendication
01:09:55des associations de familles monoparentales.
01:09:57Créer des logements adaptés.
01:09:59Je discute en ce moment
01:10:01avec ma collègue Valérie Letart,
01:10:03ministre en charge du logement, pour trouver
01:10:05des solutions, voire des solutions
01:10:07de logements adaptés aux familles
01:10:09monoparentales. Il y a des
01:10:11initiatives qui se créent, il y a des choses qu'il faut
01:10:13porter pour aller plus loin.
01:10:15Ensuite, il faut simplifier aussi
01:10:17la fameuse formule, c'est ne le dites
01:10:19qu'une fois. C'est-à-dire que quand on accède à des droits,
01:10:21on développe une seule fois
01:10:23sa situation et il n'y a pas besoin de redouire
01:10:25à chaque fois pour simplifier les démarches.
01:10:27Il y a beaucoup de choses à faire.
01:10:29Le problème d'une carte monoparentale,
01:10:31elle est en train d'être mise en oeuvre et expérimentée
01:10:33à Paris. On va voir ce que donnent
01:10:35les retours de cette expérimentation
01:10:37à échelle locale.
01:10:39Il y a beaucoup de villes qui le font,
01:10:41qui mettent en place des droits
01:10:43liés au statut de
01:10:45famille monoparentale.
01:10:47On attend les retours des expérimentations.
01:10:49Est-ce que le langage qui vient d'être tenu
01:10:51en ce moment n'est pas celui que vous avez entendu
01:10:53de la bouche d'autres
01:10:55ministres qui sont passés par ce
01:10:57ministère ?
01:10:59Est-ce que le ton est un peu nouveau ?
01:11:01Est-ce que la politique est-elle là
01:11:03aujourd'hui plus qu'hier ?
01:11:05Est-ce qu'il y a beaucoup d'engagements
01:11:07mais qui ne voient pas de jour au final ?
01:11:09Comment voyez-vous les choses avec un peu de recul ?
01:11:11Pour l'instant, c'est un peu compliqué.
01:11:13Le sujet a vraiment émergé
01:11:15depuis quelques mois davantage
01:11:17dans la sphère politique notamment,
01:11:19mais je dirais un peu dans l'agora.
01:11:21On en parle davantage.
01:11:23Votre documentaire le prouve.
01:11:25C'est davantage dans l'air du temps.
01:11:27Effectivement, il y a eu...
01:11:29Vous parliez du
01:11:31rapport de Colomb-Bruxelles, vous parliez du rapport
01:11:33de Xavier Iacovelli.
01:11:35Il y a eu des initiatives. Il y a eu effectivement
01:11:37aussi des députés
01:11:39tout avant qui se sont mobilisés
01:11:41pour proposer des choses et notamment
01:11:43la question de la fiscalisation
01:11:45et de la défiscalisation des pensions alimentaires.
01:11:47Il y a eu même
01:11:49une proposition de loi, c'était en avril dernier.
01:11:51Elle n'a pas été au bout et pour cause.
01:11:53Il y a eu une dissolution ensuite.
01:11:55Une petite dissolution
01:11:57qui nous a occupés.
01:11:59En revanche, il y a eu
01:12:01récemment un amendement
01:12:03sur la question de la fiscalisation des pensions alimentaires
01:12:05qui fait que les personnes
01:12:07qui perçoivent les pensions alimentaires,
01:12:09pour vraiment simplifier grossièrement,
01:12:11ce sont les mères et les personnes qui les versent
01:12:13sont dans leur écrasante majorité des pères.
01:12:15Ces femmes, donc ces mères,
01:12:17sont taxées, payent des impôts
01:12:19sur ce qui est
01:12:21considéré comme des revenus.
01:12:23Sur ces pensions alimentaires.
01:12:25Ils ont déduit ces pensions du côté du débiteur.
01:12:27Absolument, comme si c'était
01:12:29un don au resto du coeur
01:12:31ou à une association caritative.
01:12:33Or, il s'agit d'une contribution à l'entretien
01:12:35et à l'éducation de l'enfant et non un revenu.
01:12:37Cette situation qui est un peu
01:12:39unique en Europe et qui fait de nous
01:12:41une exception culturelle
01:12:43notable, fait que
01:12:45c'est une demande de longue date
01:12:47des associations de la réformer
01:12:49et de faire en sorte que, parce que certaines mères
01:12:51passent sur la tranche supérieure
01:12:53d'imposition, parce qu'elles
01:12:55payent des impôts sur ces pensions.
01:12:57Parfois, certaines ne veulent pas déclarer
01:12:59de pension parce qu'elles ne veulent pas payer d'impôt dessus
01:13:01parce qu'elles y perdent.
01:13:03Ou alors perdent l'accès, parfois, à des droits.
01:13:05Des aides.
01:13:07Et donc,
01:13:09pour remédier à cette injustice, il a été demandé
01:13:11d'amender.
01:13:13Et pour l'instant, ça a été voté
01:13:15à l'Assemblée courte majorité.
01:13:17Mais pour l'instant, c'est reparti
01:13:19dans les limbes politiques.
01:13:21Après, je ne sais pas ce que compte faire
01:13:23le gouvernement sur ce sujet particulier.
01:13:25C'est une situation temporaire.
01:13:27Vous l'avez dit tout à l'heure.
01:13:29Le fait d'être maman solo
01:13:31ou papa solo, il y a tout de même une quinzaine
01:13:33de pourcents de papas solos en France.
01:13:35Une petite pensée pour eux, suite à ce
01:13:37documentaire, tout de même.
01:13:39C'est situation temporaire pour le sociologue
01:13:41que vous êtes.
01:13:43On l'intègre comment, aujourd'hui ?
01:13:45C'est inégal, là aussi, selon
01:13:47le milieu social.
01:13:49On ne sait pas si ça va être temporaire
01:13:51au moment où on y rentre.
01:13:57L'objectif,
01:13:59me semble-t-il, du point de vue
01:14:01des femmes
01:14:03et des hommes...
01:14:05La plupart de mes travaux, je les ai faits
01:14:07du point de vue des femmes.
01:14:09C'est pas nécessairement
01:14:11d'en sortir non plus,
01:14:13au sens... Elles ne sont pas non plus
01:14:15obligées de recommencer.
01:14:17C'est une mauvaise solution de dire
01:14:19que vous n'avez qu'à vous remettre en couple
01:14:21et comme ça, nous, on est tranquilles
01:14:23et on déchire votre carte.
01:14:25Je veux dire...
01:14:27C'est quand même très majoritairement
01:14:29des femmes qui demandent la séparation.
01:14:31Elles le font pour des bonnes raisons,
01:14:33pas simplement des hommes qui les battent et tout,
01:14:35mais sur des raisons de non-reconnaissance,
01:14:37de non-participation,
01:14:39d'hommes qui se sont endormis,
01:14:41il faut dire,
01:14:43assez vite après la rencontre.
01:14:45Et bon...
01:14:49Donc, sur le fond, moi,
01:14:51le problème n'est pas d'abord
01:14:53le fait que ce soit une situation
01:14:55temporaire. Pour moi, ce qui est
01:14:57important aussi dans le débat,
01:14:59c'est de souligner...
01:15:01C'est sursouligner,
01:15:03mais que la situation
01:15:05des femmes, même qui vivent
01:15:07avec un conjoint,
01:15:09quand on regarde les salaires,
01:15:11quand on regarde le nombre d'heures,
01:15:13quand on regarde d'où elles travaillent,
01:15:15pour aller chercher l'école et tout,
01:15:17c'est moins grave, c'est pas ce que je veux dire.
01:15:19Mais, d'une certaine façon,
01:15:21les femmes
01:15:23chefs, entre guillemets,
01:15:25des familles monoparentales
01:15:27payent la situation
01:15:29d'infériorité sociale
01:15:31de l'ensemble des femmes.
01:15:33Et donc, tout...
01:15:35L'objectif aussi des politiques
01:15:37familiales, c'est l'égalité
01:15:39hommes-femmes, et pas simplement
01:15:41traiter les catégories.
01:15:43Et donc, c'est le travail difficile
01:15:45de la ministre, mais il faut à la fois
01:15:47faire tout
01:15:49ce qui est bien pour les familles
01:15:51monoparentales, mais aussi
01:15:53de penser que
01:15:55si elles tombent,
01:15:57c'est parce qu'elles sont déjà
01:15:59sur le nombre de travail partiel,
01:16:01c'est pas pour les hommes, c'est d'abord pour les femmes.
01:16:03Je vois qu'est-ce que c'est.
01:16:05Effectivement, il y a un changement
01:16:07de société, mais ça, ça prendra du temps,
01:16:09et je pense qu'aujourd'hui, on a besoin
01:16:11de donner les moyens pour ces familles
01:16:13qui sont... On a quand même un enfant
01:16:15sur cinq qui vit dans une situation
01:16:17de famille monoparentale, et souvent,
01:16:19pour 40%, c'est lié à la précarité
01:16:21familiale. Donc, il faut travailler.
01:16:23Vous parliez,
01:16:25madame, des mesures fiscales.
01:16:27Effectivement, c'est un enjeu, et
01:16:29nous devons remettre à plat toutes les mesures
01:16:31socio-fiscales concernant
01:16:33les familles monoparentales.
01:16:35J'entends les mesures
01:16:37qui ont été adoptées à l'Assemblée nationale
01:16:39de défiscalisation, mais en fait,
01:16:41ça ne permet pas d'assurer
01:16:43une vraie sécurité pour tout le monde, parce qu'aujourd'hui,
01:16:45et c'est ce que nous dit la CAF avec
01:16:47la RIPA sur la médiation des pensions
01:16:49alimentaires, c'est que leur gros sujet,
01:16:51ce sont les pères qui deviennent insolvables
01:16:53et qui sont eux-mêmes en précarité.
01:16:55Donc aujourd'hui, elles ont un gros travail à mener
01:16:57avec les pères pour assurer la solvabilité des pères.
01:16:59Il y a un sujet, mais il faut qu'on le voit
01:17:01plus largement, et nous allons engager
01:17:03ce travail de mise à plat
01:17:05des mesures socio-fiscales
01:17:07pour les familles monoparentales
01:17:09dans le cadre du versement des pensions
01:17:11alimentaires. Et pour revenir
01:17:13sur l'égalité
01:17:15père-mère, alors c'est vrai que les chiffres
01:17:17sont marquants, c'est 82% des femmes
01:17:19qui sont en situation de monoparentalité.
01:17:21Donc, ça fait 18% d'hommes.
01:17:23Néanmoins, on doit travailler très
01:17:25en amont, et ça, c'est aussi un engagement sur la
01:17:27coparentalité. Je pense qu'il faut sensibiliser
01:17:29très tôt les pères au fait
01:17:31que, même s'il y a une rupture
01:17:33dans le couple, il ne doit pas y avoir
01:17:35de rupture avec les enfants et qu'ils resteront
01:17:37pères au-delà de la séparation
01:17:39familiale. Parce que c'est encore trop
01:17:41souvent le cas aujourd'hui. Oui, souvent, c'est
01:17:43le cas. Alors, il faut travailler avec les pères, il faut aussi travailler
01:17:45avec les mères pour que
01:17:47la rupture du lien parental
01:17:49ne porte pas atteinte à la rupture
01:17:51du lien entre parents-enfants.
01:17:53Et c'est pour ça que cesser de dire
01:17:55que la pension est un don,
01:17:57ça serait déjà une bonne manière de les responsabiliser.
01:17:59En France, on a
01:18:01aussi le problème de l'autorité parentale
01:18:03conjointe après la séparation.
01:18:05Alors, elle est faite pour de bonnes raisons,
01:18:07comme vient de le rappeler, à juste titre,
01:18:09madame la ministre. Moi, ce qui m'a frappé
01:18:11et qui me pose question, j'ai trouvé
01:18:13vraiment ce documentaire remarquable,
01:18:15c'est quand même, il y a des femmes qui disent
01:18:17à la limite, il fait
01:18:1920 minutes de temps en temps
01:18:21quand elle n'est pas fatiguée et tout,
01:18:23et puis il aurait le droit de prendre des grandes
01:18:25décisions au même titre que moi.
01:18:27Et c'est quand même une vraie question
01:18:29aussi. Si on fait
01:18:3180% du boulot,
01:18:33pas 80%
01:18:35des femmes chefs, mais 80%,
01:18:3790%,
01:18:3995% du travail,
01:18:41et que, sur le fond,
01:18:43l'autorité parentale est officiellement
01:18:45au moins pour les grandes décisions égales,
01:18:47ça recrée une inégalité.
01:18:49Je n'ai pas de réponse,
01:18:51mais cette femme a trouvé
01:18:53ça quand même très injuste.
01:18:55Vous en avez une réponse sur ce sujet ?
01:18:57Non, mais il y a une réponse notamment en termes
01:18:59de responsabilité aussi, c'est un enjeu,
01:19:01parce qu'aujourd'hui, la responsabilité,
01:19:03quand il y a des actes qui sont commis par les
01:19:05enfants, ce sont surtout les parents qui sont à la garde
01:19:07de l'enfant, or l'autre, il intervient aussi
01:19:09dans l'éducation de l'enfant, l'autre parent,
01:19:11et donc il doit avoir aussi une responsabilité
01:19:13partagée, c'est un des enjeux sur lesquels
01:19:15on est en train de travailler,
01:19:17et je crois que la proposition de loi
01:19:19de Gabriel Attal sur ce sujet-là
01:19:21interviendra
01:19:23pour rétablir
01:19:25ce partage de responsabilités.
01:19:27Vous êtes
01:19:29dans le cadre d'une famille recomposée
01:19:31aujourd'hui, ou encore
01:19:33un peu maman solo
01:19:35et un peu
01:19:37avec votre compagnon
01:19:39pour éduquer votre deuxième enfant,
01:19:41vous êtes dans quelle situation ?
01:19:43Je ne sais pas comment vous décririez
01:19:45cette situation, parce que mon compagnon n'avait pas d'enfant,
01:19:47donc ce n'est pas tout à fait recomposé
01:19:49dans le sens où il n'y a pas deux familles,
01:19:51c'est ma famille,
01:19:53qui s'est considérablement agrandie.
01:19:55Mais on reste quand même
01:19:57mère solo, la relation
01:19:59que vous avez avec votre enfant reste
01:20:01quand même très particulière,
01:20:03j'ai beaucoup vu ça chez les enfants de mère solo,
01:20:05et on le voit dans le film aussi,
01:20:07la relation est très singulière,
01:20:09donc je crois qu'on le reste
01:20:11quelque part à vie.
01:20:13Vous avez d'autres exemples en Europe
01:20:15où la politique a été complètement
01:20:17différente, ou évolue radicalement
01:20:19différemment qu'en France,
01:20:21ou où toutes les mamans solo
01:20:23subissent les mêmes choses ?
01:20:25Toutes les mamans solo
01:20:27subissent les mêmes choses en général,
01:20:29parce que ce sont des situations
01:20:31qui sont quand même aussi
01:20:33assez récentes.
01:20:35Ah oui, c'est ce qu'on a vu dans les chiffres.
01:20:37Et ça fait
01:20:39que les politiques publiques,
01:20:41où qu'elles soient, ont quand même du mal
01:20:43à percevoir ce phénomène dans sa globalité,
01:20:45dans ce que ça veut dire
01:20:47de la recomposition des familles,
01:20:49il y a aussi la question de la soloparentalité
01:20:51par choix, c'est-à-dire qu'aujourd'hui, la PMA est ouverte
01:20:53aux femmes célibataires.
01:20:55Oui, à peu près.
01:20:57C'est encore un peu différent,
01:20:59mais c'est dans un contexte
01:21:01de soloparentalité par choix, ça c'est certain,
01:21:03mais pas un contexte de PMA.
01:21:05En tout cas, ces familles-là
01:21:07existent, et c'est comme
01:21:09si on n'avait pas encore pris la mesure
01:21:11de tout le panel
01:21:13des familles,
01:21:15mais on peut parler aussi
01:21:17des beaux-parents, par exemple, c'est la même chose.
01:21:19Moi, je noterais
01:21:21quand même quelque chose d'optimiste
01:21:23par rapport... J'ai l'ancienneté, j'ai commencé
01:21:25la sociologie de la famille en 1970,
01:21:27donc j'ai...
01:21:29J'ai vu la naissance
01:21:31de la famille monoparentale,
01:21:33parce que, par exemple, les familles avec veuvage
01:21:35n'apportaient pas ce nom.
01:21:37La location orphelin, 1970,
01:21:39sous Pompidou, je m'en rappelle.
01:21:41Donc c'est
01:21:43des histoires. Et ce qu'il faut dire,
01:21:45y compris dans les années encore
01:21:4790-95,
01:21:49il y avait quelque chose qui a quand même
01:21:51en partie disparu, là, dans le
01:21:53documentaire, et que
01:21:55je salue, et qu'il faut dire
01:21:57qu'il n'y a pas un progrès du point de vue des politiques,
01:21:59mais un progrès du point de vue des représentations.
01:22:01C'est que,
01:22:03avec ambiguïté, ce que je vais dire,
01:22:05c'est plus compliqué, mais c'était
01:22:07qu'à l'époque, le problème
01:22:09central des familles monoparentales,
01:22:11notamment dans plein de livres
01:22:13de psy,
01:22:15de psychanalystes, c'était
01:22:17c'est justement,
01:22:19ils ont une relation fusionnelle,
01:22:21il manque absolument l'autorité
01:22:23du père. La loi du père
01:22:25de Lacan, tout le temps,
01:22:27tous les jours, moi, j'en mangeais,
01:22:29non, mais je veux dire, c'était au centre.
01:22:31Alors aujourd'hui, bon,
01:22:33il y a des couples lesbiennes,
01:22:35non, mais je veux dire, il y a eu
01:22:37heureusement un peu de distance,
01:22:39donc la stigmatisation psychologique
01:22:41demeure, mais
01:22:43elle s'est légèrement desserrée par rapport
01:22:45aux années, y compris
01:22:4790-95, qui a été le maximum.
01:22:49Et donc,
01:22:51parce qu'il faut que tout
01:22:53change en même temps, il faut que les politiques
01:22:55changent, que les hommes changent,
01:22:57ça, je pense que le rythme des hommes
01:22:59est assez lent
01:23:01dans le changement,
01:23:03si on prend en compte l'histoire de la famille,
01:23:05c'est totalement incroyable,
01:23:07et quand même, les logiques
01:23:09de savoir, puisque
01:23:11je parlais de la psychologie, de la psychanalyse,
01:23:13les logiques du savoir sont quand même
01:23:15plus discrètes sur la stigmatisation.
01:23:17Donc, il y a aussi une diminution
01:23:19quand même un petit peu.
01:23:21S'il y avait une mesure à mettre
01:23:23au-dessus de la pile aujourd'hui, pour un temps soit
01:23:25peu améliorer les choses pour les mamans solos,
01:23:27ça serait laquelle ?
01:23:29Moi, je crois que c'est évidemment,
01:23:31avant tout, de diversifier les modes de garde
01:23:33pour faire en sorte que les mamans solos
01:23:35puissent avoir du temps de répit pour pouvoir
01:23:37travailler dans des bonnes
01:23:39conditions et avoir du temps aussi pour penser
01:23:41à elles et pouvoir
01:23:43avoir des moments
01:23:45où elles peuvent se consacrer
01:23:47à leur bien-être et à leur épanouissement.
01:23:49Cinq ans et six mois, c'est le temps
01:23:51qu'il faut à une femme, en moyenne,
01:23:53pour retrouver un compagnon ou une compagne
01:23:55et, en tout cas, sortir de ce statut
01:23:57avec plein de guillemets, bien sûr,
01:23:59de maman solo, contre quatre
01:24:01ans et deux mois pour un homme,
01:24:03donc c'est plus court pour les hommes.
01:24:05Merci vraiment à tous les trois d'avoir participé
01:24:07aujourd'hui à cette émission consacrée
01:24:09justement aux mamans solos
01:24:11après ce documentaire exclusif
01:24:13que nous avions la chance de vous présenter
01:24:15dans cette émission des Badocs. Vos réactions, ça sera
01:24:17sur le hashtag des Badocs, tout simplement.
01:24:19Nos invités sont d'ailleurs là, je l'espère,
01:24:21pour réagir à ce que sont
01:24:23ces réactions. Merci à Félicité
01:24:25Gavaldar, Victoria Bellé,
01:24:27qui, comme à l'accoutumée, m'ont aidée à préparer
01:24:29cette émission. Je vous donne rendez-vous pour un
01:24:31prochain des Badocs et ça sera, bien entendu,
01:24:33avec son documentaire et son débat.
01:24:35À très bientôt.

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