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Cette semaine dans Parlement Hebdo, le président du groupe Horizons à l'Assemblée nationale fait face au président du groupe socialiste au Sénat Patrick Kanner. Au menu : maintenant que Michel Barnier a révélé les grandes orientations du gouvernement, la balle est dans le camp des parlementaires. Que fera le groupe Horizons, soutien traditionnel d’Emmanuel Macron ? Comment la gauche organisera son opposition au gouvernement Barnier alors que s’annonce l’examen d’un budget très difficile à faire adopter ? Deuxième sujet de la semaine : Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur, qui était auditionné au Palais Bourbon le 2 octobre pour présenter sa feuille de route. Alors qu’il s’est fait remarquer par ses propos dans la presse sur l’Etat de droit, les tensions se concentrent sur la personnalité du ministre, issu de la droite, qui avance des propositions dures, sur l’immigration notamment. Année de Production :

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00:00Générique
00:02...
00:09Bonjour à tous. Ravis de vous retrouver
00:11pour cette nouvelle saison de Parlement Hebdo,
00:13l'émission qui vous fait vivre les temps forts de l'actualité
00:17à l'Assemblée et au Sénat.
00:18Avec une nouvelle formule cette saison,
00:21un débat entre un député et un sénateur.
00:23Et aujourd'hui, un face-à-face entre deux présidents de groupe.
00:26Laurent Marcangeli, bonjour.
00:28Vous êtes président du groupe Horizon,
00:30indépendant à l'Assemblée nationale.
00:32Horizon, c'est le parti d'Edouard Philippe.
00:34Patrick Cannaire, bonjour.
00:35Vous êtes président du groupe socialiste,
00:38écologiste et républicain au Sénat.
00:40On va revenir sur le fait politique de la semaine.
00:42Michel Barnier a présenté sa feuille de route
00:45à l'Assemblée et au Sénat.
00:47Il a annoncé des hausses d'impôts ciblées et temporaires
00:50pour certaines grandes entreprises,
00:52mais aussi les plus fortunées.
00:54Le Premier ministre promet aussi de dialoguer
00:56avec tout le monde sur tous les sujets.
00:58Et puis, Bruno Retailleau a, lui,
01:00présenté ses chantiers prioritaires
01:02devant la commission des lois de l'Assemblée.
01:05Il veut infléchir la politique pénale
01:07et assume de vouloir réduire l'immigration illégale et légale.
01:11Il a aussi précisé ses propos polémiques sur l'Etat de droit.
01:14On en débat avec vous.
01:15Mais d'abord, la déclaration de politique générale
01:18du Premier ministre Michel Barnier, avec, vous allez le voir,
01:21des réactions différentes dans chacune des deux chambres.
01:27Aucun applaudissement quand Barnier monte à la tribune de l'Assemblée.
01:31A peine le discours entamé, des députés de la France insoumise
01:34brandissent leur carte d'électeur pour protester contre sa nomination.
01:38Face à l'Assemblée nationale morcelée et agitée,
01:40le Premier ministre joue la carte de la prudence,
01:43faute de majorité.
01:44Nous allons faire du dialogue et de la culture du compromis
01:48un principe de gouvernement.
01:50Le mot de compromis, c'est pas un gros mot.
01:53On ne se compromet pas quand on fait un compromis.
01:58Le ton se veut conciliant et le Premier ministre
02:01décoche aussi quelques flèches.
02:02Je serai très attentif à vos propositions
02:05d'économies supplémentaires.
02:07Très attentif.
02:08Applaudissements
02:11Pour faire face à un déficit que j'ai trouvé en arrivant.
02:15Rires
02:17...
02:20Le lendemain, changement de décor et d'ambiance
02:23au Sénat pour son 2d discours de politique générale
02:25avec un tonnerre d'applaudissements à son arrivée.
02:28Applaudissements
02:29Michel Barnier est ici, en terrain conquis.
02:32Merci pour votre accueil auquel je suis sensible.
02:35Je suis attaché au rôle du Sénat et ce n'est pas un hasard, d'ailleurs,
02:40s'il y a, peut-être pour une des premières fois,
02:43autant de sénateurs et de sénatrices dans mon gouvernement.
02:46Une dizaine de sénateurs sont devenus ministres, un record.
02:49Face à eux, le nouveau patron du groupe LR affirme son soutien.
02:53Vous trouverez toujours au sein du Sénat,
02:56parmi les membres du groupe LR, un aiguillon et un allié.
03:01Comme à l'Assemblée, le Premier ministre met l'accent
03:04sur la situation financière du pays
03:06à quelques jours de l'examen du budget.
03:08Pour ce faire, il promet de s'appuyer sur les travaux du Sénat.
03:11Je sais d'ailleurs que le Sénat avait proposé, l'an passé,
03:15des mesures d'économie très substantielles.
03:17Nous avons sans doute là un gisement d'économie accessible.
03:20Nous allons les examiner ensemble.
03:22Applaudissements
03:24Maintenant que Michel Barnier a présenté sa feuille de route
03:26et sa méthode, le travail parlementaire peut reprendre,
03:29avec une première épreuve du feu,
03:31le budget présenté en Conseil des ministres le 10 octobre.
03:35Voilà pour ce sujet d'Adrien Pin.
03:37Patrick Cannaire, quand vous avez entendu la feuille de route
03:40de Michel Barnier, qu'est-ce que vous vous êtes dit ?
03:42Est-ce que vous vous appelez à la censure du gouvernement
03:44comme vont le faire vos collègues députés de gauche
03:46ou est-ce que vous vous êtes dit qu'il faut lui donner sa chance ?
03:49– Nos collègues députés vont clairement déposer la censure,
03:52une motion de censure et elle ne sera probablement pas votée
03:57puisque nous savons que le Rassemblement national ne la votera pas.
04:00Mais voilà, c'est un premier acte politique qui montre
04:02que l'opposition reste l'opposition
04:03et le gouvernement de droite est de droite.
04:05Donc nous retrouvons un climat de droite-gauche
04:07assez classique dans notre pays.
04:09Je m'en félicite plutôt parce que c'est un élément de clarification
04:13par rapport à ce macronisme soutenu par différentes sensibilités
04:19qui manifestement a toujours mené une politique de droite libérale
04:22dans ce pays depuis 2017.
04:23– Laurent Marcangeli, cette majorité autour du Bloc central et des LR
04:28est menacée par une censure,
04:29est-ce que vous pensez qu'elle va tenir longtemps
04:31quand on voit déjà les voix qui s'expriment ?
04:34On a entendu Gabriel Attal, Gérard Darmanin, elle va tenir longtemps ?
04:38– Je vais vous dire ce que nous défendons depuis le début
04:39et nous le défendons depuis le second tour de l'élection législative.
04:42Nous avons, dès le soir de ce second tour, dit qu'il fallait,
04:46au regard de la composition de l'Assemblée nationale,
04:49être dans un esprit de responsabilité parce que le pays va mal.
04:51Nous avons parlé tout à l'heure de la situation financière
04:54et nous avions appelé, avec Édouard Philippe,
04:55à un rassemblement qui aille de la droite conservatrice républicaine
04:58à la gauche sociale-démocrate prête à se saisir des affaires du pays.
05:02Nous n'avons pas été totalement entendus,
05:04je viens d'écouter M. Canner qui, je pense, peut se revendiquer
05:09de cette famille sociale-démocrate qui a assumé des responsabilités,
05:12il a été au gouvernement sous Manuel Valls et Bernard Cazeneuve
05:16et moi je regrette aujourd'hui qu'on ne soit pas en capacité
05:18de pouvoir définir cet arc afin de faire tenir le pays
05:21et lui faire tenir face à ces difficultés
05:25qui sont devant nous aujourd'hui.
05:27Avec un réel enjeu financier, le déficit de la France qui se creuse
05:31et justement, Patrick Canner, le Premier ministre,
05:32a annoncé des hausses d'impôts.
05:34Alors d'abord, une contribution exceptionnelle
05:36sur les plus fortunés pendant un an ou deux,
05:38ça devrait rapporter 2 milliards d'euros
05:40et puis également une taxe supplémentaire
05:42sur 300 grandes entreprises.
05:45Est-ce que le social-démocrate que vous êtes dit
05:48va quand même dans le bon sens ?
05:49Socialiste.
05:52Socialiste, soyons précis.
05:53Voilà, c'est ma formation politique.
05:55Le socialiste que je suis dit que ça va dans le bon sens,
05:58mais ça ne va pas assez loin, c'est nécessaire mais pas suffisant.
06:01Tout d'abord parce que ce n'est pas pérenne,
06:03alors que les mesures qui avaient été prises
06:05ont donné une perte financière pour l'État
06:08de 58 milliards d'euros par an.
06:10La perte des recettes fiscales, la destruction de recettes fiscales,
06:1358 milliards d'euros par an.
06:15Donc là, on va grignoter quelques milliards ici ou là
06:17sur les plus riches,
06:18mais la première mesure claire, nette, qui a été décidée,
06:22c'est qu'on n'augmente pas les retraites
06:24des plus modestes de nos concitoyens,
06:26c'est-à-dire les retraités.
06:28Et ça, c'est un gain, entre guillemets, pour l'État,
06:30mais un gain sur la vie des gens de plus de 3 milliards d'euros.
06:34Donc il y a un décalage.
06:36Et les annonces qui sont faites sur la sécurité sociale,
06:38sur les arrêts de travail,
06:40montrent bien que les Français prendront la plus lourde part
06:45de l'effort fiscal demandé à certains.
06:47Sur les hausses d'impôts envisagées par le gouvernement Barnier,
06:51par Michel Barnier, vous êtes d'accord avec ça ?
06:53Gérard Darmanin a dit qu'il n'en voulait pas. Et vous ?
06:56Il ne va pas échapper qu'à l'heure où nous parlons,
06:59nous ne sommes pas en possession de la loi de finances.
07:02Elle va être annoncée la semaine prochaine par le ministre du Budget.
07:05J'ai rencontré Laurence Amartin, Antoine Armand.
07:09Je n'ai pas affaire d'annonce, puisque ce n'est pas à moi de le faire.
07:12Mais ce que je peux vous dire aujourd'hui,
07:14c'est que le groupe que je préside
07:17sera toujours dans le sens de la responsabilité.
07:20L'endettement du pays,
07:22qui a lieu à 6 % de son PIB cette année,
07:25ce n'est pas une mince affaire, c'est une affaire de souveraineté.
07:28Aujourd'hui, si on ne fait rien,
07:30les économistes disent que c'est 7 % pour l'année 2025.
07:35Donc il y a urgence d'agir.
07:36Urgence d'agir de manière équilibrée, oui, effectivement.
07:39Moi, en ce qui me concerne, je ne vois pas d'inconvénient
07:42que beaucoup, dans des cas bien précis,
07:44contribuent de manière exceptionnelle.
07:47C'est valable pour les ménages, pour les entreprises.
07:50Les plus fortunés ?
07:51Les plus fortunés, je pense que c'est une question de justice.
07:54Une question de justice fiscale, même politique.
07:57Donc c'est cela que nous allons soutenir.
08:01Et sur les dépenses, il va falloir faire des efforts.
08:04Le Premier ministre a été clair.
08:052 tiers de l'effort de guerre, si je peux me permettre,
08:08portera sur les dépenses, 1 tiers sur les recettes.
08:11Gérald Darmanin a tort de lancer cette polémique
08:13et de refuser de voter le budget ?
08:15Gérald Darmanin est libre, comme il l'a dit,
08:17sur un autre plateau de télévision.
08:19Il est libre de s'exprimer.
08:21Je suis président d'un groupe à part entière,
08:23Horizon et indépendants.
08:25Je vous donne la position de ce groupe,
08:27qui est aussi celle d'Edouard Philippe.
08:29Nous recherchons de consensus et de responsabilité
08:32pour que le pays tienne.
08:33Il faudra couper dans les dépenses.
08:35Il y a certaines dépenses qui pèsent lourdement
08:38sur le budget de l'Etat.
08:39Comment faire pour les réduire ?
08:41Vous avez des idées ?
08:42Notamment celles des collectivités.
08:44On a bien compris que les collectivités
08:46allaient contribuer à 5 milliards d'euros.
08:48C'est la Cour des comptes qui suggère la suppression
08:51de 100 000 postes au sein des collectivités
08:53pour 4 milliards d'euros.
08:55J'ai beaucoup de respect pour Pierre Moscovici.
08:57C'est un ami politique, historiquement,
09:00mais il ne décide pas la politique de la nation.
09:02Il conseille.
09:03Une fois cela dit, les collectivités territoriales
09:06sont bien gérées dans notre pays.
09:08On n'est pas obligés de porter en fin de compte
09:10tous les malheurs du monde, notamment dans le déficit budgétaire.
09:14Les chiffres sont clairs.
09:15Sur les 880 milliards d'aides publiques supplémentaires
09:19entre 2017 et 2023,
09:20les collectivités représentent 10 milliards d'euros.
09:23Il faut arrêter de se moquer du monde.
09:25Je n'accepterai pas, nous n'accepterons pas au Sénat.
09:28Je crois que les collectivités deviennent
09:30les boucs émissaires de l'incurie budgétaire de l'Etat.
09:33Les collectivités territoriales
09:35sont le bouc émissaire de ce gouvernement ?
09:37Non, je ne le pense pas.
09:39Je ne pense pas que ce soit l'état d'esprit
09:41qui définit la politique générale décrite par Michel Barnier.
09:44Pas besoin d'être sénateur pour défendre les collectivités.
09:48Le groupe que je préside est composé en grande partie
09:51de femmes et d'hommes qui ont exercé des responsabilités.
09:54Tout le monde doit faire des efforts collectivités.
09:57Bien sûr, mais encore une fois, vous savez,
09:59la Cour des comptes ne fait jamais de cadeaux.
10:02Elle n'en fait pas à l'Etat,
10:03elle n'en fait pas à l'ensemble de ce qu'elle a à vérifier.
10:07Aujourd'hui, elle donne un conseil.
10:09C'est un conseil qui est un conseil financier, comptable,
10:12si je puis me permettre l'expression.
10:14On sait tous aujourd'hui que les collectivités
10:16ne sont pas les principales responsables
10:18de la situation financière du pays.
10:20J'ai essayé de soutenir du mieux que je pouvais
10:23le gouvernement d'Elisabeth Borne et de Gabriel Attal.
10:26Il y avait toujours quelque chose qui me hérissait,
10:29c'est quand on disait que les questions de déficit
10:31étaient en grande partie de la responsabilité
10:34des collectivités territoriales.
10:36Aujourd'hui, l'effort qui sera demandé
10:38proportionnellement à l'effort global
10:40sera bien en dessous de ce qu'on pourrait craindre.
10:43Moi, j'ai une solution pour faire des économies,
10:45puisqu'il faut regrouper les services publics.
10:4842 ministres.
10:49Il y a des ministres à la crème brûlée et au fromage blanc.
10:53C'est trop.
10:54Donc, on peut réduire, au niveau de leur périmètre,
10:57je vous assure qu'on peut réduire de 10 ou 15 ministères
11:00et on fera quelques millions d'économies.
11:02On n'est pas sur un gouvernement resserré.
11:04La crise en Nouvelle-Calédonie est l'un des enjeux urgents
11:07pour le gouvernement Barnier.
11:09Une crise économique, sociale, sécuritaire, institutionnelle.
11:12Le Premier ministre a indiqué qu'il voulait redonner du temps,
11:16le temps du dialogue avec les acteurs.
11:18Patrick Kaner, le gouvernement devrait s'appuyer
11:21sur votre proposition de loi, celle des sénateurs socialistes,
11:24de reporter les élections provinciales
11:26en Nouvelle-Calédonie au 30 novembre 2025.
11:29Mon groupe va sauver le gouvernement sur ce sujet.
11:32Je vous le concède. C'est assez extraordinaire,
11:34un projet de loi issu du gouvernement
11:36aurait dû intervenir pour reporter les élections.
11:39Ils n'ont plus le temps, par rapport à l'échéance,
11:42celle de décembre prochain.
11:43Nous avons déposé, le 16 septembre,
11:45une proposition de loi organique visant à reporter les élections.
11:49Ca a toujours été notre position.
11:51Nous avons toujours dit, donnons du temps au dialogue,
11:54reprenons l'esprit des accords de Matignon,
11:57des accords de Nouméa. Vous allez dans le mur.
11:59Vous avez sauvé le gouvernement.
12:01Vous lui avez évité d'aller dans le mur.
12:03Ce texte sera évoqué le 23 octobre prochain.
12:06Il devra être voté par le Sénat.
12:08Nous avions raison trop tôt, mais depuis,
12:11il y a eu 13 morts, 3 milliards d'euros de dégâts
12:14et une situation cataclysmique en Nouvelle-Calédonie.
12:18Je suis heureux, effectivement,
12:20de donner mon secours au gouvernement car la cause est juste.
12:23Il faut renoncer Laurent Marcangeli à un congrès du Parlement
12:26sur ce projet de loi qui prévoit le dégel du corps électoral ?
12:30La situation qui est celle de la Nouvelle-Calédonie
12:33aujourd'hui est dramatique, je pense aux habitants
12:36et aux habitants de cette partie du territoire national.
12:3913 morts, des milliards d'euros d'outils de production détruits,
12:43des familles qui ont été obligées de s'en aller, de fuir,
12:4840 % de chômage, tout va mal.
12:51Et une situation politique bloquée.
12:53Des émeutes de la fin potentielle.
12:55Des émeutes de la fin potentielle.
12:58En tout cas, ce que je voulais vous dire,
13:00vous avez eu une période de vacances politiques
13:03qui vous a échappé, je ne pense pas,
13:05il y a eu une dissolution,
13:07et les choses ont mis du temps à se mettre en place.
13:10J'ai écouté Michel Barnier avec attention.
13:12Vous avez aujourd'hui une volonté de se remettre autour de la table.
13:18J'ai reçu une délégation transpartisane
13:21pour évoquer la question de la reconstruction
13:23car la Nouvelle-Calédonie ne pourra pas faire face à ça.
13:26Il y a le dialogue politique.
13:28On ne peut pas voter cette année, je le pense,
13:31eu égard à la situation.
13:32C'est bien de reporter les élections.
13:34Il faut se remettre autour de la table.
13:36Edouard Philippe a été un Premier ministre
13:39qui s'est beaucoup inspiré de la philosophie
13:41qui avait prévalu et en 1988 et en 1998,
13:44lorsqu'il était au responsabilité.
13:46On va passer à l'autre temps fort de la semaine.
13:48Au Parlement, Bruno Retailleau auditionné à l'Assemblée.
13:52Le ministre de l'Intérieur a détaillé sa feuille de route
13:55sur la sécurité, l'immigration.
13:57Il a aussi donné quelques explications
13:59sur ses propos dans la presse sur l'Etat de droit
14:02qui avait déclenché une polémique.
14:04Elsa Mondingava.
14:09Une édition très attendue pour un ministre de l'Intérieur
14:12dont les dernières déclarations ont suscité la polémique.
14:15Sur l'Etat de droit,
14:17qu'il a qualifié de pas intangible ni sacré,
14:20Bruno Retailleau est sommé de s'expliquer.
14:23A aucun moment, j'ai voulu abolir l'Etat de droit.
14:26A aucun moment.
14:28J'ai simplement dit
14:30qu'il fallait déplacer le curseur dans l'Etat de droit
14:34comme vous l'avez fait,
14:36comme nous l'avons fait au moment du terrorisme
14:39et au moment du Covid.
14:42Quand les règles de droit ne protègent pas la société,
14:45on change les règles de droit.
14:46Le locataire de la place Beauvau est également interrogé
14:50sur sa vision de l'immigration.
14:51Quand je dis que l'immigration n'est pas une chance telle qu'elle est,
14:55en dehors de tout contrôle, quand on a plus d'un demi-million,
14:59bien évidemment, mais posez la question aux Français,
15:02ils vous répondent tous de la même façon.
15:04Moi, j'ai jamais prôné une immigration zéro.
15:07Jamais. Jamais.
15:09Mais l'immigration qui a échappé à tout contrôle aujourd'hui
15:13n'est pas une chance, bien entendu.
15:15Et je l'assume, mais complètement.
15:17Le ministre de l'Intérieur a confirmé
15:19qu'il entendait prolonger jusqu'à 210 jours
15:22la durée de la rétention administrative
15:25des étrangers en situation irrégulière.
15:28Il veut enfin commander un rapport à la DGSI,
15:31la Direction générale de la sécurité intérieure,
15:34sur l'islam politique.
15:35Laurent Marcangeli, quand le ministre de l'Intérieur
15:38dit qu'il veut faire bouger le curseur de l'Etat de droit,
15:42comme on l'a fait pendant le Covid ou face au terrorisme,
15:45c'est-à-dire renoncer à certaines libertés individuelles,
15:48est-ce qu'il va trop loin ?
15:50Est-ce qu'il n'y a pas un malaise chez vous
15:52qui fait partie de ce bloc central ?
15:55Je veux affronter les problèmes sans faux fuyant,
15:58mais néanmoins, les mots ont un sens.
16:00L'Etat de droit, j'y suis attaché.
16:02C'est une notion liée au principe de démocratie libérale
16:05auquel je suis particulièrement attaché.
16:08L'Etat du droit, en revanche,
16:10je suis là pour parfois le remettre en cause,
16:12l'améliorer, l'amender.
16:14C'est le rôle d'un parlementaire.
16:16Les mots ont un sens, je ne suis pas favorable
16:18à la remise en cause de l'Etat de droit à titre personnel.
16:22– Patrick Cannaire, est-ce qu'il faut assouplir cet Etat de droit
16:25face à certains problèmes ?
16:27– Non, l'Etat de droit est un concept.
16:29L'Etat de droit, il est directement issu
16:31de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789.
16:36C'est intangible, c'est sacré.
16:38C'est sacré.
16:39Donc, pour répondre à monsieur Retailleau
16:42qui a fait une provocation, volontaire, pas volontaire,
16:45peu importe, vous avez assisté à un grand rétropédalage de sa part,
16:50il parle moins dans les médias, je crois que c'est bien,
16:53il faut que les particules retombent, qu'il fasse son travail,
16:56qu'il nous fasse des propositions.
16:58Le parlement est souverain, surtout qu'aujourd'hui,
17:01l'exécutif a besoin du parlement.
17:03Il n'y a plus de majorité à l'Assemblée nationale,
17:06les commissions mixtes paritaires feront leur travail.
17:08Je demande à monsieur Retailleau de reprendre son sang-froid,
17:12dans l'excitation de la nomination à l'intérieur
17:14de l'Assemblée nationale.
17:16Il s'est laissé déborder par ses propres propos.
17:18Les choses vont se calmer, comptez sur nous pour le calmer.
17:22Laurent Fabius, qui, sur votre plateau, l'a dit très récemment,
17:25en disant qu'on ne touche pas l'état du droit,
17:28comme l'a dit mon collègue,
17:29c'est bien sûr que nous faisons bouger l'état du droit.
17:32– Bruno Retailleau considère aussi que l'immigration
17:35n'est pas une chance pour la France.
17:37Comment vous accueillez ses propos au vitriol ?
17:40– Je m'aperçois que, accessoirement, il a dit
17:42qu'il ne pouvait pas envisager l'immigration zéro.
17:45C'est intéressant, parce que c'est la position
17:48que je défends à titre personnel.
17:50L'immigration, c'est aussi une chance pour la France.
17:54On l'a vu dans notre histoire.
17:57Je crois que les propos…
17:58Il faut faire attention à ce qu'on dit sur ce sujet-là.
18:01– Mais c'est une provocation ?
18:03– Je ne vais pas faire le commentateur des propos du ministre.
18:06Moi, je suis un acteur politique, je vais vous dire ce que je pense.
18:09Je pense qu'il ne faut pas, aujourd'hui,
18:11dire qu'il y a un problème migratoire dans notre pays,
18:14qu'il y a un problème d'accueil,
18:16qu'il y a un problème d'intégration qui se pose.
18:18Il faut peut-être donner davantage de moyens
18:21pour mieux choisir notre immigration.
18:23Je suis totalement d'accord à avoir le débat,
18:25sereinement, de manière posée.
18:27Mais il ne faut pas, aujourd'hui, avoir ce type de punchline
18:30qui, à mon avis, fait de la peine aux gens.
18:32J'ai autour de moi des gens issus de l'immigration
18:35qui peuvent être parfois peinés et intégrés par des propos de cette nature.
18:39– C'est quand même problématique parce que vous n'avez pas la même vision
18:41de l'immigration que le ministre de l'Intérieur du gouvernement
18:43que votre camp soutient.
18:44– Nous avons quelques lignes de partage.
18:47Je vous rappelle que lors du débat sur la loi Asile et Immigration
18:50qui a eu lieu en décembre dernier, j'ai pris mes responsabilités.
18:52J'étais responsable de texte, bien que président de groupe,
18:55en commission des lois à l'Assemblée nationale.
18:57Je n'étais pas d'accord avec M. Retailleau sur l'AME.
18:59– L'aide médicale d'État.
19:01– L'aide médicale d'État.
19:02J'étais, en revanche, d'accord sur le rétablissement
19:04du délit de séjour irrégulier.
19:06J'étais d'accord sur le fait qu'on expulse un étranger délinquant
19:11de notre pays.
19:12J'étais d'accord sur un certain nombre de sujets.
19:13Pas tous, mais sur certains.
19:15– Justement, Patrick Cannaire, Bruno Retailleau est prêt
19:17à conditionner l'aide au développement pour certains pays
19:20quand leurs dirigeants acceptent leurs ressortissants criminels
19:24expulsés de France.
19:25Est-ce qu'il faut passer par là une politique du chantage ?
19:28Conditionner cette aide si les dirigeants des pays en question
19:31acceptent leurs ressortissants qui ont commis des crimes ?
19:35– Permettez-moi d'abord de revenir sur la notion de chance.
19:38Je ne sais pas si je suis une chance pour la France,
19:41mais je suis un fils d'immigré, comme beaucoup.
19:45Et je sais ce que je dois à la République,
19:48et donc je ne veux pas être insulté, même par le ministre de l'Intérieur,
19:52et je ne veux pas que des enfants qui viennent de l'immigration,
19:55qui essayent de s'intégrer correctement,
19:58même s'il y a parfois des cas qui nous heurtent profondément,
20:02je ne veux pas que ces futurs Français se sentent rejetés par la République.
20:08Je vais faire la parenthèse, je reviens sur votre question.
20:12L'AFD, donc le bras armé de l'Agence française du développement,
20:17va perdre, je crois, 700-800 millions d'euros dans le budget 2025.
20:22C'est difficile de faire du chantage quand on se fait hara-kiri soi-même
20:26au niveau du budget.
20:28L'AFD peut être un formidable outil de relation internationale.
20:32C'est la puissance extérieure de la France sur un plan du développement.
20:37Donc, jouer sur le chantage en pensant que,
20:40parce qu'on va enlever quelques millions d'euros
20:43à des populations extrêmement pauvres au travers de leur gouvernement,
20:47on va régler le problème des OQTF,
20:49les obligations de quitter le territoire français,
20:51je crois qu'on se met, permettez-moi l'expression, le doigt dans l'œil,
20:53c'est dommage, encore une fois, on est là dans des propos jetés comme ça,
20:57à l'envie, sans savoir réellement leur impact réel.
21:00Laurent Marcangeli, cette méthode de conditionner les aides au développement
21:04au laisser-passer consulaire, c'est la bonne méthode
21:07ou c'est juste du symbole politique qui n'est pas vraiment efficace ?
21:09J'avais proposé un amendement en ce sens,
21:11un amendement lors de la discussion sur la loi Asile et l'immigration,
21:15un amendement qui a été déposé au Sénat par le président Hervé Marseille,
21:19si mes sourires sont exactes, que j'avais repris mot pour mot.
21:23Nous n'avons pas eu de séance publique, hélas,
21:25par rapport à tout ce qui s'est passé sur ce sujet.
21:27Je crois que ça fait partie des outils, effectivement.
21:30Il y a celui-ci, il y a aussi un outil diplomatique,
21:33avec une certaine forme de pression qu'il faut mettre sur certains pays
21:37qui, aujourd'hui, refusent de reprendre un certain nombre de leurs concitoyens
21:42qui sont expulsés de France.
21:44C'est le débat qu'il faut avoir aujourd'hui, à mon avis.
21:45Très vite sur cette question.
21:47On ne s'est pas expulsé en 90 jours,
21:48est-ce qu'il faut aller jusqu'à 120 jours de détention
21:51pour les étrangers qui sont en crâne ?
21:53– C'est aussi la question de l'accueil de ces étrangers, 210 jours.
21:57– 210 jours.
21:58– Les crânes, ces centres de rétention administrative
22:03qui sont finalement des prisons qui ne disent pas leur mot,
22:06et de plus en plus, depuis d'ailleurs M. Gérald Darmanin,
22:08puisque moi j'ai un crâne dans mon département,
22:11qui est le crâne de l'Equin, avant on y accueillait des familles,
22:15en attente de retour vers les territoires d'origine.
22:18Là, maintenant, ce ne sont que des délinquants qui sont là,
22:21et qui ne sont pas surveillés par des professionnels,
22:22mais par des policiers qui n'ont pas la compétence pour le faire.
22:25C'est devenu un chaos indescriptible.
22:27– Donc ça ne sert à rien d'allonger la durée de rétention à 210 jours ?
22:30– On peut imaginer de rallonger,
22:33mais à condition que l'accueil soit digne, et ce n'est pas le cas aujourd'hui.
22:36Donc, si on doit rallonger, ça se discute,
22:39mais encore faut-il que les conditions d'accueil
22:41le permettent dans de bonnes conditions.
22:43– Laurent Marcandeli, sur cette mesure,
22:45vous êtes favorable à aller jusqu'à 210 jours de rétention maximale ?
22:47– Moi, sur les personnes qui sont condamnées pour des délits,
22:52ou des crimes, alors des crimes, ils restent en prison,
22:55mais sur des délits, je ne vois pas d'inconvénience qu'il y ait une différenciation.
22:58C'est-à-dire que l'expérience montre que,
23:00passés 90 jours, il n'y a aucune expulsion qui est effective.
23:04Donc, c'est ce que je dis depuis tout à l'heure,
23:05le problème, il est davantage sur l'aide publique au développement,
23:08et également sur les liens diplomatiques avec les pays
23:11vers lesquels ces délinquants doivent être renvoyés.
23:13– C'est raisonnable.
23:15– Voilà, on est d'accord.
23:16– Nous sommes très raisonnables chez Horizon.
23:17– On sent une convergence entre eux.
23:20– On va parler d'un dernier sujet, après le viol et le meurtre de Philippine,
23:24on en a beaucoup parlé, par un homme qui avait déjà été condamné pour viol.
23:28Les sénateurs socialistes, Patrick Cannaire,
23:30souhaitent une mission d'information sur la récidive des criminels sexuels.
23:34Est-ce que votre demande a été entendue ?
23:37– Mission d'information aux commissions d'enquête.
23:40Je pense qu'il faut vraiment affronter cette question de face.
23:45Ce n'est pas possible de voir une législation française
23:48qui soit inadaptée finalement à ces drames terribles que nous avons connus
23:52et que nous connaîtrons encore.
23:54La question des violences sexuelles doit être traitée de manière spécifique.
23:57Il faut qu'on y travaille, il faut qu'on y réfléchisse
23:58et qu'on fasse évoluer l'état du droit, naturellement.
24:02Et nous avons demandé cette commission d'enquête ou mission d'information.
24:06Je peux vous annoncer, et avec l'autorisation de ma collègue Laurence Rossignol,
24:10qui a porté cette demande, la délégation des droits des femmes devrait,
24:16je suis quand même prudent, mais devrait s'en saisir
24:18et proposer ce travail de fond par le Sénat.
24:20– Pour commencer à travailler quand ?
24:23– Dès que possible, il faut que la délégation en décide
24:26et que la conférence des présidents du Sénat le confirme.
24:29– Laurent Marcangeli, est-ce que le meurtre de Philippine
24:31doit donner lieu là aussi à l'Assemblée, à une commission d'enquête ?
24:34Est-ce que la représentation nationale doit se saisir de cette affaire
24:40et également faire la lumière sur les problèmes d'expulsion
24:43que le meurtre de Philippine a mis en ?
24:45– Il y a deux sujets, vous avez le sujet pénal en lui-même simple,
24:48à savoir une récidive alors que cet homme vient de sortir,
24:52donc le passage en prison n'a servi à rien, la preuve en est.
24:56Et l'autre, il y a le sujet également lié au fait
25:00qu'il n'avait pas à être sur le territoire national,
25:02qui a mis une très grande gravité également, je pense aujourd'hui,
25:05à la famille de cette jeune femme, c'est affreux ce qui se passe.
25:09Et moi je pense que l'Assemblée nationale va devoir faire du travail législatif,
25:15notamment le travail de contrôle du gouvernement,
25:17il y a de fortes probabilités pour qu'il n'y ait pas beaucoup de textes à débattre,
25:20puisque le fait de ne pas avoir de majorité
25:23rend les choses plus compliquées pour le gouvernement.
25:25– Le travail sur la récidive, sur le problème de l'expulsion.
25:27– Moi je prône un travail législatif concret, sérieux,
25:31des députés, dans des commissions d'enquête, dans des missions d'information,
25:34c'est aussi ça le travail d'un parlementaire,
25:36contrôler les politiques publiques et contrôler l'action du gouvernement.
25:39– Merci à vous deux d'avoir débattu sur ce plateau de Parlement hebdo,
25:42c'est la fin de cette émission, on se retrouve la semaine prochaine, ciao ciao.
25:45– Sous-titrage ST' 501

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