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00:00Vous écoutez Culture Média sur Europe à 9h30, 11h avec Thomas Hill et ce matin,
00:05Thomas, vous recevez André Dussolier qui est sur scène en ce moment.
00:07Mais oui, vous venez de reprendre votre spectacle « Sans dessus dessous » au Théâtre des Bouffes
00:11parisiens pour 25 dernières représentations. Il y a un peu plus de 20 ans, vous aviez créé
00:16« Monstres sacrés », « Sacrés monstres » et « Sans dessus dessous » s'inscrit un peu dans le
00:21prolongement de ces spectacles. Vous vous incarnez de nombreux textes sur scène signés d'auteurs
00:27très différents. On passe de Sacha Guitry à Raymond de Vence, Victor Hugo, Roland Dubillard.
00:32Il y a aussi Baudelaire, Louis Aragon ou encore Michel Houellebet qui sont représentés sur scène
00:37sans qu'il n'y ait d'ailleurs forcément de lien entre eux, si ce n'est vous, finalement.
00:41Exactement, aucun lien. Et puis, c'est des textes qui appartiennent à des auteurs d'époques tout
00:46à fait différentes. J'ai privilégié la comédie parce que j'aime bien ça,
00:49puis c'est agréable d'entendre les gens rire et sourire à certains textes. En fait,
00:54c'est des textes que j'aime bien. Puisqu'on parlait de Post à l'instant,
00:57Post, en parlant des auteurs, disait « Tous ces amis qui sont sur les étagères », en parlant
01:02des livres. À certains moments, dans certains livres, il y a des pages absolument incroyables
01:07qu'on ne connaît pas, qu'on n'a pas entendues ou qu'on redécouvre. Et donc, c'est un plaisir.
01:10Il y a par exemple un enlisement de quelqu'un. J'étais obligé d'aller vérifier sur notre
01:15ami Wikipédia ou Google pour voir si c'était vrai. C'est Hugo qui raconte l'enlisement de
01:20quelqu'un dans les sables mouvants. C'est très impressionnant. On a l'impression que c'est vrai.
01:24Donc, en fait, j'étais rassuré. Le principe d'Archimède fait qu'on ne peut pas être enlisé
01:28dans les sables mouvants, sauf si, par exemple, vous êtes au Mont-Saint-Michel, vous êtes enlisé
01:32jusqu'à la Taille et puis après, la marée monte et c'est là que c'est dangereux. Mais il y a des
01:37auteurs comme ça. Et puis bon, j'aime bien le comique, la drôlerie. Il y a Dubillard avec son
01:42côté absurde qui m'aide beaucoup là-dedans à capter le rire des spectateurs.
01:46Et le rire des spectateurs, il est notamment très présent sur ce célèbre sketch de Raymond
01:52Devausse qui donne le titre de votre spectacle. C'est un passage qui fait beaucoup réagir le
01:58public. Et je me suis même dit, en vous écoutant, que vous devriez peut-être envisager de reprendre
02:03tout un spectacle de Devausse parce que ça vous va vraiment bien.
02:07Alors, ça a été fait récemment. Je n'ai pas vu le spectacle par François Morel,
02:10qui est un fan aussi de Raymond Devausse. Mais Raymond Devausse, on n'ose pas trop y
02:15toucher parce que c'est tellement une écriture et une interprétation qui sont liées à sa
02:19personnalité, sa faconte, sa manière d'être. Mais celui-là, Sans dessus dessous, c'est tellement
02:26bien écrit qu'on peut se l'approprier. Il y a quand même eu des histoires comme ça avec certains
02:29auteurs auxquels on n'osait pas toucher, comme Guitry par exemple. Et c'est Robert Lamoureux
02:33dont on ne pensait pas qu'il était proche de Guitry, qui l'a fait renaître. Parce que quand
02:37c'est bien écrit, alors à ce moment-là, on peut... Mais je n'irai pas dans tous les textes
02:41de Devausse, franchement. Vous voulez bien nous en offrir un petit extrait ?
02:44Oui, vous voulez un autre ? Parlons de la situation, sans préciser laquelle. Il y a
02:52quelques mois déjà, vous vous en souvenez, la situation, pour n'être pas pire que celle
02:55d'aujourd'hui, n'en était pas meilleure non plus. Nous allions tout droit vers la catastrophe et
02:58nous le savions. Parce qu'il ne faudrait pas croire que les responsables d'hier étaient
03:04plus ignorants de la situation que ne le sont ceux d'aujourd'hui. D'ailleurs, ce sont les mêmes. Donc
03:08oui, la catastrophe était pour demain. C'est ce qu'on nous disait, c'est-à-dire pour aujourd'hui,
03:12si mes calculs sont bons. Or, que voyons-nous ? Aujourd'hui, c'est qu'elle est toujours pour
03:15demain. Alors, je pose la question, est-ce que c'est en remettant toujours au lendemain la
03:20catastrophe que nous pourrions faire le jour même, que nous l'éviterons ? D'ailleurs, je vous signale
03:24que si le gouvernement actuel n'est pas capable d'assumer la catastrophe, il est possible que
03:31l'opposition s'en empare. Plus jamais que d'actualité ! C'est un bonheur d'être en première. Qui date de 1979,
03:41comme quoi l'histoire se répète. Et alors, les premiers mots de votre spectacle, ils sont de
03:45Sacha Guitry. « Tout seul, enfin, la liberté, l'exquise liberté, le silence absolu, le repos bien
03:51aimé, le calme où rien ne vibre ». Ce n'est pas un hasard, j'imagine, si vous choisissez ces mots
03:57en premier, André Dussolier, vous aspirez à ça ? Non, ce n'est pas un hasard. Et la phrase qui suit, que vous n'avez pas
04:01dit, c'est « En fait, j'ai l'impression que je suis libre que lorsque je suis enfermé ». Bon, alors,
04:06c'est vrai que ce n'est pas un hasard. Je suis fils unique, j'ai vécu à la montagne, donc du coup,
04:10je me suis fait à la solitude et je regardais souvent la vie par la fenêtre. Mais donc, la
04:14solitude, c'est vrai. Quand on arrive à Paris, dans ce bruit, dans cette fureur, on a besoin de calme,
04:19de silence. Et donc, ce texte-là m'aide à introduire tous les autres qui vont suivre. C'est-à-dire que
04:24c'est un homme qui rentre chez lui et qui va passer du coca à l'âne, il passera d'un état d'âme à un
04:29autre. Et c'est les auteurs qui m'aident à manifester ou à raconter ces états d'âme. Et vous, vous avez
04:34besoin de la solitude régulièrement ? J'aime bien ça, on est bien copains. Mais en même temps,
04:39non, quand même, j'aime beaucoup les autres. J'ai besoin des autres, vraiment, comme tout le monde,
04:43bien sûr. Il paraît que quand vous tournez pas, ça vous arrive de partir deux jours à l'hôtel
04:46sans prévenir personne. C'est vrai ça ? Non, on est tranquille comme ça. Personne ne sait où vous
04:50êtes. Et on a notre petit monde à soi. Enfin, ça, c'est peut-être une période, à un moment donné,
04:55que j'ai vécue. Mais enfin, je n'y retourne pas, non, ça va très bien. Non, mais j'aime beaucoup
04:58les autres. Il ne faut pas que je me fasse passer pour un sauvage. Bien sûr. Et alors, vous jouez
05:02des vœux présidentiels dans ce spectacle. Giscard, Mitterrand, Chirac, Sarkozy, Hollande,
05:08Macron. Les années passent et se ressemblent. C'est ça que vous avez voulu nous montrer ? En fait,
05:12je me suis aperçu, en voyant ces vœux, en les écoutant, que tous les présidents,
05:16depuis Giscard d'Estaing jusqu'à Macron, disaient que les temps sont difficiles.
05:20Je pense que les conseillers d'Emmanuel Macron ont dû lui dire de s'arrêter avec cette phrase,
05:29parce que ça fait deux années de suite qu'il ne dit plus les temps sont difficiles. Mais les
05:33autres, c'était incroyable. Mot pour mot, il disait les temps sont difficiles. Mais d'ailleurs,
05:38Christophe Barbier, qui était au micro de Culture Média la semaine dernière,
05:41expliquait que politique et théâtre, c'était les deux revers d'une même médaille. Vous adhérez à
05:46ça ? Vous trouvez que ce sont des grands acteurs, nos hommes politiques ? Oui, il faut être un peu
05:50acteur, comme les avocats sont acteurs aussi, comme d'autres professions, comme je connais
05:56des commerçants dans mon quartier qui sont très acteurs aussi. Il y a beaucoup d'acteurs dans la
06:01vie. Allez voir André Dusselier sur scène, c'est un régal. Sans dessus, dessous, les dernières
06:06représentations parisiennes, c'est en ce moment au Théâtre des Bouffes parisienne.