• l’année dernière
Ici l'Europe du 7 décembre 2024.

Titre : « Guerre hybride et ingérence russe en Europe : Poutine décidé à déstabiliser l'UE ».

Première partie : Caroline de Camaret reçoit Aurore Lalucq, eurodéputée S&D et présidente de la commission des affaires économiques et monétaires du Parlement européen.

Deuxième partie : Caroline de Camaret et Thibault Henocque reçoivent les eurodéputés Bernard Guetta (Renew, France) et András László (Patriotes pour l'Europe, Hongrie) pour un débat sur le thème : « Guerre hybride et ingérence russe en Europe : Poutine décidé à déstabiliser l'UE ».

Chaque semaine, LCP Assemblée nationale, Public Sénat et France24 vous plongent au coeur des questions qui secouent l'Europe : Covid-19, questions migratoires, « Green deal », Brexit ou encore souveraineté digitale. Quel avenir pour l'Union et ses 450 millions d'habitants ? Une demi-heure d'information pour mieux comprendre les enjeux européens.

Abonnez-vous à la chaîne YouTube LCP - Assemblée nationale : https://bit.ly/2XGSAH5

Suivez-nous sur les réseaux !
Twitter : https://twitter.com/lcp
Facebook : https://fr-fr.facebook.com/LCP
Threads : https://www.threads.net/@lcp_an
Instagram : https://www.instagram.com/lcp_an/
TikTok : https://www.tiktok.com/@LCP_an
Newsletter : https://lcp.fr/newsletter

Retrouvez-nous sur notre site : https://www.lcp.fr/

#LCP #assembleenationale #Politique

Category

🗞
News
Transcription
00:00France 24, LCP. Public Sénat présente.
00:05Générique
00:13Générique
00:24Bonjour à tous, merci de nous rejoindre pour Ici l'Europe.
00:27La semaine a été marquée par la démission du gouvernement Barnier qui a accentué l'affaiblissement de la France en Europe,
00:34alors que les défis économiques, commerciaux et géopolitiques ne manquent pas.
00:39Nous en parlons tout de suite avec Aurore Laluc.
00:42Bonjour. Je rappelle que vous êtes une économiste qui a été élue en 2019 au Parlement européen,
00:49qui siège avec les socialistes européens, bien sûr,
00:53et vous présidez désormais la Commission des affaires économiques et monétaires du Parlement européen,
00:59une française à ce poste prestigieux.
01:02Pourtant, la France n'est pas au mieux en ce moment,
01:05avec une motion de censure contre le gouvernement Barnier et des incertitudes qui en découlent.
01:11Les Français donnent l'impression de ne plus avoir de pilote dans l'avion.
01:15Est-ce qu'ils se font tout petits à Bruxelles ?
01:17Je crois qu'on est tous très inquiets à Bruxelles, c'est surtout ça.
01:20Il y a une grande inquiétude parce qu'on connaît le rôle de la France dans la construction européenne,
01:26son importance d'un point de vue économique,
01:29et surtout, je pense que ce qui perturbe aussi beaucoup les Européens, c'est la question de la crédibilité de la parole.
01:35Je m'explique, pendant deux années consécutives, Bruno Le Maire a présenté un budget et une trajectoire budgétaire qui n'étaient pas sérieuses.
01:47Et ça, c'est nouveau côté européen, c'est-à-dire que la France n'est pas un budget à l'équilibre.
01:53C'est très rare qu'elle ait un budget à l'équilibre, à vrai dire, depuis 1961, si ma mémoire est bonne.
01:59Néanmoins, on est habitué à avoir une parole crédible et sérieuse.
02:04Là, c'est autre chose qui s'est passé, c'est-à-dire qu'à chaque fois, la France est arrivée avec une perspective budgétaire,
02:10et finalement, on a vu qu'elle était incapable de suivre cette trajectoire.
02:14L'Union Européenne, mais même d'autres institutions, on pense au Fonds monétaire international, etc., ont toujours dit
02:20« mais votre politique fiscale, vos coupes fiscales ne sont pas financées ».
02:25Bruno Le Maire disait « ne vous inquiétez pas, il n'y a rien à voir ».
02:30C'est ça qui est aussi très perturbant.
02:33Mais que votre camp, le Parti Socialiste, ait voté avec l'extrême droite pour faire chuter un gouvernement Barnier,
02:39un Barnier qui était un nom quand même à Bruxelles, ça en a choqué plus d'un.
02:43Est-ce que c'est logique ? Est-ce qu'il y a une logique dans cette motion de censure,
02:47entre l'alliance de deux entités qui ne sont absolument pas compatibles ?
02:52Ce n'est pas une alliance, et par ailleurs, vous comprenez bien que c'est très compliqué,
02:56quand on est un social-démocrate, de soutenir un gouvernement qui ne va chercher que du soutien du côté de l'extrême droite.
03:03Moi, j'ai un grand respect à la base pour Michel Barnier, parce que je sais ce qu'il a fait au niveau européen.
03:09Je crois que tout le monde au niveau européen a un grand respect pour Michel Barnier,
03:12parce que ça a été le négociateur du Brexit.
03:15Quelqu'un qui est venu nous voir quand il négociait le soir, nous faire des comptes rendus, etc.
03:22On a tous un grand respect au niveau européen pour ce monsieur.
03:25Mais là, que voulez-vous ?
03:27À partir du moment où vous avez un gouvernement qui cherche le soutien de l'extrême droite,
03:32et que vous avez fait bloc contre l'extrême droite,
03:35continuer à le soutenir quand vous cherchez à dialoguer avec lui, c'est quand même compliqué.
03:39Et le responsable de cette situation, il faut quand même le redire, c'est Emmanuel Macron.
03:43Un, responsable parce qu'il a fait une dissolution de l'Assemblée nationale un soir d'élections européennes.
03:49Quel rapport !
03:50Deuxièmement, parce qu'il a décidé de nommer Michel Barnier,
03:54et qu'il a du mal à accepter aussi le fait qu'on puisse revenir sur son bilan.
03:58Mais en fait, il faut revenir sur son bilan.
04:01C'est d'ailleurs quand on regarde l'analyse qui est faite du budget français au niveau européen,
04:07c'est ce qu'il lui demandait.
04:09Vous appelez dans une tribune avec Raphaël Glucksmann
04:12toutes les forces opposées au Rassemblement national à travailler ensemble
04:15pour un accord de non-censure et à la production d'une plateforme de gouvernement provisoire.
04:20Est-ce que ça vous paraît seulement faisable en l'état de l'Assemblée nationale et de la France ?
04:26Il va falloir que tout le monde soit à la hauteur des Français.
04:28C'est-à-dire que je pense que les Français savent que personne n'a la majorité aujourd'hui à l'Assemblée nationale.
04:36Et quand vous parlez dans la rue, tout le monde dit
04:40mais en fait, il n'y a pas de majorité, soyez à la hauteur.
04:43Les Français ont fait un effort et se sont mobilisés pour faire barrage au Rassemblement national.
04:50C'est ça l'histoire de ce vote.
04:52Et nous, la classe politique, on ne serait pas à leur hauteur
04:54parce qu'on se dirait, je pense à ma petite boutique et non, c'est moi qui dois être au pouvoir et pas toi, etc.
04:59Ce n'est pas à la hauteur.
05:01Par ailleurs, il y a une réalité arithmétique qui fait que la gauche n'est pas majoritaire.
05:07Je le regrette, je préférais, mais c'est ainsi.
05:10Et nous, on doit être responsable là où Emmanuel Macron ne l'est pas.
05:13Et notre responsabilité, c'est dur, mais c'est donner de la stabilité au pays.
05:18Ça se fait, et je pense que vous êtes la mieux placée pour le savoir,
05:22parfaitement partout dans le reste des pays européens.
05:25Et nous, on est très archaïques de ce point de vue-là.
05:27On est les seuls à ne pas être en capacité de faire des coalitions.
05:29Ça se fait partout.
05:30Là, aujourd'hui, on doit être en capacité de le faire sur une base programmatique.
05:34Au moins, on se doit.
05:37C'est une obligation morale d'essayer.
05:40On ne peut pas refuser de se mettre autour de la table.
05:44Est-ce qu'après, on arrive à avoir un accord ?
05:46Je ne sais pas à ce stade, sincèrement, je ne sais pas.
05:49Mais depuis le mois de juillet, avec Raphaël Glucksmann,
05:51on me dit, mettons-nous autour de la table et voyons si on arrive à accoucher de quelque chose.
05:56La France des mouvements sociaux, c'est parfois l'image que nous renvoyons à nos voisins européens.
06:01Et c'est bien sûr particulièrement le cas en ce moment, en pleine crise politique.
06:05Jeudi 6 décembre a été marqué par une grève des enseignants.
06:09Et ce, malgré la chute du gouvernement Barnier,
06:12les Français sont en ce moment perdant à coup sûr.
06:15On est un pays où en fait, il y a très, très peu de dialogue social.
06:19Et sous Emmanuel Macron, ça a été le pire des pires à ce niveau-là.
06:24Donc un, il faut du dialogue social dans ce pays.
06:27On a des partenaires sociaux qui savent trouver des solutions quand ils se mettent autour de la table.
06:31Donc appuyons-nous sur les partenaires sociaux.
06:34Deuxièmement, la situation, que ce soit dans les hôpitaux d'ailleurs,
06:38ou à l'éducation nationale, est terrible.
06:41Dans les pays de l'OCDE, on fait partie des pays qui payent le moins dans le domaine de l'éducation nationale.
06:47C'est une question sociale, mais ce n'est même pas qu'une question sociale, je vais vous dire.
06:51C'est une question d'investissement dans l'avenir du pays.
06:54La France est sous le coup d'une procédure pour déficit excessif consolidée
06:58à 6,1% du budget de fin de gestion, comme on dit.
07:03Loin des 3% demandés.
07:06On n'est plus du tout sur une pente d'ailleurs décroissante en matière de déficit et de budget.
07:12Oui, tout à fait. Mais encore une fois, c'est lié à la politique qui a été menée par Emmanuel Macron,
07:18qui a fait des choix, qui étaient des choix.
07:20En gros, son pari était le suivant.
07:22On va couper dans la fiscalité et ça va permettre quelque part de relancer la croissance
07:27et cette croissance va permettre de faire des rentrées fiscales.
07:29Sauf que ce n'est pas du tout ça qui s'est passé.
07:31Et faire des erreurs en politique économique, ça arrive.
07:34Au bout d'un moment, il faut l'admettre et il faut rectifier le tir.
07:37Aujourd'hui...
07:38On n'a pas pu rectifier le tir. Le gouvernement Barnier est tombé.
07:41Mais le délai de réduction des déficits qu'on lui avait accordé sur son profil européen,
07:47Bruxelles ne va peut-être pas faire de cadeau aux autres, non ?
07:51On va voir ça. Le vrai test côté Bruxelles, ce sera au printemps, à vrai dire.
07:55Là, la France a proposé sa trajectoire, mais soyons aussi très clairs.
08:00Ce qui a été proposé par Michel Barnier, c'était des coupes entre 40 et 60 milliards.
08:04Mais ce n'est pas ça que demande Bruxelles.
08:06Bruxelles demande une trajectoire crédible, sérieuse, qui est autour de 18 milliards par an.
08:13On n'a pas besoin de surjouer.
08:16Après avoir minimisé la situation, on est en train de dire qu'elle est dramatique.
08:23Soyons juste sérieux. On a besoin de 18 milliards par an.
08:2718 milliards par an, ça se trouve dans les niches fiscales, dans une fiscalité plus juste, ce genre de choses.
08:34Ensuite, il y a des investissements qu'il faut faire.
08:37Investir dans l'éducation nationale, c'est de l'investissement.
08:41C'est un coût à court terme, à long terme, ce sont des bénéfices.
08:45Par ailleurs, il faut vraiment retrouver le moyen de relancer l'activité économique dans ce pays.
08:50C'est ça qui est essentiel.
08:52C'est pour ça aussi qu'il nous faut vite trouver une solution.
08:54Il y a plein de plans sociaux qui se préparent aujourd'hui dans le pays.
08:57Mais il y a aussi la question de l'image de la France.
09:00L'écart entre les taux d'intérêt d'empreinte de la France et de l'Allemagne a fortement augmenté.
09:05C'est ce qu'on appelle le spread qui s'envole.
09:08On est au niveau de la Grèce en ce moment.
09:10Certaines agences de notation s'apprêtent à nous dégrader.
09:14La France est beaucoup moins solvable sur les marchés.
09:17Elle emprunte toujours très bien.
09:19Il n'y a pas de panique à avoir de ce côté-là.
09:21Ensuite, sur la question des agences de notation,
09:23ce que je dis toujours, c'est que ce n'est pas aux agences de notation
09:26de définir quelle doit être la politique économique et la politique publique de la France.
09:30Mais néanmoins, il faut aussi regarder la situation telle qu'elle est.
09:34Moi, je n'ai jamais agité la peur de la sanction des marchés financiers, etc.
09:41On est toujours en train de le faire dans ce pays.
09:43Pour faire passer un certain nombre de politiques, je ne l'ai jamais fait.
09:46Là, je trouve qu'il faut quand même faire attention.
09:49C'est-à-dire que le pire n'est jamais certain,
09:52mais il est aussi maintenant possible, malheureusement.
09:54C'est pour ça qu'il faut réussir à avoir des gens en responsabilité
09:59qui proposent une trajectoire crédible.
10:02Néanmoins, la signature de la France et sa capacité à emprunter restent toujours fortes.
10:07Deuxième économie de la zone euro au Relaluc.
10:10Peut-être désormais l'homme malade de l'Europe, dans ce qu'on disait de l'Italie,
10:14qui risque d'entraîner la zone euro dans sa chute ?
10:18Si vous voulez, quand vous avez une économie allemande qui ne va pas bien,
10:22parce qu'eux, c'est l'inverse.
10:24Ils n'ont pas assez investi dans les infrastructures publiques, etc.
10:27Ils sont en train d'en payer le prix.
10:29Ils ont trop de dépendance avec la Chine, trop de dépendance avec la Russie.
10:32Et que vous avez la France qui ne va pas bien,
10:36oui, je ne peux pas dire qu'au niveau européen, ne soyons pas inquiets.
10:41Je le vois très bien dans ma commission, que j'ai l'honneur de présider,
10:45où les questions ne sont pas des questions de politique politicienne,
10:49ce n'est pas des petites phrases, etc.,
10:51pour chercher un peu à faire des petites captures des vidéos sur Twitter,
10:57pour être dans la posture.
10:59Les questions sont graves aujourd'hui.
11:01C'est-à-dire qu'il y a une vraie inquiétude.
11:05Il y a une chaise vide, déjà, en effet, vous l'avez dit, à Berlin,
11:08puisque Olaf Scholz a remis en jeu, par le vote, le 23 février, son mandat.
11:17Il y aura sans doute changement de majorité,
11:19puisque les chrétiens démocrates sont nettement en tête des sondages.
11:22Une Europe qui sera quasiment entièrement à droite.
11:25Ça nous dit quoi, d'ailleurs, aussi, de la faiblesse des social-démocraties ?
11:29Oui, bien sûr, ça dit quelque chose.
11:32Ça dit le fait que la social-démocratie doit se renouveler,
11:37doit être forte, doit avoir un discours clair,
11:40et doit pas être toujours dans cette espèce...
11:43Là, on est obligé d'être d'opposition face à l'extrême droite.
11:46Elle doit avoir un récit.
11:48Elle doit être courageuse.
11:49Elle doit protéger les Européens sur la question du pouvoir d'achat,
11:55sur la question de la réindustrialisation.
11:57Il faut qu'on soit présent, etc.
11:59On est très présents au niveau européen.
12:01C'est nous qui avons permis les plus grandes avancées, disons-le clairement.
12:04Le SMIC européen, c'est grâce à nous.
12:06La protection des travailleurs des plateformes, c'est grâce à nous.
12:09Le Green Deal, c'est grâce à nous, etc.
12:12Mais néanmoins, oui, ça ne suffit pas.
12:15Et il y a une vraie lame de fond idéologique d'extrême droite aujourd'hui,
12:20comme il y a eu des vagues idéologiques de gauche, puis néolibérales.
12:25Là, on voit qu'il y a une vraie vague idéologique d'extrême droite.
12:29On le voit même en Espagne.
12:30En Espagne, on a eu un gouvernement social, et on a un gouvernement social démocrate,
12:34qui a augmenté les salaires, qui a fait de la fiscalité juste, qui a vraiment fait...
12:39Et l'extrême droite monte quand même.
12:40Et l'extrême droite monte quand même.
12:41Donc ça veut dire que, quelque part, c'est quelque chose de très profond,
12:46qui vient probablement d'il y a plusieurs décennies de cela,
12:49et qui est malheureusement en train de se matérialiser aujourd'hui.
12:53Donc il faut que nous, on fasse face à ça.
12:55Mais moi, ce qui m'intéresse, là, à vrai dire, c'est de vraiment être en capacité
12:59de faire en sorte que nous ayons une Europe forte.
13:04Une Europe forte et une Europe de l'industrie.
13:06Mais quelle Europe forte ?
13:07Parce que Ursula von der Leyen a monté vidéo pour signer l'accord du Mercosur.
13:13C'est évidemment à la Commission de négocier.
13:16Ça, c'est dans les traités.
13:17On ne connaît pas tous les détails de cet accord.
13:19Mais expliquez-nous pourquoi, de votre point de vue,
13:21alors social-démocrate, justement, c'est plutôt un mauvais accord,
13:24même s'il fait envie à un maximum de pays ?
13:27Comment dire ?
13:28Moi, déjà, je n'ai rien contre les accords de commerce à la base.
13:31Le commerce international, il n'y a pas de sujet, ce n'est pas le problème.
13:35Deuxièmement, je ne pense pas que l'urgence aujourd'hui,
13:38ce soit l'approfondissement de la mondialisation.
13:40Je pense que l'urgence aujourd'hui, c'est de réindustrialiser l'Europe.
13:44Même si Donald Trump va mettre des barrières tarifaires très très hautes
13:48et qu'on aura du mal à vendre aux États-Unis.
13:50Mais justement, la question, c'est la réindustrialisation.
13:52C'est de faire en sorte que...
13:54Comment dire ?
13:55Du côté américain, ils ont fait, comme vous le savez,
13:58l'Inflation Reduction Act,
13:59qui est vraiment un moyen de réindustrialiser les États-Unis.
14:05Les subventions aux industries vertes.
14:06Les industries vertes, etc.
14:08Donc, ils sont en train de faire leur filière de production.
14:10De l'autre côté, vous avez la Chine,
14:11qui a théorisé la nécessité de mettre l'économie européenne sous sa coupe d'ici 2050.
14:18Donc, nous, on fait quoi là-dedans ?
14:19On est le continent le plus ouvert au monde.
14:21Exporter en Amérique latine, ça ne vous paraît pas un enjeu important ?
14:24L'enjeu aujourd'hui, c'est d'être en capacité de produire des médicaments sur notre territoire.
14:29De pouvoir produire de l'énergie.
14:31Parce que si on perd en compétitivité,
14:33c'est parce qu'en fait, on n'arrive pas à produire assez d'énergie
14:35et que le coût de l'énergie est trop élevé sur notre continent.
14:38D'être en capacité d'avoir un secteur automobile vert fort.
14:42D'avoir une chimie forte.
14:43C'est ça qui fera du bien aussi,
14:45parce qu'on sait que l'emploi dans l'industrie,
14:48pas n'importe laquelle,
14:50c'est une industrie qui doit correspondre au Green Deal.
14:52Mais l'emploi dans cette industrie,
14:54c'est ce qui protège le mieux de la pauvreté.
14:57L'accord UE-Marco-Sourd tout de même,
14:59pour le bloquer, vous demandez à Emmanuel Macron d'essayer de le bloquer.
15:02Il faut une minorité de blocage de trois pays supplémentaires.
15:06Alors peut-être la Pologne et l'Italie sont en train de basculer dans notre compte.
15:1035% de la population, vous y croyez ?
15:12Il est en mesure d'imposer cette minorité de blocage ?
15:15Mais c'est ce que vous avez dit avec pertinence au début de l'émission.
15:18C'est-à-dire qu'elle est aujourd'hui la force de la parole d'Emmanuel Macron au niveau européen.
15:24En fait, la parole de la France est très dégradée.
15:28Donc il faut, à mon avis, qu'il y ait cette minorité de blocage.
15:31Parce qu'on le voit bien, en plus,
15:33cet accord va engendrer des problématiques d'un point de vue environnemental,
15:39d'un point de vue social, sur les agriculteurs aussi.
15:43Donc c'est important.
15:45Est-ce qu'il est capable d'emmener avec lui d'autres pays ?
15:48Aujourd'hui, c'est la vraie question.
15:50Prenons la direction du front Est de l'Europe.
15:53En Géorgie, il y a des manifestations monstres
15:55depuis que le gouvernement du parti rêve géorgien a dit qu'il avait remporté les dernières élections
16:02et suspendu le processus d'adhésion à l'Union européenne jusqu'en 2028.
16:07Des élections contestées par des observateurs et les opposants arrêtés.
16:12Est-ce que les Européens sont suffisamment impliqués dans ce qui se passe dans leur voisinage ?
16:16On ne l'a jamais été.
16:18D'ailleurs, ce qui s'est passé en Ukraine le prouve.
16:20C'est qu'on n'était pas assez impliqués.
16:22En mon mandat précédent, j'ai eu de cesse d'alerter
16:25sur notre dépendance aux gaz qui venaient de Russie.
16:29Cela nous posait des problématiques en termes environnementaux,
16:33mais en termes géopolitiques.
16:35En fait, on a du mal, au niveau européen, à anticiper
16:41et à apprendre de ce qui s'est passé avant.
16:46Sur la question de la géorgie, on n'est pas assez présents.
16:49L'avenir de la géorgie, pour moi, est en Europe.
16:52Quand je vois toutes ces mobilisations avec le drapeau européen,
16:55ça prend aux tripes.
16:57On n'est pas assez présents et on doit être plus présents que ça, à mon avis.
17:00Merci d'avoir été notre invité, Aurore Laluc.
17:03Merci à vous de nous avoir suivis.
17:05On continue sur le sujet de la guerre hybride menée par la Russie contre l'Europe
17:10avec notre débat au Parlement européen en compagnie de la chaîne parlementaire.
17:14Le débat, c'est tout de suite.
17:20Bienvenue pour notre débat au Parlement européen,
17:23où aujourd'hui, nous allons regarder du côté de l'Est
17:25et de la guerre hybride que mène Vladimir Poutine en Europe.
17:29Ingérence dans des élections nationales,
17:31financement de partis pro-russes, désinformation en ligne,
17:34sabotage d'infrastructures, cyberattaques.
17:36Tous les coups bas sont-ils permis dans cette partie basse intensité
17:40du conflit qui oppose le Kremlin aux Européens alliés de l'Ukraine.
17:44Le 18 novembre, ainsi, des câbles de télécommunications ont été endommagés en mer Baltique.
17:49Six pays ont réagi en pointant la Russie du doigt.
17:51D'ailleurs, il y a de vastes opérations de démoralisation des Ukrainiens
17:55via des fake news imaginées par Moscou.
17:58Mais cette désinformation intense s'étend aux pays voisins
18:02que Vladimir Poutine considère comme son pré-carré.
18:05La Moldavie peu impressionnée, et surtout la Géorgie,
18:09où le parti qui clame la victoire aux élections d'octobre,
18:13rêve géorgien, a renoncé brutalement à l'adhésion à l'Union européenne.
18:18Et dans le club des 27, en Roumanie,
18:20la Cour constitutionnelle a annulé l'élection présidentielle.
18:23Le Renseignement national a démontré une opération d'envergure sur TikTok
18:27en faveur du candidat pro-russe Kalin Jorgescu,
18:30arrivé contre toute attente en tête du premier tour.
18:33Alors, pour en parler, nous recevons Andras Laszlo, bonjour.
18:36Bonjour.
18:37Eurodéputé hongrois du parti Fidesz,
18:39le parti du Premier ministre Viktor Orban, réputé proche du Kremlin.
18:44Bernard Guetta, bonjour.
18:45Bonjour.
18:46Eurodéputé français Renew, le parti d'Emmanuel Macron.
18:49Et rappelons que vous étiez ancien journaliste
18:51et vous avez travaillé notamment en Pologne et en Russie.
18:54Je crois que c'était sous l'ère soviétique.
18:56Bernard Guetta, justement,
18:58aujourd'hui, est-ce que vous considérez que Vladimir Poutine
19:01est en train d'orchestrer une guerre hybride qui vise les Européens ?
19:06Écoutez, il est en train d'orchestrer une guerre
19:09tragiquement classique en Ukraine.
19:11Il est en train d'orchestrer des guerres de nouvelles formes,
19:16qu'on dit hybrides.
19:18C'est de la manipulation.
19:20Comme ça, c'est toujours vu dans l'histoire.
19:23Sauf que la manipulation, aujourd'hui,
19:26relève de la haute technologie et non pas des mataharis.
19:30C'est la grande différence.
19:32Mais fondamentalement, ce à quoi on assiste aujourd'hui,
19:37c'est au déploiement d'une volonté de Vladimir Poutine
19:42de reconstituer non seulement l'Union soviétique,
19:46mais aussi, s'il le pouvait, ce qui a été le bloc soviétique.
19:52Et ça, il l'écrit, il le dit, de reconstituer l'Empire russe,
19:59l'Empire des Tsars, qui comprenait la Finlande
20:03et plus de 50 % de la Pologne.
20:07Andras Laszlo, est-ce que vous reconnaissez ce constat
20:11d'une tentative de déstabilisation menée par le pouvoir
20:15de Vladimir Poutine en utilisant des armes non conventionnelles,
20:19non militaires, pour déstabiliser les Européens ?
20:22La Russie, mais aussi, pas seulement la Russie,
20:25dans le monde d'aujourd'hui, un monde numérique,
20:28ça devient de plus en plus facile de faire des ingérences étrangères
20:32dans des autres pays.
20:34Et ça, on voit tout le temps.
20:36Et quand on regarde ce qui se passe à propos de la guerre en Ukraine,
20:39il y a une escalade depuis deux ans et demi,
20:42pas seulement dans les moyens, mais aussi où la guerre est menée
20:48et de quelle façon.
20:50Maintenant, quand on voit les missiles qui sont maintenant
20:54permis par les États-Unis, je crois que la France
20:56et un autre pays disaient qu'il est permis de frapper
21:00des cibles militaires en Russie avec les armes importées
21:06des partenaires européens et américains,
21:11on voit qu'il y a une escalade qui est aussi dans la région,
21:15au niveau territoire, et même jusqu'à la mer Baltique.
21:21Vous citez la mer Baltique, mais sabotage à répétition
21:24dans cette mer Baltique.
21:26Le ministre allemand de la Défense pointe son origine russe.
21:29On ne réagit pas d'ailleurs très fort, les Européens, là-dessus.
21:32Que voulez-vous que l'on fasse concrètement ?
21:35On proteste politiquement ?
21:38On arme la résistance de l'Ukraine ?
21:43On met en garde les dirigeants du Kremlin,
21:47mais on ne va pas déclarer la guerre à la Russie
21:52ou envoyer des troupes marcher sur Moscou ?
21:55Mais à ce propos, vous venez d'employer un mot
21:58qui m'a surpris. En vérité, qui m'a choqué.
22:02Qui m'a choqué quand vous dites escalade
22:05parce que les pays occidentaux, les États-Unis principalement,
22:10viennent d'autoriser les Ukrainiens à utiliser des armes
22:15pour frapper en territoire russe des installations militaires,
22:20évidemment pas civiles, des installations militaires.
22:23Mais attendez, ce n'est pas une escalade,
22:26c'est une riposte à une guerre d'agression.
22:29Il n'y a jamais eu aucun d'Ukrainien
22:32qui mette le pied avant l'agression russe en territoire russe.
22:37L'agression russe commence par l'annexion,
22:41parce que c'était une annexion de la Crimée,
22:44ensuite par une ingérence militaire
22:47de plus en plus prononcée dans le Donbass
22:50et enfin par l'entrée de 200 000 hommes de troupes russes,
22:54il y aura bientôt 3 ans, en territoire ukrainien.
22:59Les Ukrainiens ont parfaitement le droit,
23:02ça ne s'appelle pas une escalade,
23:04de riposter à cette agression,
23:06à cette présence russe sur leur territoire,
23:09à ces bombardements constants.
23:11Pourquoi est-ce que la Russie aurait le droit
23:16de bombarder l'Ukraine nuit et jour,
23:19sans qu'on appelle ça une escalade ?
23:21D'ailleurs, ce n'est pas une escalade,
23:23c'est une agression.
23:24Et pourquoi, quand l'Ukraine riposte,
23:27ce serait une escalade ?
23:29Sur le volet de la guerre hybride,
23:32je vais vous entendre à nouveau Andras Laszlo.
23:35Le secrétaire général de l'OTAN, Marc Routh,
23:38parle de campagnes de plus en plus intenses
23:40d'attaques hybrides.
23:41Est-ce que l'OTAN ne devrait pas se poser
23:43la question d'une riposte ?
23:45Et quelle riposte ?
23:46Vous en faites partie de l'OTAN à la Hongrie,
23:48précisons quand même.
23:49Oui, mais le problème depuis le début,
23:51depuis l'agression russe,
23:53c'est justement qu'il n'y a pas de stratégie claire
23:55de la part ni de l'OTAN,
23:57ni de l'Union européenne,
23:58ni des grands pays occidentaux
24:01qui ont les plus de capacités
24:03pour fournir l'Ukraine et aider l'Ukraine.
24:06Donc, on est dans une guerre
24:09depuis presque trois ans.
24:11Il y a des hommes politiques européens
24:14qui disent que c'est notre guerre.
24:15Nous, en Hongrie, on dit qu'évidemment,
24:18il faut aider l'Ukraine,
24:19mais ce n'est pas notre guerre.
24:20Et c'est d'ailleurs ce qu'on voit
24:23depuis le début de cette guerre,
24:25c'est qu'il y a une fatigue
24:27de la part de l'opinion publique européenne.
24:30Surtout chez les Hongrois, apparemment.
24:32Non, partout, partout en Europe.
24:34Si vous regardez les sondages de 2022 et de 2024,
24:38ils sont très différents.
24:39Même chose aux États-Unis
24:41et d'ailleurs, maintenant, déjà en Ukraine.
24:44Et quand je parle d'escalade,
24:46c'est évidemment que l'Ukraine a le droit de se défendre.
24:48La question d'agression est claire,
24:51mais les moyens utilisés pendant ces trois ans
24:54étaient limités au début.
24:57Puis il y avait une escalade de temps en temps,
25:01tous les quelques mois,
25:03qu'il faut maintenant des chars,
25:04qu'il faut des missiles, des missiles plus longs,
25:06qui peuvent frapper en Russie.
25:09Tout ça, c'est graduel.
25:10Non, ce n'est pas ça.
25:12Ce n'est pas une question de gradualisme.
25:15Non, c'est véritablement le droit
25:17que vous venez de reconnaître,
25:19je vous en remercie et vous en félicite,
25:21le droit de l'Ukraine de se défendre, tout simplement.
25:24Alors, regardons ce qui se passe sur le flanc est de l'Europe,
25:27parce qu'on a commencé à parler de fatigue.
25:29Est-ce que c'est le fait de la fatigue, justement, de la guerre
25:32ou c'est le fait de la propagande ?
25:34En attendant, en moelle d'avis,
25:36la présidente, madame Sandou,
25:38a réussi à faire voter en faveur de l'adhésion européenne,
25:41mais de très petite justesse.
25:44Et en Géorgie, quelques semaines après,
25:46vote en faveur du rêve géorgien
25:48qui clame la victoire
25:50et veut abandonner les négociations d'adhésion.
25:53Qu'est-ce qui se passe exactement ?
25:55Alors, ils n'ont pas dit qu'ils voulaient abandonner,
25:58ils ont dit qu'ils repoussaient.
26:00Mais vous avez raison,
26:02sur le fond, on entend bien
26:04qu'ils veulent l'abandonner.
26:06Ce qui se passe,
26:08c'est que, tout simplement,
26:10avec la guerre d'Ukraine,
26:12la Russie envoie le message
26:14à des pays très proches d'elle,
26:16comme la Géorgie,
26:18comme la Moldavie, naturellement,
26:20que, regardez ce qui se passe en Ukraine,
26:23ça pourrait vous arriver.
26:25Et donc, soyez prudents,
26:27soyez prudents,
26:29ayez peur de la guerre.
26:31Et de la Russie, surtout.
26:33De la guerre, évidemment,
26:35menée par la Russie.
26:37Et évidemment que beaucoup de gens
26:40ont peur de la guerre,
26:42et ça se comprend.
26:44Et ils ont un réflexe que je qualifierais,
26:46puisque nous sommes entre francophones,
26:48que je qualifierais tout simplement
26:50de pétainiste.
26:52C'est-à-dire, face à cette agression,
26:54plutôt que de dire
26:56on résiste, on riposte,
26:58on cherche les moyens de le faire,
27:00composons avec l'agresseur.
27:02Ce réflexe,
27:04il existe en Moldavie,
27:06il existe en Géorgie,
27:08il existe en Roumanie.
27:10Mais il existe, si vous me permettez,
27:12encore une phrase,
27:14il existe dans tous les pays européens,
27:16parce qu'on retrouve, grosso modo,
27:18dans tous les pays européens,
27:20du continent européen,
27:22ces 30%
27:24de nouvelles extrêmes droites
27:26favorables
27:28à un compromis avec Vladimir Poutine.
27:30Andras Laszlo,
27:32Victor Orban, votre Premier ministre,
27:34le Premier ministre hongrois,
27:36s'est rendu en Géorgie
27:38dès l'annonce des résultats,
27:40pourtant contestés par les observateurs européens
27:42dans le fossé.
27:44Les Pays-Bas réclament des sanctions
27:46contre des personnalités géorgiennes.
27:48Votre pays, la Hongrie,
27:50va s'opposer à de telles sanctions
27:52qui visent à dénoncer le processus électoral
27:54tel qu'il a eu lieu.
27:56J'espère que oui.
27:58Ce qui se passe en Géorgie,
28:00on voit que le réflexe de survie,
28:02ça fonctionne.
28:04C'est un pays de plus ou moins 4 millions de personnes
28:06dans une région du monde qui est très fragile,
28:08entourée par des grandes puissances
28:10et avec deux voisins
28:12qui ne sont pas en bonne relation.
28:14Et dans une situation pareille,
28:16il y a une demande
28:18de la part des pays occidentaux
28:20et des Etats-Unis
28:22qu'ils fassent quelque chose
28:24contre la Russie.
28:26Évidemment, ils ne veulent pas une deuxième guerre,
28:28ils ne veulent pas devenir un deuxième front
28:30dans la guerre d'Ukraine,
28:32c'est très logique.
28:34Évidemment, la Russie,
28:36il y a des sentiments
28:38anti-russes en Géorgie
28:40justement à cause
28:42de la guerre de 2008.
28:44Et 20% du territoire
28:46de la Géorgie reste occupé.
28:48Mais ça ne veut pas dire
28:50qu'un pays de 4 millions,
28:52ils vont ouvrir un nouveau front
28:54contre la Russie.
28:56En tout cas, ils se détournent de l'Union Européenne.
28:58Je ne partage pas du tout
29:00cette manière de voir les choses.
29:02Les Etats-Unis
29:04demandent à la Géorgie
29:06d'ouvrir un front contre la Russie.
29:08Ils ne demandent pas du tout.
29:10Où les Etats-Unis
29:12font une telle demande ?
29:14Il y a en revanche,
29:16très profondément,
29:18en Géorgie, un désir
29:20de rejoindre l'Union Européenne.
29:22Désir que vous comprenez,
29:24puisque vous félicitez...
29:26L'Union et le Parlement
29:28essaient de couper ces relations.
29:30Puisque vous félicitez,
29:32vous, Hongrois,
29:34d'appartenir à l'Union Européenne.
29:36La Russie de M. Poutine,
29:38parce que ce n'est pas la Russie,
29:40c'est le régime de M. Poutine,
29:42est absolument hostile
29:44à l'idée même
29:46que la Géorgie
29:48puisse rejoindre
29:50ou même se rapprocher,
29:52non pas de l'OTAN,
29:54mais de l'Union Européenne,
29:56qui, pour l'instant, n'a pas de défense
29:58et n'agresse pas la Russie,
30:00que je sache.
30:02C'est la même situation.
30:04Les Etats-Unis demandent à la Géorgie
30:06d'ouvrir un front contre la Russie.
30:08Ce n'est pas du tout la situation.
30:10Beaucoup plus proche dans le club européen,
30:12M. Laszlo,
30:14effectivement poussé exponentiel
30:16de l'extrême droite prorusse
30:18en Roumanie.
30:20C'était une surprise
30:22des élections présidentielles.
30:24La désinformation
30:26poussée par des robots russes
30:28sur TikTok.
30:30Cette question des réseaux sociaux
30:32maîtrisées par les Russes.
30:34Non, c'est une question des messages.
30:36Ce qu'on voit, je dirais
30:38plutôt que ce qui se passe à propos
30:40de la guerre et les relations
30:42avec la Russie
30:44et terminer la guerre en Ukraine,
30:46c'est très semblable à ce qui s'est passé
30:48au niveau de la crise migratoire.
30:50Il y a l'élite politique,
30:52les partis politiques, les hommes politiques
30:54qui disent tous la même chose,
30:56même si la population
30:58n'est pas entièrement
31:00d'accord sur un sujet.
31:02Et ils laissent, les partis politiques,
31:04une vide
31:06dans la politique pour
31:08des nouveaux partis, des nouveaux personnages
31:10d'apparaître et de dire que je vais représenter
31:12l'opinion qui n'est pas représentée
31:14par aucun autre parti ou par aucun autre homme politique.
31:16Quand un candidat passe de 2%
31:18à 22% en quelques semaines
31:20et qu'on note un phénomène
31:22très particulier sur les réseaux sociaux,
31:24vous ne vous dites pas qu'il peut y avoir
31:26un jeu démocratique qui est faussé ?
31:28Peut-être Bernard Guetta.
31:30Pas du tout. Bernard Guetta.
31:32Vous savez, une anecdote.
31:34Il y a deux ans,
31:36à peu près,
31:38Vladimir Poutine est interviewé
31:40sur les sanctions occidentales.
31:42Et il répond
31:44que ça va diminuer
31:46les importations
31:48des pays occidentaux.
31:50Et peut-être que comme ça...
31:52Et il éclate de rire.
31:54...nous aurons moins de punaises de lit.
31:56Et j'entends ça.
31:58Et vraiment, mon oreille
32:00a été accrochée. Parce que je me suis dit
32:02si Vladimir Poutine
32:04est au courant,
32:06si bien au courant,
32:08de la psychose sur les punaises
32:10de lit en Europe occidentale
32:12et particulièrement en France,
32:14est-ce que ça ne serait pas
32:16un petit peu parce que
32:18les services russes sont,
32:20pour quelque chose, dans ce développement
32:22invraisemblable
32:24de la psychose qu'il y avait eue sur les punaises de lit ?
32:26La réponse est évidemment
32:28oui. La réponse est que
32:30les services russes
32:32manipulent en permanence,
32:34en permanence,
32:36nos opinions, les réactions des opinions,
32:38etc., etc. Bah écoutez,
32:40ça s'appelle la guerre hybride.
32:42Et encore une fois, je vous le disais tout à l'heure,
32:44il y a
32:46aujourd'hui un développement
32:48spectaculaire de cela
32:50parce qu'il y a les nouvelles technologies
32:52qui permettent... Et donc il faut mieux les encadrer
32:54très rapidement, en 30 secondes chacun,
32:56donc il faudrait mieux encadrer
32:58les nouvelles technologies
33:00pour tenir compte de ces risques
33:02de la guerre hybride, encadrer TikTok,
33:04peut-être même X, le réseau maintenant
33:06qui est aux mains d'Elon Musk, etc.
33:08Non, pas du tout. Les Européens veulent
33:10plus de liberté d'expression et non pas
33:12des limitations et censures.
33:14Ce qui est très clair,
33:16c'est qu'aujourd'hui, la majorité
33:18des Européens veulent
33:20que l'Union
33:22essaye de rétablir la paix en Ukraine
33:24et même, parmi
33:26les 26-27 gouvernements
33:28qui sont vraiment...
33:30qui participent
33:32dans cette politique, il n'y en a qu'un
33:34qui parle de négociations.
33:36Le vôtre l'a éliminé.
33:38Les presses libres de toutes les
33:40grandes démocraties sont soumises
33:42depuis toujours à des lois
33:44contre la diffamation et contre
33:46la manipulation. Les réseaux sociaux
33:48doivent l'être aussi. Ce n'est pas du tout
33:50de la censure.
33:51Merci à vous d'avoir très bien participé
33:53à ce débat. Merci à vous de l'avoir suivi
33:55sur nos deux antennes.
33:56Merci Caroline. Bonne suite de programme sur nos chaînes.

Recommandations