Après le recours de Michel Barnier au 49.3, lundi 2 décembre, les députés de gauche et ceux du Rassemblement National ont déposé des motions de censure. La première, émanant du Nouveau Front populaire, a été adoptée à la majorité absolue, ce mercredi 4 décembre, entraînant le rejet du budget de la sécurité sociale et la chute du gouvernement de Michel Barnier, 3 mois après sa nomination. Retrouvez les moments forts de cette séance.
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00:00:08Bienvenue au coeur de l'Assemblée nationale.
00:00:10Ce mercredi 4 décembre 2024 restera dans l'histoire.
00:00:14Michel Barnier a été renversé.
00:00:17Les voix du Nouveau Front Populaire
00:00:19et celle du Rassemblement national
00:00:20se sont additionnées pour censurer le gouvernement.
00:00:23Une réponse au 49-3 déclenché 2 jours plus tôt
00:00:27sur le budget de la Sécurité sociale
00:00:29passé sans vote.
00:00:31Alors, cette censure est une première depuis 1962.
00:00:35La dernière fois, c'était le 5 octobre 1962.
00:00:38La motion de l'époque visait alors Georges Pompidou
00:00:41et à travers lui, le général de Gaulle.
00:00:42Aujourd'hui, 62 ans plus tard
00:00:45et 6 mois après la dissolution de l'Assemblée nationale,
00:00:48c'est Michel Barnier qui est à son tour
00:00:50au pied du mur de la censure.
00:00:52Deux motions ont été déposées,
00:00:53l'une par le Nouveau Front Populaire,
00:00:56l'autre par le Rassemblement national.
00:00:58C'est LFI, la première, par la voix d'Eric Coquerel,
00:01:01qui monte à la tribune pour porter le fer
00:01:04contre Michel Barnier.
00:01:05Monsieur le Premier ministre,
00:01:07nous faisons aujourd'hui l'histoire.
00:01:10Vous, parce que vous allez être le seul Premier ministre
00:01:13à être censuré depuis Georges Pompidou,
00:01:15en 1962.
00:01:18Moi, parce que j'ai l'honneur de porter cette motion de censure.
00:01:22Ne voyez dans cette introduction
00:01:25ni de quoi adoucir votre déception,
00:01:28ni de quoi me glorifier.
00:01:30Simplement, je veux dire toute l'importance
00:01:33et la solennité de ce moment.
00:01:36J'apprécie tout le sérieux et l'ampleur de ce jour.
00:01:39Et je sens une responsabilité d'autant plus grande
00:01:42qu'à l'inverse de Georges Pompidou,
00:01:45la majorité de nos concitoyens n'est ni derrière votre gouvernement
00:01:49ni encore moins derrière le président
00:01:51qui vous a nommé à cette place.
00:01:53La majorité du peuple
00:01:54est bien derrière la motion que je porte.
00:01:57Au fond, cette motion va emporter votre gouvernement
00:02:01parce que vous n'avez jamais su déjouer la malédiction
00:02:04que vous a transmise le vrai responsable
00:02:07de cette situation, Emmanuel Macron.
00:02:09Cette malédiction, c'est l'illégitimité.
00:02:12Votre illégitimité absolue devant le suffrage universel.
00:02:16Vous, qui êtes issu de la force politique parlementaire,
00:02:19qui a eu le pouvoir de faire
00:02:21qui a eu le plus mauvais résultat aux élections législatives.
00:02:24L'illégitimité de la coalition, qui était censée vous porter,
00:02:28et plus encore, l'illégitimité du programme économique et social
00:02:33puissamment rejeté par les Françaises et Français
00:02:36en juillet 2024.
00:02:38Ce même programme que vous aurez vainement tenté de perpétuer,
00:02:42puisque telle était la mission pour laquelle vous aviez été choisi,
00:02:46vous, minoritaire, par un président de la République,
00:02:49minoritaire, par un président, lui aussi, minoritaire.
00:02:53Votre échec était annoncé et il fut finalement cuisant.
00:02:57En témoigne le budget de la Sécurité sociale,
00:02:59transformé par les amendements du nouveau Front populaire,
00:03:03qui ont été adoptés contre votre gré.
00:03:05Mais vous avez esquivé son adoption en jouant la montre,
00:03:08car elle est la dernière arme des gouvernements faibles.
00:03:11Vous avez montré que les seuls compromis
00:03:13que vous étiez prêts à admettre étaient ceux négociés avec vous-même.
00:03:18Vous n'avez même pas esquissé le moindre mouvement
00:03:21en faveur des amendements adoptés dans cette Chambre,
00:03:23ni dans le budget de la Sécurité sociale,
00:03:26où pourtant nous réglions une grande partie des déficits
00:03:29des comptes sociaux en faisant cotiser les dividendes,
00:03:32ni dans le budget de l'Etat,
00:03:34où pourtant nous apportions 56 milliards d'euros
00:03:36en revenant sur les cadeaux fiscaux faits éhontément
00:03:39aux ultra-riches et aux très grandes entreprises depuis 2017.
00:03:43Or, ces recettes supplémentaires
00:03:46permettaient d'éviter d'augmenter les taxes sur l'électricité
00:03:50ou de pénaliser le pouvoir d'achat des actifs et des retraités.
00:03:54Et ces recettes permettaient aussi de réduire le déficit
00:03:57en dessous de 3%,
00:03:59ce qui libérait directement des marges de manoeuvre
00:04:01pour investir dans l'écologie, l'éducation, la santé.
00:04:05Pire, vous avez finalement tenté des compromis,
00:04:09mais avec l'extrême droite.
00:04:10Ce rassemblement national que vous avez privilégié
00:04:13en violation du barrage républicain
00:04:15qui s'est exprimé majoritairement en juillet dernier.
00:04:19Ce barrage dont vous auriez à minima,
00:04:21monsieur le Premier ministre, dû être le garant.
00:04:23Mais cette compromission n'empêchera pas votre chute.
00:04:27Vous chuterez de surcroît dans le déshonneur
00:04:29puisque vous étiez même prêts à remettre en question
00:04:32l'aide médicale d'Etat.
00:04:34Jusqu'au bout, vous-même,
00:04:36où vos ministres, comme monsieur Retailleau hier
00:04:38en déquestion au gouvernement,
00:04:40auraient invoqué des valeurs communes avec l'extrême droite
00:04:43afin d'éviter que ces députés ne votent la censure.
00:04:46Comme certains de mes collègues ici l'ont fait.
00:04:50Je vais vous raconter, chers collègues,
00:04:52mon rapport personnel à l'âge de départ à la retraite.
00:04:55Marcel Mercier était mon grand-père maternel,
00:04:58ouvrier chez Michelin, dans la banlieue parisienne.
00:05:00Il part à la retraite en 1969, à l'âge de 65 ans.
00:05:04Il rejoint son pays natal, le pays rouennais.
00:05:08Mais il meurt six mois après.
00:05:10En 1980, la gauche arrive au pouvoir
00:05:11et abaisse l'âge de la retraite à 60 ans.
00:05:14Or, je n'ai jamais pu m'ôter de l'esprit
00:05:16le fait que mon grand-père aurait eu le droit de vivre heureux
00:05:19au moins cinq années supplémentaires.
00:05:22Ces histoires-là, chers collègues,
00:05:24nous les partageons par millions en France.
00:05:27Et nous sommes beaucoup à penser
00:05:29que la question n'est pas de travailler jusqu'à l'épuisement,
00:05:32mais bien le droit de profiter en bonne santé
00:05:35de ces années de vieillesse.
00:05:37Ce choix, il appartient aux travailleuses et aux travailleurs.
00:05:41Et ils disent qu'ils aspirent à un meilleur partage de la valeur
00:05:44plutôt que de travailler deux années de plus.
00:05:47Voilà ce que vous n'avez pas compris.
00:05:49Car les salariés estiment, par exemple,
00:05:51que deux ans de vie valent largement 0,15% de cotisation
00:05:55en plus pendant sept ans.
00:05:56Ainsi, nous pourrions garantir l'équilibre du régime.
00:06:00Or, à cette préférence, vous n'avez rien d'autre à opposer
00:06:03que les éléments de langage du MEDEF
00:06:05et des fonds de pension désireux de mettre la main sur ce pactole.
00:06:09Ce serait, monsieur le Premier ministre,
00:06:11une raison déjà suffisante pour vous censurer.
00:06:13Enfin, arrêtez ce mauvais coup porté au pays
00:06:18qui consiste à dire, après moi, le déluge.
00:06:20Le chaos est déjà là.
00:06:22Il est politique, économique et social.
00:06:25Ce n'est pas la politique économique que nous voulons
00:06:29qui explique les chiffres catastrophiques du déficit,
00:06:32les plans de licenciement massifs, le chômage qui remonte,
00:06:35l'incapacité à faire face aux besoins
00:06:37en matière d'investissement écologique.
00:06:40C'est votre politique économique et fiscale
00:06:42qui a consisté à appauvrir le pays
00:06:44au bénéfice des ultra-riches et du capital
00:06:48et pour le plus grand malheur du reste du pays.
00:06:51C'est pourquoi la censure populaire se fait chaque jour plus vivre,
00:06:54celle des agriculteurs, des taxis, des salariés de champs,
00:06:58des soignants et, demain, des enseignants.
00:07:02Votre navire prend l'eau, la colère monte.
00:07:06Cette politique échoue ici et partout en Europe.
00:07:09Il est donc vital de rompre avec elle.
00:07:12Le chaos est déjà là et il n'interviendra pas avec votre chute.
00:07:16Si le budget de la Sécurité sociale n'est pas adapté,
00:07:19on appliquera celui en cours.
00:07:21Les cartes vitales fonctionneront toujours
00:07:23et les retraites seront même indexées sur l'inflation,
00:07:26ce qui bénéficie aux retraités,
00:07:29sans compter que rien n'empêchera un gouvernement
00:07:32de déposer un nouveau budget de la Sécurité sociale.
00:07:35Après votre chute, il y aura, tôt ou tard, un budget pour l'Etat.
00:07:40Arrêtez de faire croire que la lumière s'éteindra.
00:07:42La loi spéciale évitera toute shutdown.
00:07:45Elle permettra de passer la fin de l'année
00:07:47en décalant de quelques semaines l'examen du budget pour 2025.
00:07:51Contrairement à votre propagande,
00:07:53cela ne fera pas payer d'impôts de plus aux Français,
00:07:56puisque cette loi n'aura pas vocation à durer plus de quelques semaines.
00:08:00Il existe une meilleure solution qui respecterait le suffrage universel.
00:08:04Nommez un gouvernement NFP qui pourrait amender le budget,
00:08:08qui reviendra le 18 décembre à l'Assemblée.
00:08:10Il pourrait reprendre tous les amendements
00:08:12qui avaient sous-trouvé une majorité ici-même.
00:08:15Il lui restera deux semaines pour faire passer la partie recette
00:08:18avant fin décembre, comme la loi l'y oblige.
00:08:21Mais le chef de l'Etat ne veuille pas de cette solution
00:08:24qui contredit les fondements de sa politique au service de la finance.
00:08:27Voilà pourquoi se posera à nouveau et rapidement
00:08:29la question de la sortie de cet impasse.
00:08:31Cette sortie de crise passera par le suffrage populaire.
00:08:34Elle ne pourra qu'en juillet et doit concerner le responsable
00:08:37de tous ces chaos, j'ai nommé le président de la République.
00:08:41Aujourd'hui, nous votons la ceinture de votre gouvernement,
00:08:44mais plus que tout, nous sonnons le glas d'un mandat,
00:08:46celui du président.
00:08:48Collègues, notre main n'a pas à trembler.
00:08:50Je vous incite à censurer ce gouvernement en ce jour.
00:08:53Ouvrons un avenir, la promesse d'une ombre après le crépuscule.
00:08:57Applaudissements
00:08:58...
00:09:03Nous voilà arrivés au moment de vérité.
00:09:05Un moment parlementaire inédit depuis 1962
00:09:09qui va sceller, selon toute vraisemblance,
00:09:12la fin d'un gouvernement éphémère,
00:09:14un gouvernement de circonstances et finalement d'apparence.
00:09:18Monsieur le Premier ministre, dès votre nomination à Matignon,
00:09:22le Rassemblement national avait fait un choix responsable,
00:09:25transparent et loyal.
00:09:27Vous prendre au mot lorsque vous vous disiez prêt
00:09:30à construire un texte garantissant, je vous cite,
00:09:33des dépenses maîtrisées, un effort juste et une France souveraine
00:09:37et à tenir compte des attentes légitimes
00:09:40de nos 11 millions d'électeurs pour atteindre ces trois objectifs.
00:09:44Nous avons voulu croire manifestement à tort
00:09:46que vous ne seriez pas le simple continuateur
00:09:49d'un système rejeté lors des dernières élections,
00:09:52mais un bâtisseur sincère, conscient des souffrances du pays,
00:09:55capable d'appréhender les nouveaux équilibres politiques
00:09:58et de rendre enfin la parole à ces millions de Français
00:10:00ignorés comme effacés de l'esprit des gouverneurs.
00:10:04Mais au fil de ces trois petits mois, il est apparu
00:10:06que vous étiez en réalité à la tête d'un gouvernement
00:10:08dépourvu de toute assise démocratique,
00:10:11y compris au coeur de votre soi-disant socle commun,
00:10:14un socle par ailleurs miné par les ambitions personnelles
00:10:18et les manoeuvres de couloirs qui le rongent.
00:10:21Depuis 50 ans, la France a perdu le contrôle de ses finances publiques.
00:10:26Elle s'est rendue prisonnière de ses budgets
00:10:28qui aubertent désormais son avenir,
00:10:30celui de nos enfants et même de nos petits-enfants.
00:10:34Ils n'ont pas seulement découragé le travail,
00:10:36mais la création de richesses,
00:10:37pas seulement la volonté d'entreprendre,
00:10:40mais la possibilité de le faire.
00:10:42Ce budget ne s'adresse pas seulement à la France,
00:10:44il prend en otage les Français,
00:10:47et singulièrement les plus vulnérables,
00:10:49les retraités modestes, les personnes malades,
00:10:52les travailleurs pauvres,
00:10:53les Français considérés comme trop riches pour être aidés,
00:10:56mais pas assez pauvres pour échapper au matraquage fiscal.
00:11:00Ces Français qui se posent tous une unique question,
00:11:07où va l'argent ?
00:11:10Car comme nous, ils constatent cet extravagant paradoxe.
00:11:16Toujours plus d'impôts,
00:11:18et pourtant toujours moins de services publics,
00:11:22toujours moins de protection sociale.
00:11:25Vous n'avez apporté qu'une seule réponse,
00:11:27l'impôt, l'impôt, toujours l'impôt.
00:11:3140 milliards d'impôts nouveaux,
00:11:33dont 20 milliards pour les entreprises.
00:11:38En fait, les seules lignes rouges qui ont été abandonnées
00:11:40depuis trois mois,
00:11:41ce sont finalement celles de vos députés.
00:11:46Et le budget que nous rejetons aujourd'hui
00:11:49ne fait pas que renier vos promesses.
00:11:52Il ne comporte ni cap ni vision.
00:11:55C'est un budget technocratique qui continue à dévaler la pente
00:12:00en se gardant bien de toucher au totem
00:12:02qu'est l'immigration hors contrôle,
00:12:05en s'abstenant de s'attaquer à la vie chère
00:12:08en métropole comme en Outre-mer,
00:12:10en refusant de s'attaquer aux causes
00:12:13plutôt que de parler des conséquences
00:12:15de la vertigineuse glissade sécuritaire et criminelle
00:12:20que connaît le pays.
00:12:23Permettez-moi de m'arrêter un instant sur les Outre-mer.
00:12:28Si chère à mon coeur.
00:12:30Manifestement, vous n'avez pas pris la mesure de leur désespoir.
00:12:34Crise sociale due à la vie chère,
00:12:36accès à l'eau potable,
00:12:37insécurité et immigration clandestine,
00:12:40sur tout cela, vous n'avez rien entrepris.
00:12:43Le budget que nous rejetons aujourd'hui
00:12:46apparaît clairement comme le contraire
00:12:48d'une politique pensée et pesée.
00:12:51Il n'est qu'une comptabilité froide,
00:12:53issue de logiques bureaucratiques,
00:12:56de choix d'habitude ou de routine dépensière,
00:12:59sans se soucier des postes et des personnes.
00:13:02En ayant à l'esprit que le mandat que nous ont confié nos électeurs
00:13:06est le sens de l'intérêt national,
00:13:08nous avions éclairé le chemin qui mène au compromis
00:13:11avec trois balises.
00:13:12Immigration, pouvoir d'achat, sécurité.
00:13:16Ces balises, le gouvernement n'a pas voulu les voir,
00:13:19comme s'il était pour lui déshonorant
00:13:22de chercher en ces circonstances
00:13:24les voies de la conciliation nationale.
00:13:26La censure est la conséquence
00:13:28non seulement des manoeuvres électorales
00:13:30des élections législatives,
00:13:32qui ont privé la France d'une majorité de gouvernement,
00:13:36mais également du chantage de votre propre minorité,
00:13:41qui vous a interdit de trouver les voies de passage
00:13:44avec vos oppositions,
00:13:45ce qui est pourtant le fondement de la démocratie.
00:13:49Enfin, la situation de notre pays,
00:13:51nous la devons aussi à un président
00:13:54qui s'est ingénié sans discontinuer
00:13:56à déconstruire tout ce qu'il pouvait.
00:13:59Le quai d'Orsay, la préfectorale, la police judiciaire,
00:14:04le droit à la retraite, l'assurance chômage,
00:14:06la SNCF, la souveraineté nationale,
00:14:09les fleurons de notre industrie,
00:14:11et cette liste n'est pas exhaustive.
00:14:13Emmanuel Macron s'est attaqué depuis sept ans
00:14:15à tous les murs porteurs de l'Etat et de la nation
00:14:18et a terriblement affaibli la fonction présidentielle,
00:14:22clé de voûte de l'édifice institutionnel français.
00:14:27Parce qu'une logique constitutionnelle le commande,
00:14:31en attendant que le peuple reprenne la parole et la main,
00:14:35c'est au chef de l'Etat et à lui seul qu'il appartiendrait
00:14:38de sortir le pays de cette pathétique ornière.
00:14:42Je le dis ici, j'ai trop de respect pour la fonction suprême,
00:14:46de déférence à l'égard de nos institutions,
00:14:49de révérence vis-à-vis du suffrage universel
00:14:52pour participer à une quelconque entreprise,
00:14:55même parlementaire, de demande de destitution.
00:14:59Je laisse cela aux tchégévaristes de Carnaval,
00:15:02qui, sans nul doute, se reconnaîtront.
00:15:04Applaudissements
00:15:06...
00:15:10C'est...
00:15:12C'est à l'intéressé lui-même
00:15:15de conclure s'il est en mesure de rester ou pas.
00:15:19C'est à sa conscience de lui commander
00:15:22s'il peut sacrifier l'action publique
00:15:24et le sort de la France à son orgueil.
00:15:27C'est à sa raison de déterminer s'il peut ignorer l'évidence
00:15:31d'une défiance populaire massive que, dans son cas,
00:15:34je crois définitive.
00:15:36S'il décide de rester, il sera contraint de constater
00:15:40qu'il est le président d'une République qui n'est plus tout à fait,
00:15:43par sa faute, la cinquième.
00:15:46Il devra se résoudre, enfin,
00:15:49au respect de l'Assemblée nationale élue,
00:15:51au respect de tous les citoyens sans exception
00:15:54et, évidemment, au respect des logiques démocratiques.
00:15:58Alors, mes chers collègues,
00:16:00aujourd'hui, où la censure nous apparaît comme une nécessité
00:16:03pour mettre fin au chaos, pour éviter aux Français
00:16:05un budget dangereux, injuste et punitif,
00:16:08qui, de surcroît, aggrave les déficits,
00:16:11les institutions nous contraignent à mêler nos voix
00:16:13à celles de l'extrême-gauche.
00:16:16Ce n'est pas de gaieté de coeur que nous le faisons,
00:16:20tant les idées de l'extrême-gauche et de la gauche extrémisée
00:16:24sont dévastatrices pour l'unité, la sécurité et la prospérité du pays
00:16:29et tant leur comportement est terriblement éloigné
00:16:32de l'idéal français et du respect de nos institutions.
00:16:36Ces institutions, ces mêmes institutions,
00:16:38nous contraignent aujourd'hui à utiliser le NFP
00:16:41comme un simple outil pour éviter l'application d'un budget toxique.
00:16:45Applaudissements
00:16:47...
00:16:52Mais...
00:16:54Mais contrairement à ce que vous avez fait en juin dernier,
00:16:57nous, nous ne les envisagerons jamais comme des alliés.
00:17:01Applaudissements
00:17:03Car les Français...
00:17:06Les Français n'oublieront pas que si tant de députés insoumis
00:17:12siègent sur ces bancs, c'est grâce au désistement
00:17:15des candidats macronistes et LR.
00:17:18Si tant de députés macronistes et LR siègent sur ces bancs,
00:17:23c'est grâce au désistement de candidats insoumis,
00:17:26n'est-ce pas, monsieur Wauquiez?
00:17:29Applaudissements
00:17:31Quoi qu'il advienne, nous allons continuer à faire
00:17:35quoi qu'il advienne, le RN se tiendra prêt
00:17:41pour ouvrir au pays la voie du redressement qui l'attend.
00:17:44C'est la vocation même de la France, d'ailleurs,
00:17:47de renouer avec le sursaut et la grandeur.
00:17:50Je veux dire à ceux qui souffrent et qui désespèrent
00:17:53que le temps n'est plus très loin,
00:17:55avant que ne se profile la grande alternance,
00:17:57cette grande alternance que nous appelons de nos voeux
00:18:00et qui sera synonyme pour tous les Français de délivrance.
00:18:03Ce jour viendra bientôt, peut-être très vite.
00:18:07Ce sera là le véritable choc d'espérance
00:18:10qu'attend la France. Je vous remercie.
00:18:13Applaudissements
00:18:15Merci beaucoup.
00:18:17Applaudissements
00:18:19...
00:18:22Dans ce moment politique particulier,
00:18:25chacun se retrouve face à ses responsabilités.
00:18:27A la gauche de l'hémicycle, les élus font bloc
00:18:30autour de la motion de censure, les élus qui dénoncent
00:18:33un gouvernement illégitime et appellent à respecter
00:18:36le vote populaire.
00:18:38C'est avec gravité que je me présente devant vous
00:18:42dans un sentiment mêlé de colère,
00:18:45de déception, d'inquiétude
00:18:47et avec une totale incompréhension.
00:18:50Au moment de la constitution de votre gouvernement,
00:18:53vous aviez annoncé une nouvelle méthode,
00:18:55revendiqué une culture, celle du compromis,
00:18:58et fait la promesse de la concertation.
00:19:01Vous nous aviez également assuré au moment de son dépôt
00:19:05que votre projet de budget de la Sécurité sociale
00:19:07était perfectible.
00:19:09Nous vous avons pris au mot, soucieux de l'intérêt général,
00:19:13de l'intérêt de la France et des Français,
00:19:15désireux de faire vivre ce parlementarisme
00:19:18auquel nous sommes attachés.
00:19:20Monsieur le Premier ministre, à aucun moment
00:19:23vous nous avez laissé améliorer votre projet.
00:19:26Il est injuste et inefficace.
00:19:28Il fait payer les malades, appauvrit les retraités,
00:19:32fragilise l'hôpital et ne prépare pas le pays
00:19:34au défi de la société du vieillissement.
00:19:36Vous nous avez refusé la possibilité
00:19:39d'aller au bout de son examen
00:19:41et êtes demeuré obstinément sourd
00:19:43aux propositions encore formulées lors de la CMP.
00:19:46Nous n'avons jamais, pour ce qui nous concerne,
00:19:48été dans le tout ou rien.
00:19:50À aucun moment, aucun,
00:19:53vous n'êtes entré en dialogue avec l'opposition de la gauche
00:19:55et des écologistes,
00:19:57ni n'avez donné suite à aucune de nos propositions,
00:20:00que ce soit à l'occasion du débat parlementaire
00:20:02que vous avez déserté,
00:20:04ni à la suite des courriers que nous vous avons adressés
00:20:07et demeuré sans réponse,
00:20:08ni lors de notre récente entrevue.
00:20:10À votre invitation, pourtant,
00:20:13lors de cette entrevue, vous avez eu cette confidence saisissante.
00:20:17Je connais vos propositions.
00:20:19Certaines sont intéressantes,
00:20:21mais je ne peux pas prendre le risque
00:20:22de fracturer mon socle commun.
00:20:24Je vous remercie.
00:20:26Toute votre énergie était donc consacrée
00:20:30à apaiser les ambitions de M. Attal,
00:20:32à contenter M. Wauquiez,
00:20:34à vous assurer de la bienveillance de Mme Le Pen.
00:20:38Je comprends que c'est d'abord entre eux et avec eux
00:20:41qu'il vous a fallu trouver des compromis.
00:20:46Cette motion de censure,
00:20:48c'est d'abord votre échec,
00:20:50l'échec de la méthode Barnier.
00:20:53Elle n'aurait été en définitive qu'un bruit qui court.
00:20:56Mais il y a plus grave.
00:20:58Le 7 juillet dernier, des femmes et des hommes,
00:21:01unis dans l'idéal d'une République laïque, sociale, fraternelle,
00:21:05et pris de justice et de démocratie,
00:21:08comme à chaque fois que l'histoire l'exige,
00:21:09se sont retrouvés pour défendre l'essentiel
00:21:12et empêcher l'arrivée de l'extrême droite au pouvoir.
00:21:15Les députés, vous, chers collègues,
00:21:18élus par l'élan démocratique de ce front républicain,
00:21:22n'étaient tenus que par une seule promesse,
00:21:24une seule loyauté, un seul engagement,
00:21:26ne rien céder à l'extrême droite.
00:21:31Pourtant, monsieur le Premier ministre,
00:21:34c'est avec le seul Rassemblement national
00:21:36que vous avez engagé des discussions,
00:21:38qui, loin de se borner aux questions budgétaires,
00:21:41cède aux plus viles obsessions de l'extrême droite,
00:21:45une nouvelle loi immigration
00:21:46après la débâcle politique et moral de l'an dernier,
00:21:49et une réforme de l'aide médicale d'Etat.
00:21:52Pendant des semaines,
00:21:54et hier soir encore à la télévision,
00:21:57vous êtes enfermés dans un tête-à-tête humiliant avec elle.
00:22:02Monsieur le Premier ministre, il est manifestement
00:22:05devenu plus convenable
00:22:06de parler avec l'extrême droite qu'avec la gauche.
00:22:09Et nous ne pouvons nous résoudre à cela
00:22:11comme nous ne pouvons nous résoudre
00:22:12à la trahison du front républicain
00:22:15qui justifie à elle seule cette motion de censure.
00:22:18Mes chers collègues, le pouvoir n'est plus à l'Elysée.
00:22:22Le pouvoir n'est plus à Matignon.
00:22:24Le pouvoir est ici, à l'Assemblée nationale.
00:22:27Et ceux qui, comme moi, définitivement,
00:22:30croient au Parlement,
00:22:32à ceux qui espèrent du réveil démocratique,
00:22:34à ceux qui espèrent d'une 6e République,
00:22:36je le dis, la voici.
00:22:39Oui, nous pouvons changer de budget,
00:22:41changer de Premier ministre et changer la vie
00:22:44et trouver un chemin pour cela.
00:22:48Je crois dans le génie de la démocratie,
00:22:49mais elle a besoin de démocrates sincères,
00:22:52de républicains ardents.
00:22:54Elle a besoin de parlementaires adultes.
00:22:56Chers collègues du Boulogne central qui vociférez,
00:23:00je le dis avec gravité,
00:23:02cette censure est un appel au sursaut moral.
00:23:06La majorité de compromis que vous avez voulus
00:23:09s'est transformée en un sinistre gouvernement
00:23:13de connivence avec l'extrême droite
00:23:15que vous subissez et qui, désormais, vous achève.
00:23:19A tout républicain authentique,
00:23:22le prix à payer est devenu beaucoup trop élevé.
00:23:26Le choix qui est devant vous est désormais clair.
00:23:29Préférez-vous négocier avec une gauche au pouvoir
00:23:32que certains jugent imparfaite,
00:23:34mais avec laquelle vous partagez la plupart des combats républicains
00:23:38ou continuez-vous à courber les chines
00:23:41aux injections de Mme Le Pen ?
00:23:43Que préférez-vous,
00:23:44la laisse et le bâton du Rassemblement national
00:23:47ou la responsabilité républicaine
00:23:49au prix de négociations parlementaires exigeantes ?
00:23:52Nous vous demandons d'être à la hauteur de la France
00:23:54et d'entendre des aspirations à la fraternité du pays.
00:23:58Cette motion censure n'est pas...
00:24:00C'est pour retrouver le chemin du progrès, du dialogue républicain,
00:24:03pour donner à la France un budget juste et aux Français.
00:24:06Cette motion, c'est pour gouverner
00:24:08sans plus jamais négocier avec l'extrême droite.
00:24:11C'est pour donner au gouvernement stable à la France
00:24:14un gouvernement qui a besoin de légitimité
00:24:17pour exercer son autorité
00:24:18et ne pourra la trouver que dans cette Assemblée
00:24:21pour que vive la France et la République
00:24:23dans la fidélité au meilleur de son histoire.
00:24:28Merci beaucoup.
00:24:32La décision du groupe écologiste et social
00:24:34et de ses partenaires du Nouveau Front Populaire
00:24:36de censurer votre gouvernement
00:24:39a été prise en conscience et avec gravité.
00:24:42Nous en connaissons les conséquences.
00:24:44Une France de nouveau sans gouvernement
00:24:46et avec un travail budgétaire à reprendre presque du début.
00:24:50Pourtant, notre main ne tremblera pas
00:24:53au moment de voter la censure.
00:24:55Car plutôt que de subir encore et encore une mauvaise politique,
00:24:59faite de coupes budgétaires, aveugles
00:25:01et de concessions à l'extrême droite,
00:25:03nous souhaitons nous donner une chance de tout recommencer,
00:25:06d'enfin changer le contenu des politiques
00:25:08et de manière de faire de la politique.
00:25:11Nous ne nous résignons pas au pire
00:25:13et nous choisissons de croire que le meilleur est encore possible.
00:25:18Refusant sa défaite dans les urnes,
00:25:20Emmanuel Macron nous entraîne dans l'impasse.
00:25:24S'appuyant sur un accord avec Marine Le Pen,
00:25:26il a cherché à maintenir sa politique quoi qu'il en coûte.
00:25:29Cela vous a permis, monsieur le Premier ministre,
00:25:32d'être nommé et d'arracher 90 jours à la tête de l'Etat.
00:25:36Cela a permis à Marine Le Pen de gagner du temps
00:25:39pendant le procès pour lequel elle est accusée
00:25:41d'avoir organisé un système de détournement d'argent public
00:25:44au profit de son parti.
00:25:4690 jours gâchés.
00:25:48Votre erreur, monsieur le Premier ministre,
00:25:50est d'avoir pensé que Marine Le Pen vous laisserait faire un budget,
00:25:54qu'elle se refuserait à vous censurer.
00:25:56Et vous, crédule, vous l'avez pru
00:25:58et peut-être que vous la croyez encore.
00:26:00Et vous vous êtes abaissé de compromis en compromission.
00:26:04La réalité finit toujours par s'imposer
00:26:06au discours de communication.
00:26:08Car la politique, c'est avant tout des choix
00:26:11qui ont des conséquences économiques, physiques,
00:26:13psychologiques pour de nombreux Français.
00:26:15Des choix qui les impactent dans leur chair et dans leur vie.
00:26:19Edouard Louis, dans qui a attiré mon père,
00:26:21l'exprime mieux que moi, je pourrais le faire,
00:26:23et donc je veux vous citer son écrit.
00:26:26Les dominants peuvent se plaindre d'un gouvernement de gauche.
00:26:29Ils peuvent se plaindre d'un gouvernement de droite.
00:26:32Mais un gouvernement ne leur brouera jamais le dos.
00:26:35La politique ne change pas leur vie aussi peu.
00:26:39Ca aussi, c'est étrange.
00:26:40C'est ceux qui font la politique
00:26:42alors que la politique n'a presque aucun effet sur leur vie.
00:26:45Pour les dominants, le plus souvent,
00:26:47la politique est une question esthétique,
00:26:49une manière de penser,
00:26:51une manière de voir le monde, de construire sa personne.
00:26:54Pour nous, c'était vivre ou mourir.
00:26:57En résumé...
00:27:00Certains se créent des bulles de confort grâce à leur argent,
00:27:04enfermés dans l'idée que le privé vaut mieux que le public,
00:27:07que leurs moyens se permettront de s'adapter à un monde à 4 degrés
00:27:11et qui reste aveugle aux impacts des politiques austéritaires.
00:27:15Illusion construite par et pour les forts,
00:27:17par et pour les puissants.
00:27:19Car les autres n'ont pas le privilège
00:27:21de pouvoir détourner le regard des conséquences de vos politiques.
00:27:24Pourquoi les 450 salariés de Vancorex en Isère
00:27:28se réjouaient-ils de vos grandes déclarations
00:27:30sur la réindustrialisation française
00:27:32alors que, comme les salariés d'Arcelor et de Michelin,
00:27:34ils risquent dans quelques mois de perdre leur emploi ?
00:27:37Pourquoi les défenseurs de l'environnement
00:27:39s'imagineraient-ils que vous allez encore
00:27:41make the planet great again
00:27:43quand vous sabrez dans les dépenses pour la rénovation thermique
00:27:46et que vous voulez laisser le béton remplacer
00:27:48les zones naturelles et agricoles ?
00:27:50Pourquoi les Français devraient-ils vous croire,
00:27:52quand vous avez martelé
00:27:53que la France était le pays où l'inflation était la plus faible
00:27:56alors que les prix alimentaires ont augmenté
00:27:58beaucoup plus que partout en Europe ?
00:28:00Pourquoi les Français devraient-ils soutenir votre politique
00:28:04alors que 55% d'entre eux n'arrivent que difficilement
00:28:08à assumer leurs dépenses courantes ?
00:28:11Enfin, pourquoi les électeurs qui se sont mobilisés en masse
00:28:13contre l'extrême droite vous pardonneraient-ils
00:28:16vos compromissions avec le Rassemblement national ?
00:28:19Ils ne le feront pas, et nous non plus.
00:28:22Ainsi, dans peu de temps, votre gouvernement sera censuré.
00:28:26La censure d'un gouvernement sans soutien populaire,
00:28:28sans majorité parlementaire et sans dialogue
00:28:31avec son opposition républicaine est inéluctable.
00:28:36Après un gouvernement qui est allé à l'encontre du vote des Français
00:28:39en méprisant l'Assemblée, nous souhaitons un gouvernement
00:28:42qui met en oeuvre le changement politique attendu
00:28:44voulu par les Français et qui s'appuie sur le Parlement.
00:28:48Ainsi, nous réaffirmons qu'il est légitime
00:28:50que la gauche et les écologistes,
00:28:51première force politique de l'Assemblée nationale,
00:28:54gouvernent le pays. Et cela autour d'une route
00:28:56qui, si elle est issue du programme du Nouveau Front populaire,
00:28:59se concentre sur les priorités face aux défis
00:29:02auxquels nous devons collectivement faire face.
00:29:04La constitution d'un budget augmentant les ressources de l'Etat,
00:29:07des mesures efficaces et immédiates
00:29:10contre le réchauffement climatique
00:29:12et une conférence pour l'augmentation des salaires
00:29:15et l'arrêt des licenciements boursiers.
00:29:18Car suite à la censure, le pays ne sera pas paralysé.
00:29:23Mais il entrera dans une période incertaine
00:29:26dans laquelle il n'est pas souhaitable
00:29:27que les gouvernements tombent les uns après les autres.
00:29:30Pour cela, il faut profondément changer nos habitudes.
00:29:33Car si votre gouvernement tombe,
00:29:35la composition de l'Assemblée nationale restera inchangée.
00:29:39Tout d'abord, le groupe écologiste et social
00:29:41défend la primauté de la décision collective,
00:29:44du débat public et du travail parlementaire
00:29:47que les membres de la coalition gouvernementale
00:29:49ont pui pendant des mois.
00:29:51Il faut en finir avec l'approche verticale du pouvoir,
00:29:54qui est aujourd'hui mise en échec.
00:29:56Le prochain gouvernement devra s'engager
00:29:59à ne pas utiliser le 49-3.
00:30:01C'est la garantie du débat parlementaire
00:30:04et c'est la seule garantie pour qu'un gouvernement
00:30:07ne soit pas censuré.
00:30:08Aujourd'hui, seules la gauche et les écologistes
00:30:11ont le courage d'assurer un changement de politique budgétaire
00:30:14qui met en contribution les héritages dorés,
00:30:15les hauts patrimoines,
00:30:17et qui fait de la question de bonus-manus écologique
00:30:21une constante et de la contribution des pollueurs
00:30:24une nécessité.
00:30:26Nous saurons propuser un budget,
00:30:28parce que, oui, nous avons les idées et les propositions,
00:30:30mais parce que nous avons aussi le courage
00:30:32de venir les défendre dans cette Assemblée
00:30:34et de créer les majorités nécessaires à les faire adopter.
00:30:37Applaudissements
00:30:40...
00:30:42Monsieur le Premier ministre, vous censurez aujourd'hui.
00:30:44Ce n'est pas être sans gouvernement,
00:30:46mais c'est donner à la France la possibilité d'avoir un gouvernement
00:30:49qui met en oeuvre les politiques que les Français méritent,
00:30:52une politique qui les respecte
00:30:54et qui répond à leurs besoins et à leurs attentes.
00:30:57Tout sera plus difficile et plus grave,
00:31:00avez-vous martelé, monsieur le Premier ministre,
00:31:02en répondant à l'interpellation
00:31:04de notre excellent président de groupe
00:31:05de la gauche démocrate et républicaine hier,
00:31:07André Chassaigne.
00:31:09Mais plus difficile et plus grave pour qui ?
00:31:12Pour Pascal, viré comme un malpropre
00:31:14d'une usine d'emboutissage de Saint-Florent-sur-Cher,
00:31:17au coeur de ma circonscription,
00:31:19et qui voit les factures s'accumuler
00:31:21et l'Etat se défiler devant ses obligations.
00:31:24Pour Malika, licenciée il y a cinq semaines
00:31:27de l'hypermarché géant casino de Saint-Doulchard,
00:31:30à côté de Bourges,
00:31:31et qui ne sait comment remplir le frigo.
00:31:33Pour les 2389 salariés d'Auchan,
00:31:36mis dehors alors que la famille Muliez
00:31:39se distribue un milliard d'euros de dividendes
00:31:41sur les résultats du groupe via l'enseigne des Catelons,
00:31:45allez leur dire, à elles et eux,
00:31:47comme aux 200.000 personnes qui risquent de perdre leur emploi,
00:31:50comme aux centaines de milliers de retraités
00:31:52que vous laissez dans le dénuement,
00:31:54comme aux chômeurs que vous voulez encore plus pénaliser,
00:31:57comme aux 330.000 sans-abri,
00:31:59comme aux citoyens dits d'outre-mer
00:32:01qui n'en peuvent plus de la vie chère,
00:32:02allez leur dire que la vie sera plus douce
00:32:05avec votre maintien au gouvernement.
00:32:08Ils le savent, qu'elle sera plus dure.
00:32:10Le chaos est déjà là, monsieur le Premier ministre,
00:32:13même si vous n'en êtes pas le seul responsable.
00:32:16Le chaos, c'est le refus d'entendre le peuple
00:32:18et les organisations syndicales
00:32:20qui se sont levées contre l'ignoble allongement
00:32:22du départ à la retraite.
00:32:24Le chaos, ce sont ces brancards dans les urgences hospitalières
00:32:28et des prises en charge dégradées qui mettent des vies en péril.
00:32:32Le chaos, ce sont ces classes qui ferment
00:32:34dans les villages comme dans les quartiers
00:32:36où l'abandon n'est plus un sentiment, mais une réalité.
00:32:40Le chaos, c'est l'abandon de nos compatriotes,
00:32:43des territoires dits d'outre-mer,
00:32:45victimes du manque d'infrastructures,
00:32:47des services publics, de l'empoisonnement
00:32:50au chlordécone et des essais nucléaires.
00:32:52C'est un pouvoir qui les humilie,
00:32:54confondant politique d'émancipation et de coopération
00:32:58avec maniement du bâton et exploitation.
00:33:02Le chaos, c'est un pays qui lâche les peuples en lutte
00:33:05pour leur indépendance, comme les Palestiniens ou les Saraouis.
00:33:09C'est l'inaction face à la fuite en avant belliqueuse à Gaza,
00:33:13en Ukraine et au Liban.
00:33:14C'est le silence face aux cris des victimes civiles palestiniennes.
00:33:18C'est l'abandon d'une politique internationale de la paix.
00:33:21Le chaos, c'est tout bonnement l'allégeance
00:33:23à une politique qui a favorisé une poignée de privilégiés,
00:33:27avec les 500 plus grosses fortunes
00:33:29qui ont doublé en 7 ans de pouvoir macroniste,
00:33:31culminant désormais à plus de 1 200 milliards d'euros.
00:33:35L'ingénieur de ce chaos, c'est le président de la République.
00:33:39Qui, satisfait dans son rôle de thaumaturge,
00:33:42l'a joué à la perfection.
00:33:44Lui qui déclarait le lendemain de la dissolution, je cite,
00:33:47je leur ai balancé une grenade dégoupillée dans les jambes,
00:33:51maintenant, on va voir comment ils s'en sortent.
00:33:53Mais on ne déclare pas la guerre à la démocratie
00:33:56comme on ne joue pas avec le respect du résultat des urnes
00:33:59et certainement pas au nom de la déréliction fantasmée
00:34:02d'un monarque lasse.
00:34:04Face au risque de voir une gauche au pouvoir
00:34:06qui aurait su changer les équilibres politiques et économiques
00:34:09de ce pays, vous avez tenté, vainement,
00:34:12de bâtir une majorité politique pour les intérêts du capital.
00:34:17Le nouveau front populaire peut construire un pacte fiscal
00:34:21plus juste et plus efficient, comme il l'a démontré
00:34:24lors de l'examen de la première partie du budget pour 2025.
00:34:28Il peut engager les investissements nécessaires
00:34:31en matière de services publics de santé,
00:34:33d'éducation, de sécurité, de mobilité, de transition écologique,
00:34:37mais aussi en matière de soutien à l'industrie,
00:34:40à l'agriculture, à l'innovation.
00:34:41Le nouveau front populaire peut porter une voie singulière
00:34:44en Europe pour appeler à la réforme de la politique budgétaire
00:34:48et monétaire de l'Union européenne pour enfin lui permettre
00:34:51de répondre aux impératifs écologiques et sociaux
00:34:54de notre temps.
00:34:55Mais c'en serait trop pour le pouvoir exécutif,
00:34:58arrogant, qui sointe la violence de classe.
00:35:01Dans un bel élan commun, toutes les droites,
00:35:03au centre du couloir, comme tout au fond à l'extrême,
00:35:07se sont retrouvées lors de la première partie du budget
00:35:10dans un refus unanime pour ne pas toucher au dogme
00:35:14d'un capitalisme libéral sans scrupules.
00:35:17A l'international, la France est discréditée,
00:35:19alors que la concurrence nous oblige plus que jamais
00:35:22à réaffirmer notre souveraineté,
00:35:24à ne pas plier devant les Etats-Unis et la Chine,
00:35:27à protéger nos emplois et nos industries,
00:35:29à empêcher l'Union européenne de multiplier
00:35:31la signature de traités de libre-échange
00:35:34qui détruisent notre agriculture.
00:35:36Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale
00:35:38que vous avez tenté d'imposer avec le 49-3,
00:35:41c'est celui qui continue à dégrader l'hôpital public,
00:35:44c'est celui qui acte l'abandon d'une loi grand âge,
00:35:47c'est celui qui conduit à des mutuelles plus chères,
00:35:49c'est celui qui n'offre rien en matière de lutte
00:35:51contre les déserts médicaux,
00:35:53c'est celui qui, dans un exercice de déshonneur
00:35:56et d'allégeance à l'extrême droite,
00:35:58veut diminuer l'aide médicale d'Etat
00:36:00au mépris de toute humanité,
00:36:02au risque de laisser prospérer épidémies et contagions.
00:36:05S'il vous plaît, que cessent ces contre-vérités
00:36:08qui n'ont qu'un but, faire peur,
00:36:11parce que la peur est une arme de destruction massive de la raison.
00:36:14Nos compatriotes méritent mieux.
00:36:16Les agriculteurs que nous croisons aux abords des préfectures,
00:36:21les VSL qui bloquent les centres-villes,
00:36:23les enseignants, les fonctionnaires
00:36:25qui vont se mobiliser en masse demain
00:36:27ne brandissent pas des branderoles, on veut garder Barnier.
00:36:30Bien au contraire,
00:36:31ils ne veulent plus être empaumés par vos soins.
00:36:34Ils nous disent stop, dites-leur et dites-lui.
00:36:37À celui qui, dans son palais, cultive l'illusion solitaire
00:36:40de l'omniscience, dites-lui, ça suffit.
00:36:43Il est des moments dans la vie d'un pays,
00:36:45dans la vie d'un peuple,
00:36:47dans la vie des représentants du peuple,
00:36:49où l'espoir s'écrit par des ruptures.
00:36:51Notre pays est fécond en la matière.
00:36:54Il en a conçu de grandes avancées,
00:36:56dans l'union, dans la joie, dans la fraternité.
00:36:59Notre responsabilité, c'est à la fois de refuser
00:37:02les budgets régressifs de la Sécurité sociale
00:37:05comme de l'Etat,
00:37:06et de proposer au président de la République
00:37:09de laver la faute originelle
00:37:11qu'il fait porter comme un fardeau à la France.
00:37:13Nous sommes prêts,
00:37:14nous, députés communistes et ultramarins
00:37:17du groupe de la gauche démocrate et républicaine,
00:37:19à prendre notre part dans le cadre d'un gouvernement
00:37:22issu du nouveau front populaire,
00:37:24capable de construire des majorités,
00:37:26ici, projet par projet,
00:37:29comme nous l'avons montré dans l'histoire de notre pays.
00:37:32Le vote de ce jour en faveur de la motion de censure
00:37:35n'a rien de personnel, monsieur le Premier ministre.
00:37:38Et ce n'est pas l'apocalypse, c'est l'ouverture des possibles.
00:37:41J'ai envie de dire, n'ayez pas peur, n'ayez pas peur.
00:37:45Ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au peuple.
00:37:48Je vous remercie.
00:37:50Hier soir, monsieur le Premier ministre,
00:37:52vous avez dit aux Français
00:37:54que ce n'est pas un vote pour ou contre Michel Barnier,
00:37:58mais un vote sur un texte.
00:38:00Nous sommes d'accord, monsieur le Premier ministre.
00:38:03C'est un vote sur un texte qui va nous guider.
00:38:07C'est un vote, hélas, sur un mauvais budget.
00:38:10Un mauvais budget,
00:38:12un budget socialiste, même.
00:38:14Je vous l'avais dit
00:38:16lorsque vous avez prononcé
00:38:18votre déclaration de politique générale.
00:38:21C'est pour protéger...
00:38:22C'est pour protéger les Français,
00:38:25protéger nos entreprises
00:38:28et protéger notre économie
00:38:30que nous refusons ce budget.
00:38:33Il y a six mois, mes chers collègues,
00:38:35lorsque je présidais encore les Républicains,
00:38:39nous avions fixé ensemble trois lignes rouges
00:38:43avec beaucoup de vos ministres,
00:38:45notamment Bruno Retailleau,
00:38:47mais aussi Laurent Wauquiez.
00:38:49Nous avions dit alors que si ces lignes rouges
00:38:52venaient à être franchies,
00:38:55cela aurait automatiquement une conséquence,
00:38:59la censure du gouvernement.
00:39:01Ces lignes, je vous les rappelle,
00:39:04l'augmentation des prélèvements obligatoires,
00:39:07la désindexation des retraites
00:39:09qui pénaliseraient nos petits retraités,
00:39:12la baisse de la pension,
00:39:14la baisse de la prise en charge des soins et des médicaments.
00:39:19Monsieur le Premier ministre,
00:39:21votre budget a allègrement franchi ces lignes rouges.
00:39:26C'est donc en cohérence que nous voterons la censure.
00:39:33Nous arrivons aujourd'hui à un point de rupture.
00:39:37Nous ne pouvons plus vous laisser menacer l'économie française
00:39:42de faillites définitives.
00:39:45Votre texte fait peser sur la France
00:39:48une sortie de l'histoire par la petite porte.
00:39:52La censure va éviter aux Français un choc fiscal
00:39:58qui provoquerait une récession inédite.
00:40:02Nous préserverons ainsi les Français
00:40:05des fléaux inscrits dans ce PLFSS.
00:40:10Dans ce PLF, les 40 milliards d'impôts supplémentaires,
00:40:16la désindexation des retraites dès le 1er janvier
00:40:20pour tous les retraités, y compris les plus modestes,
00:40:24la hausse du coût du travail,
00:40:26la hausse de l'impôt sur les sociétés,
00:40:29la hausse de la fiscalité sur les hauts revenus,
00:40:32le retour de l'ISF au Sénat,
00:40:34ou même de l'impôt sur les retraites.
00:40:37Le malus sur les petits véhicules,
00:40:41les Renault Dacia, les 208,
00:40:44tout ça, ce ne sont pas des véhicules de luxe.
00:40:47Ce sont les véhicules des Français
00:40:49qui travaillent et qui en ont besoin
00:40:51pour se déplacer au quotidien.
00:40:54C'est ce que nous avons fait.
00:40:56C'est ce que nous avons fait.
00:40:58C'est ce que nous avons fait.
00:41:00C'est ce que nous avons fait.
00:41:02C'est ce que nous avons fait.
00:41:04C'est ce que nous avons fait.
00:41:12Je vous le dis,
00:41:14mes chers collègues,
00:41:22à travers ces budgets,
00:41:24une pseudo-droite s'est renuée.
00:41:27Monsieur le Premier ministre,
00:41:29je vous estime et je vous respecte.
00:41:33de votre budget récessif. Il faut croire, d'ailleurs, plusieurs
00:41:40jours après l'annonce de cette possible censure, que les marchés
00:41:47sont plus rassurés par l'hypothèse de la fin de votre gouvernement que
00:41:51par la continuité de ces erreurs. Stop aux fake news et à la ridicule
00:42:01stratégie du chaos. Oui, le 1er janvier prochain, la
00:42:07France ne s'arrêtera pas. Toutes les retraites seront même
00:42:11désindexées sur l'infraction. Cela est sûr, loin des fantasmes.
00:42:16Dans quelques jours, le prochain gouvernement sera obligé de procéder
00:42:21à de véritables économies. Aujourd'hui, la censure porte
00:42:25l'espérance de l'alternance, celle qu'attendent les Français.
00:42:30Au sein du Bloc central, les visages sont graves.
00:42:33La censure ouvre une période d'incertitude.
00:42:36Les députés du camp présidentiel et ceux de la droite républicaine
00:42:39pointent le risque de chaos. Les groupes du socle commun dénoncent
00:42:42l'irresponsabilité de la France insoumise et du RN.
00:42:45Le groupe Lyon ne votera pas à la quasi-unanimité de la motion de
00:42:48censure.
00:42:55Ceci pour quatre raisons. La première raison, c'est que voter
00:42:59la motion de censure, c'est paradoxalement redonner la main au
00:43:04président de la République. C'est-à-dire à celui qui a été à
00:43:08l'origine du chaos politique qui s'est installé à travers la
00:43:11dissolution du 9 juin 2024. D'ailleurs, le président de la
00:43:14République, le président de la République, le président de la
00:43:17République, le président de la République, le président de la
00:43:20République, le président de la République, le président de la
00:43:23République, le président de la République, le président de la
00:43:26République. D'ailleurs, cette décision du
00:43:29président n'a été comprise ni par l'obligation publique ni par ses
00:43:33propres soutiens. La deuxième raison, c'est que
00:43:37voter la motion de censure, c'est aggraver la crise démocratique.
00:43:41En effet, que vont penser les Français d'une Assemblée nationale
00:43:45incapable d'adopter une loi de finance et une loi de financement
00:43:49Le rejet de la démocratie parlementaire peut déboucher sur un régime autoritaire.
00:43:55Le dernier sondage Ipsos nous rappelle qu'il n'y a plus que 22% des Français qui font
00:44:03confiance aux députés de la nation, 63% considèrent le personnel politique comme
00:44:10corrompu, 78% comme non représentatif et pour couronner le tout 80% comme agissant
00:44:19pour leurs seuls intérêts personnels.
00:44:21C'est une catastrophe démocratique.
00:44:24Troisième raison, ce n'est pas le moment de voter une motion de censure, en effet la
00:44:33situation économique et sociale n'est pas bonne, elle se dégrade et un tel vote accentuerait
00:44:40le sentiment d'incertitude des acteurs économiques qui ont déjà tendance à reporter leurs
00:44:45investissements, qu'ils soient immobiliers ou d'équipements, la poursuite de la hausse
00:44:51des taux d'intérêt de la dette publique qui résulterait d'un tel vote ne pourrait
00:44:58que fragiliser encore un peu plus l'économie et accroître le chômage qui je le rappelle
00:45:04augmente déjà depuis plus de six mois.
00:45:06Quant à la situation internationale, mes chers collègues, elle se dégrade constamment
00:45:12du fait notamment de la récession en Allemagne, de la tendance au protectionnisme à travers
00:45:18une hausse des droits de douane, mais aussi du fait de la guerre russo-ukrainienne ou
00:45:22encore de la déstabilisation du Moyen-Orient.
00:45:24Quatrième raison, si cette motion de censure était adoptée, une sortie démocratique paraît
00:45:32aujourd'hui impossible.
00:45:33En effet, le président de la République ne peut dissoudre notre Assemblée qu'à compter
00:45:40du 7 juillet 2025, c'est-à-dire dans sept mois.
00:45:44De plus, nul ne peut prédire la composition de notre Assemblée qui résulterait de nouvelles
00:45:50élections législatives à l'automne 2025.
00:45:53Y aura-t-il dans cette hypothèse une majorité stable ?
00:45:58Quant à l'hypothèse de la démission du président de la République, ce dernier l'a
00:46:04écartée hier soir.
00:46:06Alors, mes chers collègues, par-delà ces quatre raisons qui font que notre groupe à
00:46:13la quasi-unanimité ne votera pas cette motion de censure, le groupe Diotte souhaite faire
00:46:20un appel à tous nos collègues sur tous les bancs de cette Assemblée qui se reconnaissent
00:46:25dans les valeurs fondatrices de notre République.
00:46:28Seul un large rassemblement de l'art républicain pourrait permettre de gouverner notre pays
00:46:34en évitant les risques liés à des solutions extrêmes.
00:46:37Ici même alors, le 5 octobre 1962, un gouvernement pour la première et jusque-là la dernière
00:46:47fois de la Vème République tombait avec une coalition des contraires, celle de l'extrême
00:46:53gauche et de l'extrême droite.
00:46:55Je me souviens encore des propos sur les bancs de la gauche, lorsque j'évoquais il y a deux
00:47:02mois cette réalité, et vous disiez, nous, jamais avec le Rassemblement national.
00:47:07Et je me souviens des propos que l'on entendait, madame Le Pen, sur vos rangs, où vous disiez
00:47:16jamais avec la France insoumise.
00:47:18Eh bien, nous y voilà, nous y voilà.
00:47:23Vous faites semblant ici de vous injurier les uns les autres, et vous vous apprêtez
00:47:27juste à voter les uns avec les autres, vous vous apprêtez à voter ensemble pour faire
00:47:33tomber un gouvernement.
00:47:34Est-ce une surprise ? Je ne le crois pas.
00:47:41Cette jonction de la France insoumise et du Rassemblement national, on la voyait déjà
00:47:48à l'oeuvre depuis quelques semaines, lorsque vous tentiez d'abroger la réforme des retraites
00:47:53sans les financer.
00:47:54Ce mauvais génie d'autrefois, le voilà revenu parmi nous aujourd'hui, et pour la
00:48:01première fois, tout le monde doit mesurer la gravité de ce moment.
00:48:04Pour la première fois depuis 62 ans, un gouvernement risque d'être renversé.
00:48:11Alors oui, bien sûr, nous avons tous conscience de la situation politique extrêmement difficile.
00:48:17Oui, il n'y a pas dans cet hémicycle de majorité.
00:48:22Oui, bien sûr, la France traverse une situation trouble et confuse.
00:48:28Mais le choix, le choix, lui, que vous avez à faire, il est parfaitement clair, celui-là.
00:48:36Le choix que nous avons à faire, chers collègues, il est parfaitement clair, et il n'y en a
00:48:41pas trois.
00:48:42Il n'y a que deux choix possibles.
00:48:43L'intérêt du pays ou l'intérêt des partis, le choix de la responsabilité ou le choix
00:48:51du chaos, le choix de la solution ou le choix du désordre.
00:48:56Les Français n'attendent pas, bien sûr, et nous le savons tous, ils n'attendent pas
00:49:04de miracle dans cette période.
00:49:05Ils attendent en revanche que nous fassions du travail utile.
00:49:08Ce choix, monsieur le Premier ministre, cher Michel, c'est celui que vous avez fait depuis
00:49:16trois mois, avec dignité, avec respect, avec droiture, et je veux vous rendre hommage
00:49:25parce que ce comportement contraste tellement avec le visage qu'offrent certains ici, sur
00:49:30les bancs de cet hémicycle.
00:49:31Vous vous êtes employé à éteindre l'incendie budgétaire dans un pays en faillite.
00:49:37Est-ce que ce que nous avons engagé est perfectible ? Bien sûr.
00:49:43Est-ce que notre pays peut encore se payer de perdre le luxe de semaines d'instabilité
00:49:50gouvernementale alors qu'il y a tout à rebâtir ? Sûrement pas.
00:49:55Et nous voilà tous, même si vous éructez, nous voilà tous aujourd'hui face à nos
00:50:01responsabilités.
00:50:02Chacun fera évidemment son choix en son âme et conscience.
00:50:08Mais ce choix-là, vous le porterez surtout devant les Français parce qu'il y a une
00:50:16chose qu'on ne peut pas accepter ici.
00:50:17On ne peut pas accepter, comme vous vous employez à le faire sur ces derniers jours, que vous
00:50:25expliquiez que la motion de censure, ça n'est pas grave.
00:50:28On ne peut pas expliquer avec la légèreté avec laquelle vous le faites que la censure
00:50:33n'aura pas de conséquences.
00:50:34On ne peut pas mentir aux Français en disant qu'il n'y aura pas de conséquences.
00:50:38Il y aura des conséquences.
00:50:40Il y aura des conséquences et ces conséquences seront payées par les Français et tous ceux
00:50:47qui se prêtent à ce jeu minable aujourd'hui en rendront compte devant les Français parce
00:50:52qu'ils se souviendront de ceux qui ont allumé la mèche.
00:50:55Un pays a besoin de stabilité.
00:51:00Un pays a besoin de stabilité, il a besoin d'un budget, il a besoin d'un gouvernement.
00:51:06Rien n'est pire pour une économie que l'incertitude.
00:51:09La censure, et c'est sans doute le plus grave parce que c'est l'image que vous offrez aujourd'hui,
00:51:17c'est faire perdre à notre pays son dernier atout.
00:51:18La France pouvait au moins compter sur la stabilité de ses institutions et vous vous
00:51:25délectez sur ces deux bancs de la plonger dans l'instabilité.
00:51:29Cette stabilité de nos institutions, c'est ce qui nous a toujours protégés.
00:51:32Même dans les crises les plus graves, notre pays demeurait gouvernable.
00:51:36Alors je n'oublie rien de la responsabilité qui est celle de la France insoumise.
00:51:41Je n'oublie rien du danger de ceux qui veulent autoriser l'apologie du terrorisme.
00:51:48Je n'oublie rien du danger de ceux qui entraînent des complaisances détestables avec l'antisémitisme.
00:51:54Je n'oublie rien du danger de ceux qui ont trahi Jaurès et Clemenceau.
00:51:59Mais la réalité, c'est que sans vos voix, Madame Le Pen, la France insoumise ne pourrait
00:52:06rien.
00:52:07La réalité, Madame Le Pen, c'est que vous vous apprêtez à voter pour ceux qui traitent
00:52:14les policiers d'assassins.
00:52:15La réalité, Madame Le Pen, c'est que vous vous apprêtez à voter pour ceux qui traitent
00:52:19les terroristes de résistants.
00:52:21La réalité, Madame Le Pen, et honnêtement, la dignité vous imposeraient un autre comportement
00:52:27dans cet hémicycle.
00:52:28La réalité, Madame Le Pen, c'est que quand on lit le texte de la motion de censure, on
00:52:35comprend l'hypocrisie qui est derrière, juste le texte de cette motion de censure.
00:52:41Un texte qui dénonce les plus viles obsessions de l'extrême droite, et vous allez voter
00:52:46cela.
00:52:47Un texte qui explique qu'il ne faut pas revenir sur l'aide médicale d'Etat, et vous allez
00:52:51voter cela.
00:52:52Un texte qui explique qu'il ne faut pas de loi d'immigration plus ferme, et vous allez
00:53:00voter cela.
00:53:01Voilà, Madame Le Pen, ce que vous allez faire, voilà à quelles incohérences en sont réduits
00:53:06dans cet hémicycle et ce meurtre de chaos.
00:53:08Emmanuel Macron porte peut-être seul la responsabilité de la dissolution, mais vous allez porter
00:53:17avec la France insoumise la responsabilité de la censure, qui va plonger le pays dans
00:53:21l'instabilité.
00:53:22Alors je vous le dis une dernière fois, ressaisissez-vous, ressaisissez-vous, il est encore temps, ressaisissez-vous
00:53:32et changez votre choix.
00:53:33Ressaisissez-vous, parce que sinon nous nous souviendrons longtemps, de ce jour désolant,
00:53:41nous nous souviendrons longtemps, Madame Le Pen, qu'une alliance des contraires portée
00:53:46par le cynisme a plongé notre pays dans l'instabilité.
00:53:49Ressaisissez-vous, parce qu'il est toujours temps de faire le choix de la France.
00:53:55Monsieur le Premier ministre, dans ma réponse à votre discours de politique générale,
00:54:01je soulignais la principale virulté du résultat des urnes du scrutin de juillet dernier, personne
00:54:08n'avait gagné les élections législatives.
00:54:11Et entendre certains cet après-midi, je crois qu'il n'est toujours pas inutile de le rappeler.
00:54:16Aucun bloc n'avait obtenu de majorité absolue pour mettre en oeuvre son programme seul,
00:54:23et aucun bloc n'a acquis de mandat ni de pouvoir absolu.
00:54:26Nous n'avions qu'un impératif, celui du dialogue, et peut-être plus encore celui
00:54:35de l'humilité et du sens de l'intérêt général.
00:54:39Et les Français nous ont demandé de nous extraire des contingences politiques et partisanes
00:54:45pour travailler ensemble sur l'essentiel et à leur service.
00:54:50Et c'est le choix que nous avons fait en conscience, monsieur le Premier ministre,
00:54:54en vous soutenant avec exigence, mais aussi, c'est tout ainsi important pour moi, avec loyauté.
00:55:01Nous avions espéré sans doute, comme beaucoup de Français, qu'il en soit de même pour
00:55:05toutes les forces parlementaires qui, comme nous, étaient le produit d'une élection
00:55:09sans vainqueur et refusaient les extrêmes.
00:55:12Cette situation n'autorisait donc personne à vouloir prétendre à appliquer son seul
00:55:18programme, rien que son programme et tout son programme.
00:55:22Nous étions prêts à oeuvrer au service de l'intérêt général et je peux témoigner
00:55:27que le Premier ministre et ses équipes s'y est tenu, lui qui assume sa mission avec sens
00:55:32du devoir, avec lucidité et responsabilité et avec pour cap l'intérêt du pays.
00:55:39Mais force est de reconnaître que le débat que nous sommes en train de tenir et les votes
00:55:44annoncés montrent que, malheureusement, nous n'y sommes pas parvenus.
00:55:48Certains ont manifestement préféré la facilité du sénisme et du sectarisme et, pire encore,
00:55:55du laisser-faire plutôt que l'exigence de l'esprit de responsabilité et de la recherche
00:56:01du compromis.
00:56:02Le texte qui nous est aujourd'hui soumis, à savoir le projet de loi de financement
00:56:07de la Sécurité Sociale, mais aussi plus largement les textes budgétaires dont nous
00:56:11discutons depuis plus de deux mois et que nous devons considérer comme un tout, ont
00:56:16été remaniés et sont précisément le fruit d'un compromis.
00:56:20Jamais, sans doute, des textes budgétaires n'auront été autant remaniés et modifiés
00:56:25à l'aune des débats parlementaires.
00:56:27Le plus évident, bien sûr, c'est le compromis entre le Sénat et l'Assemblée nationale
00:56:33sur le PLFSS.
00:56:34Fait suffisamment rare pour être souligné.
00:56:38Et en dépit de ce que certains voudraient faire croire, ce texte est bien le fruit d'un
00:56:42travail entre les différents blocs des différentes assemblées.
00:56:46Je ne cherche pas à faire peur, on ne gouverne pas avec la peur, mais que ceux qui prétendront
00:56:53ce soir que le vote d'une motion de censure serait sans conséquent, je dis qu'ils devront
00:56:58rendre des comptes devant les Français.
00:57:00Et le résultat de votre oeuvre sera tout aussi nocif si vous entendez également rejeter
00:57:08le PLF.
00:57:09Bien sûr, ces textes ne sont pas parfaits, et j'entends ceux qui disent toujours « ce
00:57:14n'est pas assez, il faut plus », mais ils sont, pardon du gros mot, le fruit d'un
00:57:19compromis.
00:57:20Vous choisissez la rupture contre le compromis et le confort du statu quo contre les avancées.
00:57:25Mais en balayant d'un revers de main ce compromis, vous ne faites pas que cela.
00:57:30Non, vous vous dessaisissez aussi de ce qui fait le rôle du législateur, sa capacité
00:57:36à proposer, à améliorer, à débattre et à se mettre d'accord.
00:57:40Vous choisissez au fond de vous en remettre aux lois spéciales, à la gestion des affaires
00:57:45courantes, au hasard du désordre, et ce faisant, vous affaiblissez le Parlement dans
00:57:50son rôle et aux yeux des Français.
00:57:52Et puis, évidemment, vous faites prendre un risque important au pays.
00:57:57Nos partenaires et nos créanciers nous regardent, voient notre incapacité à avancer, et comme
00:58:03nous pouvons le constater ces derniers jours, le coût de financement de notre dette publique
00:58:06augmentera, diminuant d'autant notre capacité à financer nos autres politiques publiques.
00:58:12A terme, vous faites prendre le risque d'une perte de confiance dans notre capacité à
00:58:17rembourser cette dette, et c'est donc la porte ouverte à une crise comme l'ont pu
00:58:22connaître d'autres pays européens.
00:58:23Ces risques, vous devez les assumer, vous devrez les assumer, et vous ne pourrez pas
00:58:29vous en défausser.
00:58:30A nos collègues de gauche, je voudrais dire qu'en juillet, vous avez fait malheureusement
00:58:35le choix de l'immobilisme et du renoncement, et ce, en mois de décembre, vous vous apprêtez
00:58:40à faire le choix pire de l'irresponsabilité et de l'inconnu.
00:58:44Et à nos collègues du Rassemblement National, face au désarroi de nos agriculteurs, de
00:58:50nos soignants, de nos forces de l'ordre dont vous vous prétendez être les portes
00:58:53étendard, face aux difficultés que ce chaos produirait pour les plus modestes, vous vous
00:58:58apprêtez à trahir vos électeurs, les vôtres, ceux pour lesquels vous demandiez pourtant
00:59:02du respect.
00:59:03Et au fond, à part sur l'organisation du chaos à LFI et au RN, vous n'êtes d'accord
00:59:10sur rien.
00:59:11Le meilleur moyen de ne pas être sous la menace, et donc sous la tutelle des extrêmes,
00:59:15des deux extrêmes, c'est enfin d'accepter le dialogue et le compromis.
00:59:19La censure ne produira rien.
00:59:21Ce dialogue n'est pas simple, ni à mettre en place, ni à maintenir dans la durée.
00:59:26Il demande d'importants efforts.
00:59:28Je sais que chacun fasse des pas les uns vers les autres, que personne ne joue pour
00:59:31lui-même dans cette période, que cessent les arrière-pensées ou les calculs d'arrière-boutique,
00:59:37et plusieurs perspectives peuvent permettre d'en jeter les bases.
00:59:40Cela commence par les attitudes, et dans nos discours, en respectant nos adversaires,
00:59:45en nous abstenant de dramatiser et de caricaturer les politiques publiques, en arrêtant de
00:59:49mettre en scène artificiellement des affrancements qui n'en sont pas, en assumant nos divergences.
00:59:54Ça, c'est facile, mais plus difficile encore en assumant des convergences.
00:59:59Et c'est peut-être cela le pas qu'il faut faire.
01:00:01Cela passe par un système institutionnel qui favorise le compromis.
01:00:05Il s'agit, je le dis, avec une forme de gravité d'une question de survie pour notre
01:00:10démocratie.
01:00:11Et pour nous, démocrates, gouverner, c'est d'abord s'interdire de faire des promesses
01:00:16que l'on ne peut tenir.
01:00:17C'est refuser la facilité et le pessimisme par le choix de la vérité et du courage.
01:00:23C'est une question de respect des électeurs, et de tous les électeurs, et le premier des
01:00:27respects que l'on doit aux Français est de ne pas leur mentir.
01:00:30Pour nous, gouverner, c'est rechercher sans cesse, avec les Français, pas contre eux
01:00:36ni sans eux, les voies des réformes nécessaires.
01:00:40Pour nous, gouverner, ce n'est pas chercher son avantage immédiat et personnel.
01:00:44C'est penser que la victoire de tous, par le compromis, c'est la victoire de chacun,
01:00:49que nous gagnerons ensemble, ou sinon que nous perdrons tous.
01:00:52Enfin, pour nous, gouverner, ce n'est pas livrer les esprits et le pays aux puissances
01:00:58de la division et du désordre.
01:01:00C'est rassembler les Français autour d'un cap, d'un projet, et j'ose le mot, d'un
01:01:05idéal.
01:01:06Il y a un chemin, et une majorité pour cela, dans cette Assemblée, il y a un chemin, dans
01:01:11ce pays, il y a un chemin, à elle de se lever, à elle de l'exprimer dès cet après-midi.
01:01:17Les Français ne nous demandent au fond qu'une chose, faire en conscience notre devoir.
01:01:21C'est ce que le Premier ministre et son gouvernement font, et c'est ce que nous devons faire,
01:01:26en rejetant cette motion de censure.
01:01:27La France ne peut être la France sans la grandeur, écrivait le général de Gaulle,
01:01:34alors que le moment est d'une particulière gravité, je souhaite dire ô combien nous
01:01:38avons besoin de cette grandeur retrouvée, de ce sens de l'Etat qui manque cruellement
01:01:43au débat public actuel.
01:01:44C'est ainsi que la République peut fonctionner dans l'intérêt des Français, pas stagner,
01:01:50mais avancer et s'élever.
01:01:52C'est à nous, députés, que revient à ce jour la tâche ardue d'écrire l'histoire.
01:01:58Je dois bien admettre qu'à titre personnel, j'étais loin d'imaginer, il y a deux ans,
01:02:04lorsque j'étais candidat à cette élection législative, me retrouver dans une telle
01:02:08situation.
01:02:09Aujourd'hui, en 2024, deux chemins s'offrent à présent à nous.
01:02:15Le premier chemin, le premier sentier est celui de la baisse de la fièvre démocratique.
01:02:21Les divers appels à la responsabilité, auxquels je souscris pleinement avec le groupe que
01:02:25je préside, sont entendus, et cette motion de censure n'est pas adoptée.
01:02:31Il est encore temps.
01:02:32La censure n'est pas une fatalité.
01:02:35Les yeux sont tournés, depuis juillet dernier, vers la droite de notre Assemblée.
01:02:41Mais je souhaite prendre un instant pour m'adresser à la gauche, sociale-démocrate.
01:02:47Mes chers collègues, d'autres issues sont possibles.
01:02:51Nous l'avions proposé dès août dernier.
01:02:54Vous pouvez toujours, sans vous renier, saisir la main tendue pour bâtir un pacte de réception.
01:03:00Je suis certain que sur l'accès aux soins, sur l'école, sur la sécurité et même
01:03:10sur la réduction du déficit public, des consensus sont possibles.
01:03:15Soyons clairs, il s'agirait moins d'un mariage d'amour que d'une entente cordiale,
01:03:22temporaire, dans l'intérêt supérieur des Françaises et des Français.
01:03:28Je pense au président Hollande, notre collègue, qui a occupé la fonction suprême.
01:03:34Il connaît parfaitement la difficulté de la tâche budgétaire et les enjeux pour notre nation.
01:03:40Pourquoi être taiseux sur les conséquences réelles de cette censure, monsieur le Président ?
01:03:45Nous devons la vérité à nos concitoyens.
01:03:49La vérité, c'est que si nous empruntons le second chemin, celui de la chute du gouvernement,
01:03:57qui n'ont certes pas tout bien fait, qui n'ont certes pas eu le temps de faire,
01:04:04mais qui ont eu à cœur d'agir dans l'intérêt du pays,
01:04:07nous exposons les Françaises et les Français à de nombreuses difficultés.
01:04:12Contrairement à beaucoup de commentateurs, je ne souhaite ni dramatiser à l'ultime la situation,
01:04:17ni infantiliser les Français, ce sera la répercussion de notre vote.
01:04:22Les faits, rien que les faits, les voix des extrêmes se mélangent,
01:04:26créant une alliance objective pour faire chuter le gouvernement, et ensuite, et après.
01:04:32Sur le plan politique, je rappelle que personne n'a gagné les dernières élections législatives.
01:04:39N'en serions pas là autrement, mes chers collègues.
01:04:42J'affirmais d'ailleurs devant vous le 1er octobre dernier que par leur suffrage,
01:04:45les Français avaient choisi de confier la stabilité politique et institutionnelle à notre Assemblée, à nous, parlementaires.
01:04:53Formuler plus de lignes rouges que de propositions d'économie raisonnables, est-ce digne de la confiance du peuple français ?
01:05:00A force de positions inflexibles, la censure pourrait devenir un réflexe pavlovien,
01:05:05un automatisme qui conduirait à coup sûr notre pays dans l'impasse.
01:05:10Il se peut même que les budgets de l'État et de la Sécurité sociale n'aient toujours pas été adoptés d'ici l'été prochain.
01:05:19La stagnation de nos politiques économiques, qui ne pourraient plus être pilotées, nous ferait nécessairement perdre du crédit sur notre dette.
01:05:27Ne soyons pas naïfs, les marchés ne font pas dans l'affect.
01:05:30Et si cette situation devait se poursuivre, il ne manquerait pas d'attaquer.
01:05:36Au-delà de l'envolée des taux d'intérêt, une nouvelle période d'instabilité s'ouvrirait alors pour le monde économique,
01:05:43en particulier pour nos entreprises qui ont besoin de lisibilité et de stabilité afin d'anticiper sur leurs investissements.
01:05:51Pour celles qui ont les freins les moins solides, souvent des TPE, des PME,
01:05:56il pourrait s'agir de l'ultime coup de massue, porté dans un contexte économique déjà morose.
01:06:03A court terme, ce sont les créations d'emplois, en moins.
01:06:08A long terme, des licenciements, du chômage en plus, et donc encore plus de dépenses sociales.
01:06:14La crise de régime, cercle vicieux, augmentera la précarité de notre pays.
01:06:21Ce n'est pas juste.
01:06:23Il faut aussi dire en toute transparence que l'absence de budget implique automatiquement une hausse de l'impôt sur le revenu,
01:06:30dont le marème ne sera pas indexé sur l'inflation pour 18 millions de personnes.
01:06:34Près de 400.000 Français, parmi les plus fragiles financièrement, deviendront imposables alors qu'ils ne devraient pas l'être.
01:06:41Ce n'est pas juste.
01:06:44Les budgets prévus pour les grandes politiques de l'Etat seraient également suspendus.
01:06:50Ce n'est pas abstrait, c'est un frein au soutien dont nos agriculteurs ont besoin,
01:06:54à la lutte contre la fraude, aux dépenses de santé.
01:06:58C'est un frein à la lutte contre les trafics, contre le crime organisé.
01:07:01C'est un frein à l'aide de la reconstruction en Nouvelle-Calédonie.
01:07:05Ce n'est pas juste.
01:07:07Ce serait tout autant un coup d'arrêt pour nos armées, dont le budget ne suivrait plus la trajectoire votée, ici même, à une écrasante majorité,
01:07:15et se retrouverait affaiblie dans un contexte géopolitique instable, dangereux.
01:07:20Je souhaite verser une contribution au débat public.
01:07:23Je rejoins mon prédécesseur, le président Feneau.
01:07:25Inspirons-nous de modèles plus vertueux que la censure pavlovienne, qui ne propose pas d'alternative.
01:07:31Regardons ce qu'il est possible de faire.
01:07:33Proposons des alternatives qui soient en capacité de diriger le pays, et non pas censurer pour censurer, rejeter pour rejeter.
01:07:43Monsieur le Premier ministre, vous l'avez dit, les dettes d'aujourd'hui sont les impôts de demain.
01:07:48Nos enfants nous jugeront sévèrement, et ils auront bien raison de le faire.
01:07:53Il ne fait guère de doute qu'ils se demanderont comment, en 2024, leur pays a pu sombrer dans un tel chaos intellectuel.
01:07:59J'invite chacun, et je m'inclue, à procéder à un examen de conscience et à se demander si son vote d'aujourd'hui
01:08:06fédère davantage de bien ou de mal à la France et à ses enfants.
01:08:11La République a vaincu parce qu'elle est dans la direction des hauteurs, et que l'homme ne peut s'élever sans monter vers elle.
01:08:20Je souhaite pour mon pays, comme Jean Jaurès, que le résultat de ce vote nous élève vers les hauteurs.
01:08:26Le groupe Horizon et Indépendants, quant à lui, ne votera pas cette motion de censure. Je vous remercie.
01:08:32Nous en sommes au point où les Français n'écoutent plus les politiques, parce que tout cela tourne désormais à vide,
01:08:40parce que la politique française est malade, et nous venons d'avoir la confirmation dans les interventions précédentes
01:08:46que ce n'est ni à l'extrême gauche ni à l'extrême droite que les Français pourront trouver l'antidote.
01:08:53Il nous demande une chose et une seule. Cesser le bruit de fond des postures et des oppositions stériles.
01:09:02Écouter patiemment, construire sereinement, travailler sincèrement.
01:09:09Non pas pour se donner bonne conscience, mais pour avoir des résultats.
01:09:14Non pas à la recherche de son intérêt particulier dans un agenda caché,
01:09:19mais pour agir dans l'intérêt général, le seul qui compte, et changer la vie des Français.
01:09:28Mes chers collègues, je vais le dire sans détour, je crois que ce que demandent les Français, c'est en somme,
01:09:34moins de bruit et plus d'action, se taire quand on n'a rien à dire, et agir quand on a la chance de pouvoir le faire.
01:09:42Bien sûr, tout n'a pas été parfait, mais là n'est plus l'essentiel, car aujourd'hui, nous avons un choix à faire.
01:09:51Car au moment de choisir le destin de notre pays, dans quelques instants, nous tous, députés, nous aurons le même choix à faire,
01:10:00la même décision à prendre. De quel côté de l'histoire voulons-nous être ?
01:10:06Voulons-nous être du côté de ceux qui affaiblissent la France, qui déstabilisent les plus fragiles, qui menacent nos entreprises ?
01:10:13Ou voulons-nous être du côté de ceux qui se retroussent les manches ?
01:10:17Nous, nous ne serons jamais du côté de ceux qui veulent affaiblir la France. Jamais.
01:10:22Nous ne serons jamais dans le pan du désordre des lupénistes et des mélenchonistes. Jamais.
01:10:28Je le dis, mesdames et messieurs les députés, il n'est pas trop tard. Il n'est pas trop tard pour le sursaut.
01:10:34Il n'est pas trop tard pour montrer qu'un autre chemin est possible.
01:10:38Il n'est pas trop tard pour démontrer aux Français que nous avons entendu leur besoin de stabilité, leur quête de sérénité, leur aspiration à la sobriété.
01:10:46Alors je vous le dis avec force, au nom des députés de mon groupe, au nom des millions de Français qui ne disent rien mais qui n'en pensent pas moins,
01:10:54n'oeuvrez pas contre les intérêts de notre pays, n'affaiblissez pas la France, ne censurez pas ce gouvernement.
01:11:01Merci beaucoup.
01:11:05Tous les orateurs se sont exprimés à la tribune. C'est au tour du Premier ministre de parler.
01:11:10Il se lève, il est très longuement applaudi par les quatre groupes du socle commun Michel Barnier face à l'Assemblée nationale.
01:11:30Applaudissements.
01:11:46Merci, madame la présidente, mesdames et messieurs les députés.
01:11:54Merci d'abord à toutes celles et tous ceux qui viennent de m'accueillir à cette tribune.
01:12:03Et je vous prie, je le dis à chacune et chacun des députés qui viennent de se lever,
01:12:11et je le dis aussi au nom des membres du gouvernement qui sont presque tous ici, que je suis très touché par votre attitude et votre accueil.
01:12:19Applaudissements.
01:12:23Nous sommes rendus les uns et les autres, mesdames et messieurs les députés, à un moment de vérité et un moment de responsabilité.
01:12:32J'entendais tout à l'heure le Premier ministre Gabriel Attal, que je remercie de sa confiance, exprimer le vœu de moins de bruit et plus d'action.
01:12:48Applaudissements.
01:12:53C'est compliqué, ici. En tout cas, moins de bruit, sans doute, plus d'écoute et plus de respect.
01:13:03Le respect que j'ai moi-même exprimé en vous écoutant et depuis que je suis Premier ministre avec la même constance.
01:13:13Il y a deux jours, j'ai donc engagé la responsabilité de mon gouvernement sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale.
01:13:21J'ai pris, mesdames et messieurs les députés, cette décision après avoir fait preuve d'écoute, de respect, en effet, de dialogue,
01:13:30ce qui a conduit le gouvernement à améliorer quasiment chaque jour son texte.
01:13:36Et je reconnais qu'il n'était pas parfait, que nous n'avons pas tout bien fait au départ, à améliorer ce texte sur plusieurs points importants,
01:13:46comme les retraites, les allégements de charges, le remboursement des médicaments et sans parler d'autres points qui se trouvent, je pense, à la taxe sur l'électricité
01:13:56dans le projet de loi de finance qui vous est soumis par ailleurs. Mesdames et messieurs les députés, cette méthode a, me semble-t-il, porté ses fruits.
01:14:05Après de très nombreuses heures de travail parlementaire, le PLFSS a fait l'objet d'un accord entre députés et sénateurs
01:14:14en commission mixte paritaire, ce qui est la première fois depuis 14 ans.
01:14:1960 milliards d'intérêts, voilà ce que les Français, que nous allons devoir payer chaque année, 60 milliards d'intérêts,
01:14:35c'est davantage que le budget de notre défense ou de notre enseignement supérieur et sans doute encore davantage demain si nous ne faisions rien.
01:14:44Mesdames et messieurs les députés, voilà la réalité. On peut dire tout ce qu'on veut, c'est la réalité.
01:14:53J'ai essayé de l'affronter, l'ensemble du gouvernement que je remercie, en vous présentant des textes financiers difficiles.
01:15:01Ce n'est pas par plaisir que j'ai présenté quasiment que des mesures difficiles dans ce budget.
01:15:05J'aurais préféré distribuer de l'argent, même si nous ne l'avons pas, pour faciliter les choses et les discussions.
01:15:12Cette réalité, elle reste là. Écoutez-moi bien, elle ne disparaîtra pas par l'enchantement d'une motion de censure.
01:15:20Écoutez-moi bien et souvenez-vous, dans quelques temps, cette réalité-là, elle se rappellera à tout gouvernement, quel qu'il soit.
01:15:39Qui peut croire que le budget qui est présenté est un budget d'austérité alors que les dépenses de la sécurité sociale sont en augmentation de 2,7% ?
01:15:50J'entends ceux qui voudraient faire plus ou différemment, mais comment nous reprocher de prendre enfin des mesures pour alléger le fardeau financier
01:15:58qui pèse et qui va peser sur nos enfants sur le dos desquels nous tirons des chèques en bois ou en blanc ?
01:16:05J'entends dire que c'est un budget par défaut, mais comment ne pas voir que ce budget traduit au contraire des choix affirmés
01:16:12pour répondre autant que nous le pouvons, aussi bien que nous le pouvons aux attentes des Français que vous représentez,
01:16:19mesdames et messieurs les députés, qu'il s'agisse des Français de l'Hexagone, des Outre-mer ou des Français, 3 millions d'entre eux, qui vivent à l'étranger.
01:16:28Avec ce budget, nous soutenons les agriculteurs à travers la réforme attendue du mode de calcul de leur retraite et des dispositifs d'exonération de cotisations sociales.
01:16:39Avec ce budget, nous améliorons l'accès des patients à la santé, par exemple en augmentant les effectifs en soins critiques, en réanimation, en néonatalogie.
01:16:49Nous facilitons l'accès aux soins palliatifs, dont le renforcement est nécessaire indépendamment du débat qui a été engagé sur la fin de vie.
01:16:59Avec ce budget, nous faisons de la santé mentale une grande cause nationale pour 2025 et c'est une priorité qui devra durer au-delà, évidemment, de l'année 2025.
01:17:13Nous améliorons concrètement la prise en charge des femmes victimes de violences. Nous renforçons l'attractivité des métiers de l'hôpital en rémunérant mieux les professionnels,
01:17:23notamment les internes et les médecins, ainsi que les astreintes et en réformant le métier d'infirmier.
01:17:30Nous améliorons le financement de l'autonomie à travers un fonds exceptionnel de 100 millions d'euros pour les EHPAD, un soutien de 200 millions d'euros au département
01:17:39pour l'allocation personnalisée d'autonomie et la prestation de compensation du handicap.
01:17:44Et enfin, nous nous donnons les moyens de mieux lutter contre la fraude, notamment à travers la sécurisation de la carte vitale et la simplification des échanges de données entre l'assurance maladie et les complémentaires.
01:17:57Voilà quelques exemples. Madame la Présidente, mesdames et messieurs les députés, ce sont les avancées de ce projet de loi. Nous l'avions préparé en 15 jours.
01:18:07Je redis une dernière fois sans doute que jamais un gouvernement depuis 1958 n'avait eu seulement 15 jours, cette contrainte pour préparer un budget.
01:18:18Il n'était donc pas parfait, je l'ai moi-même dit, et il a été sérieusement amélioré par beaucoup de vos amendements, souvent pris dans tous les groupes.
01:18:27Le résultat qui a fait l'objet de cet accord en commission mixte paritaire permet de trouver un équilibre entre quatre éléments essentiels, d'ailleurs, que Laurent Marcangeli a souligné tout à l'heure.
01:18:39L'amélioration de l'efficacité de notre système social, le soutien à notre hôpital et aux professionnels de santé pour un meilleur accès à la santé, la protection des plus fragiles, tout cela en veillant à préserver nos finances publiques.
01:18:54Une censure de gouvernement en ce mois de décembre signifierait que le budget de la nation ne pourrait vraisemblablement pas être adopté avant la fin de l'année, quelles que soient les lois d'urgence.
01:19:07Cela aura de lourdes conséquences, de trois ordres. D'abord, une perte de pouvoir d'achat pour les Français, et nous avions fait le choix de protéger les Français qui travaillent.
01:19:17En l'absence de ce budget, le barème de l'impôt sur le revenu ne pourrait pas prendre en compte l'inflation. En conséquence, vous pouvez dire que c'est faux, vous verrez et vous vous l'expliquerez.
01:19:29En conséquence, près de 18 millions de foyers verraient leur impôt augmenter, tandis que 380.000 foyers français supplémentaires seraient éligibles à l'impôt sur le revenu.
01:19:47Ensuite, des mesures très attendues ne trouveraient pas de financement. Nous avons fait le choix de donner des moyens pour la sécurité des Français. Je viens de le rappeler. En l'absence de budget, il n'y aurait pas de recrutement de nouveaux policiers ou de nouveaux militaires.
01:20:04Nous avons voulu apporter une réponse sérieuse aux préoccupations des agriculteurs. Après une crise très grave que vous avez affrontée l'année dernière, tenir tous les engagements, en ajouter d'autres, par rapport aux maladies animales qui se sont multipliées, aux dérèglements climatiques, trop de pluie ou trop de sécheresse,
01:20:30nous avons voulu apporter une réponse sérieuse aux préoccupations des agriculteurs qui savent que je les respecte et qu'ils peuvent compter sur moi et sur la ministre de l'Agriculture. La France en a besoin parce qu'ils ont aussi une activité vitale, celle d'assurer l'alimentation et la souveraineté alimentaire.
01:20:50En l'absence de budget, des mesures très attendues pour leur retraite et leur cotisation sociale ne seraient pas financées. Puisque j'évoque l'agriculture, je veux redire à cette tribune et à la place où je me trouve encore mon opposition formelle au traité de commerce avec le Mercosur.
01:21:13Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs les députés, le 1er octobre dernier, il y a tout juste neuf semaines, je me tiens devant vous pour vous dire que les Français ne nous pardonneraient pas l'immobilisme, que notre République est fragile, que l'Europe, l'union des Européens est nécessaire,
01:21:36et que nos citoyens, nos compatriotes nous demandent de dépasser nos divisions pour agir dans l'intérêt supérieur du pays, comme d'ailleurs, je le recite, Marc Fesneau l'a rappelé. Avec toutes les difficultés que cette tâche implique depuis, j'ai été, et je suis fier d'agir pour construire plutôt que pour détruire.
01:21:58Et d'avoir été pendant cette période à l'écoute de tous ceux qui m'ont dit être de bonne volonté pour le bien du pays. Mesdames et Messieurs les députés, je ne me résous pas à l'idée que la déstabilisation institutionnelle puisse être l'objectif qui rassemblerait ici une majorité de députés au moment où notre pays traverse une crise profonde, morale, économique, financière et civique.
01:22:24Je sais pouvoir compter sur les membres des groupes du socle parlementaire, et chacun de ces présidents s'est exprimé, qui ont accompagné l'action, et qui accompagnent l'action du gouvernement depuis trois mois, sur d'autres députés aussi, indépendants ou non inscrits, et le groupe Lyot, comme Charles de Courson l'a rappelé.
01:22:46Je m'adresse aussi au groupe d'opposition, que j'ai toujours respecté, n'en déplaise à certains qui l'ont dit le contraire tout à l'heure, dont je respecte les membres et dont je respecte les électeurs, chacun de vos électeurs, je puis le répéter.
01:23:02Cette occasion pour, peut-être la dernière aussi, Madame la Présidente, c'est votre choix d'ailleurs, pour vous remercier, Madame la Présidente, de votre attention et de la qualité de notre dialogue tout au long de ces deux mois ou trois mois, ainsi que l'ensemble des services de l'Assemblée nationale.
01:23:23En tant qu'élue de la nation, chacune et chacun d'entre vous devra faire un choix en conscience, celui de voter ou de ne pas voter cette motion de censure et de renverser ou de ne pas renverser le gouvernement avec toutes les conséquences que j'ai tenté de décrire.
01:23:40Cette décision, Mesdames et Messieurs, sera la somme de vos choix individuels, des choix individuels mais qui engagent une responsabilité collective devant la nation, car c'est l'avenir des Français que vous tenez entre vos mains.
01:23:53Ne nous trompons pas d'enjeu. Ce qui se décide en cette fin d'après-midi, dans cet hémicycle, ce n'est certainement pas l'issue d'un bras de fer entre l'une ou l'autre des formations politiques et le Premier ministre.
01:24:06Ce n'est pas non plus le sort du Premier ministre. Je n'ai pas peur. Rassurez-vous, M. le censure. J'ai pas peur. J'ai rarement eu peur dans mon engagement politique.
01:24:20Ce qui est en jeu, c'est notre capacité collective à faire des pas les uns vers les autres, à dépasser les tensions et les clivages qui font tant de mal à notre pays, à avoir comme seule boussole l'intérêt général.
01:24:37Ce qui devrait nous rassembler, c'est la politique, au sens où je l'entends, qui consiste à créer du progrès collectif, parfois de petits progrès, parfois de grands progrès pour les Français et la stabilité dont les citoyens, les entreprises, les acteurs sociaux et économiques ont tant besoin et ont tant envie.
01:24:59Et vous auriez tort, M. Ciotti, de les oublier. Vous voilà rendu à ce moment de vérité. Vous me permettrez enfin, pour terminer, de vous dire plus personnellement, à cet instant, que je ressens comme un honneur d'avoir été depuis trois mois et d'être encore le Premier ministre des Français, de tous les Français.
01:25:25Et au moment où cette mission se terminera, peut-être bientôt, je veux vous dire que cela restera, pour moi, un honneur d'avoir servi avec dignité la France et les Français.
01:25:38Applaudissements.
01:25:44Après cette prise de parole de Michel Barnier, très applaudie, l'heure fatidique a sonné. Les députés vont voter dans les salons voisins de l'hémicycle. 45 minutes plus tard, à 20h26, le moment de compter les voix est arrivé.
01:26:00Majorité requise pour l'adoption de la motion de censure 288. Pour l'adoption, 331.
01:26:07Applaudissements.
01:26:09La majorité requise étant atteinte, la première motion de censure est adoptée. Il n'y a pas lieu de mettre en voie la seconde motion.
01:26:15Les conclusions de la commission mixte paritaire sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2025 sont donc considérées comme rejetées.
01:26:24En raison de l'adoption de la motion de censure et conformément à l'article 50 de la constitution, le Premier ministre doit remettre au Président de la République la démission du gouvernement.
01:26:34Applaudissements.
01:26:35Les travaux de l'Assemblée nationale sont ajournés.
01:26:38Michel Barnier censuré par la représentation nationale avec 331 voix qui se sont exprimées pour censurer son gouvernement.
01:26:48Il sera resté 90 jours à Matignon. C'est le plus court mandat d'un Premier ministre sous la Vème République.
01:26:54Ainsi se termine cette émission. On se retrouve très vite pour voir ou revoir une autre séance. A bientôt sur LCP.