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Dans un monde hyperconnecté, les réseaux sociaux ne sont pas seulement des outils. Ce sont des arènes où se joue une part croissante de l’influence des dirigeants. Pourtant, nombreux sont ceux qui, à l’instar de Jacques Chirac découvrant « le mulot », confient la gestion de ces espaces cruciaux à des community managers ou à des agences. Si cela semble pratique, c’est en réalité une erreur stratégique majeure. En renonçant à animer eux-mêmes leurs réseaux sociaux, les dirigeants se privent d’un levier d’influence unique. [...]

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00:00Dans un monde hyper connecté, les réseaux sociaux ne sont pas seulement des outils comme
00:15on le croit trop souvent. Ce sont des arènes où se joue une part croissante de l'influence
00:22des dirigeants. Pourtant, nombreux sont ceux qui, à l'instar de Jacques Chirac découvrant
00:28le mulot, confient la gestion de ces espaces critiques à des community managers ou à
00:34des agences extérieures. Evidemment, cela semble pratique, mais c'est en réalité
00:40une erreur stratégique majeure. En renonçant à animer eux-mêmes leurs réseaux sociaux,
00:48les dirigeants se privent d'un levier d'influence unique.
00:52Les réseaux sociaux, ce sont des facilitateurs de ce que Mark Granovetter appelle les liens
01:00faibles. Les liens faibles, ce sont ces connexions périphériques qui, bien que fugaces, ouvrent
01:06souvent des opportunités insoupçonnées. Dans ses travaux pionniers, Granovetter a
01:12démontré leur rôle clé dans l'accès à des idées, à des informations nouvelles
01:19et même à des emplois. Ces relations, parce qu'elles sont éloignées des cercles proches,
01:27offrent aux dirigeants un éclairage frais des perspectives originales. Contrairement
01:33aux discussions internes, souvent trop formatées, ces échanges extérieurs enrichissent la
01:40réflexion stratégique. Déléguer cet accès à des tiers, c'est renoncer à ce vivier
01:46d'innovation et mieux de foisonnement intellectuel.
01:51La transparence est par ailleurs de plus en plus devenue une exigence incontournable.
01:57Les clients, collaborateurs, partenaires ne se contentent plus de discours aseptisés
02:05émanant des services com. Ils recherchent des paroles authentiques et incarnées. Quand
02:13un dirigeant s'exprime directement sur les réseaux sociaux, il renforce sa crédibilité,
02:18il humanise son image et donc aussi celle de son organisation.
02:23À l'inverse, confier cette tâche à un community manager, cela revient à édulcorer
02:30le message, en risquant de transformer une voix singulière en un bruit de fond corporate
02:37qui n'intéressera plus personne. Dans un univers saturé de contenu uniformisé,
02:44seule une parole directe peut réellement émerger. Les dirigeants qui délèguent cette animation
02:50sociale à des agences externes ou à des recrues juniors courent en fait un double
02:56risque. D'une part la standardisation de leur image, d'autre part la perte de contrôle
03:04sur leur communication publique. Cette pratique peut entraîner des faux pas dommageables
03:10où des messages mal interprétés ou mal contextualisés nuisent à leur réputation.
03:16Pire encore, elle compromet la possibilité de bâtir des liens durables avec des communautés
03:24potentiellement influentes.
03:26Retour à Jacques Chirac. Il intitula le premier tome de ses Mémoires « Chaque pas doit être
03:33un but ». Dans le monde numérique, on pourrait dire aujourd'hui que chaque poste doit incarner
03:40une intention. L'animation des réseaux sociaux ne se sous-traite donc pas. Elle se
03:47construit patiemment, poste après poste, interaction après interaction. Ne pas déléguer
03:54cette gestion, c'est comprendre la puissance des liens faibles et cultiver un engagement
04:00authentique.
04:01Pour les dirigeants, l'influence véritable réside dans cette capacité à transformer
04:09une simple présence numérique en une véritable stratégie d'impact.

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