Noémie a tout quitté pour devenir éleveuse de cochons bio. Et pour proposer des produits de qualité à des prix raisonnables, elle fait tout elle-même. Son quotidien dans son élevage dans le Gers, c'est ça.
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00:00Là, celui qui ne bouge pas trop, c'est Brad Pitt.
00:01Ça, c'est Pénélope.
00:03C'est l'une des plus anciennes aussi.
00:04Elle a un caractère assez fort.
00:05Et là, elle est prête à bondir, tu vois.
00:07Elle est prête à se mettre sur le dessus de la courette.
00:10Ce n'est pas n'importe quel cochon.
00:12En fait, le cochon noir est originaire d'ici, de Gascogne.
00:15Et il a une croissance très, très, très, très, très lente.
00:19Il lui faut 12 mois pour arriver à la maturité,
00:21alors qu'un cochon industriel, ça va être 6 mois
00:24grâce au progrès de la sélection génétique.
00:27C'est un cochon qui ne va pas être hyper prolifique
00:29donc là où une portée de cochons sélectionnés en industrie,
00:33ça va être 14 porcelets, elle, elle va plutôt en faire 7 en moyenne.
00:36Et c'est un cochon qui est cool, tu vois, qui est calme.
00:40Mais par contre, il me coûte 10 fois plus cher à élever
00:42qu'un cochon rose en intensif.
00:45Donc, il faut vraiment être motivé pour avoir envie de faire différemment.
00:50Alors, j'ai récupéré des poubelles de légumes à la Biocop.
00:53Donc, des légumes frais, bio, magnifiques et invendus de leur côté.
00:58Et on va aller en donner à toutes les truies.
01:00Ça, c'est Saroumen et Simone.
01:01Elles sont en gestation, il y a eu écographie, on sait qu'elles sont pleines.
01:05Et elles mettront bas à la fin du mois de janvier, début février.
01:10Moi, je suis installée agricultrice éleveuse depuis 2018,
01:12donc ça fait 4 ans à peu près.
01:14Et j'ai commencé au départ avec des petits porcelets que j'engraissais.
01:17Peu à peu, je me suis mise à faire les naissances,
01:19puis la découpe, la charcuterie.
01:21Le but, c'était de faire toutes les étapes moi-même.
01:23En fait, depuis toute petite, je veux travailler avec des animaux.
01:26Et toute gamine, je voulais avoir un zoo, un restaurant.
01:28Donc, clairement, il y avait quelque chose au niveau du soin de l'animal
01:31et du rapport à la nourriture, aussi au goût,
01:35à la qualité de ce qu'on mange, aux saveurs.
01:37Avant, à Londres, je bossais dans un petit cabinet de conseil en développement international.
01:41Donc, en gros, j'écrivais des rapports bien en forme pour la Commission européenne
01:45et pour le gouvernement anglais, majoritairement.
01:49Moi, ce qui m'a vraiment portée au départ, c'était...
01:53J'avais eu des soucis de santé qui étaient liés à plein de polluants autour de moi.
01:56Et je me suis dit, je n'ai pas envie de contribuer à ce monde-là,
01:59dans lequel on a une alimentation qui est pleine de produits chimiques,
02:02de perturbateurs endocriniens, etc.
02:04J'ai envie de faire différemment, de faire quelque chose de sain.
02:0795% du cochon que tu trouves en France est élevé de manière intensive,
02:11c'est-à-dire dans des immenses bâtiments en béton, sans aucun accès à l'extérieur,
02:15avec des ventilations, de l'air conditionné.
02:16Et les cochons sont entassés les uns sur les autres.
02:18Moi, je crois beaucoup au fait d'avoir des élevages assez petits
02:21pour avoir de la joie et du plaisir d'élever l'animal,
02:25pour réussir quand même à individualiser les animaux avec lesquels on travaille,
02:29et pour avoir cette richesse d'affect que tu peux avoir quand tu travailles avec l'animal.
02:35Hop, on va passer à la dernière cabane.
02:38Elle a tendance à passer au-dessus de sa courrette, en fait.
02:40Elle saute au-dessus.
02:41Voilà, on ne peut pas arrêter de voir le plein air des animaux.
02:45Donc ça, toute cette grande parcelle de 4,5 hectares,
02:48c'est une parcelle qui a été faite pour les cochons.
02:50Et en fait, sur toute la colline, j'ai planté 1300 arbres,
02:53mais plutôt sous forme de haies,
02:54parce que le but, c'était, encore une fois, de s'adapter aux animaux.
02:57Notre génération, on s'installe sur des terres qui ont été parfois abîmées
03:00par des années de pratiques intensives,
03:02et surtout où les arbres ont été arrachés.
03:04Donc la mission de notre génération, je pense que ça va être de réhabiliter les sols,
03:07les terres, remettre de la biodiversité et remettre des arbres, beaucoup d'arbres.
03:13Alors là, on va sur le tout petit marché des hebdo-bio,
03:16qui est un marché bio qu'on a créé sous forme associative il y a trois ans.
03:19On est une quinzaine de producteurs, tout le monde vient des environs de Hoche,
03:2315 kilomètres, 20 kilomètres grand max.
03:25Je vais me mettre là, je prends la place de la bergerie aujourd'hui.
03:28On fait stand commun, parce que j'ai quasiment plus de viande,
03:30et Hugues a de la brebis à vendre.
03:37Alors moi, je vends tout en direct,
03:40parce que j'ai envie de pouvoir voir mes consommateurs en face,
03:43de parler avec eux de ce qu'on produit, qu'il y ait un échange qui se crée.
03:47Parce que déjà, mon porc me coûte extrêmement cher à produire,
03:49du coup, il faut bien que je garde ma marge à d'autres moments
03:53si je veux pouvoir proposer un produit accessible aux clients et aux consommateurs qui m'entourent.
03:57Donc je fais ma boucherie moi-même, je fais toute la découpe, je fais la charcuterie,
03:59et je m'assure de faire la vente derrière, comme ça je n'ai pas à payer de gens pour faire le commerce.
04:03Et ça me fait des viandes qui sont de très très bonne qualité et qui sont à un prix très très raisonnable.
04:08Beaucoup moins cher qu'à Paris évidemment, et moins cher qu'en boucherie aussi, généralement.
04:12Ce que j'ai cette semaine, c'est de la saucisse sèche, de porc noir,
04:15et puis après j'ai du boudin noir et des tranches de poitrine.
04:18Tout au long du XXème siècle, il y a eu un processus de déconnexion avec l'animal.
04:22Donc quand tu es face à un morceau de viande, maintenant,
04:24grâce à tout ce travail industriel qui a été fait pendant tout un siècle,
04:28tu ne sais plus quel est l'animal derrière.
04:29Et donc tu vas te retrouver face à des gens qui vont te dire
04:31« Oh là là, vous avez un animal, vous le tuez, c'est horrible ! »
04:33Oui mais en fait, nous on le tue le moins possible, vraiment le moins possible,
04:36juste parce qu'il faut des animaux dans nos campagnes.
04:39Et en fait, on reprend conscience de cette mort-là et on ose la regarder en face.
04:43Et ça, ça me paraît absolument fondamental de ne pas se cacher derrière d'autres choses.
04:47Et oui, non malheureusement, là j'ai été dévalisée. Merci !
04:51Je suis toujours à court de marchandises sur les marchés,
04:53parce que les gens adorent, le goût de la viande est tellement, tellement différent.
04:58Et c'est beaucoup plus riche, tu vois, le gras est hyper riche.
05:02Et moi ce que je trouve génial quand on travaille avec des races anciennes et des races rustiques,
05:06c'est qu'il y a plusieurs, il y a six races rustiques en France,
05:10et en fait elles ont toutes des goûts différents
05:11et chaque race de cochon va avoir son type de saveur, son goût,
05:18une espèce de vraie personnalité en fait, qui transparaît déjà chez l'animal à son contact,
05:23et ensuite dans l'assiette.
05:24Et je trouve que s'il y a bien une grande bataille à mener, c'est contre la standardisation.