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00:007h46. Faut-il abattre davantage de loups pour protéger les éleveurs, puisque ça pourra peut-être être possible ?
00:07Nous en parlons avec vous au 04-76-46-45-45, car le loup est moins bien protégé en Europe.
00:12Oui, la convention de Berne, qui assure la protection de la faune en Europe, a décidé hier de déclasser le statut du loup,
00:18de la faire passer d'espèce strictement protégée à protégée. On va voir ce que ça recoupe avec vous, Daniel Tonon, bonjour.
00:25Bonjour.
00:26Merci d'être en studio avec nous ce matin, vice-président de la LPO de l'Isère, Ligue de protection des oiseaux,
00:30mais qui ne s'occupe pas que des oiseaux, de biodiversité plus largement. Vous êtes d'ailleurs le référent loup de la LPO.
00:37Vous avez notamment siégé au groupe de travail loup avec les autorités, avant d'en claquer la porte avec d'autres associations également.
00:44Alors d'abord, la LPO dont vous faites partie parle d'une décision démagogique, ce déclassement du loup. En quoi c'est une décision démagogique, selon vous ?
00:53Alors, c'est effectivement une décision très problématique, parce qu'on sait tous ce qui marche pour protéger les troupeaux.
01:01C'est des chiens de protection, c'est des bergers, c'est des parcs de nuit, c'est des solutions de protection.
01:07Mais tout ça coûte cher, notamment les chiens, il faut les nourrir.
01:11Tout ça coûte, mais par contre, ce qui est à peu près sûr, c'est que de tuer les loups ne favorise pas la protection des troupeaux.
01:17C'est un mythe qui circule, mais de fait, et on le voit régulièrement, dès qu'il y a des tirs de loups, il faut attendre quelques semaines, voire quelques mois,
01:28ou même pas attendre du tout, pour que les attaques reprennent. Donc, tant qu'il y a des loups, il y aura des attaques.
01:35Et le fait de penser qu'on pourrait moins protéger parce qu'on va tuer plus de loups, ça va au contraire rendre les choses plus graves, parce que les troupeaux seront moins protégés.
01:45Le sentiment des éleveurs ce matin, d'un certain nombre en tout cas, c'est quand même un soulagement.
01:49Je vous propose d'en écouter un, il s'appelle Jean-François Gourdin, il est éleveur à Saint-Siméon-de-Brécieux et président de l'association des éleveurs Auvin de l'Isère.
01:58Il explique que la pression est devenue quand même très forte, écoutez-le.
02:01Oui, il y a une certaine logique, parce que le nombre de loups a doublé pratiquement en dix ans, donc au bout d'un moment, il faut bien faire quelque chose.
02:09On a des attaques qui se multiplient sur les alpages, même en plaine, on n'en avait pas ici sur les Chambarons, sur la plaine de Bièvre.
02:15Voilà 4-5 ans qu'on en a, on a des attaques, donc preuve que le loup est après progressé, donc il faut bien à un moment qu'on puisse, sans l'éradiquer, diminuer la pression.
02:26Alors il explique que la population a doublé en dix ans, qu'elle s'est étendue aussi, maintenant le loup est présent en Isère un peu partout.
02:34Face à cela, il trouve que c'est une décision logique, qu'est-ce que vous pouvez lui répondre ?
02:39Alors il faut savoir que les loups sont capables de se déplacer sur des longues distances, donc un loup en période de dispersion peut faire des centaines de kilomètres.
02:50Donc imaginer qu'on puisse être protégé parce qu'il n'y a pas de loups à des centaines de kilomètres à la ronde, c'est juste impossible.
02:57C'est un mythe.
02:58C'est un mythe parce que les loups ils prospèrent en forêt, parce qu'ils ont de quoi manger, il y a des ongulés en quantité, donc il y aura des loups dans les forêts,
03:08et tant qu'il y aura des loups dans les forêts et qu'il y aura des troupeaux pas protégés, ils iront chercher...
03:15Mais vous comprenez quand même cette inquiétude des éleveurs qui ont en ce moment à gérer la fièvre catarrhale aux vignes,
03:21qui pour certains étaient dans les rues depuis des semaines pour manifester aussi leur mal-être, c'est compliqué quand même pour eux ?
03:29C'est clair qu'il y a un problème, mais le problème essentiel c'est déjà un problème de revenus, d'essence et de conditions de travail.
03:37Alors c'est sûr que le loup vient en rajouter une couche dessus et c'est bien ça le problème,
03:43c'est pas tant les effets objectifs du loup en nombre d'attaques, c'est vraiment le fait que ça arrive dans une situation qui était déjà catastrophique pour les éleveurs,
03:53et qui fait que finalement ça rend...
03:55Mais c'est pour ça que, pour revenir sur votre question initiale, cette décision ne va aider en rien, parce que de toute manière,
04:02le fait de ne pas se protéger veut dire que c'est quand même une espèce pour laquelle l'État français va devoir assurer le bon état de conservation,
04:11donc il va devoir garder des loups.
04:14Oui, c'est pas libre accès, libre abattage des loups, effectivement.
04:21On va revenir sur les conséquences de cette décision dans un instant, je vous propose d'abord d'aller au standard de France Ministère, parce qu'on a des réactions.
04:28Exactement, et on va avoir je pense les deux avis, alors on a d'abord Charles qui nous appelle de Roussillon, bonjour Charles !
04:34Oui bonjour !
04:35Alors vous vous positionnez comment, est-ce qu'il faut abattre davantage de loups, est-ce que c'est une bonne nouvelle ce déclassement ?
04:41Bien sûr que c'est une bonne nouvelle, nos grands-parents ou plus, ils ont tout fait pour éliminer le loup, et maintenant on leur met des médailles aux loups.
04:50Vous vous rendez compte ce que ça coûte à la France, tous vos loups là ?
04:54Avec des conséquences aussi quand même, parce que le fait qu'il n'y ait plus de loups, ça fait qu'il y a eu une prolifération par exemple des cervidés, avec des conséquences sur les fauneaux, etc.
05:04Les cervidés c'est les chasseurs qui les gèrent, c'est pas les loups.
05:08Mais le loup est un prédateur ?
05:10Il est un prédateur, il est un chasseur dont je fais partie, il peut même plus, il y a beaucoup moins de cervidés, beaucoup moins de chauve-chou, beaucoup moins de tout, de hiéros, de tout, c'est tout grâce à loups.
05:26Donc pour vous Charles, on vit mieux sans le loup ?
05:28C'est votre point de vue.
05:29Ah bah ça sert à quoi le loup ?
05:32Bah alors après il y a aussi des défenseurs de la nature.
05:34On a très bien vécu.
05:36On a entendu votre point de vue, on va voir justement d'un point de vue des défenseurs aussi peut-être du loup, de ce qu'on peut en penser.
05:43Et peut-être prendre Franck au standard qui a un avis différent.
05:45Vous lisez dans mes pensées, c'est incroyable.
05:47Franck est à Saint-Jean-de-Bournay, bonjour Franck.
05:49Oui bonjour Mathieu.
05:51Alors Franck, j'imagine que vous, vous n'êtes pas tout à fait d'accord avec Charles, parce que vous faites partie d'une association de défense des animaux.
05:55Oui voilà, c'est le WWF.
05:57D'accord.
05:59Voilà, et tous les trimestres je reçois un magazine, et là justement qui est consacré aux loups.
06:05Alors bon, peut-être certains contesteront, parce que tout le monde n'a peut-être pas les mêmes indications j'allais dire.
06:11A priori, le nombre de loups en France a diminué de 9% l'an dernier.
06:17Et on voudrait lui ôter son statut d'espèce protégée.
06:22Alors a priori, en 2022, il y avait 1096 loups qui ont été recensés.
06:28Contre 1003 individus en 2023.
06:32Franck, je me fais bien les chiffres.
06:34Du coup, vous trouvez que c'est un peu idiot ?
06:36Et votre sentiment ?
06:38Alors vous voyez, en plus, je ne sais pas si on peut faire de la publicité pour une association,
06:42mais dans ce cas-là, le WWF parle de campagne de sensibilisation
06:48pour parvenir à une cohabitation apaisée entre les grands carnivores et les activités humaines.
06:54En particulier l'élevage de prises.
06:56Mais du coup, Franck, juste pour revenir sur la question, sur le débat,
07:00vous pensez que ce n'est pas une bonne chose d'avoir changé le statut du loup ?
07:04Ça ne va pas dans le sens de l'évolution de la situation ?
07:08Je pense, et pas mal de personnes le voient un peu comme ça,
07:12qu'il pourrait y avoir une harmonisation entre les deux.
07:16Je comprends tout à fait le sentiment des éleveurs.
07:20Ça va un peu trop vite, Franck, c'est un peu l'idée.
07:22On va justement laisser notre invité répondre à tout ça.
07:26Merci beaucoup de nous avoir appelé, Franck, et de nous avoir éclairé sur tout cela, en l'occurrence.
07:30Notre invité, Daniel Tonon, vice-président de la LPO de l'ISER, référent loup à la LPO de l'ISER.
07:36Concrètement, cette décision, ça change quoi ?
07:38Est-ce que ça veut dire que dans trois mois, quand ce déclassement sera effectif,
07:43le nombre de loups à prélever, à abattre, sera plus important, forcément ?
07:47Est-ce que vous avez encore l'espoir de pouvoir amender les choses ?
07:51C'est beaucoup plus compliqué que ça.
07:53En fait, la convention de Berne, c'est une convention entre les États.
07:57Mais la loi en Europe, c'est la Directive Habitat for Unflor.
08:01C'est elle qui dit quels sont les espaces et les espèces protégées.
08:05Pour que les choses rentrent dans les lois et puissent être modifiées,
08:09il faut qu'il y ait une modification de la Directive Habitat for Unflor.
08:12Ça va prendre du temps.
08:14Et surtout, ça n'a jamais été fait. Il ne s'est pas prévu dans les textes.
08:18Donc là, il y a des débats qui commencent de manière intense.
08:22Enflammés, on l'entend.
08:24Entre juristes, pour savoir comment faire.
08:28Comme le cas ne s'est jamais passé jusqu'à présent...
08:32On était toujours dans une protégée davantage.
08:36C'était le droit environnemental. Dans la Constitution, on devait progresser.
08:40C'est un cas de régression.
08:44L'étape cruciale sur laquelle le débat va être porté,
08:48ça va être la modification de la Directive Habitat,
08:52qui ne pourra de toute façon pas commencer avant 3 mois.
08:54Parce que ça, c'est le délai de mise en oeuvre du changement de la Convention de l'air.
08:58On va suivre ça sur le côté pratique.
09:00En tout cas, on voit que ça déclenche des commentaires dans les deux sens.
09:04On a des téléphones sur les réseaux.
09:06Sur la page Facebook de France Bleu Isère, évidemment.
09:08On a Serge qui nous dit que c'est une bonne solution d'avoir déclassé le loup.
09:12Meilleure gestion.
09:14Ça rassure les éleveurs.
09:16On a Marie qui nous dit que la cohabitation avec le loup est difficile.
09:20Il a perdu son territoire.
09:22Elle, elle propose des patous, des enclos électrifiés, une veille permanente.
09:26Mais évidemment, ça veut dire un investissement élevé.
09:30Et des coûts importants.
09:32Je vous voyais hocher de la tête à cette évocation de solution,
09:36même si tout cela coûte.
09:38Qu'est-ce que vous craignez, vous, dans ces abattages en plus ?
09:40Ça peut être contre-productif ?
09:42Ça peut désorganiser les meutes ?
09:44Ça risque d'être contre-productif parce qu'on passe d'une espèce
09:48dans laquelle les tirs étaient plus ou moins ciblés autour des troupeaux,
09:52à une espèce qui va être chassable.
09:54Donc potentiellement, il va y avoir des loups qui vont être tués
09:58durant les battues, etc.
10:00Donc complètement en dehors des contextes de prédation.
10:02Donc si actuellement, on pouvait encore penser que ça favorisait
10:08la défense des troupeaux, là ça ne va même plus la favoriser du tout.
10:10Et du coup, comme c'est une mesure qui ne va pas aider,
10:14et ça c'est à peu près clair, ça ne va pas aider les éleveurs,
10:18il va falloir aller plus loin.
10:20C'est ça le problème de ces mesures de gamme méagogique.
10:22On en prend une première, ça n'a pas d'effet,
10:24donc il faut aller plus loin.
10:26Et donc après, ça va être...
10:28On entend vos craintes.
10:30Merci beaucoup Daniel Tonon, vice-président de la LPO de l'ISER, référent loup.
10:33A la LPO, merci d'avoir été avec nous ce matin. Belle journée.

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