Le président de la communauté d'agglomération Privas Centre Ardèche revient d'un voyage en Roumanie durant lequel il a proposé aux 200 étudiants français en médecine à l'université de Cluj de venir en stage en Ardèche notamment pour leur externat avec l'espoir qu'ils puissent s'y installer un jour.
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00:00Huit heures moins le quart, un voyage en Roumanie pour endiguer l'avancée du désert médical en Ardèche.
00:04On va en parler, madame Lechampal, avec le maire de Chemerak.
00:07Qui est avec nous, bonjour François Arsac.
00:09Bonjour et merci de l'invitation.
00:10Maire et président de la communauté d'agglomération Privas Centre-Ardèche,
00:14vous rentrez d'un voyage de trois jours en Roumanie.
00:17Vous allez rencontrer les étudiants en médecine français qui font leurs études à Cluj, pourquoi faire ?
00:24Alors c'est assez simple, c'est qu'en Ardèche comme en France,
00:28il manque de médecins, on s'en aperçoit tous les jours.
00:31Moi, le maire de Chemerak que je suis, je ne passe pas une journée sans qu'on m'en parle.
00:35Et le plus terrible, ce sont des gens qui ont des thérapies lourdes,
00:38notamment les cancers, qui n'ont pas de médecin traitant.
00:41Donc quand on n'a pas de solution sur le territoire, il faut ouvrir ses yeux et aller voir ailleurs ce qui se passe.
00:46Et j'ai la chance sur ma commune d'avoir une petite Andrea qui fait des études vétérinaires là-bas.
00:53Et après avoir discuté avec elle, elle m'a ouvert la piste de la Roumanie.
00:59Là on parle des vétérinaires, mais il y a aussi les dentistes, les médecins,
01:03et là c'est plus particulièrement ce qui nous concerne.
01:05Ils sont combien les étudiants français aujourd'hui en Roumanie ?
01:08Il y a 1600 français à Cluj, en dentaire, pharmacie, médecine et véto.
01:15Alors le voyage, bien sûr on ciblait les médecins, mais les dentaires aussi et les pharmacies d'ailleurs.
01:22J'aurai deux places de stage pour des étudiants en pharmacie pour cet été sur le territoire,
01:27sans compter que l'hôpital, puisque j'étais accompagné de la directrice de l'hôpital, qui offre des places.
01:33Mais qu'est-ce que vous êtes allé leur dire à ces étudiants ?
01:35Je suis allé leur dire qu'ils étaient une chance pour la France et que nous leur tendons la main.
01:41Ce qui manque cruellement, ce sont des jeunes qui s'espatrillent, qui quittent leur famille, quittent leur pays
01:46pour aller étudier avec des études extrêmement exigeantes,
01:49puisque les études en médecine là-bas sont aussi élevées qu'elles puissent l'être en France.
01:56Donc il était temps d'aller les voir, de leur tendre la main et leur dire,
01:59venez, revenez en France, puisque après leur cursus, souvent ils partent en Allemagne, ils partent en Suisse,
02:05ils partent au Canada ou en Grande-Bretagne.
02:07Eux leur tendent la main et nous ce n'est pas le cas, notamment au niveau de l'internat.
02:13Est-ce que vous dites que la France ne fait pas ce qu'il faut pour faire revenir ces jeunes Français ici,
02:17pour faire leur médecine ici en France ?
02:20En fait elle les oublie totalement, donc les élus locaux que nous sommes, on va chez eux, on va les rencontrer.
02:28François Arsac, c'est facile de dire à un jeune étudiant, à un de ceux que vous avez rencontré la semaine dernière,
02:34venez en Ardèche plutôt qu'au Canada, plutôt qu'en Suisse, plutôt qu'aux Etats-Unis, ça fait moins rêver quand même non ?
02:39Alors si la France ne fait pas rêver, c'est grave, c'est plutôt des jeunes qui ont envie de revenir en France,
02:45parce que c'est leur pays.
02:47Donc il faut faciliter leur menu, le but de ce voyage c'est d'aller leur dire, vous êtes une chance et on vous tend la main.
02:55Venez, on va vous aider.
02:56Venez faire un stage chez nous ?
02:58Bien évidemment, il faut être force de proposition, et je le disais tout à l'heure, c'est la directrice de l'hôpital de Privas,
03:07qui, avec sa maison des internes, pourra accueillir dès cet été, d'ailleurs, des jeunes de la faculté de Cluj, qui seront en 3ème et 4ème année.
03:15Parce que le but de ce déplacement, même si c'est de trouver un médecin ou des médecins là, de manière assez rapide,
03:22c'est aussi de préparer l'avenir, c'est le rôle d'un élu, d'avoir de la vision.
03:25Il faut savoir qu'en 2030, la situation sera la plus aggravée en France, c'est là où nous compterons le moins de médecins,
03:33il faut la préparer, et c'est cette cible de 3ème et 4ème année de médecine que nous visons.
03:38Oui, là, effectivement, on est sur un objectif 5-6 ans minimum.
03:41Oui, 5-6 ans, mais c'est de la vision, il faut se préparer.
03:44Si on s'était préparé avant, on ne se trouverait pas dans la situation actuelle.
03:48Ils vous ont dit quoi ces jeunes ? Qu'ils étaient prêts, justement, à faire cette démarche, à revenir ici ?
03:52Absolument, il y a une attente forte, et je dois dire que ce déplacement est un succès.
03:56On les a rencontrés dans un amphi le jeudi soir avant de partir,
04:01il y avait une belle ambiance, de beaux sourires,
04:03ce sont des étudiants qui sont extrêmement épanouis, contents de faire des études de médecine,
04:07et il y a eu un lien, je dirais, quasi fraternel avec ces jeunes.
04:13Vous avez rencontré les responsables de l'université, aussi de Cluj,
04:16qu'est-ce qu'ils vous disent quand ils voient arriver, pour essayer de recruter, entre guillemets, de jeunes médecins ?
04:22Alors, il y a beaucoup de diplomatie, d'ailleurs, nous avons commencé notre déplacement par l'ambassadeur de France,
04:31à Bucarest, où on est resté deux heures avec lui, on a beaucoup échangé,
04:35il soutient fortement nos étudiants en médecine en Roumanie, parce qu'il n'y a pas que Cluj.
04:44Comment dire ?
04:46Comment le dire ?
04:49Il ne faut pas aller là-bas en leur disant, on vient vous piquer vos médecins,
04:52parce qu'ils connaissent la même situation que la nôtre.
04:55Donc on va là-bas, et on leur dit, nous, on veut voir nos étudiants français,
04:59on veut les aider, on veut les aider à trouver des stages, parce que ça, c'est la difficulté pour eux, notamment en externat.
05:04Donc la première cible, c'est l'externat, et pour les internats, il faudra voir,
05:09d'ailleurs, il faudra très certainement apporter des modifications pour qu'ils puissent revenir en France faire leur internat.
05:15Dernier point important sur ce que vous avez vu, sur ce qu'on vous a présenté,
05:18on entend souvent dire, oui, les études en Roumanie ne sont pas aussi pointues que les études dans les facultés françaises,
05:25aujourd'hui, sur votre expérience, sur ce que vous avez vu, vous dites,
05:28moi, ça ne me dérangerait pas d'être soigné par un médecin qui a été formé en Roumanie ?
05:32Alors, vous savez, à Chemirac, j'ai deux dentistes roumains,
05:34ça fait bientôt un an qu'ils sont en place, je n'ai jamais entendu la moindre critique.
05:38Quant à la médecine en Roumanie, nos étudiants, le docteur Bouquet, qui a sa fille en troisième année,
05:44vous le dira, il vous le répétera, la qualité des études sont aussi bonnes que celles qu'on peut trouver en France,
05:50et nous avons visité la faculté, je peux vous dire qu'ils ont des outils extrêmement performants,
05:55je ne suis pas certain que dans toutes les facultés de France, il y ait ça.
05:58François Arsac, maire de Chemirac et président de la communauté d'agglomération Privas-Centre-Ardèche,
06:02pour ce déplacement en Roumanie, pour peut-être récupérer les futurs médecins de demain,
06:07ceux qui arriveront chez nous en 2029, 2030, en tout cas, c'est l'espoir que vous portez ?
06:12Nous l'espérons, et puis je dois préciser que la délégation s'est déplacée sur nos propres deniers personnels,
06:19c'est-à-dire qu'il n'y a pas eu un euro public sur ce déplacement,
06:22donc j'aimerais bien que nos anciens premiers ministres fassent comme nous,
06:26c'est-à-dire qu'ils tapent dans leurs deniers plutôt que de taper dans les deniers de la France.
06:30Voilà qui est dit, merci à vous, merci beaucoup, bonne journée.